Chapitre 4:
L'examen médical des jumeaux se passe aussi bien que possible avec Mme Pomfresh. Nicolas est surpris quand la médicomage leur fait une prise de sang, mais le jeune homme ne dit rien et voit la dame donner la fiole à leur directeur de maison. C'est logique, il sait bien que son père a travaillé dans un laboratoire médical avant de devenir professeur à Poudlard. Et dans le monde Moldu, ce n'est pas le médecin qui fait les analyses…
Le soir même, Rogue ne fait que leur annoncer que l'examen médical s'est très bien passé, que les analyses de sang sont terminées et qu'ils sont en parfaite santé. Ce que les jumeaux savent déjà. Nicolas se pose de plus en plus de questions sur son père. Chaque soir, il prend au moins une heure et demie à deux heures pour faire le tour de la salle commune, à demander à tout le monde comment il va, s'arrêtant plus longtemps pour certains, s'asseyant sur des accoudoirs pour mieux se concentrer sur ce que ses étudiants lui disent. Il a toujours une posture ouverte et le regard concerné. Ixora, elle, se sentait se révolter plus elle observait leur paternel. Il semblait un père de substitution parfait pour ses Serpentard. La jeune fille se sent encore plus trahie par cet homme qu'elle apprécie de plus en plus. Plus son frère et elle apprennent à le connaître en tant que professeur et directeur de maison, plus ils constatent ce qu'ils ont raté, en n'ayant pas Severus Rogue dans leur vie.
- Professeur, je peux vous parler?... En privé, demande la jeune fille quand Rogue fait son tour quotidien de la salle commune.
- Bien sûr, est-ce urgent?
- Ce n'est pas urgent… mais c'est important, dit Ixora, mal à l'aise.
- D'accord, je termine rapidement ma tournée et je viens vous chercher dès que j'ai fini. Ça vous va?
- Merci, monsieur.
Sur ce, Ixo se rassoie à côté de son frère devant la grande cheminée de la salle commune avec son roman du moment, Les Misérables.
- Mais qu'est-ce que tu fais? lui demande son jumeau.
- J'ai besoin de savoir, lui répond sa sœur. J'ai besoin de savoir comment il aurait réagi, s'il avait su, pour nous. Je veux arrêter de l'aimer et le détester en même temps!
- Je comprends, dit doucement Nicolas. Veux-tu que je vienne avec toi?
- Non! Si tu viens avec moi, je sais que tu me retiendras dans mes débordements, comme tu l'as toujours fait et je t'en remercie. Mais pour cette conversation, ça serait… contre productif, je pense. Je veux pouvoir être… juste moi.
- Je comprends ça aussi, soutient le garçon en prenant la main de la jeune fille. Peu importe comment ça se passera et combien de temps ça prendra, je t'attendrai ici.
- Merci Nick, soupire la jeune fille alors qu'elle voit le professeur Rogue revenir vers elle.
La jeune fille tort nerveusement son livre en suivant son professeur de potions jusqu'à son bureau. Elle est surprise qu'il ne s'assoit pas derrière sa table de travail, mais dans un fauteuil confortable devant la cheminée et propose à son étudiante de s'asseoir en face de lui dans un fauteuil pareil au sien. Il veut visiblement qu'elle soit plus à l'aise, comme la conversation semble plus… personnelle.
- De quoi vouliez-vous me parler, Miss Prince?
- Je… je n'arrête pas de penser à une phrase que vous nous avez dite, le soir où on est venu vous voir pour notre dossier scolaire et je voudrais… approfondir le sujet avec vous.
- Je vous écoute, dit l'enseignant en croisant les jambes lentement, en entrelaçant ses doigts sur son genou droit tout en la regardant dans les yeux avec intérêt et concentration.
- Quand je vous ai dit que notre père nous avait abandonnés, vous avez dit qu'un père absent valait mieux qu'un père décevant… Mais… s'il n'est pas décevant, comment doit-on le prendre?
- Vous le connaissez, constate le Maître des Potions avec lenteur.
- Oui, on sait qui c'est, on l'a vue, on lui a parlé, on a interagi avec lui. Il… Il est patient, brillant, compréhensif et ouvert. Mais c'est comme si savoir ça me faisait le détester encore plus! Parce qu'il n'a jamais été comme ça avec Nicolas, ma mère et moi! Du moins, pas depuis qu'il a jeté notre mère à la rue! Il n'était pas là quand on en avait besoin, mais il est là pour des étrangers. Il est là pour tout le monde sauf nous! Mais le pire, c'est qu'il est exactement comme notre mère nous l'a toujours décrit! Il est fier, il est intelligent, il est calme, patient, perspicace et ouvert. Elle passe son temps à le vanter comme s'il était mort alors qu'il est juste… partie! Et plus j'apprends à le côtoyer, plus je le déteste parce que j'ai aussi fini par l'aimer! finit par s'emporter la jeune fille avec des larmes de rage et de détresse en se levant dans sa colère.
La jeune fille ne comprend pas vraiment ce qu'il se passe quand elle sent sa magie s'apaiser d'un coup. Une odeur de feu de bois et de camomille emplit ses narines sensibles et des bras puissants l'entourent avec lenteur. Sa mère avait raison, Severus a exactement l'odeur qu'elle lui avait un jour décrite. Une odeur naturelle, douce et rassurante. Il sentait la paix de la forêt en automne. D'un feu de camp qui éloigne les ténèbres inquiétantes de la nuit après une histoire d'horreur pour se faire flipper en groupe juste parce qu'on est cons et en manque de sensations fortes. De la camomille qui calme, éclaire l'esprit et éloigne les cauchemars.
- Pourquoi t'es parti?! murmure la jeune fille dans les bras rassurants de son paternel. Pourquoi t'es parfait avec tout le monde sauf nous?! Pourquoi t'as accusé maman de t'avoir démoli quand elle a rien fait pour mériter ça?! POURQUOI?! Pourquoi tu nous as fait ça! s'écrit la jeune fille en donnant des coups de points contre le torse de son directeur de maison.
Severus comprend qu'elle lui parle comme s'il était ce père qu'elle aime autant qu'elle déteste et la laisse faire. Si ça peut lui faire du bien, il est prêt à prendre sa colère contre ce père indigne. Il fait alors la seule chose qu'il pense appropriée et il la serre plus fort contre lui.
