Salut!

Phanie je suis ravie de te retrouver!

Merci les filles d'être là!

A bientôt!

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Chapitre 29
Pour me comprendre
(Véronique Samson)

Edward et moi avons pris tout notre temps pour rentrer chez lui… chez nous ? J'ai l'esprit très embrouillé, il me semble qu'il est parti pendant des mois. Je n'arrive plus à me rappeler jusqu'où allait l'intimité que nous avions créée. Je dormais chez lui plusieurs fois par semaine je crois. Je suppose que j'avais même dû y laisser des affaires de toilettes, quelques habits…
Je suis trop confuse pour y réfléchir.

Il avance la voiture dans le garage et les souvenirs des lieux me reviennent doucement en mémoire.
Nous passons la porte intérieure tous deux un peu intimidés.
Seuls face à face, nous n'avons plus le même élan que plus tôt dans la chambre de l'hôpital. Le retour s'est fait dans un silence religieux, il n'a pas posé la main sur ma cuisse, pas enclenché la musique comme il le faisait.

Je regarde autour de moi, un peu perdue et en même temps rassurée d'être en ce lieu que je reconnais petit à petit dans ses moindres détails.
Edward va s'affairer je ne sais où et je m'approche de la baie vitrée, mon endroit préféré.
Je passe les mains sur mes épaules bien que je n'aie pas froid et je regarde au dehors. Nous sommes en début d'après-midi et la brume s'attarde encore sur le chemin jusqu'à l'océan en contrebas.

Je ne sais pas pourquoi des larmes montent. Mon cœur déborde de toutes les émotions ressenties ces derniers jours. D'abord ma mère, puis Emmett, l'incendie, le départ d'Edward puis son retour…
Je ne sais plus vraiment où j'en suis et quand j'y réfléchis la tête me tourne.
Est-ce ça la folie ? Est-ce que je suis en train de perdre pied ? Est-ce que tout ça est plus que je ne peux en supporter ?

Je n'ai pas le temps de me poser plus de questions et encore moins d'en trouver les réponses qu'Edward vient me rejoindre. Il enlace tendrement ma taille et met sa tête dans le creux de mon cou. Son geste si familier me déstabilise dans un premier temps et je me fige comme un vieux réflexe de défense. Puis dans la seconde je m'aperçois de ma bêtise et je me laisse aller contre lui.

Il est là, il est bien là, ses bras, son odeur, ses lèvres sur ma peau me le confirment. J'ai tellement de mal à le réaliser.

- Je dois aller me doucher, murmure-t-il à mon oreille.

- Est-ce que c'est une invitation ? je chuchote en retour.

Il se tend légèrement à son tour.
Oui c'est osé, c'est soudain, j'ai moi-même du mal à réaliser ce que je viens de dire mais j'espère qu'il va répondre : « Putain oui c'en est une ! ». Parce que c'est ce qu'il aurait dit quelques semaines plus tôt, c'est ce qu'il aurait répondu avant que je ne revoie Renée, avant qu'il ne parte. J'ai besoin de retrouver cette légèreté, cette complicité que nous avions, j'ai besoin qu'il se détende et d'être détendue avec lui.

- Tu fais comme tu veux ma Bella, la porte sera ouverte, sourit-il.

J'imagine qu'il nous faudra un peu de temps avant que les choses redeviennent exactement comme elles étaient.

- D'un autre côté, hésite-t-il, tu sais que je n'ai jamais pu résister à une douche avec toi.

Un grand sourire prend place sur mon visage malgré moi. Oui, ce sera certainement long mais nous le voulons tous les deux, nous avons envie de nous retrouver et de tisser des liens plus forts encore que ceux que nous connaissions.

Je me dégage de ses bras en me dirigeant vers les escaliers. Je m'arrête sur les marches une seconde pour le regarder. Je sors de ma poche le boxer qu'il m'avait prêté et le tend vers lui du bout du doigt. Je suis certaine qu'il comprendra.
Il me dévisage comme s'il allait me bouffer et le désir monte en moi sauvagement. Il ne m'a même pas encore touchée…

- Alors qu'est-ce que tu attends ? je lance joueuse.

Il se ressaisit et court vers moi. J'éclate de rire en montant plus vite.

Dans la salle de bains Edward essaie de m'attraper mais je l'esquive, je le repousse même et j'arrive à me faufiler sous la douche avant qu'il ne m'atteigne.

L'eau chaude me fait du bien. Les murs ont encore l'odeur de son gel douche. Je me sens bien, chez moi.

J'entends la porte coulisser et j'ose à peine me retourner. Je reste muette et totalement paralysée quand je le vois nu, splendide, un peu amaigri mais définitivement toujours aussi sexy. Il est essoufflé, une mèche de ses cheveux en pagaille tombe sur un de ses yeux noircis de me voir nue moi aussi.

Il entre doucement. Sa main vient se poser sur ma hanche, l'autre sur ma joue. Il est délicat, doux et c'est avec tendresse que ses lèvres trouvent les miennes pour y déposer un baiser chaste.
Je me rapproche pour que nos corps puissent enfin se toucher. Je ne sais pas parler, avec lui je m'exprime avec mon corps et il est indiscutable que nos corps se comprennent à merveille.
Sa langue entre dans ma bouche et je perds pieds. Notre baiser est long, passionné, comme pour rattraper tout ce temps passé loin de l'autre. Je m'accroche à ses cheveux et l'approche plus près encore comme si je voulais le bouffer littéralement.

Il passe ses doigts sous mon genou et le soulève durement sur sa hanche. Je sens son sexe tendu frotter contre le mien. Il cherche l'entrée et je me contorsionne pour lui offrir ce plaisir. Nous sommes un peu maladroits, trop impatients de retrouver cette chaleur qui caractérise nos ébats. Comme possédée, je m'accroche à son cou et j'enlace sa taille avec mes jambes. Aussitôt, il me pénètre et je crie de surprise et de bonheur.

Il s'arrête et se cale bien en moi. Il colle mon dos contre le carrelage froid et sa main s'arrête sèchement sur ma nuque pour forcer mon regard à affronter le sien.
Bon sang, qu'il est beau… Il est irrésistible…
Ses yeux sont un mélange d'amour, de dévotion, de désir, de plaisir…
Je suis émue. Ma gorge se serre et je me sens fragile et même vulnérable. Ce sentiment ne m'est plus inconnu, mais aujourd'hui, au lieu d'essayer de le fuir à tout prix ou de le combattre, dans ses bras, avec lui, je vais oser m'en délivrer et l'accepter. Parce que je sais que je ne crains rien auprès d'Edward. Je sais que rien ne se passera mal si je flanche, au contraire, il sera là pour moi.

Alors, sans que je le veuille vraiment ni que je ne le maitrise, quelques larmes roulent sur mes joues.
Sa prise se fait plus ferme et il vient se coller de tout son poids contre moi. Nous sommes comme soudés et cette sensation de sécurité, de bien-être, surpasse tout le reste.

« Merci Edward », je murmure.

« Tu n'as pas à… »

Je donne un coup de rein et sa phrase meurt dans un râle délicieux.

Il mérite mes remerciements et même plus. J'ai sacrément merdé il faut bien l'admettre mais là tout de suite je ne veux pas d'explication, pas encore.

Il m'embrasse avec ferveur alors qu'il entre en moi de plus en plus fort, de plus en plus durement. Nos gémissements s'étouffent dans nos bouches, nous ne voulons plus nous lâcher, nous ne voulons plus que cette étreinte se termine. Je savoure ses caresses, son odeur, ses baisers, toutes les sensations si uniques qu'il me fait traverser.
Mais bientôt, trop tôt, le plaisir a raison de nous et tandis que je crie son prénom plusieurs fois, un des orgasmes les plus intenses que j'ai pu vivre parcourt mon corps. C'est comme recevoir la foudre, comme exploser de l'intérieur et je bénis la vie d'avoir mis Edward en travers de mon chemin.
Je suis comblée, je suis exactement où je dois être.

Nous finissons la douche calmement. Nous nous lavons l'un l'autre pour profiter encore de nos peaux et faisons de même pour nous essuyer.
Nous ne parlons pas, pas un mot. Moi je ne suis pas douée pour me raconter ou exprimer mes sentiments et en ce qui le concerne, je ne sais pas trop pourquoi ce silence. Certainement est-il tout comme moi exténué.

Une fois couchés, je me love dans ses bras, sa tête au-dessus de la mienne. Il caresse mes cheveux et j'effleure son dos de mes doigts.
Très vite, comme je le pressentais, Edward s'endort épuisé.

Je ne parviens pas à trouver le sommeil. Je profite un long moment de sa chaleur mais même si je suis contrariée de quitter son étreinte, je me lève.

Je me prépare un thé et je m'installe dans un large fauteuil face à la baie vitrée.
Dans le calme confortable du salon, je réfléchis à ce qui aurait pu provoquer le feu.

Je sais qu'Emmett a fait faire des travaux de mise aux normes quand il a repris le salon, il ne peut pas s'agir d'un accident électrique ou quoi que ce soit dans le genre.
Si ce n'est pas une défaillance technique, alors il s'agit surement d'un acte prémédité, j'en ai l'intuition sans avoir de preuve tangible.
L'idée que Renée veuille se venger m'effleure vaguement l'esprit… elle n'en est pas capable j'en suis plus que certaine. Non pas parce qu'elle est gentille ou bienveillante mais parce qu'elle n'a pas le moindre courage et que sa vie se limite à son sofa.
La première personne à qui je pense avec plus de certitude est Alec bien sûr. Il est évident que si quelqu'un a des raisons de se venger de moi c'est bien lui. Mais comment aurait-il pu savoir que je dormais là ? Je ne me suis décidée qu'au moment de la fermeture du salon. Et puis il est avocat, je suis persuadée qu'il est trop malin pour s'en prendre à moi aussi frontalement, à moins qu'il n'ait engagé des gens pour le faire…

Mais c'est tout de même le salon qui était visé, pas forcément moi personnellement.

Et Emmett ? Peut-être est-ce à lui personnellement que quelqu'un en veut. Personne à part ses parents, Jasper et moi très récemment n'était au courant de son opération. Et dans tous les cas, le meilleur moyen de blesser Emmett est de s'en prendre à son salon.

En réalité, c'est le meilleur moyen de blesser chacun d'entre nous. Nous sommes attachés à ce boulot et à cet endroit comme s'il était notre maison familiale, notre havre de paix.

Alors quelqu'un en voudrait à Jasper ?

Ou bien est-ce le salon en tant qu'établissement qu'on a voulu mettre hors-jeu ?

Il y a beaucoup de concurrence il est vrai sur San Francisco et notre salon marche plutôt bien…enfin marchait. Mais nous nous connaissons tous plus ou moins et je ne vois personne être si envieux de notre réputation qu'il prenne le risque de déclencher un incendie. On m'a fait des propositions d'embauche dans d'autres salons de tatouage oui, tout comme à Jasper, mais de là à détruire un établissement, non ça reste peu probable.

Alors qui ?

L'après-midi va bientôt se terminer et je m'aperçois que nous avons sauté le repas de midi. Je cherche de quoi préparer à manger pour m'occuper l'esprit. Les placards sont vides alors je décide de commander des sushis et du chinois. Je n'ai pas vraiment faim mais je sais qu'Edward aime les deux. Il aura le choix.

Je n'arrive pas à me calmer, je ne suis toujours pas tranquille. Il faut que je discute de toute cette histoire avec Jasper. Il en sait peut-être plus et Alice pourrait être d'un secours inestimable pour toutes les questions juridiques.
Nous devons nous bouger.

J'appelle Jasper.

- Bella ? Comment tu vas ?

Il semble tendu et préoccupé. Le contraire m'aurait étonné.

- Je vais bien Jasper, je le rassure. Je suis un peu fatiguée mais ça va beaucoup mieux. Et toi ? Ça va ? Tu es où là ?

Il soupire.

- Je sors juste de l'hôpital Bella. J'ai été voir Emmett. Je suis rincé. J'ai passé la journée au salon avec un tas de gens qui me posaient un tas de questions… C'est le bordel Bella. Je sais pas si je suis de taille à gérer tout ça.

- Panique pas Jasper tu n'es pas tout seul. J'aimerais que tu passes chez Edward pour qu'on en discute tranquillement. Est-ce que c'est bon pour toi ?

Il réfléchit quelques secondes.

- Je dois passer prendre Alice.

- Elle n'est pas avec toi ?

- Non elle avait du boulot… elle te racontera.

- Pas de problème, venez tous les deux.

- Ok on arrive. On est là dans une trentaine de minutes.

Je me poste sur le perron pour leur ouvrir avant qu'ils ne sonnent. Je ne veux pas qu'ils réveillent Edward, il avait l'air si épuisé.

J'attends, un peu fébrile et surtout impatiente. Je crois que j'ai besoin de réconfort et c'est assez bizarre voire même pénible à réaliser. Moi qui me targue d'être indépendante et de n'avoir besoin de personne, je me réjouis même à l'idée de revoir Alice.
Et puis, même si nous avons fait l'amour avec Edward et que d'une certaine façon les choses se remettent doucement à leur place, je ne suis toujours pas tout à fait à l'aise seule avec lui. Je sens qu'à un moment ou à un autre nous allons devoir parler, nous expliquer, et je ne suis pas certaine d'en être capable ou seulement d'en avoir envie.

J'aperçois enfin des phares et je reprends mon souffle. Ça fait plus d'une demi-heure que je suis contre le chambranle de la porte à me les geler et surtout à me triturer le cerveau avec des problèmes sans solution.
Est-ce que je perds la tête ? Pourquoi je reste là dans le froid à attendre ? Pourquoi est-ce que je ne me suis pas aperçue que j'avais si froid ? Que je pouvais seulement laisser le portail ouvert et rentrer ? Qu'il s'était passé tout ce temps ?

Je dois être encore un peu déphasée après l'incendie sans doute.

J'ouvre le portillon sur un Jasper fatigué aux traits tirés, à la mine défaite.

- Salut ma Bella, soupire-t-il.

Il me serre très fort dans ses bras. Je m'attendais à me sentir réconfortée mais ce n'est pas le cas. Il a besoin que je le rassure, peut-être plus que moi. Je lui rends son étreinte mais je ne suis pas sûre d'être à la hauteur. Soudain les forces me manquent et je me sens lasse.
Alice derrière lui passe un bras autour de mon cou et embrasse ma joue plus furtivement mais avec appui tout de même. Elle tient sous son coude un dossier épais et semble préoccupée. Elle passe devant d'un pas rapide, pose ses papiers sur la table basse et se laisse tomber sur le canapé.

Avant que je n'aie refermé la porte, j'entends le moteur d'un véhicule et sans y réfléchir vraiment je suppose qu'il s'agit du livreur. Machinalement je le paye et récupère la nourriture avant de les rejoindre au salon.

Alice et Jasper ont une discussion animée, ils parlent fort comme s'ils se disputaient. Je me rends compte que ce n'est pas le cas alors que je me rapproche.

- Alice tu dois faire attention à ce que tu dis, ces accusations peuvent nous conduire droit en prison.

- Jasper, jamais je ne m'avancerai sans preuve ! D'ailleurs pour l'instant ce sont des hypothèses mais ça prend forme j'ai la ferme intuition que ce qui se passe n'est pas normal et je compte bien le prouver !

- Eh oh on se calme c'est quoi ce bordel ? je gronde pour qu'ils baissent d'un ton.

- Ouais c'est quoi ce bordel ?

Edward descend les escaliers d'un pas incertain. Il est magnifique, son visage encore embrumé par le sommeil, ses cheveux bien emmêlés qu'il agite sous ses doigts, son regard vitreux.
Il vient droit vers moi enlace ma taille et fourre son nez dans mon cou.
Moi je me fige, à la fois heureuse et perdue.

- Je ne savais pas qu'on avait de la visite, murmure-t-il.

- Une invitation de dernière minute.

Je me défais de ses bras, un peu trop rapidement sans doute, et je vais déposer les provisions dans la cuisine.

Il me rejoint.

- Tout va bien ? demande-t-il sachant pertinemment que non tout ne va pas bien.

Il a dû sentir que je m'étais raidie, il a dû sentir que je m'étais échappée de lui lorsqu'il m'avait touchée.

Je n'ose pas le regarder. Il est toujours plus facile de mentir sans regarder l'autre.

- Oui, juste un peu fatiguée je pense.

Mais Edward n'est pas dupe et il est tenace. Il se moque de la présence de Jasper et Alice qui maintenant attendent que nous revenions pour poursuivre leur conversation.

- Non, dis-moi, parle-moi, insiste-t-il.

Il passe ses mains sur mes cheveux pour les retirer de mon visage et cette fois je ne peux plus fuir son regard. J'ai envie de pleurer soudain, je me sens faible et fragile.

Je me colle contre lui.

- Je sais pas Edward, sincèrement. Je dois être fatiguée je t'assure.

C'est la vérité. Je suis incapable de déterminer la raison pour laquelle je suis dans cet état, je ne peux que le subir. J'ai la gorge serrée, mes membres sont engourdis, ma tête est comme embrumée.
Il me serre avec douceur et je me laisse enfin aller dans sa chaleur.

- Assieds-toi.

J'obéis docilement tandis qu'il s'occupe de mettre la nourriture dans les plats rapidement.
Nous rejoignons Alice et Jasper, qui bien qu'ils n'aient rien entendu de notre échange se doutent que nous avions besoin de cinq minutes d'intimité.
Jasper et Edward se saluent d'une tape dans la main affectueuse et une sur l'épaule plus virile. Les retrouvailles avec sa sœur sont plus pudiques. Alice pose ses mains sur le visage de son frère et l'embrasse sur la joue. Je vois dans ses yeux qu'elle est heureuse de le revoir, Edward lui sourit affectueusement.

L'atmosphère sans être tout à fait sereine est tout de même plus détendue.

- Servez-vous, dit Edward.

Chacun prend quelque chose mais personne ne semble avoir réellement faim.

- Bon… on n'est pas près de retourner travailler Bella, soupire Jasper.

- Je me doute... je souffle.

- Le salon est ruiné il n'en reste quasiment rien.

- Et l'appartement d'Emmett ? demande Edward.

- L'appart ça va, comme il n'est pas directement au-dessus du salon il n'y a pas trop de dégâts mais il faudrait faire venir des artisans pour évaluer l'étendue des dégâts et de toute façon ce n'est pas possible pour l'instant, les experts n'ont toujours pas trouvé la cause de l'incendie.

- Quelle merde… je bafouille. Ça va être super long…

Un ange passe, tous démunis et désœuvrés face à l'ampleur de la situation qui nous dépasse complètement. Enfin peut-être pas tous…

- Jasper, est-ce que tu as une idée de qui aurait pu faire ça ? demande Edward.

Alice se racle la gorge et Jasper la regarde d'un œil contrarié.

Je ne sais pas ce qu'ils trament mais je dois savoir.

- Jasper, si tu as des ennemis, des gens qui t'en voudraient ou si tu sais qu'Emmett en a tu dois nous le dire, j'insiste. De mon côté il y a Alec, tout le monde le sait mais je ne vois pas pourquoi il s'attaquerait au salon.

- Il s'est attaqué à toi par le biais de ta mère, il est capable de tout, renchérit Edward.

- Oui mais je ne sais pas… ça ne colle pas…

- Parce que tu n'as pas compris…

Edward commence à hausser la voix et Alice le coupe.

- Ne vous torturez pas, je crois que je sais, dit-elle sur le ton de la conspiration.

Tous les regards se posent sur elle, sauf celui de Jasper. Il souffle boudeur et s'enfonce un peu dans le fond du canapé en avalant un sushi de plus.

Alice hésite un instant.

- Vas-y Alice accouche ! je la presse.

- Je pense qu'il ne s'agit pas d'un acte « contre » l'un d'entre vous. Enfin peut-être mais c'est surtout un moyen de gagner pas mal d'argent si je ne me trompe pas.

Son visage change imperceptiblement. Elle se fait plus sérieuse et concentrée. Elle nous regarde droit dans les yeux quand elle nous parle, ce qui est rarement le cas en ce qui la concerne. Elle devient Alice l'avocate, et sa confiance en elle dans ce domaine saute aux yeux, autant que son manque de confiance dans la vie de tous les jours.

- Dès que j'ai su pour l'incendie, je me suis renseignée sur le salon. Emmett n'est pas propriétaire des lieux, il n'a qu'un bail et savez-vous à qui il loue ?

- Oui je sais… je souffle. Il loue aux frères qui tiennent le cabinet dans lequel tu bossais Alice, celui dans lequel tu as fait ton stage.

Je me rappelle qu'Emmett en avait parlé parce qu'il avait eu du mal à leur faire accepter l'idée du salon de tatouage.

- Exactement, sourit-elle.

Elle connait son affaire elle nous amène précisément où elle veut.

- Le cabinet Volturi possède une grande partie des établissements de la ville. Ils louent des locaux commerciaux de toutes sortes, des coiffeurs, des banques, des bars, des restaurants…

- Ça veut dire qu'ils ont la main mise sur les commerces de toute la ville ? déduit Edward.

Les yeux d'Alice brillent de satisfaction.

- Pas tous mais quasiment. Ils choisissent qui travaille, qui ne travaille pas et où.

- Mais il n'y a pas de loi contre ça ?

- Non il n'en existe pas. Dans tous les cas, ils connaissent bien les lois et savent les détourner. Ils ont les meilleurs avocats de la ville ne l'oublie pas.

- Alors quel est le rapport avec Emmett ? je demande passablement inquiète de connaitre la réponse.

Parce qu'Alec, je peux encore aller lui défoncer la gueule, mais un cabinet aussi connu et reconnu que celui des Volturi, personne ne veut avoir affaire à eux.

- Il existe des lois très strictes au sujet des baux. On ne peut pas rompre un bail facilement, les locataires sont très protégés.

J'essaie de trouver la conclusion de son discours mais pour moi c'est le flou intégral.

- Tu veux dire que… commence Edward.

Alice hoche la tête de haut en bas.

- Je veux dire que si les Volturi ont besoin de cet emplacement pour une affaire qui leur rapportera bien plus qu'un simple salon de tatouage, à moins que le locataire ne veuille arrêter son activité, leur seule chance est que cette activité soit coulée.

- Ok je comprends le principe mais mettre le feu à un établissement ne peut pas le couler, il y a des assurances, on va s'en sortir, le salon rouvrira même si c'est long.

Je commence un peu à paniquer. Est-ce qu'Alice nous explique que c'est sans issue, que nous sommes foutus ?

- Bella… sa voix se fait douce et Edward vient s'assoir sur l'accoudoir du fauteuil dans lequel je suis installée. Ce sont des avocats, les meilleurs, s'ils veulent trouver une faille ils la trouveront et même s'ils n'en trouvent pas, ils peuvent faire durer les choses si longtemps que les mensualités seront impossibles à payer.

- Mais pourquoi ? Quel est leur intérêt à faire ça ?

- D'abord l'argent.

En bonne avocate Alice s'attend à chacune de mes questions et y répond avec beaucoup d'aplomb.

- Le locataire va se retrouver avec des frais de réparations énormes, plus les frais de location, plus des indemnités s'il ne paie pas à temps…

Je baisse les épaules, vaincue.

- Et aussi le pouvoir de choisir des entreprises. Celles qui sont prêtes à payer plus pour s'installer au même endroit, celles qui se lieront avec le cabinet Volturi et leur assureront des affaires juteuses… souvent des banques, des organismes de crédit, des multinationales…

- Mais si je comprends bien, c'est une sorte de mafia ?

Je sens bien que tout ça me dépasse et nous dépasse tous. Sauf peut-être Alice qui semble plus sûre d'elle que jamais.

- Je ne peux pas vraiment m'avancer à ce sujet mais en quelque sorte oui. Ils ont un pouvoir énorme grâce à leurs biens immobiliers.

Je regarde Edward qui semble aussi secoué que moi, Jasper qui ne lâche pas le plafond des yeux puis Alice. Elle me redonne espoir quand j'entrevois une étincelle dans ses pupilles.

- Dis-moi Alice, qu'est-ce qu'on peut faire ?

- J'ai travaillé pour eux et leur point faible est qu'ils se pensent intouchables. Ils le sont quasiment mais j'ai pu mettre la main sur des documents qui prouvent ce que j'avance.

Je regarde sa sacoche.

- Non les documents dont je te parle sont en lieu sûr. On joue dans la cour des grands là. Si les Volturi s'étaient douté juste une seconde que j'avais une quelconque relation avec Emmett et son salon de tatouage, ils… Je ne sais pas ce qu'ils auraient fait et je ne sais pas ce qu'ils feront quand ils le sauront, ils savent peut-être déjà mais quoiqu'il en soit, pour me mettre un peu à l'abri, je voudrais représenter Emmett, je voudrais officiellement être son avocate.

Alice devient nerveuse. Elle parle très vite et semble s'écouter elle-même.

- D'ailleurs je ne sais pas comment il a fait pour survivre avec son salon aussi longtemps sans avoir d'avocat...

- Alice, je lance d'un ton ferme mais pas agressif, tu penses qu'on devra aller jusqu'au procès ?

- Sincèrement non. Les Volturi manigancent dans l'ombre, ils n'ont aucun intérêt à ce que leurs affaires soient dévoilées lors d'un procès. De notre côté, un procès serait très long, très couteux et nous n'aurions aucune garantie de succès. Certaines choses me semblent louche et si j'ai raison, ils voudront négocier un arrangement et nous serons assurés de pouvoir rouvrir un jour le salon. Après, Emmett et Jasper décident, ils sont les propriétaires.

- Qu'est ce qui te semble louche Alice ?

Cette conversation est aussi fascinante qu'effrayante. Dans quoi on va s'embarquer ?

- Le fait qu'on n'ait pas encore trouvé la cause de l'incendie. C'est très étrange, d'habitude les experts la trouvent le jour même, il n'y a pas de raison de ne pas la trouver. Plus le temps passe, plus il va être difficile de trouver et si on ne trouve pas, on va conclure à un incendie volontaire. Les assurances sont très à cheval sur les diagnostics.

- Qui sont ces experts ?

- Ceux des assurances du cabinet Volturi bien sûr.

Un sourire sans joie se dessine sur ses lèvres.

- Quelles sont nos options ?

- Si Jasper et Emmett acceptent que je les représente, demain je peux dépêcher des experts indépendants qui pourront donner un diagnostic impartial. C'est la meilleure solution.

Elle se tait et ses yeux se rembrunissent.

- Mais quoi Alice ? Parle bordel !

Je ne suis pas énervée mais suspendue à ses lèvres. Je sens qu'elle tient une solution, qu'elle y a déjà travaillé et qu'elle est motivée à nous tirer de là.

- A moins qu'Alec soit mêlé à tout ça, de près ou de loin.

Edward soupire bruyamment.

- Alice franchement c'est bon la parano ! Alec n'a pas ce pouvoir ! s'énerve-t-il.

Jasper redresse la tête.

- Alec peut avoir monté un dossier pour promouvoir l'installation d'une autre entreprise à la place du salon. Il peut avoir négocié de jolis contrats pour que cette entreprise fasse appel au cabinet en cas de litige et s'assurer que ce sera bien le cas. Enfin il est très coriace, Edward tu le connais ! Bien sûr qu'il ne divulguera pas ses intentions aux Volturi, ils ne vont même pas lui demander, mais sous couvert d'un plan alléchant, il peut très bien arriver à ses fins, nous pourrir la vie !

Merde, Alice tremble et ses yeux brillent, les larmes ne sont pas loin.

Aussitôt Jasper enlace ses épaules mais elle résiste à son étreinte. Elle garde les yeux dans ceux de son frère qui vient de douter d'elle.
Ça c'est nouveau mais c'est de très bon augure. Alice se révèle très sûre d'elle et combative. J'aime cette facette de sa personnalité.

- Excuse-moi sœurette, lâche Edward vaincu mais visiblement heureux de l'attitude de sa sœur. Je sais que ce type est pire qu'une teigne. Tu as raison, mieux vaut rester sur ses gardes.

Un silence calme plane au-dessus de nos têtes agitées par mille questions.

- Pourquoi ne veux-tu pas qu'Alice représente le salon Jasper ? demande Edward.

- Comment sais-tu que je ne veux pas ? s'étonne Jasper.

- Vu ton comportement je pense que tu connais l'histoire qu'Alice vient de nous raconter mais que tu es contre un procès ou une quelconque défense.

- Je ne suis pas contre… je suis juste… je me sens… démuni et assez impuissant.

Il laisse tomber sa tête dans ses mains comme s'il était lâche, ce qui est loin d'être le cas. Lui aussi est passé par des événements douloureux, je comprends parfaitement qu'il soit fatigué de devoir se battre encore.

Nous sommes tous dépassés par ce que raconte Alice. J'ai l'impression d'être dans une série télé et pas dans la réalité.

- Moi aussi je préfèrerais fermer les yeux et laisser faire les choses. Mais nous avons la chance d'avoir Alice et on dirait qu'elle maitrise plutôt bien son sujet.

Je lui souris pour lui montrer ma gratitude.

- Nous aurons de quoi nous défendre, nous ne pouvons pas les laisser agir impunément. Ce salon c'est tout ce que tu as Jasper, tout ce que « vous » avez, tu ne peux pas croiser les bras et attendre. Je suis là, je vous aiderais, j'en ai vraiment envie je suis capable.

Alice est presque essoufflée quand elle finit son discours, le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle est motivée. Je suis certaine qu'elle veut nous aider mais quelque chose me dit que cette affaire lui plait énormément et qu'elle a besoin de prouver qu'elle peut y arriver, même si c'est délicat.

Je prends la main de Jasper que je balance un peu pour qu'il nous regarde et que je puisse lire sur son visage son ressenti. Il lève les yeux seulement vers Alice.

- J'ai peur pour toi Alice. C'est pas rien ce qui se passe là. Les Volturi ne vont pas se laisser faire par une débutante comme toi. Tu dis que c'est un peu comme la mafia...

- Jasper on se calme ! répond Alice déterminée.

Ça alors ! C'est Alice qui rassure Jasper maintenant ! C'est elle qui nous rassure tous ! J'ai vraiment raté un épisode…

- Ils ne vont rien me faire. Ils sont un peu comme la mafia parce qu'ils possèdent la moitié des biens immobiliers de la ville mais ils ne sont pas des meurtriers, ils n'ont pas besoin de l'être, leurs affaires sont florissantes et personne ne s'oppose à eux.

- Nous, nous allons nous opposer à eux, insiste Jasper.

- Pas nous opposer non…montrer une petite résistance seulement, sourit-elle.

- Jasper tu n'es pas tout seul et Alice n'est pas toute seule, on est là nous, dit Edward en serrant mes épaules.

Je me sens bizarre face à ce geste. Ni heureuse ni choquée juste… bizarre.

- On sera là si tu as besoin de quoi que ce soit tu peux compter sur nous.

Jasper hoche la tête.

- Est-ce qu'Emmett est au courant ? je demande.

- Dans les grandes lignes… Je voulais le ménager il était épuisé. Mais il a accepté qu'Alice nous représente. Il a dit texto : « s'il doit y en avoir une c'est bien elle », sourit-il.

Je souris aussi même si mon ventre se tord de le savoir à l'hôpital.

- Alors Jasper Whitlock, tu me laisses être officiellement ton avocate ?

Jasper l'étudie un moment avant de répondre.

- Bien sûr, souffle-t-il.

Ils s'embrassent et Edward et moi baissons les yeux, légèrement embarrassés d'assister à leur baiser. Edward certainement plus que moi.

Nous grignotons un peu parce que mine de rien nous avons besoin de prendre des forces.

- Une dernière chose, ajoute Alice entre deux sushis. Si les experts ne trouvent pas de défaillance technique, s'ils estiment que le feu est d'origine criminelle, la police sera sur le coup et tu seras certainement interrogée Jasper, tout comme Bella.

Elle lance ça comme si tout était normal, comme si ce n'était qu'un détail insignifiant. Je me fige. Je n'ai aucune envie d'être interrogée.
Jasper a exactement la même réaction, je le lis sans peine dans son regard qui croise le mien.

- Ne vous inquiétez pas, vous ne serez pas suspectés. Ils font ça pour déterminer qui aurait pu en vouloir au salon, dans le cadre d'une enquête.

Elle ne me rassure pas vraiment.

- Et puis, peut-être que celui qui a refait l'électricité du salon a fait du mauvais travail et qu'il y a eu une défaillance tout simplement.

- C'est possible ? je demande.

Ce serait le scénario le plus simple.

Alice ne réfléchit même pas avant de répondre.

- Les experts de chez Volturi auraient déjà trouvé si c'était le cas. Mais il faut attendre demain pour en être tout à fait certain.

Je suis aussi perdue qu'elle est sûre d'elle.

Un peu plus tard je les raccompagne jusqu'à la porte, je prends mon temps pour leur dire au revoir. Nous sommes à présent liés par beaucoup plus que de l'affection et nous nous devons de nous soutenir pour ne pas perdre pied.

Une fois seuls Edward et moi une boule se forme dans mon ventre. C'est le moment de parler, c'est maintenant mais je ne suis pas sûre d'être prête.
Alors je tente une autre solution.

Edward est enfoncé confortablement dans le canapé. Ses yeux brillants me suivent quand je viens vers lui. Je m'étire de tout mon long, faisant remonter mon teeshirt au-dessus de mon nombril.
Sans que rien de tangible ne se produise, je sens que ça lui plait. Alors je passe une jambe entre les siennes et je pose un genou sur le canapé. J'approche mes lèvres de son visage.

- Bella… marmonne-t-il. Il faut qu'on parle.

Voilà exactement la phrase que je ne voulais pas entendre. Mais je ne me démonte pas.

Je l'embrasse en soupirant légèrement. Sa bouche est hésitante mais je parviens sans mal à approfondir le baiser. Ma langue s'introduit lentement pour trouver la sienne. Il râle de plaisir mais pas d'approbation.

- S'il te plait, attends…

C'est plus une supplique qu'un ordre formel et à cet instant précis j'ai très envie de l'entendre supplier.

Sans le quitter des yeux, je glisse langoureusement entre ses jambes.

- Oui Edward parle-moi, je susurre.

Il grogne comme je défais la ceinture de son pantalon mais n'oppose aucune résistance pour lever ses fesses et me permettre de le lui enlever.
Son sexe est devant moi, pas encore tout à fait raide mais foutrement appétissante.

- J'adore qu'elle durcisse dans ma bouche, dis-je en me léchant les lèvres.

- Bella… on doit…

Sa phrase meurt alors que je commence à le lécher avec appétit.

- Tu…

J'ouvre grand la bouche pour l'avaler toute entière.

- Tu es…

Je ne comprends même pas ce qu'il dit, trop absorbée par ma gourmandise.

- Tu es un démon… souffle-t-il.

L'entendre et le gouter à la fois décuple mon plaisir. Sa main vient caresser mes cheveux et je suis au paradis.
Mais son poing se ferme subitement et je sais qu'il n'en peut plus, mon festin est terminé.

Il relève mon visage vers lui et m'embrasse fougueusement, à pleine bouche, jusqu'à presque m'étouffer. Il saisit mes hanches et me retourne sur le canapé.
Je suis à genou, les coudes sur le dossier et bon sang je sais exactement ce qu'il compte faire. Je cambre d'autant plus mes reins pour l'encourager dans ce sens.
Sans ménagement il baisse mon short et écarte mes fesses. Il vient chatouiller mon entrée et je suis plus que prête à l'accueillir.

- Putain Bella… tu es déjà si chaude… murmure-t-il.

Il s'enfonce en moi avec lenteur. Je geins comme je sens toute sa longueur me remplir petit à petit. Mais il se retient et je ne veux pas de retenue.

- Edward… je couine. Plus fort ! Prends-moi plus fort !

Je veux que ce soit dur, je veux le sentir fermement au plus profond de mon être et de mon âme. Je veux décoller et voir les étoiles. J'ai besoin de ça, j'ai besoin de lui.
Edward ne se fait pas prier. Il engage un va-et-vient autoritaire et presque brutal. Je m'accorde à son rythme et mes fesses viennent à sa rencontre. Je crie sous ses assauts tellement mon corps le réclame, tellement c'est bon, tellement je veux plus, plus fort, plus vite, encore et encore.
Il saisit mes cheveux et me redresse contre lui. Il embrasse mon cou, pince mes seins. Nous sommes comme possédés, comme liés par une force qui nous transcende.

- Putain Bella je te veux tellement, bafouille Edward.

Le son de sa voix se répercute directement sur mon clitoris qui se contracte plus encore si c'est possible. Comme s'il le sentait, ses doigts viennent le masser et je perds pied. Je ne contrôle plus rien, ni mes mouvements ni mes cris. Edward semble dans le même état. La jouissance est presque insupportable tellement elle est grandiose et c'est ensemble que nous atteignons l'apothéose.
Je crie de bonheur de stupéfaction de plaisir et que sais-je et Edward fait de même. Nous tremblons au point que pendant un long moment nous ne pouvons plus bouger d'un millimètre, à la fois essoufflés, éperdus et heureux.

Puis Edward se dégage de moi, il s'assoit et d'une main vient me caler contre lui. Nous avons du mal à reprendre notre souffle.
Je ne veux plus que ce moment s'arrête, je ne veux plus revenir à la vraie vie, je veux rester là, contre lui, toujours.

Mais la vie étant ce qu'elle est, et Edward étant qui il est, je n'aurais pas un long répit.

- Je t'aime ma Bella, murmure-t-il.

Ma poitrine se serre de joie en entendant ces mots et mes doigts s'agrippent à lui tant il est difficile de la contenir.
J'ai envie de répondre, je le veux vraiment, mais il ne va pas m'en laisser le temps.

- Tu sais, quand tu es partie de chez toi ce jour-là, quand tu m'as regardé dans les yeux comme si je n'étais rien ni personne et que tu as claqué la porte, j'ai cru devenir fou.

La discussion tant redoutée commence. Je me sens mal, je me sens très mal.

- Personne n'arrivait à me calmer, ni Emmett, ni Rose. Je ne comprenais plus rien…

- Je sais je…

Il continue sur sa lancée.

- On est fort tous les deux Bella. Je connais tes failles, je connais tes défauts, je ne sais pas tout de toi mais je sais qui tu es et… je t'aime. Je suis là, je suis près de toi je ne te quitterai pas. Je te ferai peut-être du mal mais ce ne sera jamais intentionnel.

Il reprend son souffle. J'ai l'impression qu'il a ressassé ces mots plusieurs fois, j'ai l'impression qu'il s'en délivre. Il a besoin de parler, c'est même important pour lui. Comment ne l'avais-je pas compris plus tôt ?

Pour lui montrer mon intérêt et ma compréhension, je réajuste mon short et je m'installe toujours contre lui mais cette fois je le regarde. Il en profite pour lui aussi remonter son pantalon.

- Tu sais que tu peux être sincère et toi-même avec moi, tu y es arrivée. On était bien, on était heureux, quand les choses tournent mal on peut quand même être bien et heureux ensemble. J'ai l'impression que je m'embrouille. Il y a tellement de choses que je voulais te dire que je sais plus très bien…

Il baisse les yeux et frotte ses cheveux. Il se sent ridicule, il est gêné.

- Tu n'as rien à te reprocher Edward. Tu… tu es juste parfait ! Enfin tu as tes défauts ok mais dans cette histoire c'est moi qui merde. J'ai toujours vécu seule, tout ce que j'ai construit je l'ai fait seule, j'ai toujours dû me battre pour tout, tout le temps, rien n'a été facile mais j'ai réussi. Et j'en tire une certaine fierté. Dans ma tête, je n'ai besoin de personne. Je préfère partager du bon temps avec toi que des pleurs. Mes problèmes, je les résous toute seule.

Edward se redresse, ses yeux pétillent. Il semble visiblement ravi que j'accepte la discussion.

- Tu dis que tu n'as eu besoin de personne mais tu as des amis, des amis très proches qui t'ont soutenue et même aidée d'une façon ou d'une autre. Alors oui, tu peux vivre seule, tu peux garder pour toi tes soucis, tout ce qui tourne mal dans ta vie mais c'est pas de cette façon qu'on vit avec une personne et c'est pas de cette façon que je veux vivre avec toi. J'ai besoin de prendre soin de toi et que tu prennes soin de moi. J'ai besoin qu'on partage tout et si t'as envie de pleurer et bien quoi ? Qu'est-ce qui va se passer si ça arrive ? Je vais te consoler voilà ce qui va se passer et si un jour j'ai besoin de pleurer j'espère que je pourrais compter sur toi.

Il soupire lourdement, comme s'il ne savait plus où il en était.

- Ce que j'essaie de te dire, c'est que je suis là pour toi. Veiller sur toi et être présent quand je sens que tu n'es pas bien est un privilège, pas un fardeau.

Il fait une pause comme s'il hésitait à continuer. Ses yeux s'ancrent aux miens.

- Pour le meilleur et pour le pire.

Je retiens le soupir de surprise qui menace de s'échapper.

- Je sais ce que tu penses, sourit-il en caressant ma joue. Non je ne te demande pas en mariage, enfin, pas là tout de suite mais saches que ça va arriver un jour.

Mes yeux s'écarquillent malgré moi.

- J'ai envie de me marier avec toi. J'ai envie de voyager avec toi, de vivre dans la même maison que toi, de dormir avec toi, de parler avec toi, de m'engueuler avec toi… et même peut-être un jour… avoir des enfants avec toi.

Je crois que je pâlis parce qu'Edward éclate de rire.

- Pour l'instant on peut commencer par vivre ensemble, pleurer ensemble des fois, faire l'amour souvent et voir où ça nous mène.

J'avale ma salive difficilement. J'essaie de mettre en place les mots d'Edward dans ma tête mais je suis perdue.
Il ne m'en veut pas, ou peut-être que si, mais il me veut moi, il veut être avec moi malgré tout.

- Je…

Les mots s'étranglent dans ma gorge tellement je suis émue.

- … ne te mérite pas Edward.

Il prend mon visage en coupe et m'embrasse.
Ses lèvres caressent les miennes avec une infinie douceur. Je m'accroche à ses poignets et répond à son baiser avec la même tendresse.

- Tu mérites bien plus, répond-il.

Je vois l'admiration dans ses pupilles. Une larme coule sur ma joue.
Edward me prend dans ses bras, serre ma tête contre son torse.
Je retiens mes larmes parce qu'il n'y a pas lieu de s'apitoyer. J'ai une chance de dingue, il faut que je sache la saisir.

- Je ne sais pas si je serai toujours prête à me livrer à toi, je murmure contre son cou.

- Je sais.

- Je ne sais pas si j'aurais toujours des réactions… « normales ».

- Je sais.

- Je ne sais pas si je ne vais pas te décevoir encore.

- Je sais.

Je me relève pour le regarder bien en face.

- Mais je vais essayer. Je vais vraiment essayer d'être digne de toi.

Le visage d'Edward s'illumine d'un beau sourire.

- Tu l'es déjà.

Je hoche la tête de droite à gauche et je plisse les paupières.
Je crois vraiment qu'Edward est un fou furieux de s'engager ainsi auprès de moi mais je prends le risque, parce que ce type vaut bien de prendre tous les risques.
Je le regarde, je le dévisage plutôt, mes doigts caressent ses cheveux et mon regard s'ancre au sien avec douceur.

- Je t'aime Edward.

Ma voix se brise un peu. Ses mains se raffermissent sur moi.

- Je ne comprenais pas bien ce qui m'arrivais, je ne savais pas comment le décrire et je n'essayais même pas mais Edward, il faut que tu le saches, je t'aime et je ne peux rien faire contre ça.

Les yeux d'Edward brillent d'émotion et je souris.

- Je suis tellement bien avec toi, je ne veux plus me passer de toi, tu es mon chez moi.

Il m'embrasse avec ferveur. Je veux le serrer le plus étroitement possible alors je me place à califourchon sur lui.

L'idée du mariage va me trotter dans la tête et peut-être même me torturer, celle d'avoir des enfants certainement plus encore, mais pour l'instant il est là avec moi et il veut prendre soin de moi alors je mets ça dans un coin de ma tête, j'aurais tout le loisir d'y penser plus tard. Et si j'angoisse, je sais que je pourrais me confier à lui.

Il est mon amant et mon ami, il me l'a démontré à plusieurs reprises alors je dois coûte que coûte faire un effort sur moi-même et lui faire confiance.
Je le lui dois et je me le dois. Parce que j'ai le droit moi aussi de profiter d'un peu de répit, j'ai le droit d'avoir une belle vie et d'être comblée par l'homme que j'aime.
Ce ne sera pas facile de me battre contre mes démons mais je peux y arriver, ensemble, nous pouvons y arriver.

Je caresse ses cheveux, ses joues, nos langues se mêlent, nos mains explorent nos corps et de nouveau, le désir s'insinue en nous comme s'il s'agissait de la première fois.