CHAPITRE 13
Edward
Sa bouche à le gout du paradis et de l'enfer mêlés.
Ce mélange est presque douloureux... pourtant, comme à chaque fois que ma peau touche la sienne, j'ai le sentiment d'être pile là où je dois être. Peut-être est-ce simplement mon cerveau qui essaie de faire taire ma conscience mais, qu'importe, quand ses mains s'accrochent à mes poignets pour me maintenir contre elle et qu'elle approfondie notre baiser, je me laisse sombrer plus profondément que je ne me le suis jamais autorisé.
Je la veux de cette manière irrépressible et inédite qui est la même depuis que je la connais.
Que m'a-t-elle fait ?
Retrouver sa peau après ses longs jours sans m'autoriser à être proche d'elle, à la toucher est indescriptible.
Peut-être est-ce l'accumulation des derniers mois, ma colère bouillonnante lorsque je pense à ce putain de timing qui m'empêche presque de respirer.
Peut-être est-ce ses mots, plus tôt, les trop courts instants volés que nous avons déjà eu tous les deux ou le décompte des heures avant que je sois prisonnier de mon propre corps mais, cette nuit, quelque chose change en moi si fort que je ne peux le retenir ne serait-ce qu'un instant.
L'espoir.
Pour pouvoir toucher sa peau à nouveau.
Pour pouvoir l'embrasser comme je le fais à l'instant, sans retenue ni pudeur.
Pour pouvoir frôler son corps tremblant et absorber chacun de ses soupirs.
Pour avoir le temps de la toucher, de la sentir trembler sous ma bouche et de savourer chaque mouvement de son être.
Pour elle, pour ça.
Pour avoir encore le temps d'aimer son corps, son être et de voir cette émotion dans ses yeux d'une profondeur extrême.
Pour pouvoir revivre ça, encore dans 1 mois, dans 1 an.
C'est elle.
Elle est ce changement, cette lumière.
Je ne sais pas pourquoi la vie à décider de nous torturer à ce point mais à l'instant où nos corps ne font plus qu'un, à tel point que je ne sais plus où s'arrête le mien et où commence le sien, plus rien d'autre au monde n'a d'importance.
Bella
Il me faut plusieurs longues secondes pour réussir à sortir du sommeil. Et même avec ça, je refuse de bouger pendant ce qui me parait une éternité.
Le soleil qui se lève derrière les rideaux tirés baigne discrètement la chambre de ses rayons orangés lorsque j'arrive à soulever mes paupières encore lourdes.
Le monde se réveille lentement, en même temps que je reprends pieds avec la réalité qui est la mienne.
Edward est là.
Suis-je encore dans un rêve ? Vais-je me réveiller en larmes, seule dans mon lit ?
Il est resté.
Je n'ose pas bouger, presque pas respirer tandis que mon regard se pose sur son profile, dessinant la perfection de ses traits pour m'en souvenir toujours. Les souvenirs afflux en nombre, mes mains tremblent sans que je ne contrôle rien.
La nuit dernière... ça a été si beau que je me demande pendant un temps interminable si c'est vraiment arrivé.
Mon corps engourdi par la fatigue frissonne au rythme de son souffle calme, encore plongé dans le sommeil. Ca n'est pas la première fois que je le regarde dormir mais... ce matin, maintenant, ça a un gout différent.
Son torse nu offert à ma vue me fait presque regretter qu'il dorme encore. Je me surprends à sourire idiotement en faisant glisser mes yeux sur son corps parfaitement taillé, savourant la douce chaleur qui se repend en moi à sa simple vue.
Je ne m'en lasserai pas. Jamais. Comment le pourrais-je ?
Le temps s'écoule lentement et je savoure le plus simplement du monde ce que je ressens.
Je reste un long moment à l'observer, savourant chaque centimètre que sa peau a à m'offrir, chaque souffle qui sort de sa bouche parfaite, maudissant le drap qui couvre le reste de son corps et qui m'empêche de l'admirer dans son entièreté.
Il est parfait.
Il l'est.
Le plus silencieusement du monde, je finis par réussir à me lever après un temps interminable pour me glisser dans ma salle de bain, refermant la porte derrière moi en essayant de faire le moins de bruit possible.
Nous nous sommes endormis à l'aube et je sais plus que personne à quel point Edward a besoin de sommeil pour affronter la semaine à venir. Je balaye les pensées sombres qui veulent me revenir en allumant l'eau de la douche que je laisse couler une minute pour qu'elle se réchauffe.
Presque surprise par l'image que je me renvoie, mes yeux se rencontrent dans le miroir qui me fait face. Depuis quand j'ai cet air idiot imprimé sur le visage ? Qui est donc cette fille au regard pétillant et aux cheveux totalement emmêlés qui me regarde ? Elle semble pouvoir et vouloir tout surmonter, tout affronter... et ce tout porte un nom.
L'eau brule ma peau quand je pénètre sous la douche, vidant l'air de mes poumons le plus lentement du monde.
J'ai la sensation de ne plus toucher Terre.
J'ai la sensation que ma peau porte le parfum d'Edward sur chaque centimètre et que je ne veux pour rien au monde que cela disparaisse.
Edward, son odeur et sa présence semble être partout dans ma petite salle de bain, se répercutant sur les murs et ruisselant sur mon corps entier.
Il est partout. Chaque fois que je ferme les yeux, chaque inspiration que je prends, chaque geste que j'exécute...
Des brides de notre nuit me reviennent à m'en faire tourner la tête et mon cœur n'a pas l'air de vouloir se calmer. Comment le pourrait-il, d'ailleurs ?
Je ne repousse pas mes souvenirs, au contraire, je les accueille avec toute l'ouverture possible, les laissant m'entrainer dans les profondeurs de mes pensées et frissonner lourdement sous l'apaisement, presque le bonheur intense que je ressens... j'ai la sensation pour la première fois depuis des semaines que, ce matin, je suis en paix.
Edward en restant cette nuit m'a ouvert une part de lui que je ne soupçonnais pas. Ca n'est pas seulement une question de désir, de sexe... non, c'est plus important que ça. Il m'a laissé voir qui il était réellement, il m'a laissé faire tomber les barrières qu'il s'évertue à mettre entre nous depuis des jours et j'ai ce sentiment intense et inédit qu'il m'a laissé toucher son âme librement, sans même chercher à se protéger lui-même.
Perdue dans les méandres de mon cerveau malmené, je sursaute quand deux mains se posent sur ma taille et qu'une bouche effleure mon épaule. Ma surprise est très vite et largement remplacée par une vague d'émotions beaucoup plus intenses et agréables.
- Je ne voulais pas te réveiller, réussi-je à dire en dépit de l'accélération de mon cœur à sa proximité.
Ses lèvres embrassent la peau de mon épaule dans un sourire avant qu'il n'inspire lentement.
Je ne peux m'empêcher de me demander : Ressent-il ce que je ressens à cet instant ? Eprouve-t-il cette chamade, ce frisson ? Rien que le fait de le savoir contre moi...
- Tu me manquais.
Je ne retiens pas mon sourire alors qu'il se blottit un peu plus contre moi, m'emprisonnant de la manière la plus douce qui soit dans ses bras qu'il resserre autour de mon corps déjà tremblant.
L'apaisement me gagne aussi... il n'est pas partit, il n'a pas l'air de vouloir partir. A-t-il enfin compris que je ne voulais que ça, que lui ?
Suspendue à lui, serrée contre son corps chaud je peux définitivement être heureuse. Je peux vivre comme ça pour toujours, j'en suis certaine. Je n'ai besoin de rien d'autre au monde. Son odeur enivrante pour seul air, nous nous balançons l'un contre l'autre en silence sur une musique que nous seuls pouvons entendre.
Sa respiration rauque à cause de la vapeur d'eau nous entourant ne fait pourtant que de me rappeler que notre bulle ne pourra pas durer éternellement, même si j'ai la sensation à l'instant que rien ne peut réussir à nous atteindre... Pas même l'extérieur, pas même les drames, pas même sa maladie...
Il n'y a que lui et moi à cet instant... et plus rien d'autre au monde n'a d'importance.
Edward
Longtemps, je reste le visage dans le creux de son cou, jusqu'à ce que nos cœurs reprennent un rythme normal, jusqu'à ce que ma respiration laborieuse retrouve un peu de calme et que la douleur dans ma cage thoracique me paraisse plus supportable.
Lorsque j'arrive à me redresser pour la regarder, je ne peux m'empêcher de la trouver plus belle que jamais. Les yeux clos, un léger sourire sur ses lèvres roses, elle semble savourer en silence l'instant d'intensité pure que nous venons de partager -à nouveau. Ses cheveux encore humides de sa -notre- douche s'étalent autour de son visage dans de grosses boucles brunes auxquels le soleil donne des reflets auburn. Pourrais-je un jour me lasser de son visage, de son corps brulant sous le mien ?
Je ne crois pas.
J'embrasse chastement ses lèvres, son menton, savourant le plus purement du monde le gout sucré et délicat de sa peau.
- Tu dors ? chuchoté-je contre sa joue en traçant une ligne de baisers jusqu'au fin dessin de sa mâchoire.
Elle remue légèrement, ses mains caressent délicatement les cheveux de ma nuque.
- Hum, marmonne-t-elle, me faisant sourire contre la peau fine de son cou.
Ma bouche l'effleure brièvement avant de me redresser à nouveau pour poser mon front contre le sien. Ses yeux s'ouvrent lentement à mon contact et leur intensité fait s'arrêter de battre mon cœur.
Son visage passe du bonheur le plus pure à quelque chose d'un peu plus terne, presque plus sombre.
- Ça va ? demande-t-elle en passant un main sur mon front puis dans mes cheveux encore humides.
Je suis certain de pouvoir ronronner à sa caresse. Je hoche la tête alors qu'elle fronce légèrement les sourcils en caressant ma tempe, puis ma joue. Ses gestes tendres se multiplient d'heures en heures. Pour rien au monde je ne veux que cela cesse.
- T'es blanc comme un linge, murmure-t-elle.
Certes, je ne suis pas au mieux de ma forme mais je me sens... bien, vraiment bien. A cet instant précis je suis même certain qu'il n'y a pas meilleure place au monde que dans son lit, son corps contre le mien.
- Juste la fatigue, soufflé-je en caressant son nez du mien.
Comme par automatisme, elle ferme les yeux, profitant de notre proximité tandis que sa respiration devient plus profonde. Mes lèvres effleurent plusieurs fois les siennes dans l'unique but de la sentir se détendre totalement.
- On... tu devrais... dormir alors, bafouille-t-elle en dépit de mes baisers.
Lorsque son regard retrouve le mien, emprunt d'une douceur infinie, mon ventre se tord face à l'intensité de ce qu'elle me fait ressentir depuis des heures. Je refoule les questions et inquiétudes que réveille en moi la brulure de mes poumons qui s'accentue, atteignant ma cage thoracique et remontant jusqu'à ma gorge.
Je sais qu'une quinte de toux se prépare et arrive vers moi à toute vitesse. J'ai eu le temps de m'habituer aux signes.
J'embrasse une dernière fois sa bouche avant de me redresser pour m'asseoir sur le bord de son lit. La lente inspiration que je prends me brule littéralement l'intérieur, provoquant une longue douleur qui se répercute dans tout mon corps, faisant trembler jusqu'à mes doigts engourdis.
- Ça va ? me demande-t-elle pour la deuxième fois alors que je l'entends bouger derrière moi.
Elle m'entoure de ses bras, embrasse mon épaule avec délicatesse.
- Ouais je vais... je vais juste boire un peu d'eau, soufflé-je la voix rauque.
Je finis par me tourner vers elle pour voir qu'elle s'est enroulée dans le drap et attends assise à genoux sur le lit derrière moi. Ses grands yeux sombres trahissent son inquiétude et je serre les dents à m'en faire sauter la mâchoire. Voilà exactement la raison pour laquelle j'ai repoussé ce que je ressens pour elle depuis le premier jour... Je m'en veux de lui faire vivre ça. Elle mérite tellement plus que ce que je suis en état de lui offrir que s'en ait douloureux de l'admettre et de ne rien pouvoir faire pour la protéger, l'épargner.
Mes doigts caressent sur sa joue, tentant d'être rassurant. Un sourire presque timide étire sa bouche avant que je ne quitte la chambre en enfilant mon pantalon.
Laissant la porte ouverte derrière moi, je retrouve sa cuisine et cherche un verre que je remplis d'eau dans le silence. Appuyé contre l'îlot central après l'avoir bu, j'observe la ville par la baie de la pièce où le soleil brille intensément en tentant de contrôler le feu dans ma gorge et de repousser la toux qui menace. Mes poumons me semblent d'autant plus douloureux après cette nuit. Je soupire longuement, essayant de calmer les battements de mon cœur qui s'accélèrent rapidement.
Trois jours.
Quand Bella sort de sa chambre, la toux m'a déjà foudroyée et je suis toujours appuyé contre l'îlot, reprenant mon souffle difficilement tandis que je ressens encore cette sensation horriblement douloureuse que la quinte de toux provoque et laisse derrière elle à chaque fois, comme si l'intérieur de mes poumons était arraché à chaque inspiration.
Elle vient se placer à côté de moi puis penche la tête pour m'observer, ses longues boucles brunes suivant le mouvement lent de son visage inquiet. D'une main sur sa taille, sans même réfléchir, je la fais passer entre moi et l'îlot, collant son corps habillé d'un long T-shirt lui arrivant à mi-cuisse contre le mien. Ma bouche retrouve la sienne, je soupire de bien-être, la douleur s'apaisant presque instantanément.
Cette fille a quelque chose de magique.
- Tu veux un truc chaud ? demande-t-elle doucement, le souffle haché quand je relâche sa bouche à contre cœur.
Elle m'observe avec attention lorsque j'arrive à ouvrir les yeux. Son calme a quelque chose de réconfortant.
- J'ai une idée d'un truc chaud dont j'ai envie, m'amusé-je en haussant de manière suggestive les sourcils, provoquant son rire.
Je reste figé dans cette observation divine plusieurs secondes. Elle est si belle, lui ai-je déjà dit ? Elle se dégage après s'être hissée sur la pointe des pieds pour embrasser ma bouche chastement, loin, très loin de mes pensées peu sages.
- Retourne dans le lit, je vais te préparer ça.
Je reste encore un instant à regarder ses longues jambes avant de soupirer lourdement quand l'envie d'elle revient au galop. Qu'a-t-elle fait de moi ? M'a-t-elle réduit à n'être que désir pour ce corps si...
- Edward, retourne dans la chambre tu me déconcentres, gronde-t-elle finalement en refermant le frigo après en avoir sorti du lait et de la crème.
Isabella Swan prends donc ma vie en main.
Je lève les yeux au ciel pour la forme, ne pouvant m'empêcher de sourire avant de retourner dans sa chambre.
Je me laisse tomber sur son lit, les bras croisés sur mon torse. Son parfum règne en maître ici et je savoure la multitudes de sentiments que celui-ci provoque.
La curiosité l'emportant, je finis par me lever et regarder la chambre dans laquelle elle dort, rêve. Dans laquelle on a fait... ça. Je souris à cette pensée et jette un coup d'œil à la grande étagère en face du lit, remplie de livres. Mes doigts trainent sur sa commode, où des photos de -je présume- ses parents sont installées. Il y en a une d'elle enfant avec son père, une autre, avec sa mère où elle est plus vieille. Je suis resté plusieurs heures ici cette nuit dans le noir à ruminer ma colère tout en me sentant incapable de m'en aller... avec tout ce qui a suivit, je ne peux pas le regretter. Mon frère à surement raison, elle est en train de devenir la meilleure raison de me battre.
- On ne t'as jamais appris qu'il ne faut pas fouiller dans les affaires d'une fille ?
Sa réflexion me fait sourire. Une tasse fumante dans chaque main, elle m'observe l'approcher dans l'encadrement de la porte de sa chambre. Tout autour de nous se trouble et disparait : je ne vois plus qu'elle. Quand mes lèvres se posent sur les siennes, enfin, je me sens vivant. Surprise, elle sursaute légèrement avant de fermer les yeux, se laissant aller à ma caresse. En quelques secondes, mon sang s'affole et j'ai besoin de plus que ça.
Elle soupire mon prénom contre ma bouche dans une vaine tentative de m'échapper, ce qui me donne envie de la sentir d'autant plus contre moi. Prenant son visage en coupe, j'approfondis notre baiser en glissant ma langue dans sa bouche pour trouver la sienne. Elle gémit contre moi, sa plainte vibrant contre mon épiderme.
Le paradis et l'enfer mêlés, encore.
Quand je romps notre étreinte, nous sommes tous les deux à bout de souffle.
Ses joues rouges et ses lèvres gonflées sont un tel appel à la luxure que je dois me concentrer de toutes mes forces pour ne pas la faire mienne contre la porte de sa chambre. Elle est terriblement belle, tentante et il suffirait d'un rien pour qu'elle cède totalement, je le sens. Mon envie de faire voler les tasses qu'elle tient dans ses mains est cependant assez vite remplacée par la douleur dans ma gorge qui me rappelle à l'ordre, se mêlant à un mal de tête intense.
Reculant sagement d'un pas, je prends le mug qu'elle me tend en souriant doucement, légèrement perturbée par mon comportement probablement étrange. J'inspire lentement la fumée odorante qui émane du liquide ambré.
- Eucalyptus ? tenté-je peu sûr de moi.
Je connais cette odeur. La vision d'Esmée me donnant à boire une infusion quand j'étais gamin flotte vaguement dans ma tête avant que la femme me faisant face sourit plus largement.
- Menthe, miel et cannelle. Le tout dans du lait bouillant... recette de ma grand-mère, m'explique-t-elle, les yeux fixés sur mon visage alors que je goûte le breuvage.
Sa chaleur apaise bizarrement la brulure de ma gorge presque instantanément.
On finit par retrouver le lit, allongeant mes jambes et appuyant mon dos sur la tête de lit pour pouvoir m'installer confortablement tout en buvant son infusion. Assise entre mes jambes, contre mon torse où elle se blottit immédiatement, sa proximité anesthésie toutes mes douleurs.
Nous restons un moment ainsi sans parler, dans la douce lumière de la chambre, buvant cette infusion (presque) miraculeuse.
Mes doigts glissent sur la peau laiteuse de sa cuisse, me paraissant moins douloureux maintenant que lorsqu'ils ne touchent pas sa peau.
- Tu séduis toujours les hommes avec cette infusion, pas vrai ?
- Seulement les premiers janvier, me répond-elle, un sourire dans la voix. Tu es séduit ?
- Hum, à ton avis...
Premier janvier.
La nouvelle année.
Je regarde l'heure brièvement sur le petit réveil carré de sa table de nuit. Pratiquement 11h. Après avoir posé nos tasses à présent vides sur celle-ci, je passe mes bras autour de son corps chaud dans l'unique but la serrer un peu plus contre moi.
Que pourrais-je bien lui dire, lui souhaiter qui apaise son inquiétude et qui nous empêche de penser au pire à présent ?
Trois jours.
- Je te souhaite une très belle année Bella, murmuré-je au bout d'un moment, perdu dans ses boucles soyeuses.
Malgré elle, son corps se fige légèrement pendant un temps qui me parait interminable. Ses yeux bruns finissent par retrouver les miens après qu'elle ait relevé la tête pour me regarder. L'émotion y est vive, étincelante. Ses doigts effleurent mon menton, ma joue alors qu'elle se redresse légèrement, forçant mon visage à rester proche du sien. Son nez effleure le mien, rallumant les terminaisons nerveuses de mon corps une à une.
- Elle va l'être, chuchote-t-elle avec une force et une conviction qui me laisse muet.
Elle fait une légère pause où elle mord sa lèvre quelques secondes, soudain nerveuse.
- Pour nous deux... je te promets qu'elle va l'être.
L'attraction que je ressens pour elle semble se décupler quand on franchit d'un même ensemble les pauvres centimètres nous séparant encore pour voler à l'infini un baiser ardent, puissant qui m'envoie immédiatement dans un tourbillon de désir.
Le paradis et l'enfer...
Je saisis son visage dans mes paumes, essayant de lui transmettre au mieux tout l'espoir et l'envie qu'elle fait naître et vivre en moi.
Ma respiration haletante et la sienne sont les seuls bruits qui résonnent pendant de longues minutes dans la pièce. Le feu du désir, l'envie d'être encore en elle me déchire littéralement les entrailles... Mais elle recule son visage, son corps, posant son index sur mes lèvres pour les caresser distraitement en reprenant son souffle.
La respiration courte, je contemple pendant plusieurs minutes ses joues rougies, ses lèvres enflées, ses yeux plus sombres que d'ordinaire, sa poitrine parfaite soulevant sous son tee-shirt au rythme encore irrégulier de sa respiration.
Elle en a autant envie que moi, je le vois, je le sens, pourtant, elle reste immobile, reculant même légèrement quand je cherche à l'embrasser à nouveau.
- Tu dois te reposer.
C'est presque un ordre. Je retiens mal le sourire qui veut me percer la bouche sous cet air presque autoritaire qu'elle aborde.
- Non, gémis-je comme un gamin à qui l'on confisque sa sucrerie préférée.
Un sourire amusé traverse son visage alors qu'elle secoue la tête. Mes mains se resserrèrent autour sa taille, remontant son tee-shirt pour glisser mes doigts sur la peau tendre de ses hanches.
- Je peux te faire changer d'avis tu sais ? demandé-je calmement.
Elle secoue la tête avant qu'un léger rire ne lui échappe quand je la rapproche d'autant plus de mon corps.
- Te prouver que je suis... en état de... faire tout ce que j'ai envie de te faire, chuchoté-je en ponctuant mes mots de baiser sur ses lèvres pleines.
- Non. Edward, on va s'allonger et essayer de dormir un peu... tu m'as épuisée.
Son souffle est court mais elle sourit, comme si elle était profondément heureuse.
It's not the pale moon that excites me
(Ce n'est pas la lune pale qui m'excites)
- Tu as de la chance que je ne sois pas en pleine possession de mes moyens.
Elle lève les yeux au ciel, son rire résonnant dans la pièce alors que j'étouffe mal un bâillement.
- J'ai ma petite idée de ce que ça donne quand c'est le cas, s'amuse-t-elle dans un sourire en biais en même temps que nous nous installons plus confortablement, son corps s'allongeant dos contre le mien.
Mes bras l'entourent automatiquement, savourant sa chaleur et les flash que ses mots me renvoient en une fraction de seconde.
- Tu as l'art de me dire des choses qui me rendent dingue, tu le sais ? murmuré-je en serrant les dents, luttant pour ne pas la faire mienne dans la seconde.
- Tu as l'art de me faire éprouver des choses qui me rendent dingue, souffle-t-elle en réponse avant de porter mes doigts à sa bouche pour les embrasser tendrement.
That thrills and delights me, oh no
(Qui me fait frémir et m'enchante, oh non)
Son corps perturbe totalement les radars du mien mais je sais à cet instant et depuis des heures que c'est plus que ça : elle me donne la sensation d'être vivant, le sentiment que rien n'est perdu. Près d'elle, malgré mon état, je sens que je me dois de la protéger, la rendre heureuse et de savourer chaque instant, mais, surtout, surtout, que je peux le faire.
J'effleure son crane de mes lèvres, laissant mes paupières lourdes de sommeil se fermer.
Its just the nearness of you
(C'est juste le fait d'être près de toi)
It isn't your sweet conversation
(Ce n'est pas ta douce conversation)
- J'ai peur que tu disparaisses si je ferme les yeux, avoue-t-elle à mi-voix après quelques minutes de silence où je me laisse bercer par sa respiration.
Mes bras la ramène un peu plus contre moi, ses mots perturbant le calme de mon corps.
- Je reste là.
Elle soupire calmement, mais son corps n'arrive pas à se détendre pour autant. Je sais que je n'ai pas été le mec idéal ces derniers mois, loin de là... et je sais exactement pourquoi elle a peur que je disparaisse... depuis le premier jour, je n'ai fait que ça. Je l'ai repoussée tellement de fois, tellement violemment parfois. Je ne peux que comprendre ce qu'elle ressent.
- Je ne sais pas si je peux réussir à te faire comprendre que je suis là... que je reste là.
- Tu as changé d'avis tellement de fois, chuchote-t-elle dans la quiétude de la pièce avant de soupirer. Je ne te le reproche pas vraiment je... je sais pourquoi tu as fait ça.
Elle se tourne entre mes bras pour me faire face alors que, presque honteux, je me demande à quel moment elle va décider que j'ai trop abusé d'elle et de sa patience.
- J'essaie de me mettre à ta place, poursuit-elle dans un léger sourire. Je... je ne sais pas comment j'aurai fait si je t'avais rencontré dans un moment de ma vie où tout était si... si incertain pour moi.
- Bella...
- Je ne veux juste pas me réveiller dans quelques heures et que tu sois partit encore une fois... si tu as prit la décision de rester cette nuit...
Elle soupire, comme si elle essayait de rassembler ses pensées partant en tout sens.
- Je veux juste être sûre que tu ne renonceras pas encore une fois parce que je ne suis pas certaine que j'arriverai à reprendre une vie normale où tu n'es pas.
Figé, presque engourdi dans sa contemplation, il me faut quelques secondes pour réussir à rassembler mes pensées et trouver le courage d'ouvrir la bouche.
- Tu me donnes envie de vivre.
Ma voix est plus faible que ce que j'imaginais et donne un air bien trop grave à cette conversation que ce que j'aurai voulu. J'acquiesce un sourire face à l'émotion vive qui nous traverse d'un même ensemble et fait briller ses yeux.
- Vraiment, insisté-je avec le plus de douceur possible. Tu me donnes terriblement envie de vivre...
Elle passe sa main dans mes cheveux pour dégager mon front.
- Mais... ça n'est pas que ça, me repris-je, je n'ai plus envie de me battre contre ce que je ressens pour toi.
Elle est lourdement émue, je le sens de partout. Ses grands yeux bruns fouillent les miens plusieurs secondes. J'espère sincèrement que ce qu'elle y voit la rassure et qu'elle comprends ce qu'elle me fait ressentir depuis le premier instant et qui ne fait que s'intensifier de minute en minute.
- Je ne sais pas vraiment ce qui m'attends dans les semaines à venir et, surtout, je ne veux rien t'imposer. Je ne veux pas que tu te sentes... responsable ou prisonnière sous prétexte que je suis malade et...
- Tu es un idiot, me coupe-t-elle d'une voix tremblante. Je te l'ai déjà dit et je... je pourrais te le répéter tous les jours s'il le faut. Je te veux, je te veux toi, tel que tu es. J'ai besoin de toi... Terriblement besoin d'être avec toi, murmure-t-elle sans me quitter des yeux, l'émotion enserrant sa gorge.
When you're in my arms and I feel you so close to me
(Quand tu es dans mes bras et que je te sens si près de moi)
All my wildest dreams come true
(Tous mes rêves les plus sauvages deviennent réel)
Mes doigts tremblants caressent sa joue le plus tendrement dont je suis capable, espérant apaiser les émotions vives qui la secoue.
- Je... je ne suis pas certain que ce qui m'attends sera plus facile avec toi... mais te savoir à mes côtés me donnera le courage de le traverser... ça, j'en suis profondément convaincu.
Ses paupières se ferment plusieurs secondes, faisant rouler sur sa peau les larmes qui perlaient à ses yeux et font trembler mon âme toute entière.
- Ne pleure pas...
Mes lèvres embrassent les siennes brièvement, cherchant à absorber son chagrin. Sa bouche cherche la mienne une seconde, soupirant quand elle me rend mon baiser avec toute la délicatesse dont elle est capable.
C'est lent, c'est chaud, tendre et profond...
C'est nous.
I need no soft lights to enchant me
(Je n'ai pas besoin de lumière tamisée pour m'enchanter)
If you'll only grant me the right
(Si tu m'accordais seulement le droit)
To hold you ever so tight
(De te tenir toujours si serré)
And to feel in the night the nearness of you
(Et sentir dans la nuit ta proximité)
Hello hello !
Un nouveau chapitre ici moins de 6 mois après le dernier... c'est pas beau ça ?!
D'abord, merci infiniment pour tout vos mots de la dernière fois... ça me fait tellement de bien de vous lire ! Vous n'imaginez pas :)
Merci pour votre fidélité sans faille, même quand je reste silencieuse pendant des semaines. J'ai déjà attaqué le chapitre suivant pour essayer de garder un minimum de rythme mais, encore une fois, je ne vous promets rien !
D'ailleurs, j'espère que vous avez savouré ce chapitre parce que, comme vous vous en doutez, la suite ne sera pas aussi douce... mais tout ira bien : je suis une sensible et j'aime par dessus tout les happy-ends !
Je retourne couver mon bébé qui est encore au chaud pour plusieurs semaines et je vous dis à très vite
J'vous embrasse très très fort
Tied
