Bonjour !

DISCLAMER : L'univers et les personnages ne m'appartiennent pas, malheureusement ^^

Bonne lecture ! ^^


Un rire. Je lève la tête du bébé et voit Matthew au lieu d'Henry. Je fronce les sourcils.

– Un voyageur poussiéreux et en sueur peut-il entrer ? demande-t-il avec un sourire, la main sur l'encadrement de la porte.

Il trépigne d'impatience, je le vois. Mais je ne comprends pas. Anna rit à sa déclaration et nous laissons seuls comme si rien n'était jamais arrivé, comme si Matthew n'était jamais mort. Il s'approche de moi.

Suis-je en train de rêver ? Oui, c'est nécessairement un rêve. Matthieu ne peut pas être là devant moi.

– Dites bonjour à votre fils et héritier, dis-je sans me contrôler.

Il me prend le bébé des bras en poussant une petite exclamation extatique, puis s'éloigne, me privant de la joie d'apercevoir un peu plus longtemps son visage.

– Bonjour, mon cher petit bonhomme, dit-il à notre fils. Ah ! Je me demande seulement s'il est déjà conscient de tout le bonheur qu'il nous apporte, reprend-t-il en se tournant vers moi. Et vous, comment allez-vous, mon amour ? Franchement.

– Fatigué. Et bien soulagée, répondis-je en reprenant les exactes mêmes paroles que j'ai déjà prononcées.

Ce n'est pas complètement faux. Je suis épuisée, mais si heureuse de revoir son visage, bien que cela ne soit qu'un rêve, j'en suis convaincue.

Il rit légèrement.

– Vous rendez-vous compte ? Nous avons fait notre devoir. Downton est sauvé. Papa doit sûrement danser la gigue.

– Mais c'est moi qui danse la gigue ! me détrompe-t-il, l'air rayonnant. J'ai l'impression d'avoir avalé des feux d'artifice.

Moi aussi, mais je ne crois pas que ce soit pour les mêmes raisons. Parce que je sais ce qui nous attend.

Il se rapproche de moi et remet George dans mes bras avant de se rasseoir sur la chaise près de mon lit.

– Vous allez être la plus merveilleuse des mères.

Je tourne ma tête vers lui. Quelque chose a changé dans mon souvenir. Je ne peux m'empêcher de pleurer. Je sais que je n'ai pas été la plus merveilleuse des mères durant les premiers mois de sa vie. Je ne supportais pas sa vue. Il me rappelait tellement son père et ce qu'il manquait.

– Comment le savez-vous ? dis-je d'une voix brisée.

Il se penche vers moi avec tendresse et prend l'une de mes mains dans les siennes pour la caresser.

– Parce que… Parce que vous êtes la plus merveilleuse des femmes, me répond-t-il en se mettant à genoux sur le sol, se collant tout contre moi.

Jusqu'ici, je n'avais pas réalisé à quel point la chaleur de son corps me manquait. J'ai pourtant partagé mon lit avec deux hommes depuis sa mort, mais rien de comparable. Je n'étais pas amoureuse de Tony. Et les choses sont très différentes, beaucoup plus intenses avec Henry. Alors que je sentais Matthew m'envelopper de toute son affection, sa tendresse, son amour. Tous ses sentiments se propageaient à moi comme si nous étions liés, que nous ne formions plus qu'un. Et c'est cette sensation que je retrouve maintenant. Bien qu'elle ne soit qu'illusoire.

– J'espère qu'il me sera accordé d'être votre Mary Crawley pour toute l'éternité, dis-je, les yeux toujours humides, sachant que ce ne serait pas le cas. Et non pas une variante d'Edith ou de peut-être, d'ailleurs.

– Vous serez ma Mary pour toujours. Parce que la mienne est la vraie Marie. Ne savez-vous pas à quel point vous me rendez-vous heureux ?

Des larmes coulent à nouveau sur mes joues sans que je me donne la peine de les retenir. Sa main qui utilise la mienne monte jusque sur mes joues et les essuient. Je vois tout son amour dans ses yeux et une étincelle. Quelque chose que je ne saurais décrire. Une certaine tristesse, peut-être ?

– Vous parlez comme un étranger, dis-je, suivant instinctivement les paroles de mon souvenir. Ne devriez-vous pas plutôt me dire : « Vous serez debout et remis en un rien de temps. » ?

Il rit et secoue la tête. Son autre main vient caresser celle de George.

- Non. Je vous dirais que c'est demain. Mais pour l'instant, j'ai seulement envie de vous dire que chaque jour qui passe me rend un peu plus amoureux de vous. Et que cela ne changera jamais quoi que vous fassiez ou que vous ayez pu faire, me dit-il.

Cette dernière phrase, il ne l'a jamais prononcée. Je fronce les sourcils, alors que mes yeux commencent à s'assécher. Une fois de plus, je suis ce que me dicte mon instinct.

– Je vous le rappellerai, chaque fois que je rayerai la voiture, répondis-je avec un sourire amusé, alors que je voulais simplement lui dire que moi aussi je l'aimais.

Il rit de nouveau.

– D'accord. Vous avez ma permission.

– Où sont les autres ?

– De retour à la maison. Et impatients de vous voir. De vous voir tous les deux. Mais j'ai envoyé mère les empêcher de venir. Je voulais avoir la chance d'être seul… avec ma famille.

Je retiens ce que j'ai dit la première fois : « Vous devriez aller leur dire. ». Et me contente de dire :

– Votre mère jugera le moment opportun pour les laisser venir. En attendant, donnez-moi un baiser. Je crois que je l'ai mérité.

Nos yeux convergent l'un vers l'autre. Il n'y a plus de larmes dans mes yeux. Je peux profiter à loisir de son magnifique regard bleu.

– Ça vous l'avez mérité, c'la ne fait aucun doute, répond-t-il en capturant mes lèvres dans un doux baiser.

Il se retire avec un sourire rayonnant et commence à se lever.

– Je devrais aller le leur dire, dit-il finalement.

– Non, restez ! dis-je plus fort que je ne l'aurais voulu.

Le bébé s'agite dans mes bras.

Matthieu me regarde avec un sourire triste. Il m'embrasse à nouveau avec toute la douceur du monde et je souhaite que jamais cela ne cesse, que jamais je ne me réveille. Mais il se retire à nouveau, les yeux brillants d'amour et de tristesse.

– Je dois aller leur dire. Vous devez me laisser partir, vous le savez. Nous nous retrouverons… un jour. Espérons-le, dans de nombreuses années.

Mes sourcils se froncent davantage et je sais qu'il sait ce que cela implique de partir.

Mes rêves sont vraiment horribles. Je ne veux pas avoir à attendre de nombreuses années avant de le revoir.

– George et votre nouvelle fille ont besoin de vous. Et vous m'avez dit, sur ma tombe, vous avez retrouvé un homme que vous aimez. Alors tout ira bien jusqu'à ce que nous nous rétrouvions, m'assure-t-il.

– Mais je vous aime tellement.

Ma voix est si faible, si fragile.

Et l'image de Matthew s'efface tout comme la sensation du bébé dans mes bras.

Tout devient sombre et je vois le sourire de mon défunt mari.

– Je le sais, me répond-t-il.

Je me réveille en sursaut, les mots de Matthew résonnant encore à mes oreilles. Anna est à côté de moi avec Caroline dans les bras.

– Je suis désolée, Madame. L'infirmière m'avait dit que vous étiez réveillée. Et Mr Talbot souhaite également vous voir.

– Je l'étais, répondis-je, me sentant comme si je ne venais pas de m'endormir.

Je me redresse et tends les bras vers ma fille. Anna me la tend et fait entrer Henry.

Je souris.

Je pleure.

Elle est dans mes bras.

Ma fille. Ma Caroline. Notre Caroline.

Je sens que mon cœur est sur le point d'exploser.

Je me souviens avoir déjà ressenti un tel bonheur, mais il avait très vite été obscurcit par l'horreur lorsque maman était entrée pour m'annoncer que Matthew n'avait jamais atteint Downton Abbey. Le souvenir de ce rêve me donne mal à la tête.

– Ne pleurez pas ainsi, vous avez fait un merveilleux travail, sourit Henry en caressant ma joue pour essuyer mes larmes.

Je laisse échapper un petit rire et tente de repousser les autres larmes qui viennent. Je glisse notre fille dans ses bras et son sourire est aussi grand, aussi resplendissant que l'était de Matthew lorsqu'il a tenu notre fils George dans ses bras pour la première et dernière fois. Je me souviens à la perfection de sa joie lorsqu'il m'a dit : « C'est moi qui danse la gigue ! J'ai l'impression d'avoir avalé des feux d'artifice. ».

– J'espère que vous n'êtes pas déçu que ce ne soit pas un garçon, dis-je avec un sourire amusé.

– Déçu par l'enfant que vous m'avez donné ? Jamais. Je voudrais crier au monde entier à quel point, je suis heureux.

Je souris. Je ne doutais pas vraiment qu'il puisse être déçu d'avoir une fille et non un fils. En réalité, pendant toute la grossesse, je ne me suis jamais demandé si je préfèrerais avoir une fille ou un second fils. Je savais que je devais donner un héritier lorsque j'étais mariée à Matthew, mais aujourd'hui, je n'avais aucune exigence. Et j'en suis très heureuse. Qu'il est libérateur de ne pas sentir cette contrainte. Pourtant, je ne parviens pas à chasser cette appréhension de mon estomac.

– Ma chérie, vous vous présentez bien ? interrogea Henry.

Il me fixe de ses yeux inquiets et je force un sourire que je n'avais pas réalisé avoir perdu.

– Je me sens juste fatiguée, mentis-je à moitié.

– Naturellement. Souhaitez-vous que j'attende un peu avant d'aller chercher votre famille au château ?

Le nœud dans mon estomac remontee dans ma gorge. Ma bouche s'ouvre. Pour la première fois depuis longtemps, je ne peux plus contrôler les paroles qui sortent de ma bouche.

– N'allez pas les chercher, restez auprès de moi et de notre fille, je vous en prie.

Je me sens horriblement mal par la façon dont ma voix tremble, pleine d'émotion et dont je sens mes yeux s'embuer de larmes, alors que le rappel de ma propre voix incitant Matthew à aller chercher le reste de ma famille se fait omniprésent dans mon esprit.

– Ma chérie, qu'est-ce qui ne va pas ?

Il s'assoit sur une chaise près de moi et, sans lâcher le bébé, me prend la main, son front plissé par l'inquiétude.

J'inspire profondément pour me donner le courage de parler sans me mettre à pleurer.

– Vous souvenez-vous du jour où nous avons décidé de nous marier et où je vous ai dit que j'ignorais pourquoi je m'opposais à ce que nous soyons ensemble ?

Il hoche la tête, les sourcils froncés.

– Je savais parfaitement pourquoi je m'y opposais, dis-je.

– Parce que j'étais pilote de course et que vous n'aimez pas les voitures, il s'est avéré-il d'une voix douce.

Oui, c'est certainement ce qu'il a fini par comprendre parce que je ne suis jamais revenu sur mes raisons. Je suis heureuse qu'il l'ait compris sans que j'aie eu besoin de lui dire et que son attention ne soit pas maintenue sur son statut social et son manque d'argent.

– Je vous ai déjà dit comment mon premier époux était mort, n'est-ce pas ?

– Oui, dans un accident de voiture.

Ses yeux se font plus tendres, plus rassurants et cela m'encourage à continuer, alors que je ne le souhaite pas. Je ne veux pas reparler de Matthew, de cette terrible journée. Mes paroles se coïncident dans ma gorge, mais je dois le lui expliquer. Je ne sais pas pourquoi, mais je me sens obligée de l'expliquer maintenant, de ne plus laisser le moindre doute.

– C'était le jour de la naissance de George. Il a tenu son fils dans ses bras, comme vous le faîte maintenant pour notre fille, il m'a embrassé et il est parti chercher les membres de notre famille, comme je le lui avais demandé. Mais il n'a jamais atteint le château.

Même après tant d'années, je ne peux retenir les larmes de couler le long de mes joues. Même alors que je suis à nouveau heureuse et que ce jour devrait être le plus beau de ma vie, il est terni par ce souvenir. Je me demande toujours s'il aurait pris la voiture, si je ne lui avais pas rappelé d'aller chercher ma famille. Il serait sans doute resté bien plus longtemps auprès de nous et aurait cessé la voiture qui l'a fait sortir de cette affreuse route.

Je sens la main d'Henry presser plus fort la mienne. Il se rapproche un peu plus, mais je comprends qu'il n'arrive pas à me prendre réellement dans ses bras avec le bébé.

– Je comprends, Mary. Calmez-vous, je vous en prie. Je resterai là autant que vous le conserverez, me murmure-t-il de sa voix la plus douce.

Il est plus fougueux, moins tendre que ne l'était Matthew, mais ses paroles me réconfortent tout de même légèrement. Pourtant, je n'arrive plus à cesser de pleurer.

Je savais que j'avais raison.

Lorsque l'on laisse toutes les émotions sortir, il est si difficile de reprendre le dessus.

Et à présent, ma voix ne m'obéit plus. Les paroles sortent de ma bouche sans que je ne parvienne à les contrôler, sans que je ne parvienne réellement à trouver le temps de former une pensée cohérente.

– Je lui ai dit de prendre la voiture et de partir au château. C'est moi qui le lui ai rappelé. Je pensais qu'il reviendrait. Je ne pensais pas que je pourrais le perdre maintenant. J'étais si heureuse, si fière. Et il l'était également. Il serait resté auprès de nous plus longtemps si je…

– Mary, ce n'est pas votre faute, me coupe aussitôt Henry, entraînant sa main autour de mes épaules pour m'attirer un peu plus à lui. Il aurait fini par prendre la voiture. Vous ne pouviez pas savoir ce qui arriverait. Il ne pouvait pas le savoir. Et sans doute aurait-il eu cet accident, même un peu plus tard.

Je nie dans un hochement de tête vigoureux, les yeux fermés.

– Il est sorti de la route parce qu'il n'a pas fait attention à une voiture qui arrivait dans le sens opposé.

– Cela aurait pu être une autre voiture. Cela aurait pu être tout autre chose, m'assure Henry.

Je tente de toutes mes forces de m'accrocher à ces paroles, à ces mots, mais ils glissent de mes mains comme de la fumée.

Je ne crois pas que quoi qu'il puisse dire puisse m'apporter un quelconque réconfort. Alors je me contente de me laisser flotter sur les eaux de l'incertitude et de son amour.

J'ouvre les yeux et je crois voir à travers mes larmes, le visage de Matthew.


Alors ? Cela vous a-t-il plu ? Laissez-moi une review !

Je pense que je ferais d'autres petites fics. Mes deux personnages préférés sont Mary et Violet et mon couple préféré Mary et Matthieu, alors vous devrez vous attendre à ce genre de choses ^^