Zoro/Usopp

« Hôpital »

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Zoro s'ennuyait à mourir.

Il savait pourtant que c'était de sa faute s'il était là. Comme il savait qu'il n'allait pas rester très longtemps dans cet hôpital austère : c'était l'histoire d'encore une heure ou deux, tout au plus. Le temps de surveiller un peu ses constantes, de terminer la paperasse et que savait-il encore. C'était toujours long, les passages à l'hôpital. Il le savait pour y atterrir très souvent, parce qu'il se retrouvait plus ou moins volontairement mêlé à une bagarre qu'il jouait un peu trop au casse-cou ou comme ce jour-là, parce qu'il était moins attentif que d'habitude durant son entraînement de kendô.

La porte de sa petite chambre s'ouvrit en trombe et l'arracha de ses pensées dans un sursaut. Il tomba immédiatement sur le regard aussi furieux qu'inquiet d'Usopp. Et cela ne l'étonna pas outre-mesure.

- ... Nan mais vraiment, hein ! brailla le brun.

- Ça va, c'est rien, maugréa-t-il pour se défendre. C'est à peine cassé.

- « À peine cassé » ?! Nan mais tu t'entends parler ?!

Son petit-ami le rejoignit près du lit et avisa son bras aussi bien emballé qu'un paquet cadeau à Noël et sagement maintenu par une attelle accrochée en écharpe. Zoro vit clairement les yeux noirs se voiler d'angoisse un court instant.

Il ne savait pas s'il trouvait ça mignon ou non qu'Usopp se fasse autant de souci pour lui. Il avait pourtant l'habitude de se faire mal. Tant que ça ne l'emmerdait pas pour bouger et vivre, ça ne le perturbait pas plus que ça. Mais Usopp, son mignon petit Usopp qui lui semblait encore un peu plus anxieux qu'il ne l'était déjà au jour le jour depuis qu'ils s'étaient mis ensemble, avait l'air de prendre toutes ces blessures bien plus à cœur que lui. Zoro soupçonnait sa trop grande empathie d'être à l'œuvre et de souffrir par écho sans pouvoir s'en empêcher...

À moins que l'idiot ne commençât à se laisser un peu trop aller dans son amour naissant pour lui, comme il le flairait ces dernières semaines.

Les yeux noirs se relevèrent sur lui une fois leur observation stressée accomplie et ils leur envoyèrent des éclairs.

- C'est la troisième fois en quatre mois, Zoro.

Il haussa une épaule.

- C'était rien non plus les trois premières fois.

- Mais comment tu peux dire que c'était rien ?! La dernière fois, t'as pas pu marcher sans béquille pendant deux semaines ! Et ton petit doigt, tu vas oser me dire que tu peux toujours le bouger normalement ?!

Zoro jeta un œil au susmentionné et tenta de le plier, même en connaissant déjà la réponse : c'était un grand non. Le membre tremblait légèrement lorsqu'il essayait de le refermer au plus de la moitié de sa motricité normale.

Usopp laissa échapper un léger grognement agacé.

- Et avec ton bras en écharpe, tu vas manger comment ? Tu vas te laver comment ?!

- J'sais pas. J'vais me démerder.

- Zoro, tu m'souuuuuuuules ! explosa-t-il pour de bon en s'attrapant son imposante touffe de cheveux frisés. Évidemment que tu vas pas te « démerder » et que je vais venir t'aider chez toi !

Le blessé haussa un sourcil.

- ... Mais j't'ai rien demandé.

Il se heurta à une expression aussi mécontente que déterminée.

Il commençait à la connaître celle-là et il savait qu'il était mal barré. Usopp l'étonnait vraiment depuis qu'ils s'étaient mis ensemble : il avait énormément changé depuis le lycée, il fallait dire. Et peut-être que leurs quatre belles années d'amitié proche l'avaient empêché de réaliser comme l'adolescent renfermé et peureux avait peu à peu laissé sa place à un jeune homme bien plus sûr de lui et qui n'hésitait pas à ouvrir sa gueule pour faire comprendre aux autres quand ils dépassaient les bornes, ou simplement pour qu'ils arrêtent de le faire chier.

À moins que ça ne soit le manque flagrant d'intérêt de Zoro dans l'observation de ses pairs. Peut-être plutôt ça.

- ... Ça t'arrange, hein ? supposa-t-il avec un sourire aussi amusé que moqueur en coin. Si tu viens jouer les infirmières, ça te donne une super excuse pour dormir chez moi et me coller au train comme t'adore le faire...

Usopp soutint son regard, les bras croisés sur son torse et son air autoritaire qui refusait de céder à la décontraction de son mec. Mais au bout de quelques secondes, Zoro vit clairement la peau mâte de ses joues s'empourprer magnifiquement d'un air gêné. Usopp s'affala sur lui pour le prendre dans ses bras, et probablement pour cacher son visage dans son cou.

- ... J'vois pas de quoi tu parles.

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Comme vous l'avez compris, ces deux-là sont amis de longue date mais sortent ensemble peu, à peine trois mois je pense. Faut encore que j'éclaircisse tout ça dans ma tête.
Sinon, Zoro a beau être un super perso, je pense qu'il doit être une horreur en couple. J'dis ça j'dis rien xD