Salut ! Me voilà avec un petit texte que j'ai récemment pensé pour la Saint-Valentin.
Disclaimer : Hetalia appartient à Hidekaz Himaruya
Francis Bonnefoy était indéniablement amoureux.
Au début, il n'avait pas ressenti cela pour cette personne. Jamais il n'aurait cru ressentir quelque chose d'aussi fort à son égard par ailleurs. Il ne savait pas quand cela avait commencé. Aujourd'hui ? Hier ? Il y a une décennie ? Il y a un siècle ?
Francis, sous ses airs de grand romantique dragueur et enjoué, n'avait jamais connu le vrai amour. Si vous lui demandiez avec insistance, le blond répondrait qu'il n'avait rien d'un réel bourreau des cœurs. Jamais il n'avait aimé quelqu'un autrement qu'au travers d'une attirance purement physique, ou alors il n'avait ressenti qu'une affection qu'il ne pouvait mettre dans la case amitié ou famille. Pour lui, Jeanne d'Arc n'avait été qu'une jeune fille qui aurait pu être sa petite sœur. Jamais Francis n'avait senti son corps se tordre de douleur pour un autre. Chaque mot qu'il prononçait à l'égard d'une prétendue conquête était vide de sens, il ne ressentait rien. Non, à ses yeux, vous n'étiez pas la huitième merveille du monde. Son cœur ne s'était jamais emballé en entendant quelqu'un rire aux éclats, jamais le blond n'avait remué ciel et terre pour rester coûte que coûte auprès de quelqu'un qui l'aurait fait vibrer de tout son être.
Quand ses yeux se posaient sur les humains, son regard dégoulinait d'une jalousie qu'il n'aurait avoué pour rien au monde. Comment les humains faisaient-ils pour s'aimer ? S'aimaient-ils au jour le jour ? S'aimaient-ils jusqu'à la mort ? S'aimaient-ils de toute leur âme ? C'est quoi au juste, aimer quelqu'un comme un fou ? Il voulait vivre cette passion.
Les cheveux blonds de Francis se soulevaient au gré du vent qui venait souffler un air glacial sur Paris. Là, appuyé contre la balustrade du balcon de son appartement, l'homme regardait d'un air morne la foule en contrebas. La majorité était des touristes, leurs têtes étaient remplis d'illusions d'un Paris pré-Hidalgo, le Paris d'Haussmann, le Paris où l'ombre de la révolution grondait à chaque coin de rue, le Paris d'hier et le Paris de demain.
L'incarnation de la nation s'autorisa un soupir, et son visage morne se mua en un masque d'enchantement factice. Une réunion entre les nations allait se tenir dans quelques heures, et Francis voulait se montrer un minimum présentable.
Il jeta un dernier regard du balcon, et s'engouffra dans son appartement aux lumières éteintes. L'amour, c'était comme nager en eaux troubles.
Lorsque le blond aux yeux bleus arriva sur le lieu de la réunion, il constata qu'il n'était ni le premier, ni le dernier. Son regard balaya la salle, décomptant une dizaine de personnes présentes.
"Bonjour !" s'exclama-t-il joyeusement.
On lui accorda un regard, neutre ou exaspéré, pour certains, et on le salua, formellement ou amicalement, pour la majorité. Ça lui allait, et Francis s'assit à côté d'England, qui après lui avoir fait un signe de la tête, se détourna avec un embarras qu''il ne cherchait plus à comprendre. Japan lui avait toujours affirmé que cela faisait partie de son caractère de tsundere, et France, en grand lecteur de mangas qu'il était, n'avait pu qu'acquiescer.
Le temps que la salle se remplisse de tous les acteurs de cette assemblée, le regard de Francis se perdit dans les vagues. Le blond pensait encore à cette personne, et à ces nouvelles sensations qu'il ressentait en sa présence, à son évocation et quand justement, il pensait à lui.
Pourquoi son cœur commençait à doucement s'alourdir d'un poids monstrueux lorsque ses yeux se posaient sur sa silhouette ? Pourquoi était-ce si douloureux, si déchirant de voir un mince sourire qui ne lui était pas destiné sur ce visage ?
Il remarquait tout, de ce visage habituellement sérieux qui se détendait progressivement à cette manie à vouloir absolument cacher son amour pour les gâteaux. Francis s'était rendu compte au fil du temps que malgré lui, il l'avait observé de près ou de loin.
Le blond avait remarqué que son rythme cardiaque se détraquait quand leurs regards se croisaient, même l'espace d'un instant. Plus il y pensait, plus son cœur remuait, et plus il avait mal.
"Bien, tout le monde est là ?"
Francis sortit violemment de sa torpeur, affichant de nouveau son masque d'entrain.
La réunion fut affreusement longue, ponctuée d'America qui voulait toujours présider, de disputes entre nations, d'England qui hurlait justement sur America, d'Italy qui proposait de manger des spaghetti. Francis avait l'impression que chaque réunion se ressemblait, et il ne savait pas si cela était bon ou non. Tout le long, il avait vainement essayé de ne pas regarder l'objet de sa flamme. Discrètement, le bond l'avait admiré, en s'empêchant de soupirer comme un désespéré.
Avant qu'il ne réalise, le blond faisait partie des derniers encore présents dans la salle. Alors qu'il allait se lever, une main se posa sur son épaule et Francis put sentir un souffle chaud près de son cou.
"Ton sourire est plus plat que d'habitude."
La voix habituellement tonitruante de Prussia n'était qu'un fin murmure aux creux de ses oreilles.
"Hein ?
- J'ai de bons yeux tu sais ? Tu peux pas me mentir, j'ai trop regardé ton visage ridé pour ça.
- Hé ! Je n'ai aucune ride ! s'indigna-t-il en s'éveillant de la sidération qui l'avait figé."
Il n'eut pour réponse qu'un rictus amusé, et le silence s'immisça de nouveau entre les deux amis. Les dernières nations quittèrent la salle, et ils ne furent plus qu'entre eux.
"Comment ça t'as trop regardé mon visage ?
- Ooooooh regarde ! Un nuage en forme de lapin ! s'exclama-t-il en pointant une fenêtre pour éluder la question."
Francis jeta un regard exaspéré à Gilbert avant de soupirer, puis de légèrement sourire. Cet idiot savait comment lui arracher un sourire sincère avec des paroles sans queue ni tête.
"Dis-moi Franny, t'es amoureux ?"
Le Français écarquilla des yeux avant de se lever prestement, son regard affolé planté dans celui curieux du Prussien.
"Ça se voit tant que ça ?
- Oui.
- Ah…
- Tu l'aimes."
Il savait ce que Gilbert insinuait.
"Je l'aime."
Francis mit fin à l'échange en sortant, ou plutôt en s'enfuyant de la salle.
Il n'avait jamais aimé autant quelqu'un. Le blond l'avait réalisé après moult débats intérieurs. C'en était trop douloureux, il ne pouvait plus le supporter. Que devait-il faire ?
Francis préférerait mourir. Comment pourrait-il supporter une éternité à souffrir, accablé par un amour inavouable qui s'alourdissait d'année en année ? Il aimerait disparaître de la surface de la Terre. Il voudrait être libre de lui-même. L'amour avait rendu Francis faible.
L'amour, ce n'était pas des papillons dans le ventre. L'amour, c'était le kraken qui venait faire sombrer votre navire. Vous perdez vos outils de navigation, vous êtes au beau milieu de nul part et vous nagez vainement en eaux troubles. Comment pourriez-vous atteindre le rivage en vie dans ces conditions ?
La tête ailleurs, Francis parcourait les longs couloirs du bâtiment pour chercher la sortie la plus proche. Les mots de son ami se bousculaient dans son esprit, et le blond sentait que son cœur allait bientôt rompre. Tête baissée, le Français se cogna dans une véritable armoire à glace.
"Excusez-moi… murmura-t-il, n'étant plus d'humeur à faire semblant."
La personne était plus grande que lui d'à peine quelques centimètres, et Francis releva sa tête pour croiser des yeux bleus qu'il connaissait bien. Son cœur rata un battement.
"Francis ? Ça va ?"
Le ton inquiet de sa voix lui serra le cœur, et Francis se fustigea intérieurement d'avoir inquiété la personne qu'il aimait. Il prit une grande inspiration, son masque de nouveau en place. Son cœur battait de nouveau la chamade, pulsant jusque dans ses oreilles. Le blond avait l'impression que tous les autres bruits s'étaient tu.
"Ah, Ludwig. Je vais… bien."
Francis sourit. Il se força à le faire.
Cependant, Ludwig n'était pas dupe. Son regard habituellement sévère s'adoucit, et il posa une main sur l'épaule de Francis. Celui-ci tressaillit, et son cœur lui sembla sur le coup être une pierre. Sa poitrine était lourde, et une chaleur presque désagréable s'en dégageait.
"Vraiment ? insista Germany.
- Tu… me connais, non ? répondit France.
- C'est justement pour ça que je te le demande, Francis."
Le Français se figea de nouveau, et il serra inconsciemment le poing. Son regard se fit triste en regardant droit dans les yeux l'Allemand, son masque se fissurant petit à petit. Je ne peux pas te dire que je t'aime, Ludwig. Pourtant, il aimerait bien. Avec couardise, Francis mit fin à l'échange de regards. La peur était-elle plus forte que l'amour ?
L'Allemand raffermit sa prise sur le Français, avant de soupirer et de lâcher prise. Francis n'osait plus le regarder, il avait l'impression que ses yeux menaçaient de faire couler la pluie pour accompagner les coups de tonnerre vrombissant de son cœur. C'était sa chance. La chance de lui avouer qu'il l'aimait, mais il ne pouvait pas. Francis se sentait affreusement ridicule et affreusement mal, mal de faire perdre son temps à Ludwig.
"Dis-moi, Ludwig… commença-t-il en fixant sa vue sur les murs du couloir.
- Oui ?"
Il ne sait pas ce qui lui prit, mais un élan de courage vint pousser Francis à prendre la main de Ludwig dans la sienne. La main de l'Allemand était plus grande que la sienne, et plus rugueuse aussi. On aurait pu penser que la prendre était désagréable, pourtant Francis trouvait cette main réconfortante. Il n'osa pas la serrer, son courage s'essoufflait déjà. Un pouffement le fit sursauter, et le Français planta de nouveau son regard dans celui de l'autre. Cette fois-ci, c'était Ludwig qui était gêné. Ses joues étaient rouges, une image rare dont Francis ne rata pas une miette. Son cœur bondit, comme muer d'une effervescence nouvelle, mais qui était au final toujours la même.
"Dis-moi, Ludwig. Est-ce que je peux te tenir la main ?"
La réponse fut immédiate, l'Allemand serra sa main déjà mêlée dans la sienne.
Auparavant, Francis n'aurait jamais pensé qu'il tomberait amoureux de Ludwig. D'ailleurs, qui l'aurait cru être si timide à ses côtés ?
"Ludwig…
- Francis ?
- Penses-tu qu'être amoureux est possible pour nous ?"
Il l'avait dit si rapidement. Les yeux fermés par la pression, sa respiration bloquée par l'angoisse de se faire rejeter, Francis avait arrêté d'être l'espace d'un instant.
De son côté, Ludwig était plus qu'abasourdi. Ses méninges tournaient à plein régime, il s'était figé un moment avant d'entendre son cœur repartir. L'Allemand ne l'avait même pas senti s'arrêter. Pour lui, la scène paraissait surnaturelle, tout droit sortie d'un film.
La chaleur qu'il sentait en lui était agréable, et Ludwig serra vigoureusement la main de Francis.
"Nous deux ? Je crois bien que je l'avais espéré un jour, moi aussi."
Francis se posait d'innombrables questions. S'aimaient-ils comme des humains ? Devaient-ils s'aimer au jour le jour eux aussi ? Brûlaient-ils ensemble, et ce, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que leurs cendres recouvrant la Terre ?
Francis voulait brûler, il voulait toucher le Soleil tel Icare. Il se sentit pousser des ailes, et ses mains enveloppèrent le visage de Ludwig. Une caresse, et ses lèvres vinrent se poser sur leur égal. Sa passion le brûlait, et le Français se sentit tomber du ciel quand l'Allemand lui donna la réplique plus intensément encore.
Francis était faible, il était malade d'amour. Il voulait dire Je t'aime, mais les actes valaient mille fois ces mots. Il voulait dire Je t'aime, mais Ludwig l'avait déjà entendu.
Merci d'avoir lu !
