Chapitre 3 : Le voyage à Londres

En cette fin d'après-midi du mois de mai, entre la fin du thé des domestiques et le gong, Anna et Phyllis travaillaient toutes deux sur les robes de leurs maitresses pour le futur mariage Shackleton, qui aurait lieu une semaine plus tard. Mme Hughes et M. Barrow passaient en revue les jours et heures de départ et de retour de la famille. Quand ils eurent terminé d'organiser l'emploi du temps, Thomas se retira dans le bureau du majordome, et Mme Hughes se tourna vers Anna :

- Dites-moi, Anna, étant donné que M. Bates et vous-même allez tous les deux accompagner la famille à Londres, que comptez-vous faire de Johnny ?

Anna répondit d'un air soucieux :

- Je ne sais toujours pas… Lady Mary n'emmène pas ses enfants ni la nurse avec elle, donc je ne vois pas comment nous pourrions le prendre avec nous, et travailler tout en nous occupant de lui. Mais ça m'ennuie de le laisser ici à la nursery pendant trois jours. Lady Mary m'a bien dit qu'elle nous y autorisait, mais cela ne me plait pas.

- Voudriez-vous que M. Carson et moi-même le prenions avec nous ?

Anna, qui était penchée sur son ouvrage, se redressa brusquement, quelque peu surprise :

- Vraiment, Mme Hughes ? Mais comment feriez-vous ?

Mme Hughes était au château de l'aube au crépuscule, et Anna ne voyait pas vraiment M. Carson s'occuper seul d'un jeune enfant toute la journée.

- Eh bien, en réalité, puisque toute la famille sera partie, j'avais prévu de prendre quelques jours de congé. Il est grand temps que je m'accorde un peu de repos, après tout. Donc, je pensais que peut-être nous pourrions l'emmener à notre cottage et le garder. M. Carson aime grommeler, mais je sais bien qu'il aime beaucoup votre petit garçon, dit-elle avec un sourire.

Anna lui retourna son sourire.

- Oh, vous feriez vraiment ça ? Cela serait un tel soulagement pour nous… Mais je ne voudrais pas vous imposer cette charge !

- Mais pas du tout, ma chère. Nous en serions ravis.

En effet, si les Carson s'étaient mis en couple trop tardivement dans la vie pour pouvoir espérer construire leur propre famille, ils pouvaient au moins jouer le rôle de grands-parents auprès de Johnny Bates, qui n'en avait aucun.

- J'en parlerai à M. Bates, mais je ne vois pas pourquoi il ne donnerait pas son accord. Un immense merci pour cette proposition !

- Vous me ferez savoir ce que vous décidez.

Anna acquiesça et retourna à ses travaux d'aiguille, tandis que Mme Hughes quittait l'office pour vaquer à ses propres occupations.

- C'est très aimable de sa part, affirma Mlle Baxter.

- C'est un don de Dieu vous voulez dire !, s'exclama Anna. Je m'inquiétais tant pour tout ça… Je redoutais réellement de le laisser trois jours entiers avec la nurse. Ne vous méprenez pas, elle le traite bien, mais elle me fait bien sentir qu'elle n'apprécie pas de devoir s'occuper de lui au même titre que les enfants Crawley. Il est très clair qu'elle le fait uniquement parce que ce sont les ordres de Lady Mary.

- Cela doit être assez inconfortable pour vous.

- Ça peut l'être, oui. J'ai hâte de pouvoir le garder avec moi toute la journée.

- Oh, avez-vous prévu de quitter le service ?

Anna regarda autour d'elle furtivement, vérifiant qu'aucune paire d'oreilles indiscrètes ne trainait dans les environs.

- Rien n'est encore décidé, mais M. Bates et moi sommes à la recherche d'un petit hôtel dans les environs dans lequel nous pourrions investir. Quand nous serons à Londres la semaine prochaine, nous allons mettre la maison de sa mère en vente, et au retour nous commencerons à chercher un endroit par ici.

- Oh, c'est bien. Mais pourquoi décider cela maintenant, et pas plus tôt ? Johnny a déjà presque dix-huit mois…

Anna rougit légèrement, et murmura :

- Mon Dieu, Mlle Baxter, vous allez me faire avouer tous mes secrets… Nous attendons un deuxième enfant, mais de grâce, gardez cela pour vous, personne n'est au courant hormis Lady Mary. Et nous n'avons encore parlé à personne de notre projet d'hôtel.

- Oh, félicitations, Anna, s'extasia Baxter à voix basse.

Anna se surprit elle-même, elle qui n'était pas du genre à bavarder sur sa vie privée. Mais, après un début de relation plutôt tendue, elle était devenue assez proche de Mlle Baxter, depuis que celle-ci avait fait équipe avec M. Molesley pour obtenir la preuve de l'innocence de Bates concernant la mort de M. Green, quelques années plus tôt.

- Et quelles sont les nouvelles de votre côté, Mlle Baxter ?, poursuivit Anna. J'ai remarqué qu'on voyait souvent M. Molesley dans les parages après l'école ? Est-ce que les choses deviennent sérieuses ?

Ce fut au tour de Phyllis de rougir et de pouffer :

- Eh bien… les choses avancent à leur rythme… lentement… Vous connaissez M. Molesley, ce n'est pas l'homme le plus téméraire du monde. Hormis devant le Roi et la Reine bien entendu.

Les deux femmes éclatèrent de rire, alors que le gong sonnait. Elles commencèrent toutes deux à ranger leur matériel de couture et à plier les robes non terminées, avant de prendre le chemin des étages.

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Une semaine plus tard, le personnel était en train de se rassembler autour de la grande table pour le thé, quand Thomas fit son entrée depuis la cour, où il venait de finir de fumer son habituelle cigarette.

- Mlle Baxter, votre prétendant vous attend dehors. Encore, ajouta-t-il de façon appuyée.

Alors qu'elle se levait pour aller à sa rencontre, Barrow précisa :

- M. Carson n'aurait pas toléré tant de frivolité, vous savez.

Il tenta de lui lancer un regard sévère, mais Baxter n'avait plus depuis longtemps peur de lui.

- Les temps changent, M. Barrow, affirma Mme Hughes. Et Mlle Baxter n'est pas vraiment une jeune damoiselle. Elle n'est pas Ivy, et M. Molesley n'est pas Jimmy. Tous deux savent se comporter.

Baxter acquiesça et sourit à Mme Hughes, avant de poursuivre son chemin vers la cour, où en effet Molesley l'attendait.

- Bonsoir Joseph, dit-elle.

- Bonsoir Phyllis. Avez-vous passé une bonne journée ?

- Chargée. J'ai dû me dépêcher de terminer la robe de Mme la Comtesse avant notre départ demain matin. J'ai bien cru que je n'en verrais jamais le bout.

- Je voulais justement passer vous dire au revoir. Vous allez me manquer pendant votre absence.

- Allons, Joseph, je ne m'absente que trois jours.

- Et ce seront trois longues journées…

- Je suis sûre que vous trouverez à vous occuper.

- Oh, bien sûr. Mais tout de même…

- Vous me manquerez aussi, dit-elle, en posant sa main sur son bras. Je dois y aller maintenant, M. Barrow n'était déjà pas très content de me voir sortir.

Molesley se récria :

- Comme s'il n'avait jamais fait bien pire que cela…

- Nous nous verrons la semaine prochaine. Bonsoir Joseph.

Molesley saisit tendrement la main de Phyllis, et la pressa contre sa poitrine, avant de la porter à sa bouche pour y déposer un baiser. Alors qu'il la relâchait, l'autre main de Baxter glissa depuis le bras de Molesley jusqu'à la base de son cou, et elle se pencha en avant jusqu'à ce que ses lèvres effleurent la joue de Joseph. Molesley eut soudain l'air d'avoir été touché par la main de Dieu.

- Vous allez me manquer aussi, chuchota-t-elle, avant de faire demi-tour et de le laisser sur place, le regard perdu dans le vague, un sourire rêveur accroché à ses lèvres.

Il lui fallut plusieurs minutes pour revenir à lui suffisamment pour prendre le chemin du retour.

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- Je vais aller mettre Johnny au lit, dit Anna lorsque la famille Bates arriva à son cottage ce soir-là.

- Très bien ma chérie, répondit John.

La famille était montée se coucher tôt, puisqu'ils partaient pour Londres à l'aube le lendemain. Bates et Anna s'étaient mis d'accord avec Mme Hughes pour amener Johnny au château où la gouvernante le récupèrerait et l'emmènerait avec elle à son cottage lorsque ses parents seraient partis avec la famille, et qu'elle-même aurait donné au personnel restant ses ordres pour la journée.

Après avoir embrassé son fils et lui avoir souhaité bonne nuit, Bates se rendit dans leur chambre pour une dernière vérification de leurs bagages. Quand il eut terminé, il mit la bouilloire à chauffer et s'installa sur le canapé avec son livre en attendant qu'Anna redescende. Vingt minutes plus tard pourtant, elle n'avait toujours pas reparu. Il regarda l'heure, et se demanda ce qui lui prenait si longtemps. Il n'entendait pas son fils pleurer, donc tout avait l'air de bien se passer. Il posa son livre, et monta silencieusement les escaliers, pour aller jeter un œil dans la nursery. Ce qu'il vit fit fondre son cœur d'amour et de bonheur. Anna était assise dans le fauteuil à bascule, et tenait contre sa poitrine un Johnny endormi. La vision des deux personnes qu'il aimait le plus au monde, blotties l'une contre l'autre fit naitre des larmes de joie. Non, les trois personnes qu'il aimait le plus au monde, se corrigea-t-il avec un sourire. Il avait tellement hâte d'être de retour de ce voyage à Londres, afin de pouvoir enfin mettre un peu d'inquiétude de côté. Il s'approcha d'Anna, et caressa tendrement sa joue. Elle s'étira et leva son regard vers lui, un peu perdue.

- Mon Dieu, je me suis endormie avec lui.

John pouffa.

- Vous étiez si beaux tous les deux comme ça. Mais tu devrais aller te coucher, ma chérie. Tu es épuisée, et nous allons avoir une longue journée demain.

- Tu as raison. Mais je n'arrive pas à le lâcher… Il va tellement me manquer pendant ces trois jours.

- Il va me manquer aussi. Mais il va passer trois jours merveilleux, à se faire gâter pourrir par les Carson. Je suis sûr qu'on ne lui manquera absolument pas.

Elle sourit tristement. C'était la première fois qu'ils allaient confier leur fils à quelqu'un d'autre pour plusieurs jours. Ils avaient tous deux dû s'absenter avec leurs employeurs depuis sa naissance, mais jamais tous les deux en même temps, donc Johnny avait toujours été avec au moins un de ses parents. John remarqua la tristesse d'Anna, et tenta de la rassurer :

- Tout va parfaitement bien se passer, Anna. Tu fais confiance à Mme Hughes. Et ce n'est que pour trois jours.

- Oui, bien sûr, énonça-t-elle fermement, comme pour se convaincre elle-même que tout irait bien.

- Allez, mets-le au lit, et viens te coucher toi-même.

Anna se releva lentement, essayant de ne pas réveiller l'enfant endormi, et le déposa doucement dans son berceau.

- Bonne nuit mon amour, murmura-t-elle, en écartant une mèche de cheveux indisciplinée de son front.

Et elle se retourna vers John, qui posa un bras autour de ses épaules et l'emmena vers leur chambre.

Quelques minutes plus tard, alors qu'ils s'installaient au lit, (le thé du soir ayant à nouveau été oublié), Anna se blottit contre John et dit :

- J'ai un peu discuté avec Baxter aujourd'hui, je lui ai dit pour le bébé, et aussi pour l'hôtel.

- Oh. Je ne savais pas qu'on le disait déjà aux autres.

- Je sais, je suis désolée. Mais je lui ai dit de le garder pour elle, et je pense qu'elle est fiable. De toute façon, je pense qu'à notre retour de Londres, si tout s'est bien passé, nous devrions en parler à Mme Hughes au moins. Et si nous commençons à chercher un endroit pour nous installer, je pense que nous devrions en informer Lady Mary et M. le Comte également. Ils méritent de savoir que nous projetons de les quitter. Il va leur falloir du temps pour se faire à l'idée… Et peut-être pour rechercher nos successeurs. On ne peut pas les laisser tomber comme ça.

- Je n'ai jamais eu l'intention de les laisser tomber, évidemment. Mais il va probablement se passer des mois avant que la maison ne soit vendue, et que nous trouvions un endroit qui nous convienne.

- Je sais, mais je pense qu'on leur doit l'honnêteté à propos de nos projets. Ils ont été si généreux avec nous.

- Ça, on peut le dire. D'accord, nous leur parlerons après le voyage à Londres.

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- Quand est prévu votre rendez-vous avec Dr Ryder ?, demanda Lady Mary pendant qu'Anna coiffait ses cheveux, quelques heures avant le mariage.

Les Crawley avaient demandé à Rosamund de les héberger, afin de ne pas avoir à ouvrir Crawley House pour seulement trois jours.

- Demain matin à neuf heures, Madame.

- Oh. Eh bien je pense que je dormirai encore à cette heure-ci. Ne m'attendez pas ce soir, nous allons probablement rentrer au milieu de la nuit. Je me coucherai moi-même.

- Très bien, merci Madame.

- Qu'allez-vous faire cet après-midi ?

- Nous allons visiter la maison de la mère de M. Bates. Voir dans quel état elle est, quels travaux seraient à prévoir avant de la mettre en vente, et informer les locataires que nous avons l'intention de la vendre.

- Bien. J'espère que tout se passera bien.

- Merci Madame. J'espère que vous passerez du bon temps au mariage.

- J'y compte bien, répondit Lady Mary avec un sourire effronté.

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- Eh bien, dit Bates alors qu'ils refermaient la porte de la maison de sa mère derrière eux. Cela s'est plutôt bien passé.

En effet, tout s'était déroulé sans accroc. Il se trouvait que les locataires comptaient quitter la maison quelques mois plus tard, donc ils n'étaient en rien dérangés par le projet de Bates de vendre. La maison était étonnamment en très bon état. Seuls quelques travaux mineurs étaient à prévoir, comme des rafraichissements de peinture et ce genre de choses. Ils laisseraient le choix de tous autres travaux de modernisation plus sérieux aux prochains propriétaires.

- Oui, c'est un soulagement que la maison soit en si bon état. Ce sera toujours ça de moins à gérer.

Ils marchèrent main dans la main vers le bureau de l'agent immobilier, tout en appréciant le temps pour une fois agréable de Londres.

- Ça m'a fait un peu bizarre, tout de même, de revenir dans cette maison, songea Anna à voix haute. La dernière fois que je suis venue, j'ai parlé à ta mère. Nous n'étions pas mariés, nous n'étions même pas encore un couple. C'était dans une autre vie… J'étais jeune à cette époque.

Ils avaient prévu, des années plus tôt, de revenir ensemble. Et puis la vie, ou plutôt Vera, leur avait mis des bâtons dans les roues, et avait réduit leurs joyeux projets en poussière. Ils n'avaient pas eu l'occasion de revenir ensemble jusqu'à ce jour.

- Jeune et déjà si têtue…, fit-il avec un clin d'œil. Mais tu es encore jeune, ma chérie.

Elle pouffa.

- Oui, alors ça je n'en suis pas si sûre… Certains soirs je me sens si vieille.

- Tu ne seras jamais aussi vieille que ton vieil époux… Et tu pourrais bien avoir cent ans, tu serais toujours la plus belle femme du monde à mes yeux. Même si évidemment je ne vivrai jamais assez longtemps pour voir ce jour.

Anna lui adressa un coup de coude dans les côtes.

- Arrête donc de dire n'importe quoi, M. Bates, dit-elle joyeusement.

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Anna inspira et expira profondément, pour aider la douleur à disparaitre. Le geste était rapide, effectué par les mains expertes du Dr Ryder, mais cela restait tout de même assez douloureux.

- Je vous laisse quelques instants pour vous remettre, dit le médecin, puis vous pourrez vous relever et revenir dans mon bureau.

John l'avait accompagnée cette fois-ci, et il l'attendait, assis face au bureau du médecin. Quand Anna eut regagné le siège voisin du sien, il lui adressa un sourire plein d'espoir, et serra sa main en silence, tandis que le docteur terminait de remplir son dossier.

- Bien, Mme Bates, tout s'est bien passé. Je suis persuadé que les choses vont se dérouler sans incident à partir de maintenant. Toutefois, je vous conseille à tous deux de vous abstenir de toute activité maritale pendant les trois prochains jours, le temps que les choses se tassent. Ensuite, vous pouvez vivre votre vie normalement.

- Cela ne devrait pas être un problème, nota Bates.

Pendant leur séjour chez Rosamund, ils étaient logés dans deux chambres séparées dans le quartier des domestiques, donc, les « activités maritales », comme les désignait Dr Ryder, n'étaient pas vraiment une option.

- Et je me permets de vous rappeler, Mme Bates, que le point que j'ai posé devra être retiré environ trois semaines avant la date de votre terme. Votre médecin de famille pourra le faire.

- Oui. Merci mille fois, Dr Ryder, encore une fois, dit Anna.

- Et, ajouta Bates, je ne sais pas si vous avez reçu un appel de Lady Mary Talbot, mais, je vous prie, ne lui envoyez SURTOUT PAS votre facture. Je la paierai moi-même.

- Très bien, répondit le docteur.

- Vous a-t-elle appelé ?, demanda Anna.

- En effet, elle l'a fait, sourit le médecin. Elle semble beaucoup vous apprécier, Mme Bates.

Anna sourit en réponse.

- Nous sommes assez proches, en effet. Mais nous n'avons pas besoin qu'elle règle cette fois-ci. Nous allons vous payer, Dr Ryder.

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- Alors, c'est fait ? Tout s'est bien passé ?, demanda Lady Mary, l'air encore bien endormie quand Anna lui apporta un plateau au lit à la fin de la matinée.

- Oui, Madame, tout va bien, sourit-elle. Je suis soulagée.

- Moi aussi, acquiesça Mary. Je préfère cela que de devoir nous précipiter ici au milieu de la nuit comme la dernière fois.

- Oui. Et je dois avouer que M. Bates préfère quand on le tient au courant des évènements.

Mary sourit à sa femme de chambre.

- Vous seriez un amour d'aller me chercher une aspirine à prendre avec mon thé. Je crois que j'ai bu un tantinet trop de champagne la nuit dernière, soupira-t-elle.

- Bien sûr, Madame. Je reviens tout de suite, dit Anna en se dirigeant vers la porte.

En attendant le retour d'Anna, Mary se tamponna le visage et les tempes avec une serviette imbibée d'eau fraiche. Cela aida un peu à diminuer son mal de tête. Apparemment, elle n'était plus assez jeune pour se permettre de boire et de danser toute la nuit, sans en payer le prix le jour suivant.

- Merci Anna, dit-elle lorsque celle-ci lui apporta l'aspirine. Et quid de la maison ? Est-ce que cela s'est bien passé ?

- Oh, absolument. Tout est en ordre. Les locataires partent dans deux mois, l'agent la met en vente immédiatement.

- Et qu'allez-vous donc faire de tout cet argent ?, demanda Lady Mary innocemment.

Anna se sentit un peu embarrassée, puisqu'elle avait convenu avec John de parler à leurs employeurs à leur retour à Downton.

- Nous… n'avons encore rien décidé. Nous examinons différentes options.

Mary regarda intensément sa femme de chambre, attendant de voir si elle allait donner ou non plus de détails. Quand elle en conclut qu'Anna ne dirait rien de plus, en tout cas pas à cet instant, elle n'insista pas.

- Je serai heureuse de savoir quand vous aurez pris une décision.

- Bien entendu, Madame.

- Merci Anna, ce sera tout pour le moment. Je vous appellerai lorsque je serai prête à m'habiller.

- Très bien Madame.