Guest : Merci pour ta review ! Je suis heureuse de savoir que l'histoire continue à te plaire et j'espère que la suite te plaira également ! Bonne lecture !

41-Pour moi je ne vis rien, sinon qu'elle était belle («Promenade à seize ans», Maupassant)

«Bon anniversaire,

A ce soir,

D.»

Clair, concis. L'efficacité incarnée. C'était bien lui, ça.

La fleur grossière à cinq pétales dessinée maladroitement au coin du morceau de parchemin et ensorcelée pour tourner sur elle-même fit sourire Hermione. Cuisinier mais pas artiste.

Trop vaseuse lorsqu'il lui avait souhaité de vive voix à leur réveil, elle n'avait pu répondre qu'un grognement de remerciement. Enserrant sa taille de ses bras pour se blottir contre son dos, comme à son habitude, il avait embrassé son cou puis s'était levé.

Il avait dû croire qu'elle ne l'avait pas entendu.

Elle mit de l'eau à chauffer pour son thé avec au cœur un reste de tendresse pour sa délicate attention. Devant la fenêtre, trois hiboux attendaient qu'elle ouvre la fenêtre, chargés de lettres et de paquets.

000

Ce cours d'introduction au droit civil l'avait achevée. Elle avait faim... Mais faim !

Elle engloutit un sandwich acheté précipitamment pour pouvoir s'installer le plus vite possible à la bibliothèque. La table du fond, loin des fenêtres pour ne pas se laisser distraire, cachée derrière une plante, pour se faire discrète. Elle commençait à avoir ses habitudes.

Elle posa son sac, s'assit et sortit efficacement ses affaires. Bon : elle avait exactement vingt-quatre minutes avant de devoir se mettre en route pour son cours de culture générale et politique.

Elle se plongea dans ses feuilles de cours quand soudain, une intuition. Elle releva les yeux pour en croiser d'autres, verts, qui la regardaient. Encore lui. Toujours à la même place. Il lui sourit. Ça, c'était inédit.

Pas le temps. Elle replongea dans son travail. 12h57. Oh non ! Elle n'avait pas vu l'heure ! Elle rangea avec une méthode optimisée ses affaires dans son sac puis décolla, suivie par le propriétaire de la paire d'yeux. Lui aussi s'était inscrit à toutes les options. Ce n'était pas un ancien élève de Poudlard : son visage ne lui disait rien, mais ses cheveux châtain clair coupés courts, son dos droit en toute circonstance et sa démarche à la rigidité militaire lui laissait deviner l'éducation de Durmstrang. Encore un Sang-Pur de retour au pays ?

En parcourant les couloirs de l'université d'un pas pressé, elle se perdit un peu dans ses pensées : c'était bien la seule fois qu'elle se l'autorisera jusqu'à dix-huit heures, heure de la fin de ses cours.

Aujourd'hui, elle ferait une exception : à la place de passer par la case bibliothèque jusqu'à vingt heures (heure à laquelle on la jetait dehors), elle rentrerait. Drago lui avait suggéré de faire quelque chose pour son anniversaire et elle avait décidé de faire une petite fête en invitant tous leurs anciens camarades. Et puis... c'était leur dernier vendredi soir de libre alors... autant en profiter : à partir de la semaine prochaine, il lui semblait qu'une vie entière de vendredis solitaires l'attendait...Mais peut-être dramatisait-elle.

Penser simplement à lui la fit sourire mélancoliquement. Elle ne savait pas s'il ressentait la même chose, mais pour elle, c'était clair : il lui manquait. Ils avaient beau habiter ensemble, dormir ensemble... Ça ne suffisait pas. Bien sûr, il y avait beaucoup de sa faute à elle, qui rentrait tard et qui se traînait une quantité de travail astronomique qui dévorait leurs soirées et leurs week-end... Mais lui aussi, rentrait pensif, absorbé par sa journée de travail qu'il n'arrivait pas toujours à cloisonner... et puis toutes ses gardes qui allaient s'instaurer, le seul soir qu'ils avaient vraiment pour eux... Bien sûr qu'il avait besoin d'argent... Mais sa paye d'interne n'était-elle pas suffisante ?

Dans l'amphithéâtre, elle choisit le troisième rang, ne voulant pas d'emblée se faire catégoriser en tant que l'intello de service, comme c'était le cas à Poudlard. Elle essayait de ne pas se faire trop pressante lorsqu'elle levait la main et posait ses questions en fin de cours. Elle n'avait plus ce besoin maladif de se faire reconnaître : au contraire. Maintenant qu'elle bénéficiait d'une renommée internationale, elle voulait se faire oublier.

M. Durmstrang, lui, comme à son habitude, avait choisi sa place au premier rang : pile en face du professeur. Lorsqu'il voulait la parole, il levait un bras rigide au dessus de sa tête et, lorsqu'il l'obtenait, parlait avec précipitation, étalant son savoir comme un insupportable M. Je-Sais-Tout. Eurk. Elle ressemblait vraiment à ça à Poudlard ?

000

Sa journée bien remplie passa en un battement de cil et lorsqu'elle rentra au manoir, il était en pleine effervescence. Drago devait être rentré à l'instant : il avait tout juste lancé le ménage et s'était enfermé dans la cuisine. En s'approchant, elle l'entendait s'affairer.

Elle sourit d'anticipation en ouvrant la porte.

C'était un désordre ordonné, dirigé par Drago, comme un chef d'orchestre.

Alors, pour ne pas trop le faire sursauter, elle s'annonça d'une voix forte, de sorte à couvrir le brouhaha ambiant.

-Salut !

Il se retourna vivement, comme à chaque fois qu'il était surpris. Encore maintenant.

-Salut, sourit-il. Ils arrivent à dix-neuf heures.

-Tu as besoin d'aide pour quelque chose ?

-Surveiller la serpillière dans la hall ?

Comme d'habitude, dans le feu d'action, il ne se perdait pas en considérations et allait à l'essentiel : ils arrivaient à dix-neuf heures et il fallait surveiller la serpillière qui parfois préférait courser Pattenrond plutôt que de lessiver le sol. Alors, c'était à elle d'introduire cette douceur des retrouvailles à laquelle elle tenait tant.

Elle se rapprocha de lui jusqu'à se glisser entre le plan de travail et son utilisateur, forcé de s'arrêter. Elle passa ses mains derrière son cou pour s'y suspendre. Alors, il s'autorisa enfin à glisser ses mains dans son dos et à l'embrasser tendrement.

-Tu as passé une bonne journée ? Souffla-t-elle alors qu'il avait posé son front contre le sien.

Il acquieça en souriant.

-Et toi ?

Hermione connaissait par cœur cette manière de faire. Tous les jours, il éludait. Hermione avait fini pas comprendre que ce n'était pas pour lui cacher quoi que ce soit : c'était juste que rien qui ne vaille l'intérêt d'être raconté ne lui venait à l'esprit. Alors, elle racontait sa journée tandis qu'il l'écoutait attentivement.

Ce ne serait que plus tard dans la soirée, au gré de sa vie intérieure, qu'il lui raconterait quelques bribes de sa vie.

-Le cours d'introduction au droit civil était intéressant sur le principe, mais vraiment M. Cooper...

-Toujours aussi ennuyant ?

-Oui ! C'est tellement dommage ! Il y aurait tellement de moyens de rendre tout plus vivant ! La moitié des élèves pensent déjà arrêter la matière dès qu'ils le pourront...

-Qu'un vivant fasse plus mort que Binns, c'est quand même un exploit ! Persifla Drago et elle sourit.

-J'ai révisé un peu entre midi et deux puis l'après-midi, en cours de culture Générale et politique, on nous a donné des exposés à faire en groupe.

-Tu vas encore tout faire toute seule, pouffa-t-il.

-Non, je ne pense pas ! Je suis avec quelqu'un de très pointilleux cette fois-ci !

-Ah oui ?

-Il m'a dit qu'il commencerait les recherches dès ce soir, sourit-elle.

-Il ? On le connait ?

- Non, il m'a dit qu'il venait de Durmstrang. D'ailleurs, ça se voit tout de suite ! Il a l'air tellement sérieux et strict ! Et puis, il adore étaler sa science. Il sait tout sur tout, un vrai puits de connaissances ! Mais sa manière de faire est tellement insupportable ! On dirait moi en première année.

Il ne sauta pas sur l'occasion pour la taquiner.

-«Il» a un prénom je suppose ?

-Siegfried.

Il acquiesça d'un air neutre, sa tendresse disparue. Préoccupé par les préparatifs de la soirée sans doute. Mais elle voulait qu'il la garde encore dans ses bras, alors, elle poursuivit sur le sujet.

-Son père est anglais mais sa mère est danoise. Il a vécu au Danemark jusqu'à ses dix-sept ans. Ses parents ont déménagé en Angleterre alors, il les a suivi.

-Vous avez bien sympathisé.

-Un peu, mais...

Un miaulement furieux résonna dans le hall. Drago leva les yeux au ciel en soupirant et fit mine d'aller voir ce qu'il se passe.

-Laisse, j'y vais, c'était ma tâche après tout !

Elle l'embrassa furtivement et se précipita pour venir en aide à son pauvre chat.

000

Nott, Pansy et Blaise arrivèrent une demie heure en avance, comme d'habitude, alors que la serpillière terminait son office. Hermione avait insisté pour les inviter. Après tout : elle les voyait désormais si souvent qu'elle devenait presque plus proche d'eux qu'elle ne pouvait l'être de Seamus ou de Dean.

Elle avait souhaité convier tous les élèves de septième année de l'année dernière et Drago avait accepté sans sourciller. Ça allait faire du monde... Mais elle avait envie de garder ce lien chaleureux qui l'avait en partie aidé à tenir le coup et ce depuis sa première année, malgré les hauts et les bas qu'elle avait pu avoir avec certains. Et, par les hiboux envoyés et reçus par-ci par-là, les nouvelles des uns et des autres glanées au détour de conversations, elle savait que tous regrettaient déjà le cocon de Poudlard.

Son seul regret était l'absence de Luna et de Ginny qui, étant à Poudlard, ne pouvaient se joindre à eux. Elle devinait que l'éloignement pesait à Harry et qu'il comptait les jours avant que la Gryffondor ne le rejoigne au Square Grimaud pour les vacances qui ne devaient pas commencer avant quatre semaines.

Habitués à se serrer les coudes, les Serpentards mirent automatiquement la main à la pâte, allant de sa propre petite initiative. Invités aux mêmes réceptions, ils se conformaient aux mêmes standards. Le hall, qui n'avait pas été décoré pour cette petite fête qu'Hermione imaginait sans prétention, prit vite des allures de salle de bal digne d'un palais. Drago fit apparaître des tables recouvertes de nappes blanches immaculées et Blaise y disposa des plateaux à plusieurs étages sortis d'on ne sait où et dont le métal argenté rutilait à la lumière des bougies que Théodore allumait une à une sur l'immense lustre récemment dépoussiéré. Hermione croyait halluciner.

-Bonne idée, de partir sur un buffet : les gens ne se sont pas vus depuis longtemps, ils auront envie de se déplacer pour voir tout le monde, confia Pansy en comblant tout l'espace disponible par de raffinés bouquets des fleurs naturelles.

Hermione acquiésça en silence, ne sachant trop que répondre : c'était Drago qui avait réfléchi à tout ça.

Enfin, ils firent léviter la farandole de mets préparés par Drago sur les plats et présentoirs.

Enfin, dix minutes avant dix-neuf heures, ils purent contempler leur œuvre, achevée.

-Simple mais efficace, commenta Pansy.

-«A la bonne franquette», comme disent les moldus, renchérit Théodore.

-Juste le temps de se préparer en vitesse, s'exclama Pansy en saisissant la Gryffondor par le poignet pour l'entraîner à l'étage.

Hermione se laissa faire en riant, imaginant la tête des Gryffondors en découvrant les lieux. Vraiment, ils n'avaient pas la même définition du mot "simplicité" !

-Pas moyen en dix minutes ! On te connaît, Pansy ! Entendit-elle résonner depuis le bas de l'escalier.

Et elles gloussèrent de concert.

000

-Le prune te va bien, commenta Pansy en lui déposant délicatement du fard sur la paupière.

Hermione, les yeux fermés, n'osait ni répondre aux remarques de Pansy ni respirer pour ne pas déranger le travail minutieux de la Serpentard.

-Et tu es belle comme un cœur... Si on m'avait dit, il y a un an que j'allais un jour te pomponner chez les Malfoy !

Hermione sentit la sorcière s'éloigner. Elle osa enfin ouvrir les yeux et se tourna vers le miroir de la coiffeuse.

-Ça te plaît ?

-Oui, sourit, la Gryffondor.

-Tu vois, ce n'est pas très long à faire et une fois que tu as le coup de main, c'est bête comme chou.

Elle échangèrent un sourire complice à travers le miroir.

-Heureusement que les autres sont en retard, pouffa Hermione.

Pansy sourit à son tour sans répondre, occupée désormais à s'apprêter elle-même.

-Merci, pour le maquillage !

-C'est moi, répondit la brune sur un ton brusque.

Les yeux détournés par pudeur, elle trempait sa brosse à mascara un peu trop consciencieusement dans son tube. Puis, elle se racla la gorge.

-C'est moi...qui te remercie, de prendre soin de lui... reprit-elle plus doucement en fixant résolument son attention sur ses propres cils, le visage à quelques centimètres de la glace. Il a changé. Il n'est plus amer, tout le temps. Et il a désormais plus de trois expressions faciales à son répertoire, poursuivit-elle dans un sourire moqueur en osant enfin croiser le regard de son interlocutrice.

Figée sur son siège, Hermione ne réussit qu'à esquisser un sourire. Ne lâchant plus son regard, l'expression de Pansy se fit soudain plus dure et elle perdit son sourire :

-Il a besoin de toi. Il a été abandonné trop de fois dans sa vie et il a peur. Il a l'impression que vous vous éloignez avec votre travail et il tremble de te perdre. Mais bien sûr, tout ça, il ne te le dira jamais. Alors s'il te plaît, continue de prendre soin de lui. Ne le laisse pas : lui aussi, il est important. Plus important que tout.

La voix vibrante donnait à tout cela des allures de supplications. Pansy, en matriarche du groupe, prenait soin de sa meute. Une hyène.

Embarrassée, Hermione ne sut que répondre. Ainsi, lui aussi, il avait cette sensation ?

-Bon, la tignasse maintenant ! S'exclama soudain la Serpentard, faisant éclater comme une bulle l'ambiance pesante qui s'était installée. C'était comme s'il ne s'était rien passé. Pansy souriait en considérant l'épaisse chevelure d'Hermione, ouvrier contemplant un chantier colossal.

000

Le bruit de l'interphone magique.

-Vite ! Ils sont là !

-Arrête de bouger ! Je fixe ta tignasse ! Réfléchis plutôt à la robe que tu vas mettre !

-Mais j'en ai que deux ! Celle du bal de quatrième année, mais je pense qu'elle est un peu petite maintenant... Et la blanche de cet été.

-Que deux ?! Ce n'est pas possible ! Comment ça se fait ?

-On chasse pas les horcruxes en robe, figure toi !

-Bon d'accord. Va pour la blanche ! Mais le week-end prochain, tu n'y couperas pas ! Il faut te trouver quelque chose de décent pour aller au théâtre !

-C'est dans deux mois !

-Justement ! Trouver LA robe, ça prend du temps !

-Bon, d'accord, accepta Hermione en roulant des yeux..

Ce n'était pas l'heure de parlementer : ils étaient là !

Pansy la libéra enfin et elle enfila la légère robe blanche qu'elle avait convoquée à elle grâce à un sortilège d'attraction. Des collants couleur chair pour lui tenir chaud.

Elle allait se précipiter dans l'escalier qui surplombait directement le hall quand elle fut arrêtée net par Pansy qui lui saisit une nouvelle fois le poignet.

-Stop. Même si tu es en retard, agis comme si tu étais à l'heure. Tiens-toi droite. Ta tête, relève-là. Et tu descends à pas mesurés. Dans deux mois, justement, tu vas rencontrer toutes les familles Sang-Purs d'Angleterre. Contrairement à ce qu'on croit, le respect ne se gagne pas, il s'impose. Tu es la maîtresse des lieux et il est temps que tu t'envisages comme telle. Alors aujourd'hui, cet escalier, tu vas le descendre comme une digne Mme Malfoy.

Hermione pouffa en levant les yeux au ciel : le projet «descendre en Mme Malfoy» lui paraissait tout à fait en décalage avec le fait d'accueillir ses amis. Et puis... Hermione Malfoy ?! C'était si incongru ! Jamais elle ne s'était posé la question ni imaginée dans ce rôle. Que Drago quitte sa haute sphère pour inviter les Gryffondors chez lui et rencontrer les Weasley, oui. Mais que elle, s'élève jusqu'à la noblesse et s'y intègre au point de devenir l'une des leurs... ça ne lui avait jamais traversé l'esprit tant c'était impensable... et perdu d'avance car les nés-mondus ne sont guères tolérés dans ce milieu. Une bouffée de stress la prit en se visualisant plongée dans ce monde si éloigné du sien, dont elle ne connaissait rien et où elle craignait de ne jamais trouver sa place.

-Mais Drago et moi on n'est pas...

-La réalité, la vérité, tout ça, ça n'existe pas, coupa Pansy sans se dérider. Seules les apparences comptent. Et aux Greengrass, tu vas devoir montrer qui dirige Oaksey House. Entraîne-toi. Le dos.

Son ton sérieux et son expression grave firent frissonner Hermione : cette société de privilégiés lui semblait être un lac glacé dans lequel elle devait s'immerger, coupant sa respiration et ankylosant tous ses muscles. Pansy n'avait pas tort : dans l'éventualité où ils ne la mépriseraient pas au point de l'ignorer, il fallait savoir jouer avec leurs codes si elle voulait leur tenir tête... et plus elle s'entraînerait, plus elle serait crédible. Contemplant la vaste étendue de son ignorance, elle se raccrocha aux conseils de Pansy comme s'ils étaient une bouée.

Faire semblant de trouver cette eau agréable. Se mouvoir dedans comme s'il s'agissait de la chose la plus aisée, la plus facile, la plus naturelle qui soit. Alors, crispée au possible, elle se redressa.

-La tête.

Alors Hermione, déglutissant difficilement, releva la tête.

-Pas trop non plus, entendit-elle finalement glousser, tu dois quand-même voir les marches ! ... Voilà. le regard lointain et un sourire discret, pas trop visible... mais présent quand-même.

Alors, sur l'impulsion de Pansy elles atteignirent le palier de l'escalier et descendirent rejoindre les nouveaux arrivants.

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Zabini échangeait des banalités avec Potter et Weasley qui venaient d'arriver. La conversation était ponctuée distraitement par Malfoy et Nott. Ce dernier eut son attention détournée par un bruit dans les escaliers.

Oh non. La maudite robe blanche.

La satanée robe blanche qui descendait avec une sorte de maintien qui ne lui était absolument pas naturel. Un coup de Pansy certainement. Elle avait raison, soupira-t-il en son fort intérieur : s'il fallait tenir tête au Greengrass, il fallait maîtriser les usages de l'aristocratie.

Malfoy, qui s'était lui aussi retourné, ne semblait pas préoccupé par ces sombres considérations au vu de son sourire appréciateur qu'il essayait de contenir et de son regard qui parcourait inlassablement le... la...

La robe blanche.

-En tous cas, c'est une très bonne idée les guirlandes de fleurs, répéta Weasley pour la troisième fois en gardant son regard vissé avec détermination sur le plafond.

-Tout à fait, tout à fait, répétait Potter, en regardant ses chaussures.

Ils faisaient tous les trois une belle brochette de crétins pathétiques. Comment avaient-ils pu être à ce point aveugle ? A moins que ce ne soit Malfoy qui ne soit pourvu du don de double vue...

Mais quoi qu'il en soit, par pitié, qu'elle se tache avec de la tomate, du chocolat, du vin, n'importe quoi ! Que cette robe détestable disparaisse.

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J'étais fier d'elle, incapable de détacher mes yeux de sa silhouette. Elle était tellement... belle ! Et cette manière de descendre les escaliers, peut-être encore un peu rigide, était tout à fait digne de la maîtresse d'Oaksey House. Impossible de ne pas se projeter, avec ça !

Je l'imaginais descendre de cette manière pour accueillir nos invités, réunis pour... je ne sais pas, notre anniversaire de mariage peut-être ? Elle porterait les perles que j'allais lui offrir dans quelques heures. Elle croiserait mon regard et elle me sourirait. Et peut-être qu'elle aurait notre fils dans ses bras ? Ou notre fille aussi, pourquoi pas ? La sur-représentation des hommes chez les Malfoy ne devait peut-être pas continuer... Ou alors, ce serait moi qui le ou la tiendrait dans mes bras, pendant qu'elle était en train de se préparer ? Ou simplement enceinte ? La démarche alourdie par la fatigue de son huitième mois. Mais alors, je ne devais sans doute pas être en bas de l'escalier mais à ses côtés pour l'aider ?

-Il est dix-neuf heures vingt, constata Blaise.

Hermione, qui avait terminé la descente des marches pendant ma rêverie, se tenait devant moi en souriant.

-Tu as l'air soucieux, me chuchota-t-elle.

Pas moyen que je lui livre ces pensées qui resteraient tues jusqu'à la tombe.

-Ils n'auraient pas oublié, par hasard ? demandais-je un peu brusquement en faisant mine de consulter ma montre pour donner le change.

-Mais non, sourit-elle. Les premiers devraient être là d'ici une dizaine de minutes.

-La légendaire ponctualité des Gryffondors, intervint Nott qui visiblement écoutait d'une oreille.

Je ne pus m'empêcher de faire une moue lassée.

-Mais c'est pas grave, pouffa Hermione. Est-ce qu'il y a mort d'homme ?

-Non, mais...

-Alors, il suffit juste d'attendre. En tout cas, c'est parfait ! Tout est parfait !

Et elle parcourait des yeux la décoration du hall, comme une enfant qui découvrait le château d'une princesse. Son sourire était communicatif et le mien s'éleva, attendri. Les oreilles qui traînaient m'empêchaient de lui dire combien je l'admirais mais je me promis de le lui dire à notre coucher.

-Les autres vont halluciner, sourit à son tour Harry. Vous avez fait du beau travail !

-C'est normal, commenta Pansy en haussant les épaules.

-Et ces feuilletés sont super bons ! Commenta Ron qui n'avait pas pu résister à en manger un ou deux, ou trois. Presque aussi bon que ceux de ma mère.

-Tu me fais trop d'honneurs, répliquais-je, un peu piqué, tandis que Nott pouffait.

Effectivement, dix minutes plus tard, ce fut les Patil qui déboulèrent dans le hall, suivies au fil des minutes par plusieurs petits groupes. Les derniers arrivèrent vers vingt heures. Une heure de retard. A leur arrivée, ils marquaient tous un temps d'arrêt pour contempler les lieux puis, c'était l'explosion de joie bruyante habituelle en retrouvant des visages connus.

Alors, l'espace entier finit par être rempli, grouillant de monde, majoritairement Gryffondor. Naturellement, nous nous étions regroupés tous les quatre, blottis dans un coin.

-On est plus chez nous, remarqua Zabini avec un sourire.

-Y a du Whisky Pur Feu dans l'arrière cuisine... plaisantais-je.

-En tous cas, ça à l'air de lui plaire, remarqua Nott d'un air pensif.

En effet, Hermione était en train de babiller joyeusement avec Ernie MacMillan, Susan Bones et Neville Londubat.

-C'est bien, sourit Pansy.

Le repas passa tranquillement et je décidais de passer au dessert. J'abandonnais mes amis pour la cuisine. Déjà, le couloir suffisait à étouffer une partie du bruit. Ce semblant de calme me fit du bien. Entasser des Gryffondors dans un endroit réduit et qui résonne devait être formellement déconseillé par tous les ORL du monde magique et moldu.

Je passais la porte de la cuisine et sursautais en découvrant qu'elle était déjà occupée. Quelqu'un était prostré dans un coin.

000

-Chang ? Ça va ?

Elle sursauta en entendant son nom. Elle avait immédiatement reconnu sa voix. Honteuse, elle s'exclama, comme pour se justifier :

-J'ai eu une invitation par hibou !

-Oui... Je sais... C'est Hermione qui les a envoyées, répondit-il avec un air incertain.

-Alors je suis venue.

Il esquissa un sourire en coin, ironique, mais pas moqueur :

-C'était fait pour.

Un silence s'installa.

-Tu as pu voir Hermione ?

-Rapidement en arrivant.

Il acquiesça en silence puis se rapprocha d'elle de plusieurs pas.

Enfin, ce n'était pas tant pour se rapprocher d'elle que de la table où se trouvait un grand gâteau au chocolat. Il le considéra un instant. C'était comme si elle n'existait plus.

-Vous le faites, le truc avec la chanson et les bougies ?

Elle le regarda d'un air perplexe alors il reformula :

-Ça se fait ? Entre vous ? Joyeux anniversaire...

-De chanter «Joyeux anniversaire» ? Et de souffler des bougies ?

-Oui.

-Oui... ça se fait.

Il ferma les yeux un instant, coincé entre le rire et la malédiction. Puis d'un geste décidé, il fit apparaître dix-neuf bougies allumées sur le gâteau. Il s'apprêtait à faire léviter le gâteau mais il suspendit son geste.

-Tu veux rester ici ?

Elle se sentit de nouveau honteuse : évidement, c'était bizarre de rester cachée dans un lieu à l'écart pendant une fête ! Mais elle avait juste eu besoin de souffler un peu. Recroiser tous ces visages ne lui faisait pas que du bien et il lui semblait que les progrès de ce dernier mois étaient réduits à néant.

-Peut-être encore quelques minutes, bredouilla-t-elle.

Alors, il saisit un couteau et coupa le disque en deux, puis retira une mince bande tout le long du diamètre qu'il fit léviter dans une assiette. Enfin il recolla les deux demi disques ensemble. Le glaçage visqueux au chocolat se chargea de camoufler toute trace du crime.

-Tiens.

Elle ne put s'empêcher de sourire de ce tour de passe-passe en saisissant l'assiette qui voltigeait vers elle. Il lança pour de bon le sort de lévitation et dirigea le gâteau vers la porte.

-Quand faut y aller... soupira-t-il. S'ils me bouffent avec le gâteau, je te lègue mon stéthoscope.

Elle se figea un instant, son cœur rata un battement. Et, comme Cédric, il lui semblait que c'était la dernière fois qu'elle le verrait. Bêtement. Mais elle ne pouvait pas s'en empêcher. Une fois passé son état de sidération, elle se précipita vers la porte.

De l'autre côté du couloir, on avait éteint la lumière. La lueur seule des bougies éclairait son visage et celui d'Hermione, souriant.

La Gryffondor prit une grande inspiration et souffla sur les flammes qui s'éteignirent d'un coup.

L'obscurité.

000

Ils avaient tous rapidement avalé le dessert. Pour l'ensemble des plats, Drago s'était surpassé. Vraiment, tout avait été parfait.

-Est-ce qu'on ne mettrait pas un peu de musique ?! suggéra Lavande en sautillant.

-Oh ouiiiiii ! s'exclama Parvati en traînant sa jumelle par le bras.

-Ce serait bien ! Hein Hermione ?! Pressa Susan Bones.

-J'ai de la musique moldue, si vous voulez, commenta Dean Thomas.

-T'as quoi ? demanda Ernie Macmillan.

Et, alors qu'ils parcouraient les disques rangés dans le livret apporté par Thomas, Hermione s'éclipsa pour rejoindre Drago.

Il était debout, appuyé nonchalamment contre un mur et bavardait paisiblement avec les autres Serpentards. Cette désinvolture qui lui avait hérissé le poil tout le temps de leur adolescence désormais la séduisait complètement. Par Merlin, elle ne se lasserait jamais de le regarder et ses traits tirés par la fatigue ne le rendait pas moins beau. Au contraire. C'était comme si tout ce qui était destiné à enlaidir le corps ou le visage d'un homme avait chez lui l'effet inverse et elle sentait que les années accumulées ne réussiraient qu'à affirmer le charme fou dont déjà il faisait preuve.

S'adressant à Pansy, il avait l'air si sérieux ! Elle aurait aimé qu'ils réussissent à s'intégrer mais elle comprenait : après tout, c'étaient des retrouvailles pour tout le monde et les quatre avaient été si fusionnels pendant leur septième année que ces semaines séparés avaient dû être dures.

Elle arriva enfin devant lui et il arrêta de suivre la conversation. Elle lui prit les mains et il se laissa attirer à part. Blottie contre lui, elle se rendit compte qu'il lui avait manqué. Elle ne l'avait pas vu de la soirée. Il passa ses bras dans le bas de son dos. Elle repensa une fraction de seconde à ce que lui avait dit Pansy dans la chambre mais elle chassa rapidement ces pensées inquiètes. Ce n'était pas le moment.

-Ils veulent mettre de la musique. Ils veulent danser, chuchota-t-elle dans son cou. Tu serais d'accord ?

-Toi, tu veux ?

-J'aime bien danser, mais je ne voudrais pas te déranger, déranger les fantômes ou je ne sais pas...

-Tu es chez toi, ici, tu sais.

Elle sourit.

-Descendre les escaliers comme tu l'as fait tout à l'heure te donne désormais tous les droits dans ce manoir, sourit-il malicieusement.

-Tu parles ! Pouffa-t-elle.

Puis regagnant son sérieux en plongeant ses yeux dans les siens :

-Merci.

Le sourire de Drago s'élargit encore. Elle l'embrassa furtivement et se défit de son étreinte pour rapidement rejoindre les autres qu'elle entendait piaffer.

000

Pansy, entraînant Blaise par la main, avait fini par rejoindre l'amas d'anciens élèves qui se trémoussaient au rythme soutenu de la musique au centre du hall. Malfoy et Nott, sans surprise, étaient restés à l'écart et avaient été rejoints par Harry, Ron et Michael Corner.

Hermione ne pouvait s'empêcher de garder un œil sur eux, craignant que, malgré la discussion qui les animaient, ils ne s'ennuient. Le premier refrain entraînant arrivait et tous se mirent à sauter en rythme, à en faire trembler les vitres. Terry Boot enchaînait les pas de danse moldus, Seamus et Dean s'esclaffaient de leurs propres tentatives ridicules, Susan et Hannah, se tenant les mains face à face, leurs visages à quelques centimètres l'un de l'autre, hurlaient les paroles. Même Cho avait fini par refaire surface et dansait pour elle-même les yeux fermés, ses longs cheveux voletant autour d'elle au gré de ses mouvements. S'agitant dans tous les sens avec Padma et Justin, Hermione embrassait l'assemblée du regard. Ils avaient tous l'air si heureux !

-Hermione ! S'époumona Lavande qui traversait la piste en sautillant, elle est trop bien ta fête ! Puis elle repartit, tenant par la main Michael Corner qui la suivait en riant tout en se cachant les yeux, regrettant déjà d'avoir cédé.

Neville, qui, malgré l'absence de Luna, semblait vivre sa meilleure vie, sortit du groupe pour motiver Harry et Ron. Ces derniers finirent par lâcher, à l'image de Michael et rejoignirent la masse en restant timidement en lisière. Hélas, c'était sans compter la délicatesse de Zackariah Smith qui les poussa vers le centre.

-OUAIS ! S'écria de nouveau Lavande en voyant qui venait les rejoindre.

Soudain, on prit Hermione par les épaules. Pansy la tenait étroitement enlacée et lui souffla à l'oreille.

-Il en reste encore deux !

-Ils viendront jamais, pouffa Hermione.

-Ça, c'est seulement si on leur laisse le choix !

Ce disant, elle se mit derrière elle pour la pousser vers les deux derniers récalcitrants.

-C'est mort, affirma Nott alors qu'elles étaient encore en train de s'approcher.

Drago pouffa.

-Allez... geignit Pansy.

-Non, répondit le brun en pouffant à son tour, croisant les bras sur sa poitrine.

-Et toi Drago ? Tu danses ?

-Même pas sous Imperium, sourit ce dernier.

-Mais on sait même pas danser ! Ajouta Nott. On vous embarrasserait ! Vous perdez votre temps avec nous !

-C'est pas vrai ! Vous dansez à la perfection ! Contredit la Serpentard.

-Comment veux-tu qu'on case la valse là-dessus ? Ça n'a rien à voir avec la musique de moldu !

-Bah, je sais pas, faut imaginer !

-L'avantage de la valse, c'est qu'il n'y a absolument rien de créatif, sourit Drago.

Pendant l'échange, Hermione était restée silencieuse, ne voulant forcer personne. Cependant les réparties la faisait sourire.

-C'est son anniversaire ! Poursuivit Pansy, abattant sa dernière carte.

Nott pouffa en levant les yeux au ciel mais ne répondit pas.

-On ne va pas leur mettre la baguette sous la gorge, sourit gentiment Hermione en poussant doucement la brune vers les danseurs et cette dernière capitula.

-Vous êtes pas drôles ! Conclut-elle, un peu vexée, et elle prit de nouveau les mains d'Hermione pour l'entraîner.

Mais l'insistance de Pansy devait porter ses fruits et ce ne fut pas sans surprise que les jeunes femmes remarquèrent quelques instants plus tard, que les deux fortes têtes s'étaient levées pour venir rejoindre la troupe agitée, les brèves paroles échangées avant ayant sans doute eu essentiellement pour but de faire émerger une quelconque motivation.

-Ouaaaaiiiiis ! Beugla Lavande comme à son habitude en saisissant la main de Théodore pour l'agiter comme on époussette un drap.

Le regret s'alluma immédiatement dans le regard du grand brun. Il sourit en levant les yeux au ciel pour la centième fois peut-être en l'espace d'un quart d'heure.

-Ouaaaaaiiiis ! S'égosilla encore une fois la Gryffondor en voyant sa gêne, sautillant, secouant sa tête de gauche à droite à quelques centimètres de celle du Serpentard. Alors, n'en pouvant plus, il éclata de rire, jouant un faux air désespéré, et bâillonna affectueusement la jeune femme du plat de la main.

Peut-être que finalement ils avaient quand même créé un semblant de complicité, l'année dernière, pendant ce fameux cours de potion. Ensuite, Théodore se fit happer par les autres et Hermione ne le vit plus jusqu'à la fin de la soirée.

La Gryffondor se fraya un chemin jusqu'au blond qu'elle ne lâchait pas du regard depuis qu'il avait fait son entrée dans l'arène. Et il ne la lâchait pas des yeux non plus. Il avait ce visage sérieux qui détonnait avec l'ambiance délurée des autres qui se trémoussaient autour de lui. Elle sourit, attendrie. La soirée avançant, il avait perdu cette rigidité dans sa posture et l'impeccable de sa tenue n'était plus qu'un lointain souvenir. La chaleur régnant dans la pièce l'avait contraint à quitter sa veste et il avait eu l'audace de desserrer sa cravate pour défaire un bouton. Ce dévergondé. Et c'était cette grâce négligée qui lui allait le mieux.

Elle lui prit de nouveau les mains. Alors, de nouveau emportée par la musique, elle se remit à bouger au rythme du couplet, entraînant avec elle le haut du corps du Serpentard. C'était comme si ses bras se prolongeaient dans les siens, tantôt les agitant au dessus de leur tête en sautillant, tantôt se rapprochant ou s'éloignant de lui, marquant les temps et les contre temps selon la multitude de façons que pouvait le permettre l'association de leurs membres, par saccade ou avec fluidité, ondulant, s'enroulant, se tendant et se rétractant à loisir. De son côté, il la regardait s'agiter euphoriquement avec un léger sourire un coin et se contentait de mouvoir timidement le reste de son corps. Au moins, il avait le sens du rythme ! Lors du refrain, elle se suspendit à ses épaules et sautillait aussi haut qu'elle le pouvait, à l'image des autres particulièrement enjoués par le morceau et qui chantaient plus ou moins juste en couvrant la voix de la chanteuse. Alors, il fut bien obligé de sautiller aussi, en la serrant dans ses bras. Elle éclata de rire.

-Mon tour, affirma-t-il alors que le couplet suivant allait commencer. Alors, prenant sa main droite, il la fit tourner sur elle même puis, s'efforçant le plus possible de coller aux mouvements de la chanson, il l'entraîna dans une série de passes réalisées parfaitement au hasard et qu'il arrivait à lui faire deviner elle ne savait trop comment.

-Ouaaaaaiiiiis ! Hurla Lavande en passant sa tête au dessus de leurs bras tendus.

Encore un dernier enchaînement et la musique s'arrêta.

Ils étaient nombreux à avoir tout donné lors de cette chanson et beaucoup s'étaient retirés de la piste pour se rafraîchir, près des boissons, laissées dans un coin, ou dehors. Il était tard, et il ne faisait plus si nuit.

-On va y aller, annonça Parvati d'une petite voix fatiguée.

Elle et sa sœur avaient déjà rassemblé leurs affaires et étaient prêtes à partir. Cho et Hannah, qui n'étaient pas loin, sautèrent sur l'occasion pour prendre congés également.

-En tout cas, c'était une super fête ! Complimenta Hannah.

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En l'espace d'une heure, ils étaient tous partis et le soleil commencerait à se lever dans une heure ou deux. Harry, Ron et les Serpentards furent les derniers à partir, une fois le hall parfaitement remis en l'état.

Lorsqu'ils se retrouvèrent seuls dans le grand hall, Hermione s'affala sur le fauteuil le plus près. Grossière erreur : jamais elle ne pourrait se relever.

-C'était bien, non ? Demanda-t-elle, avec un fond d'inquiétude dans la voix. Elle craignait qu'il n'ait pas autant profité qu'elle.

-Oui, pouffa-t-il en se laissant tomber à son tour sur le fauteuil juste à côté.

Son sourire devint mélancolique alors qu'il regardait pensivement l'âtre froid de la cheminée.

-Si mon père avait vu ça !

Il défit sa cravate, un peu brusquement.

Pour essayer de chasser ces pensées morbides, Hermione s'assit de travers sur son siège pour étendre ses jambes sur les cuisses du Serpentard.

-Si Aurora avait vu ça ! Renchérit-elle et immédiatement il retrouva son sourire.

-Oui, ce serait sans doute pire ! On l'aurait re-tuée je crois...

Un silence se fit pendant lequel il parcourait doucement de ses mains les mollets et les chevilles de la jeune femme.

-J'en peux plus, sourit-elle.

-En même temps, tu n'as pas arrêté de vingt-trois heures trente à cinq heures moins le quart !

-J'ai tellement mal au pied ! Ils sont complètement mâchés !

Le sourire de Drago s'élargit encore et elle sursauta quand il posa ses mains sur ses plantes endolories pour les masser. Elle était terriblement chatouilleuse mais sa chair était parfaitement anesthésiée. Les pressions hasardeuses lui détendait les muscles et lui firent du bien. Elle ferma les yeux.

-Allons nous coucher, souffla Drago.

-J'aurais pas dû m'asseoir, grogna-t-elle sans relever ses paupières. J'aurai jamais le courage de me relever !

Elle l'avait entendu se lever du fauteuil et jeter un sort. Intriguée, elle rouvrit les yeux et vit les livres qu'on lui avait offert léviter pour s'organiser en pile, à environ un mètre du sol.

-J'ai de quoi tenir six mois avec tout ça.

-Quatre, contredit-il, un sourire moqueur en coin. Et il va falloir trouver une nouvelle bibliothèque...

Elle sourit de nouveau en s'étirant. Alors il se rapprocha et passa ses deux bras sous elle.

-Laisse, je suis trop lourde !

-Moi avoir force comme Gryffondor.

Alors, vaincue par son humour et sa flemme, elle se laissa faire.

-C'étaient de beaux cadeaux, fit-elle remarquer en considérant la pile de livres flottant devant eux, accrochée à son cou, alors qu'il amorçait la montée des escaliers.

-Et tu n'as pas encore tout reçu !

-Ah non ? Répondit-elle en feignant la naïveté : elle se doutait bien qu'il n'avait pas osé lui offrir le sien devant tout le monde.

Il sourit de son mauvais jeu d'acteur.

Il la reposa au sol une fois dans leur chambre.

-Sur ton bureau indiqua-t-il, pudiquement.

Alors, elle s'en approcha doucement et découvrit sur la surface de bois un étui rectangulaire recouvert de velours noir.

Elle le saisit et l'ouvrit immédiatement, perplexe. C'était bien la première fois qu'on lui offrait autre chose que des livres... Et la boîte était trop grande pour des plumes de collection.

Une perle. En pendentif. Et deux boucles d'oreilles assorties... C'était si... étrange ? Elle avait toujours trouvé ça beau et chic chez les autres... mais sur elle ?! C'était comme s'il fallait valider une aptitude en féminité ou passer un permis pour avoir le droit d'en porter !

-C'est...

-Ca ne te plait pas ? Demanda-t-il précipitamment. On peut changer si tu veux. Il suffit juste...

-Non ! Non ! C'est parfait ! C'est juste que jamais je n'aurais osé... je pense... Mais je trouve ça... vraiment joli. Merci !

-Je vois bien comme tu louches sur celles de Pansy quand elle les met.

Elle éclata de rire : il n'avait pas tort !

-Et... tu vas sans doute avoir l'occasion de les porter... souvent. Enfin... parfois.

Ni une, ni deux, elle essaya le collier et les boucles d'oreilles et se regarda dans le miroir.

Ca allait bien, avec cette robe blanche. Maquillée et coiffée par Pansy, et parée de ces bijoux, elle ne se reconnaissait pas. Ce n'était pas elle. C'était une version d'elle qu'elle ne soupçonnait pas, distinguée, élégante... Elle n'était plus une petite fille.

-Ma mère n'aimait pas les bijoux. Elle ne se maquillait jamais. Je ne l'ai jamais vue en train de prendre soin de son apparence. Elle s'en fichait je crois... Mais moi, je crois que j'aime bien.

Alors qu'elle se confiait, il s'était rapproché et, contre son dos, il l'avait prise par la taille. Ils échangèrent un regard par l'intermédiaire du miroir puis il embrassa sa joue.

-J'aime bien, que tu aimes bien. En tout cas, tu étais très belle ce soir.

Touchée, elle se retourna vivement vers lui pour l'embrasser et il rit de sa fougue.

Ils se mirent au lit et une fois couchés, malgré un projet plus ambitieux, ils s'endormirent dans la minute, exténués.