Ce texte répond au défi n°206 de la Bibliothèque de Fictions : défi de mots cette semaine ! Vous devez placer les mots "plante" "amour" "forêt" "lumineux" "flaque". Vos personnages doivent être dans une relation toxique.


Le Vicomte de Valmont était en train de se promener en forêt avec la belle Madame de Tourvel. Il trouvait bien plus gratifiant de séduire la vertueuse femme car son amie, la marquise de Merteuil l'avait mis au défi de séduire la jeune Cécile de Volanges qui devait épouser l'ex-favori de la noble. Mais Sébastien de Valmont, lui, avait jeté son dévolu sur une proie plus difficile à obtenir. Car Sébastien était libertin, mais il n'était pas un féru d'amour. Toutefois, plus Marie lui résistait, et plus il tombait amoureux d'elle. Toutefois, le noble avait honte, car sa relation avec la vertueuse Marie de Tourvel était fausse et ne mènerait sur rien de bon, c'était évident. Car Isabelle de Merteuil était sans pitié, et elle les détruirait quand elle apprendrait que Sébastien était tombé amoureux de Marie et qu'il n'avait pas envie de séduire Cécile !

L'après-midi était lumineux, les rayons du soleil filtraient à travers les feuilles, donnant une lueur irréelle à cette forêt. Sébastien attira Marie contre lui quand il vit qu'elle était sur le point de marcher sur une immense flaque. Marie sourit avec une immense gratitude :

-Merci beaucoup, vous m'avez évité un énorme embarras.

Sébastien en avait la nausée, il ne voulait pas lui briser le cœur, mais en voyant ses yeux, il savait que c'était trop tard, elle était déjà folle amoureuse de lui. Le cœur du Vicomte se remplit à la fois de joie et de honte, il ne pouvait pas retourner en arrière, mais il aurait voulu ne jamais avoir cette idée stupide de la séduire. C'était lui qui avait été pris à son propre jeu, et non elle ! Marie, elle, n'était que beauté, sincérité, vulnérabilité et douceur. Ils continuèrent d'avancer, et la jeune femme s'arrêta devant une magnifique fleur, se penchant pour humer son parfum :

-Mais qu'elle est belle et elle sent divinement bon !

-Mais cette plante est loin de vous arriver à la cheville, Madame.

-Que vous êtes beau parleur mon cher Vicomte.

Sébastien se sentit plus misérable qu'un chien, il se détestait tellement à cet instant précis. Séduire était naturel chez lui, il le faisait sans même y penser, et jamais il ne prenait le temps de réfléchir au fait que les femmes en face pouvaient souffrir d'une telle attitude. Tout ce qu'il voyait, c'était son propre plaisir, et rien de plus. Marie l'observa :

-Tout va bien Vicomte ?

-Oui, ne vous en faites pas. J'ai l'esprit ailleurs, mais cela va passer, ne vous en faites pas.

Il mourait d'envie de lui dire qu'il jouait la comédie, que tout cela était parti d'un pari stupide avec la marquise de Merteuil, mais il ne voulait pas la perdre. Il était réellement épris d'elle à présent, et il ne voulait pas lui avouer qu'il avait été la victime de sa propre farce, qu'il l'aimait à en devenir fou, qu'il en avait perdu le sommeil et l'appétit, qu'il envisageait le mariage et le fait de fonder une famille pour la première fois de sa misérable vie. Toutefois, Sébastien ne dit rien et se contenta de sourire, il n'avait pas le courage d'avouer la vérité à Marie car il ne voulait pas lire le dégoût dans ses yeux. Perdre des maîtresses ne l'avait jamais dérangé, mais perdre Marie pourrait le tuer, il le savait. La jeune femme tourna la tête vers lui et posa une main sur son bras :

-Vous êtes pâle tout à coup, peut-être devrions nous rentrer ?

-L'air frais me fait du bien.

-Pourtant vous tremblez et vous semblez sur le point de défaillir. Faites-moi plaisir Vicomte, rebroussons chemin, je ne veux pas que vous ayez un malaise en pleine forêt.

-Je ne mérite pas votre bonté Madame, croyez-moi.

-Ne dites pas de sornettes, la fatigue vous fait dire n'importe quoi.

Elle passa son bras sous le sien et sourit en lui faisant tourner les talons. Sébastien se sentait encore plus mal, elle ne voyait pas qu'il n'était qu'un monstre. Elle aurait dû le gifler, hurler, le griffer, pleurer, mais au lieu de ça, elle lui souriait, le regardait avec tendresse et prenait soin de lui. Il se dégoûtait au plus haut point et priait pour que cette mauvaise blague s'arrête au plus vite, car il ne voulait pas infliger plus de souffrance à cette pauvre Marie, qui elle, méritait le bonheur et un homme bon. Bientôt, le duo quitta la forêt, et Sébastien sentit la nausée l'assaillir à nouveau lorsqu'il distingua la marquise de Merteuil devant chez lui, alors qu'ils approchaient du manoir. C'en était fini de lui, il ne pourrait plus jouer la comédie, et tout allait se finir maintenant, dans les larmes, et peut-être même dans le sang ! Sébastien aurait aimé que cet instant dans la forêt quelques minutes plus tôt, quand il avait attiré Marie contre lui pour éviter la flaque, ne s'arrête jamais car il avait senti que c'était l'instant parfait, mais que c'était cet instant précis qui sonnait le glas de la décente en Enfer qui l'attendait. Il savait que l'horreur arrivait, il lui suffisait de voir le sourire cruel sur le visage de la marquise pour savoir qu'elle s'était lassée de tout cela et qu'elle allait faire éclater la vérité. Sébastien savait que tout était fini à présent, ce bonheur fugace qu'il avait vécu avec Marie, bien qu'en lui cachant ses réelles intentions, cet amour qu'il avait fini par ressentir, tout allait s'envoler en fumée dans un instant, car déjà la marquise s'exclamait :

-Vicomte, Madame de Tourvel, quelle surprise de vous trouver bras dessus-bras dessous alors que rien de tout ceci n'est vrai !

Le reste, Sébastien l'entendit à peine, car il avait vu le visage de sa bien-aimée se décomposer, et il avait presque pu entendre son pauvre cœur se briser, en écho du sien, qui avait éclaté en milles morceaux. À part cela, le vicomte n'entendait plus que des sons lointains, tout ce qu'il voyait, c'était Marie qui pleurait à chaudes larmes, qui se tourna vers lui, le suppliant du regard de lui fournir des explications. Et comme il ne répondait pas, elle se mit à le frapper, et à hurler, même si Sébastien ne l'entendait pas. À cet instant, il n'arrivait pas à détourner son regard du visage de la marquise, qui avait son sourire le plus cruel et son air le plus victorieux qui soit. Sébastien était en train de tomber dans un gouffre sans fond, et il savait que la Mort ne tarderait pas à l'emporter, car il venait de perdre l'amour de Marie, alors plus rien n'avait d'importance.


Fin.