Quasi aucun TW ici non plus, si ce n'est du harcèlement sexuel rapide.
Les détenus du corridor 3 mangeaient toujours les premiers. C'était l'un des avantages initiaux que Lucius Malfoy était parvenu à obtenir. Ainsi, ils étaient exemptés de la corvée de ranger et nettoyer le réfectoire après leur passage, pouvaient profiter de plats chauds, dont la couche de gras n'avait pas eu le temps de se séparer pour flotter hideusement à la surface. Quand il y avait du choix dans le menu, ils pouvaient en profiter. Quand il y avait des restes de la veille, ils pouvaient même obtenir un supplément.
En conséquence de cet avantage venaient deux inconvénients : Premièrement, ils devaient être les premiers à se lever au matin pour aller profiter de leur petit déjeuner. Cela ne gênait personne, les temps de repos étant largement suffisants pour supporter au réveil aux aurores. Deuxièmement, une longue période de confinement ordinaire suivait chaque repas, afin de laisser le temps à toutes les sections de la prison d'aller se nourrir, chacun leur tour. Ces trois périodes de deux heures chacune étaient surnommées les « temps digestifs », appellation charmante ayant pour but de convaincre le reste des prisonniers que cet enfermement n'était pas une punition.
C'était le temps digestif du matin. Beaucoup de prisonniers s'étaient recouchés afin de prolonger leur sommeil. C'était généralement une période calme et apaisante. Drago avait déjà reçu une gifle de Macnair parce qu'on avait aperçu son oreiller sale et ensanglanté. Il devait cependant s'estimer heureux : Ses exploits de la veille le dispensaient encore d'une punition plus douloureuse ou humiliante.
Un brouhaha commença à se faire entendre au bout du couloir. Drago tendit l'oreille et vit son père se redresser de sa couchette et faire de même.
Des invectives, des flatteries, des sifflements… On aurait pu croire qu'une légion de Vélanes venaient de pénétrer les lieux pour réveiller les plus bas instincts des prisonniers. Mais à la place d'une belle jeune femme à la beauté envoutante, ce fut la Surveillante Major Mullan qui s'arrêta devant leur cellule. C'était une bonne femme épaisse, au visage plat, aux larges bras poilus, et il était nécessaire d'avoir vécu plusieurs années entres hommes pour la trouver séduisante.
« Malfoy », ordonna-t-elle en déverrouillant la porte.
Cette fois, il n'y eu pas de malentendu pour savoir à qui elle s'adressait. Le père accorda un hochement de tête encourageant à son fils, bien que ses yeux brillent d'une lueur d'avertissement.
Drago se leva et rejoignit la Surveillante, puis tous deux remontèrent le couloir sous les remarques et propositions salaces des détenus. Mullan les ignora royalement, jusqu'à ce qu'ils passent devant une cellule dans laquelle Thorfinn Rowle se masturbait furieusement.
« Hey, Major ! Qu'est-ce que tu en penses ? Tu veux y goûter ?! Tu veux… »
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase. La baguette de Mullan se tendit, le mot « Endoloris » fut craché à la vitesse d'un serpent qui attaque, et Rowle se tordit sur le sol en hurlant. Le cœur battant à la chamade, Drago compta les secondes. Il réprima son réflexe de reculer : il lui fallait rester au centre du couloir pour éviter qu'un détenu ne puisse l'agripper. Mais avant toute chose, il ne fallait pas montrer sa peur.
Au bout de huit interminables secondes, Mullan interrompit son sortilège et reprit sa route, laissant Rowle gémir et se convulser sur le sol, le sexe à l'air, pitoyable. Drago se hâta de rattraper la Surveillante, qui marchait désormais dans un couloir silencieux.
Le prisonnier s'était attendu à reprendre la même route que la veille, mais après avoir traversé le hall silencieux, ils obliquèrent vers un autre passage, descendirent un étroit escalier en colimaçon, et arrivèrent dans un couloir vide au sol étonnamment lisse que Malfoy ne connaissaient pas. Au fond du couloir, une porte de métal blanc semblait plus récente que tout le reste. Au mur de droite, des torches diffusaient une lumière tremblotante. A gauche, cinq cellules solitaires s'alignaient. Les trois premières contenaient une quantité invraisemblable de bois de chauffage. La quatrième semblait servir de débarras, et s'y entassaient pèle mêle des tréteaux, des planches en bois, des petites armoires de rangement métalliques et défoncées, des cartons semblant remplis de vieux dossiers poussiéreux. La cinquième cellule…
Le cœur de Drago manqua un battement.
La cinquième cellule contenait un lit et des toilettes.
Drago vit avec stupéfaction Mullan s'arrêter devant la grille. Il sentit son cœur et sa respiration s'affoler. Il refusait d'y croire. La Surveillante sortit à nouveau sa baguette et effectua un geste au niveau du linteau. Une lumière blanche lui répondit, s'effaça doucement, puis le « cling » caractéristique d'un déverrouillage se fit entendre. Mullan tira la porte, et s'écarta pour laisser le passage à Drago. Celui-ci était incapable de bouger.
« Dépêche-toi ! » ordonna-t-elle sur un ton qui ne laissait pas de place au refus.
Drago avala sa salive et se força à pénétrer la cellule, s'attendant à chaque seconde à ce qu'une dizaine de gardiens ne sortent de l'ombre pour s'écrier « Tu y as cru, Malfoy ?! » et lui faire subir mille châtiments pour avoir mis l'un des leurs aux arrêts.
Mais la cellule était vide, et Drago entendit dans son dos la grille se refermer, et un nouveau « cling » indiquer son verrouillage. Il se retourna en sursautant quand Mullan reprit la parole :
« Demain matin, sois prêt à six heures et demi. Tu n'as pas intérêt à me faire perdre mon temps. »
Puis elle s'éloigna.
Drago porta la main à sa poitrine, persuadé de vivre une attaque cardiaque. Se sentant défaillir, il s'efforça de s'asseoir doucement au sol. Il ramena ses genoux contre sa poitrine, posa sa tête dessus, ferma les yeux, et tâcha de reprendre sa respiration.
Après de longues minutes laborieuse, Drago se sentit capable de regarder de nouveau autours de lui.
La cellule était immense. Il était absolument impossible que l'on la lui destine véritablement… Combien de temps comptait-on lui faire croire que son vœu avait été accordé. Ou était le piège ? Il était de nouveau maître de lui-même, capable de se poser les bonnes questions.
Il se releva, s'épousseta, et entreprit de visiter les lieux.
Contrairement à son impression initiale, la cellule n'était pas plus imposante que celle qu'il partageait avec son père, Macnair et Rockwood , elle était même légèrement plus petite : Trois mètres de profondeur, trois mètre cinquante de largeur. Elle était beaucoup plus dépouillée, ne comportant qu'un seul lit simple, pas de bureau, pas de casier, et ce vide la faisait paraître plus large.
Le mur du fond était glacial et légèrement moite. Drago devina que l'on devait se trouver sous terre, que cette cellule avait était creusée dans la roche même de l'île. Un détenu précédent avait pris le soin de colmater les fissures avec du papier mâché, et Drago se sentit soudain proche de ce mystérieux inconnu.
Le mur de droite, au contraire, était presque tiède. Drago y colla son oreille et entendit résonner des bruits métalliques et le murmure de conversations. Les vastes cuisines du château devaient se trouver de l'autre côté. Les pierres qui le composaient était sèches et râpeuses, les mêmes que celles du corridor 3.
Le mur de gauche n'avait pas de grand intérêt, si ce n'était les anneaux de fer rouillés suspendus en hauteur, à intervalles réguliers. Ils n'avaient pas servi depuis longtemps, mais avaient probablement retenu des chaînes auxquelles des prisonniers avaient été attachés.
A l'angle de ce mur, les toilettes étaient surmontées d'un petit lavabo donnant sur la chasse d'eau. Un rouleau de papier hygiénique couronnait le tout. Drago s'approcha avec appréhension, s'attendant à trouver des sanitaires encrassés et répugnants, salis par des années d'utilisation et de mauvais entretien, mais il découvrit une cuvette propre et à peine ébréchée. La main tremblante, il tourna la poignée du robinet. Un crachotement sec de vieille plomberie se fit entendre, puis un jet d'eau brunie par la rouille s'échappa du conduit. Après quelques secondes, le filet d'eau devint clair et limpide. Drago recueillit un peu d'eau au fond de sa paume et la porta à son nez. Aucune odeur suspecte. Il y trempa le bout de la langue. Aucun goût. Enfin, il osa faire coula le contenu de sa main dans sa gorge. Une eau glaciale mais potable.
Il ne put retenir un petit rire incrédule qui résonna lugubrement dans le couloir. Il se retourna vivement, effrayé, mais il était toujours seul. Délicieusement seul.
En refermant le robinet, il aperçut une masse sur le sol. Quelque chose qu'il avait d'abord pris pour une pierre. Il ramassa l'objet, plus léger qu'il ne le paraissait, et ses yeux s'écarquillèrent. Le doute n'était pas permis. La surface était grisâtre, craquelée, mais il tenait dans ses mains un authentique savon d'Alep. Sa présence indiquait que le détenu de cette cellule était tenu de faire ses ablutions en solitaire, loin des sanitaires communs. Il en aurait pleuré de bonheur. Il renifla avec avidité sa trouvaille, mais plus aucune odeur n'était détectable. Il récupéra quelques gouttes d'eau pour faire mousser la surface dure. Il n'obtint qu'une espèce d'écume grise, mais il la huma comme s'il se fut s'agit du plus délicieux des parfums. Drago voulait se laver immédiatement ! Envoyer valser robes et sous-vêtements et se décrasser intégralement ! Il résista cependant à cette impulsion – sans serviette pour se sécher, l'opération semblait délicate – et posa son savon en valeur sur le bord du lavabo.
Il voulait poursuivre sa visite de la cellule, mais avait déjà fini d'en faire le tour. Il ne restait que le lit. Le lit bon sang. Un petit lit étroit, réconfortant, aussi minuscule qu'un nid, aussi propre que possible, avec des draps blancs et doux… Drago caressa délicatement le tissu mais refusa de s'asseoir ou de s'allonger dans ce lit. Soulever la couette et se glisser dessous serait le point d'orgue de cette journée. Hors de question de brûler les étapes, de s'y installer alors qu'il était dans un tel état de fébrilité qu'un savon suffisait à sa béatitude.
Drago reporta son attention sur le plafond, qui s'élevait un peu plus haut qu'il n'était habituel. Il leva les bras, et tenta de sauter pour le toucher. Peine perdue. Il éclata de rire. Il tendit les bras de part et d'autre de son corps et tourna sur lui-même. Il y avait assez d'espace pour qu'il ne heurte aucun objet ni aucune personne. Il en eut le tournis.
Une douleur étrange lui martelait les joues. Il tâta son visage et le trouva déformé par un sourire hystérique qu'il n'avait pas eu conscience d'aborder. Une nouvelle fois, il éclata de rire, puis rit à nouveau en entendant son rire résonner dans le couloir sans que personne ne lui reproche son vacarme.
Il se laissa tomber à genoux, caressa le sol lisse. Des traces dans la poussière indiquaient ce qui avait été traîné hors de la cellule, et ce qui y avait été amené. Il suivit des doigts les longues traînées qui menaient aux pieds du lit.
La cellule avait été aménagée récemment. Pour lui. On ne se serait pas donné autant de mal pour une simple plaisanterie !
Il observa ses mains désormais poussiéreuses, savourant par anticipation l'idée de les laver dans son lavabo, avec son savon. Puis une idée encore plus formidable lui vint : Il ôta ses godillots de prisonnier, puis ses chaussettes propres. Il alla déposer la première près du robinet. Elle serait sa future serviette de toilette. Il utilisa sa seconde comme torchon pour dépoussiérer le sol.
Se faisant, il découvrit un autre trésor dans un coin sombre de la cellule : Une vieille souche de bois avait été oubliée là. Il la fit rouler au milieu de la cellule et l'observa avec émerveillement. Elle pouvait servir de chaise, ou de table, ou de chevet ! Il fallait prendre une décision et s'y tenir, car ça aurait été insulte que de lui réserver une utilisation multitâche. Il se décida pour une table basse. Ainsi il pourrait y manger, à genoux, à la façon japonaise, mais pourrait également s'autoriser à y poser quelque chose – Quoi ? Difficile à imaginer. Mais n'importe quoi. L'ajout de ce meuble l'obligeait cependant à revoir la disposition des choses. Il souleva le lit et lui fit laborieusement exécuter un quart de tour. Au lieu d'être accolé au mur tiède, il longeait maintenant le mur froid. Peu importait, il était chez lui et voulait apporter du changement.
La table basse eut droit au même dépoussiérage que le sol. Après quoi, Drago nettoya la chaussette, l'humidifia, la fit glisser sur le savon, et entreprit de décrasser le sol de fond en comble. Il y passa des heures, dans un état presque extatique, incapable de comprendre pourquoi il était si heureux mais refusant de se poser la question.
Le soir venu, il assista à un balai étrange : Les portes métalliques des cuisines s'ouvrirent, et une ribambelle de chariots de service en sortit. Chacun comprenait une cloche à plat en argent et une petite clochette en or. La file de chariots ensorcelés remonta le couloir, et disparu de la vue de Drago. Quelques heures plus tard – difficile d'être sûr de combien de temps avait passé – ils repassèrent dans l'autre sens. Les portes métalliques s'ouvrirent, et ils disparurent de nouveau. Bientôt, le bruit des cuisines cessa, et les torches du couloir s'éteignirent toutes en même temps…
C'était le signal. Celui qu'il avait attendu toute la journée. Drago se déshabilla. Il posa sa robe sur la couette, comme un édredon, puis se glissa avec délectation dans le lit. C'était bon au-delà de toute espérance. Tout sentait la lessive, le propre. L'oreiller était infiniment doux sous sa joue, le matelas n'était ni trop dur, ni trop mou. Il sentait à peine le mur froid dans son dos, protégé par la double couche de couette et de vêtement.
Il ferma les yeux.
C'était ça, le bonheur.
Aucune crainte ne vint lui comprimer la gorge, aucune larme n'humidifia ses yeux.
C'était ça, le bonheur.
Ce chapitre est celui pour lequel j'ai voulu écrire cette fic. L'histoire repose beaucoup sur le sekse, et autant j'aime y penser, autant je ne vois pas de grand intérêt à l'écrire XD Mais ce chapitre là, avec cette évolution dans l'émotion et la libération, je voulais le tenter. Avec le recul, je me dis qu'il aurait mérité plus de travail, mais si je commence à jouer les perfectionnistes, on en a pas fini...
Merci encore pour vos mise en fav, vos reviews, vos encouragements... 77Hildegard, cœur sur toi !
(par contre, il faut que je découvre comme on gère les alertes, parce que je rate des trucs XD)
