13 - « A genoux, haut Cavalier, A pied, traînant ma rapière, Je baise dans la poussière Les traces de Ton soulier ! » («Elizir d'amor», Tristan Corbière)
Je ne savais pas trop quoi attendre de cette fête. Je me préparais, nerveux à l'idée de croiser Hermione et Weas-moche dont j'avais du mal à supporter la vue. Ma haine envers lui était sans borne. Je l'avais toujours trouvé médiocre, inintéressant, courageux peut-être, mais sans autre forme d'épaisseur. Il était bête et incapable d'évoluer, préférant ressasser plutôt que d'aller de l'avant. Dans ma rigueur et la discipline que je pouvais m'infliger, je ne pouvais tolérer la faiblesse : ni la mienne, ni celle des autres. Montrer ses blessures me paraissait être une vraie honte et cela me plongeait dans une colère noire. Comment osait-il s'autoriser cela sans en ressentir une once de déshonneur ? Comment réussissait-il à accepter cela chez lui ?
De son côté, il ne manquait pas non plus une occasion de me faire comprendre que mon sentiment était réciproque et se montrait triomphant avec Hermione, comme s'il avait eu l'intuition de mon secret le plus profond. Dire que je le détestais était un faible mot mais je crois que je détestais davantage encore Hermione. Elle s'était jouée de moi, me faisant croire n'importe quoi. J'étais d'autant plus en colère que je n'arrivais pas à comprendre pourquoi elle avait pu agir ainsi, tout ça pour ensuite à sortir avec l'autre ventouse. Elle me manquait. Nos moments ensemble me manquaient. La sentir près de moi, la serrer dans mes bras, lui tenir la main... tout me manquait. Je ne pouvais ressentir que du vide autour de moi.
Mais la personne que je détestais peut-être le plus dans toute cette histoire, c'était sans doute moi-même, encore une fois. Comment avais-je pu être aussi naïf ? Comment avais-je pu être assez bête pour m'autoriser à croire qu'il y avait quelque chose entre elle et moi ? Et comment avais-je pu être assez imprudent pour me laisser m'accoutumer à tout ce que je ne pouvais avoir droit ?
J'avais proposé à Nott de m'accompagner à la soirée. Je savais que traditionnellement, l'accompagnant se devait être du sexe opposé mais je dois dire que le côté subversif me tentait bien ! Cela participerait sans doute au trouble que notre amitié assez fusionnelle faisait naître dans l'esprit de certains, compte tenu de certaines insultes que nous essuyions parfois lorsque nos étions ensemble. Et en effet, il n'y avait guère que lors des entraînements de Quidditch que nous n'étions pas ensemble. D'un autre côté, j'avais la sensation qu'il n'y avait pas de personne qui puisse mieux me comprendre que lui : issus d'une famille de Mangemort, nous avions reçu la même éducation et portions les mêmes attentes de la part nos familles.
Lui, voyait cette soirée comme une expérience sociale. D'ailleurs, il ne fit aucun effort vestimentaire. De mon côté, je m'étais moi-même coupé dans mon élan : me faire élégant ? Pour qui ? Pour quoi ?
Nous sortîmes de la salle commune avec la bénédiction de Pansy : «Bonne soirée, les fayots !»
Lorsque nous arrivâmes, la soirée avait déjà débuté. Nous entrâmes discrètement alors que le professeur ennuyait quelques sixièmes années. Nous repérâmes bien vite le point stratégique du buffet. Nous nous postâmes à proximité après nous être pris deux bièraubeurres.
-Je vois que la sangsue n'a pas évolué depuis Lavande Brown, émotionnellement parlant, commenta Nott en désignant de sa bouteille Weasley qui embrassait goulûment Hermione.
Ils étaient assis sur une longue banquette en face de nous et ne prêtaient attention à rien d'autre. D'une des ses grandes paluches, il parcourait son dos et ses épaules crispées, il avait osé poser l'autre sur l'un des ses genoux. Qu'ils se trouvent un recoin sombre, par Merlin !
-Il me fait plutôt penser à une ventouse, complétais-je, mauvais, pour donner le change.
-Oui, il y a de ça aussi.
Alors que Weas-moche introduisait maladroitement sa langue dans la bouche de sa partenaire Je détournais le regard, mal à l'aise. J'affermissais ma poigne autour de la bouteille pour cacher le tremblement de mes mains. Mon compagnon d'infortune reprit :
-Au moins, elle a à boire et à manger.
Je ne pus m'empêcher de rire à cette remarque dégoûtante.
-Je croyais qu'on avait pas le droit d'être un connard.
-Et c'est vrai. Je ne suis pas un connard. Juste un hypocrite.
-Et c'est mieux ?
-Bien mieux. Sans l'hypocrisie, le monde s'écroulerait.
-C'est pourtant déjà pas joli-joli.
-Justement, les gens sont trop cons et pas assez hypocrites, expliqua Nott.
-C'est à dire ?
-Les cons n'ont pas conscience d'être con. C'est pour ça qu'ils font des trucs de cons. L'hypocrite a un sens moral : il sait qu'il est un con et parce qu'il le sait, il met des limites à ses conneries.
-Ça se tient, ponctuais-je en buvant une gorgée de bièraubeurre.
Je remarquai Potter assis un peu plus loin sur une chaise, contemplant son verre vide d'un air rêveur pendant que Weasley fille et Lovegood semblaient en pleines confidences intimes. Nott suivit mon regard.
-Dix points pour Gryffondor si ça tombe à côté de son verre.
Et ni une ni deux, il fit une petite boulette de papier avec l'étiquette de sa bouteille et visa parfaitement le verre de Potter.
-T'es un bon, toi. Pourquoi tu voulais pas faire poursuiveur ?
-Parce que j'aime pas le Quidditch.
Je pouffais.
L'arrivée du projectile dans son verre fit sursauter l'Élu. Il leva les yeux et comprit instantanément d'où venait l'attaque. Nott lui fit signe de les rejoindre, ce que fit naturellement le Gryffondor, non sans parcourir la salle d'un regard suspicieux, comme s'il avait peur d'être pris en flagrant délit. Je souris malgré moi de cette précaution inutile.
-Vous vous amusez bien on dirait ! Commenta-t-il.
-Dix points pour Serpentard si tu ne transformes pas le jus de citrouille de Seamus en eau.
-Vous me prenez vraiment pour un débutant, sourit Potter. Il lança un sort informulé au breuvage qui perdit sa couleur orange pour devenir incolore.
-Et toi Malfoy ? Dix points pour Poufsouffle si tu ne jettes pas un maléfice couinant à l'amuse-gueule de Thomas, continua le Serpentard.
-Trop facile, dis-je en surjouant la suffisance.
Je réajustais ma robe de sorcier avec panache puis je jetai le sort. Un couinement sortit du croissant à la saucisse de Thomas dès qu'il croqua dedans. Il sursauta et avec lui Padma Patil, en pleine parade nuptiale. La plainte se répéta à chaque coup de mâchoire jusqu'à ce qu'il l'avale.
Nous lutâmes pour rester sérieux afin de ne pas être découverts. Nott faisait mine de jauger le niveau de bièraubeurre dans sa bouteille, Harry raclait consciencieusement le fond de sa verrine tandis que j'affectais scrupuleusement de choisir un toast au saumon. Cependant, les élèves les plus proches de nous ne furent pas dupes et nous lancèrent un regard agacé. Harry en parut mal à l'aise, coincé dans son rôle de sauveur du monde trop sérieux. Je croisais le regard d'Hermione que je ne sus pas décrypter. Est-ce qu'elle désapprouvait ? Sans doute. Mais plus important : est-ce que, malgré tout, ça avait pu l'amuser ? Nott me tapa légèrement l'épaule pour que je détourne mon attention.
-Alors Potter, reprit Nott, tu n'allais quand même pas quitter Poudlard sans avoir fait une seule bêtise ?
-Tu rigoles j'espère ? Je pense que j'ai désobéi plus souvent que toi !
-Désobéir pour sauver le monde, ça compte pas. Moi je te parle de trucs vraiment débiles.
-Mais visiblement c'est chose faite maintenant, répondit le brun à lunette en lançant un regard coupable autour de lui. Et sauver le monde ne m'a pas épargné des heures de colles.
Emporté par la conversation, je repris :
-Tu te souviens Potter de notre première heure de colle ?
-Dans la forêt interdite !
-En première année, on était sensés retrouver un truc bouffeur de licorne ! Non mais tu te rends compte de l'inconscience des profs !
-Surtout quand on sait qui bouffait les licornes, justement ! Renchérit Harry.
-C'est clair ! Hagrid nous avait refilé Crockdur ! Plus inutile que ce chien...
-Je me souviens qu'il te bavait dessus !
-Et il s'était barré dès que ça devenait dangereux... N'empêche, c'était sans doute la meilleure chose à faire...
-Je ne sais plus pourquoi je ne me suis pas enfui...
-Et moi qui croyais que tu étais derrière moi !
Nous nous sourîmes.
-Je maintiendrais toujours que certaines décisions de l'école étaient sacrément irresponsables. On aurait pu mourir !
-Mais maintenant on en rigole, adoucit Harry.
-Parce qu'on a vécu pire depuis sans doute... complétais-je en buvant une gorgée de ma bièraubeurre, me perdant dans mes pensées.
-... Comme un lac infesté d'inferis...
Nott siffla pour marquer sa surprise.
-Mais, par Merlin, comment as-tu pu te retrouver dans un endroit pareil ? S'exclama-t-il.
-C'était là qu'était caché l'un des Horcruxes... mais quelqu'un l'avait récupéré avant nous.
Nott et moi acquiescèrent d'un même mouvement. Nous avions appris l'existence des Horcruxes par la presse. Même les Mangemorts ignoraient tout de ces objets.
-Mais je suppose que Malfoy a aussi son lot de situations cocasse, reprit-il.
-N'importe quelle réunion de Mangemorts je dirais... Entre Greyback et ma tante, je ne savais plus si j'étais dans un zoo ou dans l'unité psychiatrique de Ste Mangouste.
-Tu m'étonnes ! ponctua Harry, ta tante me terrorisait!
-C'est clair ! Même mon père avait peur d'elle...
-Elle était tellement folle qu'elle me faisait presque plus peur que Voldemort !
-Et je crois que même lui la trouvait tarée, c'est dire !
Et nous pouffions de concert.
-Mais je crois que le plus drôle, c'était lorsqu'on s'est rendus à une assemblée de loups-garous. Ils se tenaient serrés, les uns contre les autres : ils se sont tous refilé leur puces ! Puis Greyback les à généreusement distribué à tous les rafleurs... C'était une vraie infection !
Les deux autres rirent de plus belle.
-Hey, vous êtes en train de vous moquer de celui qui a défiguré mon frère !
Nous nous figeâmes un instant, surpris par cette intervention portée depuis l'autre bout de la pièce. Weas-moche se rapprocha et à sa suite Hermione, lui tenant toujours la main. Il s'inclut dans le cercle et Hermione resta en arrière. Cette posture de soumission m'exaspéra au plus au point. Qu'elle se réveille bon sang ! Mais je ne pus m'appesantir trop longtemps sur ces réflexions : j'avais d'autres chats à fouetter.
-On ne fait rien de mal, Weasley. Si vraiment cette conversation te déplaît, tu peux toujours aller voir ailleurs si on y est, répondit Nott.
-Tais-toi. Ceux qui n'ont servi à rien dans cette guerre ne devraient même pas être là.
-C'était compliqué d'aider, enfermé dans les cachots, pauvre type.
-Aider qui au juste ? Provoqua Ron. Tu-Sais-Qui ?
Cette répartie parut à Nott si absurde, si bête, si invraisemblable qu'il fut pris d'un rire nerveux. Harry en profita pour prendre la parole mais je n'écoutais pas sa réponse, sans doute pleine de bon sens. J'avais croisé le regard d'Hermione.
Ses jolis yeux noisette.
C'était un regard désolé, malheureux qui me mettait hors de moi. Quitte à ce que je souffre, j'aurais voulu qu'elle soit heureuse au moins ! Hélas, elle ne l'était pas et je ne pouvais rien faire. Mais elle, ne pouvait-elle rien faire non plus pour son propre bonheur ?!
Elle semblait vouloir me dire quelque chose. C'était une sorte de dialogue muet que je m'escrimais à déchiffrer. Me perdant corps et âme dans ses yeux, j'avais oublié ma haine envers elle, un instant. Je voulais l'emmener loin de tout ce cirque. Une vision furtive me traversa l'esprit : je lui avais pris la main, comme j'avais pu le faire dans le métro et je l'entraînais hors d'ici. J'émergeais bien vite.
Elle continuait à scruter mon visage, comme si elle attendait quelque chose. «Pars», prononçais-je silencieusement, en espérant qu'elle lise sur mes lèvres. Je craignais par dessus tout de lui donner en spectacle, encore une fois, tout ce que je pouvais détester en moi : ma violence, mon ironie blessante, mon sens de la provocation et ce goût de la victoire à tout prix qui pouvait rendre mes réactions incontrôlables. Je me rendis compte qu'au fond de moi, je n'avais jamais vraiment renoncé à elle, malgré toute la tristesse que je pouvais ressentir : j'avais seulement maquillé ma peine en sombre colère et viendrait un moment où elle éclaterait au grand jour.
-On t'ennuie Malfoy ? Me demanda ironiquement Weasley.
-Oui, soupirais-je.
-Laisse tomber la provoc', il n'en vaut pas la peine, dit Nott en faisant mine de partir en me prenant le bras, craignant un bis repetita de la semaine dernière.
Mais Weasley se mit en travers de notre chemin.
-Laisse-les Ron, intervint Hermione en le retenant.
L'exact opposé de ce que je souhaitais était en train d'arriver. Hermione qui s'emmêle, ça ne pouvait qu'envenimer la situation.
-Tu ne dirais pas ça, si tu savais à quoi il pense.
Sur nos visages se dessinaient tantôt la perplexité, tantôt la crainte. Je sentis Nott crisper sa poigne autour de mon bras qu'il tenait toujours.
-C'est évident, Hermione. Malfoy a des sentiments pour toi.
Je fis brusquement volte-face et me défis de l'emprise de Nott, la bouche sèche, avec la ferme intention d'en venir au duel jusqu'à ce que je croise une nouvelle fois le regard d'Hermione. Je me stoppai net. Elle me regardait avec de grands yeux surpris et effrayés, figée elle aussi. Un sourire vainqueur illuminait le visage du rouquin.
-Tu vois, si c'était faux, il ne réagirait pas comme ça.
-Tu délires, réussis-je à articuler distinctement, avec tout le mépris dont j'étais capable, un rictus détestable animant mon visage.
-Mais bien sûr, c'est pour ça que tu passes ton temps à la regarder.
-Pour le savoir, tu dois me regarder tout autant, non ? Que dois-je en conclure ? Répondis-je avec un sourire moqueur.
-Je m'assure que tu restes loin d'elle. Elle a assez souffert et tu la dégoûtes.
Ce dernier trait me transperça le cœur. Alors que je m'apprêtais à répondre quelque chose d'acerbe, Nott prit la parole :
-Eh bien réjouis-toi, on s'en va. Potter, ce fut un plaisir ! On ne te tient pas rigueur de l'incivilité de tes amis.
Nott me poussa vers la sortie, collé à mon dos et restreignant le mouvement de mes bras. Cette posture devait paraître étrange pour ceux qui n'avaient pas suivi l'échange. Nous passâmes près de Seamus Finnigan qui n'avait toujours pas touché à son «jus de citrouille». Il nous regarda d'un œil surpris. Nott s'arrêta devant lui et plaqua un gros bisous bien baveux sur ma joue. Un sourire appréciateur se dessina sur le visage du Gryffondor.
-Bonne soirée.
Je sentis Nott se gainer pour ne pas rire.
-Merci, à toi aussi, répondit-il avec un air faussement entendu et un clin d'œil.
Et nous passâmes la porte.
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Hermione avait envie de simplement se dissoudre dans l'air. Plus le temps passait, plus jouer la comédie devenait difficile. Tout lui paraissait dissonant et elle sentait que tout ce qu'elle pouvait faire ou dire n'était qu'un vaste mensonge. Sa vie entière était une désagréable cacophonie. Ce qu'elle avait espéré être une porte de sortie se révélait en réalité être un gouffre sans fond. Elle n'avait plus rien à se raccrocher. Elle voyait Harry prendre ses distances et Ron était celui qui lui maintenait la tête sous l'eau. Elle était sans repère. La seule personne à qui elle aurait voulu se raccrocher était celle dont elle avait voulu s'éloigner. Et de nouveau, elle se sentait seule, alors qu'il y avait même pas une semaine encore, elle avait quelqu'un qui savait l'entourer.
Harry les avait quitté en colère pour aller se coucher. Ron lui parlait, plein de ressentiment, mais elle n'écoutait pas. Il finit par lui prendre la main et l'entraîner dehors. Elle avait la sensation d'avoir la main bandée dans du papier de verre. Elle la retira et prétexta de devoir patrouiller pour se débarrasser de cette présence si encombrante.
-Je peux t'accompagner si tu veux. Tu pourrais tomber sur Malfoy. Lui aussi est préfet.
-Pas besoin, répondit-elle sèchement pour couper court.
Elle l'avait blessé mais elle n'avait plus de patience.
-Très bien... Bonne nuit alors.
Il l'embrassa furtivement puis s'éloigna, le dos courbé.
Elle erra longtemps dans les couloirs, espérant croiser le Serpentard. Il était tard, les lumières s'étaient éteintes et elle n'avait croisé personne si ce n'est Luna, nouvelle préfète des Serdaigles, qui rentrait dans son dortoir en lui souhaitant bonne nuit après avoir fini sa ronde.
«Tu délires» avait-il craché à la figure de Ron avec un dédain des plus assassin. «Tu délires». C'était aussi violent qu'une gifle. Et même s'il l'avait aimé un moment, avec ce qu'elle lui avait fait, il devait désormais la haïr à mort. Et il avait bien raison car elle se trouvait méprisable. Elle comprenait enfin que tous les souhaits, tous les vœux que la société avaient formulés pour elle étaient en réalité bien égoïstes. Personne ne se préoccupait réellement de son bonheur. Il fallait juste rester dans les clous.
Et si elle, elle avait envie d'aimer un Serpentard ? Et si de surcroît, ce Serpentard était un ancien Mangemort ? Et si c'était Drago Malfoy ? Qu'est ce qu'il allaient faire, hein ? La déshonorer ? La traiter de folle ? Crier à l'infamie ? Elle voyait très bien les unes des journaux à scandale qui s'étaient emparés de son intimité depuis la fin de la guerre se régaler et la traîner dans la boue. Rejetée par sa famille d'adoption. Jugée par tous.
Mais qu'y avait-il de grave à aimer Drago Malfoy ? C'était quelqu'un de bien. Et ceux qui la désavoueraient pour une question d'image et de principe n'étaient pas ceux véritablement intéressés par son bonheur. Ces personnes étaient simplement bêtes et fermées d'esprit. Peut-être cela impliquerait-il de faire un tri parmi ses connaissances ? Ce n'était d'ailleurs pas plus mal car elle devenait de plus en plus allergique à cette idéalisation dont elle faisait l'objet.
Elle comprenait la difficulté de faire son deuil et de pardonner... Mais elle ne pouvait pas s'empêcher de vivre et d'être en quête de son propre bonheur. Elle avait bien réussi, elle, à pardonner, alors qu'elle avait toutes les raisons de se plaindre de lui. Ensemble et c'est tout. Elle comprenait enfin ce que Nott avait pu dire en début d'année dans le Poudlard express, alors que Drago sortait du compartiment des Serpentards. Et maintenant, c'était à elle de se faire pardonner, pour sa bêtise, son immaturité, son aveuglement, sa faiblesse d'esprit. Et ce n'était pas gagné car il s'était plus renfermé que jamais. Mais avant ça, elle devait quitter Ron et ça non plus, ça n'allait pas être une promenade de santé. Elle passerait sans doute Noël seule cette année.
Après être passé «par hasard» trois fois devant la porte du dortoir des Serpentards et inspecté deux fois les toilettes des filles, elle dût se rendre à l'évidence. Elle ne croiserait personne d'autre ce soir-là et partit se coucher.
