Le huitième thème du Challenge Plaisir était : une activité que tu adores.
Jo March s'installa derrière son bureau, saisit sa plume dans l'encrier, la tapota contre le bord, puis se mit à écrire sur la feuille devant elle. Son livre « Les Quatre Filles du Docteur March » avait rencontré un franc succès, elle commençait à écrire la suite aujourd'hui « Le Docteur March Marie Ses Filles ». Car après tout, en peu de temps, les trois filles encore vivantes de Mary et Robert March s'étaient mariés. En effet, le décès de Beth les avait tous gravement affectés, mais la vie continuait et il fallait avancer. C'est ainsi que Jo fut la dernière à se marier, après sa petite sœur Amy qui avait épouser leur ami d'enfance, Théodore alias Laurie. Jo, elle, avait épousé Friedrich, un émigré allemand, professeur de langue, très cultivé mais pauvre.
Toutefois, Jo avait hérité de Plumfield, le domaine de la défunte Tante March qui le lui avait légué. Josephine avait décidé d'en faire une école mixte et peu conventionnelle où tout le monde, américain ou étranger, blanc ou non, serait le bienvenu, tant qu'il voulait apprendre. Elle tenait donc l'école avec son époux, et tout se passait très bien. Son éditeur venait de lui demander d'écrire une suite car les lecteurs s'étaient arraché son premier roman, et il voulait donc une suite pour conserver la popularité de son écriture, et ainsi continuer de s'enrichir.
Josephine était donc en train d'écrire, sa deuxième main posée sur son ventre rond, car oui, elle attendait un enfant de Friedrich. La journée de classe était terminée, c'était pourquoi Jo prenait du temps pour écrire. Fritz, comme était parfois appelé Friedrich, arriva avec un plateau contenant leur repas. Il s'assit sur la chaise à côté de celle de sa femme :
-Déjà en train d'écrire, tu n'as pas perdu une minute, déclara-t-il avec son accent à couper au couteau.
-Oui, j'ai eu l'inspiration lors de ma dernière leçon, alors il fallait que je la couche sur papier au plus vite.
-Jo March, toujours aussi impétueuse !
La jeune femme sourit et profita du repas avec son mari. Après quoi, Friedrich posa le plateau sur le côté et lu les premières pages de ce que Jo avait déjà écrire. Depuis qu'ils se connaissaient, Friedrich avait toujours donné son avis sur les écrits de la jeune femme, c'était lui qui lui avait conseillé d'écrire sur ce qu'elle connaissait, sur sa vie, au lieu d'écrire sur des histoires d'épouvantes pour les vendre dans les journaux, même si c'était à la mode en ce moment. Josephine continuait donc sur cette lancée, elle n'arrivait plus à s'arrêter.
Au bout d'un moment, Friedrich regarda sa montre à gousset :
-Il se fait tard, tu devrais arrêter pour aujourd'hui. Les premières classes reprennent dans moins de six heures, tu devrais essayer de dormir un peu. Il faut te ménager, maintenant que tu attends un enfant.
Jo soupira, termina sa phrase et posa sa plume :
-Tu as raison, je n'ai pas vu le temps passer et la chandelle est presque entièrement consumée.
La jeune femme souffla sur la petite flamme et se leva, étirant ses muscles endoloris. Friedrich passa son bras autour d'elle et l'emmena jusqu'à leur chambre, il était grand temps de se coucher. Certes, l'allemand n'écrivait pas, mais il aimait lire les œuvres de son épouse et la conseiller. Il avait vu le potentiel en elle bien avant leur mariage, à l'époque où elle était une apprentie écrivain à New York et qu'ils vivaient dans la même pension de famille.
Friedrich était très fier de sa femme, c'était leur amour pour la littérature qui les avait rapprochés, ça et leurs idées progressistes communes. Car Jo avait toujours aimé écrire, étant plus jeune, elle écrivait des pièces de théâtre qu'elle jouait avec ses sœur dans le grenier. Et étant plus grande, elle avait senti que c'était sa vocation, qu'elle était faite pour ça et qu'elle voulait en faire son métier. C'est pourquoi elle était partie s'installer à New York pour poursuivre sa carrière d'écrivain. Et en plus d'être une femme de lettre, elle était également une personne aux idées modernes et qui n'hésitait pas à les défendre avec force et conviction. C'est ainsi qu'ils s'étaient rencontrés, et le reste, appartenait à l'Histoire.
Fin.
