Ccassandre24 : Je suis contente que tu te sois attachée au personnage d'Abigail : c'est toujours un pari risqué d'ajouter un personnage dans un univers bien défini ! Je vais continuer ponctuellement à le développer, un peu en marge de l'histoire, je pense . Oui, promis, ça se finit bien quoiqu'il se passe Et c'est bel et bien un Dramione ! Concernant le Post-Poudlard, j'espère que les nouveaux personnages et aventures au fil du temps réussiront a faire passer cette nostalgie Merci encore pour ton soutien qui compte beaucoup pour moi ! Bonne lecture !
44-(M) «Ton propre fil en toi-même est rompu.» («Voyons...», Victor Hugo)
Cho resserra d'un coup sec sa queue de cheval en croisant son propre regard à travers le petit miroir accroché à l'intérieur de sa porte de casier. Aujourd'hui, ils auraient une conversation normale. Une conversation normale entre deux collègues. Voilà. Exactement. Dans les faits, ce ne devait pas être compliqué. Elle pouvait le faire. Suffisait d'arrêter de faire comme si elle était un fantôme oubliable. Arrêter d'avoir la gorge nouée pour rien. Arrêter de vouloir se dissoudre dans l'air. Elle existait toujours, malgré ses vœux de disparition incessants depuis quatre ans. Alors, il allait falloir faire avec. C'était peut-être ça, «tourner la page» comme il disait si bien.
Elle ouvrit la porte avec une sorte de boule au ventre. Une sorte de timidité qu'elle ne se connaissait pas et qu'elle trouvait odieuse. C'est à dire aussi qu'ils n'avaient jamais vraiment parlé normalement. Leur court et absurde échange dans la cuisine de son manoir alors que la fête battait son plein, il y a deux semaines, avait été la première et dernière fois où ils avaient pu discuter directement, librement, presque. Sans Alexander, Hannah ou un médicomage interposé. Et cette discussion, Cho voulait l'inscrire dans la lente construction de... Cho ne savait pas trop... Une amitié peut-être ? Quoi qu'il en sera, de toute façon, ce genre de moments, elle en voulait d'autre. Car il n'était plus détestable.
Comme d'habitude, il se trouvait dans le couloir, adossé au mur avec cette grâce nonchalante. Il tourna sa tête vers elle et lui sourit.
-Salut.
-Salut, lui répondit-il.
Il avait les traits tirés. Son week-end n'avait sans doute pas été suffisant à son repos. Elle aurait aimé qu'il se soit reposé.
-Ta garde s'est bien passée, vendredi ? risqua-t-elle.
Il marqua un temps, surpris.
-Oui, répondit-il, son sourire s'élargissant.
Il ne développa pas plus et un goût amer envahit la bouche de la Serdaigle. Au moins, il souriait.
-C'est bien, trancha-t-elle, un peu brusquement.
Et elle le dépassa pour rejoindre son service-odeur de cèdre- mais sa voix s'éleva du fond du couloir.
-On mange à midi et quart avec Joyce et Zabini, si vous voulez.
Elle ne se retourna pas, figée.
-D'accord.
Puis, elle s'enfuit, un sentiment de victoire personnelle bouillonnant dans ses veines.
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Hannah ne prenait désormais plus la peine de fouiller les toilettes du rez-de-chaussée lorsqu'elle cherchait Cho. Cela faisait un mois maintenant que son amie ne pleurait plus quotidiennement. Quelque chose avait changé en elle. Les nouvelles têtes, les nouveaux lieux et les journées bien remplies, lui avait-elle dit. Enfin... toutes les têtes n'étaient pas nouvelles... En revanche, tous les visages l'étaient. Car voir ces psychopathes de Serpentards sourire sans ironie ou méchanceté, ça avait quand même un côté inédit.
La soirée à Oaksey House l'avait achevée. Hannah commençait presque à soupçonner qu'ils avaient un cœur. Déjà qu'elle croyait halluciner lorsqu'elle croisait Hermione et Malfoy se tenant paisiblement la main dans les couloirs de Poudlard, mais alors les voir s'installer ensemble et leur relation durer ! Et danser ensemble ! Comme un couple... normal... Ça devenait surréaliste.
L'apothéose arriva ce matin lorsque Cho lui proposa de les rejoindre déjeuner à midi quinze. Ainsi, ils allaient vraiment se côtoyer ?! Elle n'avait jamais imaginé que leur rapprochement se ferait si vite et elle devinait chez Cho une sorte de curiosité envers eux. C'était peut-être pour le mieux... Car enfin, elle ne pleurait plus.
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Hermione se leva le plus doucement possible, se défaisant délicatement du bras qu'il avait glissé sur sa taille pour l'enserrer contre lui avant de s'endormir. Comme la semaine dernière, il avait dû rentrer vers huit heures.
Neuf heures trente cinq. Elle avait rendez-vous avec Pansy dans une demie-heure sur le chemin de traverse pour choisir une robe adéquate pour aller au théâtre, dans deux semaines. Elle se prépara à la hâte et engouffra en une bouchée un scone qu'elle ne prit pas la peine de tartiner. Aller au plus efficace.
Pansy l'attendait au point de rendez-vous, habillée élégamment, en vraie petite commerciale. C'était une seconde nature chez elle et Hermione savait que son goût sûr saurait la guider. La Serpentard l'accueillit avec enjouement, comme si le froid qui s'était installé pendant la soirée «chez» Nott n'avait jamais existé.
Hermione sourit intérieurement : elle ne pouvait en vouloir qu'à moitié à Drago pour ses maladresses quand elle voyait qui étaient les personnes qu'il fréquentait. La brune saisit sa cobaye par le bras et les fit s'arrêter devant une boutique dans laquelle Hermione n'avait jamais mis les pieds.
-C'est un compromis entre le bon marché et le standing attendu lors des soirées auxquelles tu vas assister désormais, expliqua Pansy et Hermione déglutit difficilement.
Elle s'était fixé un budget et il était hors de question qu'elle le dépasse. Or, l'absence d'étiquettes dans la devanture lui faisait craindre le pire.
Elle suivit la Serpentard, peu convaincue, et se laissa mener par le bras dans les rayons. Elle s'arrêtèrent devant un étalage de promotions.
-On devrait trouver ton bonheur ici, chuchota Pansy alors qu'elles se faisaient épier par la vendeuse.
La Gryffondor lui sourit. Rusée Renarde, Pansy pensait à tout. Cette dernière commençait à fouiller et à sortir systématiquement toutes les robes qui correspondaient à la taille de la jeune femme. Après avoir passé en revue tous les vêtements qui pouvaient entrer dans le budget d'Hermione, elle la poussa dans une cabine d'essayage sans ménagement.
-Je veux toutes les voir, exigea-t-elle alors que la Gryffondor fermait le rideaux.
Cette dernière commença par une robe en soie vert d'eau à manche courte papillon, au col rond et dont la jupe descendait jusqu'à ses chevilles.
-Un peu vieillot non ? Suggéra Pansy.
Hermione ne chercha même pas à discuter. Elle voulait bien devenir sa poupée pendant une heure : elle n'avait strictement aucune idée de ce qui pouvait convenir ou pas et se méfiait de ses intuitions comme de la peste. Pour une fois, elle tolérait parfaitement qu'on puisse en savoir plus qu'elle sur un sujet. De nouveau occultée par le rideau, elle essaya une longue robe rose pastel dont le haut était recouvert de dentelles qui descendait jusque sur ses avant-bras.
-Pourquoi pas, commenta Pansy d'un air pensif. Mets-là de côté.
Hermione se dissimula de nouveau derrière le rideau et en enfila une nouvelle , saisie dans l'ordre d'apparition des robes rangées les unes derrière les autres sur le porte manteau. Elle était d'un vert profond qu'on ne trouve qu'en forêt. Les manches en mousseline étaient légèrement bouffantes. Le tombé près du corps sans être moulant terminait sa course juste au dessus de ses genoux et la coupe cache-cœur soulignait sa taille fine.
En la découvrant, Pansy marqua un temps d'arrêt pendant que ses yeux experts parcouraient son corps et les coutures. Un sourire satisfait s'éleva sur sa figure.
-Il y a la même en bleu nuit. Je pense que je préfère la couleur bleu, renseigna Hermione. Je l'essaye ?
Pansy haussa les épaules, comme si elle avait déjà fait son choix mais, préférant la deuxième couleur, la Gryffondor se cacha de nouveau pour enfiler le vêtement. Elle rouvrit le rideau peu de temps après.
-Ça lui plaira moins.
-Lui ? Drago ?
-Qui d'autre ?! S'esclafa la Serpentard.
Pas faux.
-Le vert, c'est sa couleur préférée.
-Je pensais qu'on était là pour me trouver une robe qui m'irait et qui conviendrait à la soirée, se moqua Hermione. Si ce vert lui plaît tant, on peut toujours lui prendre et il la portera quand il voudra.
-Tout doux la Gryffondor, pouffa Pansy. Tu ne voudrais pas faire une pierre deux coups ? Habillée pour la circonstance et lui plaire, à lui ? Car vraiment, tu serais parfaite en vert à son bras.
-Je ne suis pas une montre, tacla Hermione un peu sèchement.
-Ce n'est pas ça, pouffa de nouveau Pansy en levant les yeux au ciel. C'est juste que tu t'accorderais mieux avec lui, c'est tout.
-Et ça ne peut pas être lui qui s'accorde ? Je la préfère vraiment en bleu. Il parait aussi que c'est une couleur qui me va bien.
Pansy dodelina de la tête comme si elle entendait des inepties.
-Si tu veux...
Hermione ferma le rideau d'un coup sec, sans trop comprendre d'où lui venait cet emballement de mauvaise humeur. Le stress peut-être. C'était une sensation d'étouffer, à la limite de la crise de panique. Elle prit un temps pour se calmer. Pansy ne pensait pas à mal. C'est juste... qu'elle commençait à voir se dessiner à l'horizon la silhouette de cette femme à laquelle on lui demandait progressivement de ressembler. Une femme qui descend les escaliers la tête haute, une femme qui ne s'excuse pas d'être en retard, une femme qui s'accorde à son mari comme un accessoire. Elle frissonna en pensant à Narcissa Malfoy. Et dire que Pansy la plaçait comme sa successeuse ! C'était parfaitement... dément. Iréel. Du pur délire. Car elles étaient tout simplement le jour et la nuit.
Échanger leur premier baiser dans le local du tribunal, dormir avec lui le soir-même, le retrouver tous les samedis soirs à la tour d'astronomie, faire l'amour avec lui une première fois, puis des dizaines d'autre, combattre le brouillard de la marque, emménager avec lui... elle ne se doutait pas que tout cela la prédestinait à cela. Et elle ne savait pas bien si c'était vraiment pour elle... Non. En réalité, c'était limpide : tout cela était à des milliers de miles de ce qu'elle pourrait être un jour et elle savait d'expérience qu'elle était mauvaise lorsqu'il s'agissait de jouer un rôle.
Une idée éclata, comme un tremblement de terre : elle ne serait jamais, au grand jamais Mme Malfoy. Jamais. Allait-il seulement l'accepter ?
Malheureusement, elle ne pouvait pas faire semblant. Elle vérifia le prix de la version bleue de la robe. Légèrement moins chère que la verte. Sa décision était prise.
Merlin, faites qu'il accepte.
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Cho resserra d'un coup sec sa queue de cheval en croisant son propre regard à travers le petit miroir accroché à l'intérieur de sa porte de vestiaire. Elle ouvrit la porte avec cette fameuse boule au ventre. Une sorte de timidité à laquelle elle commençait à s'habituer mais qu'elle continuait à trouver odieuse.
Comme d'habitude, il se trouvait dans le couloir, adossé au mur avec cette grâce nonchalante. il tourna sa tête vers elle et lui sourit.
-Salut.
-Salut, lui répondit-il.
Il avait les traits tirés. Son week-end n'avait sans doute pas été suffisant à son repos. Toujours pas. Jamais. Et comme tous les matins, elle aurait aimé qu'il se soit reposé. Il marqua une pause avant de se diriger vers les vestiaires.
-Ta garde s'est bien passée, vendredi ? risqua-t-elle, comme tous les lundis depuis un mois.
-Oui, répondit-il, son sourire s'élargissant.
Il ne développa pas plus, à son habitude, et elle savait désormais composer avec sa réserve.
-Hannah m'a dit, pour l'histoire du chartier apporté par la grand-mère.
Il pouffa :
-Les gens s'imaginent qu'on est aussi vétérinaires ! Quelle idée d'avoir un truc pareil en animal domestique !
-Ça doit lui faire un peu de compagnie...
Un sourire en coin :
-Ah ça pour de la compagnie, on en a eu ! Il a insulté absolument tout le monde, même Wood ! Et Andersen ! Si tu avais vu sa tête !
Elle lui sourit, ne sachant quoi rajouter.
Puis, elle le dépassa pour rejoindre son service. Odeur de cèdre. Au coin du couloir, elle marqua un temps d'arrêt avant de tourner à l'angle du couloir jusqu'à ce que sa voix s'élève depuis l'autre bout de la pièce :
-Vous venez à midi et quart ?
Elle osa légèrement se retourner :
-Oui.
Puis, elle s'enfuit. Toujours ce sentiment de victoire personnelle bouillonnant dans ses veines.
MMM
Je vérifiais une dernière fois ma coiffure dans le petit miroir de la salle de bain de notre chambre. Face au lit, Hermione enfilait sa jolie robe bleue nuit. Je la sentais tremblante et j'imaginais sans peine le stress qui devait la tenailler. Cette soirée était l'occasion de présentations officielles dans un monde qui lui était hostile.
Pour la première fois, les remords me prirent. J'avais l'impression de la jeter dans la fausse aux lions. On allait la scruter, la juger et, avec un peu de malchance, elle aurait peut-être à essuyer quelques remarques. Son statu d'héroïne de guerre la protégerait sans doute... mais pas de tout. Comme un parapluie troué. Alors, je supposais que j'allais être celui qui devrait colmater les brèches. Déjà, une sorte de fureur s'emparait de moi à l'idée qu'on puisse lui manquer de respect. Je ne le tolérerai pas. De mon côté, je n'allais sans doute pas être en reste non plus. L'image des Greengrass s'imposa à moi. Je ne pouvais plus repousser davantage le moment où je devrais me confronter à eux. Ça allait être pénible.
Hermione était en train de remonter la fermeture dans son dos. Contre son cou dégagé, je remarquai le fermoir du collier que je lui avais offert à son anniversaire et un profond sentiment de joie m'envahit. J'avais peur qu'elle n'accepte pas tout à fait ce cadeau ou qu'elle n'ose jamais le mettre de peur de le perdre ou de l'abîmer. Sa silhouette fine se tordait pour permettre à ses bras de remonter jusqu'en haut la fermeture éclair.
Je pouvais peut-être encore repousser un peu ces pensées tristes. Tout oublier lors de cette dernière demie heure qu'il nous restait avant de transplaner jusqu'au théâtre. Je stoppais le geste de ma douce pour lui prendre le curseur des mains. Mon pouls déjà s'accélérait de la sentir près de moi, émoustillé par ce triangle de peau nue.
-Je peux très bien le faire toute seule, remarqua-t-elle un peu durement.
Le stress.
-Mais c'est moins romantique, souriais-je contre la peau découverte de son épaule avant qu'elle ne soit occultée par le tissu léger.
Elle sembla se détendre un peu alors que j'éparpillais quelques baisers en descendant de quelques inchs la fermeture pour m'octroyer plus de liberté.
-Je ne suis pas sûre mais... je crois que pour fermer il faut la monter... se moqua-t-elle dans un souffle.
-Ah oui ? J'ai toujours confondu mon haut et mon bas.
Elle pouffa.
-Oups, je me suis encore trompé, repris-je alors que la fermeture avait atteint son butoir.
J'engouffrais mes mains contre sa peau nue et terriblement chaude. J'étais foutu. Déjà à l'étroit dans les vêtements, mon envie d'elle était impérieuse et je peinais à la combattre. En une caresse, mes mains remontèrent le long de ses côtes jusqu'à rencontrer son soutien gorge.
-On a pas le temps, remarqua-t-elle en pressant son dos contre moi, ses fesses contre mon désir, ce qui n'était clairement pas le moyen le plus efficace pour me dissuader de quoi que ce soit.
-Ça fait longtemps, lui chuchotais-je.
-Quatre semaines.
-Tu comptes les jours, pouffais-je.
Elle se retourna vers moi avec l'air le plus sérieux du monde en passant ses bras autour de mon cou. Elle était belle !
-Tu me manques, souffla-t-elle à mon oreille en se blottissant contre moi.
-Toi aussi, tu me manques, avouais-je, contrit.
C'était bien la première fois qu'on se le disait. Un poids s'allégea sur ma poitrine. Cette situation me pesait et, dans mon mal être, je me figurais que notre distance lui importait peu.
Apprendre cela me rendit fou de désir pour elle. Mes mains parcourant désormais son dos, je capturais ses lèvres dans un baiser que je voulais tendre. Il ne le resta pas longtemps. Son corps contre le mien, la chaleur de sa peau nue sous mes doigts, son parfum léger enfin, tout cela acheva d'éveiller mes sens et me fit perdre la tête. Mes mains avaient délaissé son dos pour se retrouver sur ses cuisses, remontant lentement sa jupe. Elle rompit notre baiser, essoufflée, sa poitrine s'élevant délicieusement au rythme de sa respiration saccadée.
-Après le théâtre ? essaya-t-elle une dernière fois de négocier, pour la forme seulement car ses yeux et son corps semblaient me supplier de l'inverse.
-Après deux heures passées assis sur un fauteuil à attendre que le temps passe, je ne serais plus bon à rien.
-La pièce ne t'intéresse pas ? demanda-t-elle sincèrement tout en se laissant aller, alors que j'embrassais son cou et sa clavicule, sa manche étant tombée sur son bras.
-Ça fait au moins trois fois que je la vois : je la connais par cœur ! souriais-je en la poussant délicatement sur notre lit et elle s'y laissa tomber, les paume sur ses yeux, se mortifiant à l'avance de notre retard.
Bon. Je devais me calmer. C'était urgent. Arriver en retard ne l'aiderait sans doute pas à la faire se sentir à l'aise... Mais avec la vingtaine de minutes restantes, je pouvais au moins faire ça. Ça la détendrait peut-être. Et l'image de Joyce dans les vestiaires nous expliquant, à Blaise et moi, quelques tours de passe-passe s'imposa à moi. Je n'avais encore jamais osé le faire mais cette idée me trottait dans la tête depuis septembre.
Offerte, prête à m'accueillir, elle s'attendait à ce que je la recouvre de mon corps mais je n'en fis rien. A la place, je terminais de parfaitement dégager son bassin de sa robe pour me trouver face à une splendide culotte en coton délavé dont l'épais élastique remontait sur son ventre ferme presque jusqu'au nombril. Elle devait être confortable, ce qui ne devait pas être de trop pour affronter une soirée telle que celle qui nous attendait. Aux grands maux les grands remèdes. La question des sous-vêtements portés le jour où elle s'était enfuie de Gringotts à dos de dragon se posa furtivement à mon esprit mais je me reconcentrais bien vite.
Je passais ma main sous les élastiques pour faire descendre le dessous et révéler ainsi sa toison châtain. Hermione se releva sur ses coudes pour me lancer un regard interrogatif.
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Ils allaient vraiment arriver en retard ! Et qu'est-ce que les autres allaient dire ? Que Drago, toujours en avance, se laissait tirer vers le bas par sa traînée de Sang-de-Bourbe ? Qu'il n'était pas digne des Malfoy, qu'il salissait son nom et trahissait sa fiabilité ? Tout cela, Hermione le savait, toucherait l'orgueil du Serpentard... Mais il ne semblait pas l'anticiper !
Malgré tout, sa raison et son inquiétude avaient perdu la bataille contre la douceur des mains de son amant sur sa peau nue. Son manque et son envie de lui avaient déferlé sur elle comme un ras-de-marrée. Elle était tellement faible ! Ils le regretteraient ! Mais il lui semblait qu'une éternité les séparaient de leur dernière fois.
Il eut ce sourire en coin qui lui était propre et qu'Hermione avait appris à aimer car, généralement, il annonçait une plaisanterie ou une idée fantaisiste.
-On a peut-être pas le temps pour entrée-plat-dessert mais un petit en-cas sur le pouce...?
Et sur ces mots, il lui fit plier sa jambe droite pour pouvoir embrasser l'intérieur de son genou plus à son aise. Sa main droite agrippait et pressait sa cuisse contre sa bouche tandis que sa main gauche parcourait son autre cuisse avec avidité. A peine ses lèvres l'effleurèrent qu'elle rejeta sa tête à l'envers, grisée par la sensation.
Cette fois-ci, il allait vraiment le faire !
Ses baisers tendres remontèrent l'intérieur de sa cuisse. Hermione contenait ses gémissements, son corps s'arquant déjà sous la violence des sensations que tout cela lui faisait ressentir. Alors qu'il arrivait vers son centre, il se releva pour appliquer le même traitement à sa jambe gauche. De nouveau redescendu, il marqua un bref temps d'arrêt pour la contempler, comme un ouvrier devant son chantier, avec peut-être une légère expression perplexe sur le visage. Elle posa ses mains sur la tête de cet intrépide aventurier pour lui caresser les cheveux. Puis, il plongea vers elle, l'embrassant avec douceur, redécouvrant d'une autre manière son anatomie.
La chaleur mouillée de sa langue jouant sur la boule de chair, ses doigts s'immisçant en elle recherchant sa zone sensible, il ne lui fallut pas longtemps pour qu'elle explose. Son bassin se mit à onduler frénétiquement tandis qu'il essayait de poursuivre comme il pouvait ses bienfaits jusqu'à ce qu'elle se retire et referme ses cuisses, la sensation devenant désagréable. Il leva enfin ses yeux vers son visage et son regard était celui d'un affamé. Elle se releva pour saisir ses épaules et l'entraîner sur elle. Il l'embrassa et son baiser avait le goût inédit de son intimité. Cependant, alors qu'elle s'attendait à ce qu'il lui saute sauvagement dessus, il n'en fit rien. Toujours cette discipline, sourit intérieurement Hermione en sentant contre sa cuisse une bosse formée sous sa ceinture.
-On y va ? chuchota-t-il en disséminant des baisers sur son nez et ses joues. On n'est même pas en retard.
Après avoir embrassé une dernière fois son front, il se releva en replaquant ses cheveux correctement. Mais pas question qu'ils partent sans qu'elle lui rende la monnaie de sa pièce et, assise sur le lit, elle l'arrêta par les passants de sa ceinture, le tourna vers elle et entreprit d'en défaire la boucle. Il posa immédiatement ses mains sur les siennes.
-Là, pour le coup, on va vraiment être en retard, sourit-il et... il faut qu'on se recoiffe, sourit-il en parcourant des yeux les mèches rebelles d'Hermione.
-Ce soir alors ? insista-t-elle, sachant pertinemment que la réponse serait la même.
-J'espère... Si je dors une heure ou deux, je serais peut-être d'attaque pouffa-t-il.
Elle ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel en pouffant à son tour.
MMM
Il recoiffa ses cheveux avec sérieux tandis qu'elle finissait de s'habiller à la hâte. Cependant, il insista pour fermer pour de bon la fermeture éclair.
-Ta confusion a disparu, on dirait, se moqua-t-elle.
Il ne lui répondit pas, préférant sourire en la regardant amoureusement.
-Je suis content que tu le mettes, chuchota-t-il alors qu'il contemplait la perle qui trônait fièrement sur sa poitrine.
Elle lui sourit en l'embrassant furtivement. Il lui restait cinq minutes pour essayer de se remaquiller comme l'avait fait Pansy pour son anniversaire et le stress qui l'avait quittée pendant leur moment de tendresse revint plus fort encore, comme pour rattraper le temps qu'il aurait perdu. Elle allait se retrouver perdue au milieu de femmes impeccables et elle, coiffée à la mord-moi-le-nœud, maquillée comme un manche, allait se couvrir de honte. Et Drago avec. Non, décidément, elle ne serait jamais une Mme Malfoy. Un singe déguisé à qui on apprendrait à faire la grimace tout au plus.
-Attends, l'arrêta-t-il alors qu'elle sortait de la salle de bain. Je crois... qu'il y a un trait... plus long que l'autre.
Une bouffée de rage désespérée s'empara d'elle. Est-ce que ce devait être si compliqué de se mettre deux pauvres traits sur les yeux ?!
-Je suis nulle de toute façon, je ne sais même pas pourquoi j'essaie !
-Doucement, la retint-il une nouvelle fois. Ça va aller.
-Pourquoi on y va, déjà ? Demanda-t-elle d'un ton sardonique alors qu'elle sentait les larmes lui monter aux yeux.
-D'abord, je dois voir les Greengrass pour renouer un semblant de lien avec eux. Cela fait plus de trois ans que je ne les ai pas vus. Et puis... Il faut te présenter officiellement pour leur couper l'herbe sous le pied, répondit-il avec toute la patience du monde. Et si certains n'acceptent pas notre relation, on s'en fiche. On est ensemble et c'est tout. Non ?
-J'ai l'air ridicule.
-Mais non ! Au contraire ! Je te trouve très belle. Le bleu te va très bien.
-Mieux que le vert ? Demanda-t-elle soudainement en repensant à la robe verte que Pansy l'avait poussée à acheter pour lui plaire.
Il sourit, perplexe.
-Sans doute... Le bleu... et le blanc. Les deux te vont
Elle acquiesça et il essuya efficacement de son pouce une larme qui avait échappé à la Gryffondor. Il l'embrassa sur la joue.
-Vraiment très jolie, sourit-il en la contemplant.
Il reprit :
-Je peux peut-être essayer...
Sur ces mots, il lui prit le flacon de khôl des mains.
-Je crois qu'il suffit juste...
Et ce disant, tirant légèrement la langue dans une expression concentrée, il essaya d'ajuster le trait. Hermione se souvint de la fleur grossière dessinée sur son mot de bon anniversaire. Pas sûr qu'il soit le plus qualifié pour redresser la barre, mais son expression si appliquée, ne put que faire sourire Hermione.
C'est vrai, il avait raison : ensemble et c'est tout. Elle essaya de se blinder : des insultes, elle en avait déjà essuyé. Elle savait répondre. Elle ne serait peut-être jamais une parfaite Mme Malfoy, mais elle était une Gryffondor héroïne de guerre, bon sang ! Ce qui était tout aussi respectable, si non plus. Elle ne se laisserait pas faire. Elle allait bien réussir à créer sa propre voie sans se laisser intimider. Elle briserait ces chaînes que cette société, où elle n'avait encore jamais mis les pieds, tentait de lui imposer.
Quelques minutes plus tard, ils transplanèrent main dans la main en direction du théâtre.
