Hello !
Avis à la population qui ne souhaite pas lire de passage M-rated : passez votre chemin pour ce chapitre x) Je vous ferai un résumé au début du prochain chapitre, car néanmoins, l'histoire avance x) A samedi !
36- (M) «Bele amie si est de nus, Ne vus sanz mei, ne mei sanz vus»
(Belle amie, ainsi en est-il de nous : ni vous sans moi, ni moi sans vous !)
(«Le lai du Chèvrefeuille», Marie de France, XIIe siècle)
La dernière semaine de vacances passa à une vitesse folle. Avec Arthur, nous avions fait au total quatre aller-retours pour comprendre ce qu'impliquait l'association des Greengrass aux Malfoy, mais aussi pour maîtriser la législation moldue, très différente de celle sorcière.
Nous nous accordâmes tout de même un week-end bien mérité qui se déroula exactement de la même manière que ne l'avait été le week-end précédent. Le samedi, l'ensemble de la famille s'était de nouveau réunie pour le midi et une partie de Quidditch s'était improvisée, sans surprise. Ginny voulait une revanche et nous constituâmes les mêmes équipes que la semaine précédente pour tenter de nous départager. Bien sûr, cela se solda de nouveau par un match nul au grand dam de tout le monde, tantôt par pur esprit de compétition, tantôt par simple souci de tranquillité.
Charlie, soucieux de la paix sociale, avait même proposé de déclarer forfait pour notre équipe et proclamer nos adversaires vainqueurs mais la jeune rousse n'en démordait pas : elle voulait nous battre loyalement à plate couture. Je supposais alors que si je revenais après les ASPIC, comme me l'avait suggéré Mme Weasley, la Gryffondor réclamerait une nouvelle revanche. Cela ne me dérangeait pas. Au contraire, c'était drôle de la voir enrager pour si peu.
De retour à Poudlard, les quelques semaines qui nous séparaient des ASPICS filèrent tout aussi vite. Les Serpentards, mélangés aux Gryffondors, passaient le plus clair de leur temps à la bibliothèque pour réviser. Je pense que seuls Nott et moi étions sereins. Je savais que ça allait être une promenade de santé et notre aisance insolente rendait fou notre entourage proche ou lointain. Même : réfléchir devant une page de parchemin blanche, préparer seul une potion ou réaliser n'importe quel sortilège ne me déplaisait pas.
J'avais toujours aimé cet état de concentration, de repli en soi-même que cela impliquait et me remuer les méninges. J'accueillais invariablement les évaluations avec plaisir car elles rompaient l'ennui que je pouvais ressentir parfois en classe, quand les trois quarts des élèves peinaient à comprendre ce que j'avais mis deux minutes à saisir... Et attendre que Seamus Finnigan pige quelque chose pouvait être très long. Nott partageait souvent ma monotonie : dès la première année, cela avait participé à nous rapprocher. En réalité, je le soupçonnais de s'ennuyer plus encore car lui, ne s'était pas laissé distraire par une certaine Gryffondor le reste du temps.
Blaise et Pansy étaient eux aussi relativement à l'aise mais manquaient de confiance en eux : lui, perdait l'appétit et elle devenait hyperactive. Cependant, la pire dans ce registre était sans doute Hermione. Aussi, nos précieux samedis soirs étaient désormais destinés à lui faire réciter une énième fois son cours de botanique ou de runes, que je découvrais et assimilais au fur et à mesure qu'elle le répétait par cœur. C'était intéressant finalement. De temps en temps, je lui posais une question, réellement curieux, et elle savait parfaitement y répondre. Si j'étais Harry ou Ron, bien plus en difficultés, je pense que je l'aurais détestée à toujours se plaindre d'avoir raté et finalement récolter la meilleure note, ou la deuxième meilleure, selon la forme de Nott.
Nous étions le samedi précédent la semaine d'examen. A même le sol, comme à notre habitude, elle s'était assise de profil entre mes jambes écartées, ses jambes à elle, reposant sur ma cuisse gauche. Les mains enserrant ses genoux et se balançant mollement d'avant en arrière, elle finissait de me réciter son cours d'histoire de la magie, ce qu'elle avait exécuté à la perfection depuis le début.
-... Et c'est pour cette raison que les gobelins bénéficient encore aujourd'hui de cette loi.
-Très bien !
-Encore !
-Hermione, ça va s'éteindre dans dix minutes, tu n'auras pas le temps.
-Juste le XVIIIe siècle alors ! C'est le chapitre que je connais le moins !
-Tu viens de le réciter il y a moins de vingt minutes, et c'était très bien !
-Mais quand même !
Je soupirais, à la fois amusé et désabusé : elle ne se laisserait jamais en paix ! Je fermais le cahier, dont je n'avais de toute façon pas besoin, et le fis glisser sur le sol hors de notre portée non-magique.
-Non. Tu connais tout par cœur. Ça va bien se passer.
-Mais t'en sais rien ! Tu crois que je vais m'en sortir mais je suis nulle !
Et elle éclata en sanglot. Cela faisait deux semaines qu'elle était à fleur de peau. Je dus me retenir de pouffer tant son angoisse était ridicule : je le savais bien ! Je frottais énergiquement son dos pour la réconforter.
-Mais non, tu n'es pas nulle. Tu vas majorer, comme d'habitude.
Elle se ressaisissait et s'essuyait les joues en reniflant.
-Tu es la meilleure élève de Poudlard, repris-je en passant mes bras autour de ses épaules et en embrassant sa joue. Tout le monde le sait !
-J'ai l'impression de ne rien savoir !
-C'est juste une impression ! Tu récites tout par cœur sans aucune hésitation. Tu vas tout réussir haut la main.
Et je la serrais plus fort encore contre moi.
-Je suis sûre que Nott sera meilleur, répondit-elle avec un air boudeur.
-De toute façon, il ne fait pas les mêmes vœux que toi, alors quelle importance ? répliquais-je avec mon pragmatisme maladroit.
-Je dois être la meilleure !... S'emporta-t-elle et se dégageant de mes bras. Je veux prouver qu'une femme, née-moldue peut valoir mieux qu'un homme sang-pur !
-Mais ça n'a rien à voir avec...
-Si ! Tu ne te rends pas compte : j'ai deux fois plus de choses à prouver !
Je la regardais avec circonspection. Bon, clairement, ce n'était pas le moment de raisonner ou de contester.
-Et tu sais pourquoi il pourrait être meilleur que toi lundi ?
-Non ? demanda-t-elle avec un air avide.
J'avais l'impression que je lui devais désormais de révéler le plus grand mystère de l'univers.
-Parce qu'il va venir détendu et reposé. Voilà pourquoi. Alors, on arrête pour ce soir et demain, tu ne fais rien ! C'est le programme de Nott de toute façon : ne rien faire et aller à Pré-Au-Lard pour envoyer un mail à Abigail.
-Tu crois ?
-Oui, répondis-je, un peu honteux d'utiliser Nott à des fins personnelles.
Mais d'un autre côté, c'était ce qu'il y avait de mieux à faire ! Qu'Harry ou Ron révisent jusqu'à la dernière minute, admettons. Mais elle ...! Elle était au bord de la crise de nerf et je la sentais capable de s'effondrer à tous moments, de fatigue et de stress.
-Bon, d'accord, consentit-elle. Demain, je me repose.
Elle avait cet air décidé pour ne pas dire buté qu'elle revêtait lorsqu'elle prenait une décision.
-Je suis sûr que tu vas même te reposer mieux que lui, taquinais-je.
Elle pouffa :
-Moque-toi de moi.
-Je n'oserais pas, souriais-je malicieusement.
Elle leva les yeux au ciel en prenant un air désespéré, sans réussir à contraindre le sourire qui se dessinait sur ses lèvres.
-Alors, on fait quoi demain, si on ne révise pas ?
-D'abord, on se couche tôt ce soir sans relire quoique ce soit.
-Juste...
-Sans relire quoique ce soit.
-Mais juste...
-Sans relire quoique ce soit, donc, repris-je en haussant la voix pour couvrir ses revendications. Et demain, pas de réveil. On dort tout le temps dont on a besoin. On se retrouve dans la Grande Salle puis... on part se promener ? On va au lac... On fait le tour...
Je complétais mes explications en dessinant du bout de mes doigts notre trajet sur la peau découverte de son genoux comme s'il s'agissait d'une carte imaginaire.
Ces deux carrés de chair nue m'obnubilaient depuis tout à l'heure. C'est à dire qu'après une semaine à vivre ensemble avec toutes les libertés que cela impliquait, les sept dernières semaines passées à se voir sans pouvoir se toucher nous paraissait bien longue. Son corps et sa chaleur me manquaient terriblement et, le temps passant, je devenais de plus en plus sensible. Désormais, un simple baiser furtif au détour d'un couloir suffisait à réveiller la bête.
-On rentre à midi pour manger... pas trop lourdement, comme ça on va à Pré-Au-Lard au salon de thé ?
Mon imagination avait fait, à dessein ou non, que le salon de thé de Pieddodu se trouvait bien plus au Nord que ne l'étaient Poudlard ou le lac... Et je parcourais de mes doigt un trajet jusqu'à la bordure de sa jupe.
Soudain, la lumière s'éteignit, signe qu'il était vingt-deux heures passées. La semaine dernière déjà, nous avions joué avec les limites et je sentais que ce soir, il ne s'agirait plus de jouer avec mais de les outre-passer largement.
-Et ensuite ? demanda-t-elle avec un air mutin, sans amorcer de mouvement pour se lever, à ma grande surprise.
Ce n'était pas pour me déplaire.
-Je ne sais pas. Une suggestion ? Demandais-je sur le même ton.
Elle dodelina de la tête doucement en haussant les épaules pour signifier qu'elle me laissait carte blanche. Sous les rayons de lune, ses yeux avaient gardé ce regard amusé.
-Soit on retourne à Poudlard... proposais-je, et la pulpe de mes doigts la caressèrent le long du trajet retour jusqu'à son genoux. Soit on... explore plus...
Et ma main rebroussa chemin, passa sous sa jupe pour s'arrêter à mi-cuisse. Je sentis ma Gryffondor se tendre de désir et retenir son souffle.
Ce n'était clairement pas raisonnable...
-On pourrait se racheter de l'encre chez Scribenpenne, s'il est ouvert, poursuivis-je, pauvre fou que j'étais. Je crois... que c'est de l'autre côté de la carte.
Je fis alors le tour de l'extérieur de sa cuisse pour m'arrêter derrière.
-Ou alors la cabane hurlante.
Mes doigts effleurèrent le trajet du retour puis redescendirent vers l'intérieur où ils s'arrêtèrent. Je voulus lui lancer un regard interrogatif pour savoir quelle était la limite qu'elle fixerait mais elle avait fermé les yeux et se pinçait les lèvres.
C'était elle le garde-fou d'habitude ! La gardienne de la bonne conscience de notre couple, sa morale et ses scrupules ! D'ailleurs, elle l'avait dit, après notre incartade dans la salle de bain des préfets : c'était sensé ne jamais se reproduire, « Ni dans cet univers, ni dans un univers parallèle ! »... Allons allons, Miss Granger ! tout cela manque de sérieux ! Enfin... Je pouvais me moquer : je ne valais pas mieux car hélas, la discipline que je savais m'imposer habituellement ne pesait pas bien lourd face à la vue de sa poitrine se soulevant au rythme de son souffle court.
Je posais alors le plat de ma main à l'endroit où mes doigts s'étaient arrêtés. Nouveau regard vers elle : rien à signaler. Elle devait vraiment être psychologiquement au bout du rouleau... Merlin merci, nous étions les préfets et la tour d'astronomie faisait partie de la zone de patrouille d'Hermione. Le risque d'être découvert était minime... mais quand-même ! Quelle audace ! Je soupçonnais qu'elle trouvait cela trop agréable pour me demander d'arrêter mais que l'aspect osé de la chose l'empêchait de prendre des initiatives. Peut-être réussissait-elle enfin à penser à autre chose qu'aux ASPICs ? En ce cas, il était de mon devoir d'amoureux de l'encourager dans cette voie, n'est-ce pas ?
Je remontais alors lentement ma main le long de sa peau brûlante avec la ferme intention de tout lui faire oublier, jusqu'à son nom. Elle soupira tandis que je commençais à me sentir à l'étroit dans mes vêtements. Je pris alors le parti de parcourir tantôt franchement de la main, tantôt légèrement du bout des doigts l'intérieur de ses cuisses de haut en bas. Et, préparant un téméraire pas en avant, j'embrassais sa mâchoire que m'offrait son profil pour appeler sa bouche. Cette dernière ne se fit pas attendre et rejoignit la mienne dans un langoureux baiser, ses mains jouèrent avec mes cheveux, comme elle avait l'habitude de le faire. L'une d'elle s'en désintéressa cependant bien vite pour descendre sur mon buste jusqu'à venir presser mon désir par dessus mon pantalon.
Le message était on ne peut plus clair : jamais je ne l'avais vue si empressée.
Sans plus aucune hésitation, je la caressais à l'endroit équivalent et cela la fit gémir de plaisir. L'état du tissus de son dessous me laissait déjà présager mondes et merveilles. N'écoutant plus que son envie, elle se mit brusquement à califourchon sur moi.
Elle reprit alors contenance. Arrêtant ses caresses, les avant bras reposant sur mes épaules, les mains perdues dans mes cheveux, elle posa son front contre le mien.
-On craint !
-On est amoureux, rectifiais-je. ... Et... on peut encore rajouter des choses au programme...
Elle sourit tendrement et m'embrassa. Ce qui devait sans doute avoir été pensé comme un simple baiser se transforma vite en échange sensuel, reprenant les choses où on les avait laissées avant la prise de conscience. Elle ondula contre moi et je l'encourageais en accompagnant son mouvement, mes mains sur ses fesses. De nouveau, elle se redressa :
-Pas ici quand-même ! Si on nous trouve !
-Salle sur demande, répondis-je d'une voix brisée par mon envie d'elle.
Elle pouffa :
- «Je veux faire l'amour avec mon copain, je veux faire l'amour avec mon copain, je veux faire l'amour avec mon copain», répéta-t-elle comme si elle se trouvait devant le mur d'entrée de la salle.
-Et pourquoi pas ? souriais-je. On ne doit pas être les premiers !
-Tu crois ?
-Potter me décevrait beaucoup si c'était le cas.
Elle rit et cela me plut.
-Et Arthur et Molly Weasley ?! On me la fait pas à moi ! renchéris-je.
-N'importe quoi ! s'esclaffa-t-elle.
-Bien sûr que si ! On a d'un côté, un château rempli d'adolescents et d'un autre, une salle secrète ! Que veux-tu qu'il s'y passe !? Ils vont pas y jouer aux cartes !
-Et pourquoi pas ?
-Tu veux qu'on joue aux cartes ?
-Je suis sûre que tu triches comme un gobelin !
-Je t'assure que pas du tout, m'indignais-je faussement. C'est Zabini qui triche !
Elle pouffa et m'embrassa avec tendresse. Le baiser gagna encore une fois en intensité, mes mains parcourant son dos et ses côtes sous ses soupirs. Nous finîmes par nous séparer, à bout de souffle.
-Alors ? On va jouer aux cartes ? Demandais-je, rêvant déjà de sa peau contre la mienne.
Elle acquiesça en silence d'un hochement de tête.
-Même si, je te l'avoue, poursuivis-je malicieux en commençant à me lever, je préférerais quand même te faire l'amour.
A ces mots, elle se jeta sur moi pour capturer mes lèvres avec fougue et je retombais sur les fesses en pouffant devant tant d'empressement. Je me relevais une nouvelle fois tant bien que mal en la portant dans mes bras. En hauteur, elle enroula ses jambes fermement autour de mes reins pour m'aider à la porter.
On allait vraiment traverser le château comme ça ?
Oui.
On était vraiment des inconscients. Je saisis ma baguette et lançais un «lumos». L'extrémité de cette dernière s'éclaira. Je la pointais vers le bas pour éviter de trop nous révéler à la lumière.
Je descendais avec prudence les escaliers puis remontais jusqu'au septième étage, le tout sous les légers baisers qu'Hermione disséminait sur mon visage et mon cou. Nous arrivions enfin devant la tapisserie représentant Barnabas le Follet tentant d'apprendre la danse classique à des Trolls. La porte devait être en face. Alors, passant trois fois devant l'endroit où la porte aurait dû être, je pensais avec force à mon envie d'Hermione, cette dernière reprenant son baiser langoureux que nous avions laissé en haut de la salle d'astronomie.
Une porte en bois sombre et ouvragée apparut. La pièce derrière était exiguë : un feu de cheminée, deux fauteuils recouverts de velours marron et une table. Dessus, un jeu de carte.
-C'est toi qui a voulu faire une blague ? demandais-je à Hermione qui était redescendue de son perchoir.
-Non ! S'exclama-t-elle. c'est toi !
-Non ! Pouffais-je. Tu y a pensé, avoue !
-Même pas ! s'écria-t-elle. Toi, tu y as pensé !
-...Bon, ça m'a peut-être traversé l'esprit furtivement, fus-je contraint de révéler. Mais c'était juste une seconde ! Même pas : moins d'une seconde ! Ça ne peut pas être ça !
-On recommence, proposa-t-elle.
Nous sortîmes et la porte disparut à nouveau. Je m'apprêtais à refaire les cents pas devant le mur quand je me stoppais net.
-Non, je ne peux pas, je vais y repenser, maintenant, c'est sûr. Vas-y toi.
-Mais moi aussi, je vais y repenser !
Nous nous regardâmes d'un air hagard, puis nous explosâmes de rire mi-frustrés, mi-amusés par l'absurde de la situation. Ça ne pouvait pas se terminer comme ça !
-Bon, il faut essayer de toute façon, décréta ma douce Gryffondor. Je veux faire l'amour avec mon copain, je veux faire l'amour avec mon copain, je veux faire l'amour avec mon copain...
Une nouvelle porte apparut, différente de la première. En bois blanc... J'ouvris la porte avec une étrange inquiétude, m'attendant presque à découvrir une salle d'examen d'ASPIC ou une bibliothèque... Mais non.
C'était une chambre. Aux murs lambrissés. Une couleur chaude : du sapin peut-être. Un lit trônait en son centre. Au dessus, un voile léger bleu pale était accroché au plafond. En entrant, je trébuchais presque sur un tapis à poils longs couleur taupe. La pièce était éclairée par des sortes de guirlandes lumineuses accrochées sur les murs et à travers la pièce. Un bouquet d'hortensias bleus dans un vase haut en verre posé sur une commode en bois peinte en blanc. Au fond, une bibliothèque bien remplie. Tout cela lui ressemblait bien !
-C'est la chambre dont je rêvais quand j'étais petite ! Sourit Hermione.
-Tu pourrais... ajouter ton grain de sel dans la décoration de la notre... m'entendis-je prononcer, comme si l'idée, venue de nulle part, avait voulu s'échapper au plus vite, comme une fugitive.
-La notre ?
-Au manoir.
-C'est la notre ? demanda-t-elle en souriant, toujours surprise.
-Bah... Oui ! Tu l'occupes régulièrement il me semble ! Et... bon... je me disais qu'après Poudlard, tu pourrais... on pourrait... enfin, tu pourrais venir habiter, avec moi...?
000
Comme d'habitude dès qu'il lui parlait de s'engager davantage, les poils d'Hermione se hérissaient et l'envie de fuir lui parcourait l'esprit. Pourquoi aller vers lui ne pouvait-il pas être... facile ?! Enfin ! C'était Drago ! Elle l'aimait ! Alors pourquoi cette crainte l'assaillait-elle toujours quand il se projetait avec elle ? Quand il faisait un pas vers elle ? Elle avait rêvé d'une relation simple, saine, sérieuse. Aujourd'hui, elle l'avait, et pourtant, c'était toujours compliqué...
En vérité, elle avait peur. Cette même peur qui l'empêchait de lui avouer clairement ce qu'elle ressentait pour lui en répondant à ses "je t'aime". Mais peur de quoi ? De se tromper ? D'étouffer ? De s'enfermer ? Est-ce qu'en amour il pouvait y avoir une bonne réponse ? Drago, bien-sûr, en était une excellente, mais est-ce que c'était la bonne ? Possible. Il était parfait pour elle : drôle, intelligent, tendre, raisonnable et elle ne connaissait personne qui ne lui arrivait à la cheville... Vraiment, elle l'adorait. Bon. Ce ne devait pas être lui le problème. Alors quoi ?!
C'était elle, sans doute. Toujours paumée, malgré ce phare immense qui guidait son chemin dans les eaux les plus sécures du monde. Comment se créer des nœuds là où il n'y en avait pas ! C'était pas croyable ! Voyons, réfléchissons : le problème, ce devait être l'action même de s'engager. Voilà.
Ce n'était pas la peur de souffrir qui la retenait : endurcie, elle avait une parfaite confiance en sa capacité de résilience. Ce n'était pas non plus l'angoisse de faire des compromis. Non : des compromis elle en avait déjà tellement fait ! Elle avait même renoncé à ses propres parents !
C'était... une crainte difficile à cerner car paradoxale : celle à la fois d'être seule et d'être accompagnée, contrainte par les autres. Ce spectre bicéphale ne l'avait jamais vraiment quittée depuis septembre où elle pleurait en silence sur le carrelage dur des toilettes des filles. Et si Drago avait parfaitement rassuré sa terreur du vide, son envie de fuite lui, resurgissait toujours lorsqu'il évoquait leur futur à deux. C'était insoluble.
En fait, tant qu'il ne prenait pas trop d'espace, tant que elle, restait indépendante, tout allait bien. Mais dès qu'il s'agissait de lui faire plus de place tout devenait plus compliqué car alors il faudrait réaliser qu'une partie de sa vie résidait entre les mains d'une autre personne, assumer que celle-ci soit un acteur de son propre bonheur et la laisser entrer dans son existence significativement, pour en modifier le cours... Or, donner un tel pouvoir à quelqu'un la terrorisait, car elle se découvrait alors si vulnérable ! Si... soumise à l'inconnu et influençable !
Non. Il fallait qu'elle se calme : d'un point de vue extérieur, cette proposition était tout à fait raisonnable. D'abord, Harry et Ginny s'installeraient ensemble au Square Grimaud dès que cette dernière terminerait ses études et Pansy lui avait confié que Blaise et elle cherchaient un appartement bien situé sur le Chemin de Traverse. Elle ne pouvait pas toujours freiner des quatre fers. Il fallait bien avancer : le temps, lui, n'attendait pas. Et pragmatiquement parlant, il fallait aussi le dire : elle était sans le sous. Alors, cette proposition tombait à pic et retirait une des nombreuses épines enfoncées dans ses pieds concernant l'année prochaine.
Oui. Allait dire "oui". C'était le parti le plus sensé, le plus logique.
Elle tardait à répondre et il la regardait avec un air inquiet, comme toujours dans ces cas là. Elle sourit d'anticipation, pas de bonheur pour elle car elle n'était pas encore capable de lire clairement en elle, mais de bonheur pour lui ; heureuse de lui donner la réponse qu'il espérait et de voir une expression de joie remplacer sa mine préoccupée.
-D'accord.
Comme prévu, son visage se transforma en celui d'un homme rayonnant de bonheur. Il se rapprocha lentement d'elle en souriant. Une fois contre elle il n'arrêta pas son mouvement et la fit reculer lentement vers le lit en l'embrassant, ses mains encadrant son visage et se perdant dans sa chevelure. Elle se laissa guider jusqu'à ce que ses mollets rencontrent le bord du lit. Il continua de la pousser délicatement, posant un genoux sur le matelas et elle se laissa tomber sur la couette moelleuse. A genoux au dessus d'elle, il la regardait avec intensité.
C'était étrange : comment des yeux d'une couleur aussi froide pouvaient-ils s'embraser de cette manière ? Elle croyait voir deux tempêtes tropicales. Il défit les deux boutons de sa chemise qui lui permirent de la retirer par la tête. Son buste pâle finement sculpté apparut alors. Il était toujours aussi beau et elle le dévorait des yeux sans aucune retenue. Elle se redressa pour embrasser son ventre et enlacer sa taille. Il caressa ses épaules et se baissa pour l'embrasser.
Et puis, ce manoir n'était plus si lugubre et elle commençait à y trouver des habitudes : le réveil contre lui avec vue sur le ciel par la grande fenêtre, chercher Pattenrond dans les innombrables pièces du bas, la promenade autour du lac après manger, la lecture de l'après-midi dans la galerie aux portraits baignée de soleil grâce à l'immense verrière, la tasse de thé du soir devant la cheminée du grand hall... Tout cela était tout de même bien agréable !
De nouveau, il la poussa avec une calme assurance pour qu'elle se recouche en l'embrassant et entreprit de défaire les boutons de la chemise d'Hermione sans rompre son baiser. Après avoir délié trois ou quatre boutons, sa bouche erra sur sa peau, descendant jusqu'à sa poitrine dont il ne se lassait jamais tandis qu'elle empoignait délicatement ses cheveux blonds.
Et puis... plutôt que de voir cela comme une perte d'indépendance ou une expropriation d'elle-même, qu'elle songe plutôt à ce qu'elle aurait l'occasion de conquérir ! Un nouveau chez soi à reconstruire, après avoir perdu celui de ses parents définitivement amnésiques... Et... petit à petit, elle se réapproprierait l'espace : c'était même lui qui le proposait. Elle se ferait sa place, modifiant le cours de sa vie à lui à son tour... Lui, n'attendait que ça.
Enfin, il en finit avec ces satanés boutons et elle se releva pour se débarrasser du vêtement. Il en profita pour dégrafer le soutien-gorge d'un geste désormais expert. Le vêtement vola dans les airs. Elle se recoucha, totalement offerte à lui. Lent et tendre, il lui caressait la joue sans la quitter du regard. Ce même regard d'adoration qu'il avait eu après leur premier baiser, au tribunal.
Sous ce corps, plus grand, plus fort qu'elle, elle se sentait délicieusement abritée. C'était comme une voûte, celle d'une cathédrale... celle des branches d'arbres en forêt sous une fine averse ou peut-être même celle du ciel.
Enfin, il entreprit à nouveau d'embrasser son corps jusqu'à ces seins découverts. Par un jeu d'explorations et d'essais validés ou non en levant vers elle un regard interrogatif alors qu'il s'affairait, il avait établi une sorte de recette, de mode d'emploi dédié à son plaisir. Désormais, il savait exactement comment faire. Ainsi jouant d'abord de sa langue sur les pointes de ses seins, il finit par les prendre dans sa bouche, l'une après l'autre dans un souci d'équité pour les suçoter. Et par Merlin, Hermione comprenait tout l'intérêt d'avoir un bon élève comme amant : curieux, bénéficiant d'une bonne mémoire et perfectionniste au possible.
Ce qu'elle pouvait l'aimer ! Avec sa délicatesse, son attention et son imagination ! Elle voulait tout de lui et même si elle se débattait avec l'idée qu'il puisse faire partie d'elle, elle ne pouvait que constater son besoin impérieux de faire partie de lui... Et elle avait bien conscience que l'un ne pouvait se faire sans l'autre. Que choisir alors ? L'appel de la solitude qui devait finir par la ronger ? Ou bien cette nécessité de l'avoir avec elle, quitte à... ce qu'elle ne puisse plus se passer de lui ? ...Jusqu'à devenir dépendante de son amour, de sa présence, de sa tendresse et de toutes ces autres choses merveilleuses dont il savait l'entourer...
En tous cas, là, tout de suite, gagnée par la douceur de ses caresses et la chaleur de ses baisers, tout ce qu'elle souhaitait alors, c'était qu'il la prenne, qu'il se saisisse d'elle et par conséquent, elle le prendrait et se saisirait de lui à son tour. Alors qu'il vienne ! Elle laisserait ses craintes et son indécision la surprendre plus tard.
Une fois le traitement de faveur destiné à ses seins terminé, il ne remonta pas jusqu'à sa bouche comme elle s'y attendait mais poursuivit sa course sur les dunes de ses côtes jusqu'à la plaine de son ventre et le puits de son nombril.
Il n'allait quand même pas... faire... ce dont avait parlé une fois Angelina lors d'une soirée au Terrier dans la chambre de Ginny ?! A ce moment-là, Audrey avait feint de ne pas être intéressée, avec une mine choquée, tandis qu'Hermione et Ginny écoutaient, avides et incrédules.
Continuant de disséminer ses baisers, il entreprit de défaire la fermeture de sa jupe qui se trouvait sur sa hanche. Il tira doucement sur le tissus pour la dégager puis retira les chaussures suivies des chaussettes l'une après l'autre en lui souriant. Assis sur le bord du lit pour ce faire, il en profita pour se relever, défaire sa ceinture et son pantalon, qu'il baissa en même temps que son caleçon, son désir pointant vaillamment vers elle. Elle eut envie soudaine le prendre dans sa bouche, autre suggestion d'Angelina. Il y a un an, ça l'avait tout bonnement dégoûtée mais là, tout de suite, ça lui paraissait simplement naturel, évident. Il était là, lui aussi, tout aussi offert qu'elle. Elle amorça un mouvement pour se relever mais il revint sur elle pour l'embrasser et elle n'osa pas lui faire rebrousser chemin, soudain prise de timidité. Une autre fois.
Elle se contenta de le saisir et de faire des vas et vient comme il lui avait appris, elle aussi en élève attentive et appliquée. Il gémit et passa ses mains dans son dessous pour le retirer, elle se gaina pour lui rendre la tâche plus facile. A son tour, le vêtement voltigea à travers la pièce. Enfin, plus rien ne les séparait. Il se mit sur le côté et d'une main il reprit les caresses qu'il avait commencées au sommet de la tour d'astronomie. Remontant lentement le long de l'intérieur de sa cuisse, elle se cambrait déjà sous la force des sensations. Ça lui faisait toujours cet effet là. Enfin, embrassant sa joue, il atteignit son centre et retrouva ce point sensible qu'il avait découvert et que désormais il lui arrivait d'explorer seule en pensant à lui les nuits où ils étaient séparés. Bien sûr, ses caresses à elle n'avaient rien à voir avec les siennes, plus fantaisistes, plus subtiles, plus amoureuses et moins mécaniques.
Il semblait à Hermione qu'il y aurait toujours désormais, quoi qu'il se passe, une part d'eux qui resterait indissociable, de lui en elle et d'elle en lui, comme s'ils avaient, eux aussi ce pouvoir d'apposer une marque, pas de Ténèbres... mais pas de clarté non plus... C'était bien au delà du bien ou du mal, du bon ou du mauvais : ces puissances prodigieuses qu'elle avait vues s'affronter pendant sept ans. C'était autre chose... tapie derrière, insoupçonnée et bien plus colossale. Une force qui déchirait pour reconstruire, disloquait des unités pour en créer de plus grandes, protéiformes, ou bien... qui les faisait s'entrechoquer violemment pour que leurs éclats se mélangent et se réagrègent de nouveau, qui les faisait entre-pénétrer, se posséder, s'inonder, s'absorber, s'assimiler, s'envahir l'un l'autre en une boule incandescente de magma. Ainsi, elle n'était plus tout à fait l'Hermione Granger originelle et il ne devait plus être tout à fait Drago Malfoy... Et malgré son angoisse vertigineuse et persistante de finir par lui appartenir complètement et de le posséder entièrement à son tour, elle trouvait cela si bon ! Suspendue dans le vide, elle lutait encore pour ne pas tomber... mais l'appel du gouffre était si fort !
Il finit par se redresser légèrement pour la regarder gémir de plaisir tandis qu'elle se cramponnait à ses cheveux et ses épaules. Elle ouvrit les yeux et croisa son fameux regard interrogatif.
-Je pourrais essayer un truc ?
Oh, Merlin, il allait vraiment le faire ?!
Elle acquiesça d'un signe tête, incapable de parler. Alors, il se remit à la caresser et soudain, elle sentit quelque chose s'immiscer en elle. Un doigt sans doute, qui se mit à faire des vas et viens. Elle le sentait à peine, si ce n'est lorsqu'il effleurait une zone particulière qui, pour le coup, la faisait se contracter de plaisir. De son pouce, il continuait à caresser l'extérieur et, guidé par des soupirs de plus en plus profond, il finit par délimiter l'endroit le plus sensible de l'intérieur.
Hermione doutait désormais qu'un jour il réussirait à faire mieux. Aussi bien, sans aucun doute, mais mieux, impossible car c'était définitivement trop bon. Il s'enhardit et glissa un deuxième doigt et la sensation de chaleur lorsqu'il atteignait la fameuse zone lui arracha un cri de plaisir. Lorsque le troisième arriva, elle se sentit partir. Agrippée à ses épaules, elle ne put s'empêcher de se cambrer et de faire onduler son bassin, soumise à un plaisir parfaitement inédit qui semblait lui arracher le cœur. C'était comme si tout son être était à la fois réduit, concentré en cet endroit et à la fois explosait en tous sens. Instinctivement, elle posa ses mains sur la sienne pour imposer une cadence jusqu'à ce que la sensation devienne désagréable et qu'elle retire la main de son amant.
Elle reposait sur le matelas, essoufflée, désorientée, peinant à croire ce qui venait d'arriver.
-Efficace, commenta le Serpentard dans un sourire ironique mais son regard sombre ne trompait pas : malgré l'air distancié que semblait lui donner son sens de l'humour, tout cela devait l'avoir parfaitement troublé.
Elle pouffa et l'attira sur elle par les épaules. Il ne se fit pas prier et, empressé, après avoir jeté le sort de protection, il la pénétra, peut-être plus vivement que ce qu'il avait escompté, sans autre forme de cérémonie. Elle se cambra de nouveau sous cette puissance et les sensations qu'elle procurait. Les mouvements de son amant étaient déjà amples et rapides, si bien qu'elle se sentait glisser à reculons sur la couette à chaque coup de rein, jusqu'à ce que sa tête finisse par toucher la tête de lit. S'il pouvait l'atteindre au plus profond d'elle-même ! Qu'il fasse sien, juste pour ce moment, les tréfonds de son corps et de son être. Navigateur, qu'il atteigne la source de son fleuve et qu'il y boive.
Reposant au dessus d'elle sur ses bras tendus, il libéra une main pour la caresser une nouvelle fois sur la zone extérieure, comprenant sans doute que c'était l'association des deux qui lui avait valu son joli succès précédent. Elle se sentit partir immédiatement avec la même force qu'il y avait quelques minutes. Elle ondula de manière complètement erratique, ce qui accrut la puissance de leurs rencontres. Elle se sentit se contracter et l'instant d'après il explosait profondément en elle.
Il s'écroula sur elle, épuisé, puis roula sur le dos.
-Vraiment, vraiment efficace, commenta-t-il de nouveau, essayant de reprendre une respiration normale.
Elle rit en se blottissant contre lui, la tête sur son épaule. Il lui caressait les cheveux d'un geste lent et endolori. Elle pouvait voir sa poitrine s'élever au rythme de sa respiration essoufflée.
