CHAPITRE QUARANTE : UN FUTUR INATTENDU
Severus marchait d'un pas rapide et assuré dans les couloirs de Ste Mangouste. Il avait hâte de savoir quels étaient les premiers résultats du traitement d'Elizabeth pour retrouver la mémoire. Il espérait qu'ils étaient bons ou en tout cas encourageants. En arrivant devant sa chambre d'hôpital, il tomba nez à nez avec le père d'Elizabeth.
-Bonjour Monsieur Stanford.
L'homme sursauta en l'entendant s'adresser à lui. Il était visiblement perdu dans ses pensées avant l'arrivée du Maître des Potions. Severus remarqua qu'il avait les yeux rougis. Est-ce qu'il venait de pleurer ? C'était mauvais signe.
-Ah…Bonjour Professeur Rogue. Comment allez-vous ? lui demanda-t-il en lui serrant la main, d'une poignée franche.
-Je vais bien je vous remercie. Comment va Elizabeth ?
Le visage de Monsieur Stanford s'assombrit dès qu'il posa sa question.
-Elle nous dit qu'elle va bien, mais je sais que ce n'est pas le cas. Elle souffre énormément durant les séances et pour l'instant elle n'a pas retrouvé le moindre souvenir. Les Medicomages n'ont pas d'autres pistes.
-Je vois. C'est encore pire que ce que je pensais.
-Sa mère et moi allons repartir pour la France. On a demandé à ce qu'Elizabeth soit transférée à l'hôpital sorcier de Paris. Ils ont un service de lutte contre l'amnésie et contre les anomalies de la mémoire très avancé là-bas avec des chercheurs qui regroupent les meilleurs experts du monde. Un des chercheurs est un camarade de classe d'Elizabeth de Beauxbâton en qui elle a énormément confiance. Il pense qu'il pourrait l'aider.
-C'est…encourageant, avoua faiblement Severus, qui n'aimait pas l'idée qu'Elizabeth puisse se rapprocher d'un autre homme pour l'aider dans son traitement.
-Oui. J'espère juste que ces séances seront moins cruelles que celles d'ici. C'est une vraie torture ce qui lui font subir.
Severus fit une petite moue dubitative. De la torture quand même, et de la cruauté…Il y allait fort. Ça ne pouvait pas être si horrible que ça.
-Je crois que la vision d'elle en train de faire son traitement et la douleur qu'elle semble ressentir quand ils essayent d'entrer dans son esprit me hanteront toute ma vie. Heureusement que vous n'en avez pas été témoin.
En réalité Severus s'était déjà introduit dans son esprit sans que Monsieur Stanford ne s'en aperçoive. Il avait vu Elizabeth attachée à son lit, se débattant, hurlant de douleur alors que les Medicomages fouillaient dans sa tête. Il l'avait même vu les suppliant d'arrêter, avant de perdre connaissance à cause de la douleur. Il avait arrêté son intrusion après ça, ne pouvant en supporter davantage. Il avait été tellement égoïste d'imposer ça à Elizabeth.
-Je vous laisse, je dois m'entretenir avec l'hôpital français justement pour organiser le transfert. Vous pouvez aller voir Elizabeth, elle est juste en train de se reposer avec sa mère.
-Je ne voudrais pas les déranger. Je peux repasser plus tard.
-Non non allez-y, il n'y a aucun problème. Vous avez tellement fait pour sauver notre fille, c'est la moindre des choses.
Il lui sera à nouveau la main chaleureusement, et il partit. Severus se racla la gorge une fois arrivé devant sa chambre. Il était sur le point de frapper à la porte pour annoncer sa venue quand il entendit des voix s'élever de façon un peu virulente. Elizabeth et sa mère semblaient être en pleine dispute.
-Maman, pour la énième fois c'est ma vie, mon choix.
-Mais tu souffres tellement…ton père et moi nous sommes très inquiets. Tu ne pourras pas supporter cette douleur très longtemps. Regarde-toi, tu ne dors plus, tu ne manges plus. Tu dépéris à vue d'œil…
-C'est parce que c'est le début je…j'ai besoin d'un peu de temps.
-Pourquoi est-ce que tu t'entêtes ? À chaque fois que la séance commence, tu tiens quelques minutes et ensuite tu les supplies d'arrêter.
-C'est vrai. J'aimerais être plus forte.
-Ce n'est pas une question de force. Tu n'as pas besoin d'endurer tout ça. Tu as perdu une année de souvenirs et bien soit. Ce n'est pas la fin du monde. Tu te souviens de nous, tu te souviens du reste de ta vie.
-Mais ça me rend malade Maman. J'ai l'impression que toutes mes convictions ont éclatées. Je voulais absolument entrer dans l'Ordre et maintenant je ne suis plus sûr que ce soit ce que je veux. J'étais sûr de mes capacités et maintenant je remets en doute tout ce que je pourrais faire. J'avais une confiance aveugle en Albus et maintenant que j'ai appris ce qui s'est passé à Poudlard, je ne sais pas si j'aimerais vraiment lutter à ses côtés. Je ne me reconnais plus, je suis complètement perdue. J'ai l'impression de disparaître.
-Elizabeth…
-Et puis il y a Severus.
Severus se figea en entendant son nom. Lui aussi était dans l'équation, lui aussi était une des raisons qui faisait qu'Elizabeth essayait d'endurer toute cette douleur.
-Pour tous tes doutes sincèrement Elizabeth je pense que c'est surmontable. Ce n'est pas grave si tu doutes, si tu as peur, si tu penses que l'Ordre ce n'est finalement pas la bonne voie pour toi. Tu seras utile ailleurs, tu pourras combattre autrement si tu le souhaite et ce sera moins dangereux pour toi. Quant à Severus Rogue, il n'y a que toi qui sache à quel point tu étais attachée à lui. Tu semblais avoir des sentiments pour lui, mais ce n'était peut-être pas si important. Après tout l'amour ça se construit, une année c'est trop peu pour être sûr de ses sentiments.
-Tu changes de version pour essayer de me faire renoncer ! Tu m'as dit que je m'étais confiée à toi, que j'avais des projets avec Severus. J'ai quitté les fêtes de fin d'année et le réveillon pour aller le rejoindre. Ce n'est pas rien !
-C'est la flamme de la passion du début. Ça ne veut rien dire Elizabeth. Et ça ne vaut certainement pas d'y risquer ta santé mentale. Tu ne sais même pas quels sentiments il a pour toi.
-Je ne me serais jamais enfermée dans une relation à sens unique. Severus ressent forcément quelque chose aussi.
-Qui sait. Tu étais peut-être simplement aveuglée par ta reconnaissance. Après tout il t'a sauvé la vie, et plusieurs fois. Tu avais peut-être simplement besoin de te sentir protégée. Severus est un sorcier puissant. Je reconnais qu'il peut certainement apparaître comme une figure d'autorité et un sorcier auprès de qui on se sent en sécurité. Mais…
-S'il te plaît ne termine pas ta phrase, dit Elizabeth en sanglotant.
C'en était trop pour Severus. Il ne pouvait pas en supporter davantage. Il savait ce qu'il devait faire. Ce serait difficile, la chose la plus difficile qu'il ait jamais eu à faire mais il n'avait pas le choix. Il aimait tellement Elizabeth, qu'il était prêt à tout.
Il frappa quelques coups secs et il fut invité à entrer par la mère d'Elizabeth.
-Bonjour Mrs Stanford. Elizabeth, ajouta-t-il ensuite en regardant la jeune femme qui essuyait ses larmes avant de lui sourire et de la saluer.
-Bonjour Professeur Rogue. Nous sommes très heureuses de vous voir. Est-ce que, est-ce que ça fait longtemps que vous êtes là ? demanda Mrs Stanford un peu inquiète qu'il ait pu entendre leur conversation.
-Non j'arrive à l'instant, menti Severus. J'ai croisé votre mari dans le couloir, nous avons échangé quelques mots. Il m'a parlé de votre prochain départ pour la France…à tous les trois, ajouta-t-il en prenant en compte le transfert d'Elizabeth.
-Oui. Nous sommes en train de tout finaliser. Nous sommes très inquiets de ce qui s'est passé à Poudlard. Nous préférons ne pas nous attarder trop longtemps dans les parages.
Elle resta silencieuse, le regard plongé dans le siens. Elizabeth aussi le fixait très concentrée. C'était comme si elles attendaient de voir sa réaction. Pour tenter de percer le mystère de ses possibles sentiments pour Elizabeth en voyant sa réaction. S'il n'avait pas entendu leur conversation et s'il n'avait pas vu la souffrance de son traitement il aurait été outré par cette idée de transfert et il se serait opposé fermement au projet. Mais il n'avait pas le droit de faire ça, et il ne voulait pas qu'elle souffre davantage. Son plan était très clair dans sa tête, heureusement qu'il était doué pour cacher ses sentiments et ses véritables intentions.
-Je pense que c'est une excellente idée. Les choses vont être très difficiles en Grande-Bretagne durant ces prochains mois. Vous avez la chance d'avoir des proches et de la famille en France, vous ne devez pas hésiter.
Mrs Stanford lui fit un grand sourire, visiblement heureuse de cette réponse. Elizabeth baissa les yeux, elle était déçue. Est-ce qu'elle s'attendait à le voir lui faire une déclaration d'amour en lui demandant de rester ? Qui sait. Elle finit par relever la tête en plongeant son regard dans le sien.
-Severus. J'ai une question pour...vous.
-Je…vous écoute, acheva-t-il au prix d'un incroyable effort pour la vouvoyer.
-Comment est-ce que j'étais, en tant que Membre de l'Ordre ? Est-ce que j'étais un bon élément ?
Il devait faire attention à ce qu'il allait dire. Il fallait qu'il reste crédible, tout en faisant en sorte de la conforter dans l'idée de ne pas rejoindre l'organisation vu les doutes qu'elle avait.
-Vous…étiez une bonne recrue. Vous êtes courageuse, vous avez sauvé de nombreux élèves de Poudlard.
-Mais ?
-Mais vous avez eu besoin également d'être secourues à de nombreuses reprises. Vous perdez facilement votre sang froid, vous avez une très mauvaise gestion de votre stress. Vous avez des dons indéniables en soin mais en tant que combattante, je suis désolée de vous le dire mais vous n'étiez pas au niveau. Je ne pense pas que vous pourriez partir en mission seule un jour, et on ne vous confierait pas une tâche à l'importance capitale.
-Je vois.
Severus était heureux. Elle semblait soulagée de sa réponse. Il n'avait pas vraiment menti, globalement Elizabeth avait des qualités mais elle manquait encore d'assurance. Mais c'était le cas de toutes les nouvelles recrues. Avec le temps, si elle était restée dans l'Ordre, elle aurait pu être une formidable combattante.
-Tu vois. Tu n'as pas de regret à avoir. C'est finalement une bonne chose si tu viens en France et que tu ne rejoins pas l'Ordre. Ce n'est pas fait pour toi.
-Oui.
-Est-ce que vous allez écrire ça dans un rapport Professeur Rogue ? Vous allez en informer Albus ?
-Oui je me chargerai de l'informer ne vous inquiétez pas.
-Est-ce qu'il y aura des représailles à mon encontre pour décider de quitter l'Ordre ? demanda alors Elizabeth anxieuse.
-Non, bien sûr non. Albus n'est pas le Seigneur des Ténèbres. Les membres sont capables de quitter l'Ordre quand ils le souhaitent. Même sans les circonstances atténuantes compte tenu de votre situation et de votre amnésie vous auriez pu décider de quitter l'Ordre quand vous le vouliez. Tout le monde comprendra votre décision.
Elle soupira, soulagée.
-Bien, je ne vais pas vous importuner plus longtemps. Je pense que…
-Et pour nous alors ?
Severus fronça les sourcils. Bon sang, elle avait osé poser la question fatidique, de front comme ça. Il allait devoir lui mentir. Elle était là devant lui, l'air fatiguée mais toujours aussi belle et il allait devoir lui mentir. Il ne savait pas s'il allait en être capable.
-Nous ? répéta-t-il, faussement surpris.
Elle contourna son lit pour venir se poster juste devant lui. Elle était proche, beaucoup trop proche. Il avait tellement envie de la serrer contre lui et de l'embrasser. C'était une torture de ne pas pouvoir le faire.
-Nous deux.
Il eut un petit rire un peu moqueur qui ne fut pas au goût d'Elizabeth. Severus se tourna vers Mrs Stanford pour signifier que c'était un peu gênant d'avoir une telle conversation devant elle mais Elizabeth ne semblait pas vouloir renoncer à obtenir une réponse claire à sa question.
-Je…heu…je ne sais pas vraiment ce que vous entendez par « Nous » Elizabeth, mais je pense que vous vous méprenez sur la nature de notre relation. J'admets que nous sommes devenus…intimes, ajouta-t-il en se raclant la gorge, un peu gêné, et je ne nie pas le fait que vos atouts physiques ne me laissent pas insensibles. Vous êtes une très belle femme. Mais ça ne va pas plus loin.
-Alors c'était seulement ça ?
-Je vous assure que oui. Je n'ai jamais nourri de quelconques sentiments à votre égard et je peux vous assurer qu'en ma présence, vous n'avez jamais dit quoi que ce soit qui pouvait laisser penser qu'il en était autrement de votre côté.
Elizabeth laissa échapper un petit rire nerveux, de soulagement. Une larme roula sur sa joue qu'elle s'empressa d'essuyer.
-Je suis désolée, je ne sais même pas pourquoi je pleure. Vous devez vraiment me trouver idiote.
-Non pas du tout, avoua Severus, incapable d'aller plus loin dans sa mascarade et son mensonge.
-C'est normal ma chérie que tu réagisses de cette façon. C'est la pression qui retombe et ton corps réagit instinctivement. Tu as besoin de repos, et de sortir de cet hôpital.
-Oui tu as raison.
Monsieur Stanford arriva juste après, l'air soulagé.
-C'est bon je viens d'avoir Paris, ils peuvent envoyer les documents tout de suite pour ton transfert. Est-ce que tout va bien ici ? dit-il en voyant sa femme et sa fille en train de s'étreindre.
-Oui tout va bien mon chéri, ne t'inquiète pas.
-Merci pour tout ce que tu as fait papa, mais le transfert ne sera finalement pas nécessaire. J'ai pris ma décision.
-Tu…tu ne viens plus en France finalement ? demanda son père inquiet.
-Si bien sûr mais pour être à la maison avec vous, pas pour aller à l'hôpital. Je ne vais pas faire les nouveaux essais finalement, je ne veux plus m'infliger cette souffrance ni vous l'infliger à vous aussi.
-Oh ma chérie, si tu savais comme je suis soulagé ! Je ne supportais pas de te voir souffrir de la sorte.
Il alla la prendre de ses bras également, pour une étreinte à trois. Severus sentit qu'il était clairement de trop, il ne pouvait pas rester là plus longtemps de toute façon ou sinon il allait craquer.
-Bien, je vais vous laisser, il faut que je rejoigne le QG. Je vous souhaite un très bon voyage vers la France.
-Merci Professeur Rogue, dit Monsieur Stanford chaleureusement en lui serrant la main.
-Merci pour tout ce que vous avez fait pour notre Elizabeth, ajouta Mrs Danvenport. Vous avez promis de la protéger en toute circonstance, et c'est ce que vous avez fait. Vous êtes un homme de parole.
-Je vous en prie.
Il n'osait pas regarder Elizabeth, de peur de craquer. Pour la première fois de sa vie, il se sentait incapable de soutenir le regard de quelqu'un.
-Prenez soin de vous.
Elizabeth voulait le remercier également et lui dire de faire attention durant ses missions mais à peine avait-elle ouvert la bouche que Severus était sorti de sa chambre. Ils n'avaient pas échangé de dernier regard ni de dernières paroles, et sans savoir pourquoi Elizabeth se sentit frustrée. Dehors déjà, en sortant de l'hôpital Severus se hâta de s'éloigner de la bâtisse pour rejoindre une ruelle adjacente. Ce ne fut qu'une fois totalement convaincu qu'il était à l'abri des regards qu'il hurla de détresse et de frustration, après avoir renoncé à jamais à la femme qu'il aimait.
oOo
Quand Harry entra dans le bureau de Dumbledore, il fut tout de suite frappé par la sérénité des lieux. Il était venu à plusieurs reprise durant l'année scolaire, mais déjà en partie sous l'emprise de Voldemort, et aveuglé par sa colère et sa haine, il n'avait pas fait attention à quel point cet endroit l'apaisait.
-Ah Harry, tu es là. Je suis content de te voir.
-Bonjour Professeur.
-Comment te sens-tu ?
-Beaucoup mieux merci, même si l'année n'a pas été de tout repos.
-Oui ça a encore été une année difficile pour toi, et j'en ait été en grande partie responsable cette fois. J'étais convaincu que je pouvais tout gérer tout seul, et j'ai lamentablement échoué.
-Vous ne devriez pas être trop difficile avec vous-même. Vous avez été une des rares personnes à me soutenir.
-Tu ne dois pas en vouloir aux personnes qui t'ont malmené. C'est l'aura de Voldemort qui les a poussés à agir comme ça.
-L'aura de Voldemort ?
-Oui. Elle était palpable toutes les fois où il prenait le contrôle de ton corps et de ton esprit. Je n'ai pas compris tout de suite. Mais ça explique ta colère, ta magie incontrôlée et même le fait que je n'ai pas pu entrer dans ton esprit parfois pour voir ce qui se tramait. Comme je te le disais j'ai manqué de vigilance et de clairvoyance.
-Mais…Quel rapport avec le comportement des gens vis-à-vis de moi ?
-C'est un des effets néfastes de la noirceur de Voldemort. Il a plongé tellement profondément dans les Ténèbres que sa présence seule suffit à impacter les gens autour de lui. Il peut rendre un homme fou d'un simple regard, il peut contrôler un esprit sans prononcer le moindre mot par sa simple volonté. Il fait ressortir ce qu'il y a de plus sombres et de plus violents en nous rien qu'en se tenant à nos côtés.
Harry était sous le choc. Il ne pensait pas cela possible. Mais en réalité il n'avait jamais vraiment réfléchi à la puissance de Voldemort. Il était craint par tous les sorciers, mais il n'avait jamais vraiment compris pourquoi. Peut-être qu'il était devenu présomptueux après l'avoir affronté tellement de fois et après en être sorti victorieux à chaque fois.
-Comprends moi bien Harry, je ne suis pas en train d'excuser les actes de tout le monde. Certaines personnes ont eu des actes répréhensibles en toute connaissances de causes. Certains Aurors, certains élèves. Mais d'autres ne pouvaient tout simplement pas lutter. On a tous notre part d'ombre tu sais, et certains n'ont pas pu contenir leur colère et leur violence.
-Comme Matthew, avoua Harry qui s'en voulait maintenant d'avoir été aussi dur envers le jeune homme.
-Oui ou comme Drago Malefoy, ou bien Severus. Ou même moi. Si ça n'avait pas été pour ta clairvoyance, l'intelligence et le talent de Miss Granger et la confiance aveugle de Severus à mon égard, les conséquences auraient été dramatiques et bien plus funestes.
-Mais tout s'est bien terminé au final.
Harry vit une lueur de tristesse passer dans le regard du Directeur. Il semblait porter un poids immense, celui de la culpabilité.
-Il y a eu des victimes durant l'attaque des Mangemorts et de Voldemort. Des élèves ont été blessés, certains grièvement, alors qu'ils étaient sous ma protection. Ça n'aurait jamais dû arriver.
-Ils auraient été tués sans vous. On a de la chance de vous avoir, c'est vous que Voldemort craint toujours le plus.
-Je n'en suis pas si sûr. Tu lui as montré ta force et ta détermination, à un point que tu n'imagines même pas. Il ne te sous-estimera plus. Il va arrêter les petites ruses de possession, il a bien vu que ça ne marchait pas. Maintenant il ne va plus se cacher, il va vouloir exprimer toute sa puissance et attaquer de front. Et même s'il savait déjà que Severus avec un gros potentiel, il a été témoin de toute sa puissance. Nous sommes tous les trois sa Nemesis désormais. Trois générations différentes, trois sorciers exceptionnels. Si nous combinons nos forces, nous serons victorieux. Je l'espère.
-Ça veut dire que le Professeur Rogue et moi on va devoir s'entendre et apprendre à collaborer, dit Harry avec un air dubitatif.
Dumbledore sourit en entendant Harry parler de Severus par son titre de professeur, certainement pour la première fois de sa vie.
-Votre relation a évolué cette année. Elle a eu des bas mais je pense que vous êtes prêts à vous lancer dans un respect mutuel désormais. Tu sais au-delà de l'impact de Voldemort sur son esprit comme tout le monde, il doit lutter contre une autre forme d'emprise au quotidien à cause de sa Marque des Ténèbres. Sa colère et sa haine sont démultipliées à cause de ce tatouage dont j'ignore toutes les propriétés. Il ne trouvera la paix qu'une fois Voldemort totalement exterminé. C'est pareil pour Drago maintenant.
Harry acquiesça.
-Qu'est-ce qui va se passer maintenant ? Je veux dire, il y a les Horcruxes à chercher. Mais l'année prochaine c'est ma dernière année à Poudlard. Vous êtes le Directeur et lui c'est le Professeur de Défense contre les Forces du Mal. On ne peut pas dire que ça nous laisse beaucoup de temps pour cette chasse.
Dumbledore rigola à sa remarque, mais Harry vit également une pointe de tristesse dans son regard.
-Severus a eu une grosse déconvenue…personnelle dirais-je. Il n'est pas dans le meilleur des états d'esprits et je ne sais pas ce qu'il va faire l'année prochaine. Oh bien sûr, poursuivit-il en voyant le regard surpris de Harry, dès que je lui demanderai de venir m'aider il le fera mais je ne veux pas trop le bousculer pour l'instant. Il a besoin d'un peu de temps pour se remettre de cette désillusion. Quant à moi…
Il ne termina pas sa phrase, quelqu'un venait de frapper à la porter de son bureau. C'est Rusard qui entra.
-Je suis désolé de vous déranger monsieur le Directeur, mais une livraison spéciale vient d'arriver pour vous. L'expéditeur a fait en sorte que l'objet délivré doive être immédiatement déposé dans votre bureau. Il n'y a rien que je puisse faire pour y remédier.
Bien sûr, Rusard n'avait pas de pouvoirs magiques. Finalement, à bien y réfléchir, il y a plein de choses qu'il ne pouvait certainement pas faire en tant concierge dans cette école.
-Il n'y a pas de problème Monsieur Rusard. Je m'en occupe.
Dumbledore se leva en demandant à Harry de rester à sa place et sortit du bureau, suivit du vieil homme et de sa chatte toujours dans ses bras. Avant que le Directeur ne revienne, un hibou s'engouffra par la fenêtre ouverte et il vint se poser sur le bureau encombré de plein de parchemin pour y déposer une lettre. Il n'attendait visiblement rien de particulier de la part de Dumbledore car il s'envola une fois sa mission accomplie, faisant tomber au passage plusieurs feuilles par terre. Harry se leva pour aller les ramasser et les déposer sur le bureau sans prêter attention à leur contenu. Sauf pour la Une du dernier exemplaire de la Gazette du Sorcier, curieux en ayant aperçu le vieil homme en première page.
ALBUS DUMBLEDORE DEPASSÉ, POUDLARD EN DANGER
Harry parcourut rapidement l'article sans le lire dans les détails. Ce n'était qu'un ramassis d'inepties. Il parlait des Mangemorts qui avaient réussi à s'introduire dans le château, des manquements au niveau de la sécurité, pire encore le Ministère et les Aurors se présentaient comme les héros qui avaient alerté à plusieurs reprises de ces risques et Dumbledore comme le méchant qui n'avait pas voulu écouter.
La situation est plus qu'alarmante au sein de l'école de sorcellerie Poudlard, et nombreux sont les parents d'élèves à se poser la question de ce qu'il adviendra de leurs enfants à la rentrée prochaine. Compte tenu de la situation, le conseil d'administration s'est réuni en urgence. Après de nombreux débats houleux, les délibérations ont abouti à un consensus. Albus Dumbledore sera démit de ses fonctions de Directeur de Poudlard à la fin de l'année scolaire, c'est-à-dire ce soir. Cette décision a été plutôt bien accueillie par la population de Grande Bretagne, même si certaines voix se sont soulevées pour protester. Pour beaucoup provenant de proches de Dumbledore et membres de son Ordre du Phénix.
Harry n'y croyait pas. Dumbledore était viré…Ça lui était déjà arrivé par le passé. Lucius avait réussi à manipuler le Conseil d'administration durant sa deuxième année. Ombrage avait tenté de le faire arrêter pour prendre le pouvoir l'année dernière. Mais à chaque fois Dumbledore était revenu. Cette fois il savait que c'était différent. Il avait l'intuition qu'il n'y avait pas de retour en arrière possible.
-Bon sang ce miroir pèse une tonne.
Dumbledore était réapparut, en agitant sa baguette magique. Devant lui il y avait une bulle lumineuse avec à l'intérieur un mini miroir. Le sorcier semblait avoir du mal à avancer, comme s'il traînait un poids immense pour ce minuscule objet. Dumbledore agita sa baguette une dernière fois et le miroir reprit ce que Harry pensa être sa taille normale, il était aussi grand que le miroir du risèd.
-Je vais le laisser dans ce coin pour l'instant, Archimède ne se rend pas compte à quel point cet objet ne va absolument pas avec la déco du reste de la pièce, ajouta-t-il en rigolant avant de se tourner vers Harry.
Son sourire disparut quand il vit le visage attristé de Harry et une larme couler sur sa joue. Son regard se posa ensuite sur le journal qu'il tenait toujours dans sa main, et la Une qui annonçait son renvoi.
-Ne soit pas triste Harry, dit-il simplement en s'approchant de lui et en lui ébouriffant les cheveux affectueusement.
Harry essuya sa larme et posa le journal sur le bureau.
-Comment ont-ils pu décider cela ? Qui sont ces gens du Conseil d'administration d'ailleurs ? Pourquoi est-ce qu'ils ont fait ça ?
-Je te l'ai dit. L'attaque des Mangemorts a fait des blessés parmi les élèves et c'était mon devoir en tant que Directeur de les protéger.
-Mais vous ne pouviez pas tout gérer seul ! Il y a des professeurs à Poudlard, et il y avait aussi des Aurors !
-Oui tu as raison. Tes professeurs été aussi incriminés dans l'affaire et les Aurors, comme tu l'as vu dans l'article ont la protection du Ministère. Ils ont réussi à prouver lors de l'enquête qu'ils avaient fait leur devoir et tout ce qui était possible de faire pour protéger les élèves mais que nous n'avions pas été très coopératifs le corps enseignant et moi-même.
-Mais c'est faux !
Harry était en colère, mais ce n'était pas la colère qu'il avait ressentie durant tout l'année scolaire. C'était plus de la déception.
-Je ne sais pas trop comment aborder le sujet, poursuivit Dumbledore. Mais je me doute que ce que tu viens d'apprendre à mon sujet pourrait remettre en question ta décision concernant…la lettre et les papiers que je t'ai donnés.
Harry sortit les documents de sa poche. Ils étaient remplis et signés, et il n'avait pas l'intention de changer d'avis. Il les tendit avec fierté à Dumbledore, qui les attrapa avec un grand sourire dessiné sur les lèvres.
-Merci Harry. Merci de m'accorder une telle confiance. Tu ne peux pas savoir à quel point ça me rend heureux.
-Je suis très heureux et honoré de faire partie de votre famille aussi Professeur.
-Viens, allons marcher un peu.
Ils prirent le chemin de la sortie mais en passant devant le miroir, qui était pour le moins étrange car il ne renvoyait pas leur reflet, Harry eut une impression étrange. La surface était juste obscure et semblait bouger, comme un voile ou un rideau se mouvant avec une légère brise d'été. Harry fixa les ténèbres, persuadé d'avoir entendu des voix, mais Dumbledore ne sembla pas y faire attention.
-Ne te préoccupe pas de ce miroir Harry. C'est une invention de mon ami Archimède. Qui sait quelle folie il a pu mettre au point une fois encore.
Ils sortirent du bureau et commencèrent à descendre les escaliers. Dans certains couloirs il pouvait leur arriver de croiser quelques sorciers et Aurors qui faisaient un état des lieux des derniers dégâts ou qui écrivaient des rapports sur les lieux où les attaques les plus violentes avaient eu lieu, mais globalement les lieux se vidaient de toute présence.
-Cette décision de me suspendre de mes fonctions est un mal pour un bien au final tu sais. Tu le disais toi-même tout à l'heure, il aurait été difficile pour moi de jongler entre mon rôle de Directeur et la chasse aux Horcruxes. J'avais déjà pensé au fait de démissionner, d'autant plus que j'avais prévu de révéler l'existence des fragments d'âmes à l'Ordre et aux Aurors de confiance. Mais j'avais peur que ce soit perçu comme de la faiblesse et de la trahison, de quitter Poudlard au moment où certains estimaient que c'était ma place plus que jamais pour améliorer les choses. Au final ils m'ont enlevé une épine du pieds.
-Vous pouvez-vous focaliser sur la chasse aux Horcruxes sans que les gens pensent que vous abandonnez et que vous baissez les bras.
-Exactement. Cette année je me suis beaucoup absenté, tu as vu à quel point je n'étais pas présent. La chasse aux Horcruxes va être encore plus compliqué les mois et peut-être les années à venir. Au moins j'aurais l'esprit tranquille en sachant que je ne fais faux bon à personne. Minerva va reprendre la direction de l'école, elle n'est absolument pas enchantée à cette idée, ajouta-t-il en rigolant. Elle va avoir beaucoup de travail, à commencer par le recrutement.
-C'est vrai, si le professeur Rogue ne reprend pas ses fonctions, elle va devoir trouver à nouveau un professeur de Défense contre les Forces du mal.
-Oui…Ce poste est vraiment maudit. Je pensais qu'avec Severus ça se passerait différemment mais il semblerait que l'on ne puisse rien faire contre cette malédiction. Mais il n'est pas le seul à devoir être remplacé. Le professeur Stanford ne sera pas là à la rentrée prochaine non plus. J'ai une mission importante à confier à Hagrid également il ne pourra plus revenir en tant que professeur. Et en devenant Directrice, Minerva ne pourra plus assurer ses cours de Métamorphose.
-J'ai l'impression que c'est la fin de Poudlard, ça me rend triste.
-C'est la fin de Poudlard telle que tu l'as connue. C'est une nouvelle ère qui commence. Il faut s'en réjouir, je suis sûr que cela apportera énormément de choses positives.
Ils arrivèrent à la sortie de l'école, là où les élèves prenaient les calèches pour se rendre au Poudlard Express en temps normal. Harry ne savait même pas comment ils avaient fait pour se rendre ici aussi vite.
-Est-ce que vous allez quand même parler des Horcruxes aux autres maintenant que vous n'avez plus de compte à rendre sur vos possibles absences et disparitions momentanées ?
-C'est une très bonne question. Je sais que tôt ou tard viendra le moment où je devrais leur en parler. Ils méritent de savoir. Mais le fait qu'ils ne soient pas au courant est notre meilleur atout pour le moment.
-Je comprends.
Un bruit énorme se fit entendre derrière eux alors que les lourdes portes du château venaient de se refermer derrière eux avant de se verrouiller. L'école était bouclée, plus personne n'était présent sur les lieux. À part eux, et peut-être le professeur Trelawney puisque Harry savait qu'elle habitait dans le château tout le temps.
Harry ne savait pas trop ce qui l'attendait. Il ne resta pas très longtemps perdu.
-Où est-ce qu'on va maintenant ? Dans un QG de l'Ordre pour que vous donniez vos directives ?
-Non pas de suite. L'Ordre peut bien se passer de moi quelques jours. Même si Voldemort va se tenir à carreau quelque temps, on ne veut pas les mettre en danger inutilement. Tu vas venir chez moi dans un premier temps, pour te reposer et pour que l'on prépare notre plan d'action tranquillement.
-Chez…chez vous ?
-Oui, répondit Dumbledore en souriant. Tu fais partie de ma famille maintenant, ajouta-t-il en lui faisant un petit clin d'œil.
Et il lui tendit son bras pour qu'ils puissent transplaner quand Harry le toucherait.
Incroyable ! Il allait voir la maison de Dumbledore. Il se demandait vraiment à quoi elle pouvait ressembler. Il ne savait même pas où elle se trouvait. Comme à son habitude, le directeur compris ce qu'il avait en tête.
-J'habite dans un petit village sorcier très mignon, dans une maison à l'abri des regards bien sûr que de rares personnes de confiance peuvent trouver. Un endroit qui va te plaire, et qui est important pour toi.
Harry fronça les sourcils ne comprenant pas de quoi il parlait.
-J'habite à Godric's Hollow Harry. On y va ?
Et sans la moindre hésitation, Harry attrapa son bras, toujours sous le choc de cette annonce inattendue.
oOo
Loin de toutes ces agitations et préoccupations liées à Poudlard, Voldemort tentait de reprendre ses forces. Il était dans un état lamentable, drainé d'une grande partie de son énergie. Mais il était surtout fou de rage que son plan ait échoué, une fois de plus. Assis en bout de table, avec ses Mangemorts les plus fidèles à côté de luit qui n'osaient pas dire quoi que ce soit, il resta un moment les yeux fermés avant de revenir parmi eux, las, fatigué mais motivé par un nouveau plan qui l'animait.
-Je vais m'absenter pendant quelques temps.
Les Mangemorts restèrent silencieux, perplexes, ne sachant pas s'ils avaient le droit de lui demander pour combien de temps il allait partir, ni pour quelle raison.
-Il apparaît clairement que vous n'êtes que des incapables, à peine capables d'effectuer de vagues missions de kidnapping et de tortures.
Il se leva de sa chaise, et passa derrière chacun d'entre eux, baguette à la main. Ils avaient tous la tête baissée, en ne prononçant aucune parole. Ils avaient trop peur d'être la victime d'un châtiment de la part de leur Maître. Il avait beau être très affaiblis, il avait encore de la ressource.
-Je suis seul et face à moi j'ai ce vieillard de Dumbledore, ce traître de Severus et cet insolent de Potter. Ça me coûte énormément de l'admettre mais je ne peux pas affronter ces trois-là en même temps, j'ai besoin de renfort. Surtout que les Aurors ont parmi leurs rangs quelques éléments très ennuyants également.
-Vous pensez à faire de nouvelles alliances avec des créatures magiques Maître ? s'aventura à demander l'un de ses sbires.
-Nous avons besoin de plus de créatures pour nous servir, mais ce n'est pas ça qui fera la différence. J'ai besoin de Mages puissants pour m'accompagner dans ma tâche. J'ai une liste intéressante en tête. Je ne sais pas encore qui choisir pour être l'adversaire de Severus. Raczidian peut-être. Ou alors Herpo l'infâme. Pour Dumbledore, Grindelwald semble tout indiqué.
Les Mangemorts dans l'assemblée se regardèrent surpris et perplexes. Ces sorciers étaient d'anciens Mages Noirs extrêmement puissants. Mais ils étaient tous morts, et certains depuis des siècles. Quelqu'un osa faire cette réflexion et il reçut un sortilège de torture qui le fit tomber à terre.
-Il n'y a que les sorciers faibles pour avoir une pensée aussi étriquée et penser que la mort ne peut pas être dominée. Je ramènerai ces Mages à la vie, ils me serviront et m'obéiront. Et je plongerai le Monde dans une toute nouvelle ère.
Il termina sa phrase par un rire démoniaque qui fit frémir tout le monde tour de la table. Ils ne savaient pas si leur Maître avait perdu la tête à cause des récents évènements pour croire à une telle possibilité ou s'il avait acquis un pouvoir tel qu'il pouvait rendre cette folie possible. Mais ils étaient tous d'accord pour penser que s'il arrivait à faire revenir ces êtres à la vie, le camp d'en face n'avait aucune chance d'emporter la victoire.
FIN
