CHAPITRE TRENTE-HUIT : UN PLAN MACHIAVÉLIQUE

Voldemort souriait, particulièrement satisfait de l'effet qu'il avait eu en entrant dans la Grande Salle. Tous les sorciers avaient encore les mains levées, brandissant leur baguette magique dans sa direction, prêts à lui envoyer le moindre sortilège. Mais Dumbledore prit la parole pour les empêcher de faire le moindre geste, sortant cependant lui-même sa baguette de sa poche.

-Rangez tous vos baguettes magiques, vous ne pourrez pas en faire usage dans cette situation.

-Vous avez perdu la tête Albus ?! lança Scrimgeour.

-Faites ce que je vous dis, sans discuter.

-C'est hors de question ! Restez tous à vos postes, et soyez vigilants ! Nous avons le Mage Noir en face de nous.

-Lui envoyer des sortilèges ne servira à rien, c'est Harry et seulement Harry qui sera touché.

Le Ministre n'ajouta rien, perplexe face à ce que Dumbledore venait de lui dire, mais il ne lâcha pas sa baguette pour autant. Il reprit malgré tous ses esprits rapidement, de la colère et de la détermination pouvaient se lire dans ses yeux.

-Et qu'est-ce que vous attendez de nous ? Qu'on se laisse massacrer sans opposer de résistance simplement pour sauver Potter ? Il faut que vous arrêtiez avec vos histoires d'Élu et de Prophétie ! Aucune vie ne vaut la peine d'en sacrifier des dizaines d'autres, pas même celle de ce garçon !

Les Aurors et la plupart des employés du Ministère se regardèrent, visiblement les paroles du Ministre avaient fait mouche. Ils avaient accepté la tâche de protéger les élèves, incluant Harry mais ils n'étaient certainement pas disposés à n'opposer aucune résistance face à Voldemort. Les Membres de l'Ordre étaient également perplexes, ne sachant pas trop non plus ce qu'ils devaient faire, tirailler entre la demande de Dumbledore, et la menace qui se tenait devant eux.

Le Seigneur des Ténèbres, lui, semblait savourer le moment, un sourire machiavélique était dessiné sur le visage de Harry, alors qu'il prenait plaisir à voir la décision de Dumbledore être remise en question. Tout se passait selon ses plans, si les Aurors et les membres du Ministère intervenaient, il ne serait pas touché par leurs sortilèges et s'ils ne faisaient rien, c'est contre Dumbledore seul que Voldemort se battrait, et le vieillard ne prendrait pas le risque de blesser Harry. Assis à des centaines de kilomètres de là, Voldemort avait les yeux fermés, concentré sur ce qu'il faisait alors que devant lui, la teinte rouge sang du Cristal se mit à briller, et que le liquide noir gluant qu'il avait versé dans le récipient tout autour commençait à se propager de plus en plus à l'intérieur.

Dans la Grande Salle, le regard de Voldemort se posa sur Dumbledore, qui n'avait jamais eu l'air aussi déterminé, malgré le fait qu'il soit déjà à bout de forces. Son sourire s'effaça et il lui lança un regard plein de haine, de ses yeux rouges alors que le directeur fit un pas de plus vers lui, sa baguette toujours en main.

-Comme toujours, tu ne sembles pas particulièrement heureux de me voir Tom.

La lueur démente dans les yeux de Voldemort s'accentua quand il entendit Dumbledore l'appeler par son prénom mais il n'avait pas l'intention de perdre son sang-froid. Et il savait très bien que le sorcier n'allait pas arrêter de le provoquer en l'appelant ainsi.

-Je suis juste un peu surpris, normalement tu n'aurais pas dû te trouver là si tout le monde avait fait ce que j'avais demandé. Mais…Je m'occuperai de ça plus tard, dit-il en se tournant vers Drago, qui sembla se liquéfier sur place.

Le regard de Voldemort se posa alors sur Rogue, qui avait baissé sa baguette dès que Dumbledore l'avait demandé mais qui la tenait toujours dans sa main. Il avait l'air légèrement perturbé par la vision qui s'offrait à lui et ce n'était pas le seul. Tous dans la salle, à commencer par les membres de l'Ordre étaient restés figés en voyant ce qui se passait. C'était bien le corps de Harry qu'ils avaient devant eux, personne ne pouvait dire le contraire, même si ses yeux avaient changé et que sa voix n'était plus la même. Et pourtant, c'était bien Voldemort à l'intérieur, qui tirait les ficelles.

-Je suppose que si Drago a échoué, c'est parce que tu t'en es mêlé, lança-t-il à l'intention de Severus. Et ça va vraiment te coûter très cher ! Une fois que j'en aurais terminé avec ce pauvre vieillard.

Voldemort rigola en jouant avec la baguette magique de Harry dans sa main et regarda Dumbledore avec insistance quelques secondes, jusqu'à ce que Severus s'interpose en se plaçant entre son mentor et le Mage noir, qui eut un petit rire dédaigneux. Dumbledore caressa délicatement l'épaule de Severus pour l'obliger à faire un pas de côté, pour qu'il ne soit plus entre eux.

-Tu as l'air bien sûr de toi Tom. Tu sais pourtant que les baguettes magiques sont souvent capricieuses. Ce sont elles qui choisissent leur porteur et ce sont elles qui décident également de fonctionner plus ou moins bien dans les mains d'autres sorciers. En utilisant la baguette de Harry…

-Ollivander m'a déjà sorti tout son blabla, tu n'as pas besoin d'en rajouter.

Voldemort brandit la baguette qu'il avait en main, mais avant même qu'il ne puisse envoyer le moindre sortilège, des chaînes apparurent des recoins de la salle pour s'enrouler autour de lui, l'empêchant d'effectuer le moindre mouvement. Voldemort fit une moue de colère et dans l'assemblée, des exclamations de soulagement se firent entendre.

-Que s'est-il passé ? demanda Scrimgeour toujours perplexe.

-La Grande Salle est protégée en cas d'intrusion. Le portail n'était pas seulement créé pour faire apparaître le nom des personnes qui le franchissaient, il était là aussi pour bloquer l'attaque d'une personne indésirable.

-Comme le Mage Noir, dit Kingsley impressionné par la puissance du sortilège.

-Oui, ou n'importe lequel de ses partisans connus.

Dumbledore ne perdit pas de temps, il savait que ses entraves n'allaient pas durer éternellement. Il donna l'ordre aux professeurs d'évacuer les lieux avec les derniers élèves encore présents, avec l'appuis des Aurors et du Ministre lui-même, le seul ayant le pouvoir d'ouvrir un nouveau passage sécurisé hors de l'école. Mais Scrimgeour ne pouvait pas faire ça. Mettre les élèves en sécurité était la priorité numéro un, mais qui pouvait dire si toutes les personnes présentes étaient des élèves et des personnes de confiance ? Et si des Mangemorts s'étaient glissés parmi eux pour atteindre le Ministère ? Et même Ste Mangouste ?

-Harry, je sais que tu es là et que tu m'entends, s'exclama Dumbledore pour tenter de lui faire entendre raison. Tu as déjà combattu ce mal l'année dernière, souviens toi. C'est une prouesse que tu peux refaire. Je sais que tu en as la force. Il faut que tu luttes.

À sa grande surprise, il ne vit pas de haine dans le regard du jeune sorcier. C'était toutes les pupilles flamboyantes de Voldemort devant lui, mais elles avaient une expression unique, d'une infinie tristesse mélangée à une grande fatigue.

-Pitié professeur, aidez-moi. Je…je n'en peux plus. J'ai trop mal.

-Harry…

-Je ferai tout ce que vous voulez. Regardez, je peux même vous donner ma baguette.

Il essaya de tendre son bras pour rendre sa baguette magique mais l'entrave était beaucoup trop resserrée. Il ne pouvait pas bouger.

-Libérez-moi je vous en prie.

Cette fois il ne s'adressait plus seulement à Dumbledore, mais à toutes les personnes présentes.

-Pitié. C'est moi, c'est Harry. Enlevez ces chaînes.

-Mauvaise idée, lança Severus. Je ne lui fais pas confiance. Il a la même expression que pendant le match de Quidditch.

-Vous voulez dire pendant le match durant lequel vous vous en êtes pris physiquement à lui ? rétorqua le Ministre. Et vous pensez que vous avez votre mot à dire après cela ? Vos antécédant avec Monsieur Potter ne vous donne aucunement le droit de décider ce qu'il faut faire le concernant ou pas.

-Je comprends mieux pourquoi je n'ai pas pu contenir ma colère ce jour-là, ajouta Severus sans faire attention aux propos du Ministre. Albus, il était sous l'emprise du Seigneur des Ténèbres.

-Et maintenant ? Pouvez-vous affirmer avec certitude que c'est toujours le cas ?

Severus était perplexe devant la question de son Mentor. Mais Dumbledore voulait rester prudent.

-Le portail n'a pas pu se tromper, grogna Severus. Et nous avons été témoins des paroles qu'il a prononcées en arrivant. Ce n'était pas Potter.

-C'est peut-être lui maintenant, souffla Mrs Weasley inquiète pour Harry.

-Vous l'avez dit vous-même, poursuivi Scrimgeour. Il a déjà été victime de cette tentative de possession l'année dernière et ça n'a pas fonctionné.

-Cette fois ce n'est pas pareil.

-S'il vous plaît détachez moi, j'ai du mal à respirer.

-Harry, demanda Dumbledore l'air inquiet. Est-ce que tu te souviens de ce qui s'est passé ? Comment est-ce que tu t'es retrouvé ici ?

-Non je…je ne me souviens de rien. Je ne sais pas ce que je fais là.

Harry baissa la tête, en sanglotant. Tout le monde voyait son corps parcourus de spasmes, et ses épaules se soulevaient et se baissaient à cause des pleurs.

-On devrait peut-être…, commença Douglas Peterson.

-Ne vous laissez pas abuser par cette ruse perfide.

Tout le monde se tourna vers la personne qui venait de parler, c'était Hermione.

-Miss Granger, s'exclama McGonagall, surprise de la voir aussi sûre d'elle.

-Ce n'est pas Harry. Harry sait très bien ce qui se trame ici. Et il ne demanderait jamais à être libéré de cette façon s'il pouvait représenter un danger pour nous.

-Qu'entendez-vous par, il sait ce qu'il se trame ici Miss Granger ? demanda Dumbledore.

Elle regarda Severus un bref instant, ce qui n'échappa ni au Directeur ni au principal intéressé. Mais elle n'eut pas le temps de répondre. Un nouveau son s'éleva de la gorge de Harry, la tristesse laissa place à l'amusement et bientôt, il arrêta de feindre ses pleurs pour rire ouvertement. Voldemort était bien toujours là.

-J'ai bien senti que ce petit manège ne fonctionnait pas. Dommage. J'aurais aimé me défaire de ces liens sans utiliser ma propre puissance. Quel gâchis.

-Je ne fais pas comme si tu avais le pouvoir de te libérer Tom.

-Et toi ne fais pas comme si tu étais encore plus fort que moi vieillard.

-Cette baguette n'est pas la tienne, elle ne t'obéira pas comme tu le voudras.

En une fraction de secondes, les chaînes autour du corps de Harry se transformèrent toutes en de monstrueux pythons qui s'écroulèrent sur le sol, le laissant libre. Avant que quiconque puisse bouger, et d'un geste sec, Voldemort fendit l'air avec la baguette de Harry dans la direction de Rogue qui fut projeté à plusieurs mètres de là. Il se releva, devant les regards horrifiés de chacun en crachant du sang, une grande entaille ouverte au niveau de son torse.

-Severus !

Shacklebolt et Douglas Peterson, les plus proches de l'endroit où il avait atterri, coururent à ses côtés pour l'aider à se relever. Il s'était blessé au genou en retombant lourdement sur le sol.

-Tu disais ? s'exclama Voldemort en rigolant. Tu croyais peut-être que j'allais faire les choses comme ça, sans me renseigner ? La baguette de Harry et la mienne sont jumelles, chacune fonctionne parfaitement bien avec le propriétaire de l'autre ! Mais tu le savais déjà n'est-ce pas ?

Dumbledore le fixa de son regard perçant mais n'ajouta rien. Il était fou de rage. Il savait que l'affrontement était proche, il allait devoir combattre Voldemort, alors qu'il était dans le corps de Harry. Mais il ne pouvait pas se permettre de blesser le jeune garçon. Il n'avait pas le choix, il devait absolument dissocier Voldemort du corps de Harry pour pouvoir mettre fin à la possession et donc à son emprise pour se débarrasser de lui. Il avait imaginé bien des scénarios en rapport avec la menace du Mage Noir, et plein de fois il avait pensé qu'il pouvait se retrouver dans des situations délicates voire dangereuses. Mais jamais il n'avait pu envisager de se retrouve dans un schéma si catastrophique. La situation était délicate, il devait être très prudent.

-Tu sais que tu n'y arriveras pas !

-À quoi ? demanda Dumbledore toujours très calme.

-À te débarrasser de moi. Pas cette fois.

-C'est ce qu'on verra.

-Tu le sais très bien au fond de toi. Tu ne pourras pas sauver tout le monde.

D'un nouveau geste de baguette magique, Voldemort fit voler en éclat les immenses fenêtres de la Grande Salle, transformant les milliers de débris de verres en projectiles prêts à déchirer le corps des personnes présentes. Dumbledore encore très vif fut le seul à réagir à temps et en faisant léviter toutes les tables de la pièce, il protégea tout le monde des coupures qui auraient pu leur être fatales. Une fois tous les débris de verres par terre, il laissa tomber les tables lourdement sur le sol avant de manquer de perdre l'équilibre, il était déjà très affaibli. Le Ministre et les Aurors brandirent leur baguette mais c'était sans compter sur la détermination du directeur.

-Qu'est-ce que je vous ai dit Rufus !? Ne vous mêlez pas de ça ! Vous devriez partir, vous n'êtes d'aucune utilité ici. Et amenez vos hommes et les élèves avec vous.

Personne n'eut le temps d'exécuter les instructions de Dumbledore avant qu'un duel titanesque ne s'engage entre le directeur et Voldemort, chacun rivalisant avec un degré de magie avancée que personne n'avait encore jamais vu dans la pièce. Les Aurors et les employés du Ministère se mirent à l'écart, il n'y avait rien de plus qu'ils pouvaient faire. Les élèves encore restant, blessés pour la plupart tentaient de se protéger tant bien que mal également. De son côté, Dumbledore, qui ne pouvait toujours pas s'en prendre au corps de Harry, ne faisait que se défendre face aux agressions de son adversaire et cela ne faisait que l'affaiblir de plus en plus. Il savait qu'il arriverait un moment où il n'aurait plus assez de forces pour continuer et c'est à ce moment-là que Voldemort en profiterait pour lui asséner le coup fatal.

Des tonnes d'eau provenant visiblement du Lac Noir s'engouffrèrent dans la pièce, noyant la majorité des Aurors et des membres de l'Ordre du Phénix. Severus, Kingsley, Fol Œil et Peterson furent les seuls à éviter de se faire prendre au piège, et usèrent de tous les sortilèges possibles pour libérer tous les autres au prix d'un incroyable effort. Les pythons qui avaient remplacé les chaînes entravant Voldemort un peu plus tôt se ruèrent sur eux mais c'est Minerva qui put intervenir cette fois en donnant vie à quatre statues en armures. Ils étaient tous épuisés, mais Voldemort lui semblait beaucoup s'amuser, un sourire mauvais perpétuellement dessiné sur le visage de Harry.

Quand Dumbledore finit par tomber de tout son poids au sol, à genoux, Severus voulu le rejoindre pour aller l'aider, tout comme les Membres de l'Ordre mais d'un geste de baguette magique il les garda à distance, créant une barrière les empêchant d'avancer davantage. Voldemort fit quelques pas vers le directeur, sa baguette toujours tendue et s'arrêta juste devant lui, une lueur démente dans les yeux.

-On dirait que c'est moi qui ai gagné cette fois !

-NON ! ALBUS ! s'écria Severus.

Tout le monde était médusé par ce qui se passait devant eux. Voldemort ouvrit la bouche pour prononcer la formule fatale mais le bras de Harry tenant la baguette commença à trembler, montrant des signes de lutte le jeune garçon était en train de résister.

-Harry je sais que tu es toujours là. Il faut que tu résistes, lança Dumbledore.

-LA FERME !

Voldemort ne supportait pas que la situation évolue à son désavantage et que tout ne se passe pas comme il l'avait prévu. Comment diable Harry pouvait-il lutter contre son emprise au point de l'empêcher d'exécuter son pire ennemi ? En réalité le Mage Noir connaissait déjà la réponse à cette question, les liens entre Harry et Dumbledore étaient beaucoup trop forts et l'affection du jeune homme bien trop importante pour que Voldemort puisse le tuer en utilisant son corps. Il retenta malgré tout de lui lança un Avada Kedavra mais cette fois le corps de Harry se plia en deux violemment, il ne supporterait pas l'intrusion de Voldemort beaucoup plus longtemps.

-Tu ne peux pas t'en prendre à moi Tom. Harry t'en empêche, ajouta Dumbledore en se relevant péniblement. Il n'avait presque plus de force, d'ailleurs la barrière magique qu'il avait créé qui retenait tout le monde à l'écart disparut.

Voldemort lui lança un regard noir alors que la plupart des personnes aux alentours, qui n'avaient pas compris ce qui s'était passé jusque-là, poussèrent un soupir de soulagement. Ils ne pouvaient pas se permettre de perdre Dumbledore, pas maintenant. Voldemort resta plié encore un moment pour reprendre son souffle avant de sourire de nouveau.

-Ce n'est pas grave. C'est toujours le premier meurtre le plus difficile, ensuite ce sera un jeu d'enfant de contrôler Harry.

Il pointa sa main vers le Directeur, cette fois elle ne tremblait plus. Harry était à bout de force, il n'arrivait plus à lutter face à l'intrusion de Voldemort dans son corps. Mais à sa grande surprise, la majorité des personnes présentes dans la pièce, celles pouvant encore tenir debout se mirent sur son passage, en pointant leur propre baguette vers le corps de Harry. Severus, Minerva et tous les autres professeurs de Poudlard. Remus, Tonks, Mr et Mrs Weasley et tous les autres membres de l'Ordre du Phénix. Tout comme Peterson, Kingsley, Fol Œil et tous les autres Aurors. Tout le monde faisait front face à l'ennemi pour sauver Dumbledore. Même Ron et les quelques membres de l'AD encore présents comme Neville. Seule Hermione bizarrement affairée à autre chose dans un coin de la pièce, et quelques autres élèves de dernière année ne s'était pas aventurés sur ce terrain dangereux.

Dumbledore, au fond de lui, était touché par cette attention, mais il ne pouvait pas s'empêcher de se sentir coupable. Il les supplia de ne pas s'en prendre à Harry, mais ils étaient tous déterminés.

-Vous êtes tous pathétiques, siffle Voldemort en colère. Vous ne voyez pas que ce que vous faites ne sert à rien ?

-Tu sous estimes le plus important, lança Dumbledore en se relevant. Les liens d'amitié, l'affection, la coopération, l'amour. Ce sont des notions que tu as éradiquées de ton vocabulaire il y a des années, et c'est ce qui te rend faible.

-Toujours la même rengaine ! Une addition de sorciers minables, ça n'a jamais suffi pour rivaliser avec un sorcier exceptionnel. Toi et moi on est d'un niveau supérieur à eux, et si tu disparais, il n'y aura plus personne pour me contrer.

Avant que Dumbledore ait pu dire quoi que ce soit, Voldemort brandit sa baguette magique et les flammes des bougies de la Grande Salle qui flottaient toujours dans les airs triplèrent de volume jusqu'à ce que le plafond entier ne s'embrase dans une fournaise qui semblait vivante tellement les flammes dansaient à une allure fulgurante. Le feu commença à descendra vers le sol, et d'un autre coup de baguette, Voldemort le projeta vers le petit groupe avant qu'une explosion ne retentisse en les projetant tous dans des coins de la pièce. Severus avait réagi très vite, sous le regard admiratif de Dumbledore et des autres. Certaines eurent assez de reflexe pour se protéger mais d'autres furent gravement brûlés, particulièrement chez les élèves.

-Tu commences vraiment à m'ennuyer Severus, cracha Voldemort. Peut-être que c'est toi qui devrais disparaître en premier.

Voldemort brandit sa baguette de nouveau, cette fois vers l'ancien Mangemort mais à sa grande surprise, Dumbledore s'interposa en lui envoyant un sortilège en pleine figure qui le propulsa quelques mètres plus loin, près des portes de la Grande Salle. Quand il se releva, on pouvait voir qu'une entaille profonde était apparue sur sa joue gauche. Dumbledore avait préféré le blesser au lieu de voir Severus mourir.

Voldemort, toujours dans le corps de Harry, passa sa main sur sa joue et vit que sa blessure saignait abondement.

-Excuse-moi Harry, souffla Dumbledore. Je n'ai pas eu le choix.

-Harry ne t'entend pas ça ne sert à rien de t'excuser vieillard.

Puis Voldemort se mit à rire.

-Tu utilises ton énergie pour rien. Harry n'est que le premier de la liste. Une fois qu'il aura définitivement sombré, un autre prendra sa place.

-Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda Dumbledore bouleversé.

-Tu comprendras bien assez vite.

Mais le Directeur ne voulait pas se contenter de ce simple indice. Il ne voulait pas donner cet avantage à cet ennemi. Il tenta quelque chose, et ça fonctionna. Pour une fois, il fut content que Harry ne puisse pas fermer son esprit. Et même si Voldemort le possédait, Harry était encore bien là. Dumbledore usa de son don de Legilimencie et il put entrer un bref instant dans l'esprit du Mage Noir. Il veut le la salle au sous-sol, le Cristal et autour le réceptacle rempli de sang. Il vit aussi la substance noirâtre versée à l'intérieur et plus loin sur une table, plusieurs potions en train de mijoter. Il ne put en voir davantage, Voldemort avait repris l'ascendant.

-C'est impossible ! lança Dumbledore.

-Je vois que tu as encore une bonne mémoire, lança Voldemort. La situation doit te paraître terriblement familière ajouta-t-il en ricanant.

Dumbledore n'ajouta rien, le regard perdu alors qu'il réfléchissait à toute vitesse.

Mais enfin qu'est ce qui se passe ? demanda Scrimgeour. Qu'avez-vous vu Albus ?

Le Ministre était totalement perdu, tout comme les autres sorciers présents dans la salle.

-Ce n'est pas une possession, s'exclama finalement le vieil homme. Voldemort utilise le Cristal Ensanglanté des Lovecraft.

Les sorciers ne furent pas plus avancés que cela par ce qu'il venait de dire, sauf Severus qui était devenu blême. C'était visiblement le seul à part Dumbledore à connaître le Cristal, et surtout le danger qu'impliquait pour eux le fait que le Seigneur des Ténèbres l'ait en sa possession.

-Le quoi ? demanda Scrimgeour qui ne supportait pas de ne pas comprendre ce qui se passait.

-Le Cristal, créé par les Lovecraft, une des plus anciennes familles de sorciers. Le Cristal a été utilisé pendant la dernière grande guerre, par Grindelwald lui-même avant qu'il ne soit perdu. Personne n'avait jamais pu mettre la main dessus depuis la destruction du mage jusqu'à aujourd'hui, s'amusa à ajouter Voldemort.

Dumbledore resta silencieux un moment, visiblement il ne savait pas comment réagir face à la tournure qu'avait pris la situation. Et l'inquiétude qui pouvait se lire dans ses yeux ne présageait rien de bon, tout le monde le savait.

-Je vous l'avais dit ! s'exclama soudainement Findsbery. Je vous avais dit que tôt ou tard ça arriverait et qu'il fallait surveiller Potter 24h sur 24h pour éviter que ça ne se produise ! Mais vous n'avez pas voulu écouter !

-Harry a été mis sous surveillance comme il le fallait, s'exclama Dumbledore. Ce qui s'est produit ce soir était de toute façon inévitable. Tôt ou tard nous nous serions retrouvés dans cette situation.

-Rien n'est inévitable ! lança soudainement Davis. Il n'existe rien contre quoi un sorcier ne puisse lutter.

- Je vous conseille de ne pas prendre la situation à la légère. Le Cristal était autrefois utilisé par Grindelwald pour asservir des sorciers puissants et ainsi les contrôler en s'emparant de leur esprit. C'était un sorcier puissant mais vaniteux qui voulait être le seul à avoir le pouvoir et n'avait jamais eu confiance en personne. Il ne pouvait cependant pas livrer toutes les batailles lui-même alors quand il a trouvé le Cristal, il s'en est servi pour détruire ses ennemis.

-Mais comment ?

-Le Cristal est relié à un socle que les Lovecraft ont taillé eux-mêmes dans une roche et il est entouré d'un récipient qui est vide à l'origine. Pour contrôler un sorcier, il suffit de lui prendre un morceau de son enveloppe corporelle, comme pour le Polynectar, de le mélanger avec une préparation complexe et de renverser le tout dans le récipient. La substance se répand dans le récipient et le sorcier peut contrôler le corps de son ennemi. Voldemort doit être caché quelque part, près de ce Cristal, qu'il a découvert je ne sais comment.

-Et il contrôle Monsieur Potter de là-bas, ajouta Kingsley.

-Oui. Mais Tom vient de nous donner un élément primordial. Il a parlé d'autres possessions. Ça veut dire qu'il a récupéré un morceau de chair ou des cheveux d'autres personnes. Ça doit être à cela que servait l'attaque préliminaire des Mangemorts. Tous ceux qui les ont affrontés sont susceptibles de se faire posséder par Voldemort après Harry. C'est pour ça que les Mangemorts sont partis, ils préparent déjà la suite.

-Mon dieu.

-C'est impossible.

-Est-ce qu'il peut posséder plusieurs personnes en même temps ?

-Je ne pense pas, répondit Dumbledore toujours concentré. Une nouvelle possession ne pourra commencer qu'une fois que l'hôte précédent sera mort.

-Quelle barbarie, lança McGonagall.

-Après avoir détruit Grindelwald, poursuivit Dumbledore, j'ai cherché ce Cristal sans jamais pouvoir mettre la main dessus. Au début de l'ascension de Voldemort, j'ai eu peur que le même schéma ne se reproduise mais il n'avait pas dû trouver le Cristal non plus alors il a adopté une nouvelle façon d'imposer son pouvoir.

Devant les regards interrogateurs, il ajouta :

-Il a créé la Marque des Ténèbres pour asservir non plus ses ennemis mais les sorciers qui décidèrent de le servir, par conviction ou bien par peur.

-Et finalement je vois que ça n'a pas si bien fonctionné que ça, dit Voldemort en regardant tour à tour Drago et Severus. Aucun système n'est infaillible. Et on n'est jamais mieux servi que par soit même.

Le corps de Harry se crispa à nouveau et il fut parcourus de spasmes, plié en deux.

-Vous tous, avez moi ! C'est le moment ou jamais ! s'écria Scrimgeour.

-Rufus, non !

Mais le Ministre n'écouta pas. Il commença à lancer plusieurs sortilèges d'entraves, imité par la majorité de ses Aurors. Voldemort repris le contrôle du corps de Harry juste à temps et il envoya valser les sortilèges partout, certains ricochèrent même pour toucher ceux qui les avaient lancés. La seconde d'après, une détonation fulgurante explosa au milieu de la grande Salle faisant exploser le toit de la pièce en mille morceaux avant que les débris ne retombent sur le sol. Sur les trois murs de la pièce en face de Voldemort, tous ceux qui avaient tenté de se mettre entre lui et Dumbledore avaient été projetés contre la pierre froide, incapables de bouger. C'est comme si chaque parcelle de leur corps était collée au mur, plusieurs mètres au-dessus du sol. Seul restait debout face à lui Dumbledore, et les autres personnes auxquelles il ne faisait pas attention comme Hermione et les dernières années.

-C'est vrai que je peux utiliser le Cristal pour contrôler d'autres personnes après Harry. Mais le but premier de cette petite expédition c'était surtout de me débarrasser de toi.

-Tu n'es pas assez fort pour ça.

-Tu crois ? Moi j'ai l'impression que j'ai prouvé ma supériorité ce soir.

Voldemort toujours dans le corps de Harry leva à nouveau sa baguette, et plusieurs débris rocheux s'élevèrent du sol. Ils tournèrent frénétiquement tous dans les airs jusqu'à ressemble à de grands pics, comme des pieux, qui vinrent se placer devant le corps de chaque personne collée au mur. Ils allaient tous être transpercés sans pouvoir se protéger. C'était la fin.

-Je sais ce que tu essayes de faire, souffla Voldemort devant le regard affolé de Dumbledore qui voyait que la situation tournait à son désavantage. Tu veux me pousser à lancer une autre possession. Tu connais tout du Cristal des Lovecraft. Tu sais que l'utiliser coûte énormément d'énergie vitale. Grindelwald était ton ami, tu sais qu'il est presque mort en l'utilisant.

Dumbledore ne répondit rien. Il savait en effet que tout le monde n'était pas en mesure d'utiliser un artefact aussi puissant, et que Voldemort était en train d'être drainé de son énergie vitale. Il avait les Horcruxes bien sûr mais ce n'était pas dans son intérêt que son enveloppe corporelle disparaisse. Et Grindelwald, qui n'avait pas assuré ses arrières en déchirant son âme était presque mort en effet un jour alors qu'il avait utilisé le Cristal pendant trop longtemps. C'était le risque à payer pour l'utiliser.

Tous les pieux en pierre étaient prêts. Ils étaient parfaitement aiguisés, et pointaient vers le cœur de tous. Severus, Minerva, les professeurs, les Aurors, l'Ordre du Phénix. Ils allaient tous être empalé.

-Ah moins que tu ne mettes Harry hors d'état de nuire, lança Voldemort en ricanant. La vie de Potter contre celles de toutes ces personnes.

Dumbledore tomba genoux à terre, épuisé et démoralisé. Une larme coulait sur sa joue.

-Je ne peux pas faire ça, avoua-t-il, conscient que Harry était indispensable pour trouver les Horcruxes.

-Alors dans ce cas, continua Voldemort triomphant, il ne te reste plus qu'à te sacrifier. Je sais que tu peux les sauver, mais ça te coutera tes dernières forces.

Dumbledore le savait bien, et il accepta son sort. Il agrippa fermement sa baguette, devant le regard incrédule de l'assemblée qui n'osait rien dire.

-Severus, je vous laisse la suite, dit Dumbledore serein en se tournant vers le Maître des Potions.

-Albus, non ! Ce n'est pas possible ! Pas comme ça.

-Je sais que vous réussirez, poursuivit le sorcier sans faire attention à ses supplications. Vous êtes bien plus fort que vous ne le pensez.

Il se tourna ensuite vers Minerva et les membres de l'Ordre.

-Mes amis, surtout ne baissez pas les bras. Gardez en tête une chose. Harry est le meilleur espoir que nous ayons, faites-lui confiance.

La plupart était figé sur place, incapable de croise ce qui était sur le point de se produire. Severus se débattait comme un fou pour défaire ses liens et tenter de secourir le vieux sorcier, en vain. Dumbledore plongea ensuite son regard dans celui de Voldemort qui était bien évidemment toujours là. Le seul regret qu'il avait, c'était de ne pas pouvoir dire au revoir à Harry. Il espérait qu'il ne s'en voudrait pas trop pour ce qui allait arriver.

-C'est bon tu as fini ? lança Voldemort irrespectueusement.

Il brandit sa baguette, prêt à lancer les dizaines de pieux vers leur cible. Et Dumbledore était prêt à utiliser ses dernières ressources pour l'en empêcher.

Le directeur, toujours à genoux par terre presque impuissant, sentit une légère pression sur son épaule. Elle se voulait timide mais rassurante. Il fut surpris par ce contact aussi surprenant qu'inattendu. De mémoire, jamais personne n'avait posé une main rassurante comme cela sur son épaule. D'habitude, c'était lui la figure d'autorité, lui qui avait des gestes et des paroles pour aider les gens autour de lui. Voldemort paru tout aussi surpris que lui car il abaissa sa baguette sans lancer de sortilège. Les pieux flottaient toujours dans les airs sans avoir atteint leur cible. Le Directeur tourna son regard, et il croisa les yeux noisette d'Hermione. Elle lui sourit faiblement, comme si elle était gênée par ce contact familier entre eux, et elle pressa son épaule un peu plus.

-Ne vous inquiétez pas professeur, tout va bien se passer.

Dumbledore posa sa main sur la sienne, pour la remercier, même s'il était incapable de prononcer le moindre mot. La seconde d'après, un rire glaçant éclata dans la pièce. Voldemort s'éclaffait devant cette scène et c'était terrible à voir et à entendre.

-La copine de Potter qui empeste le sang de Bourge à des kilomètres qui tente de rassurer le soi-disant sorcier le plus puissant au monde. Comme c'est…dégoutant. Et amusant aussi je dois le reconnaître.

-Relevez-vous professeur, poursuivit Hermione sans faire attention aux paroles du Mage Noir toujours dans le corps de son meilleur ami. N'ayez aucune crainte, il ne peut pas nous faire du mal. Il ne peut blesser personne.

-Tu ne devrais pas me sous-estimer de la sorte petite sotte.

-Je n'aurai jamais la prétention de vous sous-estimer. Je sais que vous êtes un Mage Noir aussi cruel que puissant. Dans d'autres circonstances, nous aurions tous été exterminés. Mais vous oubliez une chose fondamentale.

Devant son regard inquisiteur et légèrement surpris elle poursuivit.

-Harry.

-Harry n'est pas en mesure de faire quoi que ce soit pour vous aider ou vous sauver.

-C'est vrai. Pas pour le moment. Mais ce qu'il avait besoin de faire, il l'a fait il y a des mois de cela.

Elle aida Dumbledore à se relever avant de poursuivre. Lui aussi voulait avoir des explications. Dans l'assemblée, les gens étaient toujours perplexes sur leur situation. Est-ce qu'ils étaient vraiment hors de danger ?

-Vous avez passé des mois à torturer Harry, dit Hermione calmement. Vous l'avez malmené psychologiquement, vous êtes entrés dans son esprit et vous lui avez montré des choses horribles. Vous avez fait en sorte qu'il soit coupé du reste du monde sorcier, qu'il soit critiqué et détesté par les gens autour de lui et vous avez souvent réussi. Vous lui avez même montré sa part d'ombre, vous lui avez montré ce qui allait se passer ce soir en pensant que ça le perturberait, que ça le rendrait fou et que ça l'affaiblirait pour que vous puissiez vous emparer de son esprit.

-Je ne lui ai rien montré de la sorte. Ce qui arrive ce soir, je n'aurai eu aucun intérêt à le lui montrer.

Hermione parut déstabilisée par cet aveu. Elle n'avait pas tout compris, elle ne savait pas alors comment Harry avait eu cette vision. Pourtant il savait ce qui allait se passer. Il savait qu'il allait faire du mal.

-Harry a tout vu il y a des mois. Et il a tout mis en œuvre pour empêcher que ça arrive.

-Il n'a pas un tel pouvoir.

-C'est vous qui n'avez plus aucun pouvoir ici. Vous ne pouvez pas nous blesser.

Pour seule réponse, Voldemort brandit de nouveau sa baguette. Les pieux se mirent à virevolter dans les airs, de plus en plus vite, prêts à s'élancer.

-Heu…Hermione. Est-ce que tu es sûr de ce que tu fais là ? lança Ron, lui aussi toujours collé au mur et sur le point d'être transpercé.

-PARTEZ ! cria Hermione à l'attention de Voldemort. Et Laissez Harry en paix !

-Petite insolente. Je vais te laisser regarder les conséquences de tes paroles en tuant toutes ces personnes sous tes yeux. Et seulement après, si tu me supplies, j'abrégerai tes souffrances en te tuant à ton tour.

Voldemort abaissa le bras et la seconde d'après, les pieux se plantèrent dans le corps de toutes les personnes collées aux murs. La majorité d'entre eux fermèrent les yeux au moment d'être empalés. Personne ne fit le moindre bruit, ne prononça la moindre parole. Hermione resta le regard fixé vers son ami sous l'emprise du Mage Noir. L'air satisfait de ce dernier laissa bientôt place à la stupéfaction quand il se rendit compte que les pieux n'avaient eu aucun effet létal. Ils s'étaient enfoncés dans le corps de chaque personne qu'il avait voulu tuer, mais pourtant personne n'était mort. C'est comme si les armes étaient en mousse, ou alors que les corps de chacun étaient en mousse. Les bouts pointus s'enfonçaient dans leur chair et ressortaient sans effectuer la moindre blessure. Et personne ne souffrait.

-C'est impossible…

Voldemort se déconcentra face à cette dure réalité pour lui. Il se déconcentra tellement qu'il abaissa sa baguette et que tout le monde retomba lourdement sur le sol. Ils n'étaient plus prisonniers du sortilège qui les maintenaient collés à la roche des murs de la Grande Salle.

-Comment est-ce que tu as fait ? grogna Voldemort.

-Ce n'est pas moi. Je vous l'ai dit, c'est Harry qui a tout planifié.

-MENTEUSE ! MISÉRABLE INSOLENTE ! SALE SANG DE BOURBE !

Il brandit sa baguette une nouvelle fois, hors de lui. Personne n'eut le temps de faire quoi que ce soit, pas même Dumbledore qui se tenait pourtant juste à côté de la jeune sorcière.

-AVADA KEDAVRA !

Les autres sortilèges n'avaient peut-être blessé personne, mais le sortilège de mort était une arme redoutable, Voldemort en était convaincu. Personne ne pouvait en réchapper. Harry avait été le seul à réussir, par il ne savait quel stratagème perfide de sa mère qui lui avait octroyé cette protection spéciale. Mais ici c'était différent. La Grande Salle fut emplie d'une immense lumière verte pendant une longue seconde, et puis le sortilège se dissipa. Voldemort serra la baguette de Harry fortement dans sa main, Hermione Granger était toujours debout devant elle. Il était tellement en colère qu'il n'avait pas détourné son regard de celui de la sorcière. Ce fut le seul dans la pièce, car toutes les autres personnes avaient levé leurs yeux vers le plafond et les murs de la salle. Quand le sortilège de mort s'était dissipé, des milliers, non des dizaines de milliers de Runes de protection s'était mise à scintiller d'un vert émeraude parfait. C'était comme si les Runes avaient absorbé le sortilège pour protéger Hermione. Voldemort se rendit finalement compte de leur présence, juste avant que leur scintillement ne s'atténue. Les Runes étaient partout, dans le moindre recoin. Sur la moindre pierre, sur le sol, sur les murs. Même là où se tenaient les fenêtres auparavant il y avait des Runes qui flottaient dans les airs, on aurait dit qu'elles avaient été apposées sur les vitres et qu'elles étaient restaient soigneusement en place quand le verre avait volé en éclat.

Tout le monde dans l'assemblée était sans voix. Inscrire toutes ces Runes avec une précision aussi parfaite pour retenir un sortilège de mort lancé par Voldemort, ça tenait du prodige. Et il avait fallu beaucoup de temps. Près d'Hermione, quelques bulles scintillantes commençaient à se former, elles virevoltèrent dans les airs jusqu'à prendre l'apparence de deux personnes. Un double parfait d'Hermione, et un double de Harry.

-Je perds la tête Hermione. Je ne me reconnais plus. J'ai l'impression qu'il prend possession de moi petit à petit. Je suis tout le temps en colère, je ne dors plus, je n'ai plus faim.

-Ce n'est pas la première fois Harry. Souviens toi l'année dernière déjà tu ressentais toute cette colère, et il a essayé de prendre possession de toi au Ministère. Tu as réussi à le combattre.

-Cette fois je sens que c'est différent. Je n'en ai pas la force. Je vais faire des choses horribles Hermione, il va y avoir des blessés et même des morts à cause de moi. Rogue et Drago et même Dumbledore. Je ne veux pas que ça arrive. Il faut que tu m'aides.

Les doubles de lumière de Hermione et Harry étaient en train de discuter et se balader au milieu de la pièce sous le regard de tout le monde. Ils revivaient cette scène qui s'était passé il y a plusieurs mois, au moment où Harry avait demandé de l'aide à son amie.

-Alors si je comprends bien, commença Hermione, tu t'es vu en train d'attaquer plusieurs personnes à Poudlard, dont Rogue et Dumbledore ?

-C'est ça.

Voldemort toujours dans le corps du véritable Harry tenta de bouger mais il en était incapable. Il était figé sur place.

-Pourquoi tu ne veux pas en parler à Dumbledore alors tout simplement ?

-Je ne peux pas lui dire Hermione. Il va me dire que ce n'est qu'un rêve, qu'il ne faut pas s'inquiéter, et il va porter ce fardeau à ma place. Il sera déçu que je n'arrive toujours pas à fermer mon esprit, frustré de voir que je n'arrive pas à me débarrasser de ma rancœur pour Rogue et…et je ne sais même pas ce qu'il pourrait penser en apprenant que je pourrais m'en prendre à lui et lui faire du mal.

-Ce n'est pas ta faute Harry. Tu ne dois pas culpabiliser, ni même avoir honte. Si ça se trouve c'est vrai, ce n'était qu'un rêve…

-Je préfère me dire que ça arrivera. Il faut que je fasse tout pour empêcher que ça arrive. Mais je vais avoir besoin de ton aide. Tu ne sais pas s'il y aurait un moyen de lancer un sort de protection à plusieurs personnes ?

-Pas à ma connaissance non. Et d'après ce que tu m'as raconté, il y a beaucoup de monde dans la Grande Salle quand tu te vois perdre le contrôle. Protéger autant de monde…avec un sortilège c'est impossible.

Hermione trouvait bizarre de se voir ainsi en double, mais elle resta concentrée. Le déclenchement de cette vision, c'était son idée et ça avait été possible grâce à l'utilisation du sortilège Avada Kedavra. Hermione savait que Harry était incapable d'utiliser un tel sort, il n'avait pas vu contre Bellatrix Lestrange même après la mort de Sirius, tout simplement parce que c'était quelqu'un de bien. Elle savait que si ce sortilège était lancé, ça ne signifiait qu'une chose, que la possession du Mage Noir était trop forte. Elle espérait qu'avec cette vision, Harry se souviendrait de ce qu'il lui avait demandé pour protéger tout le monde et qu'il reviendrait à lui.

-Les Runes ?

-Oui. Elles permettent de protéger non pas une personne mais un lieu.

-Ce serait parfait !

-Mais on est en train de parler de la Grande Salle Harry. La superficie est immense. Il faudrait des centaines, non des milliers de Runes pour tapisser tous les murs, le sol et le plafond magique.

-Mais ce serait possible !

-Harry on est en train de parler de Runes. C'est une discipline très noble et très complexe. On n'est pas en train de parler de dessins ou de décoration. Pour que ça fonctionne, chacune Runes doit avoir un tracé parfait, et un positionnement calculé au millimètre près.

-S'il y a bien quelqu'un qui peut réussir cet exploit, c'est toi.

La vision se termina sur ces paroles, et avec elle l'entrave sur les personnes présentent dans la pièce. Tout le monde compris que c'était Hermione qui avait réussi l'exploit de dessiner toutes ces Runes de protection. L'assemblée était impressionnée. Voldemort lui, était en colère mais il se ressaisit.

-Severus, maintenant ! s'écria Dumbledore également imperturbable.

Il n'en fallut pas davantage pour que Severus obéisse au Directeur. Il savait très bien ce qu'il avait en tête. Il utilisa un sortilège de son invention pouvoir entraver les mouvements du Mage noir et l'empêcher de lancer d'autres sortilèges. Pris par surprise, ce dernier n'eut pas le temps de réagir et se retrouva bloquer, le corps de Harry lévitant à quelques centimètres au-dessus du sol. Dumbledore prononça de longues formules magiques plus compliquées les unes que les autres et l'instant d'après Harry retomba lourdement sur le sol froid alors qu'une étrange substance vaporeuse noire s'élevait dans les airs en se dissociant de son corps.

-Harry !

Hermione se précipita vers lui, suivit de près par Ron alors que les autres restaient focalisés sur la silhouette noire qui venait de prendre l'apparence de Voldemort. Le vrai Voldemort n'était pas là bien sûr, il était toujours caché dans les sous-sols du maison Malefoy. Mais cette entité fantomatique lui ressemblait, et surtout elle avait les mêmes pouvoirs que lui. On ne distinguait pas les contours de son corps mais son visage, lui, apparaissait parfaitement, le teint pâle, les yeux rouges flamboyants et une expression de profonde haine. Alors que Harry semblait reprendre ses esprits mais il était affaibli. La silhouette de Voldemort se tourna vers lui mais Dumbledore tendit sa baguette.

-C'est moi ton adversaire Tom.

Le Mage Noir lança un regard plein de haine vers son ennemi. Mais il savait que son temps était bientôt écoulé.

-Tu crois sincèrement que je vais perdre mon temps à te combattre, sans baguette et dans une pièce où je ne peux pas te tuer ?

La seconde d'après, le plafond de la Grande Salle explosa en mille morceaux. Les sorciers et les sorcières présents se protégèrent sans difficulté des débris. Voldemort en avait profité pour agripper Harry par le cou.

-Toi, tu viens avec moi.

-Non lâchez-le ! cria Hermione.

Bien évidemment elle ne fut pas écoutée, et Voldemort fit la seule chose qu'elle n'avait pas prévu. Il s'éleva dans les airs pour quitter la Grande Salle. Il virevolta sous le ciel étoilé, sans y faire attention. Il semblait avoir du mal à effectuer les mouvements qu'il voulait. Il n'avait presque plus de force, il n'irait pas loin. Il ne quitta d'ailleurs pas l'enceinte du château, il se rendit au sommet le plus haut, au niveau du bureau de Dumbledore. Le Directeur, capable de transplaner dans les lieux ne tarda d'ailleurs pas à le rejoindre avec quelques membres de l'Ordre du Phénix. Severus arriva également par ses propres moyens en volant. Les autres, Aurors, arrivèrent en balais. Une secousse énorme ébranla tout le monde et la seconde d'après tout le monde était figé. Seuls Voldemort et Harry étaient capables de bouger.

Enfin pour Harry, c'était plus compliqué. Voldemort le tenait par le col de sa chemise, au-dessus du vide. Harry avait les jambes qui pendaient dans le vide, et la seule chose qui l'empêchait de faire une chute mortelle, c'était son grand ennemi.

-Tu ne t'arrêteras jamais n'est-ce pas ? lança la silhouette vaporeuse à l'apparence de Voldemort.

Harry ne comprenait pas vraiment le sens de sa question. Et de toute façon, pris au niveau de la gorge, il ne pouvait pas parler ou en tout cas très difficilement.

-Peu importe quand, peu importe comment. Tu te mettras toujours en travers de ma route.

-Je…

Voldemort referma un peu plus son étreinte sur sa gorge, tout en regardant autour de lui. Les Aurors et les membres de l'Ordre étaient témoins de leur discussion mais ils ne pouvaient rien faire ni rien dire. Son regard s'arrêta un instant sur Dumbledore, puis ensuite sur Severus et enfin il retourna à Harry.

-Trois contre un. Même moi je sais que mes chances de l'emporter sont presque nulles. Tant pis. Ce n'était vraiment pas ce que j'avais prévu nous concernant.

Il commença à desserrer son étreinte. Harry essaye de se raccrocher au bras du Mage Noir pour ne pas tomber mais il savait que c'était inévitable. Autour de lui, tout le monde semblait avoir compris la même chose.

-Mais mieux vaut deux ennemis que trois. Adieu, Harry Potter.

Et il lâcha sa prise.

Harry ne se rendit pas compte tout de suite qu'il tombait. C'était comme s'il était resté suspendu dans les airs un instant. Il était même convaincu que Dumbledore avait pu lui lancer un sortilège malgré ses entraves. Ou comme si Severus avait pu l'attraper en plein vol. Mais bon, la vérité c'était que personne ne pouvait le sauver cette fois. Ce n'était pas comme lors de l'attaque du Poudlard Express, ce n'était pas comme lors du match de Quidditch avec les Détraqueurs. Cette fois, Harry ne pouvait compter sur personne. Et il commença à voir le visage de Voldemort s'éloigner de plus en plus alors qu'il tombait.

Bizarre il était en paix. Extrêmement serein. Ce n'était pas comme durant l'année où il avait été tellement fatigué et épuisé (à cause des intrusions de Voldemort maintenant il le savait) qu'il avait souhaité de nombreuse fois que tout cela se termine, que sa vie se termine pour ne plus souffrir. Non cette fois c'était différent. Il était en paix car son plan avait marché et grâce au talent incroyable d'Hermione, les gens qu'il avait vu être brutalisé et même mourir de sa main étaient sauvés. Et pour lui c'était le principal. Il tomba encore et cette fois son champ de vision s'élargit, il voyait le regard inquiet et horrifié des gens tout autour. C'était finalement pour eux que ce n'était le plus difficile, de le voir tomber ainsi sans pouvoir faire quoi que ce soit. Dumbledore s'en voudrait très certainement jusqu'à la fin de ses jours, Remus se sentirait sûrement coupable de le voir mourir et rejoindre ses parents avant lui-même. Il pensa aussi à Hermione, Ron et à l'AD. Est-ce qu'ils pouvaient le voir chuter ainsi de là où ils étaient ? Il espérait que non, ça devait être un spectacle effroyable à regarder.

Il voyait encore un affreux sourire dessiné sur le visage de Voldemort mais il ferma les yeux juste après, ce n'était pas la dernière image qu'il voulait garder en tête. Il pensa simplement à la mort, et à ses parents et à Sirius. Est-ce qu'il allait pouvoir le revoir ? Ou est ce qu'il n'y avait rien après la mort, même pour les sorciers. Il sentit des picotements à l'extrémité de ses doigts et une sensation étrange dans sa poitrine, comme si deux cœurs tambourinaient à des fréquences différentes. C'était la peur peut-être. Mais il savait que tout serait bientôt terminé. Pris d'un désir incontrolable, il ne peut s'empêcher d'ouvrir les yeux juste avant de toucher le sol. Et une sensation de bonheur immense s'engouffra dans sa chair. Il volait. Littéralement. Le sol défilait à une allure folle juste en dessous de lui. Sans s'en rendre compte, il atteignit le Lac Noir et en passant au niveau de la surface, il se rendit compte que son reflet avait changé. C'était bien lui, mais ce n'était plus son corps, il ne voyait qu'un oiseau aux ailes immenses. Il s'était transformé ! Il avait réussi.

Oubliant complètement la scène qui s'était jouée entre lui et Voldemort juste avant, il virevolta dans les airs, heureux de ne pas avoir succombé. Il essaye de prendre de l'altitude, toujours au-dessus du Lac mais il sentait un poids l'attirer vers le bas. Il n'arrivait pas à aller plus haut. Il avait ses bras, enfin ses aigles qui commençaient à s'engourdir et sa vue se brouiller. L'euphorie laissa place à un épuisement qu'il n'avait encore jamais ressentit auparavant et à nouveau il chuta, de quelques mètres cette fois heureusement avant de finir dans l'eau du lac, dont la température affreusement basse n'arrive pas à lui faire reprendre connaissance.