Hello ~ Ça faisait un moment que je n'étais plus revenue sur ce fandom. Mais j'ai enfin pris le temps de terminer cet OS qui traînait depuis bien trop longtemps dans mes dossiers. J'espère de tout coeur que ce texte vous plaira !
Comme toujours, un immense merci, Moira-chan, pour ta superbe bêta, ainsi que pour tout ton soutien ! Sans toi, je pense que j'aurais juste baissé les bras et laissé cet OS dans mon dossier d'histoires inachevées. Vraiment, merci pour tout ! T'es la meilleure :)
Je vous souhaite une belle lecture :)
Dans son regard
Ce que Hashirama avait toujours préféré chez Madara, c'était ses yeux. Madara était doué pour dissimuler la plus infime de ses émotions, mais son regard n'avait jamais su lui mentir. Enfant, déjà, Hashirama avait été subjugué par cet océan noir – à l'époque, si versatile – dans lequel il s'était vite perdu. Il y avait lu les mêmes peines et les mêmes espoirs qu'il ressentait en permanence.
Mais un jour, cette encre noire avait disparu pour laisser sa place au sang ravageur des Sharingans. Aujourd'hui encore, Hashirama n'aimait pas les voir. Oh, le sang était aussi beau que l'encre, si ce n'est plus, mais Hashirama savait ce qu'il signifiait réellement. La perte. La douleur. Le rejet. Après tout, le Sharingan était apparu pour la première fois dans les yeux de Madara lorsque ce dernier avait renoncé à leur amitié, mais surtout à leurs rêves. Et ça lui avait fait mal. Si mal.
Le Sharingan s'était invité, après ça, dans chacun de leurs combats. Et Hashirama avait dû patienter des années avant de pouvoir revoir l'encre noire qu'il aimait tant. Il avait fallu attendre que Madara tombe. Qu'il lui impose ce dilemme que n'importe qui d'autre aurait trouvé insensé. Mais Hashirama avait compris. Et il avait vu l'échappatoire que Madara lui laissait. Il n'avait pas eu envie de mourir, mais il avait été prêt à le faire pour préserver son rêve de paix. Pour apaiser Madara. Mais, contre toute attente, celui-ci ne l'avait pas laissé faire. Hashirama l'avait alors revu, dans son bel océan noir, l'espoir. Et, enfin, ils avaient pu s'atteler ensemble à la réalisation de leur plus grande ambition. Seulement...
Seulement, il n'était pas dupe. Hashirama connaissait Madara mieux que personne, après tout. Ce dernier avait beau s'être investi dans la construction du village, Hashirama craignait quelques fois qu'il ne soit déjà trop tard. Parce que... Parce qu'il pouvait l'apercevoir dans son regard. Cette lueur si lointaine. Cette lueur qui lui donnait l'horrible impression que Madara pourrait s'évaporer d'une seconde à l'autre. Hashirama ne voulait pas le perdre. Ce rêve était le leur. Il ne pouvait le savourer qu'avec lui. Alors, Hashirama faisait tout pour que Madara se sente bien ici. Qu'il se sente attaché à cet endroit. Lorsque Madara avait trouvé le nom de leur village, une chaleur était d'ailleurs passée dans son regard. Hashirama aurait tant voulu qu'elle y reste à jamais. Hélas, elle s'était essoufflée en à peine quelques secondes.
Hashirama avait beau multiplier les tentatives, il en était douloureusement conscient. Madara était en train de dépérir. Et ça l'inquiétait. Depuis qu'il avait vu le poste de Hokage lui échapper, c'était comme si Madara avait purement et simplement décidé d'arrêter de se battre. Hashirama faisait pourtant tout pour l'aider. Leur lien se reformait, même. À présent, leur relation dépassait de loin la simple amitié. Aucun d'eux n'avait même essayé de le nier. Hashirama se perdait de plus en plus souvent dans les draps de Madara. Il passait toutes ses nuits à le tenir contre lui, espérant qu'il sente toute la chaleur de son amour. Seulement, il n'y avait rien à faire. Madara ne se livrait pas à lui. Il s'obstinait même à prétendre que tout allait parfaitement bien. Il se retranchait derrière des phrases toutes faites qui se voulaient rassurantes, mais qui ne pouvaient pas tromper Hashirama. Pas quand son océan noir restait de glace. Malheureusement, Hashirama ne savait pas comment percer les défenses de son amant.
Du moins, il ne le savait pas jusqu'à cette nuit. Jusqu'à cette nuit où les défenses de Madara se brisèrent d'elles-mêmes...
Un bruit de verre cassé rompit soudain le silence de la nuit. Hashirama se réveilla en sursaut. Les sens en alerte, il balaya rapidement les alentours et s'aperçut qu'il était seul. Les draps à côté de lui étaient même déjà froids. Sans attendre, il se leva. Il avait un mauvais pressentiment. Il fallait qu'il retrouve Madara au plus vite. Ses pas suivirent alors l'empreinte de son chakra et le menèrent droit à la salle de bain. Hashirama ouvrit rapidement la porte. Et là...
Là, il vit Madara comme jamais encore il ne l'avait vu. Son amant était assis sur le sol, au milieu d'un tas d'éclats de verre qui venaient du miroir brisé au-dessus du lavabo. Ses longs cheveux noirs obstruaient une partie de son visage. L'une de ses mains saignait abondamment, sans même que Madara ne fasse quoi que ce soit pour l'arrêter. Ce dernier semblait juste... éteint. Hashirama sentit son cœur se serrer douloureusement dans sa poitrine.
À pas lents, il s'avança vers lui, puis s'abaissa à sa hauteur. Il prit ensuite sa main blessée avec douceur. Il commença à la soigner en utilisant son Ninjustu, tout en cherchant son regard. Mais Madara ne releva pas une seule fois la tête. Il semblait si loin. Si loin de tout. Si loin de lui.
« Que s'est-il passé ? »
Hashirama voulait tant comprendre, mais Madara ne lui répondit pas. Le Hokage ne savait même pas s'il avait entendu sa question ou non. Que lui était-il arrivé ? Hier encore, Madara lui affirmait qu'il allait bien, que les tensions avec son clan n'étaient qu'une invention de Senju mal intentionnés et que son absence aux dernières rencontres diplomatiques était due à l'incompétence même de Hashirama qui ne l'avait soi-disant pas prévenu. Il s'était montré si arrogant, presque méchant. Hashirama n'avait alors pas insisté. Mais cette fois-ci, il n'allait certainement pas tourner la page comme si de rien n'était !
Une fois qu'il eut guéri sa blessure, il passa ses mains dans les cheveux de Madara, encadrant son visage avec douceur, mais aussi avec fermeté. Puis, lentement, il effectua une pression pour le forcer à relever la tête. Et, enfin, l'océan noir se posa sur lui. Hashirama se perdit aussitôt dans cet abîme. Seulement, il n'y avait plus de feu, ni même de glace. C'était comme si l'encre s'était asséchée. Hashirama prit peur et resserra sa prise sur ses cheveux. Il avait l'impression que s'il le lâchait, il le perdrait pour toujours.
« J'ai entendu sa voix. »
Son ton ne fut pas plus élevé qu'un chuchotement, mais Hashirama perçut, malgré tout, chacun de ses mots. Il ne put alors s'empêcher de froncer les sourcils. Il savait de qui Madara parlait, ça ne pouvait être que lui, bien sûr. Mais... Mais ça ne lui plaisait vraiment pas. Et ça ne faisait qu'intensifier ses peurs.
« Il dit que je suis un traître. »
La gorge de Madara se noua à la fin de sa phrase. Non... Pas ça... Hashirama ne voulait pas le voir comme ça. Mais ses paroles confirmaient ses pires craintes. Hashirama ne savait pas quoi faire. Seulement, rester silencieux n'était clairement pas une option. Il caressa alors ses cheveux avec douceur, avant de tenter d'apaiser l'homme qu'il aimait.
« Si Izuna pouvait voir tout ce qu'on a construit, il ne dirait pas ça. »
Mais à peine eut-il prononcé ces mots que l'océan se changea en un volcan noir. Madara le repoussa avec force et se releva, furieux.
« Je t'interdis de parler à sa place ! »
Il était tellement en colère. Hashirama ne savait pas comment réagir. Il l'avait affronté maintes et maintes fois, mais les champs de bataille étaient, au final, bien plus faciles à négocier que ce genre de discussion. Prononcer le prénom d'Izuna semblait être pire que tout pour Madara. Pourtant, l'existence même de son frère ne devait pas être un tabou. Si Madara refusait d'en parler, rien de bon ne pouvait arriver.
« ... Je suis désolé, finit par reprendre Hashirama. Mais Izuna t'aimait autant que tu l'aimais. Jamais il ne t'aurait tourmenté de la sorte en te traitant de traître ! »
Madara plissa les yeux. L'air se fit plus pesant. Malgré lui, Hashirama se mit en position de défense, s'attendant à ce que Madara active son Sharingan et l'attaque à tout instant. Mais ce dernier resta immobile.
« Va-t'en, Senju, ordonna-t-il ensuite d'une voix horriblement froide. Je ne veux plus te voir. »
Hashirama détestait quand il faisait ça, quand il l'appelait par son nom de famille. Cette distance qu'il imposait entre eux deux... alors qu'il voulait juste l'aider ! C'était si frustrant ! Mais Hashirama le sentait bien. S'il insistait pour rester, la situation allait dégénérer. Il ne voulait pas se battre contre Madara. Plus jamais, même, il ne souhaitait que leurs lames ne se croisent. Même s'il ne supportait pas son rejet, il ne pouvait que l'accepter. Du moins, pour l'instant. Il allait lui donner du temps pour se calmer, mais il ne le laisserait certainement pas tomber.
Sur cette pensée, Hashirama finit par hocher la tête et quitta la pièce. Il retourna dans la chambre pour prendre ses habits de jour éparpillés sur le sol. Il se changea, puis quitta la maison de Madara sans attendre. Il marcha alors dans les rues presque désertes de Konoha, le cœur lourd. Même si les défenses de Madara s'étaient fissurées devant lui, il n'était pas plus avancé qu'auparavant. Il se sentait juste... totalement perdu. Autrefois, Madara et lui s'emboitaient à la perfection. Mais il fallait être honnête. Le puzzle s'était cassé et il manquait une pièce, désormais. Il manquerait toujours une pièce. L'état de Madara ne cessait d'empirer. Ce qui venait de se passer en était bien la preuve. La preuve de sa... non pas folie. Hashirama n'aimait pas ce terme. Mais il ne pouvait nier son instabilité mentale. Tout le monde la voyait, d'ailleurs. Ce n'était pas pour rien que le clan Uchiwa commençait à prendre ses distances avec son propre chef. Hashirama était bien conscient que ça n'avait rien d'une rumeur, contrairement à ce qu'affirmait Madara. Mais que pouvait-il faire pour l'aider ? Il avait beau tout essayer, il était, à chaque fois, repoussé. Il était juste impuissant. Et c'était pire que tout.
Après, Hashirama n'était pas stupide. Il ne connaissait que trop bien la source de tous les problèmes de Madara. Un simple nom suffisait : Tobirama. Madara lui en voulait tant. Il le haïssait même. Et, quelque part, c'était normal. Hashirama ne pouvait rien lui dire. Comment Madara pourrait-il pardonner l'homme qui avait tué son frère ? Hashirama en venait à se demander si Madara parviendrait même à faire son deuil avec Tobirama dans les parages. Etait-ce pour ça qu'il pensait qu'Izuna le considérerait comme un traître ? Parce qu'il côtoyait son meurtrier sans rien faire ? Hashirama soupira. Cette situation était bien trop complexe pour lui. D'autant plus que Tobirama n'y mettait pas vraiment du sien. Hashirama ne voulait pas prendre position dans ce conflit qui opposait les deux personnes qu'il chérissait le plus au monde. Mais peut-être qu'il allait devoir finir par trancher... Seulement, ça le forcerait à choisir entre le bien de Konoha et le bien de Madara. Et ça, c'était... c'était compliqué. Il s'était battu toute sa vie pour créer ce village. La sécurité qu'il offrait à tous ses citoyens était plus importante que son propre bonheur. Mais l'était-elle plus que la santé mentale de Madara ? N'y avait-il pas moyen de combiner les deux ? Hashirama n'en savait rien et il ne pouvait demander l'aide de personne sur ce sujet plus qu'épineux. Hashirama finit donc par rentrer chez lui, plus que dépité.
Dans les jours qui suivirent, il tâcha de se concentrer sur son travail, tout en donnant de l'espace à Madara. Ce qui, au final, n'était pas si compliqué à faire vu la quantité astronomique de tâches qui se rajoutaient sans cesse sur son bureau. Cela faisait plusieurs mois, à présent, que Konoha avait été créé. Le village prospérait et les demandes d'alliance affluaient. Hashirama en était heureux, même si une ombre restait au tableau. Jamais il n'aurait dû accepter le moindre accord sans Madara. Mais ce dernier avait visiblement décidé de ne plus faire d'efforts. Depuis leur dernière dispute, Hashirama ne l'avait pas aperçu une seule fois. Il surveillait de temps en temps son chakra et avait ainsi remarqué qu'il n'avait même pas quitté sa maison ces derniers jours. Ce n'était pas normal... Hashirama le couvrait autant que possible auprès des autres responsables, même si son frère n'était pas dupe, mais il savait que ça ne suffirait pas pour le reste du clan Uchiwa. Si la situation continuait comme ça, Hashirama craignait que Madara ne perde définitivement pied.
Alors, une semaine après leur altercation, Hashirama décida qu'il lui avait laissé assez de temps. D'autant plus qu'il venait de recevoir une proposition d'alliance dont il allait devoir obligatoirement parler avec lui. Lorsqu'il eut terminé son travail, Hashirama se rendit donc chez Madara. Il entra chez lui, sans s'annoncer (il se doutait bien que Madara l'avait senti approcher, de toute manière). Il le trouva alors dans la pièce principale, en train de se coiffer. Madara le salua ensuite d'une voix calme, agissant comme si la situation entre eux était parfaitement normale. Seulement, son regard ne pouvait pas mentir. Il semblait si flou, perdu dans le vide. Hashirama ne supportait pas de le voir comme ça.
Sans hésiter, il s'approcha alors de lui et l'enlaça, l'entourant tendrement de ses bras. Madara ne le repoussa pas, mais ne sembla pas enthousiaste pour autant. Hashirama releva ensuite sa longue crinière et embrassa sa nuque avec une douceur infinie.
« Comment vas-tu ? finit-il par lui demander.
—Je vais bien », répondit Madara d'une voix plate.
Il n'était clairement pas disposé à en dire plus. Mais Hashirama n'allait pas en rester là, pas cette fois-ci. Même s'il allait plutôt opter pour une approche lente.
« Tu as passé une bonne journée ? le relança-t-il.
—Comme tous les jours. La tienne était sûrement plus remplie.
—J'imagine... J'ai reçu la délégation Uzumaki, aujourd'hui. »
Hashirama attendit un moment pour voir si Madara allait réagir. Normalement, ce dernier aurait dû être présent à cette réunion et ils le savaient tous les deux. Pourtant, Madara fit comme si de rien n'était. Il posa simplement sa brosse à cheveux sur la table.
« Ils vont nous rejoindre ? le questionna-t-il, malgré tout.
—Ils ont plusieurs conditions, avoua Hashirama, mais je pense que ça va aller. »
Madara tourna son regard vers lui. L'encre noire accrocha directement ses yeux. Hashirama sourit, sentant qu'il avait éveillé sa curiosité.
« Que veulent-ils ? »
Même si le sujet à venir allait être délicat, Hashirama était satisfait de voir que Madara participait réellement à leur conversation. Au moins, il ne le rejetait pas. Enfin, pour l'instant, du moins...
« Ils veulent faire un mariage diplomatique. Ils me proposent la main d'une héritière de leur clan. »
Madara fronça aussitôt les sourcils. Mais c'était bien loin de la tempête de fureur que Hashirama pensait déclencher. Son cœur se serra. Son océan noir était bien trop calme.
« Et tu vas accepter ? se moqua Madara, au bout d'un moment. Tu vas épouser une femme que tu ne connais même pas ?
—Dans d'autres circonstances, je l'aurais fait, oui. Mais là, non, ça ne m'intéresse pas.
—Tu vas vraiment perdre une alliance de façon aussi stupide ?
—Je ne vais pas la perdre, le contredit Hashirama. Si je suis déjà pris, ils ne seront pas vexés par mon refus.
—Sauf que tu es libre.
—Madara... »
Hashirama le fixa un moment, avant de soupirer. D'accord, c'était le moment de se montrer convaincant, là. Il prit alors les mains de Madara dans les siennes et les serra avec tendresse.
« Officialisons notre relation. De toute façon, tout le village s'en doute déjà.
—Nous sommes deux hommes, lui rétorqua Madara.
—Et alors ? C'est nous qui avons fondé ce village. On peut changer les traditions. Rien ne nous en empêche. Et je me fiche de ce que les autres pourraient bien en dire !
—Même si ton clan te dit que tu perds ton temps avec un cinglé qu'il faudrait enfermer ?
—Je ne laisserai personne dire ça ! s'enflamma Hashirama. Et je me moque bien de l'avis de mon clan sur la question ! Je t'aime, Madara. Je veux être avec toi devant le monde entier. »
À ces mots, l'océan se réchauffa lentement. L'espace d'un instant, Hashirama crut réellement qu'il allait accepter. Qu'il avait réussi à le convaincre. Mais la chaleur finit par disparaître et Madara le repoussa. Encore.
« Tu dis que tu m'aimes, mais tu n'arrêtes pas les agissements de Tobirama, siffla-t-il. Si je te demandais de choisir entre nous deux, qui choisirais-tu ? Dis-le moi ! »
Hashirama secoua la tête. Il ne voulait pas rentrer là-dedans. Il était là pour s'occuper de Madara, lui parler de son état et trouver des solutions. Pas pour discuter de ce genre de choses.
« On ne parle pas de Tobirama, lui dit-il alors avec fermeté. Là, on parle de nous. »
—Tu dis toujours ça ! C'est facile pour toi de sortir de beaux discours, sans prendre position ! C'est lui le problème !
—Tobirama va faire des efforts, je vais lui parler à nouveau. Mais, de ton côté, tu dois aussi-
—Tu oses ?! l'interrompit Madara. Tu oses me demander de faire des efforts avec l'homme qui a assassiné mon frère ?! »
L'encre noire disparut aussitôt de ses yeux pour faire place à un volcan de sang. Hashirama fronça les sourcils. Il détestait ça. Quand Madara activait son Sharingan en dehors des combats. Ce n'était pas juste ! Hashirama ne méritait pas ça ! Mais avant même qu'il ait pu rectifier le malentendu entre eux, Madara quitta la pièce. Ce dernier lui signifiait clairement qu'il ne voulait plus de lui ici. Seulement, cette fois-ci, Hashirama n'allait pas le laisser dicter leur relation. Il ne quitterait pas cette maison tant qu'ils n'auraient pas fini leur discussion. Il rejoignit alors Madara, qui était parti dans la chambre. Ce dernier se tourna vers lui, l'aura menaçante et les yeux toujours ensanglantés. Hashirama ne se laissa pas impressionner pour autant.
« Dis-moi ce que tu veux que je fasse, Madara.
—Je veux que tu tues ton frère. »
Hashirama cligna des yeux, surpris par sa réponse. Madara afficha alors un sourire tordu avant de ricaner.
« Ne prends pas cet air sérieux, siffla-t-il. Je sais très bien que tu ne le feras jamais. J'aurais dû te le demander ce jour-là, au lieu de te donner une échappatoire.
—Tu l'as fait parce que tu es quelqu'un de bien, Madara.
—Et à quoi ça m'a servi ?! Je ne supporte pas ce village ! Je ne peux plus voir Tobirama ! Chaque fois que je ressens son chakra, je repense à la façon dont il a tué Izuna ! Je devrais le massacrer pour venger mon frère ! Et, à la place, je ne fais rien ! Je le laisse vivre sa vie parce qu'il est ton frère ! C'est insupportable !
—On peut trouver une solution, Madara. Toi et moi... Comme avant... Je ne te laisserai jamais tomber ! Je te le promets ! »
Madara le regarda un moment. Et soudain, ce fut comme si tout s'effondrait. Comme si le poids du fardeau que portait Madara jusqu'ici était devenu trop lourd. L'océan noir se remplit de désespoir. Hashirama pouvait y lire toute sa détresse. Aussitôt, il fit les derniers pas qui le séparaient de lui et le prit dans ses bras. Il le serra si fort contre lui. Il voulait tant lui faire comprendre qu'il était là pour lui. Qu'il serait toujours là pour lui. Il l'enferma dans une étreinte solide, souhaitant plus que tout le rassurer et le protéger de lui-même. Il sentit Madara s'accrocher à lui, les doigts tremblants.
« J'ai essayé, souffla-t-il au bout d'un moment. Je te jure que j'ai essayé... mais je n'y arrive plus... C'est trop difficile...
—Ne dis pas ça. Je t'en supplie, Madara, laisse-moi t'aider.
—Comment ? Izuna restera toujours mort...
—Je ne sais pas, lui avoua Hashirama, je ne sais pas, mais à deux, on va bien réussir à trouver une solution. »
Le corps de Madara finit par se relâcher dans son étreinte, comme s'il avait tenu bien trop longtemps jusqu'ici. Hashirama l'aida alors à s'allonger sur le lit, avant de prendre place à ses côtés. Il l'entoura à nouveau de ses bras. Il était tellement inquiet pour son amant. Mais, malgré tout, il sentait qu'il avait enfin une ouverture. Pour la première fois depuis des mois, il avait une brèche dans laquelle se faufiler et il n'allait clairement pas laisser passer sa chance.
Les minutes se mirent alors à défiler dans un silence plus que bienvenu. Finalement, et tandis que ses paupières commençaient à se fermer d'elles-mêmes, Madara murmura :
« Refuse le mariage. »
Hashirama cligna des yeux, surpris. Puis, lorsqu'il comprit la portée de ces mots, il sourit grandement.
« Je n'ai jamais envisagé de l'accepter. »
Comment pourrait-il lier sa vie à une autre personne que Madara ? Cela n'arriverait jamais. D'un geste apaisant, Hashirama se mit ensuite à caresser la longue crinière de son amant. Il fut soulagé lorsqu'il le vit enfin s'endormir. Mais Hashirama, lui, ne comptait pas fermer l'oeil de la nuit. Il préférait – et de loin – veiller sur lui toutes ces heures. Il avait également besoin de calme pour songer à ses prochaines actions. Madara était trop loin dans sa peine et dans son chagrin, il avait besoin d'aide. Et s'il acceptait enfin sa main tendue, Hashirama n'allait certainement pas lui faire faux bond. Il allait, au contraire, être le roc infaillible sur lequel Madara pourrait se reposer. Oui, il allait prendre les choses en main et peut-être qu'il parviendrait enfin à le soutenir un peu.
Mais quelles solutions pouvait-il bien mettre en place ? Idéalement, Madara et lui auraient dû partir un moment loin d'ici. Que Madara puisse se reposer sans penser à rien d'autre... ça aurait été parfait. Mais Hashirama ne pouvait pas quitter le village alors qu'il venait à peine d'être construit et que tout était encore à faire. Il ne voulait pas non plus que Madara s'en aille sans lui. Parce qu'il le sentait, au plus profond de son cœur. S'il laissait Madara partir, plus jamais il ne le reverrait.
Hashirama inspira profondément, tout en continuant de caresser les mèches sombres de son amant. Il ne voyait qu'une seule solution envisageable. Si Madara ne pouvait pas partir, alors c'était Tobirama qu'il fallait éloigner. Du moins, temporairement. Hashirama savait que ce n'était pas juste pour son frère qui s'investissait aussi dans le village. Sans parler du fait qu'il avait tué Izuna en temps de guerre et non par pur plaisir. Mais la situation était bien trop tendue entre Madara et lui. Hashirama avait été naïf de croire qu'ils pourraient cohabiter ensemble directement. Il était temps pour Hashirama de prendre position. Et de choisir Madara. Son frère se sentirait peut-être trahi, mais Hashirama avait la sensation qu'il était, des deux, le plus à même de comprendre ce genre de décision. Et puis, Hashirama n'allait pas le bannir non plus. Peut-être qu'il pourrait l'envoyer sur une longue mission importante, de sorte à ce que Tobirama se sente toujours intégré au village. Ce n'était pas impossible. En tout cas, Hashirama avait enfin compris que mettre de la distance entre ces deux-là ne pouvait qu'être bénéfique à long terme. Et avec Tobirama loin de lui, peut-être que Madara réussirait enfin à entamer son deuil plus sereinement.
Parallèlement, Hashirama pourrait aussi l'aider plus aisément à reprendre le contrôle de lui-même et à rester à la tête du clan Uchiwa. Il fallait vraiment que Madara se sente chez lui ici. Mais aussi qu'il voie les citoyens de Konoha comme des personnes à protéger. Même s'il n'avait plus ses frères, il lui restait son clan. Et malgré les tensions qu'il y avait entre eux, les Uchiwa avaient besoin de Madara, également. Hashirama en était persuadé.
Tout semblait couler de source, à présent ! Son plan n'était peut-être pas révolutionnaire, mais Hashirama y croyait ! Il passa alors la nuit entière à le peaufiner, tout en laissant ses doigts se perdre dans la chevelure de Madara. Son cœur était beaucoup plus léger. Même si les résultats étaient incertains, il allait enfin pouvoir être actif ! Et ça, ça n'avait vraiment pas de prix...
Le lendemain, ce fut donc avec plein d'entrain qu'il accueillit l'océan noir qui se posa sur lui. Il fit glisser sa main jusqu'à la hanche de son amant et lui sourit avec tendresse.
« J'ai eu une idée ! » lui déclara-t-il d'emblée.
Sans même attendre que Madara soit bien réveillé, Hashirama lui dévoila tout le plan qui s'était formé dans sa tête pendant la nuit. Il lui parla même de la mission qu'il songeait à donner à Tobirama. Il força sans peine sur son enthousiasme, dans l'espoir de le rendre communicatif. Face à lui, Madara le fixa un moment, clairement peu impressionné.
« Tu accordes bien trop d'importance à des choses futiles, Hokage. »
Ses mots étaient de glace. Mais Hashirama ne se laissa pas berner aussi facilement. L'océan noir était bien plus chaud qu'il ne l'avait été depuis des mois et Hashirama s'y accrocha de toutes ses forces.
« Seul le Hokage est habilité à décider de ce qui est futile ou non, Madara. »
Il lui renvoya un regard pétillant, s'amusant même du soupir de son amant. Ça lui suffisait. Même s'il aurait préféré plus de sentiments positifs de sa part, bien entendu, la chaleur qui se réinstallait dans son océan noir était plus que suffisante pour lui donner de la force.
« Ça te dit qu'on reste ensemble aujourd'hui ? lui proposa-t-il ensuite.
—Tu n'as donc pas de travail à faire ? rétorqua Madara.
—Ça peut attendre. Et puis, il faut qu'on réfléchisse tous les deux à l'annonce qu'on fera demain.
—... De quelle annonce est-ce que tu parles au juste ?
—Celle dans laquelle on dévoilera publiquement notre relation. »
Madara resta étrangement silencieux en entendant cette phrase. Son visage était de marbre, rendant impossible pour quiconque de comprendre ses réels sentiments. Enfin, pour quiconque excepté Hashirama. Parce que la légère lueur d'espoir qui traversa ses yeux n'aurait jamais pu lui échapper. Son cœur s'emballa à cette vision. Sans hésiter, il resserra ses bras autour de lui et enfouit son visage dans le creux de son cou. Il sentit Madara se détendre tout contre lui et se fondre si facilement dans son étreinte.
Jamais, de toute sa vie, Hashirama ne s'était senti aussi heureux. Même lorsque Konoha avait été créé. Bien sûr, il n'avait aucune certitude concernant le futur. Au fond de lui, il n'était toujours pas totalement sûr de pouvoir sauver Madara. Mais ce dernier lui laissait enfin une porte ouverte. Et Hashirama allait la défoncer avec toute la finesse qui le caractérisait.
Les temps à venir allaient, sans nul doute, être difficiles. Le passé ne pourrait jamais être changé. Madara ne s'en remettrait peut-être pas. Seulement, Hashirama n'allait pas le laisser tomber. Il parlerait à son frère, il mettrait tout en place pour que Madara se sente mieux. Il allait se battre avec autant de force que s'il était sur un champ de bataille. Il était déjà indestructible en temps normal, mais si c'était pour protéger Madara, alors là, l'ennemi n'avait aucune chance ! Même si l'ennemi en question était la perte d'un être cher. Hashirama le savait déjà. Il ne déposerait pas les armes tant que son océan noir ne retrouvait pas toute la vie qui l'habitait autrefois.
Oui... Hashirama s'en fit la promesse.
Et voilà, j'espère que ça vous a plu ! Merci de m'avoir lue :) Et n'hésitez pas à me laisser votre avis en commentaire :)
