Hello !

J'espère que vous vous portez bien ! :)

Déjà le chapitre 25 ! Ça me parait énorme ! Nous terminons l'arc narratif de la marque des ténèbres pour en commencer un nouveau. J'espère que ce dernier vous a plu et que le prochain vous intéressera également ! N'hésitez pas à me faire un retour si vous le souhaitez ! :)

Bonne lecture !

25 - «Plus léger qu'un bouchon j'ai dansé sur les flots» («Le bateau ivre», Rimbaud)

Je réajustais ma cravate devant le petit miroir à côté de mon lit puis descendis pour petit-déjeuner avec les autres. Après avoir englouti à la hâte un scone recouvert maladroitement de confiture à la myrtille et bu d'un trait mon thé au citron, je me levais de table avant mes camarades Serpentards : McGonagall m'avait expressément demandé de sécher le cours de potion pour aller la voir.

-Souviens-toi, ne la regarde jamais directement dans les yeux...

-Très drôle, Pansy, commenta Nott en parcourant la Gazette du jour.

-De toute façon, elle a dit que tu ne serais pas renvoyé, reprit Zabini qui se voulait rassurant.

-Non, elle a dit : «pas aujourd'hui, M. Malfoy». Ce qui n'engage à rien pour les jours suivants, rectifiais-je la boule au ventre.

-Mais elle a dit la même chose à Potter en première année et regarde, il est toujours là ! remarqua Pansy en levant les yeux aux ciel, exaspérée par l'état fébrile qui ne m'avait pas quitté depuis hier soir.

-Oui, mais moi, j'ai pas le joker «j'ai les yeux de ma mère» à faire valoir pour attendrir.

-Ce que tu es pessimiste ! On avait dit hier qu'on devait garder un esprit positif ! Théodore, dis quelque chose !

-Bon courage.

Zabini houspillait Nott pendant que je m'éloignais. En longeant la longue table vers la sortie, je croisais le regard d'Hermione qui me sourit. Je le lui rendis discrètement puis me dirigeais vers le bureau de la directrice.

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Lorsque je fus invité à entrer, McGonagall m'attendait, assise à son bureau.

-Installez-vous, M. Malfoy. Vous prendrez bien un peu de thé ? me demanda-t-elle et, sans attendre ma réponse, elle donna un coup sec de baguette magique sur une théière en porcelaine posée sur son bureau.

Cette dernière s'éleva dans les airs pour remplir une tasse qui surgit de nulle part. Celle-ci se glissa de force dans mes mains alors que je venais à peine de m'asseoir. Je n'osais rien dire et attendais patiemment le couperet tomber. Hier soir, je n'avais même pas pris la peine de défaire ma malle.

Elle, de son côté, semblait réfléchir à la manière dont elle allait aborder la chose. Avec un sourire préoccupé, elle finit par me demander :

-Comment vous sentez-vous, M. Malfoy ?

-Très bien, je vous remercie, répondis-je avec un sourire policé.

-Pas de douleurs dans votre bras ou ailleurs ?

-Non, professeur.

Elle jeta un bref coup d'œil à ma tasse à laquelle je n'avais pas encore touché. Je me forçais alors à boire une grosse gorgée de thé, sans égard pour ma vessie qui allait devoir en encaisser deux en moins d'une heure.

-Écoutez, M. Malfoy, il est temps de penser à vous. Vous êtes... Enfin, maintenant qui... ? C'est à dire que votre famille...

Je restais silencieux, interdit, ne voyant pas vraiment où elle voulait en venir. Oui, je n'avais plus de famille. Et alors ? Elle reprit après un temps de réflexion :

-Bien sûr, vous êtes majeur maintenant, vous arrivez même bientôt sur vos dix-neuf ans. Mais... c'est si jeune encore ! C'est à mon tour désormais : je vais m'occuper de vous.

S'occuper de moi ? Instinctivement, je voulais me dire que je n'avais besoin de personne mais les événements de ces vacances, à ses yeux, devaient sans doute lui prouver le contraire. Son regard qui se voulait bienveillant restait perçant et sévère par nature, ce qui n'aidait pas à me sentir confortable. Elle se leva pour faire les cents pas derrière son bureau et gagna en assurance.

-M. Slughorn m'a parlé de vos aptitudes en potions. Vous avez un réel talent, comme on en croise rarement. Selon Slughorn, le dernier sorcier à avoir ce genre d'aptitude était... le professeur Rogue. D'ailleurs ce dernier lui-même ne tarissait pas d'éloge sur vous et ce, dès votre première année.

J'acquiesçai en silence et repris une gorgée de thé pour me donner contenance.

-Vous n'avez par encore rendu votre parchemin de souhait d'orientation à M. Slughorn... Rien de pressant, bien sûr mais... est-ce que vous avez réfléchi ?

-Pas encore, répondis-je déconcerté : est-ce qu'on allait vraiment régler ce problème un lundi de rentrée à huit heures et demie du matin ?

-Il faudrait pourtant. Vous n'avez pas une petite idée ?

-Pas pour l'instant, professeur.

Un silence gêné s'installa tandis qu'elle regardait avec insistance la porte de son bureau avec un air de plus en plus courroucé. Soudain, on frappa au chambranle.

-Entrez, répondit-elle un peu sèchement.

Et Trelawney entra avec empressement, réajustant ses grosses lunettes sur son nez.

-Pardonnez mon retard, je n'avais pas vu l'heure ! Je...

Elle s'interrompit à mi chemin.

-C'est le garçon ? demanda-t-elle, en me désignant du doigt.

McGonagall acquiesça en silence. Elle avait été convoquée pour lire mon avenir, réalisais-je mortifié. Pour qu'un esprit aussi cartésien que celui de McGonagall en arrive là, c'était qu'elle devait vraiment me prendre pour un cas désespéré.

-M. Malfoy, finissez votre thé je vous prie.

A contre cœur, je bus d'une traite le reste de ma tasse, m'étouffant presque. Immédiatement après, celle-ci me fut arrachée des mains par Trelawney. Elle la fit pivoter trois fois dans ses mains puis la retourna pour faire tomber la dernière goutte de thé qui restait. Sous mes yeux ahuris, elle finit par la redresser et regarder son contenu :

-Beaucoup de choses se trouvent dans votre tasse M. Malfoy... commenta-t-elle, comme surprise.

Après un bref temps de réflexion, elle prit un air désolé puis une expression de compassion douloureuse. Ses lèvres se mirent à trembler. Elle couvrit sa bouche d'une main pour retenir un cri d'horreur.

-P... pauvre petit.

Je m'empêchais de lever les yeux au ciel. Elle avait fait le coup à bien la moitié de la classe, en troisième année. Enfin, son visage prit une teinte cramoisie. Elle lançait dans toutes les directions des regards paniqués.

-Minerva, vous ne souhaitez quand même pas que je lui révèle tout ?

McGonagall me regarda en biais, comme si elle regrettait déjà sa décision. Sans doute se mordait-elle les doigts d'avoir cédé aux sirènes des prophéties. Trelawney fit le tour du bureau pour montrer la tasse à la directrice. Cette dernière plissa des yeux pour contempler le mystère caché les feuilles de thé, mais elle ne sembla pas comprendre l'émoi qui traversait la voyante.

-Nous sommes ici essentiellement pour l'orientation de M. Malfoy, essaya-t-elle de recadrer. Que voyez vous ?

Alors Trelawney se désintéressa de McGonagall et se rapprocha de moi à pas lents sans me quitter des yeux. Elle avait l'air ailleurs : dans le futur certainement.

-Je vois... du sang. Beaucoup de sang. De la souffrance. La mort.

J'eus du mal à déglutir. J'en étais presque à espérer qu'une pierre du château me tombe directement sur la tête pour abréger l'attente.

-Et une foule nombreuse autour de vous, reconnaissante. Et la vie... qui entoure la mort...

Super. Rien de tel pour bien commencer une journée.

McGonagall se réinstalla dans son siège, mal à l'aise. Elle se racla la gorge, comme pour rappeler à l'ordre le professeur. Trelawney finit par détacher son regard du mien pour regarder en l'air, comme si la solution de l'énigme se trouvait à quelques centimètres au-dessus de ma tête.

-Tout cela ne peut nous indiquer qu'une seule chose : un sacrifice. Des épreuves vous attendent. Je vous souhaite d'apprendre à vivre avec et à espérer. Il y aura des joies aussi... sans doute. Vous ne serez plus jamais seul à condition que vous sachiez vous entourer et cela sera votre plus grand défi.

Cela, hélas, je le savais déjà. Pas besoin d'être devin : j'en avais seulement fait l'expérience. Elle me tapota la main d'un air navré.

-La bonne nouvelle, c'est que vous aurez la note maximale au prochain devoir de potion.

Je plaquais sur mes lèvres un sourire policé. Comment ma séance d'orientation avait pu tourner en présage de mort ? Je regrettais presque d'avoir acheté le calendrier de cette année.

-Je vous remercie professeur, coupa la directrice d'un ton sans appel. Vous pouvez retourner à vos cours.

Trelawney s'inclina et sortit de la pièce. McGonagall se leva et se remit à faire les cents pas derrière son bureau, l'air préoccupée. Quant à moi, je voulais me dissoudre dans l'air.

-Vous savez M. Malfoy, la lecture des feuilles de thé n'est jamais une science très exacte et il est tout à fait possible que le professeur Trelawney ait pris quelques... libertés d'interprétation. Ne vous laissez pas abattre. Il faut continuer à... espérer.

Elle arrêta ses aller-retours pour me considérer pensivement un instant. Puis, elle reprit et sa marche et la parole :

-Que diriez-vous d'une petite discussion avec le choixpeau ? Il est toujours d'excellent conseil.

Elle partit chercher la guenille avant même que je n'aie pu répondre. C'était incroyable de constater à quel point la culpabilité pouvait transformer les gens. Elle revint bien vite et posa le choixpeau sur ma tête. Alors que je m'attendais, comme il y a huit ans de cela, qu'une voix s'élève dans ma tête, un silence étrange s'abattit. Rien. Pas même un murmure.

-L'occlumencie.

McGonagall releva les yeux de la paperasse qu'elle était en train de parcourir en attendant.

-Je vous demande pardon ?

-Je dois d'abord lever le sort d'occlumentie.

Je fermais les yeux en me concentrant : j'avais fourni tant d'efforts pour protéger mon esprit que maintenant, il s'agissait d'un lieu imprenable. Je visualisais une lourde trappe que je devais soulever par l'anneau. Malheureusement, tous mes efforts étaient vains, même en mobilisant le poids de tout mon corps. Impossible. Lorsque j'ouvris les yeux, je vis McGonagall me regarder avec un air soucieux.

-Quand...

-J'avais quinze ans.

Elle acquiesça d'un signe de tête avec une moue réprobatrice.

-Laissez-vous du temps. Entraînez-vous et quand vous vous sentirez prêts, vous reviendrez me voir.

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McGonagall avait fini par me libérer, embarrassée, en me rappelant bien que je pouvais venir la voir à chaque fois que je le désirais. Je n'avais pas encore passé le seuil du bureau qu'une ferme intention était née dans mon esprit : il était hors de question que cette séance de divination improvisée me pourrisse la vie. J'avais finalement raison : il valait mieux que je m'en sorte seul. Je descendais les marches quatre à quatre. Plutôt que de prendre le chemin du cours de botanique, qui devait commencer tout juste, mes pas se dirigèrent vers un tout autre but.

Pour avoir passé toute une partie de ma sixième année dans la salle sur demande, je savais pertinemment quels objets s'y trouvaient. Et l'un d'eux allait m'être particulièrement utile. En effet, dans la troisième rangée vers la gauche, à côté d'un squelette de goule, se trouvait une boule de cristal. Et même si je n'avais pas forcément le don de double vue, je devais pouvoir m'en sortir : ce ne devait pas être si sorcier. Je devais m'y confronter.

«Une boule de cristal, une boule de cristal, une boule de cristal» marmonais-je en passant trois fois devant le mur où était supposé être la porte de la Salle sur Demande. Enfin, elle apparut. Je l'ouvris sans hésiter et me retrouvais plongé dans ce capharnaüm qui renfermait beaucoup de secrets et peut-être certaines des pires heures de ma vie. L'incendie n'avait laissé aucune trace, conformément à mon souhait, elle était redevenue intacte.

Je parcourais avec impatience les rayons. J'allais directement vers la zone que je connaissais le mieux : celui de l'armoire à disparaître. Sur le chemin, un éclat de lumière, vif de cristal. Elle était là, posée sur un coussin améthyste. La fine couche de poussière qui la recouvrait n'altérait pas sa brillance. C'était comme si... elle m'appelait. Je m'approchais et elle se mit à diffuser une douce lumière en se remplissant de volutes dorés. Je la pris dans mes mains tremblantes et vis un visage s'y dessiner.

C'était un homme. Je crus d'abord à mon reflet mais il ne s'agissait pas de cela. Pas exactement. Il ressemblait à mon père, mais en plus âgé encore. Un âge qu'hélas il ne pourra jamais atteindre. Et surtout, il souriait. Une balafre sur la pommette droite, un peu d'embonpoint... Il avait les mêmes fossettes que ma mère... Les mêmes que moi aussi... Ce n'était pas mon image actuelle, mais se pouvait-il que ce soit celle de mes vieilles années ? Je devais avoir quatre-vingt ans... Quelque chose de cet ordre... Minimum !

Je ne pouvais détacher mes yeux de ce vieil homme à l'air débonnaire. J'avais l'air tellement apaisé et heureux ! On imagine bien quelqu'un mourir à cet âge là, mais pas de la manière violente décrite par Trelawney. Je soupirais de soulagement : j'allais vivre ! Les briques de Poudlard pouvaient désormais bien rester scellées les unes aux autres ! La double vue, un don ? Tu parles ! Je n'avais même pas été autorisé à poursuivre la matière après l'examen des BUSE ! Et en dix minutes je déjouais les prédictions d'une voyante ! Un sacrifice ?! C'était vraiment n'importe quoi !

Désormais rassuré, je voulais en savoir plus. Est-ce qu'Hermione était avec moi ? Est-ce qu'elle allait bien ? Est-ce qu'on... était mariés ? Malheureusement, mon talent pour la divination s'arrêta là. Je finis par poser la boule et les poussières d'or disparurent. Je repartis d'un pas léger.

Mais alors, ce sang, cette souffrance, cette mort entourée par la vie, cette gratitude aussi... de qui pouvaient-ils provenir ? D'Hermione ? Je frissonnais : je préférais ne pas y penser. J'allais enfouir cela, bien profondément. Pour la dernière fois, je me le jurais, j'allais lui cacher quelque chose. Mais vraiment, c'était la dernière ! C'était une promesse !

Je rejoignis la classe alors que le cours de botanique allait se terminer. Je m'excusais brièvement et m'installai rapidement à côté de Nott pour rattraper un maximum de cours. Mon regard fut capté par celui de celle que j'aimais. Elle avait une mine soucieuse. Je souris et la mine inquiète disparut.

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«RDV où tu sais, 22h»

-C'est encore une idée de vous ou de Potter ? demandais-je à Nott en lui tendant le bout de papier que je venais de trouver dans mon nécessaire d'écriture.

Ce dernier prit un air passablement étonné.

-Non. Granger s'enhardit on dirait, sourit-il.

-C'est moi qui l'ait glissé là tout à l'heure : elle me l'a donné ce matin dans les toilettes des filles du rez-de-chaussée, répondit Pansy en terminant de rédiger son devoir de métamorphose.

-Chut ! Intima Sturgis Podmore. Une heure d'étude, c'est fait pour étudier !

-Et vous ne pouvez pas simplement faire passer des messages... oraux ? demanda à voix basse un Zabini perplexe.

-Ce serait moins risqué, commenta Nott.

-Certes, mais ce n'est pas assez romantique, enfin ! sourit ironiquement Pansy.

Je souris à mon tour, attendri, tout à fait convaincu que la moquerie et la vérité ne faisaient qu'un. Elle devait brûler de savoir ce que m'avait dit McGonagall.

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J'attendais patiemment au sommet de la tour d'astronomie que les lumières s'éteignent. Caché dans un coin, j'étais à l'affût du moindre bruit suspect.

Soudain, le noir. Il devait être vingt-deux heures et le couvre-feu venait de commencer. Mes yeux habitués, j'entrevis enfin la lune puis les étoiles.

-Drago ? demanda une voix sans corps.

Je sortis de ma cachette.

-Hermione ?

Elle releva la capuche de la cape d'invisibilité, sans doute gracieusement prêtée par Potter. J'allais jusqu'à elle pour l'embrasser en posant mes mains sur ses épaules faites de vide et de froid. Cependant, son inquiétude la fit rompre notre baiser qui déjà s'intensifiait.

-Alors ?

Je pouffais de son empressement.

-Elle voulait me parler d'orientation.

-D'orientation ? Qu'est-ce que tu lui as dit ?

-Que je ne savais pas, souriais-je.

-Et ça lui a suffi ? demanda-t-elle sans y croire.

-Elle m'a proposé l'aide du choixpeau.

-Et il a fini par t'envoyer à Gryffondor ? se moqua-t-elle, bien consciente de mon aversion, sans doute surjouée, pour toute autre maison que Serpentard.

Mon sourire s'élargit, puis, amusé, je dodelinais de la tête avec une mine déçue pour signifier une fausse exaspération.

-Et supporter les blagues lourdingues de Finnigan et Thomas à longueur de journée ?! Merlin m'en préserve : six heures de suite, c'est déjà trop !

Elle pouffa. Ses yeux rieurs me dévisageaient tandis qu'elle me prenait les mains.

-Plus sérieusement.

-Plus sérieusement... Il m'a seulement remercié d'être aussi intelligent et doué : apparemment pour lui, triturer mes méninges, c'est le pied !

Elle leva les yeux au ciel en souriant avec un air exaspéré devant mon expression satisfaite. Elle finit par me lancer un regard lourd de sens, peut-être un peu sévère, m'intimant l'ordre de dire la vérité. Je me perdais dans ses yeux.

-Il ne m'a rien dit.

-Comment ça, rien ?

-Je n'arrive pas à lever le sort d'occlumentie... et c'est très bien comme ça, m'empressais-je de rajouter en constatant que sa mine prenait déjà un air pensif.

Je la pris dans les bras en nous berçant de droite à gauche lentement.

-Ne changeons rien, poursuivis-je, bien conscient qu'elle voulait protester. Ça n'empêche pas de vivre. Je suis très heureux comme ça.

Je sentis enfin son corps se détendre. Elle se dégagea pour me regarder dans les yeux.

-Vraiment. Il n'y a rien à changer, insistai-je. Et nous avons assez souf...

Je ne pus terminer ma phrase car elle avait capturé mes lèvres dans un baiser furtif.

-Ne regrettons rien. Il fallait le faire, reprit-elle d'un air décidé.

J'acquiesçais en baissant les yeux, un peu honteux. Ce n'était pas l'avis de Severus.

-Toi, tu y a pensé ? Demandais-je, comme pris d'une inspiration soudaine.

-A l'orientation ?

-Oui.

-Je pensais... je ne sais pas... Faire du droit...? C'est un milieu tellement sclérosé... Quand je pense que des gens comme Ombrage peuvent y travailler !

-L'administration est en train de faire son propre dépoussiérage, depuis juin.

-Justement, je veux participer à sa reconstruction.

J'acquiesçais en silence. C'était un beau projet, tout à fait à la hauteur de ses ambitions et de son talent.

-Ça va demander beaucoup de travail, de sérieux, d'investissement...

-Mince alors, voilà quelque chose qui n'est pas fait pour te plaire ! rétorquais-je, goguenard.

Elle pouffa.

-Je veux simplement dire que j'aurais peut-être quelques sacrifices à faire...

Entendre ce mot me provoqua une désagréable sensation de bourdonnement dans les oreilles qui me crispa.

-Mais ça ne veut pas dire que je nous sacrifierais nous ! S'écria-t-elle, comme pour se rattraper, se méprenant sur l'origine de mon trouble. Et toi, alors, tu n'as vraiment aucune idée ? relança-t-elle comme pour changer de sujet.

-Pas vraiment. Je sais que je suis bon en potion, je sais que je veux être utile aux autres...

Le sang, la souffrance, la mort entourée par la vie, la reconnaissance. Soudain, une intuition, comme un fil qu'on tire pour dénouer un nœud, comme une feuille qu'on défroisse ou la page d'un livre qu'on retrouve.

-Médicomage, affirmais-je d'une voix sûre.

Pas si mauvaise que ça, la Trelawney, finalement. Au moins, elle avait lu les signes. L'interprétation en revanche était à revoir. Allez, mettons lui un A pour Acceptable.

-Médicomage ? C'est super ! Sourit Hermione, pleine d'entrain.

J'acquiesçais, flottant sur un petit nuage, plein d'une énergie nouvelle et d'un soulagement sans borne.

-Ce sera aussi beaucoup de travail, remarqua-t-elle après un temps, d'une voix inquiète.

-On y arrivera, répondis-je en feignant la certitude.

Je la pris dans mes bras et me perdis dans sa chevelure. Il fallait qu'on y arrive.