- OU AVEZ-VOUS EU CETTE EPEE ?

Bellatrix Lestrange hurlait, la panique et la colère transperçant sa voix. Ils avaient prononcé le nom de Voldemort, et immédiatement des raffleurs étaient apparus, les avaient attrapés, et emmenés au Manoir Malfoy.

Hermione avait eu la brillante idée de lui déformer le visage pour qu'on ne le reconnaisse pas, mais Harry savait que le sortilège n'était pas éternel. D'ici quelques minutes, les boursouflures de son visage disparaîtraient, et tout le monde pourrait voir qu'il était le célèbre Harry Potter, Survivant, et très recherché par le Seigneur des Ténèbres.

- Emmenez ces deux-là aux cachots ! Nous allons avoir un petit moment entre filles...

Ron et lui n'eurent pas le choix, se débattant autant qu'ils purent, mais furent contraints de laisser leur meilleure amie aux mains de la mangemort aux yeux fous. Ils n'avaient plus leurs baguettes, comment auraient-ils pu résister ?

Les raffleurs les emmenèrent vers les sous-sols, où régnait une humidité forte et un froid mordant. Une odeur forte monta au nez de Harry, mais il n'eut pas le temps de s'y formaliser plus que ça qu'on le jetait dans une pièce fermée par de grandes grilles en fer que leurs ravisseurs fermèrent derrière lui et Ron.

- On est où ? lança celui-ci en se relevant.

- Dans leurs cachots, je suppose, soupira le Survivant.

Il allait échouer. Lorsqu'il avait appris quelques jours plus tôt que Luna avait été emmenée par les mangemorts, il avait ressenti mille émotions. Xenophilius Lovegood avait avoué qu'ils avaient emmené Luna pour le punir de ses publications dans le Chicaneur, le journal qu'il tenait, mais Harry avait tout de suite deviné qu'il n'y avait pas que ça. Après tout, c'était connu de tous que la jolie blonde au visage rêveur faisait battre son cœur depuis longtemps. Avant de partir à la recherche des horcruxes avec Hermione et Ron, Harry avait eu une discussion avec Luna, au sujet de leur relation. Il refusait de la mettre en danger, qu'elle se fasse capturée, torturée ou même tuée parce qu'elle était la petite amie du célèbre Harry Potter.

En quittant la maison loufoque des Lovegood, Harry était dévasté, puis avait été pris d'une colère noire. Il refusait qu'on s'en prenne aux gens qu'il aimait encore une fois. Ron et Hermione avaient tenté de le rassurer, de lui dire que Luna était une fille intelligente et forte, qu'elle s'en sortirait. Mais l'amour qu'il lui portait l'aveuglait trop. Il s'inquiétait pour elle, et peu importait les horcruxes, il fallait qu'il aille la sauver. Ils s'étaient disputés tous les trois, et le nom interdit étaient sorti.

Automatiquement, des raffleurs avaient débarqué, les pourchassant, et les capturant pour les emmener au Manoir Malfoy.

Harry pesta contre lui même, et donna un coup de pied dans un caillou sur le sol. Comment allait-il faire maintenant pour sauver Luna ?

- Harry ?

Cette voix. Il la reconnaîtrait entre mille. Douce, mélodieuse, posée. Il n'y avait qu'une seule personne qui prononçait son nom de cette manière-là.

- Luna !

Il se retourna vivement en direction du fond du cachot, où il la vit apparaître à la lumières des torches du couloir. Elle portait toujours ses habits un peu loufoques, sa grande salopette bleu où de nombreux petits papillons multicolores avaient été cousus, un pull bariolé, des chaussettes hautes rayées de toutes les couleurs, et des rubans violets dans ses cheveux en désordre. Jamais il n'avait été si heureux de la voir. Et pourtant, il était bien incapable de faire un pas vers elle. Après tout, ils n'étaient plus ensemble.

La Serdaigle avait parfaitement compris ses raisons, et lui avait assuré qu'elle ne lui en voulait pas. Mais, l'aimait-elle toujours ? Car si pour Harry, rien n'avait changé, rien ne garantissait que Luna ait toujours des sentiments pour lui.

Ils restèrent quelques secondes à se dévisager. Cela faisait des mois qu'ils ne s'étaient pas vu, qu'ils n'avaient pas pu se parler, qu'ils s'étaient séparés. Et pourtant, il y avait toujours entre eux ce lien invisible qui les avait toujours unis.

Luna baissa sa tête sur le côté, comme si elle était perplexe, et s'avança vers lui sans le lâcher de ses yeux si bleus. Sans un mot, elle toucha le visage sale et fatigué du Survivant, caressant tendrement sa joue, sa mâchoire, sa tempe. Harry se laisser porter par ses émotions, fermant les yeux pour profiter de cet instant qui lui semblait irréel.

Instant qui fut rapidement coupé par les hurlements de douleur poussés par Hermione au rez-de-chaussée.

Ron commençait à paniquer, s'inquiétant pour la jeune fille, et les deux garçons se rapprochèrent de la grille.

De la pénombre, Ollivander et Dean Thomas s'approchèrent aussi, suivis par un gobelin. Harry Potter était là, il allait les sortir d'ici.

Soudainement, ils virent apparaître un elfe de maison, et Harry le reconnut immédiatement.

- Dobby !

- Bonjour Harry Potter ! lança la créature d'un ton joyeux, mais pas trop fort pour que les geôliers ne les entendent pas.

- Tu peux nous faire sortir d'ici ?

Ensuite, tout s'enchaîna. Ils sortirent des cachots, libérèrent Hermione, récupérèrent leurs baguettes et celles des Malfoy et de Bellatrix, et Dobby les fit transplaner.

Le voyage avec un elfe de maison était légèrement différent qu'un transplanage sorcier, mais tout aussi désagréable. Ils atterrirent sur une plage où le vent soufflait fort.

Et à ce moment-là, Harry voulut ressentir un immense soulagement, mais ce n'était qu'une profonde tristesse et un énorme sentiment d'injustice qui lui prit au ventre. Au creux de ses bras, un petit être ensanglanté peinait à respirer. Au milieu de son ventre, le poignard de Lestrange était planté violemment.

- Dobby...

- Dobby... est heureux... de mourir auprès de son ami... Harry Potter...

Le sorcier ne put retenir ses larmes. C'était trop. Trop de tension. Trop de douleurs. Trop de pertes autour de lui. À quelques mètres, Ron tenait Hermione dans ses bras, contemplant le douloureux spectacle. Dean, Ollivader et le gobelin reculèrent pour les laisser entre eux, et descendirent la une sur laquelle ils se trouvaient.

Le corps encore inerte de Dobby ans les bras, Harry continuait de pleurer, laissant ses nerfs lâcher. Il n'entendit pas les petits pas se rapprocher de lui, et tourna un visage dévasté vers la personne agenouillée près de lui.

- Ce n'était pas ta faute, Harry.

La voix douce de Luna apaisait son cœur, mais la culpabilité qu'il ressentait, elle, ne partait pas. Son regard était trouble, il n'arrivait même pas à voir les si jolis yeux de la Serdaigle. Cette dernière leva une main douce pour essuyer ses larmes, et le Survivant ferma les yeux pour se laisser aller à la caresse. Il donnerait tout pour que cet instant dure éternellement. Pour que la guerre autour d'eux n'existe pas, qu'elle n'ait jamais existé. Mais il en était autrement, et les gouttes salées cessèrent de glisser le long de ses joues. Il prit une profonde inspiration et rouvrit ses yeux. Son regard était déterminé, et il se leva, tenant toujours le corps de l'elfe de maison dans ses bras.

- On va l'enterrer. Mais sans magie. Je veux l'enterrer.

Luna serra son épaule, et Hermione sourit, pleine de compassion, alors que Ron hochait simplement la tête.

Bill et Fleur les accueillirent chaleureusement, soignant toutes leurs blessures. Harry, Ron et Hermione questionnèrent Ollivander et Gripsec, préparaient de nouveaux plans. Mais la sorcier le plus célèbre de sa génération n'arrivait pas à rester concentré pleinement sur la guerre, et la bataille à venir. Du coin de l'oeil, il voyait toujours la chevelure blonde de Luna quelque part dans la pièce. Ou alors, elle hantait ses pensées.

Hermione avait bien vu que son meilleur ami n'était pas totalement là, si bien qu'elle écourta leur réunion, prétextant qu'ils avaient besoin de repos. Harry n'avait pas compris les intentions de la sorcière, mais en fut tout de même soulagé. La guerre restait en arrière plan de ses pensées, mais il ne pouvait vraiment pas se sortir Luna de la tête. Alors, il quitta la pièce dans laquelle ils étaient, et partit à la recherche de la blonde. Ils devaient parler. Il devait lui parler.

Elle n'était pas au rez-de-chaussée, et le brun décida de monter à l'étage. Elle était peut-être dans sa chambre ? Mais alors qu'il passait devant la salle de bain, la porte s'ouvrit, et il se la prit en pleine face.

- Aie !

Il se frotta le nez et le front en fronçant les sourcils.

- Oh, désolée Harry.

Le sorcier écarquilla les yeux en replaçant ses lunettes. Visiblement, Luna sortait de la douche. Il rougit. Pourtant, la jeune fille était totalement vêtue, seuls ses cheveux encore humide trahissait sa précédente action.

- Pourquoi tu rougis Harry ?

Passant une main dans ses cheveux pour masquer sa gêne, il bégaya. Bill passa par là, lui sauvant la mise. Le Weasley sourit malicieusement à Harry, amusé de la situation qu'il venait de voir, et mettant encore davantage mal à l'aise de jeune sorcier.

Mais il tenta de reprendre contenance, et se racla la gorge.

- Je.. voulais te parler Luna. Est-ce qu'on pourrait aller.. quelque part ?

- Bien sûr. On peut aller dans ma chambre si tu veux ?

Sans vraiment attendre de réponse, elle s'y dirigea, alors que Harry rougissait davantage. Mais il fallait qu'il garde ses idées claires. Il avait besoin de parler à la jeune fille. Elle s'assit sur le bord de son lit, et l'invita à faire de même. Côte à côte, un silence s'installa, durant lequel la Serdaigle observait les murs, un sourire aux lèvres. Au bout d'un moment, où Harry ne savait toujours pas par où commencer, Luna se tourna vers lui, et pencha la tête sur le côté.

- Ta tête grouille de joncheruines. Tu devrais parler tu sais, ça les libèrerait.

Légèrement amusé par sa naïveté et son attention, le sorcier sourit, puis se lança, jouant nerveusement avec ses doigts.

- J'ai beaucoup réfléchi Luna, et je... je ne sais pas quoi faire. Je tiens vraiment à toi, et je pensais prendre la bonne décision en rompant avec toi avant de partir. Mais ce n'était pas suffisant, et là...

Il marqua un silence, durant lequel il soupira, alors que les grands yeux bleus de Luna le fixaient avec attention.

- J'ai cru te perdre. J'ai cru tout perdre. Et je... je ne l'aurai pas supporté.

- Je suis là Harry. C'est tout ce qui compte, non ?

Elle lui toucha le visage pour qu'il la regarde, et laissa traîner ses doigts sur sa joue. Harry profita du contact qui lui avait tant manqué durant ces longs mois de cavale.

- Je ne veux pas te perdre à nouveau.

- Tu ne m'as jamais perdue tu sais ?

Il releva ses yeux verts pour croiser le regard bleu de la jeune sorcière, dans lequel il se perdit.

- J'ai dit que je t'attendrai. Et je t'attendrai toujours. Je sais que tu vas gagner contre Tu-Sais-Qui.

Harry attrapa doucement les mains de Luna en soupirant. Il n'était pas le moins du monde sûr de lui. Il ne l'avait jamais été. Mais la confiance qu'elle lui accordait le touchait profondément. Et là, il ne voulait pas avoir de regret. La bataille finale approchait. Qui savait s'il serait encore en vie à la fin ? Si la jeune fille face à lui le serait ?

Avec quelques hésitations, il commença à se pencher vers elle, fixant ses lèvres roses. Luna le regardait faire, caressant la peau du Survivant de ses doigts. Et finalement il s'approcha suffisamment pour sentir son souffle sur sa peau. Son cœur battait à tout rompre, et il sentait ses mains devenir moites. Délicatement, il posa ses lèvres sur celles de la blonde. Ce contact lui avait réellement manqué, et il approfondit le baiser, lorsqu'il la sentit lui répondre. Timidement, il remonta ses mains pour encadrer son visage et sentir sa peau douce sous ses doigts.

Lorsqu'il mit fin à leur échange, il resta collé à son front, les yeux fermés Il ne voulait pas y retourner. Il ne voulait pas retourner à cette guerre. Mais il le fallait. Il soupira, et embrassa rapidement une dernière fois ses lèvres.

- Je te promets que je ferai tout pour revenir.

C'était fait. Il l'avait vaincu. Voldemort n'était plus.

Mais à quel prix ? Remus et Tonks étaient morts. Fred avait succombé. Et tant d'autres. Harry n'arrivait pas à se réjouir. Tant de morts, tant de douleur, et il n'avait pas réussi à tous les sauver.

Il avait esquivé la Grande Salle, avec tous ses corps inertes et ses blessés. Il avait été avec Ron et Hermione dans le bureau de direction parler avec le tableau de Dumbledore. Et à la suite d'une discussion avec lui, il avait remis la baguette de Sureau dans la tombe de l'ancien directeur, après avoir réparé sa propre baguette.

A présent, il était au bord du lac noir, observant la surface lisse de l'eau. De là, il n'entendait personne. Il n'entendait pas le râlement des blessés, ni les pleurs des proches des victimes. Il ne voyait pas les dégâts causés au parc ou au château. Il était seul. Seul avec ses pensées. Seul avec ses peines. Un oiseau s'envola de l'arbre derrière lui pour aller survoler le lac, et Harry le regarda virevolter dans l'air. Il était insouciant du carnage qui s'était déroulé quelques heures plus tôt non loin de lui.

Le sorcier n'avait même plus la force de soupirer. Son visage était vide de toute émotion. A nouveau, ses yeux verts fixèrent la surface de l'eau au loin. Il avait besoin de ce calme.

Mais sa tranquillité fut interrompue par le roulement des galets sur lesquels quelqu'un marchait. Même par pensée, il n'eut pas la force de protester. Cependant, lorsqu'il reconnut la pair de converses rose sales, il eut un faible sourire. Il sentit Luna s'asseoir contre lui, et poser sa tête contre son épaule. Et rien que ce geste tendre lui réchauffa le cœur, et apaisa sa douleur.

C'était fini. Sa vie pouvait d'ores et déjà commencer.

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Cet OS était une commande, et j'ai eu finalement un mal fou à l'écrire ! Ce sont des personnages qui ne s'expriment pas beaucoup à l'oral. Alors comment faire avancer l'histoire, surtout dans ce contexte ?

Mais bref, j'espère que ça vous aura plu quand même !

N'hésitez pas à laisser un petit like et un petit commentaire, c'est toujours encourageant Bisous magiques !