Queenie mit tout de même quelques secondes à trouver la bonne chambre. Elle frappa à la porte, mais n'attendit pas qu'on lui réponde pour entrer dans la pièce. Aysha était assise sur le lit, fixant ses pieds. Elle ne leva aucunement la tête lorsqu'elle marmonna :
— C'est vous qu'on envoie, car vous ne me connaissez pas assez pour me détester ?
La jeune femme parut surprise face à cette question. Ne sachant que répondre, elle ferma la porte derrière elle et vint s'assoir face à l'Occlumens. Elle la fixa quelques instants avant d'admettre :
— Je n'ai pas besoin de lire dans vos pensées pour savoir que vous souffrez.
Aysha redressa à peine la tête, ce qui permit tout de même à son interlocutrice de voir la souffrance dans ses yeux. Sans la connaître, elle pouvait voir à quel point l'ancienne Serdaigle était brisée. Elle ignorait quels événements l'avaient ainsi détruite, mais elle savait que sa résistance au sort Doloris avait forcément un lien.
— Vous avez donc fait votre scolarité dans deux écoles différentes ? la questionna l'américaine afin de détendre l'atmosphère.
— Cinq, en réalité, murmura la jeune femme avec un sourire sans joie.
— Cinq ? s'étonna Queenie qui ne put cacher sa surprise. Comment cela est-il possible ?
— On vous a peut-être déjà mise au courant de mon grand amour pour l'école.
— J'ai cru comprendre, en effet, que cela n'était pas votre fort.
— J'étais une très mauvaise élève pour tout vous dire, continua Aysha en riant nerveusement. Je passais mon temps à enfreindre le réglement. Je n'ai jamais rien fait de trop grave, juste une multitudes de petites choses qui ont provoqué mon renvoi de mes quatre premières écoles, sans toutefois m'empêcher d'essayer dans d'autres. J'ai passé ma première années à Beauxbâtons avec mes sœurs. Nous avons emménagé en France à mes deux ans après des événements… compliqués… J'ai été envoyée dans l'Ordre Sapiens et Emy et Helena à Fortis.
— Ce sont les maisons comme celles que l'on trouve à Ilvermornu avec Puckwoodgenie ou encore celle de l'Oiseau-Tonnerre ? s'assura Queenie, absorbée par les propos de la sorcière.
— C'est ça. J'ai ensuite fait un an à Ilvermorny d'ailleurs. Dans la maison de l'Oiseau-Tonnerre.
— Comme Tina ! En quelle année était-ce ?
— 1909, lui répondit-elle en plongeant ses yeux verts dans ceux de la Legilimens.
— Ah. Trois ans avant que Tina n'entre à Ilvermorny.
— Je me sens prendre de l'âge soudainement. Enfin, peu importe. L'année suivante, j'étais à Uagadou. Puis à Durmstrang pour ma quatriès année. Quand on a annoncé mon renvoi de cette quatrième école, mes… tuteurs… ont voulu abandonner, mais Dumbledore est alors venu nous trouver. Il a proposé de nous prendre toutes les trois – il avait réussi à convaincre le directeur – et de faire en sorte que Poudlard soit la dernière école que j'expérimenterais. Ils ont accepté et nous sommes revenus en Grande-Bretagne. Je crois qu'Emy m'en a toujours voulu de l'avoir ainsi fait quitter Beuxbâtons et, donc, ses innombrables conquêtes.
Queenie étouffa un rire avant de demander :
— Et, donc, vous vous êtes tenue à carreaux, cette fois, à Poudlard ?
— Oh, non. Loin de là. Je suis restée une mauvaise élève. Disons plutôt qu'on m'a permis de retrouver le bon chemin tout en me permettant de rester moi-même.
— Dumbledore ? devina la Legilimens.
— En effet. Et il m'a aussi permis de rencontrer April, Norbert et Leta, puis, plus tard, Dean et Thésée. Je partageais avec Norbert notre amour commun pour les créatures magiques, et avec Leta, bien de tristes choses. Nous étions très proches. Je les considérais comme mon frère et ma sœur. Mais, fidèle à moi-même, je les ai détruits…
Un silence s'installa durant quelques secondes avant que l'Occlumens ne reprenne :
— April et moi sommes devenues très proches. Elle est la seule que je n'ai ni perdue, ni blessée. Notre relation est cependant différente depuis… enfin… depuis que j'ai repris le travail. Elle a un fort caractère, mais aussi un grand cœur. C'est sûrement ce qui lui a permis de ne pas me détester.
— Je vous trouve dure avec vous-même. Je ne vous connais pas aussi bien que vos amis, mais, d'après ce que j'ai pu voir, aucun ne vous déteste. Même Dean, que j'ai croisé lors de… enfin, peu importe… semble vous apprécier. Et ma sœur ne pense de vous que du bien – si ce n'est qu'elle a été jalouse de votre relation avec Norbert.
Aysha laissa échapper un léger rire et Queenie put voir qu'une partie de sa peine avait disparu.
— Il n'y a aucune raison de s'inquiéter pour cela.
— Je pense aussi, en effet, s'amusa l'américaine. Norbert n'a de yeux que pour Tina qui semble avoir oublié l'existence de cet Achille Tolliver.
— Achille Tolliver ? Qui est-ce ? la questionna la britannique en fronçant les sourcils.
— Oh ! Disons qu'un magazine a fait une erreur en disant que Norbert allait épouser Leta. Lorsque Tina l'a vu, elle y a cru et a commencé à fréquenté un Auror. Cet Achille Tolliver.
Leur discussion fut interrompue par trois coups à la porte. Ce fut Thésée qui apparut alors. Il posa d'abord son regard sur Aysha dont il fut rassuré de voir le sourire, avant de déclarer :
— On vous attend pour manger.
Queenie se tourna vers l'aîné des Dragonneau et lui adressa un sourire entendu avant de se lever et de sortir de la chambre. Une fois seuls, Thésée demanda à Aysha :
— Tout va bien ?
Aysha redressa la tête vers lui, afficha un immense sourire et déclara :
— Mieux que jamais ! Pourquoi ?
Elle ne lui laissa pas le temps de répondre et quitta la pièce à son tour, laissant Thésée à la porte, le regard perdu dans l'escalier où son amie avait disparu.
