Partie 0 - Quête n°01 : Donne-moi un prénom

« Dis Harry, as-tu déjà été heureux un jour dans ta vie ? »


Il existe deux types de monstres en ce monde. Ceux tout droit sortis de l'imaginaire, qui attendent chaque nuit sous le lit pour hanter les cauchemars des enfants ou qui s'amusent à claquer les portes pour les effrayer. Et ceux qui sont biens réels. Qui entrent dans la placard, détachent leur ceinture et frappent le pauvre enfant jusqu'à ce que ses hurlements ne soient plus que des geignements. Qui le privent de repas, l'obligent à faire des corvées biens trop ardus pour son maigre corps et le traitent d'abomination à chaque heure de la journée.

Harry se dit parfois que les monstres horribles qu'il voit en rêve ont l'allure d'anges à côté de sa famille. Il les déteste, au plus profond de son cœur. Souvent, il s'imagine que ses parents viendront le récupérer, que tout cet enfer ne sera que passé, mais lorsqu'il se réveille, la première chose qu'il entend, encore et toujours, ce sont les cris de Tante Pétunia.

Du haut de ses neuf ans, Harry en vient à questionner la vie. Sa raison d'exister. Doit-il endurer pour toujours la douleur ? Doit-il accepter son sort et abandonner tout espoir d'un jour voir son destin changer ? Il ne sait pas et ça l'effraie. Il veut que quelqu'un m'aide. Il veut que quelqu'un lui dise qu'il a le droit d'exister, de vivre une vie différente de celle qui est la sienne.

Il ne désire qu'un soutien.

Mais son cousin ne cesse de le lui rappeler. Personne ne l'aime. Personne ne désire s'occuper de lui. Il est lui-même un monstre, un de ceux qu'on refuse de toucher de peur d'être contaminé par sa saleté. Harry n'est qu'un orphelin hideux et immonde, autour de qui il se passe toujours des choses biens trop étranges pour être expliquées.

Un orphelin désespéré.

Recroquevillé dans son placard, il se demande quelles têtes feraient les membres de sa famille s'il disparaissait. Sûrement le fêteraient-il avec grande joie... Des larmes se forment au coin de ses yeux et lorsqu'il tente de ramener ses jambes contre son torse, il grimace de douleur. Il est courbaturé et blessé de partout, le moindre geste est un supplice. Mais il doit retrouver des forces pour préparer le dîner dans une heure.

Harry en a assez.

Il a mal.

Il a faim.

Il se sent seul.

Terriblement seul.

Et quand ses yeux perdent toute lueur d'espoir, Harry se retrouve baigné d'une lumière orangée. Il cligne des yeux plusieurs fois, aveuglé par cette soudaine luminosité. Étrangement, il se sent comme enveloppé par un cocon de chaleur, comme le serait l'étreinte d'une mère, et sa tristesse, sa solitude, s'évapore l'espace d'un temps.

Une fois habitué à la lumière, il découvre que celle-ci provient d'un rectangle étrange qui le surplombe, un rectangle semblable à l'écran de la télévision de son oncle Vernon. Et sur ce rectangle est inscrit une unique phrase.

[Bonjour Harry.]

Harry ne sait pas comment cela est possible. Est-ce son imagination ? Une hallucination ? Honnêtement... Harry s'en fiche. Quelqu'un lui parle. Même si ce n'est qu'un écran, l'écran lui a dit bonjour. Personne ne dit jamais bonjour à Harry. C'est toujours des « Lève-toi petit vaurien ! », « Ah ! Potter est encore là » ou encore de l'indifférence pur et simple. Même les professeurs à l'école ne le lui disent jamais. Alors, naturellement, un sourire se forme sur les lèvres de l'enfant.

« Bonjour. »

Puis l'écran redevient vierge. Les secondes passent et Harry commence à paniquer. Et s'il ne lui parle plus ? Et s'il le laisse seul de nouveau ? Harry ne le veut pas !

« Qui es-tu ? », demande-t-il à la hâte, de peur que l'écran disparaisse et le replonge à nouveau dans la pénombre.

[Je suis simplement quelqu'un qui désire t'aider, Harry. Libre à toi de me nommer comme bon te semble.]

Quelqu'un qui veut l'aider ? Harry n'en revient pas. Ses prières ont-elles finalement été entendue ? Harry en pleure presque de joie. Mais malheureusement, il n'a aucune idée de prénom. Ses joues se teintent de rouge, honteux de ne pas pouvoir attribuer une chose aussi simple qu'un prénom et l'écran semble se rendre compte de sa détresse.

[Et si nous jouions à un jeu Harry, qu'en dis-tu ? Je vais te donner des quêtes, comme dans les livres que tu récupères quand Dudley veut s'en débarrasser et en échange, je t'offrirais des récompenses, ça te dis ?]

Le sourire d'Harry est si éclatant qu'il pourrait presque rivaliser avec la lueur de l'écran. Il acquiesce vivement et de nouveaux mots se forment sur l'écran.

[Quête n°01 – Donne-moi un prénom 0/1.

Récompense : Une révélation.]

Une révélation ? Quelle genre de révélation ? Harry en tremble presque de curiosité. Bien décidé à obtenir sa récompense, il ferme les yeux et réfléchit intensément. Un prénom. Un prénom. Huuum... Ah ! La maîtresse en avait parlé un jour en classe. Que la lumière apportait de l'espoir. Et elle avait donné plein de manières de dire lumière, dont la version latine qui n'est autre que...

« Lux ! »

[Quête n°01 – Achevée.]

[Lux est un beau prénom, merci Harry. A présent, il est l'heure de ta récompense. Si je suis apparu ici Harry, ce n'est pas sans raison. Tu es promis à un grand destin mais qui dit grand destin ne veut pas forcément dire destin heureux. Les choix que tu feras conduiront à un avenir sombre et remplis de regret. Mais je suis là pour t'aider à empêcher cet avenir. Avec ces quêtes, je te conduirais vers l'avenir que tu mérites. Un avenir empli de joie et de bonheur.]

« Est-ce que j'aurais des amis dans cet avenir ? Une personne que j'aimerais ? »

[Oui, tu auras tout ça, Harry. Tu auras des amis, une famille et des personnes qui te soutiendront.]

« Alors j'accomplirais ces quêtes, Lux ! »

[J'en suis certain. Mais ce n'est pas cela ta récompense, Harry. Tu dois savoir une chose...]

De nouveaux mots s'affichent sur l'écran et Harry écarquille les yeux.

[Tu es un sorcier, Harry.]