Quand Draco réapparu dans le bureau du directeur, il tomba sur le vieux fou et son parrain en pleine discussion.

- Monsieur Malfoy, se réjouit le directeur. Votre journée a été bonne ?

Draco soupira, lâchant une sorte de grognement en plus, et posa Harry et son sac à terre. Un geste de la main de la part de Dumbledore, et un elfe s'avança près d'Harry. Dobby évita soigneusement le regard de son ancien maître et claqua des doigts pour faire léviter le sac à dos.

- Dobby s'occupe de tout. Il va ramener le sac dans la chambre de monsieur Draco Malfoy.

- Tu veux bien prendre Harry avec toi ?

Dobby se tourna vers le directeur qui lui accorda sa permission.

- Vous pourrez lui retirer ses charmes quand il sera en sécurité, ajouta-t-il.

- Oui, monsieur.

Dobby s'inclina.

De son côté, Draco parvint à convaincre Harry de suivre l'elfe. Il n'était pas stupide, il avait bien remarqué au regard que son parrain posait sur lui qu'il devait rester et assister à la conversation. Quand la lourde porte se referma, Dumbledore se tourna vers Rogue.

- Vous disiez, professeur ? Demanda ce dernier.

- Le professeur McGonagall m'a prêté main forte pour qu'aucunes informations compromettantes ne sortent du château.

- Cela fait donc un problème en moins.

- Comment ça va fonctionner ? Coupa Draco alors que Rogue s'apprêtait à ajouter quelque chose.

Dumbledore se tourna vers lui et lissa sa barbe en souriant.

- Vous n'avez pas à vous inquiéter de cela. Je peux vous assurer que personne ne pourra révéler quoi que ce soit au monde extérieur.

- Vous êtes sûr que personne ne saura pour Harry ?

En voyant le regard réprobateur de Rogue, il soupira avant d'ajouter :

- Professeur.

- Je vous en donne ma parole.

- Et pour le faire redevenir comme avant ?

- J'allais y venir, intervint Rogue. Le professeur Chourave est toute disposée à me fournir les plantes nécessaires, quelles qu'elles soient. Madame Pomfresh, le professeur Slughorn et moi avons encore un peu de travail pour trouver la formule idéale, mais nous ne sommes pas loin. Le temps que les plantes poussent ou fleurissent, ainsi que le temps de préparation, j'estime qu'il faudra au minimum deux mois avant de pouvoir ramener monsieur Potter.

Ne s'attendant pas à ça, Draco encra son regard dans celui de son parrain. Deux mois. Est-ce qu'il arriverait seulement à tenir deux mois sans le moindre échange avec son petit-ami ? Ça lui paraissait invraisemblable. Avant, même s'ils se disputaient sans discontinuité, ils avaient des petits moments volés. Un baiser, un regard, une caresse. Ils étaient un couple compliqué, mais un couple tout de même. Draco songea alors qu'il devrait patienter deux mois avant de pouvoir s'excuser. Certes, ça lui laissait le temps de réfléchir à leur situation, mais ça n'en était pas moins déplaisant. Severus posa sa main sur son épaule et la pressa.

- Ne t'en fais pas, Harry redeviendra adolescent, peu importe le temps que ça prendra.

- Je sais. C'est seulement que tout ça me perturbe, avoua Draco.

Il se passa une main dans les cheveux en fermant les yeux. Tout était si compliqué.

- Si tout a été dit, j'aimerais parler à monsieur Malfoy, déclara Dumbledore en s'adressant à Rogue.

Rogue ne dit rien et sortit par la porte.

- Vous avez quelque chose à me dire ? Demanda Draco.

- En effet.

Dumbledore se tourna vers lui et se mit à sourire. Draco fut déstabilisé par l'amusement qui semblait se dégager de son directeur.

- Ce n'était pas très prudent de vous servir de votre baguette en dehors de l'école.

Comprenant, Draco claqua sa langue contre son palais et croisa les bras sur sa poitrine. Quelle importance qu'il n'ait pas l'âge requis pour des sorts aussi ridicule ?

- Dans votre imprudence vous avez eu de la chance. C'est quelqu'un que je compte parmi mes amis qui a reçu cette information et me l'a transmise avant d'en faire disparaitre toute trace au ministère.

Draco essaya de lire entre les lignes. Est-ce que ça signifiait que l'incident était clos ?

- Monsieur Malfoy, vous devez comprendre que votre conduite aurait pu avoir des conséquences plus graves. En guise de punition, je retire dix points à Serpentard.

- Merci, monsieur, répondit Draco, bien conscient qu'il aurait mérité plus que de perdre quelques malheureux point.

- Je pense qu'il est temps, maintenant, que vous rejoignez votre chambre.

Un tour de baguette et Draco retrouva son apparence d'origine. Il remercia à nouveau le directeur, plus pour faire bonne figure qu'autre chose, et se hâta vers les cachots. Il avait hâte d'y être. Et pour être honnête, il ne faisait que moyennement confiance à Dobby, mais ce qui l'inquiétait le plus, c'était de tomber sur miss-je-sais-tout et son insupportable chien de garde sur le chemin. Ils recommenceraient forcément à lui prendre la tête avec leurs questions stupides. Parce que, même si Draco et Harry avaient commencé à sortir ensemble, Draco détestait toujours autant Granger et Weasley tout comme Harry ne supportait pas Crabbe et Goyle.

- Où est Harry, Malfoy ? Claqua une voix dans son dos.

Se massant le front, Draco se tourna vers Granger. De son point de vue, Hermione n'était pas spécialement en train de faire preuve de méchanceté envers lui. Elle semblait plutôt agacée.

- Va voir ailleurs si j'y suis, Granger, répondit Draco.

Visiblement peu satisfaite de sa réponse, elle l'attrapa par le bras pour le forcer à rester.

- Je ne suis pas Ron. Je peux l'entendre.

- Mais vous me faites chier tous les deux ! S'emporta Draco en dégageant son bras. Potter disparait et c'est moi qu'on interroge tout de suite. Et la présomption d'innocence, tu en fais quoi ? Ce n'est pas parce que je suis son petit-ami que je connais tout de sa vie !

- Ne hausse pas le ton avec moi ! Ordonna Hermione du tac au tac. Tu veux que je te frappe une deuxième fois ? Comme en troisième année ?

- Écoute-moi bien, Granger, cracha Draco en se postant à seulement quelques millimètres d'elle, si tu ne bouges pas ton gros derrière d'ici, c'est moi qui vais te coller mon poing dans la figure et je n'en ai rien à faire que tu sois une fille.

Hermione fut suffisamment estomaquée par son culot pour laisser l'adolescent s'en aller. Comment diable Harry faisait-il pour les supporter ainsi toute la journée sans jamais se plaindre ? Ces deux pots de colle semblaient vouloir tout savoir de sa vie à la seconde près. Où il était, ce qu'il faisait, avec qui. Ils faisaient davantage penser à deux parents qu'à deux amis. Quelle plaie ! Si jamais Gregory ou Vincent s'amusaient à ça, Draco leur enfoncerait la tête dans une flaque de boue et les laisserait s'y noyer. Pour qui se prenaient Granger et Weasley à contrôler la vie d'Harry comme ça ?

Poussant rageusement la porte de sa chambre, il tomba nez à nez avec Dobby. Sursautant, l'elfe laissa tomber la charge qu'il portait.

- Qu'est-ce que tu fiches encore ici, toi ?

- Dobby ne pouvait pas laisser monsieur Harry Potter tout seul, monsieur. Alors Dobby attendait que monsieur Draco Malfoy revienne. Maintenant, Dobby peut s'en aller, monsieur.

Draco le regarda rassembler ce qu'il avait fait tomber.

- Tu t'es occupé des affaires d'Harry ? Demanda-t-il.

- Dobby a pris tous les vêtements de monsieur Harry Potter pour les laver, monsieur.

- Reprends aussi les tiens. Et garde-les !

Dobby s'inclina et repris son activité. Pendant ce temps, Draco retira sa veste et la lança sur un fauteuil. Il trouva le silence étrange. Avec la présence d'un enfant si jeune, c'était inhabituel.

- Où est Harry ?

- Monsieur Harry Potter était fatigué, monsieur, dévoila Dobby gêné. Monsieur Harry Potter s'est endormi sur le canapé, mais Dobby ne savait pas s'il avait le droit de le déplacer.

Draco approcha dudit canapé et y vit Harry, profondément endormi. Malgré la cheminée qui brûlait, Dobby l'avait couvert avec ce qu'il avait trouvé.

- Ramène-moi ses affaires le plus tôt possible, quémanda Draco en jetant un œil à l'elfe.

- Dobby le fera monsieur, répondit-il.

Il s'inclina une fois de plus et disparut avec tout ce qui nécessitait d'être lavé. S'intéressant à Harry, Draco glissa le bout de ses doigts dans ses fines mèches.

- Une journée pareille, ça t'a épuisé. Et je suis censé faire quoi, moi ? Te laisser dormir ou te réveiller ?

Puisque l'heure du dîner approchait, et qu'il ne pouvait décemment pas aller dans la Grande Salle sans lui, Draco décida de laisser Harry dormir. Ça ne servirait à rien de l'emmener jusque dans son lit s'il se réveillait à cause de la faim, mais Draco se promit qu'il irait le coucher quand lui-même se mettrait au lit. Il espérait simplement que ce ne serait pas en pleine nuit qu'Harry se réveillerait en ayant faim. En attendant, puisqu'il avait la chance d'être tranquille, Draco décida de s'octroyer une longue douche.

Une demi-heure plus tard, lorsqu'il sorti de la salle de bain, il tomba sur son parrain, installé dans l'un des fauteuils.

- Je suis venu voir comment tu t'en sortais avec l'enfant, déclara-t-il sans même lui accorder un regard.

- Ça va.

- Vas-tu encore sauter le dîner ?

- Il sera sûrement servi ici, tout comme ce matin.

Rogue fit un signe de tête pour montrer qu'il avait compris. Il sortit ensuite sa baguette et fit apparaitre un paquet sur la table.

- Qu'est-ce que c'est ? Demanda Draco.

Il parcourut la distance qui le séparait de son parrain et pris place sur le canapé, à côté d'Harry.

- Dumbledore a fait livrer ceci pour toi.

Draco ne savait pas à quoi il devait s'attendre, cette fois-ci, et soupira en tirant la boite vers lui. Pendant ce temps, Rogue balaya la pièce des yeux.

- Une voiture ? Dit-il en pointant le lit.

- C'est un enfant moldu pour l'instant. C'était plus amusant pour lui qu'un lit à baldaquin.

- Chercherais-tu à gâter Potter ? Demanda-t-il en posant son regard sur une caisse pleine de jouet.

- Qu'est-ce que ça peut faire ?

Dans la boite dont Draco venait de soulever le couvercle, il trouva tout un attirail de produit d'hygiènes, accompagné d'un petit mot.

« Voici un petit cadeau qui vous facilitera le quotidien. »

Il jeta le bout de papier dans la cheminée et s'enfonça dans l'assise du canapé.

- Il me fait de la peine, avoua Draco.

Venant de la bouche de son filleul qui n'avait que rarement pitié des autres, cela surpris Rogue au plus haut point.

- Quand on est aussi petit, on devrait pouvoir vivre librement sans se soucier de quoi que ce soit.

Rogue comprit alors qu'il allait devoir rester ici un petit moment. Et cela ne le gênait pas.

- Malheureusement, fini-t-il par dire, Harry ne sera ni le premier, ni le dernier enfant victime d'injustice.

- Ce n'est plus « Potter » ? Se moqua Draco.

- Oh silence ! C'est un enfant. Pour l'instant je peux faire un effort.

- Ça me fait penser que je ne t'ai jamais demandé pourquoi tu te montrais si dur avec lui.

En voyant le regard que lui lançait son parrain, Draco n'en fut que plus amusé et s'installa plus confortablement.

- Tu n'es pas le plus aimable de nos professeurs, ce n'est un secret pour personne, mais tu ne peux pas nier qu'Harry ressemble plus à ton souffre-douleur qu'à un élève sans talent lambda.

Se renfrognant d'abord, Rogue se résigna à être honnête, pour une fois.

- Je crois que je ne sais pas vraiment moi-même. Peut-être qu'il est pour moi un exutoire à la haine que j'éprouve pour son père.

- Tu détestais James Potter à ce point ?

- Ma scolarité a été un enfer, uniquement à cause de lui et de sa bande d'amis stupides.

Plongé dans ses souvenirs, il s'ouvrit un peu plus.

- Mon seul répit, c'était les heures passées avec Lily mais même ça, il me l'a enlevé.

Draco éprouvait une peine sincère pour son parrain. Il avait déjà eu vent de la rumeur disant qu'il avait aimé la mère d'Harry, mais il n'avait jamais vu de ses propres yeux à quel point cela semblait vrai. En fait, il suffisait de regarder son visage lors d'une conversation sur Lily Potter pour avoir la confirmation de la nature de ses sentiments. Peut-être que Rogue, même si longtemps après sa mort, était toujours épris d'elle.

- Tu l'aimais vraiment.

Rogue posa les yeux sur l'adolescent.

- Autant que toi, tu aimes Harry.

- Tu n'as jamais pensé à tourner la page ? Ou à te marier ?

Un ricanement s'échappa de la gorge de Rogue.

- Me marier ? Avec qui ? Ta folle de tante ? Non, merci, très peu pour moi.

- Tu n'as même pas envie d'essayer ?

Décidemment, cette désagréable conversation semblait plaire à Draco.

- Je n'ai jamais éprouvé d'intérêt pour toutes ces choses. Lily est la seule pour qui ça a été le cas.

- Je trouve ça triste, souffla Draco. De ne pas pouvoir aimer à nouveau.

- Laisse-moi te poser une question. Si Harry venait à mourir, penses-tu pouvoir un jour te remettre de sa disparition et faire ta vie avec quelqu'un d'autre ?

Draco jeta instinctivement un œil à la petite forme allongée près de lui. Et cela lui suffit pour avoir sa réponse. Non. Il ne s'en remettrait probablement pas. Il l'aimait bien plus qu'il ne voulait bien l'avouer et son incapacité à exprimer ses réels sentiments le rendait plus détestable encore que son air froid et supérieur. Draco ferma les yeux et laissa sa tête retombée en arrière. Rogue maitrisait parfaitement l'art d'esquiver les conversations, le fourbe.

Un « crac » attira leur attention. Un elfe était en train de déposer quelques plats sur la table basse. Sans dire un mot, il fini sa besogne, salua les deux sorciers en s'inclinant et disparut.

- Je pense qu'il est temps pour toi de manger, souffla Rogue, clôturant la conversation par la même occasion.

Draco soupira et se redressa. Il avait commencé à avoir faim quelques minutes plus tôt. Il détailla les plats devant lui et s'apprêta à plonger sa cuillère dans la purée de patates douces quand des pleurs le coupèrent dans son élan. Severus lança un regard curieux à son filleul mais ce dernier ne sembla pas lui prêter la moindre importance. Dès qu'il avait entendu les pleurs, Draco avait posé sa cuillère et s'était rapproché d'Harry. Severus leva les yeux au ciel. C'était bien l'une des raisons pour lesquelles il ne voulait pas d'enfants. C'était inutilement fatiguant et bruyant, sans compter qu'il fallait sans cesse repasser derrière eux. Découvrant Harry de la couverture trempée, il la jeta dans un coin avec une mine de dégoût et vint lui caresser la tête. Il n'y avait pas milles questions à se poser, Harry avait eu un nouvel accident.

- Harry, appela-t-il doucement.

Son canapé arborait une belle tâche maintenant et les vêtements d'Harry étaient tout aussi trempés. Il continua son geste pour aider Harry à s'apaiser.

- Ne pleure plus, c'est pas grave.

Posté en retrait, Severus observait Harry. Jamais il ne l'aurait cru si faible à cet âge, lorsqu'on voyait l'arrogance dont il pouvait faire preuve en étant adolescent. Il n'aurait pas cru qu'il sujet à des accidents nocturnes. Il espérait pour son filleul que ça se limitait seulement à sa vessie. À voir sa réaction et sa réactivité, il comprit aisément que ce n'était pas la première fois que cela se produisait. Peut-être qu'Harry avait eu son premier accident la veille, ou pendant la nuit.

Quand Harry fut suffisamment calmé pour pouvoir écouter Draco qui lui soufflait toujours des mots rassurant, l'adolescent le fit descendre du canapé et l'emmena dans la salle de bain. Draco se débarrassa des vêtements souillés et mit Harry dans la baignoire. Pendant qu'il lui passait un gant de toilettes sur le corps pour le débarrasser des restes d'urine et le nettoyer correctement, Harry renifla et essuya ses larmes.

- Pa'don D'aco…

- Ce n'est pas grave. Tu as encore fait un vilain rêve, c'est ça ? Demanda Draco en relevant les yeux vers lui.

Harry hocha la tête en reniflant plus fort, prêt à pleurer de nouveau. Draco finit aussi vite qu'il put et le sorti pour l'enrouler dans une serviette. Il le frictionna un peu, pour qu'il ne dégouline plus, et le porta. Dans la grande pièce, Harry ne fit pas attention à Severus qui se tenait dans un coin et les observait.

Assis sur son lit, Harry garda la serviette étroitement serrée autour de lui pendant que Draco était parti lui chercher un vêtement. Le fait que l'adolescent possédait excessivement peu de choses qui ne soit une pièce quelconque de costume rendait la tâche plus compliquée. En fouillant bien, il tomba sur un tee-shirt qu'Harry lui avait offert. Les doigts serrés dessus, il s'en voulut d'un coup de ne l'avoir jamais porté. Le prenant comme un signe, il s'en empara et retourna vers Harry pour le lui enfiler, tout en lui faisant un petit sourire.

- Tu sais, c'est toi qui me l'as offert.

- Moi ?

- Oui. Pour mon anniversaire.

Aussitôt, le petit garçon baissa le nez sur sa nouvelle chemise de nuit. Il voulait mieux le regarder mais sursauta quand son ventre se mit à gargouiller. Un sourire étira le coin des lèvres de Draco et il lui embrasse le bout du nez.

- Heureusement que tonton Severus a ramené à manger, dit-il, éludant le fait que c'était un elfe, et non son parrain, qui avait servi un dîner pour eux.

Pour appuyer ses dires, Draco pointa son parrain du doigt. Il lui avait volontairement coller le surnom d'oncle et se réjouissait d'imaginer la mine qu'il devait tirer. Harry suivit le chemin du doigt de Draco et posa ses grands yeux verts de petit garçon sur son ancien professeur.

- Tonton Sevus ? Répéta-t-il en le pointant du doigt à son tour.

Draco leva les yeux vers son parrain et lui fit un sourire de défi.

- Oui. Tonton Severus. Allez hop, à table.

Soulevant Harry par les aisselles, Draco le posa sur ses pieds et le poussa gentiment pour qu'il avance vers le canapé. Il ignora superbement le regard assassin que son parrain coula sur lui à son passage. Alors qu'Harry ne cessait de se retourner pour observer son nouveau tonton très curieusement, Severus vis rouge.

- Va-t-il cesser de me fixer ainsi ?! S'écria-t-il.

Sa manie de punir Harry pour un oui ou pour un non le titilla fortement.

- Ah. Il est pas content tonton Severus, se moqua Draco en s'installant sur le canapé, échangeant un regard avec Harry.

Le petit garçon leva le nez vers lui.

- Il a c'ié ! Renchérit Harry, faisant rire Draco qui l'aida à s'installer sur le sol.

Son attention se reporta bien vite sur la nourriture disposée sur la table basse. Son ventre gargouilla plus fort. Ça lui donnait faim de voir autant de nourriture encore chaude. Draco lui donna une fourchette et le laissa manger en premier. S'assurant tout de même qu'il se nourrisse d'autres choses que de poulet et de pommes de terre. Toujours amusé par sa blague, Draco s'appuya contre le dossier du canapé et tourna le menton vers son parrain.

- M'affubler de ce surnom ridicule, s'énerva Rogue. Tu étais obligé, n'est-ce pas ?

- Et comment voudrais-tu qu'il t'appelle ? Professeur Rogue ?

- À choisir, oui !

- Mais il a quatre ans, gloussa Draco.

- Ce n'est pas une excuse.

Severus se réinstalla dans le fauteuil, contrarié. Essuyant à intervalle régulier les mains et le visage d'Harry pour qu'il ne tâche rien, puisque s'en mettre partout semblait être une étape obligatoire à cette âge, Draco garda toute son attention rivée sur son parrain.

- Est-ce qu'on peut reprendre notre conversation ? Demanda-t-il en servant de l'eau à Harry.

- Tu ne comptes pas encore me parler de cette histoire de vie amoureuse ? N'as-tu donc rien de mieux à faire ?

- Dans l'immédiat, non, confirma Draco. Et pourquoi ne pas en parler ? Décoinces-toi bon sang ! Avant que je laisse ma fierté de côté, Harry me sortait par les yeux, et si je ne l'avais pas fait je l'aurais sûrement regretté toute ma vie.

- Voilà que tu deviens sentimental.

L'adolescent dégagea le front d'Harry, qui s'était tourné vers lui en entendant son nom, et y déposa un baiser. Il lui souffla de manger sans se préoccuper de ce qu'il disait avec son parrain et il se réinstalla correctement sur le canapé.

- Peut-être que si toi aussi, tu devrais te laisser allez. Tu ne peux tout de même pas finir ta vie tout seul !

- Et pourquoi pas ? Au moins, il n'y aura personne pour venir me casser les pieds avec des idioties.

- Tu n'es pas obligé de faire comme moi et de te retrouver avec quelqu'un d'idiot.

Tout en jouant du bout des doigts avec les cheveux d'Harry, Draco fixait son parrain, une petite idée derrière la tête.

- Et, hm… Qu'est-ce que tu penses du professeur McGonagall ?

Severus se tourna aussitôt pour fusiller son filleul du regard, ne déclenchant chez lui qu'un incontrôlable fou rire.

- Retire ça immédiatement, ordonna Severus en serrant les dents.

- Pourquoi ? C'est une vieille peau mais vous iriez bien ensemble.

- Qu'insinues-tu au juste ?! Je ne suis pas si vieux ! Et elle était mon professeur quand j'avais ton âge !

Hilare, Draco se pencha vers Harry qui s'était tourné vers Rogue, la fourchette dans la bouche.

- T'as vu ça ? Il est pas content tonton Severus.

Harry détourna le regard pour le poser sur Draco, qui se mit à rire encore plus lorsque Severus s'empara d'un oreiller pour le frapper avec. C'était ridicule, mais il avait cédé à une pulsion.

- N'as-tu donc rien de mieux à faire que de venir m'agacer avec des inepties pareilles ?! S'emporta Severus, frappant plus fort mais n'obtenant rien de plus que des rires.

Loin d'être effrayé par l'adulte, comme il l'avait été jusque-là, et probablement encouragé par l'attitude de Draco, Harry se mit lui aussi à rire en observant son professeur.

- Tonton Sevus il est fâché ! Dit Harry avec un grand sourire.

- Ouais, il est fâché tout rouge, répondit Draco en riant, recevant toujours plus de coups.

- Cesse cela immédiatement ! Hurla l'adulte.

Après de longues minutes, les rires de Draco et la colère de Severus étaient retombés. Harry avait rapidement fini de manger, ne pouvant toujours pas avaler grand-chose, et il avait eu la permission de jouer à côté, sortant les cubes de construction qu'il avait acheté plus tôt dans la journée. Cela permis à Draco de pouvoir dîner à son tour, dans une ambiance plus calme.

- D'aco, il est où Nommy ? Demanda Harry de sa voix fluette, les yeux levés vers l'adolescent.

- Dobby est partit laver ton doudou et tes habits.

Ayant maintenant une réponse à sa question, Harry entreprit d'assembler ses cubes pour construire quelque chose de tout à fait abstrait. Mais, la fatigue aidant, Harry laissa bientôt tomber ses jouets pour s'installer sur les genoux de Draco. Il se cala dans ses bras, la tête posée contre son torse, son pouce retrouvant sa place dans sa bouche.

- C'est dégoûtant, commenta Severus avec une grimace.

- C'est un enfant, répondit Draco sur un ton neutre.

Un silence s'installa, uniquement perturbé par le bois craquant dans la cheminée. Harry avait commencé à bailler et ne tenait plus vraiment ses yeux ouverts. Son sommeil avait été interrompu par son cauchemar et il était toujours aussi épuisé. Encore plus maintenant qu'il avait le ventre plein et qu'il avait dépensé le peu d'énergie récupéré. En voyant ça, Draco se rappela de quelque chose qu'il avait voulu demander à son parrain plus tôt dans la journée.

- Je pourrais te demander un service ? Lança-t-il en se tournant vers lui.

- De quel genre ?

- Tu saurais ensorceler le dessus du lit d'Harry pour en faire un ciel étoilé ?

- Comme le plafond de la grande salle ? Pourquoi veux-tu faire ça ?

- Pour lui faire une veilleuse. Je ne peux pas dormir avec de la lumière et lui fait des cauchemars. Alors je me suis dit que si la veilleuse était au-dessus de sa tête quand les rideaux sont tirés, ça nous conviendrait à tous les deux.

- D'où l'idée des étoiles, pensa Severus.

Ça faisait sens si la lumière venait du plafond.

- Alors, tu pourrais ?

- Oui, sans doute.

Un léger sourire apparût sur les lèvres de Draco et il se pencha vers Harry pour lui demander si ça lui plairait. Le garçon n'écoutait pas vraiment, il s'endormait. Pourtant, il hocha la tête avant de bailler. Comprenant le message implicite, Severus se leva et ensorcela le lit avant de quitter la chambre en rappelant à Draco qu'il ne serait pas dispensé de cours le lendemain. Draco râla pour la forme et porta Harry jusque dans la salle de bain.

Il lui fit se brosser les dents puis le coucha dans son lit, puisque celui d'Harry était encore inutilisable. Draco partit néanmoins choisir un livre et inspira un grand coup, prenant sur lui pour lire l'histoire qu'il trouva stupide et sans queue ni tête au petit garçon qui s'endormi en à peine deux pages. Le voir dormir profondément fut un réel soulagement pour l'adolescent qui n'avait pas envie de s'infliger cette torture plus longtemps. Il posa le livre sur sa table de chevet, couvrit correctement Harry et se prépara pour se coucher aussi.