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Chapitre 1/2 'Midnight'
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Voilà plusieurs mois, que dis-je, presque un an déjà, que je voyageais à bord du T.A.R.D.I.S avec ma meilleure amie Clara Oswald, et le Docteur.
Le Docteur, qui en était à sa douzième régénération, semblait un peu plus âgé que ses visages précédents, notamment avec ses cheveux poivre et sel. Pourtant, il portait toujours son élégant costume dans lequel il cachait précieusement son Tournevis Sonic bleu.
Clara avait mon âge, la trentaine, et elle avait le visage fin, les cheveux bruns coupés au carré et vêtue d'une robe noire à grosses bretelles, avec un leggins opaque, un pull jaune par-dessous sa tenue, et des bottes aux pieds.
Quant à moi, j'avais de très très très longs cheveux châtains, que je nouais en une grande tresse qui tombait dans mon dos jusqu'à mes hanches. Je portais aussi une robe, mais bleue, sans leggings, ni veste. Mes chaussures étaient de simples Converses blanches un peu usées.
Notre trio d'aventuriers de l'Espace revenait tout juste d'une escapade presque mortelle sur la Planète Karn. Comme d'habitude, nous n'étions en vie que grâce à l'ingéniosité du Docteur.
Nous étions revenus à bord du T.A.R.D.I.S, dont l'intérieur avait un aspect beaucoup plus technologique qu'avant, avec tout ce métal et ces néons azur.
Ce fut quelques minutes après notre saut dans l'Espace-Temps que le Docteur reçut un étrange signal sur son ordinateur au poste de pilotage. Son visage se décomposa et il murmura un faible :
'Impossible...'
Il appuya sur un bouton qui émit un bruit étrange, le T.A.R.D.I.S bougea dans tous les sens avant de violemment se poser quelque part dans la galaxie. Le Docteur enfila son long manteau et nous dit, à Clara et moi :
- Je reviens vite, restez ici. Ne vous inquiétez pas, je dois juste vérifier ça par moi-même.
Puis, il quitta le vaisseau, laissant mon amie et moi avec nos milliers de questions en tête.
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Nous n'eûmes pas besoin d'attendre des heures, parce que le Docteur passa la porte de la cabine bleue vingt minutes plus tard. Cependant, il ne revint pas seul.
Clara et moi fûmes surprises de constater que le Docteur tenait fermement un homme, de sa main droite, tandis que sa gauche gardait son Tournevis Sonic braqué sur lui. Ce qui, apparemment, ne dérangea pas l'homme en question, qui souriait comme un enfant le matin de Noël.
Le Docteur ferma la porte du T.A.R.D.I.S d'un simple coup de pied, puis traîna l'inconnu vers le poste de commande, là où il le fit asseoir sur un banc de métal, contre les rambardes grises. L'homme jeta un regard mélangeant haine et pitié vers Clara et moi, en raillant :
- Génial, Docteur, tu as désormais deux animaux de compagnie.
- Pardon ? lâcha Clara, estomaquée.
Pendant ce temps, j'analysais le nouveau venu. Étrangement, j'avais l'impression de l'avoir déjà vu par le passé. Ou dans le futur, avec le Docteur, tout est possible.
Il n'était pas bien grand, plus petit que le Docteur, et il portait des vêtements entièrement noirs : un sweater noir à capuche et un jogging de la même couleur. Sous sa veste, il avait un pull ou un T-shirt rouge, car le tissu écarlate ressortait sous son sweater. Ses vêtements étaient abîmés, déchirés sur les coutures. Son visage paraissait jeune, la trentaine environ, mais ses yeux semblaient si vieux. Avec les lumières tamisées de bleu du T.A.R.D.I.S, je n'arrivais pas à voir si ses iris étaient vert ou noisette. Ou les deux. En revanche, ses cheveux étaient blonds, ou plutôt colorés en blond par-dessus sa couleur châtain naturelle. Il avait une fine barbe et sa peau paraissait sale par endroit.
Il souriait toujours de cet étrange sourire fou, qui me rappelait le chat de Cheshire, lorsque le Docteur fit du bruit, ce qui me sortit de ma torpeur.
Sous le sol métallique du poste de commande, il rangeait des dizaines et des dizaines de coffres-forts, contenant tous les objets qu'il avait collecté au cours de ses 950 ans d'aventures. Pour plus de facilité, il avait tout organisé par ordre alphabétique.
Par exemple, dans le coffre de la lettre 'C', vous pouviez retrouver des morceaux appartenant aux Cybermen, ainsi que la boule magique des Carrionites, des câbles électriques ou même les livres d'Agatha Christie.
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- Docteur ? commença Clara. Qui est cet homme ?
L'homme en question la tua du regard, tandis que le Docteur revint vers nous avec, en mains, des... De quoi ?! Euh... Oui, il tenait des longues chaînes en métal et une paire de grosses menottes métalliques. Sans répondre à la question, le Docteur enchaîna l'étranger, d'abord en lui passant les menottes aux poignets, puis en nouant les chaînes aux rambardes sur lesquelles l'homme était adossé. Ce dernier étouffa un rire nerveux en se laissant faire, tout en narguant :
- Oh Docteur, j'ignorais que tu aimais les accessoires SM...
Clara s'offusqua en demandant derechef :
- Docteur, qui est cet homme ?
Une fois qu'il eut fini d'attacher l'inconnu au T.A.R.D.I.S, le Docteur se tourna vers nous, pour expliquer, avec sérieux et... Peur ?
- C'est un Seigneur du Temps, comme moi. Il se nomme 'Le Maître'.
- Pas du tout pompeux... raillais-je malgré moi.
Le Docteur se dirigea vers les commandes pour reprendre notre voyage, tout en continuant d'expliquer :
- Il vient de Gallifrey. Cependant, lors de notre initiation à l'âge de 8 ans, nous pouvions regarder le Schisme Intempéré, le trou dans le tissu de la réalité... J'ai refusé, je suis parti en courant, mais le Maître... Lui, il a regardé... Trop longtemps... Beaucoup trop longtemps...
Le T.A.R.D.I.S repartit dans l'espace. Le Docteur se tourna vers le Maître, qui souriait toujours, lorsque Clara questionna :
- Et ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Ce fut le Maître lui-même qui répondit :
- Les tambours... Les tambours sont arrivés dans ma tête... Je les entends depuis des milliers d'années, frapper par quatre fois... Un, deux, trois, quatre... Un, deux, trois, quatre... Encore et encore...
Le Docteur se tut quelques secondes, avant de terminer, avec tristesse et sévérité :
- Et ça l'a rendu complètement fou...
Le Maître se mit à rire. À rire aux éclats, sous le regard peiné du Docteur et l'air apeuré de Clara.
Quant à moi...
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Le T.A.R.D.I.S ne possédait pas d'horloge ou de Ligne Temporelle définie. Impossible donc de savoir combien de temps le Docteur est resté devant le centre de commande, à pianoter sur des centaines de boutons, le visage fermé. Clara resta à ses côtés, comme si elle avait peur du Maître. Lui, d'ailleurs, était toujours assis sur le banc de métal et attaché aux rambardes. Il s'amusait à tirer sur ses menottes, sans toutefois réussir à se libérer. Ses mains étaient sales, ses ongles étaient couverts de noir et il secouait la tête dans tous les sens, comme pour enlever les sons qui résonnaient dans son crâne.
Le vaisseau se posa enfin quelque part. Inquiète Clara questionna :
- Où sommes-nous ?
Le Docteur tira sur le frein à main, ou ce qui y ressemblait, en répliquant :
- Nous sommes au centre de la Fédération Galactique.
Avant que mon amie ne puisse demander ce que c'était, le Docteur se tourna vers nous, pour dire simplement :
- OK, je dois parler au Conseil de la Fédération pour savoir quoi faire du Maître. Clara, tu viens avec moi. Alisone, tu restes ici pour surveiller le Maître.
Je tiquai, pas jouasse du tout :
- Hey ! Pourquoi moi ?!
Le Docteur enfila son manteau, pour avouer :
- Tu as déjà fait du baby-sitting, non ?
- Et ? J'ai gardé des enfants Humains. Pas des Aliens psychotiques !
Néanmoins, le Docteur se posta devant moi et me donna une clef argentée. Avec sérieux, il me dit :
- C'est la clef de ses chaînes. Mais, Alisone, ne le libère PAS. Peut importe ce qu'il dit, ou ce qu'il fait, ne le libère pas.
- Ça va, je sais m'occuper d'un Gremlin.
J'ai attrapé la clef pour la glisser dans une poche cachée de ma robe, puis j'ai regardé mon amie et le Docteur quitter le T.A.R.D.I.S, me laissant seule avec l'étranger.
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J'étais assise en tailleur, sur le fauteuil du Docteur, en face du Maître. J'essayais de me concentrer sur mon livre, ce qui était très difficile, puisque le prisonnier n'arrêtait pas de parler.
Ça faisait déjà trois fois que je relisais la même phrase :
'Lockwood took the torch and trained the light upon the objet dangling from George's fingers...'
- Qu'est-ce que tu lis ? demanda le Maître pour la dixième fois.
- La ferme !
- Drôle de nom pour un bouquin.
J'ai levé les yeux vers le plafond métallique.
- C'est en Anglais ? reprit-il. Je ne sais pas pourquoi le Docteur récupère toujours ses animaux de compagnie en Angleterre.
Je me suis frotté les yeux avec impatience, essayant de calmer mon énervement.
- Tu viens d'Angleterre toi aussi ? continua le Maître.
J'ai esquissé un sourire en le regardant droit dans les yeux et en lâchant, avec sérieux :
- Si tu ne la ferme pas de suite, je te jure que je te bâillonne la bouche !
Ce qui fit sourire le Maître jusqu'aux oreilles, en répliquant :
- Oh... Naughty... Je savais bien que tu étais plus intéressante que l'autre animal de compagnie. C'est quoi son nom, déjà ? Clara ?
J'ai repris mon livre, essayant de continuer mon paragraphe.
'A pendant, slightly squashed, glinting as it spun on a deli-'
- Ça fait combien de temps que tu voyages avec le Docteur ?
Il tira sur ses chaînes pour faire plus de bruit encore que ses incessantes questions.
- Tu sais, Maître, tu es peut-être un Seigneur du Temps, mais physiquement, tu ressembles à un Humain. Et, crois-moi, je sais où frapper un homme pour qu'il la ferme...
Son visage se tordit de douleur en passant son regard de moi à son entre-jambe, imaginant la scène. Je souris, fière de moi.
Lorsque, soudain, un bruit étrange et strident retentit dans le T.A.R.D.I.S.
J'ai maugréé en me leva d'un bond de ma chaise, jetant mon livre par terre.
- Quoi encore, maintenant ?!
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Je me suis penchée vers l'écran du centre de commande. Le bruit résonnait toujours avec violence et, tout à coup, le vaisseau se mit à trembler. Les secousses devinrent tellement violentes, que je dus m'accrocher aux barres autour du cockpit. Le Maître hurla pour se faire entendre malgré l'alarme du T.A.R.D.I.S.
- Hey ! Laisse-moi piloter ! Je sais comment faire !
Je souris d'amusement en le scrutant.
- Bien essayé !
Le bruit cessa enfin, mais pas les tremblements. Je tentais de me concentrer sur l'écran, tout en cherchant les boutons corrects du regard sur les centaines de manettes des commandes.
- Alisone ! Laisse-moi t'aider à piloter !
- La ferme ! Le Docteur nous a appris.
Il étouffa un rire.
- Comment le Docteur peut-il t'apprendre à piloter le T.A.R.D.I.S alors que lui-même n'a jamais eu son permis ?!
Les secousses s'aggravèrent. Je m'agrippai au tableau de commande, en faisant le tour du centre, pour me poster face au Maître :
- OK, dis-moi simplement sur quels boutons appuyer.
Il sourit, en expliquant :
- C'est mieux si je les vois. Le T.A.R.D.I.S s'est régénéré deux fois depuis mon dernier pilotage. Je ne connais pas cette nouvelle version, je dois sentir et voir le tableau de commande.
Un nouveau mouvement violent du vaisseau faillit m'arracher aux rambardes, bien que je suis quand même tombée à genoux sur le sol métallique. Mon esprit réfléchissait à toute vitesse.
Le vaisseau essayait de nous emmener ailleurs, de fuir quelque chose, j'ignorais comme la calmer. (Le T.A.R.D.I.S est féminine). Le Docteur ne pouvait pas nous aider et, malheureusement, le seul Seigneur du Temps disponible était un psychopathe.
N'ayant pas le choix, j'ai plongé ma main gauche dans la poche de ma robe pour y attraper la clef argentée. Je me suis jetée sur le banc en face de moi, pour me retenir aux rampes et me glisser vers le prisonnier, en raillant :
- Très bien, Maître. Je déverrouille seulement les chaînes, mais pas les menottes.
Un 'clic' retentit lorsque j'ai libéré l'homme des anneaux métalliques qui le maintenait au vaisseau. Bien sûr, n'étant pas aussi folle que lui, j'ai laissé les menottes à ses poignets.
Il se leva avec difficulté pour s'accrocher au centre de commande, puis il chercha un moyen d'arrêter les secousses. Il avait une façon tout à fait différente du Docteur de piloter le T.A.R.D.I.S.
Je pouvais voir son esprit se concentrer sur chacune des touches, des manettes et autres boutons étranges du cockpit. L'instant de quelques secondes, il avait perdu cette folie si particulière.
Trois longues minutes plus tard, le vaisseau s'arrêta net.
Nous étions toujours accrochés aux rampes autour du tableau de commande, le cœur battant la chamade. Le Maître jeta un coup d'œil à l'écran de bord, pour lire les coordonnées galactiques.
Il lut le nom de la planète à haute voix :
- 'Midnight'.
Mon souffle se coupa.
Mon teint devint livide.
Et un sentiment de détresse intense envahit mon corps.
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Le Maître me jeta un regard à la fois inquiet et interrogateur.
- Hey, Alisone, ça va ?
Je me suis jetée sur le tableau de bord, en hurlant presque :
- Nous devons partir d'ici ! Nous devons quitter cette planète !
Choqué, le Maître arrêta mes mouvements. Malgré ses mains menottées, il m'empêcha de toucher aux manettes, en s'exclamant :
- Oh ! Doucement ! Le T.A.R.D.I.S n'est pas contente ! J'ai eu du mal à la calmer ! Mieux vaut la laisser s'adoucir pendant quelques heures. Je ne sais pas ce qui lui a pris, elle a dû avoir peur de quelque chose. Un peu comme tu as peur de cette planète...
Il plongea son regard dans le mien. Désormais, je pouvais voir que ses iris avaient une couleur clair, noisette, tirant sur l'émeraude.
J'ai arraché mes mains de ses mains, en maugréant :
- Très bien.
Puis, je l'ai attrapé par son sweater pour le traîner vers sa place, où je m'apprêtais à le rattacher. Évidemment, il se débattit, en plaidant :
- Oh non, non, pas encore ! Qu'est-ce que tu veux que je fasse de mal ? Nous sommes bloqués ici, le T.A.R.D.I.S boude et j'ai toujours mes menottes !
Il était debout devant moi, me dépassant d'une tête, pourtant je ne desserrais pas ma mâchoire, et j'essayais de le pousser sur le banc. Il résista avec sourire, en rétorquant :
- Si tu tiens tellement à m'attacher, il y a d'autres salles dans le T.A.R.D.I.S pour ça...
Toujours énervée, je commençais à plier mon genou gauche pour le frapper dans un point stratégique, qu'il comprit très vite. Il posa ses mains devant ses parties, en reculant et en s'écriant :
- Je plaisante ! Bloody Hell, dans mes souvenirs, les compagnons du Docteur n'étaient pas aussi violents !
J'ai capté qu'il avait dit 'compagnons' et non pas 'animaux de compagnies' pour ne pas m'énerver encore plus.
Bon, un point pour lui.
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Pour faire preuve de bonne volonté, il se baissa pour ramasser mon livre, qui traînait toujours par terre. Il lut rapidement le titre avant de me le donner, en signe de paix :
- Tiens. Nous pouvons rester ici, dans le noir. Moi à m'ennuyer et toi à lire. Ou... Nous pouvons sortir du T.A.R.D.I.S et vivre des aventures comme celles du Docteur.
J'étouffai un rire :
- Tu n'es PAS le Docteur.
Il esquissa une mine dégoûtée :
- Oh non, non, quelle horreur ! Mais j'aimerais bien essayer de vivre une aventure comme lui.
Je tiquai.
- Comment ça 'essayer' ? Tu... Tu n'as jamais visité de planètes ?
Soudain, le regard du Maître perdit sa folie pour laisser place à une profonde tristesse. Son sourire s'effaça aussi. Je voyais bien qu'il se força à rester stoïque et rhétorique. Pourtant, il avoua avec peine.
- Non... J'ai quitté Gallifrey avant la Dernière Guerre du Temps. Je me suis transformé en Humain grâce à l'Arche Caméléon. J'avais caché mes souvenirs dans une montre à gousset. Ce n'est qu'en l'an 100 billions, sur la planète Malcassario que j'ai retrouvé ma mémoire et que je me suis régénéré. Gallifrey était détruite depuis longtemps... Ensuite, je n'ai été que sur Terre, en 2007, où je suis mort. Et... C'est tout.
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Je ne sus quoi répondre à ça. Curieusement, il me faisait de la peine. Quel intérêt d'être un Seigneur du Temps s'il ne pouvait pas voyager dans le Temps et l'Espace ?
Il jeta un regard autour de nous, en souriant derechef :
- Je serais curieux de savoir pourquoi tu as peur de Midnight. J'imagine que tu es déjà venu ici, n'est-ce pas ?
J'ai grogné et il a souri :
- OK, no spoiler. Alors, on y va ?
Il leva ensuite ses mains pour montrer ses menottes, en répliquant :
- Je pense que ça serait plus simple sans ça, tu ne crois pas ?
- Non. N'y pense même pas. D'ailleurs, comment tu appelles les compagnons du Docteur, déjà ? Ah oui, ses 'animaux de compagnies'. C'est dommage, j'ignore où le Docteur range les laisses pour chiens qu'il a récupéré de K9. Tant pis, je vais devoir faire sans...
J'ai attrapé la chaînette de ses menottes, celle qui liait ses deux mains, puis je l'ai traîné jusqu'à la porte du T.A.R.D.I.S. Je pouvais entendre le Maître rire, glousser même, en s'amusant :
- Décidément, Alisone, je vais finir par croire que tu as des kinks très étranges...
- La ferme !
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La luminosité de l'endroit nous éblouit quelques secondes. Tout était blanc, immaculé, pur et brillant. Le vaisseau s'était garé dans un coin, entre deux murs, au milieu d'un immense Hall presque vide, à l'exception des gens qui allaient et venaient.
Il y avait des Êtres de toute forme et de toute taille, qui déambulaient tout autour de nous. Le Maître admira l'endroit et esquissa un sourire :
- OK, Alisone, fais comme le Docteur et dis-moi tout ce que tu sais au sujet de cette planète.
J'ai souri à mon tour.
- Well... Techniquement, c'est une base de loisir. Enfin, une base créée sur la planète. Midnight est entièrement faite de diamants, seulement la planète est en orbite autour d'un soleil qui diffuse une lumière mortelle. La base nous protège, bien sûr, sinon nous pourrions brûler en quelques secondes à peine. Tout ressemble à un SPA, avec des piscines, des jeux, des activités diverses et variées. Oh, bien sûr, il y a des navettes qui font le tour de la planète en toute sécurité et permettent de découvrir les cascades de diamants. Lorsque les rayons passent à travers les diamants, c'est comme si la lumière illuminait toute la galaxie...
Le Maître me sourit avec... Tendresse ? En me disant ensuite :
- Wow. Ça semble si... Beau... Pourquoi as-tu si peur de cette planète, dans ce cas ?
J'ai secoué ma tête, essuyé la larme qui coulait le long de ma joue, puis j'ai continué à tirer le prisonnier vers le grand Hall, en répondant, mystérieusement :
- Mauvais souvenir. Mauvaise Ligne Temporelle. Peut importe.
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Nous sommes arrivés devant un grand bureau, derrière lequel une Alien à la peau verte nous sourit jusqu'à ses quatre oreilles, pour nous dire :
- Oh, hello. Bienvenue à Midnight ! Que désirez-vous ? Est-ce pour vous deux ?
Je lui ai rendu son sourire, toujours en tenant le Maître par ses menottes, et j'ai répondu :
- Yep. Moi et mon 'animal de compagnie'. Vous nous proposez quoi de sympa ?
Elle continuait de sourire en pianotant sur une machine à l'écran transparent :
- Il nous reste une Suite de libre en haut de la base, avec une vue directe sur les cascades de diamants. Nous avons aussi des places à la piscine et nos navettes vont bientôt partir.
- Oh non, non... dis-je, avec mélancolie. Pas de navette... Si je me souviens bien, vous avez un Planétarium ?
- Oui, bien sûr ! Ça vous coûtera seulement 50 Credits.
Je tiquai.
Tout à coup, je me souvins que je n'avais pas d'argent sur moi et que, sans le Docteur et son Papier Psychique, il m'était impossible de passer sans payer. Le Maître sourit et comprit le problème qui vrilla mon crâne. Il pencha sa tête vers moi et murmura :
- Fouille dans la poche droite de mon pantalon.
Malgré mon regard blasé et mon air affligé, je me suis néanmoins exécutée. En essayant de le toucher le moins possible, j'ai passé ma main dans sa poche, puis mes doigts ont trouvé un gadget de métal. En le sortant, je compris directement ce que c'était.
- De quoi ?! T'as un Tournevis Sonic, toi aussi ?
- Je suis un Seigneur du Temps, bien sûr que j'ai un Tournevis Sonic !
L'objet n'était pas comme celui du Docteur. Oui, il avait presque la même taille, mais il était argent et doré, avec trois petits tubes en son bout. Lorsque j'ai utilisé le Sonic pour payer l'accès au Planétarium, je me suis rendu compte que la lumière avait une couleur orangée.
Une fois la transaction terminée, j'ai rangé le Tournevis Sonic avec la clef des menottes, dans la poche de ma robe.
- Hey ! se plaignit le Maître. C'est le mien !
- Confisqué.
La dame me tendit les deux tickets, en terminant :
- Quel couple adorable vous faites ! Amusez-vous bien au Planétarium.
Je n'eus même pas la force de rectifier sa remarque.
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Cela faisait maintenant 1h que nous étions allongé, sur des matelas de plumes, les yeux rivés vers la voûte céleste. Les Constellations étaient totalement différentes de celles sur Terre. Chose normale, puisque nous nous trouvions dans une autre galaxie. Les épaisses vitres nous protégeaient de l'atmosphère mortelle. Cela faisait d'ailleurs plus de trente minutes que le Maître n'avait pas parlé ce qui, jusqu'à présent, fut son record. Il admirait les astres, ses mains toujours liées et posées sur son torse.
J'ai tourné ma tête vers lui, en badinant :
- Je pensais vraiment que tu réciterais le nom de toutes les étoiles.
- Non... Impossible. Je ne connais pas leurs noms. Gallifrey vient de la Constellation de Kasterborous, loin d'ici. Quant à mon séjour sur la planète Malcassario, nous étions à la fin de l'Univers. Toutes les étoiles étaient mortes.
Un ange passa...
(Dieu merci, ce n'était pas un Ange Pleureur ! Ahaha !)
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Je me suis levée du matelas, puis j'ai tendu ma main vers celle du Maître pour l'aider à se relever. Ce fut à ce moment-là, qu'une chose étrange se passa. Le visage du Maître devint livide, debout devant moi, il gardait ma main dans la sienne, en demandant, presque apeuré :
- Comment tu fais ça ?
- Comment je fais quoi ?
J'essayais de récupérer ma main, mais il n'était pas décidé à me lâcher. Au lieu de ça, il m'expliqua avec mystère :
- Les tambours... Les tambours dans ma tête... Ils sont moins forts...
Je plissai des yeux et, par surprise, j'ai tiré ma main vers moi pour la lui arracher. Il secoua sa tête, en reprenant :
- Non, non, non, ils sont revenus !
Choqué et triste, il se jeta sur moi pour poser ses deux mains menottées sur la mienne.
- What the H...?! commençais-je.
- S'il te plaît. Les tambours sont moins forts lorsque je te touche...
Euh... De quoi ?!
Nous devions retourner au T.A.R.D.I.S de toute façon. J'ai levé mes yeux au ciel en signe d'énervement puis, au lieu de traîner le Maître par ses menottes, je lui tenais toujours les mains.
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Devant la cabine bleue, j'ai claqué des doigts pour ouvrir la porte, comme le Docteur le faisait parfois. Une fois à bord du vaisseau, j'ai fermé à clef derrière moi et j'ai emmené le Maître devant le centre de commande :
- OK, nous devons retourner à la Fédération Galactique pour retrouver Clara et le Docteur. Tu peux piloter le T.A.R.D.I.S ?
Un sentiment de tristesse traversa ses yeux clairs lorsqu'il comprit qu'il devait me lâcher les mains pour pianoter le poste de contrôle. D'ailleurs, lorsqu'il le fit, il secoua sa tête dans tous les sens, en maugréant :
- Ils sont de retour... Ils sont revenus... Les tambours...
Tout en tournant les manivelles et tapant sur les boutons, il marmonnait ses inepties en secouant toujours sa tête dans tous les sens :
- Les tambours... Un, deux, trois, quatre... Un, deux, trois, quatre... Un, deux, trois, quatre... Un, deux, trois, quatre...
Sa folie me sauta aux yeux.
Sa folie et sa détresse...
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Nous sommes arrivés à la Fédération Galactique juste cinq minutes après que le Docteur et Clara nous aient quitté. Le Maître et moi avions décidé de garder notre petit voyage secret, pour ne pas inquiéter le Docteur. En réalité, je n'étais pas heureuse d'avoir failli à ma tâche.
Le Maître se laissa étrangement faire lorsque je l'ai rattaché aux barreaux du vaisseau. L'unique chose qu'il m'a demandée, avec des yeux suppliants, fut de lui tenir les mains en attendant le retour du Docteur et de Clara.
J'ai accepté.
Je me suis assise à côté de lui, ma main gauche tenait mon livre ouvert, et ma droite tenait les doigts tremblants et sales du Maître. Il souriait, les yeux fermés, la tête en arrière adossée aux barres de fer.
Pour la première fois depuis sa très longue vie de Seigneur du Temps, il pouvait dormir sans entendre les bruits incessants des tambours...
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À suivre...
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