Bon normalement je devais faire une petit pause mais c'est la Saint-Valentin et comme ce n'est pas forcément la journée la plus amusante pour les célibataires, voilà mon cadeau de Saint-Valentin pour vous !
Chapitre 9 - Suspicion
« Bien, posez vos plumes. »
Harry s'étire de toutes ses forces, le cerveau en compote. Pourquoi le professeur Binns avait-il eu la bonne idée de leur faire passer un examen blanc aussitôt dans l'année scolaire ? C'était de la torture ! Et pourtant, Harry trouve qu'il ne s'en est pas mal sorti. Pour la première fois, sa mémoire ne lui a pas fait défaut et les réponses lui semblait évidente. Comme si on lui avait jeté un sort pour que soudainement, tout lui semble plus évident. L'espace d'un instant, il se demande si son apparence est véritablement le seul changement chez lui. Ou si… En buvant la potion de sa mère, finalement il a récupéré l'intelligence de sa mère et peut-être celle de son véritable père. N'est-ce pas un peu de la triche ?
Pendant que Binns récupère leurs parchemins, Harry s'amuse à déployer son don. C'est comme un addiction. Observer les liens autour de lui le fascine à tel point qu'il ne s'en lasse pas et il a compris une chose : plus il les active régulièrement, plus la fatigue à les utiliser s'amoindrit et à présent, il arrive à savoir instinctivement si un lien est plutôt négatif ou non. S'il est positif, une douce chaleur l'envahit. S'il est neutre, rien ne se passe et s'il est négatif, un grand vide se forme dans sa poitrine.
Alors qu'il contemple ses liens avec ses amis, la porte de la salle d'Histoire de la magie s'ouvre brusquement sur un Severus Snape clairement agacé. Harry l'avait vu en compagnie du directeur un peu plus tôt et se demande quelle conversation ils ont pu avoir pour que son professeur soit aussi… Énervé. Puis, avec curiosité, il baisse les yeux sur ses mains afin de voir le lien qui le lie à Severus. Il appréhende le moment où il le saura, c'est pour ça que jusqu'à maintenant, il ne l'a jamais vérifié.
Dans son rêve de la nuit dernière, il a pu discuter avec Anja. Notamment du lien bordeaux. Harry lui avait expliqué que pour une raison ou une autre, il le trouvait moins lumineux que les jours précédents et il était curieux de savoir ce qu'il signifiait. Au début, Anja était étrangement silencieuse et ses yeux brillaient d'une certaine mélancolie. Elle avait activé ses propres liens mais contrairement à lui, elle n'avait pas ce lien bordeaux permanent.
« Quand Magie m'a offert ce don, il ne m'a pas fallu longtemps avant de rechercher ceux qui me liaient à mes parents. J'étais une orpheline, abandonnée à mon sort parce ceux qui m'avaient donné la vie, mais je n'avais aucun ressentiment envers eux. Nous étions à une époque où la pauvreté régnait, avoir une bouche à nourrir en plus était compliqué pour eux. Malgré tout, je désirais les rencontrer. Mais je n'ai jamais trouvé les liens qui me liaient à eux. Ce n'est que lorsque je suis moi-même devenue mère pour la première fois que je les ai découvert. Un lien indigo pour la relation mère/enfant, un lien bordeaux pour la relation père/enfant. »
« Mais toi, tu ne les voyais pas, ça veut dire... »
« Les liens se brisent à la mort d'une des deux personnes liées. Cela signifiait que mes deux parents avaient perdus la vie. »
« J'ai toujours mon lien bordeaux… James est mort, ce qui signifie qu'il n'est véritablement pas mon père. Toi qui pouvait communiquer avec ma mère, sais-tu qui est mon véritable père ? »
« Non. Elle ne m'en a jamais parlé, je suis désolée... »
Mais de cette conversation, une hypothèse s'était formée dans l'esprit d'Harry. Peut-être… Peut-être que le meilleur ami de sa mère, qu'elle semblait aimer profondément, était l'homme qui lui avait donné naissance ? L'idée le terrifiait. Comment le prendrait-il s'il s'avérait que Severus Snape, l'homme qu'il a hait tout ce temps, se révélait être son père ? Harry était prêt à faire des efforts pour se rapprocher de lui, pour ne plus agir comme un petit con comme l'aurait souhaité sa mère mais de là à le voir comme un potentiel père ? Les sentiments d'Harry étaient contradictoires. D'un côté, il rêvait de famille et avoir un père toujours en vie, un père que sa mère aimait sincèrement… Ce serait incroyable. Mais d'un autre côté, il s'agissait de Severus Snape.
Harry prend une profonde inspiration, sortant de ses pensées, pour suivre du regard le lien bordeaux. Mais contre toute attente, ce dernier est cassé. A proprement parlé. Arrivé à un certain endroit du lien, des fissures le traverse et la suite du lien n'est plus que fragment éparpillé. Harry est confus. Jamais le lien n'avait ressemblé à ça. Jamais. Il cherche alors un autre lien, celui qui le lierait à Severus, mais une nouvelle fois, l'incompréhension le gagne. Aucun lien ne les lie.
La voix froide du professeur de potion finit par le sortir de sa torpeur.
« Monsieur Po… Potter. Le directeur vous demande dans son bureau. Ne traînez pas. »
Tout le monde remarque à quel point le professeur semble dégoûté de prononcer son nom de famille et Harry baisse la tête, complètement perdu. C'est la première fois qu'il n'y a aucun lien. Et qu'est-il arrivé à son lien bordeaux ? Et s'il s'est trompé ? Si Severus n'est pas son père et mais que la cassure de son lien signifie que son véritable père est en danger ou quoi que ce soit d'autres ? L'envie lui prend d'activer le lien avec Anja mais Severus le presse de retrouver Dumbledore. Alors Harry finit par abdiquer sans lancer son habituel regard noir au professeur de potion pour montrer sa défiance, ce qui surprend ses camarades et encore plus Severus. Il est tellement habitué à l'arrogance du Gryffondor mais là il semble juste… Amorphe.
Finalement, Harry quitte la classe, sous le regard légèrement inquiet de Severus.
Il a beau s'être promis de nier leur lien, de ne pas considérer l'enfant comme le sien, il… Il peine à réellement y parvenir.
« Professeur Dumbledore, vous vouliez me voir ? »
En rentrant dans le bureau, Harry prend conscience qu'il n'a pas désactivé les liens. Il était tellement perdu dans ses pensées, ses interrogations, qu'il n'a même pas pensé à les dissoudre. Et il commence peu à peu à en ressentir les effets. Un mal de crâne l'envahit. Il s'assoit tant bien que mal face au directeur et pianote discrètement pour mettre un terme à son don. Mais contre toute attente, ça ne fonctionne pas. Il perçoit toujours les liens. Il fronce les sourcils à cette constatation.
« En effet Harry. J'ai eu vent de tes changements physiques mais j'ai également appris que toi et Minerva aviez eu une conversation ensemble sur tes parents. Pourrais-tu m'en dire plus ? »
« Il n'y a pas grand-chose à dire professeur. Le professeur McGonagall a juste évoqué la relation entre ma mère et mon père à ma demande. Quant à mon apparence, j'ignore pourquoi elle a autant changé. »
Il ment. Pour la première fois, Harry ment à Dumbledore. Et la raison n'est autre que le lien qui le lie à Dumbledore. Un lien grenat. Un lien qui provoque à la fois un vide en lui, mais également de la peur. Une sueur froide coule dans le dos d'Harry. Il ne sait pas pourquoi un tel lien lui provoque cette peur mais le sentiment lui rappelle celui du lien vaporeux. Et son esprit le lui hurle.
Dumbledore est dangereux.
Mais Harry ne comprend pas. Cet homme a toujours veillé sur lui, a toujours été à ses côtés, l'a toujours considéré comme son propre petit-fils. Cet homme… Est quelqu'un de bien. Il ne ferait pas de mal à Harry. Pas vrai ? Alors pourquoi il sent une détresse à travers son don ? Pourquoi son seul désir est de prendre ses jambes à son cou ?
Puis d'un seul coup, les liens disparaissent. Et la peur également. Comme si rien de tout ce qu'il vient de vivre n'était réel. Si le maintient des liens reste incompréhensible pour lui, il suppose que leur disparition automatique est due à une utilisation trop poussée, en dehors de ses limites. Harry se sent épuisé, à bout de force, mais il doit maintenir l'impression que tout va bien en face du directeur. Parce qu'à présent, il se méfie.
« Mieux vaut ne pas lui montrer la moindre faiblesse. »
Il plonge son regard dans celui scrutateur du directeur et sourit innocemment. Finalement le directeur tapote son épaule dans un geste paternaliste.
« Je vois, je vois. Peut-être que votre apparence est le résultat d'un de vos camarades qui voulait tester ses connaissances en métamorphose humaines. En tout cas, avec ce physique, vous ressemblez énormément à votre mère, mon jeune enfant. Quant à la relation entre vos parents, je ne doute que Minerva vous ait dit à quel point ils s'aimaient. Ils étaient la définition même d'âme sœur. James et Lily me manquent à moi aussi, je comprends votre désir d'en savoir plus à leur propos. »
Il accompagne ses paroles d'un doux sourire qui sonne étrangement faux aux yeux d'Harry. Il a peur de tout surinterprété, à présent, mais il ne peut pas se permettre de baisser sa garde pour autant.
« Et dites moi, s'est-il passé quelque chose de particulier pour votre seizième anniversaire ? »
« Quelque chose de particulier professeur ? Qu'entendez-vous par là ? »
« Un pouvoir par exemple ? »
Harry se fige. Dumbledore a connaissance de son don ? Si c'est le cas, ça veut dire que soit il a su pour le pouvoir de sa mère, soit le professeur McGonagall lui en a parlé, soit il connaît un autre détenteur du pouvoir – mais cette dernière option lui semble peu envisageable étant donné qu'il est censé être le seul détenteur encore vivant. Aussi, si McGonagall lui en a véritablement parlé, le directeur ne se serait pas amusé à passer par quatre chemins. C'est donc Lily qui a dû lui en parler. Mais Harry pensait qu'elle n'en avait fait part qu'au professeur McGonagall. Il tente de conserver un masque indifférent mais Harry sait combien il est expressif, au point qu'on puisse lire en lui comme dans un livre ouvert.
« Eh bien, pour être honnête professeur, je me suis découvert une aptitude depuis quelques semaines... »
« Vraiment ? »
Les yeux du directeur brillent d'intérêt mais également d'un sentiment indéchiffrable, plus sombre. Harry déglutit.
« Oui, je préférais le garder pour moi parce que c'est une chose qu'on apprend qu'au cours de la sixième année mais il semble que j'ai une grande avance sur la question. Je peux lancer des informulés sans trop d'effort. »
Le sourire de Dumbledore s'effrite et son regard s'assombrit.
« Je vois. C'est très bien mon garçon. Cela sera un avantage certain dans la guerre que nous menons. Mais je ne vais pas vous retenir plus longtemps. Vous pouvez vous en allez Harry. Et si jamais vous avez quelque chose à me dire, ma porte vous sera toujours grande ouverte. »
Ni une, ni deux, Harry s'enfuit du bureau pour rejoindre ses amis. Il les retrouve dans le couloir, discutant joyeusement de tout et de rien et lorsqu'il les aperçoit, il court vers eux. Il est à bout de souffle, comme s'il vient de courir un marathon et son cœur tambourine fortement.
« Les gars. Je crois qu'il faut se méfier de Dumbledore. »
Ron et Hermione échangent un regard inquiet. Pour qu'Harry dise une chose pareille, c'est qu'il doit avoir une raison. Alors les deux le traîne dans un endroit à l'abri des regards et Harry leur explique tout ce qui s'est passé depuis l'examen.
Quand Daphné avait proposé cette idée de soirée, elle y avait vu une opportunité de se rapprocher de ce trio qu'elle admirait tant en secret. Depuis sa première année à Poudlard, elle n'a cessé de suivre leur exploit de loin, vantant intérieurement l'intelligence d'Hermione et son sang-froid, le courage d'Harry et sa capacité pour se trouver toujours dans des situations périlleuses – oui, d'une certaine manière, c'est un exploit à glorifier à ses yeux – et la loyauté de Ron ainsi que son côté stratégique qu'elle seule semble avoir remarqué.
Daphné a toujours voulu être amie avec eux, rire avec eux, partager leurs aventures car ils avaient, pour elle, l'allure d'héros de roman. Mais son amitié avec Draco l'empêchait de se rapprocher d'eux. Sa fidélité pour le blond était bien plus profonde, bien plus puissante que sa volonté d'être amie avec le trio d'or.
Elle connaissait Draco depuis sa naissance, avait grandi avec lui et à force de le côtoyer, elle avait fini par tomber amoureuse de ce garçon à l'apparence si froide mais toujours présent quand il s'agit de soutenir ceux qu'il aime. Il lui avait fait prendre confiance en elle, prendre conscience d'à quel point elle était jolie et juste, qu'elle n'était pas seulement ce que son nom de famille laissait paraître, celui d'une famille lâche qui n'avait pas hésité une seule seconde à se soumettre au Seigneur des Ténèbres pour garder la vie sauve. Contrairement à Lucius Malfoy qui suivait le Lord dans l'unique but de protéger sa femme et son fils, le sien n'aurait pas hésité à les vendre, elle, sa sœur ou sa mère si cela signifiait entrer dans les petits papiers de Voldemort et survivre.
A cause de ça, Daphné et Astoria n'avaient aucune estime d'elles. Elles se voyaient uniquement comme des poupées parfaites, sacrifiables si cela était nécessaire. Mais Draco leur avait montré qu'elle était bien plus que ça, qu'elles n'étaient pas obligés de suivre les pas de leur père, de répondre à ses attentes ou d'être aussi passive que leur mère et de là, Daphné en était tombée amoureuse. Néanmoins, ses sentiments avaient mué en une simple amitié et une loyauté sans faille après qu'elle ait compris que son amour ne serait jamais partagé. Elle avait aussi fini par connaître le véritable amour de son côté.
Mais elle a enfin trouvé l'occasion de se rapprocher de ce trio inaccessible en raison de sa loyauté. Elle espère simplement que cette réunion ne va pas tourner à la catastrophe. Elle soupire en imaginant le pire et commence à stresser. Généralement, quand elle stresse, elle commence à faire les cent pas, ce qui a tendance à agacer les personnes autour d'elle. Son père l'a déjà frappé pour cette raison. Et alors, elle stresse encore plus, c'est un cercle vicieux. Mais deux bras l'entourent soudainement pour stopper sa marche. Elle sent le menton de Pansy dans son cou et aussitôt, elle se calme.
« T'inquiète Daphné, on fera tout pour que ça ne vire pas au désastre. Même moi je suis prête à faire des efforts pour bien m'entendre avec eux, c'est pour dire. »
« Tu promets que tu ne les provoqueras pas ? »
« C'est promis. Tant que Draco ou Potter ne lancent pas les hostilités je me tiendrais à carreaux. »
« Tu promets aussi d'essayer de t'intégrer et de leur parler ? »
« … Je vais essayer. »
Daphné se sent plus soulagée. Si Blaise et Théodore ne sont pas de réelles menaces pour cette entente, ce n'est pas le cas de Pansy. Elle n'a jamais apprécié le trio d'or contrairement à elle. Mais si elle est prête à mettre sa haine de côté, alors Daphné n'a pas vraiment de quoi s'inquiéter. Elle sait que Draco saura se tenir. Elle embrasse furtivement Pansy et se crispe quand la porte de la salle sur demande s'ouvre. Harry, Ron et Hermione sont enfin là.
Au début, c'est gênant, personne ne sait vraiment quoi faire. Même si elle a promis de se tenir correctement, Pansy ne peut s'empêcher de commenter le changement physique d'Harry et le fait qu'il ne soit plus un « serpent-à-lunettes » mais Harry ne s'en vexe pas comme l'avait craint Daphné, for heureusement. Elle connaît sa petite-amie et sa remarque n'avait pas pour but de le blesser, juste… Elle dit tout ce qu'elle pense sans filtre. Blaise prend ensuite les choses en main en sortant plusieurs bouteilles de Bièraubeurre qu'il a subtilisé à un Serpentard de septième année et propose de trinquer.
Malgré tout, l'ambiance reste toujours aussi hésitante. Elle ne s'allège qu'au moment où Ron défie Théodore aux échecs sorciers et à partir de là, le groupe nouvellement formé commence à communiquer avec beaucoup plus de facilité. Coincée dans l'étreinte de Pansy, Daphné tente de faire la conversation avec Hermione et découvre à quel point parler avec la Gryffondor est passionnant. Elles discutent de tout et de rien, Pansy se joignant quelques fois à elle, et Daphné remarque que du côté des garçons, tout semble également bien se passer. Ron, Blaise et Théodore alternent les jeux, les Serpentards ayant découvert le côté très stratégique de Ron lorsqu'il s'agit de jeu, ce qui rend les parties d'autant plus passionnante et Draco et Harry… Daphné n'entend pas leur conversation d'ici mais elle a l'air relativement calme à son plus grand soulagement.
« Tu ne te joins pas aux autres ? »
Draco tourne son regard en direction d'Harry à la question. Il le trouve changé sans ses lunettes. Ses yeux vert semblent plus lumineux qu'avant et en l'observant de plus prêt, Draco parvient même à remarquer de légères tâches de rousseurs sur le nez d'Harry. Il a un charme plus attractive qu'avant et Draco et curieux de connaître la raison de ce changement d'apparence. Mais il n'est pas suffisamment proche d'Harry pour se permettre de le lui demander. A la place, il tourne son attention vers ses amis.
« Il ne vaut mieux pas. »
« Pourquoi ça ? »
Draco a remarqué les regards des autres Serpentards sur lui. A chaque parole, chaque geste, ils regardent en sa direction. Comme s'ils attendaient son approbation. Draco sait parfaitement qu'un mot de sa part et ils cessent d'agir aussi librement. Un mot de sa part, et ils acceptent de ne plus être amicaux avec le trio, même si ce n'est pas ce qu'ils souhaitent. Il mord sa lèvre, hésitant à répondre. Mais lui aussi veut poser des questions à Harry et pour cela, il doit être sincère.
« Ils me sont beaucoup trop loyaux. Ce n'est pas une question de me vanter ou quoi que ce soit d'autres, c'est un fait. Et si je tente de me rapprocher, alors ils ne se sentiront pas aussi libres d'agir. Ils se demanderont toujours « Est-ce que Draco sera d'accord avec ça ? » et seront moins… Détendus. »
« Tu as l'air de vraiment te soucier d'eux, hein... »
« Ce sont mes amis Potter, c'est normal. Ce n'est pas parce que nous sommes des Serpentards que nous ne prenons pas soin de nos amis. »
« Harry. Juste… Appelle-moi Harry. Si on doit se rapprocher, j'aime autant qu'on s'appelle par nos prénoms. »
« Hum. Et pourquoi toi tu ne rejoins pas les autres ? »
C'est un peu honteux à dire mais de son côté, Harry est épuisé. Tellement épuisé qu'il ne parvient même pas à utiliser son don. Les événements de la journée ont été éprouvants. Il n'a pas vraiment la tête à s'amuser mais il tient tout de même à faire des Serpentards de solides alliés et potentiellement, des amis, donc il ne pouvait pas repousser cette soirée. Et puis… Ron et Hermione ont l'air de réellement d'amuser. Alors il gratte sa nuque avec un sourire gêné.
« Je suis juste énormément fatigué pour tout t'avouer. »
« Je vois. Puis-je te poser une autre question ? »
« Tant qu'elle n'a pas pour objectif de me rabaisser, m'énerver ou quoi que ce soit d'autres... »
« Oh la ferme Po- Harry. Je voulais juste savoir, pourquoi tu n'en profites pas ? »
« Profiter de quoi ? »
« De ce lien de dépendance que nous avons, les autres et moi, à ton égard. Tu sais que l'on a besoin de toi et je m'attendais sincèrement à ce que tu en joues. »
« Je ne suis pas ce genre de personne, Draco. Mais je ne dis pas que je ne retire pas un avantage de tout ça. Je ne suis pas non plus un saint. »
« Quel genre d'avantage tu en retires ? »
« Si je vous protège, cela fait de vous de potentiels alliés. Tout ce que je veux c'est mettre un terme à cette guerre et pour cela, je suis prêt à mettre toutes les chances de mon côté. Ce n'est pas à cause d'un quelconque complexe du héros sache-le, mon désir de terminer cette guerre est plus égoïste. Certes je veux que les massacres cesse mais… Je veux aussi me décharger du poids des attentes. Je veux pouvoir vivre sereinement dans un monde en paix, avoir un métier et une famille. Des trucs banals en gros. »
Il s'attend presque à ce que Draco le raille ou lui envoie une pique assassine mais au contraire, l'adolescent se contente de poser son regard froid sur lui.
« Je pensais réellement que tu étais faussement modeste mais toi aussi tu aspires à des projets aussi simple que de construire une famille ou vivre tranquillement. »
« Bien évidemment ! Je n'ai jamais souhaité toute cette célébrité. J'ai encore moins demandé à être l'Élu, le Sauveur, à être spécial. Je laisse volontiers ma place à celui qui la désire. »
Draco ne dit rien. Toutes ces années, il s'est convaincu qu'Harry n'était qu'un arrogant avide de célébrité mais sa haine semblait l'aveugler au plus haut point. Il se sent un peu idiot.
« Je ne suis pas non plus aussi arrogant que je le laisse paraître. Étrangement, il n'y a que toi pour me faire sortir de mes gongs. Pour être honnête, l'arrogance a toujours été une forme d'auto-défense pour moi, un moyen de faire taire ceux qui se sentent supérieur à moi et je pensais que c'est ce que tu ressentais. Le fait d'être supérieur à moi », avoue Draco en se demandant pourquoi il arrive aussi facilement à se confier.
Mais en réalité, ont-ils déjà essayé de se parler ainsi ? Sans insultes ou sarcasmes ? Draco se rend compte d'à quel point il peut être facile de parler à Harry et la réciproque est vrai. Toutes ces années, peut-être qu'une simple conversation à cœur ouvert aurait pu éviter leur rivalité.
« Je pense qu'on a beaucoup de préjugés à briser l'un sur l'autre. »
« Je le pense aussi. »
Et pour la première fois, ils se sourient l'un à l'autre.
