CHAPITRE TRENTE-NEUF : LA PROMESSE DE JOURS MEILLEURS

Pour l'ultime fois cette année, Harry se réveilla dans l'un des lits moelleux de l'infirmerie alors qu'un doux rayon de soleil filtrait à travers la fenêtre de la pièce. Il trouva ses lunettes intactes, posées sur sa table de chevet juste à côté de sa baguette et il les mit sur son nez avant de se relever péniblement. Son lit était entouré de draps. Pour lui permettre d'avoir un peu d'intimité. Il ne voyait pas ce qu'il se passait dans la pièce mais il avait bien l'impression de sentir beaucoup d'agitation. Il n'avait aucun souvenir des derniers évènements, il se doutait juste que quelque chose d'horrible était arrivé. Il redoutait que la vision qu'il avait eu au cours de l'année se soit réalisée. Est-ce que Hermione avait réussi à les protéger avec ses Runes ?

Au pied de son lit trônait son sac à dos avec probablement toutes ses affaires que quelqu'un s'était chargé de réduire pour les faires toutes rentrer à l'intérieur ainsi qu'un jean et un tee-shirt qu'il s'empressa d'enfiler. À peine avait-il fini de s'habiller qu'il entendit quelqu'un faire glisser l'un des rideaux autour de son lit. Avant qu'il n'ait le temps de faire ou de dire quoi que ce soit, il sentit l'étreinte amicale d'Hermione autour de son buste. Et juste après il vit Ron apparaître en souriant, avant de refermer le rideau derrière lui.

-Harry ! Tu es réveillé ! Comme je suis soulagée.

-Content de te revoir…debout vieux. Je suppose qu'on ne peut pas encore dire que tu es en pleine forme. Tu nous as fait une belle frayeur.

-C'est vrai ? Je n'ai aucun souvenir de ce qui s'est passé. Est-ce que tout le monde va bien ?

Hermione et Ron échangèrent un regard qui inquiéta grandement Harry.

-Tu ne te souviens vraiment de rien ? demanda Hermione.

-Non. Je sais que j'étais dehors, le soir de l'attaque. Bellatrix m'a amené sur les toits, il pleuvait j'avais froid. Et puis après je…je ne sais pas, tout est flou, j'ai mal au crâne, j'étouffe et je plonge dans le lac.

Il se frotta la tête, perplexe.

-Tout est un peu flou.

-Il vaudrait peut-être mieux que ça le reste. La soirée a été éprouvante.

-Ron a raison. Il vaudrait peut-être mieux ne pas rentrer dans le détail. Tout ce que tu as besoin de savoir c'est que personne n'a été tué. Il y a eu de la peur, quelques blessés. Mais globalement on s'en sort.

-Et grâce à toi ! lança Ron avec beaucoup de fierté.

Hermione lui sourit faiblement. Elle était toujours modeste quand quelqu'un lui faisait un compliment.

-Alors tu as réussi, souffla Harry soulagé. Tu les as sauvé.

-On Harry ! On les a sauvés.

-Je n'ai pas fait grand-chose.

-Ne crois pas ça. Tu as lutté contre l'emprise de Tu-Sais-Qui. Tu n'as pas voulu choisir la facilité en te focalisant sur ta colère et ta haine. Tu as choisi de pardonner. Tout le monde n'aurait pas réussi.

Voyant qu'il n'était pas convaincu de celle disait, Hermione décidé de lui raconter les événements de la soirée. C'était bizarre pour Harry d'entendre cette histoire dont il avait été témoin et même l'acteur principal, alors qu'il n'en avait absolument aucun souvenir. C'était même effrayant.

-Quand Tu-Sais-Qui t'a lâché, on a tous crié en te voyant tomber. Personne ne réagissait là-haut.

-Oui ils avaient été entravés par un sortilège, se souvient Harry.

-On pensait que ça allait se terminer là. Mais tu t'es transformé.

-C'était tellement grandiose ! s'exclama Ron avant que Hermione ne lui signifie de faire moins de bruit. On était sous le choc, ajouta-t-il en chuchotant.

-Tu ne nous avais pas dit que tu t'étais entraîné pour devenir Animus.

-Oui je suis désolé, avoua Harry. J'ai voulu vous en parler, plusieurs fois. Mais ce n'était jamais le bon moment. Il y avait votre rôle de Préfet, ensuite Lavande, Matthew, et puis ensuite j'étais en colère, je ne voulais plus partager cela avec qui que ce soit. Et puis j'ai voulu abandonner à de nombreuses reprises.

-Heureusement que tu es allé jusqu'au bout !

-Oui c'est ce qui t'a sauvé, ajouta Ron. Et tu as eu de la chance de te transformer en…cette espèce de gros poulet verdâtre.

-Hein ?! Quoi ?! lança Harry. C'est de ça dont j'ai l'air en me transformant ?

-Mais non bien sûr que non, dit Hermione en levant les yeux au ciel. Qu'est-ce que tu peux être idiot et ignorant Ronald parfois.

-Ah ouais carrément on utilise les prénoms complets maintenant Hermione Jean Granger.

Ils éclatèrent de rire, Harry aussi. Cela lui faisait plaisir de retrouver ses amis, et de voir qu'il n'y avait pas de malaise entre eux malgré ce qui s'était passé.

-Je ne me suis jamais vu en oiseau, demanda Harry en revenant au sujet d'origine. Quand Vol…enfin quand Tom Jedusor m'a lâché, se reprit Harry mal à l'aise de prononcer le nom du Mage Noir pour la première fois de sa vie, comme si ça allait le faire revenir et prendre possession de son corps à nouveau. C'était la toute première fois que je me transformais.

-C'est vrai ! T'es sérieux ?

-Oui. Jusque-là je n'avais pas réussi.

-Incroyable !

-Et bien sache que tu ne te transformes pas en gros poulet, dit Hermione en gardant son sérieux. Tu te transformes en…

-Augurey, acheva quelqu'un derrière elle.

Elle se tourna vers la personne qui avait prononcé la fin de sa phrase, Ron également. Harry avait déjà les yeux rivés vers lui et il avait du mal à soutenir son regard. Il avait honte de se retrouver devant Dumbledore, alors qu'il avait failli le tuer.

oOo

Severus était complètement perdu et il arpentait les couloirs de l'école sans véritablement savoir où aller. Perdu dans ses pensées, il frôla McGonagall qui arrivait en contre sens, manquant presque de la percuter.

-Severus, est-ce que ça va ? Que faites-vous ici ?

-Je…J'ai fait une dernière inspection. Je ne comprends pas, Peterson m'a dit que tout le monde avait été évacué. J'ai cherché Elizabeth, mais je ne l'ai pas trouvé.

-Elizabeth ? Mais elle est à l'infirmerie, ça fait plusieurs heures déjà que la Brigade de Peterson a récupéré tous ceux qui étaient dans la Bibliothèque.

Severus fronça les sourcils.

-Je ne comprends pas. Je croyais que les…, il n'arrivait pas à prononcer le mot fatidique, incapable d'accepter l'idée qu'il avait définitivement perdu la femme de sa vie. Qu'elle avait été transférée à Ste Mangouste comme les autres victimes.

-Les personnes qui ont perdu la vie lors de la bataille ont été transférées là-bas. Paix à leurs âmes, il y en a eu plus que ce que nous redoutions déjà avec Albus. Mais Elizabeth est avec les autres blessés.

-Mais…Greyback m'a dit. Il m'a dit qu'il l'avait tué.

Comprenant qu'elle était en vie, Severus fonça sans même se retourner vers l'infirmerie. Il n'en était pas loin.

-Severus, attendez ! Ça veut dire que vous n'avez pas vu Elizabeth encore depuis qu'elle a été attaquée. Attendez !

Mais il n'écoutait pas, ne ralentissait même pas sa course. Il voulait la voir, il avait besoin de la voir. Peu importe qu'elle soit affaiblie, blessée, défigurée même. Peu lui importait. Tout ce qui comptait, c'était de pouvoir la retrouver.

-Severus, pas si vite ! Il y a une chose que vous devez savoir.

Elle peinait à atteindre son allure, et finalement Severus atteignit l'entrée de l'infirmerie bien avant elle. D'un rapide coup d'œil il fit un état des lieux des personnes présentes, celles qui n'étaient pas cachées derrière des rideaux de protection. La salle était beaucoup plus grande qu'à l'accoutumée, on avait dû l'agrandir par magie pour accueillir plus de monde. Son regard se posa finalement sur Elizabeth, et il sentit son cœur s'emballer dans sa poitrine. Elle était bien là, assise sur son lit, en train d'être occultée par une Medicomage. Ils étaient plusieurs à avoir fait le déplacement depuis l'hôpital pour s'assurer que les gens pouvaient être transférés ou bien quitter l'école sans encombre. Elizabeth était bien là, sous ses yeux, vivante, souriante, sans la moindre blessure en tout cas pas au visage. Elle allait bien. Il était soulagé.

Il fit un pas en avant pour aller la rejoindre mais il sentit une main se poser sur son épaule. Il se tourna, Dumbledore lui souriait. Tristement.

-Albus, je me doute que vous voulez vous entretenir avec moi mais si ça ne vous dérange pas, j'aimerais remettre cette entrevue à plus tard. J'ai cru qu'Elizabeth avait péri dans la bataille et je…

-Et vous souhaiteriez aller la retrouver. Oui je m'en doute. Mais les choses ne sont pas si simples.

Minerva arriva à leur hauteur à ce moment-là, soulagée de voir que le Directeur avait pu stopper le Maître des Potions dans son élan.

-Comment ça les choses ne sont pas si simples ? grogna Severus.

-Elizabeth a subi déjà quelques analyses magico médicales. Elle n'a pas de blessures physiques mais elle garde une grande séquelle d'un duel qu'elle semble avoir mené contre Bellatrix Lestrange, d'après les témoins de la scène que nous avons retrouvés.

-Peu importe les séquelles qu'elle peut avoir, je serai là pour l'aider. Je suis sûre que ce n'est pas irréversible.

Dumbledore et McGonagall échangèrent un regard inquiet et attristé.

-Pour l'instant nous ne savons pas si Elizabeth peut en guérir. La seule chose que nous savons c'est que…

-Et bien allez-y, dites-moi ! Au lieu de tourner autour du pot.

McGonagall allait prendre la parole pour lui demander de ne pas parler aussi méchamment mais Dumbledore l'interrompit doucement en levant la main. Il savait que la situation était compliquée pour Severus, mais il ne savait pas comment trouver les mots justes. Rester pragmatique et factuel était encore la meilleure chose à faire.

-Elizabeth a une sévère amnésie Severus. Elle a perdu un peu plus d'un an de souvenirs.

-Qu…quoi ? Mais…non ! C'est impossible.

-Je ne sais pas trop comment le sortilège de Lestrange fonctionne, poursuivit Dumbledore en parlant calmement pour ne pas le brusquer. Et croyez bien que j'emploierai le temps nécessaire à trouver quel est ce mal, mais le constat à l'heure actuel est inquiétant. Elizabeth a perdu tous ses souvenirs depuis, semble-t-il, le moment où elle avait décidé de rejoindre l'Ordre du Phénix.

-Comment est-ce qu'un tel Sortilège peut exister ? Comment est-ce que Lestrange peut créer une telle confusion dans un esprit ?

-Je n'ai pas de réponses à vous apporter Severus. Je ne sais pas comment elle a pu mettre au point un tel sort. Mais je vois quel intérêt il peut avoir pour nos ennemis. Si les membres de l'Ordre touchés perdent des mois ou des années de souvenirs, jusqu'au moment où ils ont décidé de rejoindre l'Ordre et de m'aider, alors ils peuvent décider de ne pas le refaire et nos rangs vont être amputés de nombreux éléments. Imaginez-vous, revenir en arrière, à l'époque où vous serviez le Seigneur des Ténèbres en oubliant vos espoirs, vos idéaux, votre volonté de m'aider et en choisissant de le servir à nouveau. Ce serait dramatique.

-Je ne peux pas le croire, souffla Severus.

-Je sais que c'est difficile à entendre, mais nous trouverons une solution, vous et moi. En attendant, vous ne pouvez pas aller voir Elizabeth. Vous l'avez rencontré alors qu'elle avait déjà décidé de rejoindre l'Ordre du Phénix, alors elle n'a aucun souvenir de vous. Elle est perdue, désorientée. Pour elle, elle est Medicomage et elle travaille à Ste Mangouste. Le reste et tout ce qui s'est passé pendant un an n'a jamais existé dans son esprit.

-Qu'est-ce que les Medicomages suggèrent pour remédier à son état ?

-Ils peuvent entrer dans son esprit, pour chercher la cause de l'amnésie. C'est un process exténuant et douloureux pour elle.

-Il faut qu'elle le fasse ! s'exclama Severus égoïstement. Vous devez lui dire de le faire, elle vous écoutera Albus !

Le Directeur savait bien que Severus disait cela parce qu'il était désespéré. Jamais il ne souhaiterait qu'Elizabeth subisse une violence physique ou psychologique. Mais il n'était pas prêt à la perdre non plus.

-J'ai prévu de m'entretenir avec Elizabeth pour répondre à ses questions. Je ne lui cacherai pas les raisons de sa volonté de rejoindre l'Ordre au départ et je lui parlerai de vous. Mais elle sera seule à prendre sa décision, je ne la forcerai pas à subir ce traitement et à souffrir si elle ne le souhaite pas.

-Bien entendu. Mais je suis convaincu qu'elle fera le bon choix.

Severus serra les poings, la mâchoire fermée. Elizabeth était vivante, mais elle lui avait été enlevée malgré tout. Il était perdu lui aussi. Après une dernière hésitation, mais voyant qu'elle était en forme et ne voulant pas la perturber, il décida de quitter les lieux.

-Je vous laisse préparer ce qu'il faut pour le transfert et le départ des dernières personnes Minerva. J'ai encore quelques petites choses à régler avec le Ministère, et il faut que j'aille voir Harry.

-Entendu Albus, vous pouvez compter sur moi.

Une exclamation venant de rideaux tirés non loin d'eux fit sourire Dumbledore.

-Je vais aller le voir maintenant, il semblerait qu'il soit déjà réveillé.

oOo

-C'est, comme une sorte de Phénix, poursuivit Dumbledore alors qu'il s'était approché du lit de Harry. Mais ils ont une moins bonne réputation.

-Est-ce qu'ils sont aussi rares? demanda Harry.

-Absolument. Et à ma connaissance, jamais personne n'a réussi à se transformer en un tel animal en devenant Animagus. C'est un véritable exploit, qui a certainement laissé le Seigneur des Ténèbres sans voix également.

-Merci Professeur, dit Harry les joues rouges un peu gêné.

-Mais nous aurons l'occasion d'en rediscuter. Comment te sens tu aujourd'hui ?

-Pas trop mal, compte tenu de ce qui s'est passé.

-Oui. En effet, ça aurait pu être bien pire.

-Je n'ai toujours pas bien compris tous les évènements de cette année à vrai dire. Ni de quoi j'ai été réellement la victime.

-Pendant toute l'année, Voldemort a tenté de s'emparer de ton corps à distance grâce au Cristal. Il y arrivait pendant quelques secondes quand quelque chose te contrariait ou que tu étais en colère contre quelqu'un. Tu t'en es d'ailleurs rendu compte il y a longtemps, même si tu n'as pas fait de lien avec Voldemort, même quand tu faisais des crises plus violentes comme à Halloween quand tu as perdu connaissance. Mais il s'est rendu compte que ce n'était pas suffisant.

-Comment cela ?

-Le Cristal permet de prendre le contrôle d'un sorcier grâce au sacrifice du sang qu'il est impératif de faire. Pendant des mois Voldemort a fait ce sacrifice, jusqu'à ce que le Cristal soit prêt mais il s'est rendu compte que, peu importe les sentiments de colère que tu pouvais avoir, tu étais tellement bien entouré, tu avais tellement d'amis qu'il finissait par disparaître. Voldemort avait besoin de t'affaiblir suffisamment pour que son plan fonctionne.

-C'est pour ça qu'il a demandé à Malefoy d'ensorceler le Vif d'Or ?

-Exact. La mission première de Drago Malefoy était de me discréditer aux yeux de la communauté magique. C'est lui qui a ensorcelé le Vif d'Or, mais aussi les citrouilles de Hagrid à Halloween. Mais ça n'a pas suffi pour me faire perdre mon poste. Avec le Vif d'Or, l'enjeu était double. Je perdais encore plus de crédibilité en tant que directeur de l'école, et toi tu étais touché par un sortilège de Magie Noire. Un sortilège qui t'a donné beaucoup plus de puissance, te permettant d'avoir de meilleurs résultats scolaires, mais qui te plongeait de plus en plus dans les Ténèbres, ce qui profitait à Voldemort. Après cela, il ne restait plus qu'à mettre en place une diversion, l'attaque des Mangemorts de la nuit dernière, pendant que l'un d'entre eux se chargeait de te faire perdre connaissance, élément indispensable pour que Voldemort puisse contrôler ton corps.

-C'est Bellatrix Lestrange qui s'en est chargée en m'amenant jusqu'aux toits de l'école.

Dumbledore acquiesça, déjà au courant de ce qui s'était produit avant qu'il ne perdre connaissance.

-J'aurais dû laisser Matthew toucher le Vif d'Or pendant le match. Si le sortilège m'était destiné, il n'aurait sans doute pas été touché et tout ça aurait pu être évité.

Dumbledore plongea ses yeux bleus dans les siens, il avait cet air malicieux qu'il arborait souvent.

-Mais peut-être que c'est le fait de ne pas l'avoir laissé attraper le Vif d'Or à ta place qui nous a permis d'éviter le pire.

Harry fronça les sourcils, ne comprenant pas où il voulait en venir.

-En l'attrapant avant Matthew alors que tu étais intimement convaincu qu'il était ensorcelé, tu as fait preuve de beaucoup de courage et d'une grande bonté. C'est ce qui te rapproche le plus de ta mère et ce qui t'éloigne toujours un peu plus de Voldemort.

- Et lui et les Mangemorts, on ne sait pas où ils se trouvent ? Est-ce que je dois craindre une nouvelle tentative de possession ?

-Non tu n'as plus rien à craindre à ce niveau-là. Un groupe d'Aurors a été envoyé au Manoir des Malefoy pour tenter de libérer Ollivander, puisqu'on a découvert qu'il était détenu captif là-bas mais tout le monde avait déjà disparu. Voldemort était trop affaiblit pour prendre le risque de rester sur place, il est parti s'installer ailleurs avec ses Mangemorts.

-Comment vous avez découvert que Ollivander était là-bas ?

-C'est Drago Malefoy qui nous a renseigné. On n'a trouvé personne mais le Cristal était toujours là, ils n'ont pas pu le déplacer.

-Malefoy ?

-Oui. Tu avais raison quelque part, il a bien été initié et il a reçu la Marque. Mais il a finalement renoncé de servir Voldemort, allant à l'encontre de la volonté de ses parents. Il va être recherché par tous les Mangemorts et je n'ose même pas imager ce qui lui feront subir s'ils mettent la main sur lui.

-Je vois.

Il était surpris de la décision de Malefoy mais ne voulait pas le laisser transparaître. Il y avait eu trop d'animosité entre eux pendant trop longtemps pour qu'il ressente autre chose qu'un vague contentement face à ce que venait de lui dire le Dumbledore.

-Et le Cristal ?

-Il va être placé dans un en endroit hautement sécurisé pour que Voldemort ne le retrouve jamais et qu'il ne puisse plus t'atteindre. Du moins pas de cette façon.

-On en est toujours au même point finalement.

-C'est vrai. Il nous reste encore un long chemin à parcourir pour nous débarrasser de Voldemort. Mais il a été considérablement affaibli par la nuit dernière et les rangs de ses serviteurs vont être un peu désorientés pendant un moment je pense. J'espère que tu vas profiter de ces vacances pour te reposer. Tu vas en avoir besoin après l'année que tu viens de vivre. Et après tout le travail que tu as dû accomplir pour arriver à devenir Animagus aussi rapidement.

-J'ai reçu beaucoup d'aide de la part de Abelforth. Sans lui je n'y serais pas arrivé.

-Oh oui quand il veut il peut être très pédagogue.

- C'est votre frère n'est-ce pas ?

Dumbledore rigola de nouveau, ses yeux pétillaient comme Harry avait toujours eu l'habitude de le voir.

-En effet. J'ai été d'ailleurs agréablement surpris de voir à quel point votre relation s'était développée au cours de l'année. Il n'est pas de nature très sociable.

-Pourquoi est-ce qu'il n'est pas venu nous aider hier soir pendant la bataille ?

-Il n'est plus à Pré-au-Lard, je l'ai envoyé pour une mission. Il n'a jamais démontré une grande envie de participer au conflit qui nous oppose à Voldemort et à ses partisans mais je pense que les moments qu'il a passé avec toi l'ont fait changer d'avis. Il est très brillant et il est resté beaucoup trop longtemps dans mon ombre. Personne ne fait jamais attention à lui parce que, sans vouloir me vanter je suis une figure assez importante de notre monde, mais c'est un tort, que nous pourrions tirer à notre avantage. Tu n'avais d'ailleurs jamais du remarquer Abelforth jusqu'à ta première sortie au village cette année.

Harry ne dit rien, se contentant d'acquiescer un peu honteux.

-Tu ne devrais pas avoir honte Harry. Tu n'es pas le premier à ne pas le remarquer. C'était sa volonté de vivre ainsi, c'est ce qu'il a toujours recherché. Tu ne devrais pas t'en préoccuper. Concentre-toi surtout sur ton été et ensuite sur l'année qui nous attend. Tu auras l'occasion de revoir mon frère, je peux te l'assurer.

-Moi j'espère que tu pourras venir à la maison ! Le mariage de Bill et Fleur est maintenu, il ne faut pas que tu rates ça, s'exclama Ron avec enthousiasme.

-Je ne sais pas si je pourrais, lança Harry en se tournant vers Dumbledore. Je ne sais même pas où je vais aller pendant les vacances. Je ne vais pas retourner chez les Dursley, n'est-ce pas professeur ?

Ce dernier lui sourit.

-Tu pourras te rendre chez les Weasley pour l'événement, mais pas tout de suite. Et tu ne vas pas retourner chez les Dursley. On a bien vu après ce qui s'est passé l'été dernier que ce n'était plus un endroit qui convenait. Tu ne peux plus avoir de protection chez eux, alors il a fallu trouver une autre idée.

-Est-ce que je ne pourrais pas rester ici ? proposa innocemment Harry, en sachant pertinemment que c'était impossible.

Cette fois, Dumbledore éclata d'un rire franc. C'est la première fois que le trio le voyait aussi enjoué.

-Je sais à quel point tu es attaché à Poudlard, et crois moi j'aurais vraiment aimé te suggérer cette possibilité. Tu vas pouvoir rester dans l'école quelques jours supplémentaires, le temps que tout le monde s'en aille et le temps qu'une autre solution soit validée. Mais tu te doutes que ce n'est pas possible pour toi de rester ici plusieurs semaines. J'ai néanmoins pensé à une alternative qui je l'espère, te plaira.

En disant cela il sortit une enveloppe de sa poche qu'il tendit à Harry.

-Tout est expliqué dans cette enveloppe, je te laisse y jeter un coup d'œil. Tu n'es pas obligé de me donner une réponse tout de suite, tu peux prendre quelques jours de réflexion. De toute façon, garde bien en tête que ce n'est qu'une solution temporaire. Le 31 Juillet à minuit tu auras 17 ans, ta protection disparaîtra et tu ne seras plus en sécurité nulle part. À partir de cette date, tu pourras t'installer dans un des quartiers de l'Ordre si tu le souhaites. Mais on aura le temps d'organiser tout cela. Je te tiendrais au courant.

-Et pourquoi je ne peux pas aller dans un quartier de l'Ordre dès maintenant ? demanda Harry, qui avait peur que la solution proposée par Dumbledore soit de l'enfermer quelque part pour être sûr qu'il ne fasse de mal à personne ou bien de le mettre chez des tuteurs temporaires qu'il n'appréciera pas, comme les Dursley.

-Je ne vais pas te dire que ça te ferait courir un trop grand danger, on sait toi et moi que c'est déjà le cas. Mais tu es mineur, c'est contre le règlement de l'Ordre du Phénix d'accueillir des membres aussi jeunes et le Ministère ne le permettra pas.

Quelqu'un entra dans l'infirmerie pour annoncer le départ prochain d'un nouveau train sécurisé. Toutes les personnes en état de se déplacer, y compris les derniers élèves restant devait se mettre en route pour la garde de Pré-au-Lard. Il était temps pour le trio de se séparer.

-Je vous souhaite à tous les trois de bonnes vacances. Je vous laisse, j'ai encore énormément de choses à faire. Harry, ne t'inquiète pas tu ne resteras pas seul à Poudlard. Je reste là encore quelques jours également. Je viendrai te voir un peu plus tard.

-Au revoir professeur, lança Hermione avec respect avant qu'il ne s'éclipse.

Et il disparut, aussi vite qu'il était apparu.

-À ton avis, qu'est-ce qu'il y a dans cette enveloppe ? demanda Ron très curieux comme à son habitude. C'est quoi l'idée qu'il a eue pour que tu sois en sécurité cet été ?

-Je n'en ai aucune idée.

-Et ben vas-y, ouvre !

-Tu devrais le faire quand tu seras tout seul, proposa Hermione. C'est certainement quelque chose de très personnel, qui va te demander un temps de réflexion. Et en plus nous on doit y aller.

-Mais Hermione, tu n'as pas envie de savoir ?

-Si bien sûr que j'ai envie de savoir. Mais ce qui m'importe le plus c'est surtout que Harry soit en sécurité. Tu as déjà les plans de Tu-Sais-Qui, une fois encore, et je pense qu'il va vraiment commencer à perdre patience. Quoi que Dumbledore propose pour assurer ta sécurité, à te place j'accepterais, mais je sais que si ça ne te convient pas tu diras non.

-Rien ne peut être pire que d'être chez ton oncle et ta tante de toute façon non ? dit Ron sûr de lui-même.

-J'ai déjà pensé à plein d'alternatives qui sont pires que ça, avoua Harry franchement. Chez mon oncle et ma tante j'étais mal traité, mais je pouvais quand même faire plus ou moins ce que je voulais. J'ai peur que le Ministère m'enferme quelque part et m'empêche d'en sortir.

-Ils ne pourraient pas faire ça !

-S'il pourrait dit Hermione en se relevant du lit, prête à partir pour ne pas être en retard. Assurer la sécurité de Harry va écouter énormément d'argent, et aussi beaucoup de ressources. Entre l'enfermer quelque part sans qu'il puisse en sortir et sans contact avec le monde extérieur pour le cacher facilement et l'autoriser à vivre le plus normalement possible comme un garçon de son âge mais avec des risques énormes qu'il soit repéré ou retrouvé, leur choix sera vite vu.

Ron se leva à son tour alors que Hermione ouvrait le rideau autour du lit de Harry. Elle lui lança un regard à la fois dur et inquiet. Elle ressemblait de plus en plus à McGonagall.

-À ta place, j'accepterais la proposition du Professeur Dumbledore même si ça ne te plait pas. Tu nous raconteras une fois que tu auras fait ton choix !

-Oui je vous dirai tout. Et si vous n'avez pas de nouvelles de ma part, c'est que le Ministère aura décidé de m'enfermer quelque part sans me demander mon avis.

Il fit un faible sourire, avant de voir ses amis s'éloigner et quitter l'infirmerie. Ils venaient à peine de partir qu'il avait déjà hâte de les retrouver. Il avait hâte d'être majeur, de pouvoir décider seul de ce qui est mieux pour lui. Il avait hâte que Voldemort disparaisse, hâte de ne plus représenter un danger ou une menace lui-même. Est-ce qu'il était encore dangereux ? Il n'en savait rien et c'était le plus frustrant pour lui.

Il était tellement épuisé qu'il avait envisagé de se recoucher pour continuer à dormir mais finalement, la tentation de connaître la proposition de Dumbledore était trop grande. Il s'assit sur le matelas moelleux de son lit, et à l'abri des regards, il ouvrit l'enveloppe que le directeur lui avait donné. A l'intérieur il y avait énormément de papiers qui semblaient être des documents officiels provenant du Ministère de la Magie. Il n'y prêta pas plus attention que cela, et il ouvrit directement la lettre manuscrite qui accompagnait le tout. Il reconnut aussitôt l'écriture fine et élégante du sorcier.

Cher Harry,

Ma démarche va certainement te paraître excentrique, voire même étrange, mais j'espère que tu n'y verras rien d'autre que la volonté d'un vieil fou à vouloir prendre soin de toi et soin des membres de l'Ordre du Phénix.

Tu es danger. Maintenant plus que jamais. Et malheureusement, tu mets en danger également les êtres qui te sont chers. Pas à cause de la connexion que tu entretiens avec Voldemort, ni à cause du fait qu'il pourrait tenter de te posséder à nouveau. Ça je pense qu'il n'est plus capable de le faire. Mais parce qu'il va désormais employer tout son temps et son énergie à essayer de te retrouver pour te tuer. Et qu'il tuera également toux ceux qui oseront se mettre en travers de sa route. Je sais que tu te sens coupable pour ce qui est arrivé à Sirius, même si ce n'est pas ta faute. Et je sais après ce que j'ai vu à Godric's Hollow que tes parents te manquent terriblement et que tu étais sincère quand tu disais que tu aurais préféré qu'ils survivent et que toi tu meurs cette nuit-là, même si c'était la douleur et la tristesse qui parlaient.

J'aimerais t'éviter de vivre une énième perte de ce genre.

Quand s'est posée la question de savoir ce qu'il adviendrait de toi cet été avant que tu ne deviennes majeur, et quand le Ministère a demandé qui se portait volontaire pour assurer ta sécurité rapprochée, beaucoup de mains se sont levées. Je ne peux pas citer ici le nom de toutes les personnes qui sont prêtes à donner leur vie pour sauver la tienne. Soit parce qu'elles t'aiment comme Remus et les Weasley, soit parce qu'elles œuvrent pour le bien et qu'elles ne laisseraient jamais un enfant courir le moindre risque comme Shacklebolt, Minerva ou Douglas Peterson, soient comme Severus ou Alastor parce qu'elles suivent pleinement ce que je demande et qu'elles savent à quel point il est primordial que tu survives.

Harry eut un haut le cœur en imaginant passer un mois avec Rogue comme garde du corps. Il avait raison, il y avait vraiment pire que d'être chez les Dursley.

Toutes ces personnes et beaucoup d'autres donneraient leur vie pour te protéger et je leur en suis très reconnaissant. Parce que te protéger ça signifie protéger le reste du monde. Même si je sais que tu n'aimes pas vivre avec cette idée. Comme je sais que tu t'en voudrais s'il arrivait quoi que ce soit à ces personnes pendant qu'elles te protègent, même Severus.

Harry fit un petit sourire. Le directeur le connaissait bien.

Cette lettre est déjà bien trop longue pour exprimer la volonté d'un vieil homme comme moi à vouloir faire le bien. Je crois que ces mots écrits étaient nécessaires car au fond je redoute ta réaction, même si je veux que tu saches que tu libre de refuser l'offre que je vais te faire.

Dans cette enveloppe tu trouveras tous les papiers nécessaires pour que je devienne ton tuteur officiel. Je n'ai pas la prétention de dire que je remplacerai un de tes parents, ni même tout ce que représentait Sirius pour toi. Mais je veux que tu saches que ce n'est pas simplement une démarche administrative pour moi. Tu comptes beaucoup pour moi Harry, pas seulement à cause de cette Prophétie ou à cause du rôle que tu as à jouer face à Voldemort. Je veux vraiment t'aider et te protéger et je sais que j'y arriverai encore plus facilement si tu deviens un membre de ma famille.

Si tu acceptes, tu auras juste à me rapporter ces documents remplis et signés. Si tu refuses, et tu as tout à fait le droit de le faire et sans m'en donner la raison, le Ministère sera seul décisionnaire concernant ta vie pour le mois qui arrive. Mais le plus important c'est que tu ne te forces à rien, et que tu choisisses en ton âme et confiance. Peu importe le choix que tu feras, cela n'impactera en rien la tendresse que j'ai pour toi.

Affectueusement.

Albus

Une larme coula sur la joue de Harry. Si Dumbledore avait été là en face de lui, il n'aurait pas su quoi dire. Et il remercia intérieurement Hermione de lui avoir permis de vivre ce moment seul. Car il ne voulait le partager avec personne d'autre, en tout cas pas pour le moment.