Bonjour à tous/tes,

A l'image des chapitres M précédents, les passages "M" sont délimités par "MMM" au début et à la fin. Bonne lecture !

31 - «Personne pure, ombre divine, Qu'ils sont doux, tes pas retenus !» («Tes Pas», Valéry)

Théodore,

C'est que... j'habite loin du centre. Retrouvons-nous plutôt au métro Piccadilly Circus. 10h, donc. Est-ce que tu voudrais faire quelque chose en particulier ? Cinéma ?

Je t'embrasse,

Abigail.

Ben oui, pas question de transplaner avec elle, gros malin. 1h30 de transport en commun à travers la banlieue pavillonnaire... Il y avait mieux comme début de premier rendez-vous ! Il devait vraiment apprendre à penser comme un moldu !

Nott sourit intérieurement. Le cinéma, hein ? Il ne savait pas grand chose du monde des moldus, mais ça, grâce à Malfoy, il savait pertinemment ce que ça voulait dire.

000

Pansy, qui s'inquiétait pour Nott, insista pour que nous allions tous au manoir dès le vendredi soir. En effet, malgré l'assurance apparente de ce dernier, nous sentions une certaine fébrilité. Il passait son temps à la bibliothèque, potassant je ne sais trop quoi jusqu'à une heure tardive.

Ainsi, nous resterions ensemble une semaine, Harry, Ron et Ginny nous rejoignant le lundi. Ensuite, chacun rejoindrait sa famille. Je n'avais pas encore décliné l'invitation des Weasley... J'allais devoir m'armer de courage pour le faire... ou mentir.

Pour cette semaine, Hermione nous avait concocté un programme de révision pour les ASPIC ayant lieu dans deux mois. Il avait été accueilli avec enthousiasme par Blaise, contaminé par le stress de la Gryffondor. Je l'avais entendu toute cette dernière semaine faire des cauchemars au sujet des épreuves. Tantôt il se présentait nu aux épreuves, tantôt il oubliait son chaudron pour son travail pratique de potions ou subissait le sortilège de bloclangue lors de son oral de métamorphose.

Aussi, il fut ravi de savoir que les révisions devaient commencer dès le vendredi soir. Je fus surpris de constater que les autres adhéraient au projet sans rechigner. Nott devait avoir d'autres chats mentaux à fouetter. Quant à Pansy, sa flemme légendaire rendait son silence bien mystérieux. Je soupçonnais que le stress de Blaise avait fini par la mettre à bout et que tous les moyens seraient bons pour faire cesser ses plaintes.

Aussi, nous mangeâmes frugalement et nous mîmes automatiquement au travail, sur la table du hall.

J'essayais de relire mon cours d'histoire de la magie sans succès, toutes mes capacités de concentration étant happées par le reflet mordoré des cheveux d'Hermione produit par le feu de cheminée. Ses cheveux que j'allais sans doute embrasser, délicatement saisir, recoiffer ou décoiffer au gré de mes caresses, dans une heure ou deux. En tous cas, tout mon corps l'espérait.

Elle était assise en face de moi et faisait réciter à Blaise, qui était à côté d'elle, le soin aux créatures magiques avec une patience infinie. N'y tenant plus, je me réinstallais sur mon siège et plaquais ma jambe contre la sienne.

-Pardon, répondit à cela Zabini qui décala sa jambe en lançant un regard furtif sous la table.

Loupé.

Pansy, qui n'était jamais dupe de rien, éclata d'un rire silencieux en se cachant derrière son manuel d'astronomie, sous le regard interrogatif de Nott. Mais qu'à cela ne tienne, je me remis en chasse. Ses jambes... auraient dû être là ! Je réalisais alors qu'elle avait dû les croiser sous son siège. Malédiction. J'allais vraiment devoir attendre.

Je délaissais alors l'histoire de la magie pour m'intéresser à leur jeu de questions-réponses. Avoir un minimum interaction avec elle allait tromper mon ennui et mon envie d'elle.

Nous finîmes une bonne heure plus tard. Pansy, Blaise, Hermione et moi décidèrent d'un commun accord de monter nous coucher tandis que Nott, s'installant dans un fauteuil près du feu, allait lire encore un peu. C'était simple : il allait sans doute être incapable de dormir de la nuit.

MMM

Elle finissait de se brosser les dents dans l'étroite salle de bain de ma chambre. De notre chambre (!). Nos regards se croisèrent à travers la surface tachetée du petit miroir suspendu au dessus de la vasque. Elle me sourit et se retourna lentement vers moi. J'étais adossé contre une des colonnes salomoniques de notre lit à baldaquin. Elle s'approcha de moi à pas mesuré en me regardant intensément, la bouche légèrement entrouverte. Marcher ainsi vers moi, posément, avec retenue, malgré le feu qui brûlait dans son regard lui conférait une sensualité folle. Je ne bougeais pas, ne voulant pour rien au monde écourter mon attente car ce spectacle était peut-être l'un des plus époustouflants que j'aurais à voir de ma vie.

Elle arriva enfin à moi. Toujours avec lenteur, elle prit mon visage de ses deux mains et le caressa. Je fermais les yeux car tout ceci était décidément trop doux. Je ne pus retenir un soupir de bonheur. Je finis par saisir ses mains pour les embrasser l'une après l'autre puis je les plaçais derrière mon cou pour l'y suspendre. Alors, à mon tour, je prenais le temps de caresser son joli visage. Elle ferma les yeux et se mit sur la pointe des pieds. Cependant, elle restait encore trop petite pour réussir à capturer mes lèvres alors je parcourais le reste du chemin jusqu'à sa bouche.

Ce simple contact suffit à me procurer une intense bouffée de chaleur. Progressivement, son baiser gagnait en intensité. Elle se cambra pour se presser contre moi tandis que je la serrais toujours plus fort dans mes bras. Elle essayait désespérément de se mettre à ma hauteur en se hissant sur la toute extrémité de la pointe de ses pieds et s'appuyant sur mes épaules. Alors, je me baissais pour la porter dans mes bras. Plus haute désormais, elle passait ses mains dans mes cheveux en continuant à m'embrasser. Ses jambes enroulées autour de mes hanches, son corps toujours plus proche du mien me rendirent fou de désir.

Je m'assis sur le lit en la gardant précieusement à califourchon sur mes genoux. Les mains libres, je pus enfin parcourir l'extérieur de ses cuisses, ses fesses et son dos, jusqu'à me perdre dans sa chevelure. Elle plaça ses mains sous mon pull et ma chemise et entreprit de parcourir ma peau avec tendresse. Comme un rituel, je me raidissais de sentir ses mains aussi froides sur mon corps qui brûlait pour elle. Mais bientôt elles se réchauffèrent et tout ce qu'elles touchaient ne pouvaient désormais me soutirer que des soupirs. Après une exploration minutieuse, elle me retira d'un geste mon pull. Je fis de même pour elle. Elle s'intéressa alors à ma cravate dont elle fit lentement coulisser le nœud en me regardant dans les yeux avec un sourire mutin. Je l'embrassais alors sur les joues et le nez en réservant à sa cravate le même sort subi par la mienne.

Enfin, nous nous attaquâmes au dernier rempart entre nos peaux nues : les chemises. Elle défit mes boutons, les uns après les autres toujours avec cette sensualité qui me faisait fondre. Je me retenais de la faire basculer sur le lit pour accélérer les choses. Je le sentais : elle voulait prendre la situation en main. Comment, je ne savais pas trop, mais je lui faisais confiance. Lorsqu'elle eut terminé de s'occuper de mes boutons, d'une caresse, elle fit tomber le vêtement sur le lit. Je le retirais complètement. Du bout des doigts, elle effleura mon torse au hasard et embrassa mon cou. Je fermais à nouveau les yeux, la tête en arrière, grisé par les sensations. Je repris finalement mes moyens et mes caresses sur ses épaules pour en arriver aux boutons de sa chemise. Alors que j'avais délié les trois premiers et que j'arrivais à la hauteur de son soutien gorge, j'entrepris d'embrasser ce que ce dernier voulait bien me céder.

Ce fut à son tour de fermer les yeux en s'agrippant à ma peau. Elle eut un ou deux mouvements de bassins incontrôlés contre l'endroit où mon désir se manifestait de la manière la plus évidente et cela m'arracha un gémissement presque douloureux. Je la libérais de sa chemise de la même manière qu'elle l'avait fait pour moi. Toujours en embrassant sa poitrine, je dégrafais au hasard son soutien gorge, après quelques essais infructueux. Je le fis tomber devant elle en caressant délicatement ses épaules. Alors, je découvrais, toujours avec émerveillement, ses seins fermes, joliment ronds. Ils étaient parfaits et semblaient être conçus pour tenir dans mes mains. A moins que ce ne soient elles, creusées en coquilles qui avaient été créées pour eux. Et ses clavicules pour ma bouche ou ma bouche pour elles et pour tout ce qui était à ma portée : son cou, sa mâchoire, ses joues, ses lèvres.

Ses mains sur mes épaules, elle me poussa légèrement et je me laissais tomber sur le matelas avec douceur. Elle me rejoignit pour m'embrasser. Les pointes de ses seins, jouant contre les reliefs de mon buste, me chatouillaient. J'essayais de me contenir car rien que cette sensation aurait pu me faire arriver au bout. De mes bras, je voulus la rapprocher davantage pour sentir contre moi la chaleur et la douceur de son corps mais elle résista. A la place, elle se releva et entreprit de défaire mon pantalon. Bien vite, Je me retrouvais en caleçon, le pantalon retroussé à mes chevilles. Je me contorsionnais pour l'enlever complètement quand soudain on frappa à la porte.

Nott. C'était forcément lui. Ce... crétin ! Je me laissais retomber sur le lit, las et irrité, essayant de reprendre contenance en passant mes mains sur mon visage. Vraiment, il exagérait, à cette heure. Et il n'était pas idiot...! Hermione, quant à elle, s'était pétrifiée, son soutien-gorge qu'elle n'avait pas encore tout à fait retiré replacé vivement là où il devait être.

On frappa une nouvelle fois, un peu plus fort cette fois-ci.

-Je peux ? demanda une voix étouffée par la porte.

-Non !

Malgré l'interdiction, la porte s'entrebâilla. Il passa sa tête.

-Malfoy ?

-Mais... Nott !

-Granger ?!

-...

-Malfoy !

-Nott ! Si on te répond «non»...!

-J'ai cru entendre «oui», répondit-il simplement, nullement choqué.

-Ferme la porte bon sang !... J'arrive.

Alors il recula sa tête et tira la poignée jusqu'à enclencher.

Il était vraiment pas possible !

Je me redressais en essayant de combattre la mortification que je pouvais ressentir. Le bras gauche tendu en arrière pour me soutenir, de ma main droite je caressais la joue de la statue de sel qui reposait toujours sur mes genoux.

-Je suis désolé... J'y vais... Je reviens vite, assurais-je en embrassant ses clavicules.

Elle ne bougea pas, toujours figée. Alors, avec le plus de douceur possible, je repositionnais correctement son soutien gorge, maintenu par ses avant-bras, et l'agrafais.

-Je suis sûr qu'il n'a rien vu, mentis-je en caressant doucement son omoplate du bout des doigts.

Par rapport à lui, elle était de dos, donc, en théorie, son... anatomie avait du lui échapper. En revanche, la situation avait du lui apparaître on ne peut plus clairement. S'il avait frappé ne serait-ce que cinq minutes plus tard...!

Puis, brusquement, toujours dans un silence profond, pour ne pas dire buté, elle pivota brusquement pour s'asseoir sur le matelas, recroquevillée sur elle-même, ses bras enserrant ses genoux repliés contre elle.

-Tue le pour moi, finit-elle par dire, un peu sèchement.

-J'y veillerai, souriais-je en embrassant sa tempe, comme à chaque fois que je la quittais.

Je remis mon pantalon à la hâte en passant seulement mon pull et ma robe de chambre pour affronter le froid du couloir.

MMM

-T'es sérieux ?! grondais-je à mi-voix devant la porte que je venais de refermer délicatement.

-Je sais, je sais, pardon ! Écoute, ça craint !

Je l'observais un instant puis soupirais, vaincu. Je savais la tempête mentale qu'il devait traverser : lui et moi, nous n'étions pas si différents. Il était plus sûr de lui et se posait sans doute moins de questions que moi, mais face à ce genre de situation, même lui était en droit de trembler.

-Tu veux un thé ?

Alors que nous étions sur le point de descendre, nous entendîmes une porte s'ouvrir et grincer. Je devrais renouveler le sort antigrincement des gonds. Demain.

-Qu'est-ce que vous complotez ? chuchota Blaise.

-Nott trouve que ça craint.

-J'arrive ! En une fraction de seconde, il avait revêtu sa robe de chambre et nous avait rejoint pour descendre les escaliers.

000

-Alors Nott, qu'est-ce qui craint ? demandais-je avec un fond de mauvaiseté dans la voix : j'avais beau le comprendre, je ne lui pardonnais pas l'intrusion. Le thé était prêt et je le servis d'un coup de baguette magique.

-Demain, j'ai rendez-vous...

-Oui... ? le pressais-je en pensant à Hermione en sous-vêtements dans notre chambre.

-Avec une moldue, Malfoy ! Tu te rends compte ! Mon père... Comment faire ?

Je passais une main nerveuse dans mes cheveux. Décidément, lui ou moi, même combat.

-Ton père, mon père, tu sais bien qu'on les emmerde !

-Facile à dire : le mien n'est pas à Azkaban !

-Il n'y a pas trente-six solutions : il faudra mentir... raisonnais-je.

Mentir dans notre cas, ce devait être une seconde nature. Rien de nouveau sous le soleil.

-Je sais, répliqua l'intéressé. Mais comment ? A quel point ? Tout me paraissait clair mais maintenant... Je ne sais plus... C'est pour ça que j'ai besoin de votre aide. Il va falloir bien ficeler notre histoire.

-Tu ne veux pas attendre avant de réfléchir à tout ça ? Vous n'avez même pas encore eu votre premier rendez-vous ! Remarquais-je.

-Non. Je préfère réfléchir pour rien plutôt que pas assez.

J'acquiesçais silencieusement en buvant une gorgée de thé. Je le reconnaissais bien là : aucune place ne devait être laissée à l'improvisation.

-Tu sais, la meilleure façon de mentir, c'est l'omission, énonça Blaise comme une vérité générale. Pourquoi vouloir parler d'elle à ton père ?

-Pour la même raison qui va pousser Malfoy à rendre une petite visite aux Greengrass.

-Tu es engagé toi aussi ?! Qui ?

-Ma cousine.

-Millicent Bulstrode ?

-Oui.

-Mais non ! s'exclama Zabini, surpris. Je pourrais bien me forcer avec Astoria mais avec Millicent ! Tu imagines ?

-Je... préfère pas.

-D'ailleurs, vous en êtes où vous ? demandais-je à Blaise, curieux.

Le hasard avait bien fait les choses pour Blaise et Pansy dont les familles s'étaient justement entendues pour les engager et ce, avant leur naissance.

-Eh bien... On... s'est fiancés, répondit-il avec un sourire malicieux.

-Quoi ?! S'exclama Nott tandis que je m'étouffais avec une nouvelle gorgée de thé.

-Ce n'était pas le projet initial de nos parents. Ils voulaient attendre pour nous laisser la possibilité de rompre l'engagement si nous ne tombions pas amoureux. Mais... nous leur en avons parlé et ils ont accepté. Ils sont aux anges, sourit-il.

Tu m'étonnes ! Je piaffais intérieurement : si seulement les Greengrass pouvaient avoir la même souplesse que les Parkinson et la mère de Zabini !

-Depuis quand ? Poursuivis-je.

-Les vacances d'octobre.

-Et qu... quand ...?

-Mars prochain.

-Plus d'un an... Ce sont de longues fiançailles... pensais-je à voix haute.

-Nos parents veulent faire les choses en grand... Je... ne savais pas comment vous le dire...

-Trop heureux de te donner cette occasion, grogna Nott.

Je souris, plein d'envie. C'était toujours tellement plus simple pour les autres.

-C'est bien, commentais-je et Blaise sourit à son tour, rayonnant de bonheur.

Un temps contemplatif passa mais il fallait revenir au sujet principal :

-Honnêtement, tu embobines ton père comme tu veux. Tu lui présentes Abigail comme étant une Sang-Pur de... Norvège... Proposais-je.

-Elle est petite et brune.

-De... France...

-Mon père parle couramment le français.

-D'Italie ?

-Il connaît bien l'Italie...

-D'Espagne ?

-Va pour l'Espagne... Mais comment je justifie ce mensonge auprès d'Abigail ? Elle va pas jouer des castagnettes tout un week-end ! Elle va me prendre pour un taré ! Et s'il lui demande d'user de la magie ? Et elle, comment va-t-elle réagir en découvrant la magie ?

-Il y a plein de couples mixtes, contra Blaise.

-Oui, on peut demander à Dean Thomas ce qu'il en pense ! Répliqua Nott avec emportement.

Un silence, contrit cette fois-ci, s'abattit sur nous.

-Ils ne doivent pas se rencontrer, réalisais-je. Pour elle, on te créera une identité, une histoire... On dira que tu es... brouillé avec ta famille, ou orphelin. De temps en temps on te servira d'amis moldus pour justifier tout ça.

Nott acquiesça.

-Merci.

- Et tu dois pouvoir refuser une alliance avec les Bullstrode sans évoquer Abigail. Il faut juste trouver une bonne excuse, reprit Blaise.

-Mais quoi ? Je cherche depuis trois semaines !

-Prenons le temps de réfléchir, répondis-je pour calmer le jeu. Ça n'urge pas pour l'instant. Fais-toi distant vis à vis de ta famille. Évite les Bullstrode.

-J'ai un repas dans deux semaines chez eux...

-Dis que tu es malade ! On peut demander à Weasley ! Je suis sûr que son frère a quelque chose pour nous ! Suggéra Blaise.

-Tu sais ce que pense Millicent ?

-Le mariage la dégoûte.

-C'est un bon point ! Contrairement à Astoria qui bave devant Malfoy ! Se moqua Blaise.

-Écoute Nott, continuais-je, sérieux. Tu t'en sortiras. On s'en sortira ! On est dans le même bateau ! Il est hors de question qu'on nous impose quoi que ce soit ! Enfin, on est plus au XVIIIe siècle ! Et on sauvera Millicent au passage ! Voyons déjà comment se passe ton rendez-vous de demain. Disons que nous pouvons faire traîner cette histoire pendant... un an, où on ne dit rien à personne. Ça nous laisse du temps pour trouver une solution. Si ça se corse et bien... tu diras que tu pars en voyage pour tes études et je t'héberge. Il y a de la place ici !

Blaise et Nott acquiescèrent en silence, pensifs.

-Je persiste à croire qu'elle pourrait très bien vivre en connaissant la magie...

-C'est un monde dangereux, Blaise ! On est bien placés pour le savoir ! Mon père Mangemort est sans doute la pire chose qui puisse lui arriver !

Zabini pouffa avec dédain :

-Comme si leur monde était dénué de violence !

-Mais elle n'aura aucune arme pour se défendre contre des sorciers !

-Tout comme la majorité des moldus face à leurs guerres. Nott, tu sauras la protéger.

-Et tu ne pourras pas lui cacher ce secret toute ta vie, ajoutais-je en connaissance de cause.

Nott soupira, le visage enfoui dans ses mains, accoudé sur la table. Il reprit après un temps :

-D'accord, un jour... mais pas tout de suite. Je ne veux pas lui faire peur.

-Laisse-toi un an, répétais-je.

-Un an, répéta-t-il, comme pour se faire à l'idée.

-Un an c'est raisonnable, ponctua Blaise.

MMM

Nous montions les marches pour retourner nous coucher. J'usais de toute ma patience pour ne pas montrer mon empressement.

Elle était recroquevillée sur son flanc gauche au-dessus des couvertures, endormie. En sous-vêtements, elle avait dû m'attendre. Je souris et pris un temps pour la contempler, attendri. Puis, je la soulevais pour la glisser sous les couvertures en prenant soin de ne pas la réveiller. Je me remis en caleçon et la rejoignis. L'idée était de reprendre là où nous nous étions arrêtés à son réveil, si elle le voulait.

Mes mouvements autour d'elle avaient du la sortir du sommeil car dès que je me fus couché, elle se blottit contre moi. Sur le dos, je passais un bras sous son cou pour pouvoir caresser avec légèreté son épaule. Elle embrassa ma joue dans un geste encore engourdi de sommeil.

-Qu'est-ce qu'il voulait ? demanda-t-elle d'une voix pâteuse.

-Demain, il a rendez-vous avec une fille...

-Une fille ? Dans sa voix perçait la curiosité. Elle émergeait.

-Oui... une moldue...

-Une moldue ?! Elle s'était redressée sur ses avant-bras, parfaitement réveillée.

-Il l'a rencontrée pendant notre stage d'observation de novembre...

-Oh, ce stage...

Et elle enfouit son visage dans le traversin. Je pouffais :

-Quoi, «ce stage» ?

-Où j'ai failli tout gâcher... Si je m'étais écoutée...

-Ça aurait été différent... et différent, c'est peut-être moins bien... lui soufflais-je dans l'oreille.

Je me décalais pour la laisser complètement reposer sur le ventre et me positionner en partie sur elle. J'avais ainsi la voie libre pour embrasser ses omoplates et caresser ses deux épaules. La douceur et la chaleur dégagée par sa peau réveillèrent mon désir une nouvelle fois. D'un geste vif, elle pivota sa tête de manière à ce que je puisse la voir de profil.

-Tu es heureux ? me demanda-t-elle.

Je souris de cette question soudaine et incongrue : comme si la réponse n'était pas évidente ! Je repris mes baiser en descendant dans son dos tout en caressant ses bras. Je ponctuais ainsi ma réponse :

-Je ne dirais pas... qu'il n'y a pas d'ombre sur le tableau... commençais-je. Mais... Quand je suis avec toi... alors... tout disparaît.

Je n'osais en dire plus, mais l'image de Pansy et Blaise mariés en mars me traversa l'esprit. Je vis un sourire se dessiner sur ses lèvres zébrées de mèches indomptables. Elle se retourna doucement pour me faire face. Soudain, une bouffée d'affection, un besoin impérieux d'elle me prit. Alors je me rapprochais de son oreille :

-Je t'aime, lui soufflais-je.

C'étaient des mots qui me brûlaient la langue et qui tombaient en cascade, comme si ma bouche en était pleine. J'aurais pu lui dire une centaine de fois peut-être.

Elle me répondit en m'embrassant.

Elle caressait mon visage et mes cheveux et descendit progressivement dans mon dos. Mon désir pour elle était tel qu'elle ne pouvait plus ignorer sa manifestation, pointant contre elle. Je baissais les bretelles de son soutien gorge en embrassant sa poitrine. Elle se cambra en soupirant d'aise alors j'entrepris de caresser ses seins, malgré le tissu qui les recouvrait. Elle se redressa en position assise et je m'agenouillais devant elle, comme on pourrait le faire devant une divinité. Elle retira le vêtement en me regardant avec désir. Je perdais alors mes mains dans sa chevelure en embrassant avec ferveur sa poitrine, comme une offrande à ma déesse. Cette dernière, en réponse, laissait échapper des soupirs de plaisirs. Je m'attendais à ce qu'elle se recouche mais elle se redressa à son tour sur ses genoux et me repoussa à nouveau de manière à ce que je bascule en arrière. Ainsi, je me laissais tomber sur mes fesses. Elle avait décidément une idée en tête et cela me plut, définitivement. A califourchon sur moi, mon membre pressé contre elle tressauta de désir. Je ne pus réprimer un gémissement de plaisir.

Encouragée par cela, Hermione se mit à lentement onduler contre moi. Je ne devais pas me laisser partir ! Pas comme ça ! Alors, pour reprendre contenance, j'entrepris de glisser mes mains dans son dessous pour le faire descendre. Elle amorça le même mouvement pour moi alors nous nous séparâmes un instant pour retirer tout ce qui pouvait nous encombrer. Je me rassis, attentif à ce qu'elle voulait, me sentant un peu penaud dans ma nudité face à elle qui était si déterminée, si fougueuse et aventurière ! Elle se rassit sur moi et je l'accueillis avec moult caresses sur l'ensemble de son corps, partant de ses cuisses et remontant le long de ses hanches, de ses côtes, de ses seins jusqu'à ses épaules alors qu'elle continuait à onduler pour mon plaisir.

Entre deux soupirs, une illumination. Je m'écartais légèrement et ma main droite partit à la conquête de cette petite boule de chair trouvée lors de notre dernière fois. Il suffit que j'effleure l'intérieur de ses cuisses pour qu'elle se cambre violemment dans un gémissement sonore. Après un temps de tâtonnement assez court dans cette chaleur divinement humide, je trouvais ce que je cherchais et la caressais doucement, anticipant déjà le moment où j'entrerais en elle. Elle empoigna délicatement ma longueur pour faire de timides va et viens, trop légers pour que je sente grand chose. Alors, je positionnais ma main libre sur la sienne pour lui montrer la pression qui me convenait. Elle serra davantage et j'allais peut-être venir lorsque soudain, ses gémissements se firent plus sonores. Elle arrêta ses mouvements autour de moi et s'accrocha à mes épaules. Son bassin commença alors à onduler de manière désordonnée.

-Viens ! Me chuchota-t-elle d'une voix presque suppliante.

Aussitôt, j'arrêtais mes caresses en chuchotais le sort protecteur. Elle se positionna alors sur ma longueur pour me faire pénétrer son corps lentement. C'étaient de toutes nouvelles sensations qui s'offraient à moi et je compris alors que je ne tiendrais pas longtemps, même avec la meilleure volonté du monde. Elle se remit à onduler. Je la sentais se contracter autour de moi alors qu'elle poursuivait ses lents mouvements. Elle me regardait dans les yeux mais je ne sus pas soutenir son regard de braise : la chaleur, le plaisir étaient si forts que je dus les fermer. Je la serrais contre moi avec force en me perdant dans sa chevelure. Alors, elle accéléra ses mouvements. J'explosais comme jamais ça ne m'était arrivé et je ne pus retenir une exclamation. Elle aussi emporté par son plaisir, continua encore quelques secondes jusqu'à ce qu'elle vienne à son tour, la tête en arrière, certaines mèches collées à sa peau lui donnant un air sauvage. Elle était magnifique.

MMM

Une odeur vint troubler le réveil de Pansy alors qu'ils étaient tous les cinq assis paisiblement autour de la table du petit-déjeuner.

-Il y a une odeur, non ?

-Une odeur de quoi ? demanda Blaise.

-De parfum d'homme... C'est toi Malfoy ?

Ce dernier sursauta et réagit épidermiquement.

-Non ! Protesta-t-il vivement avec une expression de dédain sur le visage. Enfin... reprit-il la seconde d'après, plus calme, après une brève remise en question, C'est seulement l'après rasage de d'habitude... Et il renifla ses mains et son col de chemise. Finalement, il eut une moue d'incompréhension, visiblement agacé.

-Ce n'est pas le parfum de Blaise, remarqua la brune, sur les nerfs.

-Certainement pas ! S'esclaffa ce dernier, sûr de lui.

Alors, d'un même mouvement, ils se retournèrent tous vers Nott.

-Je voulais seulement essayer quelque chose, s'expliqua-t-il, irrité.

-Si je le sens d'ici, j'imagine même pas Abigail ! C'est pas possible ! Va te rincer ! T'es au courant que si elle est inconsciente, c'est pas légal ?!

-T'es pas obligée de le dire comme ça ! S'emporta-t-il.

Les Serpentards se regardèrent tous en chien de faïence, prêts à s'entre-tuer.

-Je crois qu'on est tous stressés et inquiets pour Théodore, osa Hermione. Mais ça va bien se passer, rassura-t-elle, il n'y pas de raison.

-Ah oui, tu as raison, ça doit être ça, remarqua Pansy d'un air pensif, se réinstallant confortablement sur son siège, apaisée, comme si de rien n'était.

Drago avait les yeux plissés, semblant analyser ce que venait de dire la Gryffondor. Il hochait légèrement la tête, comme s'il approuvait. Quant à Nott, il sourit.

-C'est gentil, remarqua-t-il et alors ils pouffèrent tous de concert.

Hermione soupira en levant les yeux au ciel : ces quatre-là étaient vraiment de sacrés inadaptés sociaux. Drago lui lança un regard interrogatif en lui caressant légèrement l'épaule. Elle fit un signe négatif de la tête en souriant et il lui rendit son sourire pendant que Nott remontait dans sa chambre.

000

Nott passait de l'eau sur son cou et son visage pour se défaire de la fragrance.

Je t'embrasse,

Abigail

«Je t'embrasse» ?! Est-ce que c'était au sens propre ou au sens figuré ? Est-ce que c'était une simple bise ou... autre chose ? Il y avait tant de manières d'embrasser ! Depuis qu'il avait reçu ce mail, Nott avait beau réfléchir, il ne trouvait pas de solution. Et il savait, que malgré tous ses efforts pour résoudre ce problème, il n'y arriverait pas... car, de solution, il n'y en avait tout simplement pas.

D'un côté, leur longue discussion lui laissait l'impression de la connaître depuis des temps immémoriaux. Ils avaient plongé si loin déjà dans les profondeurs de l'autre qu'il croyait pouvoir cartographier son caractère et ses aspérités bien mieux que certains couples ne pouvaient le faire après dix ans de mariage.

Et d'un autre côté... Il ne s'étaient jamais vus ! Il y avait toute cette part qui lui échappait parfaitement.

Nott capta son propre regard dans le miroir. Il l'embrasserait. Non. Si. Impossible de savoir ! Alors, il fallait s'en remettre au hasard. Il prit un gallion dans sa poche. Pile, il l'embrasse, face, il ne l'embrasse pas. Il lança le gallion, le rattrapa puis le posa à plat dans son autre main. Pile. Bon, ça méritait quand même confirmation. Il renouvela l'opération : pile. Mais non, ce n'était pas possible ! S'exclama-t-il en son fort intérieur, une bouffée de stress le submergeant.

-Nott, c'est l'heure ! Cria Pansy depuis le hall.

Il sortit de la salle de bain précipitamment en s'essuyant le cou d'une serviette qu'il posa négligemment sur le lit. Il passa le pull qu'il avait choisi depuis une semaine pardessus sa chemise. Bon. S'il y a un nombre pair de marches pour descendre jusqu'au hall, il l'embrassait. Si non, rien. Il descendit quatre à quatre les marches. Quatre-vingt sept. Impair. Mais est-ce que les trois petites marches qui menaient au couloir donnant sur les chambres comptaient ou pas ? Car dans ce cas il y en avait quatre-vingt-dix. Pair. Malédiction.

-Tu transplanes au terminus Elephant and Castle. Tu prends le métro... C'est la ligne marron clair ! Picadilly Circus, c'est le cinquième arrêt ! Lui expliqua Pansy avec empressement en lui tendant son manteau alors qu'il venait de descendre la 87ème marche. Non 90ème. Il ne savait pas.

-Je pense qu'il sait déjà tout ça lui dit doucement Blaise en la prenant par les épaules.

Nott s'efforça de sourire gentiment en se saisissant de son vêtement.

-Merci.

Il sortit et transplana dès qu'il eut descendu le perron. Treize marches.

Il atterrit dans une ruelle sombre puis, il se dirigea vers le quai. Si le métro avait ses minutes d'attente affichées impaires, il l'embrassait. Sinon, rien. Quatre minutes... Les quatre minutes passèrent... Le métro arriva avec un peu de retard. Une minute exactement. Cinq minutes d'attente, donc. Est-ce que ça comptait ou pas ? C'était à se rendre fou ! Pourquoi le monde n'était-il pas aussi exact que lui ?

Il monta et patienta. Il n'avait pas le cœur à s'asseoir. Les cinq arrêts défilèrent rapidement. Beaucoup trop rapidement. Il descendit de la rame et monta les escaliers à l'aide de ces merveilles qu'étaient les escalators. Il avait précisément dix minutes d'avance alors, il regarda passer les moldus. Ils avaient l'air bien moroses, pour un samedi matin. Une forme humaine allongée sur des cartons et recouverte de couvertures se trouvait dans un coin. Les moldus passaient devant avec indifférence. Est-ce qu'il était... mort ? Nott frissonna sans oser se rapprocher.

Ils étaient peut-être cinq à attendre devant la bouche de métro. Est-ce qu'elle arrivait par la rue ? Ou par le métro ? Soudain, il remarqua une jeune femme marcher dans sa direction depuis le trottoir d'en face, souriant. Est-ce que c'était elle ? Il s'était rendu compte, hélas, que le souvenir de son visage lui échappait en grande partie. Il se souvenait de ses yeux clairs, il se souvenait de ses longs cheveux noirs et lisses mais le reste était enfoncé dans de la brume. La jeune femme continuait sa progression sans le quitter des yeux. Elle était quand-même plus petite que dans son souvenir et ses cheveux était plus courts et ondulés... Mais après tout, ce pouvait bien être elle. Comme elle lui sourit, il sourit à son tour. Comme elle levait les bras pour l'enlacer, il leva les siens aussi.

Alors que la distance qui les séparait était largement réduite, il fit un pas vers elle mais elle s'écarta vivement, avec air apeuré et confus sur son visage. Elle décrivit un bel arc de cercle de bien deux mètres de rayon pour lui échapper.

-Y a vraiment des malades, l'entendit-il dire à son amie qui se trouvait derrière lui et qui la reçut dans ses bras alors qu'elles s'engouffraient dans le métro.

Bon. Ce n'était pas elle. Ce n'était pas grave.

-Théodore ? Souffla une voix, provenant d'une capuche beige bordée de fourrure synthétique.

C'était l'une des personnes qui attendait depuis au moins un quart d'heure avec lui.

-Oui ?

-Tu n'as pas froid ? Je meurs de froid.

-Ça va.

Nott lorgna discrètement vers la silhouette emmitouflée. Elle avait mis une jupe et un collant léger. Évidemment qu'elle avait froid.

Alors, dans un mouvement brusque, elle bondit littéralement pour le prendre dans ses bras. D'abord surpris, il se ressaisit bien vite et l'encercla de ses bras. Elle frissonnait. Vraiment, qu'elle idée de s'habiller ainsi ! Ce début de mois d'avril se faisait vraiment frais cette année. Alors, d'abord motivé par une raison plus pratique que romantique mais non moins amoureuse, il ouvrit son manteau et emmitoufla sa douce ingénue avec lui. Elle releva la tête pour lui sourire. Il sourit à son tour et alors qu'il baissait la tête pour la regarder, elle lui vola un baiser furtif. Il se figea, surpris une nouvelle fois puis, lâchant enfin prise, il se pencha légèrement pour l'embrasser, pour de bon cette fois.

Ceci était désormais une affaire réglée.