Si Stiles était au départ un peu stressé, découvrir qu'il avait raison sur la raison dudit stress le fit carrément paniquer. Peter avait dit oui pour la douche, mais il avait dardé sur lui un regard suspicieux. Perplexe. Etrange. Le genre de regards que Stiles cherchait réellement à éviter. Parce que dans cette soirée, il n'était pas à l'aise. Parce qu'en plus de ça, il se sentait fiévreux.
Parce qu'en fait, il s'avérait également être le malheureux propriétaire de son appareil génital. Un pénis actuellement en érection. Où était le problème ? Il valait mieux tourner cette phrase au pluriel car cette situation était inconfortable et inconcevable à plusieurs niveaux. Tout d'abord, Stiles n'avait aucune idée de l'hypothétique raison pour laquelle il avait cette trique d'enfer. Ni même pourquoi il se sentait excité. Objectivement, rien dans cette soirée n'était censé le mettre dans cet état : il y avait ses amis, de la nourriture, de la boisson… Et ils risquaient de voir un film si cette proposition – toujours émise par la reine Lydia – remportait les suffrages. Alors voilà, Stiles ne comprenait pas la raison soudaine de cette excitation qui était arrivée si soudainement. Il s'était mis à avoir chaud d'un coup alors qu'il parlait à Jackson. Et ledit Jackson était un mec… Sans plus. Dans le sens où il faisait partie de ses amis, mais… Voilà. Il était beau, comme tout le monde ici. De manière générale, Stiles était d'avis que chacun de ses amis était doté d'une forme de beauté. D'autant plus que l'immense majorité était croisée surnaturel : un animal intérieur, ça sublimait un humain. Idem pour Lydia. La reine de la mort avait ses charmes à elle. Pour autant, Stiles les voyait tous comme ses amis et jamais il ne lui viendrait à l'idée d'en mater un seul. De toute façon, ce n'était pas son genre. Puis l'hyperactif gardait toujours ses yeux où il le fallait : question de respect. Reluquer des gens qu'il connaissait ne l'intéressait pas, surtout quand ceux-ci pouvaient sentir son regard et ses émotions.
Il y avait là un autre problème. Le souci d'avoir une érection au beau milieu d'une soirée de meute, c'était que le concept d'intimité devenait soudainement extrêmement flou. Stiles n'était pas stupide : il savait que son excitation devait d'ores et déjà se sentir – et c'était l'exacte raison pour laquelle il devait tout faire pour régler ça. Pour commencer… Pourquoi se sentait-il aussi chaud ? Sérieusement, Stiles avait l'impression d'être soudainement capable de se jeter sur n'importe qui… Oui, n'importe qui pourrait juste l'aider à se repaître de son désir montant. Et c'était justement ce qu'il ne fallait pas faire. L'ambition de l'hyperactif ? Juste se refroidir. Faire disparaître ça. Ne plus avoir cette trique d'enfer. Pour cela, il faudrait déjà qu'il comprenne ce qui l'excitait et ça, ce n'était pas gagné. Il arrivait à Stiles de se laisser – légèrement – dominer par ses hormones de temps à autres, cependant… C'était toujours contrôlable et jamais il ne s'était retrouvé dans le même appartement que ses amis avec une érection de seigneur pareille. Dans tous les cas, il savait ce qui pouvait l'exciter. Mais pas cette fois. En cet instant, Stiles se retrouvait complètement démuni, à regarder l'immonde bosse déformer son pantalon. Immonde parce qu'il ne voulait pas être dans cet état. Sur quoi, sur qui bandait-il ? Ce qui le surprenait, c'était de se savoir excité comme un dingue alors qu'il se sentait angoissé au possible. Que lui arrivait-il ? Et puis cette chaleur… Stiles avait trop chaud ! Ainsi, il retira sa chemise et s'aspergea les bras et le visage avec l'eau la plus glaciale qu'il put faire sortir du robinet.
Elle le brûla.
Et pourtant, elle devrait le faire frissonner et lui donner envie de remettre sa chemise par-dessus son t-shirt. Le contact de chaque goutte sur sa peau ne fit qu'exacerber son envie d'être touché. Quoi ? Pensa-t-il aussitôt. Parce qu'il ne s'en était pas rendu compte jusqu'à maintenant, mais… Oui, il voulait qu'on le touche. Qu'on pose ses mains sur sa peau, qu'on la caresse, qu'on l'embrasse… Qu'on descende plus bas, toujours plus bas, qu'on baisse son…
- Non, non, non, reprends-toi ! S'exhorta-t-il en se giflant comme pour se réveiller.
Stiles attrapa une serviette dans le but de s'essuyer, de faire disparaître ces gouttes d'eau de sa peau, gouttes d'eau qui ne faisaient que le narguer et le faire frissonner… D'envie. Tu n'as envie de rien, Stiles, calme-toi bon sang ! Mais il avait bien du mal. Il sentait son cœur battre, fort. Tambouriner dans sa poitrine. Quelque chose chauffer davantage au niveau de son bassin. Arf, Peter lui avait donné accès à la salle de bain, mais si seulement il l'avait accompagné… Quoi ?! Non ! Il aurait posé ses mains sur ses hanches et fondu sur son cou, là où ses grains de beauté étaient impossibles à compter. Il aurait pressé son corps chaud et musclé contre le sien. L'aurait fait sien, là, contre la faïence de la salle de bain. Le corps tremblant d'envie et de terreur, Stiles finit par perdre l'équilibre et tomber sur le carrelage glacé. Le souffle court, il ferma les yeux dans l'espoir d'arrêter de penser à Peter – pourquoi lui ?! – ou de penser à quelque corps que ce soit. Mais ce fut encore pire. Son imagination se déploya à tel point que l'hyperactif était capable d'imaginer n'importe qui poser ses mains sur lui. Liam, Lydia. Derek, Isaac. Même Jackson ! Oh oui, il voyait presque ses yeux céruléens se poser sur lui, et… Stiles se força à rouvrir les yeux. Ce n'était pas possible. Il fallait qu'il se calme. Qu'est-ce qui lui prenait, pour penser à ses amis de la sorte ? Fort heureusement, Scott n'était pas venu s'incruster dans ces divagations malvenues. Ç'aurait été sale. Presque incestueux. Et pourtant, Stiles ne fut pas plus à l'aise de penser au reste de ses amis de cette manière, au contraire. Plus dure fut la chose, plus dur fut-ce de se contrôler.
Et la chaleur continua d'irradier dans son corps de plus en plus exalté alors même qu'il n'avait rien fait et qu'il ne voulait rien faire. Je ne veux pas, je ne veux pas, je ne veux pas, se répéta-t-il pour essayer de se persuader que c'était réel, que… Qu'il n'avait réellement pas envie qu'on le touche. Pourtant, son corps lui hurla son besoin de contacts et cela se traduisit par un frisson qui se propagea jusqu'à ce que chaque pore de sa peau soit touché. Mais déjà, ses pensées s'effilochaient. Stiles ne pouvait pas bouger. Le moindre mouvement provoquait un frottement douloureux de ses vêtements sur sa peau, de son pantalon et son boxer sur sa verge tendue. Que faire ? Maintenant qu'il était là, allongé par terre, que lui restait-il ? Bordel, dans quelle merde s'était-il foutu ? Stiles tenta péniblement de retracer le fil de ce… Début de soirée. Il ne pouvait techniquement rien se passer en début de soirée. C'était un laps de temps trop court et pourtant… Pourtant, voilà où il en était. Alors il réfléchit. Une chose était certaine, cela n'avait rien à voir avec l'alcool. Stiles avait déjà bu de plus grandes quantités que cela sans avoir envie de sauter sur tout ce qui bougeait. Merde, c'était bien pour cette raison qu'il était parti précipitamment de la cuisine ! Oui, il s'était rendu compte que son pantalon était déjà doucement en train de se déformer et qu'il devait s'empêcher de regarder Jackson pour éviter de faire naître bon nombre d'images peu catholiques dans son esprit, images dans lesquelles le kanima était à la fois modèle et acteur. Quelle horreur ! Et voilà qu'il pensait à nouveau à lui, juste parce qu'il s'était rappelé de ce fait. Stiles ferma les yeux, se mit à respirer bruyamment. Ne pas te toucher, ne pas te toucher… Sauf qu'il sous-estimait à quel point il était fichu, à quel point il était atteint. Il serra les poings pour s'empêcher d'attraper quoi que ce soit. De laisser ses doigts délivrer sa hampe douloureuse. Bordel, il avait chaud et son corps… Pourquoi il le sentait aussi faible ? Stiles était certain qu'une douche pourrait lui faire du bien. Le problème ? Il n'avait aucune énergie. Aucune. Alors se déshabiller ? Impossible. Pas dans son état. L'hyperactif avait été à deux doigts d'appeler l'un de ses amis pour venir l'aider et très franchement, il l'aurait fait si le moindre visage qui lui venait à l'esprit ne lui donnait pas envie de faire glisser l'une de ses mains dans son pantalon, puis son caleçon. Graduellement, la chaleur devint insoutenable et Stiles manqua de tourner de l'œil. Qu'est-ce qui lui arrivait ? Stiles ferma les yeux, tenta vainement de se concentrer pour penser à quelque chose d'horrible… Ou même simplement de trouver l'énergie de se lever. Peut-être que cette fois, l'eau froide ne ferait que le rafraîchir ?
Il entendit vaguement un bruit, une exclamation. Rouvrit péniblement les yeux. Vit un visage, un beau visage. Un air adorable et inquiet l'ornait alors qu'il se penchait sur lui et l'appelait, inlassablement.
- Stiles, qu'est-ce qui t'arrive ? Stiles.
La seule pensée qui traversa l'esprit de l'hyperactif à cet instant fut à que Liam était atrocement mignon. De près, il était étrangement à croquer. Et plus près, alors ? Stiles ne s'en rendait pas compte, mais plus les secondes passaient, plus sa conscience s'en allait. Il était drogué. Drogué jusqu'à la moelle.
- Et puis cette odeur, qu'est-ce que… Enfin on dirait…
Liam ne termina jamais sa phrase. Parce qu'il avait compris. Baissé les yeux. Et ne put que voir la bosse déformant le pantalon de son aîné. Trop inquiet de ne pas voir son ami revenir et son loup ayant senti une détresse certaine provenir de l'endroit où Stiles était allé, Liam n'avait pas fait attention au reste. Sauf qu'il ne pouvait plus ignorer ce qu'il voyait, ni les signaux d'alarme que lui envoyaient ses sens et son instinct lupin. Stiles avait le souffle extrêmement court, une forme de douleur crispait ses traits. Il avait les lèvres rougies à force de se les être mordues, les yeux voilés d'un désir indéniable. Un désir qui ne s'expliquait pas, mais qui était là. Désireux de l'aider même si la situation le désarçonnait complètement, Liam lui prit la main dans l'espoir d'aspirer sa douleur. Il ne voyait pas comment il pourrait l'aider autrement de manière décente… Mais à peine prit-il la main de Stiles dans la sienne que celui-ci se tendit davantage. Ses traits, se déformèrent complètement et l'hyperactif ferma fortement les yeux en réprimant autant que possible un gémissement… Que Liam entendit malgré tout. Qui le fit violemment frissonner. Qui débloqua quelque chose en lui, alors que la drogue était en train de le contaminer à son tour. La peau de Stiles lui paraissait bouillante et il imagina sans mal son corps en feu, déchiré par un désir et une excitation qu'il était incapable de contrôler. Des images naquirent instantanément dans l'esprit du plus jeune. Des images qu'il ne sut repousser. Parce que l'idée d'un Stiles nu et chaud était doucement en train de l'exciter.
- Liam, souffla péniblement Stiles en entrouvrant les yeux.
Sa voix était faible… Mais le louveteau apprécia plus que de raison la manière dont son prénom sonnait entre les lèvres de l'hyperactif. Sans s'en rendre compte, il se pencha sur lui. Ses yeux bleus n'avaient déjà plus le même air : l'étincelle de lucidité qu'ils avaient était en train de disparaître. Il tenait toujours la main de Stiles, mais ne prenait pas sa douleur. Il n'arrivait pas à se concentrer assez pour cela. Et puis, Stiles avait-il réellement mal ? Non, on aurait dit que… Il avait l'air de… Liam n'arrivait plus à réfléchir. Il lorgnait ses lèvres, sa peau, ses grains de beauté… Et l'imaginait sur lui, contre lui.
- Liam, s'il te plaît…
Stiles voulait que Liam s'en aille. Il ne désirait pas être vu de cette manière : aussi faible, excité comme jamais, dans un état aussi dingue que lamentable… Et bordel ses lèvres pleines et ses yeux si bleus le narguaient. Il devait l'embrasser, là maintenant. Non, non, non ! Non… Sa résistance faiblissait drastiquement. Quelques morceaux de son esprit subsistaient péniblement.
Plus pour très longtemps.
Car la voix de Stiles en cet instant venait d'électriser Liam, de briser la faible lucidité qu'il avait encore, celle qui l'empêchait de se jeter sur lui. Les deux jeunes hommes étaient foutus, et le châtain, au bord de l'implosion, le comprit aisément lorsque le louveteau fondit sur ses lèvres.
