Sa Voix
1. Dolce.
Note de l'auteur :
Cette histoire est complète. Ce sera un slash SR/HP très soft.
Pas de lemon, et pas de warning particulier pour les âmes sensibles.
Le traitement des personnages sera le plus réaliste possible, donc pas d'OCC.
L'histoire ne tient pas compte des 6e et 7e tomes.
Bonne lecture !
Procne
.
Il avait terriblement mal à la tête. Il ne se souvenait pas d'avoir jamais eu aussi mal dans sa vie. En fait, en y réfléchissant un peu, il n'arrivait pas à se souvenir de grand-chose.
Il ne poussa pas plus loin cette réflexion, il se sentait vraiment trop mal.
Son cerveau était en bouillie, il lui semblait impossible de penser à quoi que ce soit, tout s'évaporait aussitôt qu'il tentait de mettre le doigt dessus. Et la douleur augmentait dans sa tête… Rien, le noir complet. Il se sentait vide. Un vide rempli de douleur.
Il se sentait nauséeux. Il avait un gout affreux dans le fond de la gorge et il lui était impossible d'avaler. Sa bouche était trop sèche, sa gorge était nouée et le brulait.
Il se mit à inspirer brusquement, comme s'il avait retenu sa respiration jusque là.
Il était essoufflé. Il avait chaud.
Il entendit des chuchotements, se rendant seulement compte que quelqu'un était là.
Il voulut dire quelque chose, mais seul un borborygme incompréhensible sortit de sa gorge meurtrie. Des larmes de douleur coulèrent sur ses joues.
Il avait de plus en plus chaud. Mais que lui arrivait-il ? Pourquoi était-il comme ça ? Où était-il ?
Il voulut ouvrir les yeux, sans y parvenir.
Le noir, encore et toujours.
— Bon, je vais vous laisser, j'ai déjà bien assez perdu mon temps ici et il est réveillé à présent. J'ose espérer que je ne serai plus obligé de revenir.
Les mots n'avaient pas d'importance, d'ailleurs, il ne les avait même pas retenus.
Mais cette voix… cette Voix…
Elle lui semblait si incroyable. Il frissonna. Un étrange sentiment de bien-être parcourut son corps. Il voulait encore l'entendre. Elle le rassurait, elle lui faisait du bien, elle emplissait le vide qu'il avait à l'intérieur de lui. Et le noir dans lequel il était plongé lui semblait moins angoissant.
Il voulut dire encore quelque chose, il sentait de manière confuse que s'il ne faisait pas quelque chose maintenant, il perdrait cette Voix à tout jamais. Et il ne le voulait pas. Rien n'avait plus d'importance que ça. Il lui semblait vital que cette Voix résonne à nouveau, qu'elle vienne à lui.
Il gémit et tenta de parler, encore. Mais les sons s'entrechoquaient, le son de sa propre voix lui était si désagréable, face à la Voix… c'était une horreur.
— S-s'il… s'il… il hoquetait et soufflait. C'était si dur. S'il vous-vous…
— Monsieur, calmez-vous ! Tout va bien.
Une autre voix, moins belle, insignifiante.
— Docteur, j'y vais.
La Voix. Elle allait disparaître.
Il trouva la force du désespoir.
— Non !
— Voyons, calmez-vous…
— NON ! Il s'agitait, désespéré.
— Tsss… Quel gosse insupportable ! Bien, au revoir.
— Attendez ! il arrivait enfin à sortir un son intelligible.
— Professeur… je crois qu'il a besoin de vous.
— Et puis quoi encore ? N'en ai-je pas déjà assez fait ? Il est de notoriété publique que je déteste ce morveux. Il a tout ce satané hôpital à ses pieds pour lui. Cela devrait suffire, non ?
La Voix paraissait dure. Il devinait vaguement que les mots étaient désagréables. Mais là encore, cela n'avait pas d'importance, et de toute façon, son esprit était trop embrouillé pour comprendre. Il voulait juste cette Voix. Cette Voix incroyable qui semblait le guérir de l'intérieur, qui réchauffait son être. Cette Voix grave et vibrante, si calme et douce…
Il soupira. Encore essoufflé, il avait si mal partout… Ces quelques mots qui étaient sortis de sa gorge lui avaient couté toutes ses maigres forces.
Des larmes brulantes et déplaisantes coulèrent le long de ses joues.
— Voyez ce que vous lui faites ? Soyez plus gentil avec un blessé grave, Professeur !
— Tout ceci n'est qu'une stupide comédie pour attirer l'attention sur lui, comme il l'a toujours fait !
— Il a été dans le coma pendant plusieurs semaines ! Ce n'est pas anodin ! Et nous ne savons pas quelles incidences cela a pu avoir sur son cerveau. Mais il semble avoir de l'intérêt pour vous, du moins, vous êtes important pour lui. Sa réaction en témoigne.
— Pour ce qui est de son cerveau, ne vous inquiétez pas tant. Je peux vous assurer qu'il n'y avait pas grand-chose à perdre. Quant à son soi-disant intérêt pour moi, je crois que vous ne m'avez pas bien compris lorsque je vous ai dit que je ne le supportais pas. Et croyez bien que lorsqu'il était à Poudlard, cette haine était largement partagée !
Tout était si flou, mais la Voix résonnait. Il se sentait mieux. Le pouvoir de cette Voix était incroyable. Il voulait l'entendre encore et encore…
— S'il… s'il vous… plaît…
Il avait du mal à parler. La difficulté de ce simple geste était même ahurissante.
— S'il vous plaît… Attendez… il progressait, d'une certaine façon.
— Vous voyez ?
— N'importe quoi, soupira la Voix. Potter, cessez vos excentricités, je n'ai pas que ça à faire !
— Mais arrêtez d'être aussi mauvais ! Il ne doit même pas vous comprendre…
— Ah ça ! Ce n'est guère étonnant, déjà en cours de potions…
— Vous n'êtes pas en cours, Professeur Rogue ! Et quoi qu'il se soit passé entre vous, vous allez devoir vous calmer rapidement. Quoi qu'il en soit, je vais en référer à Dumbledore.
— Oh non, vous n'allez p…
— Pour une raison inconnue, ce jeune homme réagit à votre présence et il a besoin de vous. Quelles qu'en soient l'explication ou votre passif à tous les deux, tant qu'il ne sera pas guéri, vous allez revenir tous les jours ici, au minimum. Suis-je clair ? Il en va de sa santé ! Mais Dumbledore saura vous expliquer tout ça mieux que moi, n'est-ce pas ? Ce chantage est écœurant. Moi aussi j'ai été blessé et je n'ai pas fait tant de problèmes !
Il sentit qu'on le redressait doucement, mais fermement. Il devait être assis. La position ne lui était pas agréable, même si cela lui demandait un effort certain.
S'il voulait garder la Voix près de lui, il devait lutter contre son corps.
Sa tête était si lourde, il avait mal partout. Et il avait toujours aussi chaud. D'ailleurs, une fine pellicule de sueur froide et moite le recouvrait à présent.
— Il a de la fièvre, déclara l'autre voix. Elle n'était pas désagréable et il devina que la personne à qui elle appartenait lui voulait du bien. Mais elle n'avait rien à voir avec la Voix.
La Voix était un mystère. Il n'arrivait pas à l'analyser ou à la comprendre. Il était trop mal pour ça. Sa seule certitude était ce besoin viscéral de l'entendre et de l'avoir près de lui.
On lui fit boire quelque chose, cela avait un gout amer. Mais c'était frais et cela lui fit du bien. D'ailleurs, curieusement, son esprit s'éclaircit assez vite et il put progressivement comprendre les sons qu'il entendait. La douleur dans son corps refluait peu à peu. Il but encore deux autres liquides et il put se tenir à peu près bien, rien à voir avec le réveil.
Ce n'était pas encore ça, mais il était vraiment mieux. Il se sentait au moins capable de retenir la Voix.
Rogue dévisageait Potter. Il ne savait pas quoi penser. Le gamin était si pâle… Et quel était ce comportement au juste ? Malgré son état, le jeune homme avait semblé l'implorer de rester. Comme ci cela lui était… vital. Ce qui était improbable. Pourtant le comportement de Potter prouvait le contraire. Pour l'instant, le médicomage qui le suivait depuis qu'il était arrivé à l'hôpital s'occupait de lui et tentait de le faire se sentir mieux.
Potter avait vraiment l'air malade. Sa tête dodelinait, il était maigre et sa respiration était erratique. Il avait d'ailleurs eu une telle peine à parler qu'il faisait pitié.
— Puis-je m'en aller ? interrogea le Professeur à bout de patience. Il avait hâte de retourner à Poudlard.
— Non, lui répondit la voix tranchante du guérisseur. Il vient tout juste de se réveiller, vous devez rester encore, au moins jusqu'à ce qu'il aille mieux.
Rogue ne put s'empêcher de claquer sa langue, énervé. Il leva les yeux au ciel.
— Mais cela va prendre des semaines encore pour que Potter se sente mieux. Je ne vais tout de même pas camper ici pour le confort de Monsieur ! Il finit sa phrase de façon particulièrement ironique. Ce fut au tour du médecin d'exprimer son agacement.
— Professeur, j'ai du mal à croire que quelqu'un comme vous puisse être aussi égoïste et immature. Rogue sera sa mâchoire. Je ne vous demande pas de rester la nuit, juste une heure, tout au plus, le temps que l'on puisse lui faire quelques examens et établir un futur traitement, déceler les lésions internes qu'il pourrait avoir et évaluer votre rôle dans tout ça. Je soupçonne que vous allez être important dans cette affaire, bien que cela soit regrettable pour M. Potter au vu de votre comportement.
Rogue eut un mouvement d'humeur et s'assit brutalement sur une chaise en croisant ses bras. Il prit un air buté et agressif. Le guérisseur, qui perdait lui aussi patience, décida de l'ignorer. Il reporta entièrement son attention sur son patient qui reprenait ses esprits.
Encore une fois, le brun répéta toujours les mêmes mots :
— S'il vous plaît…
— Ne vous inquiétez pas, il est là, tenta de le rassurer le médecin.
— Potter, arrêtez de faire l'intéressant. Vous vous êtes déjà bien assez fait remarquer ! coupa Rogue de façon tranchante.
Potter frissonna et pâlit un peu plus, si c'était possible. Le guérisseur fusilla le Professeur du regard. Rogue, quant à lui, fut intrigué de voir le visage de son élève se décomposer. Les réactions de Potter étaient tellement étranges… Du moins plus que d'habitude.
— Je… Potter semblait vouloir dire enfin autre chose que ses supplications agaçantes. Je suis désolé…
Il bégayait énormément et parler semblait l'épuiser. Cela rendit Rogue grognon, et il n'avait pas besoin d'aide pour l'être. Par la faute de ce médicomage de malheur, il ne pouvait même pas profiter de l'état de faiblesse de Potter. D'autant plus que le jeune homme lui offrait un tableau des plus ridicule. Quel gâchis !
— Vous êtes désolé ? interrogea Rogue avec sarcasme, haussant un sourcil.
Potter rentra sa tête dans ses épaules. Il paraissait encore plus faible et inapte qu'il ne l'était déjà. Dommage que ses yeux soient bandés, il aurait bien aimé voir son regard.
— Je… je… Le gamin grimaça. Je suis désolé… Je ne voulais pas vous déranger… C'est juste votre voix qui… Il était incroyablement gêné et peu sûr de lui.
Rogue en profita pour le couper.
— Arrêtez de vous moquer de moi ! Être à Sainte Mangouste ne vous autorise pas à être irrespectueux !
— ROGUE ! Arrêtez de torturer ce gosse ! Le médicomage s'était relevé et ses yeux lançaient des éclairs.
Potter avait encore pâli.
— Je… je ne me moque pas… Je… Où suis-je ?
Mais quand allait-il cesser de bégayer ainsi ? Même Londubat devait mieux s'exprimer que lui ! Est-ce que des semaines de coma pouvaient rendre quelqu'un à ce point idiot ?
— Sainte Mangouste ! Je viens de vous le dire ! répondit Rogue de façon tranchante. Il commençait à s'énerver, c'était mauvais. Quand Potter allait-il cesser de jouer à ce jeu stupide ?
Il vit le jeune homme trembler et il se demanda s'il n'allait pas s'évanouir.
— Je… C'est quoi Sainte Mangouste ?
La Voix s'énervait, elle était vraiment agressive. Il avait bien conscience que l'homme à qui appartenait cette Voix incroyable ne l'aimait pas beaucoup, et cela ne lui plaisait pas car il aimait la Voix.
L'homme était cruel avec lui, mais il ne pouvait s'empêcher d'aimer sa Voix, de vouloir l'entendre.
Rogue se tut quelques instants, le temps d'assimiler l'information et d'observer les différentes expressions passer sur le visage de Potter qui, même privé de ses yeux, restait incroyablement clair à comprendre et à analyser. Il était toujours un livre ouvert et Rogue ne décelait aucun mensonge, aucune tromperie dans le jeune homme et cela le dérangeait.
Car comment expliquer que Potter semble si désespéré ? Qu'il supplie pour avoir sa présence ? Qu'il ignore ce qu'était Sainte Mangouste ? Le Professeur ne supportait pas l'image d'un Potter faible et dépendant de lui. Cela lui semblait trop… contre nature et c'était particulièrement dérangeant. Même son esprit sadique ne savait quoi faire de tout ça.
— Qui… qui êtes-vous ? interrogea Potter de sa nouvelle voix faible et bégayante. Depuis quand était-il si timide et si effrayé ? Où était passé le Gryffondor sûr de lui, impétueux et insolent ? Celui qui arrivait à agacer jusqu'à Voldemort lui-même ? Ce n'était certainement pas cette petite chose frêle et pathétique qui se trouvait prostrée en face de Rogue. Et cette vision ébranla un peu plus le Professeur qui se sentait de plus en plus mal à l'aise. Il continua d'un ton agressif, alors qu'il commençait à comprendre que c'était inutile.
— C'est une mauvaise blague, n'est-ce pas ? interrogea-t-il d'un ton mordant.
Potter essayait de se faire le plus petit possible pour se cacher derrière les plis de ses couvertures.
— N -non… Je suis désolé… Je-je ne voulais pas vous embêter… Mais… vraiment, je ne… je suis comme vide… C'est… c'est votre voix qui m'a fait me sentir mieux… À part ça, je ne sais rien… enfin, je crois.
Rogue hoqueta discrètement, un air de pure incrédulité affiché sur son visage. Rares étaient ceux qui pouvaient se vanter de le surprendre.
Sa voix… C'était sa voix qui avait réveillé Potter, qu'il lui avait fait combattre sa léthargie.
C'était impossible, incompréhensible… Tellement insensé. Il scruta avec intensité le visage de Potter, et, encore une fois, il ne vit qu'une sincérité simple et désarmante. L'adolescent paraissait perdu et apeuré, mais curieusement, tout son être se tendait vers Rogue. Qu'y avait-il dans sa Voix pour que cela fasse un tel effet sur ce morveux ? Même le médicomage était muet de stupeur.
— Amnésique… murmura le médecin.
— Il ne manquait plus que ça… Rogue se passa une main lasse sur le visage. Enfin, ça explique pourquoi il a soudainement eu besoin de ma présence. En temps normal, malade ou non, il n'aurait jamais voulu cela.
— Surement une conséquence de son coma et de ses blessures. Le guérisseur réfléchissait à voix haute. Puis, il se tourna vers Rogue. Bien, maintenant que vous êtes fixé sur la situation, du moins en partie, vous allez vous montrer plus agréable envers ce garçon. Et vous allez l'aider à se sentir mieux, ainsi qu'à retrouver la mémoire !
Un rictus d'ennui et de dégout apparu sur le visage de Rogue.
— Merveilleux… Répondit-il avec aigreur.
— Encore un commentaire de ce genre et je vous jette un sort. Et ne pensez pas que parce que je suis un simple guérisseur, et vous un héros de guerre, je ne puisse pas vous faire de dégâts sérieux. Je vais dans mon bureau prévenir Dumbledore par Cheminette. En attendant, parlez avec Potter. Et par pitié, essayez d'être un peu moins méchant !
Le médecin partit, les laissant seuls tous les deux. Potter penchait la tête, tentant de le suivre au son. Évidemment, sans ses yeux, son acuité auditive devait avoir augmenté. Ne serait-ce qu'un peu. Ou alors était-ce également une conséquence de ses blessures ? Rogue se tourna vers lui et Potter se redressa, comme s'il était conscient que le Professeur attendait qu'il parle.
— Et… et donc… Quel est ce lieu-là… Sainte heu… Sainte Gouste… Les bégaiements de Potter étaient insupportables.
— Sainte Mangouste. Un hôpital sorcier, situé au cœur de Londres. Vous y êtes en sécurité. Garder son calme était difficile, très difficile.
La confusion fut visible sur le visage de Potter.
— Sorcier ? Ça… existe ?
Rogue leva les yeux au ciel.
— Ignorance moldue… L'éducation, sans doute… ne put-il s'empêcher de dire.
— Moldu ? Potter était de plus en plus confus et la panique commençait à poindre.
Rogue inspira fortement. La patience n'était pas son fort. Surtout pas avec cet élève-là.
— Les sorciers existent, vous en êtes un, et les Moldus sont les personnes qui n'ont pas de pouvoirs. Ils ne connaissent pas l'existence des sorciers.
Potter avait du mal à croire ce qu'il entendait, mais curieusement, il faisait confiance à Rogue. L'homme sentait qu'en cet instant, il pouvait grandement influer sur l'avenir du jeune homme. Cela donnait une sensation de pouvoir assez étrange.
— Et… et vous ? Potter hésitait. Qui êtes-vous ?
— Severus Rogue. Professeur de Potions à l'école de sorcellerie de Poudlard. Et Maître des Potions reconnu dans le Royaume-Uni. Ne put-il s'empêcher d'ajouter.
— Severus Rogue ? C'est votre prénom et votre nom ?
— Oui. Rogue grimaça. Potter devint pensif.
— Étrange, mais plutôt joli. Ça sonne bien… Severus…
Le Professeur tiqua, mais ne dit rien. Curieux comme le fait de s'être présenté rassurait Potter qui était un peu plus confiant, assez en tous cas pour dire de telles absurdités. Le jeune homme continua d'ailleurs dans sa foulée :
— Vous devez être quelqu'un d'important, non ?
— Pas vraiment.
Potter parut étonné.
— Pourtant… pourtant vous m'avez dit que vous étiez un Maître des Potions connu, et puis, avec la voix que vous avez… j'avais imaginé…
— Mais qu'a donc ma voix, une fois pour toutes ? Rogue s'emportait. De nouveau, un sentiment de malaise s'emparait de lui et c'était très inconfortable. Potter, au lieu d'être effrayé comme il avait pris l'habitude de l'être depuis son réveil, prit un air rêveur.
— Votre voix… elle est enchanteresse, envoûtante… Elle guérit à l'intérieur, elle réchauffe et rassure… On a envie de vous écouter, encore et encore…
Heureusement que Potter ne pouvait pas le voir, car Rogue avait une expression d'ahurissement total assez rare sur son visage et, qui devait lui donner un air fort peu intelligent et digne. Il était très surpris. Plus encore, l'air rêveur de Potter le troublait. Cette façon de le décrire, les mots employés, la façon dont il avait murmuré le « 'Severus »… Tout cela était tellement… illogique.
Le jeune homme finit par reprendre ses esprits et continua son interrogatoire.
— Et… et moi ? De nouveau, il bégayait. Avait-il peur de découvrir qui il était ?
Rogue grimaça.
— Vous étiez élève à Poudlard, en 7e année. Vous vous appelez Harry Potter.
— Ah… Vous étiez mon professeur alors ?
— Oui.
— Pourquoi n'y suis-je plus élève ?
— Vous avez été grièvement blessé et vous êtes resté dans le coma pendant plusieurs semaines, d'où votre présence ici.
Potter retomba dans un instant réflexif. Il prit un air triste.
— Potter… déclara-t-il, surprenant Rogue, une nouvelle fois. C'est plutôt vilain, non ?
L'homme fut pris au dépourvu.
— Comment ça ?
— Potter, c'est assez affreux, n'est-ce pas ? Ça ne résonne pas bien dans votre voix. Tous les autres mots semblent si beaux à côté… Même Harry, ce n'est pas joli… Je devrais peut-être m'appeler autrement.
Rogue écarquilla les yeux. Potter voulait renoncer à son nom et son prénom juste pour une histoire de voix, pour sa voix ? C'était… ridicule, vraiment surréaliste. Potter semblait perturbé.
— Vous divaguez. Probablement la fièvre. Changer de nom ou de prénom serait sans effet. Vous ne pouvez pas vous appeler autrement, car cela ne changerait pas le ton de ma voix…
Il fut coupé par la porte de la chambre d'Harry qui s'ouvrit pour laisser entrer Hermione Granger et Ron Weasley, suivis de Dumbledore. L'information avait été vite transmise. Le médicomage se tenait en retrait. Rogue se leva et se dirigea vers son Directeur, tandis que les deux amis de Potter s'approchaient du brun pour lui parler. Rogue ne fit pas attention à la panique qui envahit le jeune homme, trop occupé à essayer de relater une situation qui lui semblait abracadabrantesque et dont il avait hâte de se retirer. Dumbledore, quant à lui, ne manqua rien de la scène. Il écoutait Rogue avec attention et suivait avec tout autant de concentration les réactions d'Harry.
Puis, les deux hommes se tournèrent brusquement vers les adolescents alors que Harry se débattait et gesticulait, gémissant, apparemment paniqué, entravé par ses draps, des larmes coulant sur ses joues. Il rejetait violemment Hermione et Ron qui observaient la scène avec stupéfaction et qui vivaient assez mal de provoquer une telle peur chez leur ami. Dumbledore soupira et leur demanda de sortir.
— Severus, calmez Harry pendant que j'explique la situation à Hermione et Ronald. Je reviens vous voir dans quelques minutes.
Il sortit, laissant le Professeur seul avec un Potter déchaîné et qui commençait à libérer des vagues de magie incontrôlées sans s'en rendre compte.
— Potter, calmez-vous ! L'effet fut immédiat, et Rogue put une fois encore mesurer le pouvoir qu'il avait sur le jeune homme.
Harry sanglotait, recroquevillé sur lui-même, la fièvre remontait et il se sentait de nouveau mal. Il avait eu si peur… Seule la présence de ce Severus Rogue lui était supportable, lui et sa Voix incroyable. Pourtant, il avait la certitude à présent que l'homme ne l'appréciait pas, et cela le blessait.
— Potter, buvez ceci, cela vous calmera et vous fera dormir un peu.
Le jeune homme émit quelques résistances.
— Vous serez là à mon réveil ?
— Je n'ai pas que vous à m'occuper ! Je vous ai déjà accordé beaucoup de mon temps !
Potter renifla, il semblait lutter contre ses larmes qui menaçaient de retomber à nouveau.
— Mais… mais vous reviendrez ?
— Je verrai. Si j'ai le temps, ou l'envie. Maintenant, buvez !
À contrecœur, l'adolescent obéit, triste et désorienté. Il n'était pas encore endormi qu'il entendît l'homme partir. Il laissa alors libre cours à ses larmes, même s'il en avait honte.
Il n'eut pas le temps de s'appesantir. Il sombra dans un sommeil profond et sans rêve.
À suivre…
Fin du 1er chapitre
