- " Tu savais que Rafal était ici, au sein de l'école et tu n'en as avisé personne ? "
- " Oh, c'est bête, j'y ai pas pensé. " a répondu la Doyenne du Mal, un sourire en coin.
Leonora Lesso détestait se sentir prise au piège. Difficile de ne pas se sentir à l'étroit face à trois femmes en colère. Elle sourit, ne sachant pas laquelle l'était la plus. Peut-être sa meilleure amie, ou encore Dame Anemone, qui n'a jamais porté les Nevers dans son coeur. Non... la plus en colère était définitivement Agatha, la meilleure amie de Sophie.
- " Rafal est l'incarnation de la malfaisance et ça ne te passe même pas par la tête. "
- " Alors moi, je suis la doyenne de l'École du Mal. Es-tu que cela vous dit quelque chose ? "
- " Ça nous dit surtout que personne dans cet asile de fou ne sait ce qui s'y passe. " a répliqué Agatha, agacée face au sarcasme dont pouvait faire preuve Leonora.
- " Silence, Lectrice. " a claqué Dame Anémone.
Agatha s'est tournée vers la professeur d'esthétique, furieuse. " Ou quoi ? Vous allez me punir pour défaut de sourire ? " La jeune fille marque une pause avant de se tourner vers les Doyennes. " Qu'est-ce que Rafal veut à Sophie ? "
- " Il veut la victoire du Mal ! Pour une fois. "
- " Comment pouvez-vous être aussi naïve ? Il n'aidera pas l'École du Mal. Quand il a voulu tuer le Grand Maître, son propre frère, il ne songeait qu'à détruire nos écoles, l'une comme l'autre, et à garder pour lui toute la magie du monde. "
- " Quelle inspiration, Madame la prof d'esthétique. "
- " Je vous signale que j'ai dirigé la faculté de l'Enseignement de la Magie lorsque vous étiez encore qu'une fillette. "
- " Ah ouais ? " dit Agatha, surprise.
- " Oui. Avant que règne cette insupportable médiocrité qui m'a rétrogradé à l'Embellissement. Parce que vos sourires à la con, j'en ai rien à foutre ! "
Dame Lesso sourit en voyant le professeur Anemone perdre son calme et le perdit aussitôt en voyant Clarissa la dévisager en secouant la tête.
- " En attendant, il faut protéger Sophie. "
- " C'est ce que nous ferons dès que nous l'aurons trouvé. Sophie a disparue. Dame Anémone a raison. Rafal détruira nos deux écoles s'il unit ses forces à celles de Sophie. "
- " Vous mentez. C'est juste une stratégie de plus pour que le Bien l'emporte. "
- " Ce n'est pas une stratégie. Si mon frère est bien revenu d'entre les morts, alors aucun de nous ne devrait survivre, Dame Lesso. Aucun d'entre nous. » Il marque une pause avant de se tourner vers Agatha et le professeur Anemone. « Trouvez Sophie, fouillez bien les deux écoles. "
Dame Anemone et Agatha sont parties, jetant un dernier coup d'œil au Grand Maître. Il s'est approché de Dame Lesso et a posé sa main sur son épaule.
- " Quand à vous, Dame Lesso, il est temps pour vous d'admettre de quel côté vous êtes. "
- " Lâchez-moi. Je n'écouterai pas un mot de plus. " La mâchoire de Leonora s'est contractée quand le Grand Maître a resserré son emprise.
- " Je suis désolé que les choses se passent ainsi. " a-t-il répondu. Il s'est tourné vers la seconde Doyenne, qui était restée silencieuse. " Restez avec elle, Dame Dovey. Je compte sur vous. "
Avant que les Doyennes ne puissent répondre, le Grand Maître a secoué son poignet, faisant s'écrouler Dame Lesso dans les bras de Clarissa Dovey.
Les deux femmes avaient été transporté dans les appartements du Grand Maître. Leonora était placée sur le grand lit qui trônait dans la pièce tandis que son amie se tenait à ses côtés, assise sur ce même lit, une main caressant les cheveux roux de la Doyenne du Mal. Cette dernière avait commencé à s'agiter, malgré les tentatives de Dame Dovey pour qu'elle se calme. Leonora finit par ouvrir les yeux. Elle a froncé les sourcils en voyant son amie avant d'écarquiller les yeux. Elle s'est redressée en regardant autour d'elle.
- " Tout va bien. Nous sommes dans les appartements du Grand Maître. " lui dit calmement Clarissa en posant sa main sur son épaule.
- " Non, ça ne va pas. Cet enf... embêtant personnage n'avait pas besoin de faire ça. " Leonora était enragée et humiliée à la fois. " Où est-il ? "
En voyant le regard de Clarissa, Dame Lesso a secoué la tête. Il est parti chercher Rafal. Sans doute pour l'arrêter une bonne fois pour toute.
- " Clarissa, tu dois m'écouter. Rafal ne doit pas mourir. La balance entre le Bien et le Mal doit être respectée. "
Clarissa soupira en se levant du lit. Elle s'est dirigée vers la fenêtre de la Tour.
- " C'est à toi d'écouter Leonora. Rafal ne veut qu'une chose : détruire nos écoles. Je ne sais pas ce qu'il t'a promis mais il te ment. Si tu ne fais pas confiance au Grand Maître, très bien, mais tu dois me faire confiance. Je suis ton amie. Et je ne te laisserai pas retomber dans les bras de Rafal sans rien faire. "
- " Dans ce cas, il faut croire que nous ne sommes pas amies. " a répliqué sèchement la rousse. " Rafal m'a tout donné. Il a cru en moi lorsque tout le monde m'a tourné le dos. "
La Doyenne du Bien a regardé son ami. Comment ont-elles pu en arriver là ? Leonora était têtue, elle n'allait pas abandonné Rafal, même si elle devait y laisser la vie. Clarissa réfléchit à un moyen de convaincre Leonora.
- " Le Bien pardonne. "
- " Qu'est-ce que tu racontes ? "
- " Le Bien pardonne. Peut importe nos choix, nous avons toujours été ensemble. Mais, malgré tout le bien dont je peux faire preuve, je ne pourrais jamais te pardonnerai si tu choisis Rafal à notre amitié. Notre amitié compte pour toi autant qu'elle compte pour moi, je le sais. Tu ne peux pas laisser Rafal nous détruire. "
- " Je crois que nous n'avons plus rien à nous dire, Princesse. "
Quelques heures plus tard... dans la Tour du Grand Maître.
Leonora était à la fenêtre, observant un quelconque signe de vie des Jamais ou des Toujours. Elle s'inquiétait de plus en plus pour Rafal et, contre toute attente, pour Sophie. Les paroles de Clarissa tournaient en boucle dans sa tête et la Doyenne commençait à regretter d'avoir mêler la blonde à toute cette histoire. Mais comment pouvait-elle choisir son amie, sa némésis, face à son mentor, celui qui lui avait tout appris. Rafal l'avait sorti de l'enfer qu'elle vivait avec sa famille maltraitante. Elle ne pouvait pas lui tourner le dos lorsque les choses commençaient à se corser.
Le coeur tiraillait entre les deux personnes qu'elle aimait le plus au monde, elle s'est tournée vers sa meilleure amie. Des larmes coulaient le long des joues de la princesse. Leonora s'est approchée de son amie, le coeur lourd.
- " Je suis désolée Princesse. " Elle essuya les larmes de la Doyenne du Bien qui se jeta dans ses bras.
- " S'il te plaît Leonora. Ne laisse pas Rafal gagner... Je ne suis pas assez forte pour te perdre. J'ai besoin de toi à mes côtés. "
Leonora sentait les larmes lui monter aux yeux en se rendant compte de l'amour que sa meilleure amie lui témoignait. Malgré leur différence, les deux femmes étaient loyales l'une envers l'autre. Elles se tiendraient côte à côté jusqu'à la fin s'il le fallait.
- " Je ne te laisserai jamais tomber. "
- " Je suis content d'entendre ça. " La voix du Grand Maître retenti derrière les deux femmes. " Mesdames. Encore une fois, le Bien a triomphé du Mal. "
- " Que s'est-il passé ? Où est Rafal ? Et Sophie ? " a demandé Leonora.
- " Je suis désolé, mon enfant. Mon frère est mort, Agatha l'a vaincu. Sophie a pu être sauvé, juste à temps. "
- " Tout comme il était censé être mort la première fois ? " se moqua la rousse.
- " Il ne reviendra pas. " Le Grand Maître s'est approché de la Doyenne du Mal. " Mon frère ne reviendra pas. "
- " Non. "
Clarissa a fait un pas vers son amie et la prise dans ses bras. " Je sais... Je comprends. Tu as le droit d'être triste. "
Un sanglot a échappé des lèvres de la Doyenne du Mal qui s'est effondrée dans l'étreinte de son amie. Elle en avait besoin, plus que jamais. La présence de Clarissa avait toujours été bénéfique pour elle, bien qu'elle le nierai si quelqu'un osait le prétendre. Aucune des deux femmes n'avaient remarqué le départ du Grand Maître.