Bonsoir ! Certains l'ont peut-être déjà vu, mais j'ai posté le prologue du préquel de Nos liens, concernant le passé de Lily ! N'hésitez pas à le lire pour mieux comprendre certaines choses !
Comme d'habitude, lire vos commentaires me poussent d'autant plus à écrire, donc n'hésitez pas à me donner vos avis ! Bonne lecture !
Chapitre 8 - Rejection
Draco observe depuis la volière la forêt qui s'étend en contrebas. Il ne sait depuis quand cet endroit est devenu son refuge mais il s'y sent apaisé, à l'abri de tous ces regards mauvais et dégoûtés qui lui sont adressés, comme si les paroles d'Harry n'avaient eu aucun effet. Il sait que ce n'est pas tout à fait vrai, si Harry n'avait pas montré aux autres qu'il lui laissait le bénéfice du doute, les choses auraient été bien pires mais... Il en a assez de tout ça. Il déteste entendre chuchoter sur son passage et celui de ses amis, il en a assez de tous ces idiots qui jugent sans rien savoir. Draco n'est pas naïf, il a parfaitement conscience que son père n'a plus les mains blanches depuis bien longtemps. Mais il sait également à quel point Lucius souffre de cette situation. Il ne compte plus les fois où il entend son père se réveiller en hurlant à cause de ses cauchemars, hanté par les fantômes de ses victimes. Une fois, il a même aperçu son père les supplier de lui pardonner, qu'il n'avait pas le choix.
Pas le choix... Contrairement à lui, son père ne l'a jamais vraiment eu. Abraxas Malfoy l'a contraint dès son plus jeune âge à rejoindre les rangs des mangemorts alors que tout ce que souhaitait Lucius, c'était de vivre paisiblement sa vie avec la femme qu'il aimait, Narcissa Black. Mais il était incapable d'échapper à la pression familiale et une fois que l'on devient mangemort... C'est à vie. Le Seigneur des Ténèbres prend en otage leurs êtres les plus chers et ils se retrouvent face à un choix cornélien : garder en vie ceux qu'ils aiment et appliquer les ordres ou désobéir et voir tous les êtres les plus chers à leur cœur être torturé puis tués sous leurs yeux. Lucius n'a jamais souhaité en arriver là. Il n'a jamais souhaité servir cet homme comme un parfait toutou. L'arrogance qu'il montre au monde entier n'est qu'un masque pour cacher sa détresse profonde. Et s'il pouvait, il arrêterait tout.
Mais il ne peut pas. Il a des personnes à protéger. Sa femme et son fils.
Et ça, même si Draco le plaidait, personne ne le croirait. Son père lui a même laissé le choix. Ils ont eu une longue conversation pendant les vacances. Lucius lui a demandé ce qu'il voulait faire et Draco a simplement dit la vérité. Qu'il ne souhaite pas faire parti du camp des Ténèbres. Mais que d'un autre côté, il est terrifié. Terrifié de ce qui pourrait arriver à ses parents. Son père n'est pas féru de démonstration d'affection habituellement, mais cette fois, il s'est permis de l'embrasser sur le front et de lui souffler combien il était fier de lui. Combien il l'aimait. Et lui a promis qu'il n'avait aucune inquiétude à avoir, qu'il le protégerait quoi qu'il en coûte, qu'il pouvait prendre le chemin qu'il souhaitait.
Draco aime ses parents plus que tout au monde. Et si par ses actions, il peut gagner la confiance et la reconnaissance du camp de la « Lumière », alors... Alors ce sera à son tour d'assurer leur protection. Mais ce n'est pas gagné. Personne n'a réellement confiance en lui ou ses amis.
Il soupire en caressant la tête plumée d'Orion, son grand-duc, tandis qu'il joue avec la lettre que ce dernier vient de lui confier. Une lettre de sa mère. Il ne l'a pas encore ouverte.
« Je savais que je te trouverais là. »
Draco lève la tête en direction de son meilleur ami qui lui fait un rapide geste de la main. Draco ne dit rien, ne lui sourit pas, mais Blaise n'en est pas vexé. Tous les deux savent que Draco n'est pas tellement démonstratif en tant normal, lorsque le masque qu'il présente aux autres, celui d'un jeune homme vantard et arrogant, tombe. Ses amis le qualifient souvent de froid, mais seulement à l'extérieur car son éducation lui a toujours appris à garder le contrôle de ses émotions. Mais à l'intérieur, cette glace fond dès qu'il en est présence de ses amis. Il a toujours le mot pour les soutenir, les encourager et les guider et c'est pour ça qu'ils lui sont loyaux. Bien qu'il arrive parfois que l'expression froide de son visage laisse paraître ses sentiments les plus profonds comme lors du match du Quidditch. Blaise sait tout cela parfaitement, alors pour compenser, il sourit pour deux.
« Tiens, une lettre de ta mère ? »
« Oui. Elle s'excuse pour les événements auxquels sont liés mon père, me demande de ne pas le détester – comme si ça pouvait arriver – et... Je lui ai dis, pour notre trêve avec Potter. »
« Tu- Tu lui as dit ? C'est assez étonnant venant de toi... »
Draco sait parfaitement ce que Blaise entend par-là. Il hausse ses épaules en tournant son regard vers l'extérieur. Il faut dire que l'une des raisons qui le poussait à haïr Harry Potter était l'intérêt de sa mère pour ce dernier. Avant qu'il n'aille à Poudlard, en première année, sa mère lui avait demandé de faire en sorte de bien s'entendre avec Harry et il avait essayé, pour lui faire plaisir. Mais sa première approche s'était soldée par un échec total et tout le contraire de la bonne entente s'était produit. Jusqu'à présent, Harry faisait émerger ce qu'il y avait de pire en lui et même s'il savait ses actions puériles, il ne pouvait s'en empêcher. Personne ne le faisait autant réagir qu'Harry Potter. Et les supplications de sa mère pour bien s'entendre avec lui n'avait jamais rien arrangé.
Un jour, lors de sa troisième année, il s'était pour la première fois énervé contre sa mère, lui demandant pourquoi elle s'intéressait autant à « l'Élu ». « Alors quoi mère, vous êtes comme toutes ces personnes qui lui vouent un culte sans fondement ? Parce qu'il a accidentellement éliminé le Seigneur des Ténèbres ? Ne me faites pas rire ! ». Bien sûr, Draco savait au fond de lui que la mort de Voldemort avait été un soulagement pour ses parents, une illusion de liberté jusqu'à sa réapparition et que sa mère avait toutes les raisons de lui être redevable. Mais il était jaloux. Sa mère n'avait jamais montré d'intérêt pour une autre personne que lui, son père, ses tantes ou Severus et il s'était toujours senti important à cette constatation, aimé et chéri par sa mère. Alors savoir qu'elle semblait aussi apprécier Harry Potter... Ça l'avait fait sortir de ses gongs. Aujourd'hui, il pourrait rougir de honte à ses actes passés mais il était encore tellement immature.
Après ça, sa mère s'était murée dans un silence pesant et au final, il avait pris son courage à deux mains pour s'excuser. Mais le moment choisi n'était pas le bon. Lorsqu'il s'était rendu dans la chambre de sa mère pour implorer son pardon, il avait surpris la première véritable dispute entre son père et sa mère. Lucius hurlait à Narcissa d'oublier une certaine « Lily Evans », qu'elle les avait rejeté dès qu'ils s'étaient retrouvés en difficulté et qu'elle n'avait aucune obligation de veiller à ce qu'Harry Potter aille bien. Qu'il n'était que le fils de ce « salaud de Potter » et qu'Harry n'avait pas besoin d'eux. Et pour la première fois de sa vie, il a vu sa mère s'effondrer et pleurer toutes les larmes de son corps. Draco ne connaissait rien du lien entre ses parents et la mère d'Harry mais une chose était sûre, la mère d'Harry était la cause des sanglots déchirants de sa mère. A partir de là, Draco ne s'était pas retenu d'insulter la mère d'Harry et l'avait d'autant plus détesté.
Mais Draco se rend compte à présent qu'il ne connaît rien à l'histoire. Que son instinct de protection envers la femme qu'il aime plus que tout au monde a pris le dessus. Et qu'il a peut-être injustement insulté la mère d'Harry, il n'en sait rien. Mais il n'aurait pas dû, ça il en a conscience. Parce qu'insulter un parent... Il sait à quel point c'est douloureux.
« Je me demande sincèrement où ça va nous mener toute cette histoire », souffle Blaise pour briser le silence.
« Daphné a l'air de tenir à ce qu'on se rapproche d'eux », répond Draco, comprenant parfaitement de quoi parle son meilleur ami. « Peut-être que ce n'est pas si mal. C'est une opportunité de nous garantir leur confiance et puis, vois ça comme un moyen de te rapprocher de Weasley. Je commence à en avoir assez de te voir l'observer avec des yeux de merlan frit en permanence. Si encore il était agréable à la vue, je comprendrais mais là... »
« Ferme-là Dray », gronde Blaise en lui donnant un coup, sans pouvoir pour autant cacher son rougissement. « Personne n'est censé le savoir je te rappelle. »
« Ce n'est pas comme si tu étais discret. »
Et comme par automatisme, Draco voit son meilleur ami sortir une bille lumineuse de l'une de ses poches et la tourner entre ses doigts, un doux sourire aux lèvres. C'est une habitude qu'il a dès qu'ils évoquent Ron. Blaise n'a jamais voulu lui dire pourquoi il aimait à ce point le Gryffondor alors qu'ils n'ont jamais réellement eu d'interaction jusqu'à présent, mais les sentiments de son meilleur ami semblent tellement forts, tellement sincères que s'en est presque effrayant. Lui n'a jamais connu ça. Bien sûr, nombreux et nombreuses ont été à lui demander de sortir avec eux mais... Il n'a jamais éprouvé d'attirance. Pour personne. Il aimerait aussi connaître ce sentiment terrifiant un jour, mais il ignore si quelqu'un l'acceptera pour ce qu'il est vraiment.
Il en doute.
Il se lève, Orion dans ses bras, et dépose ce dernier dans son nid. Orion hulule de bonheur lorsque Draco lui glisse une friandise et ce dernier tapote gentiment la tête de son hibou.
« Je suppose que tu venais me chercher de base pour qu'on aille demander l'autorisation à mon parrain de faire la soirée, je me trompe ? »
« On ne peut rien te cacher. Mais je dois avouer que rester là était tout aussi bien. C'est toujours tellement apaisant d'être avec toi. »
Draco laisse naître un fin sourire sur ses lèvres, presque indiscernable, et tous les deux quittent la volière en direction des cachots.
Seulement...
Une fois dans le bureau de son parrain, Draco constate avec horreur que c'est un véritable carnage. Tous les livres sont renversés, les chaudrons retournés, les ingrédients éparpillés et au centre de tout ce bazar se trouve son parrain, le visage fou. Draco ne sait pas comment réagit, à l'instar de Blaise. Tous deux fixent choqués leur professeurs, incapables d'émettre la moindre parole. Qu'est-ce qui a pu mettre son parrain dans cet état ?
« Parrain ? »
Seul le silence lui répond. Severus ne les regarde pas, son regard vide fixant désespéramment un parchemin à moitié déchiré. Draco n'arrive pas à voir ce qu'il contient de là où il est et lorsqu'il s'approche pour prendre connaissance du contenu, Severus s'en empare et le dérobe à sa vue. Des yeux remplis de rage se posent sur lui et instinctivement, Draco se recule.
« Que voulez-vous ? »
« Monsieur », débute Blaise maladroitement, intimidé par le regard mauvais de leur directeur de maison. « On voulait simplement vous demandez l'autorisation d'utiliser la salle sur demande demain soir pour faire un petite soirée pour fêter notre match de Quidditch. Rien de plus. »
« Je vous ferais parvenir ça alors fichez-moi le camp à présent ! »
Et ils s'en vont, sans demander leur reste. Draco se retourne néanmoins pour lancer un regard en direction de la porte désormais close. Tout ce qu'il a pu lire, c'est le nom du destinataire. St-Mangouste. Quelle genre d'annonce venant de l'hôpital a pu mettre mon parrain dans cet état ? Draco l'ignore mais ça l'inquiète. Il en parlera dans sa prochaine lettre à sa mère.
Il refuse de le croire.
C'est impossible.
Cette nuit n'était qu'une erreur. Une simple erreur, un moment de faiblesse durant lequel il a cédé. Comment cela a-t-il pu arriver ?
Il relit encore et encore, et encore, et encore le parchemin, mais les mots restent inchangés.
Un test de paternité.
Un putain de test de paternité qui le désigne comme père.
Père d'un enfant qu'il a haït à l'instant où il l'a rencontré. Père d'un enfant envers qui il a eu des paroles souvent dures et mauvaises. Père d'un enfant qui le haït tout autant.
Comment diable cela est-il possible ?
Il ne peut pas. Non, il ne peut pas. Comment pourrait-il seulement accepter cette réalité ? Cela reviendrait à avouer à quel point il a été horrible avec son propre enfant. Qu'il a détesté pendant des années sa propre chair et propre sang, lui qui pourtant avait toujours rêvé d'une famille avec la femme qu'il aimait. Un rêve tellement impossible, irréalisable, qu'il l'avait abandonné. Un rêve à présent réalité, mais à quel prix ?
Il doit faire comme si de rien était.
Le garçon ne le saura jamais, pas vrai ?
Il ne peut pas.
Pour la sécurité de cet enfant.
Il ne peut pas.
Severus refuse qu'il devienne sa faiblesse. Il refuse que le monde connaisse la vérité car les conséquences en seraient désastreuses. Le Seigneur l'utiliserait comme pression sur lui. La réputation de cet enfant en pâtirait si tout se savait. Et jamais il ne le verrait comme un père. A ses yeux, il serait toujours ce salaud qui lui a pourri la vie.
Pourquoi me faire ça Lily ? Pourquoi avoir attendu autant de temps pour me le dire ? Pourquoi...
Il ferme les yeux, tente de reprendre contenance et une fois fait, son objectif est clair.
Personne ne doit le savoir. Pas même le garçon.
Il ne reconnaîtra pas l'enfant.
Harry remue ses doigts dans le vide, concentré sur les liens.
Il est allongé dans la salle sur demande, le visage tourné vers le plafond, observant ses doigts qui gigotent au-dessus de lui. Il a renoncé à poser toute question à Anja concernant les Filipkovitch. D'une manière ou d'une autre, elle a réussi à lui transmettre au travers de leur lien à quel point elle refusait d'en parler. Harry l'avait senti, que c'était pour son bien, alors il n'avait pas insisté. Si cette famille avait un lien avec lui, il finirait par le savoir, tôt ou tard, mais si Anja estimait que c'était plus sûr pour lui de ne rien savoir, alors autant ne pas insister.
« Dis Harry », l'interpelle Ron en délaissant sa partie d'échec. « Tu en sais plus sur les liens qui nous lient, Hermione, toi et moi ? »
Harry sourit de toutes ses dents en observant les liens jaune canari et rose pêche qu'il partage avec ses meilleurs amis. Ce sont les premiers liens pour lesquels il a réclamé la signification. Il a senti au travers du lien argenté qu'Anja était attendrie par leurs liens. « Le jaune canari, c'est un lien de confiance, de loyauté sans faille. Un lien que partage des meilleurs amis qui se considèrent comme plus que cela. Des meilleurs amis qui s'apparentent plus à deux frères qui s'aiment énormément. Le rose pêche, lui, démontre une forte amitié également, mais d'une manière tout autre. Disons... Que l'amour qui s'en dégage est une forme d'amour familial mais plus semblable à un amour maternel. »
« Tout ce que je peux vous dire, c'est que nos liens représentent avec exactitude nos relations. Et que connaître leur signification me fait prendre conscience d'à quel point je vous aime. »
Ron et Hermione sourient, gênés mais heureux par cette soudaine déclaration. Il dit rarement combien il les aime et pourtant, c'est bel et bien le cas. Harry a du mal à imaginer ce que serait sa vie sans ses meilleurs amis. Ils sont tellement importants pour lui. Il éclate de rire quand Hermione se jette sur lui pour lui dire qu'elle aussi l'aime de tout son cœur et Ron ne perd pas une minute avant de rejoindre l'étreinte. Ils ont l'air idiot, ainsi entremêlés à même le sol. Mais ce sont des idiots qui s'aiment et qui n'en ont pas honte.
« N'empêche », dit Harry en libérant ses mains de l'étreinte. « Ces deux liens continuent de me perturber. Ils sont toujours là, même si les personnes ne sont pas dans la pièce. Je veux dire, j'en vois d'autres, de liens, mais ils ne sont pas aussi lumineux que ces deux-là... »
« Le rouge aniline et le bordeaux ? Tu as demandé à la détentrice originelle ? »
Harry secoue la tête. Maintenir le contact avec Anja n'est pas encore évident pour lui, il se fatigue rapidement et il ne peut employer son pouvoir que dans une certaine limite. Lorsqu'il tente de prendre contact avec elle, c'est le vide total, signe qu'il est arrivé au bout de ses capacités. Après tout, il lui a déjà demandé rien qu'aujourd'hui la signification des liens avec Ron et Hermione mais également la signification du lien vaporeux. Malheureusement, Anja était tout aussi perdue que lui quant à ce lien.
« Je n'ai jamais vu une chose pareille mais... Rien de bon ne s'en dégage... »
Elle l'avait conforté dans son mauvais pressentiment.
« Je finirais bien par le savoir tôt ou tard. Pour le moment, on a une autre préoccupation. La soirée de demain. »
« J'espère que ça ne finira pas en bain de sang... »
« Ron ! Si on met tous un peu du nôtre, je suis sûre que tout se passera bien ! »
« Ce sera l'occasion de rendre son registre à Nott, tu sais, celui que tu lui as volé sous ses yeux apparemment alors qu'on est censé faire la paix. Bravo pour une première approche Hermione. »
« Je te déteste Ron. »
Et Harry éclate une nouvelle fois de rire face aux chamailleries de ses meilleurs amis. Ainsi se déroule leur après-midi, sous les rires et les taquineries, comme devrait l'être les après-midis de simples adolescents, sur qui ne pèserait pas la lourde charge d'une guerre à venir.
