NDA 20/07/23 : Bonjour à tous et toutes, j'espère que vous allez bien? Je poste ce chapitre avec une journée d'avance, car je serais un peu occupée demain.

Voici un nouveau tournant un poil violent, mais qui étayera les théories de certains? (Oui, SunsetNo c'est de toi que je parle) J'espère que ça vous plaira!


Chapitre 19 : La vérité si je mens.

J'étais déjà passée brièvement à Gringotts avec mes faux parents, mais maintenant que j'y vais pour moi, je me permets de vraiment observer l'endroit. Les gobelins me font l'effet de petits êtres pincés et dangereux, mais j'évite de les fixer trop longtemps.

Le hall était entièrement constitué de marbre, et avait des allures de palais romains, et si à gauche, il y avait un immense comptoir où se trouvait la centaine de banquiers sur leurs tabourets, à compter pièces, rubis et autres, il y avait aussi ceux qui écrivaient dans des registres sinistres. À droite, il y avait la quantité faramineuse de portes qui menaient vers les bureaux particuliers et les souterrains.

La dernière fois que j'étais venue, j'étais restée assise sur l'un des petits bancs de marbre attenant. Mais aujourd'hui, j'avais rendez-vous avec Barbald, l'un des conseillers les plus réputés de Gringotts. Je ne sais pas comment Argus s'est débrouillé pour obtenir ce rendez-vous, mais c'est ce qui nous permettra de faire les choses à l'abri des regards. Nous sommes peut-être un samedi après-midi, mais pas à l'abri d'un passage de sorciers pour récupérer quelques pièces.

J'ai cependant revêtu des vêtements normaux. Enfin, normaux. Disons, qui ne soient pas mon uniforme pourri, et pas les tenues étranges que la fausse famille m'a envoyées. Il y a une petite robe noire, de type patineuse, qui était à l'origine, verte pomme avec une ceinture, un collant noir, et un manteau trois quart, noir aussi, mais fourré de blanc, ce qui permet de rester au chaud.

« Monsieur Rusard, c'est à vous. » Nous annonce un petit greffier. Et alors que je me lève en même temps que mon ami, je remarque que le gobelin me fixe encore. Je fronce les sourcils, normalement, ils ne sont pas comme ça, ils ne regardent pas les sorciers comme eux, les regardent.

Et tandis que je marche pour rejoindre le bureau de Barbald, je ne peux que constater que c'est partout pareil. Les gobelins me fixent en passant, se détournant de leur tâche, pour observer la direction que je prends. Et ça, ce n'est franchement pas rassurant. Est-ce qu'ils ont compris que j'étais une usurpatrice ? Ou bien s'imaginent-ils autre chose ? Genre… Je ne sais pas… Que je viens voler la fortune d'un pauvre vieillard ?

Le bureau du gobelin est à la fois terriblement succinct et ostentatoire en même temps. Un paradoxe à lui seul. Il n'y a qu'un bureau, trois fauteuils, et une bibliothèque. Mais les meubles sont sculptés en forme de lions qui rugissent et chassent, de licornes qui cabrent, de dragons qui s'envolent et combattent et chaque détail est marqué profondément… La moindre écaille, le plus petit poil, est visible. Ajoutez à cela la présence de pierres précieuses incrustées dans le bois en guise de globes oculaires pour les créatures représentées, et du velours rembourré noir luisant - poil de rougarou ? - et vous avez l'endroit le plus étrange que j'ai jamais vu de ma vie.

Je prends place sur le fauteuil qui, j'en suis sûre, représente un sombral, et Argus celui d'une manticore. Le gobelin qui nous y attendait n'a pas bougé de son siège et nous fixe de ses grands yeux orange. S'il n'a pas l'air plus aimable que les autres, il a tout de même salué mon ami de la tête, avant de me regarder. Là encore, il y a cette étrange expression qui passe dans les yeux de la créature. Constatant que je ne fais rien d'autre qu'attendre, le petit être au nez crochu rajusta ses lunettes - en or - sur ce dernier, et se racla la gorge.

« Que puis-je faire pour vous êtes utiles, monsieur Rusard ? » La voix paraît rocailleuse en premier lieux, mais je prends conscience qu'il se force à ne pas parler fort. Ce doit être un de ces individus qui ne peut pas s'empêcher de crier tout le temps.

« À vrai dire, maître Barbald, nous ne sommes pas ici pour parler de mon compte, mais de celui de ma jeune amie ici présente. » Argus me fait signe de prendre la parole, et dans ses yeux, je lis de l'encouragement.

« Oui, Miss… ? » J'inspire, déglutis, et m'explique enfin.

« Sacha O'Nigay. J'aimerais ouvrir un compte chez vous. » Le gobelin me regarde, et répond le plus naturellement du monde.

« Mademoiselle O'Nigay, si vous avez perdu la clef de votre compte, il suffit de faire une demande afin que nous puissions modifier les serrures et vous en fournir une nouvelle. Est-ce la raison de votre venue ? » Je secoue la tête, mal à l'aise. Je n'aime pas les banquiers, et que celui-là me regarde comme si je n'étais pas normale, ça n'aide pas.

« Non. Je veux vraiment ouvrir un compte… J'ai… Je n'ai pas accès à l'autre, et il est possible que je ne puisse pas non plus y entrer à cause des protections qui ne laissent passer que le sang familial. »

Cette fois, si le regard est inquisiteur, il se fait aussi menaçant. Je me renfonce un peu dans le siège.

« Mademoiselle, tant que nous n'avons pas reçu de testament annonçant votre retrait de l'arbre généalogique O'Nigay, l'accès à votre coffre demeure autorisé. » Merde. Merde et remerde. Je vais devoir m'expliquer un peu plus, et j'en ai aucune envie.

« Non… Non plus. Ecoutez… Je ne peux pas… Je ne peux pas prouver ce que j'avance, mais je sais que je n'aurais pas accès au coffre. » Et le regard oranger devient encore plus sombre. Ce n'est pas rassurant.

« Et je vous assure que si, Miss. Ne doutez pas de nos engagements et de nos contrats ! » AH ! Je comprends mieux pourquoi il s'énerve. Il pense que je critique la banque ! Bon sang. C'est presque un soulagement, en fait.

« Ne vous méprenez pas, maître Barbald… La situation est bien plus complexe que vous ne le pensez. Moi-même, j'ai eu du mal les premiers jours. » Lui indique Argus en se penchant en avant. Il est très bien habillé aujourd'hui, c'est particulièrement rare, mais depuis que je lui ai offert son manteau, il fait plus d'effort. Et c'est peut-être idiot, mais ça me touche, parce qu'il est moins fermé. J'ai l'impression de lui avoir donné quelque chose pour lequel vivre. C'est égocentrique de croire ça ?

Mais le gobelin n'en démord pas.

« En ce cas, nous allons voir. » Et il vient ouvrir un petit tiroir sur sa gauche, sortant un tube de bois gravé d'un diamètre de dix centimètres au moins. Il dévisse le sommet, ce qui me permet de comprendre que c'est une boite, et en sort d'abord un étrange parchemin avec des motifs et des liserais, comme s'il avait été compressé avec des feuilles et des fleurs séchés. Puis, vient suivre un objet enroulé dans de la soie.

C'est un poids qui me tombe sur l'estomac lorsque je comprends ce qu'est l'objet dans le carré de soie. Un athamé, ce foutu couteau rituel, dont la lame ondule d'un noir scintillant. Je jurerai que c'est de l'obsidienne. Le gobelin tend alors le parchemin vers moi.

« Tendez votre main, miss O'Nigay. Je vais effectuer le rituel de liaison. Le sang qui s'écoulera sur ce parchemin prouvera votre identité et votre affiliation au compte familial des O'Nigay. »

Mes yeux croisent les iris grises d'Argus. Lui comme moi, nous savons ce que ça veut dire. Le parchemin ne mentira pas. C'est le genre de magie qu'on ne peut pas flouer. Mais la question demeure. Vais-je avoir ma véritable identité dévoilée sur ce bout de papier ? Ou cette magie gobelin va, elle aussi, disparaître à mon contact, comme la majeure partie des sorts que j'ai reçu depuis Novembre ? Et si c'est la seconde option qui intervient, comment va réagir notre hôte ?

Prenant une très longue inspiration - on cherche le courage là où on peut - je finis par tendre ma main, paume ouverte, au-dessus du parchemin, comme demandé. Après quelques mots en gobelbabil incompréhensibles, maître Barbald vient m'entailler la main doucement. Je grimace, mais sans plus, la douleur est moindre à côté des migraines que je me frappe les lendemains de visions. Un claquement de doigts plus tard, ma plaie est couverte, et je fixe le banquier dans sa manœuvre.

Il vient poser la pointe noire de larme sur le parchemin, et cette dernière se met à briller légèrement, alors qu'un bourdonnement discret se fait entendre. Je peux alors voir apparaître, en lettres de sang, divers mots. Le gobelin étire un rictus, persuadé d'avoir prouvé ses dires.

Nom : O'Nigay

Prénoms : Sacha Ophélie

Date de naissance : 16 Octobre 1995

Lieu de naissance : Avignon.

Et ça se poursuit.

Maître Barbald ne sourit plus du tout. Les yeux orangers me fixent, mitigés entre ahurissement et colère. D'une part, je viens de prouver que j'avais raison, c'est sûrement l'origine de sa colère. De l'autre, que je ne viendrais au monde que dans dix mois, et je suis bien vivante devant lui.

« Comment… ? » Il tente de se reprendre, mais sur son faciès peu avenant, je lis toujours la surprise. « Vous n'êtes pas Miss Sacha O'Nigay, héritière de la famille sorcière O'Nigay, d'Irlande et de France… » Et je secoue la tête de gauche à droite.

« Non. Je suis comme elle, physiquement nous sommes très similaires, et aux yeux cette famille il n'y a pas de doutes, mais je n'ai jamais été cette adolescente. » Dieu m'en soit témoin merci bien !

Le banquier récupère le parchemin, et laisse ses yeux courir dessus un moment. Je le vois froncer ses épais sourcils, avant de relever la tête pour regarder par-dessus ses lunettes et le papier.

« Bien. Pour l'ouverture du compte, je me dois vous prévenir que vous avez plusieurs possibilités. La première formule est un compte individuel, vous êtes seule maitresse d'une clef, et personne, pas même des membres de votre famille, n'y aura accès. À moins, bien sûr, de nous faire parvenir une demande de dérogation 48 heures à l'avance. » Il se racle la gorge, et sort un dossier vide, dans lequel il commence à écrire, suivant les instructions déjà notées sur le parchemin ensorcelé.

« Ça ne m'arrangerait pas. Je suis bloquée à Poudlard pour le moment… »

« La seconde, compte courant partagé. Vous êtes propriétaire d'un compte à votre nom, mais certaines personnes dont la liste doit être inscrite dans nos registres à l'aide d'un formulaire de sang, peuvent y accéder. » Je hoche vivement la tête.

« Ça. Cela me permet d'avoir un compte à moi, et Argus, qui est plus mobile, pourra aller et venir. Enfin, si tu veux bien… ? » Je demande, soudain inquiète de l'importuner. Le vieux cracmol hocha la tête longuement.

« J'ai promis de t'aider, je ne reviendrais pas sur ma parole. Et aller te chercher des galions, ou en déposer, je peux le faire. J'ai plus facilement accès aux cheminées que toi. » ça, c'était certain. Mais qu'il le redise me rassure. Je ne suis pas toute seule. Même si Meleth nin n'est pas repassé depuis Yule, et même si je ne sais pas ce qu'il s'est passé à ce moment-là, il y a quelqu'un prêt à me soutenir. Parce que même si je suis capable de me relever seule, un ami, ça permet d'aller encore plus loin.

« Merci… Vraiment. »

Le formulaire est rempli, que ce soit au sujet de mon identité, mon âge, ou même mon poids, et il est noté que la magie le mettra automatiquement à jour. J'ai tiqué cependant, parce que je ne me suis pas pesée depuis un long moment, et j'ai l'impression d'avoir perdu énormément de poids. Ceci dit, je passe mes journées à faire des kilomètres dans une bâtisse magique. Ça vient sûrement de là.

Je signe avec mon sang - haha - et Argus fait de même, en tant que titulaire secondaire. Il ne peut que poser et retirer de l'argent, une somme maximale est apposée d'ailleurs, mais rien toucher aux modalités de comptes. J'en demeure la propriétaire principale. La clef sera cependant faite une fois arrivés au coffre, puisque je dois déposer mes affaires là-bas.

Mon ami reste dans le bureau, arguant que le tour en wagon ne lui plaît guère, et que ses rhumatismes le font souffrir. De fait, je suis seule à suivre maître Barbald hors du bureau. Aussitôt, un greffier court vers nous, une lanterne à la main.

« Monsieur, je puis vous rendre service ? »

« Non. Bogna, donnez-moi cette lanterne, je me charge de cette cliente. » Le gobelin me regarde alors, comme s'il y avait quelque chose de dérangeant chez moi, et hoche la tête avant d'obéir.

Nous empruntons l'une des portes menant vers les souterrains, et je sens mon cœur faire une embardée en voyant les rails et le vide juste en dessous. Je sais que je ne vais pas du tout aimer ça. Argus, je te comprends. Je ne le sens pas. C'est pire qu'un dragon, ça.

Je suis maître Barbald, qui grimpe dans l'habitacle de cet engin de malheur, et m'assois à ses côtés. Mais si lui, tient bien haut la lanterne, moi je m'accroche de toutes mes forces à la barre de sécurité. J'entends juste le levier que le gobelin actionne, et je ferme les yeux. Je m'entends à peine par la suite, l'air fracasse mes oreilles et mes cheveux me fouettent le visage, mon cri arrachant mes cordes vocales au passage.

Je sais que je vais trop vite, mon corps tout entier le sait. Putain de merde, ce n'était pas une bonne idée ! JE REGRETTE !

Le virage sec que je sens m'emporter sur la gauche me fait hurler de plus belle. Je perçois à peine le juron à côté de moi, j'ai envie de pleurer. J'ai le vertige de base, mais là, trop de sensations fortes, je ne veux pas. Faut que ça s'arrête !

Et comme pour exhausser mon vœu, le wagon freine brutalement. J'ouvre juste les yeux pour voir de quel côté est le quai, et descend aussi vite que possible, mais jambes me lâchant une fois pieds à terre.

« Jamais ! Plus jamais ! Je ne veux pas de ça, je n'aime pas, trop ! » Je sens que quelque chose coule sur mes joues, et je sais ce que c'est. Des larmes. Parce que j'ai perdu tous mes moyens. C'est un carnage.

« Les rails… » Je ne comprends pas ce qu'il se passe, ce à quoi il semble s'attendre. Mais alors que j'essuie mon visage d'une main, l'autre tenant mon ventre, je peux voir que le banquier me scrute de haut en bas.

« Qu'est-ce qu'il y a… ? » Ma voix est rocailleuse d'avoir hurlé.

« Vous n'êtes pas commune, Miss O-Nigay. Vous aviez dit avoir des possessions à déposer dans le coffre, où sont-elles ? » Le changement de sujet me fait supposer qu'il parle de mon voyage dans le temps, du coup, je suis.

« Dans ma sacoche. Je vais d'ailleurs avoir besoin d'aide pour leur rendre leur taille normale. »

Le gobelin, qui s'était approché de la grande porte de métal gravé, au-dessus de laquelle je pouvais lire 666 - Oui, c'est démoralisant, comme le ridicule me poursuit - s'arrêta en chemin. Je peux dire que j'ai réussi plusieurs records aujourd'hui, j'ai fait sourire un gobelin, déchanter ce dernier, l'ait mis en colère et même fait buguer ! Quel talent !

« Que venez-vous de dire ? » Je fronce les sourcils, je n'ai pas crié si fort que ça, si ?

« Que mes affaires sont rétrécies, et qu'il faut leur rendre leur taille normale, pourquoi ? »

« Pourquoi demandez-vous cela à un Gobelin ? » Il a carrément l'air prêt à me pourfendre avec un cure dent. Qu'est-ce que j'ai dit, encore ?

« Parce que je ne peux pas le faire moi… ? » J'hésite, maintenant, j'ai clairement dit une connerie sans m'en rendre compte.

« Vous ne pouvez pas le faire ? Vous n'avez pas appris, c'est ce que vous êtes en train de dire ? » Et là, je réalise ma bourde. Les gobelins n'ont pas le droit d'avoir une baguette magique, leurs pouvoirs sont axés sur la magie du sang, les artefacts forgés et les potions. Je perds un peu plus en couleur.

« Pardon… Non. La baguette dans mes cheveux n'est que purement décorative. C'est celle de l'autre Sacha, mais je ne peux pas m'en servir. J'ai momentanément… Pardon, je ne voulais pas vous offenser. »

« Pourquoi ne pas avoir emmener votre baguette, en ce cas ? » Il insiste bien sur le possessif, et je soupire, ça va être compliqué. Ou plutôt, ça va être très simple, je vais dire la vérité.

« Parce que je n'en ai pas, et même si j'en avais une, ça ne servirait à rien, je ne suis pas une sorcière. »

« Mademoiselle O'Nigay, bien que la filiale Gringott se targue de toujours garder les secrets de ses clients, si vous n'êtes pas une sorcière, cela risque de poser problème d'un point de vu législatif… » Il se reprend, levant la lanterne vers moi. « Vous avez visiblement voyagé dans le temps, n'était-ce pas par le biais d'un retourneur de temps issu du ministère ? »

« Non. Je ne sais pas comment ça s'est produit, j'ai… Peu de souvenir de l'incident, mais je sais que je ne peux pas faire de magie comme les sorciers. Aucune baguette n'est faite pour moi. »

« Vous êtes donc moldue. » Le constat semble plus neutre. Mais je vais devoir casser ses espoirs.

« Non plus, ce serait trop simple. Oracle de première catégorie. Et pas seulement à cause de mon voyage dans le temps, hélas. » Ok cette fois je l'ai vu écarquillé les yeux, je ne suis pas folle !

« Ça explique beaucoup de choses. » Il se détourne finalement de moi et glisse son doigt dans la fente de la porte, griffant certaines choses dans un ordre que je ne retiens pas. La porte du diable s'ouvre sur un coffre vide, de la taille d'un placard à balai avec des petites étagères murales.

« Mais encore ? » Demandais-je en me rapprochant.

« Après le test de votre identité, je me suis demandé si vous n'étiez pas métisse, votre odeur est particulière, vous savez ? Nous, Gobelins, avons un odorat bien plus élevé que les sorciers, et nous savons reconnaître ceux qui possèdent ce petit plus issu de la nature. Lorsqu'il y a un métissage ou une malédiction. Les oracles, bien que considérés comme voyants, sont plus proches de ce que les sorciers considèrent comme des créatures magiques, que de ces derniers, en termes de nature. »

« C'est pour ça que tous vos employés me regardent bizarrement depuis que je suis ici ? »

« Je suis navré que cela vous ait incommodé. Voyez-vous, l'odeur que vous portez est purement magique… C'est comme une essence florale très rare. » Je suis presque rassurée, pendant une seconde, j'ai cru que je puais le rat crevé.

« D'accord. Bon. Pour mon coffre du coup ? »

« Vous êtes bel et bien habilité à avoir un compte chez nous sans que ça ne suscite d'intérêt auprès des législations du ministère. » Il marque une pause. « Cependant, je ne peux pas non plus rendre à vos possession leur taille normale. Nous allons devoir faire appel à un sorcier travaillant pour la banque. L'acceptez-vous ? »

Je ne pouvais pas vraiment dire non, je n'avais pas le choix. Cependant, par un étrange coup du sort, c'est Bill Weasley qui s'en est chargé. J'ai donc pu installer le mannequin abimé que Nora m'a totalement cédé, sur lequel reposa ma robe de Serenity. Je ne compte pas la remettre, mais je veux qu'elle soit à l'abri, et pas plié à l'arrache dans un coin. Ce sont des heures de travail. Je n'ai gardé qu'une dizaine de galions sur moi, les glissant dans les poches de mon manteau fourré, et le coffre a été posé sur l'étagère la plus basse.

J'ai ensuite dû prendre sur moi pour ne pas pleurer comme une mauviette sur le retour. Principalement parce que cette fois, j'étais coincée entre le gobelin et Weasley. Et que si j'avais ouvert la bouche, j'aurais probablement vomi sur le rouquin. Ce qui aurait été plutôt fâcheux.

oOoOoOo

Ginny commençait à en avoir marre du cirque des jumeaux.

Depuis Yule, les deux garçons allaient et venaient dans tout Poudlard, à la poursuite de Sacha O'Nigay. Pourquoi ? Pas moyen de le savoir. Lorsqu'elle les prenait sur le fait, ils agissaient comme si rien ne s'était produit et que tout était absolument naturel.

Mais voilà, Ginny n'était pas une imbécile. Déjà, elle était la meilleure de son année chez les Gryffondors, et ensuite, elle connaissait ses frères, tous. Bien qu'elle ne les supporte pas lorsqu'ils sont ensembles, elle savait les apprécier chacun à leur juste valeur. Bill était le frère protecteur, à qui elle pouvait se confier, et pour qui elle était prête à mentir si nécessaire. Charlie était drôle et rêveur, et il l'encourageait toujours dans ses idées folles. Grâce à lui, Poudlard verrait bientôt naître un club d'escrime.

Percy… C'était celui qui lui avait comprendre que ses études étaient importantes pour son avenir. Qu'elle ne pouvait pas se reposer sur ses lauriers sur elle voulait avoir le choix d'être ce qu'elle voulait, et pas juste mère au foyer comme la sienne. Elle aimait sa mère, mais elle n'avait aucune passion, aucun autre rôle que celui d'une mère et d'une épouse, et elle ne voulait pas de cet ennui plus tard. Aussi, Percy, c'était celui à qui elle posait des questions quand elle avait des doutes sur ses devoirs, et qu'elle voulait débattre. Elle savait qu'il désirait plus que tout rendre fier sa famille, sans se rendre compte qu'ils l'étaient tous. Mais elle comptait le lui faire comprendre, petit à petit.

Ron, c'était son frère le plus proche. Et même s'ils avaient longtemps joué ensembles, et qu'il demeurait son doudou favori lorsque ça n'allait pas, son amitié avec Harry le rendait un peu trop jaloux et autoritaire. Mais passons. Puis, il y avait les jumeaux. Ils étaient drôles, ils la poussaient à faire des bêtises, à trouver son propre sens de la répartie, et à avoir confiance en elle.

Elle savait les reconnaître, tout en faisant semblant de ne pas y arriver pour ne pas les vexer, et elle pouvait interpréter chacun de leurs regards avec exactitude. Elle avait compris que Fred était amoureux avant que lui-même ne soit capable de mettre un mot sur ce qu'il ressentait. Elle n'avait rien dit, parce qu'elle espérait que, si Sacha restait un peu plus avec son frère, elle changerait. Qu'elle deviendrait plus gentille, surtout avec elle et Luna, et qu'elle arrêterait d'être aussi égoïste. Elle n'avait pas été capable de voir si Sacha O'Nigay était amoureuse, et encore moins d'anticiper la tromperie en arrière-plan.

Mais elle avait haï cette fille pour avoir brisé le cœur de son frère.

Le retour de karma s'était montré plutôt dur, cependant. Perdre la mémoire, sa magie… Ginny trouvait ça horrible. Trop, pour simplement avoir menti. Puis elle avait compris quelque chose. La Sacha qui était arrivée en début d'année n'avait absolument rien à voir avec l'ancienne. Était-elle la même personne ? Elle n'en était pas sûre du tout, mais cette Sacha était gentille bien que renfermée sur elle-même. Dépressive.

Elle savait qu'elle avait payé les jumeaux pour s'en prendre à ses anciennes copines et défendre Luna. Et elle savait, par Luna, que la jeune fille avait fait tout le château pour retrouver les affaires perdues de la petite blonde. Même elle, ne s'était pas donné la peine de le faire, pensant que son amie se débrouillerait.

Elle l'avait vu se battre avec toute l'école pour cacher son don de voyance auquel, elle devait bien l'admettre, elle n'avait pas cru immédiatement. Puis, le sauvetage de Luna, dans les gradins de la première épreuve du tournoi… Elle l'avait vu de loin, mais elle l'avait vu. Cette fille avait réalisé l'impossible pour sauver son amie. C'était à la fois un miracle et particulièrement inquiétant. Ginny avait assisté à plusieurs des malaises de O'Nigay. Cette fille avait des absences, des crises de somnambulismes qui la mettait en danger- elle avait entendu Fred en parler à George - et des excès de colère terribles.

Elle avait cru que ça irait mieux pour elle après le bal, après tout, son nouveau petit ami était venu de l'extérieur pour la voir, apparemment. Mais là encore, le mystère s'épaississait. Personne ne savait de qui il s'agissait, et O'Nigay elle-même était venue lui demander si elle l'avait vu lors du bal, s'il avait été présent et si elle l'avait entendu. Comme si la Serdaigle doutait de l'existence du jeune homme qui l'avait faite danser comme une princesse pendant près d'une heure.

Quelque chose clochait. Quelque chose de lourd. De très lourd.

Mais pour le comprendre, il fallait qu'elle coince les jumeaux. Et pour ça, elle allait devoir ruser. Elle savait qu'ils avaient eu vent du départ étrange de la demoiselle pour le bureau de Rusard. Rusard qui était, d'ailleurs, de plus en plus conciliant avec les élèves depuis son arrivée. Mais peu importe. Et ensuite, le concierge et la jeune fille n'en étaient pas sortis. Le fait que Malfoy se soit vu confié la protection de Luna était déjà bien assez évocateur pour comprendre que O'Nigay n'était même plus au château.

Armée de sa baguette, les cheveux noués en queue de cheval pour ne pas la gêner, Ginny filait dans les couloirs d'un pas véloce. Elle avait découvert un sort qui lui plaisait beaucoup, et qu'elle savait particulièrement efficace sur les jeunes hommes récalcitrants. Ron en avait subi les frais, mais tant pis, Hermione et elle avaient besoin d'un cobaye. C'était pour la bonne cause !

« Fred, George, sortez de là. » Déclara-t-elle d'un ton qu'elle voulut rendre aussi autoritaire que celui de sa mère.

La statue d'un hippogriffe, à droite de la porte du bureau de Rusard, bougea. Et deux têtes rousses s'en échappèrent plus ou moins discrètement.

« Que pouvons-nous faire pour… »

« Toi, petite sœur ? » Leur manie de finir la phrase l'un de l'autre était agaçante, mais elle s'en accommoderait pour le moment.

« Commencer par me dire la vérité, ce serait pas mal. » Les jumeaux la regardèrent, puis s'entre-regardèrent, avant de revenir sur elle.

« La vérité à propos de ? »

« Votre filature d'O'Nigay. »

« Nous n'avons aucune idée de quoi tu parles ! »

« Nous ne suivons absolument pas O'Nigay. » Rétorqua George, mais dans ses yeux, elle lisait l'appréhension.

L'espace d'une seconde, Ginny hésita, elle pourrait aussi bien renoncer et les laisser dans leur délire, après tout, Sacha n'avait rien demandé. Mais… Quelque chose en elle la poussait à savoir. Elle s'inquiétait. Pour Fred, qui était clairement encore amoureux, si ce n'est même plus, pour George, qui protègerait Fred coûte que coûte, pour Luna, qui était devenue une amie proche de cette fille, et pour Sacha en elle-même.

Ginny leva sa baguette et la pointa sur ses frères sans une once d'hésitation, le chauve-furie au bord des lèvres.

« Maintenant ça suffit, vous allez me dire exactement pourquoi vous la suivez et l'espionnez comme ça. Et avant que vous me sortiez vos histoires abracadabrantes, sachez que je suis au courant de tout. De ta relation avec elle, Fred » et la rouquine insista bien sur le mot relation. « De ses ennuis avec Durmstrang et les serdaigles, et de vos filatures qui l'ont obligé à parler à Malfoy pour aider Luna. »

« Pardon ? Qu'est-ce que tu viens de dire ? » C'était Fred, qui, bien pâle, avait fait un pas en avant.

« Je viens de dire que Sacha vous a cherché pendant deux jours pour demander de l'aide pour Luna, et qu'avec vos conneries elle s'est rabattue sur Malfoy. » Là, les deux étaient désormais blêmes, et semblaient coupables. Tant mieux, se dit-elle.

« Mais… pourquoi ? » Elle le savait, Sacha en avait parlé à Luna, et Luna le lui avait expliqué en lui demandant de ne rien dire, mais elle savait. Il y avait un problème, et la demoiselle voulait un nouveau compte en banque pour pouvoir se faire de l'argent et s'émanciper de sa famille.

« Pourquoi ? Parce qu'elle a dû partir en urgence, qu'elle ne voulait pas que Luna reste seule alors que Paméla et Hélène ont décidé de les pourrir, et que ceux qui normalement, auraient dû l'aider, lui ont tourné le dos allez savoir pourquoi ! »

George s'empourpra. Il n'aimait pas que Ginny leur cri dessus, et encore moins qu'elle insinue qu'ils étaient responsables d'O'Nigay. Mais en même temps, elle n'avait pas tout à fait tort. Ils s'étaient imposés pendant deux mois comme des gardes du corps et avaient défendus les deux serdaigles lorsque cela avait été possible. Certes, elle les payait pour la plupart des coups, mais ils avaient tout de même pris le parti d'aider d'eux même. Qu'elle se tourne vers Malfoy, ça, c'était inquiétant. Et pas juste pour leurs petites économies.

« Maintenant, vous allez m'expliquer pourquoi vous l'évitez tout en suivant le moindre de ses faits et gestes entre deux cours. Et pas de blague, clair ? »

Fred regarda son jumeau, qui secoua la tête pour lui dire non. Mais sa décision était déjà prise. Il était vraiment inquiet pour la jeune fille, pas uniquement par jalousie comme George le pensait. Sa découverte à Yule le dérangeait profondément.

« Son cavalier… lors du bal. Il est plus vieux qu'elle. » Ginny resta abasourdie devant une telle réponse. C'était ça ? Vraiment ? Un cavalier plus vieux, et donc, ils refusaient de lui parler et faisaient tout un cirque ?

« Tu te fiches de moi ? T'es sorti avec elle, on sait qu'elle aime les garçons plus âgés. » Fred devint écarlate, avant de secouer la tête.

« Non. Je veux dire… Vraiment plus vieux… » Hésita Fred en se grattant la nuque.

« Et pas net… Il a été capable de quitter Poudlard en transplanant sans avoir dépassé les grilles de l'école. » Ajouta finalement George, obligé de céder. Ginny grimaça. Tout ça n'était pas clair, en effet, et le mauvais pressentiment grandissait dans sa tête. Elle pouvait presque entendre une alarme se déclencher tout près de sa conscience.

« Comment tu peux savoir qu'il est à ce point plus vieux ? Il était masqué, et plutôt bien foutu en plus. » Si les garçons grognèrent devant une telle remarque, Fred reprit la parole.

« Parce que j'ai vu son nom sur la carte du maraudeur. »

« La carte que vous avez filé à Harry ? » Oups, elle n'était pas censée savoir ça. Tant pis. Ils la jaugèrent une seconde, avant de poursuivre.

« Oui. Et ce nom, on l'a vu des centaines de fois depuis qu'on est à Poudlard, dans la salle des trophées. » L'alarme augmenta en intensité dans sa tête.

« Il a reçu une décoration ? »

« Oui. Pour service rendu à l'école. »

« Mais c'était en 1943, et la carte montre toujours si la personne possède le même nom que son père en ajoutant un junior à la fin. » À l'alarme s'ajouta un profond malaise, et une terreur sourde.

« Montrez-moi !»

Le trajet jusqu'à la salle des trophées se fit particulièrement vite. Ginny avait couru tout du long en suivant les garçons, profitant de l'absence de Rusard, à la banque avec O'Nigay, pour le faire sans crainte. Ils manquèrent de renverser une armure en chemin, mais la rattrapèrent à temps, avant de filer sur la porte toujours ouverte. Ignorant les nombreuses vitrines de verre les plus proches, ou encore les tables sur lesquels certains cadres étaient posés, ils filèrent vers le fond de la salle.

« Ginny ? Comment t'as su que c'était cette vitrine… ? » Demanda George en arrivant, s'appuyant sur ses genoux pour souffler. Décidément, sa cadette avait bien plus d'endurance qu'eux deux.

« Je ne le savais pas… »

Et à vrai dire, elle le redoutait plus que tout. Car derrière le verre, sur un socle de velours, reposait une médaille en or. Et sur cette dernière, le nom omni. Un nom qu'elle avait appris à aimer pendant un an, et qui l'avait trahi de la pire des manières. Un nom qui hantait encore ses cauchemars les plus sombres, qui lui rappelait sans cesse les erreurs qu'elle avait commise et ce qu'elle avait failli commettre.

T.E. Jedusor.

Ginevra ne se sentit même pas basculer en arrière, c'est la présence des jumeaux, la tenant de chaque côté, qui lui permit de comprendre que ses jambes avaient cédés sous son poids.

« Gin qu'est-ce qu'il y a ? »

Elle ne répondit pas, l'angoisse l'avait prise au corps. Elle se rappelait de sa fatigue constante, de ses crises de colères, ses doutes, ses cauchemars. Elle se rappelait de toutes ces nuits où elle s'était réveillée en sueur, du sang sur les mains, et des plumes sur ses vêtements. Elle se rappelait de l'horreur, quand on donnait le nom d'une nouvelle victime du monstre. Et de la terreur d'être accusée pour les attaques.

« Tu connais cet homme. » C'était un constat.

Elle se rappela le soir du bal, la surprise de Sacha lorsque le bel homme l'avait emportée sur la piste de danse. Cette voix chaude, vibrante, qui promettait monts et merveilles à la demoiselle, tout en la serrant fort. Harry et elle avaient dansé juste à côté. Ils avaient entendu quelques bribes de conversations. Sacha connaissait cet homme, mais ne savait pas qui il était. Il avait parlé d'une permission de minuit, et il s'était volatilisé ensuite. Comment avait-elle fait pour occulter à ce point les ressemblances entre les deux ? Ce talent pour charmer, cette façon de parler, si douce et imposante…

Sacha O'Nigay présentait littéralement les mêmes symptômes qu'elle, sans exceptions, et ce, depuis le début de l'année. Alors, Ginny, des larmes pleins les yeux, vint croiser ceux de son frère. Le farceur était encore amoureux de Sacha, amoureux et déterminé à découvrir l'identité de ce garçon. Et Fred était son frère, son grand frère…

« Vous savez ce qui m'est arrivé en première année… » Fronçant les sourcils et soudainement inquiet, George raffermit sa prise sur elle.

« Tu es encore malade ? »

« Non… » Pleura Ginny. « Non… Vous le savez, n'est-ce pas… Que j'ai été possédé par le journal d'un garçon… Et qu'il m'a poussé à faire des choses horribles… »

« Ginny, on sait, tu n'as pas besoin de le dire, personne ne t'en veut… Et Dumbledore l'a dit. C'était l'œuvre de Tu-Sais-qui… Tu n'étais pas responsable. » Ajouta Fred. Mais Ginny se tourna vers lui, et se saisit de son col pour le tirer vers elle.

« Fred. Le nom de ce garçon. C'était Tom Jedusor. »

Mais toutes les vérités n'étaient pas bonnes à entendre. Et avant même de pouvoir ajouter quelque chose, Fred avait quitté la salle des trophées en courant, abandonnant son frère et sa sœur sans remords au milieu des récompenses.

L'angoisse qu'il avait ressenti en voyant l'étiquette de Sacha clignoter en haut de la tour d'astronomie venait de raflouer brutalement. Et il n'avait cette fois, aucune idée d'où elle pouvait s'en être allée.