Leonora Lesso a pris d'assaut son bureau, fermant rapidement la porte derrière elle.

Sa poitrine se levait frénétiquement, comme s'il n'y avait pas d'air dans la pièce. Elle a regardé ses mains avec l'impression que ce n'était pas les siennes.

Les mains tremblaient...

Elle a regardé autour d'elle. C'était son bureau, bien sûr, une température froide, un bureau en bois noir, des murs bordés d'étagères remplies de livres sur toutes sortes de sujets, une collection de potions sur une étagère, mais quelque chose...

Quelque chose n'allait pas.

Il ne peut pas être mort, il ne peut pas, il a dit... il a dit qu'il gagnerait.

Elle s'est rattrapée sur le mur, a regardé la main se déplacer le long du mur.

Ce n'était pas normal. Comme si ce n'était pas vraiment réel.

La douleur a traversé sa jambe alors qu'elle se rendait à son bureau, la faisant céder sous son poids. La doyenne du mal s'est effondrée à genoux.

Tu es faible, un échec, sans valeur, inutile. Il est parti, tu es seule, il n'y a plus personne, il t'a remplacé et maintenant il est parti, parti, tu es seule, seule, remplacée, il te trouvera, tu ne peux pas te cacher, tu ne peux plus faire ça.

Elle a frappé le sol de son poing.

« Non ! Il est parti ! Il ne peut pas me faire de mal, c'est impossible ! Il est parti ! » a-t-elle crié à la pièce vide.

Sophie était juste meilleure que toi. Plus forte... Elle n'avait aucune faiblesse. Pas comme toi...

« Menteur ! »

Sa main a attrapé aveuglément le bureau, tirant un petit couteau vers elle. Elle a déchiré sa manche, appuyant la lame contre sa peau nue.

« Menteur. Je... Je ne suis pas faible. » a-t-elle murmuré, ses yeux se durcirent alors qu'elle coupait la peau de son bras avec la lame. Une douleur aiguë lui a traversé le bras.

Sombrement, elle s'est souvenue qu'elle n'avait pas nettoyé le couteau après avoir coupé le thym pour l'une de ses potions.

Elle a regardé le sang couler le long de son bras vers son poignet pendant un moment avant de fermer les yeux, se concentrant sur la douleur.

Ce n'était pas suffisant. Elle a posé la lame sur son bras une fois de plus avant de se couper avec un grognement. Une douleur aigüe a traversé son bras, une fois encore.

Encore. Refais-le. Tu le mérites, tu mérites de souffrir. Tu es faible.

Une autre coupure. Le sang s'est accumulé sous sa main. Elle a essayé de respirer calmement, mais ses poumons brûlaient.

Tu as vu ce qu'elle a fait, tu as entendu ce qu'il a dit...

« Tu te dérouilles si bien... Sophie... »

« La ferme ! Il n'a pas... je lui ai tout donné ! Il ne me ferait pas ça ! Il... Il est parti quand même ! Ça n'a pas... ça n'a pas d'importance. »

Il est parti... Tu es toute seule... Penses-tu vraiment que Clarissa se soucie de toi ? Bien sûr que non. Pourquoi ferait-elle une chose pareille ?

Dans un sanglot, la sorcière enroula ses bras autour d'elle. Le tissu a brûlé lorsqu'il est entré en contact avec ses blessures. Elle s'en moquait. Elle ne se souciait pas non plus du sang sur son manteau, son gilet et sa chemise.

« Seule... il m'a... laissé... seule... elle n'est pas... elle peut faire mieux, elle trouvera mieux que lui, elle partira aussi... » s'est-elle murmurée. Les larmes coulaient le long de ses joues et tombaient sur le sol en pierre.

Qu'est-ce qu'elle était censée faire ? Il n'y avait rien, rien sur quoi se concentrer, rien, tout le monde l'a laissé après tout, même Clarissa, et elle ne pouvait pas être seule à nouveau...

Rafal état parti, comme la plupart des gens qu'elle connaissait. Catherine, Maléfique, disparue. Clarissa était partie avant, elle recommencerait. Alors, elle sera toute seule. Elle savait que la plupart de ses collègues ne se souciait pas d'elle. Pourquoi est-ce que ce serait le cas ?

Elle était méchante. Elle était incapable d'aimer. Clarissa n'était avec elle que par pitié. Pitié pour une sorcière faible et pathétique.

Une main sur sa joue la forçait à lever les yeux, croisant un regard sanguin.

« Bonjour, Nora. »

« Toi... mais... tu es mort. Tu... Tu n'es pas réel. Va-t'en. » elle le regardait avec de grands yeux, choquée.

« Je ne te quitterai jamais, petite Lectrice. » murmura-t-il, tournant la tête de Lesso de droite à gauche.

Il a ri. « Je fais partie de toi. Je suis tout ce que tu as. Ça a toujours été le cas. Et tu es à moi. Cette Toujours ne se souciera jamais de toi, elle te quittera, tout comme elle l'a fait par le passé. Je suis tout ce que tu as. » Il eut un sourire narquois. « Tellement pathétique. Tu devrais être reconnaissante, et à la place, tu nies ma présence. » « Non, non, elle a dit... »

Sa main se resserra sur son visage. « Tu es à moi. Tu seras toujours à moi. Je suis ton maître, Lectrice ! Tu m'obéis, ou je ferais en sorte que tu la blesses. Tu es ma marionnette, et tu dois être reconnaissante. Au moins, tu peux m'être d'une utilité. Souviens-toi, je suis toujours avec toi. Peu importe où tu vas, tu ne peux pas m'échapper, Nora. Jamais. »

Lesso n'a pas argumenté. Comment aurait-elle pu ? Il avait raison. Tout le monde est parti. Ce n'était qu'une question de temps.

Un coup a retenti à travers la pièce, Leonora tourna la tête en direction des lourdes portes en chêne. Quand elle a regardé en direction de Rafal, il était parti.

« Leo ? Tu es là ? » la douce voix de Dovey a retenti.

Il est... mort.

« Leonora ? »

Leonora sentit ses doigts serrer ses côtés, elle pouvait sentir ses côtes à travers le manteau lourd qu'elle portait.

« Je... » elle s'étouffa, avec de tousser, sa poitrine se levant rapidement.

« Je rentre, d'accord ? » a demandé Clarissa. Après un moment de silence, le grincement de la porte a résonné dans la pièce.

Le cœur de la sorcière s'est arrêté en entendant les bruits de pas se rapprocher.

Faible, faible, elle le verra, elle verra à quel point tu es pathétique, elle te détestera, elle t'a oublié par le passé, elle recommencera.

« Oh, Leonora... »

« Clarissa, je... »

Les yeux émeraudes de la sorcière, remplis de peur, se posèrent sur la Doyenne du Bien.

Elle sait, elle sait qui tu es, elle sait que tu es une fraude, que tu es faible, que tu n'es rien, rien d'autre qu'une lectrice pathétique, elle va te détester maintenant ! C'est la dernière goutte, maintenant c'est fini, elle va partir une bonne fois pour toutes.

Clarissa s'est agenouillée sur le sol devant l'autre femme. « Regarde-moi, tout va bien. C'est encore lui ? »

Chaque partie d'elle voulait arrêter. Arrête, arrête, c'est mal, tu es faible, ne la laisse pas te voir dans cet état, arrête de lui montrer ça. Elle hocha la tête.

« Il ne peut pas te faire de mal, Leonora. Il est parti. Je suis là maintenant. »

Leonora avala sa salive avant d'ouvrir la bouche pour répondre, mais elle se figea. Rafal se tenait derrière Dovey, les mains derrières son dos, fixant Leonora.

« Je ne suis jamais parti. Tu vas les blesser. La blesser. Fais-le. Prend le couteau, je sais que tu veux le faire. Rend-moi fier, Leonora. Montre-moi que tu es digne de moi. »

Une main pâle et tremblante s'est déplacée lentement vers la lame, agrippant la poignée froide en métal.

« Non ! » a-t-elle crié à l'homme en rouge, se reculant davantage des deux personnes.

Clarissa a regardé par-dessus son épaule.

« Non, je ne lui ferai pas de mal ! Va-t'en ! » a crié Leonora.

Clarissa a tendu la main vers la rousse. « Mon amour, il n'y a personne, à qui parles-tu ? À qui tu ne vas pas faire de mal ? »

« Fais-le, tu sais comment faire, tu as appris comment faire, tu as déjà tué, tue-la, détruis ta némésis ! »

Leonora a mis ses mains sur ses oreilles, essayant de bloquer ses mots. « Non, non, va-t'en ! »

Le métal du couteau était froid contre sa peau.

« Je... je vais... »

« Leonora, s'il te plaît, regarde-moi, ne l'écoute pas. »

« Il est... Clarissa, je... tu dois partir. Il va... »

« Rafal est parti, Leonora. Il n'est pas réel. Tu dois me croire. »

« Il n'est pas parti ! Il n'est jamais parti, il ne partira jamais, il sera toujours là, il a toujours été là, il... »

« Lesso, s'il te plaît, pose ce couteau. »

Leonora regarda la lame qu'elle tenait dans sa main à travers des yeux flous.

« Faible. Tu es pathétique, elle s'offre à toi sur un plateau d'argent ! Fais-le, Nora ! »

« Non ! » a-t-elle crié, lançant le couteau en direction de Rafal.

Il a claqué contre le mur.

Rafal était parti, une fois de plus.

Leonora a regardé le mur avec des yeux écarquillés. « Je... »

Il va te blesser, il va te tuer, qu'est-ce que tu as fait, tu as tout gâché, tu as tout ruiné, qu'est-ce que tu as fait ?!

« Mon amour, tu dois respirer. »

Les yeux émeraudes ont rencontré les yeux brun chocolat de l'autre doyenne. Tue-la, tue-la, prend le couteau, tu peux le faire, rachète-toi, montre-lui que tu en vaux la peine, continue, fait-le, fait-le !

« Je vais te toucher, d'accord ? »

Un faible hochement de tête. Des bras forts ont enveloppé Leonora, la tirant près de la Doyenne du Bien.

« Tu es blessée... »

« Ce n'est rien, ne t'inquiète pas, je... » Leonora a secoué la tête.

« Donne-moi ton bras. »

« Non, non, s'il te plaît, je vais bien, ce n'est rien ! »

« S'il te plaît ? »

Leonora a tendu son bras vers Dovey et a senti ses doigts inspecter les coupures. Pendant un instant, le bras de Leonora a brûlé, la faisant siffler de douleur. Puis, la douleur est partie.

« Qu'est-ce que... » la rousse dévisagea son bras. « Je ne voulais pas... je suis désolée. Je ne voulais pas... » elle s'est étouffée, ses larmes coulant à flot le long de ses joues.

« Tout va bien. Tu es en sécurité. Je te tiens. »