Ccassandre24 : Hello ! Merci pour ta review ! Je suis contente qu'il t'ait plu et J'espère que la suite continuera à te plaire !

Ivy : Ça va arriver, oui... ^^ J'ai essayé d'adopter la stratégie "du pansement" qui consiste à condenser l'histoire et l'action sur un temps pas trop long pour que ça ne soit pas déprimant trop longtemps (j'espère !), comme un pansement qu'on arrache d'un coup, d'un seul, pour mieux repartir ! ^^' Promis : le début de la "Reconquista" ne se fera pas (trop) attendre ! ^^' Courage ! X) En tout cas, je suis heureuse que tu te sois attachée aux personnages et j'espère que ce prochain chapitre te "plaira" (?) ^^ Merci pour ta review !

49-«Tes mains ont saccagé mes trésors les plus rares» («A l'ennemie aimée», Vivien)

Après avoir passé mes premiers jours de vacances noyé dans le silence d'Hermione, j'avais accepté sa proposition de rejoindre le Terrier jusqu'à ce que nous partions pour le manoir des Greengrass.

Je m'étais figuré que nos congés auraient pu nous rapprocher : sans la fatigue, le stress et le quotidien haché. On avait le temps. Mais je me trompais. Au contraire, ce temps ne servait désormais qu'à révéler de manière plus criante ma solitude.

Je fus très bien accueilli chez les Weasley, comme d'habitude. Nous enchaînions les matches de Quidditch et j'acceptais avec enthousiasme toutes les activités qui me permettaient de me changer les idées ou de m'éloigner d'Hermione et de sa froideur. Je ne sais pas si notre petit jeu que nous pourrions tristement intituler "fuis-moi, je te fuis" avait été remarqué par les autres. Ils agissaient normalement avec moi. Seulement, Potter et Weasley n°6 et 7 semblaient éviter de se retrouver avec moi en tête à tête. Je devinais qu'ils devaient savoir quelque chose. Et s'il y avait quelque chose à savoir, c'était bien qu'il y avait quelque chose qui clochait et que tout cela n'était pas qu'un mauvais tour de mon imagination.

J'aurais peut-être dû mettre à profit cette semaine pour essayer de les interroger, leur confier le problème, le soir par exemple, quand nous étions tous les trois dans la chambre de Ron... Mais je n'ai pas osé. Par fierté, par pudeur... je ne sais pas. Je n'osais déjà pas en parler à elle... Alors à eux ...! C'était au-dessus de mes forces. En fait, je ne savais même pas comment exposer la situation. Aussi, à chaque fois que nous montions nous coucher, le trac, comme une boule de feu, incendiait mon abdomen et m'empêchait de trouver le sommeil. Eux, évitaient soigneusement tout sujet de conversation qui pourrait mener de près ou de loin à Hermione.

Au bout de deux ou trois jours, Mme Weasley fit une remarque sur mes cernes. Je lui mentis en expliquant que les gardes avaient complètement déréglé mon rythme. A son air peu convaincu, je sus qu'elle n'en croyait pas un mot. Peut-être qu'elle aussi savait ce que je devais savoir. Quoiqu'il en soit, elle n'insista pas plus et me proposa des tisanes pour dormir que j'acceptais sans hésiter.

La fuite et l'oubli offert par le sommeil. Voilà comment on soigne les chagrins d'amour.

La seule marque d'affection qu'Hermione me donna lors de ce séjour fut le matin de Noël, pour me remercier de lui avoir offert des places pour aller voir la pièce Songe d'une nuit d'été de Shakespeare dans un théâtre chic moldu. Alors que je descendais les escaliers, elle s'était jetée sur moi pour m'embrasser. Dans ses yeux, de l'amour. Du désir, même. Je profitais sans état d'âme de la situation : je l'embrassais passionnément en la serrant avec force dans mes bras. D'elle-même, elle approfondit son baiser, agrippant mes cheveux et se cambrant contre moi, comme à chaque fois qu'elle avait envie de moi. J'allais sans doute la soulever dans mes bras pour nous rapprocher encore si le raclement de gorge gêné de Weasley n°6 ne nous avait pas interrompu. Elle se détacha de moi vivement et reprit sa distance habituelle qu'elle observait depuis trois semaines maintenant tandis que j'étouffais un soupir de découragement.

Bien occupés, le temps passa vite et le jour où nous devions partir pour Whitecross Hall arriva un peu trop tôt à mon goût. Avant de partir, nous nous étions préparés chacun de notre côté et nous nous étions retrouvés dans la salle à manger où Ron et son père disputaient une partie d'échec tandis que Molly s'occupait de sa cuisine. Harry et Ginny lisaient paisiblement sur des fauteuils près du feu.

-Comme vous êtes beaux ! S'exclama la mère de famille alors que je descendais les marches à reculons, le ventre labouré par le stress.

Et effectivement, Hermione était très jolie, dans cette robe bleue marine très simple mais terriblement distinguée que lui avait prêtée Pansy.

-Rapprochez-vous on va faire une photo ! Allez, rapprochez-vous ! Insista-t-elle en brandissant un appareil sorti de je ne sais où.

Hermione fit un demi pas en crabe vers moi. Nos hanches se frôlaient et il me semblait que je n'avais rien vécu de plus émoustillant de toute ma vie : elle était magnifique et sentir sa présence sans pouvoir la toucher par souci des convenances, cela me rappelait cette fois où nous nous étions cachés dans une cabine des toilettes des filles à Poudlard. Cette tension m'enhardis et j'osais me rapprocher en la prenant par la taille.

Je m'attendais à ce qu'elle se raidisse car c'était la seule réponse que je recevais lorsque je posais mes mains sur elle désormais. Cependant, ce rejet passif n'arriva pas. Bien au contraire, elle se rapprocha encore. J'entendais sa respiration qui se faisait plus profonde alors qu'elle se laissait légèrement reposer contre mon torse. C'était si inespéré que j'en tremblais presque de joie et je devais user de toute ma force de caractère pour ne pas sauter au plafond.

Néanmoins, je devais contraindre mon espoir galopant : des rapprochements de cette sorte, il y en avait déjà eu. Presque trop. Et à chaque fois, j'avais été déçu. Alors, j'attendais avec anxiété le moment où elle me repousserait. Après la photo sans doute.

Tandis que j'humais discrètement son parfum, je ne pus m'empêcher de la regarder à la dérobée, priant que le temps s'arrête. C'est alors que le flash me surprit. Je sursautais, comme pris en flagrant délit.

-Tu ne regardais pas Drago ! Regarde l'appareil cette fois ! Me rabroua gentiment Molly.

Je tentais de me concentrer comme je pouvais. Je regardais fixement l'objectif avec un sourire que je savais crispé. Le flash survint quelques interminables secondes plus tard et je crus perdre définitivement la vue tant il était fort.

-Paaarfait ! S'exclama celle qui pouvait s'apparenter à une mère de substitution. Allez, ne traînez pas, où vous serez en retard !

Hermione s'écarta aussitôt et se défit de mon bras.

Je le savais. J'avais bien fait de me méfier. La méfiance... c'était elle désormais qui devait dicter ma conduite. Arrêter d'espérer pour arrêter de souffrir. Arrêter d'y croire.

Une fois devant la porte, je lui tendis galamment le bras et elle le saisit en souriant, gênée. Nous transplanâmes aussitôt.

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Hermione était encore troublée d'avoir senti le souffle chaud de Drago contre son cou lorsqu'elle arriva devant Whitecross Hall. Il lui manquait tellement ! Il fallait absolument qu'elle fasse cesser cette torture, tant pour lui que pour elle. Qu'elle se tienne à ses résolutions. Lors de cette semaine, elle avait essayé deux ou trois fois de le quitter, en se disant que les vacances lui permettraient de reprendre pied avant le retour du quotidien mais finalement, elle se demandait si le quitter après n'était pas mieux : il se consolerait en se jetant à corps perdu dans le travail. Cela tromperait sa solitude. Elle frissonnait rien qu'en l'imaginant seul dans ce hall, rentrant le soir, comme elle l'avait vu le soir de Noël dernier. Et alors des larmes lui montaient aux yeux à l'idée de le faire souffrir. Mais il finirait par se relever et connaître des jours meilleurs : il était fort. Et c'était mieux pour lui d'être seul un temps plutôt qu'être avec quelqu'un avec qui il ne pourrait rien construire. C'était certain, n'est-ce pas ?

A force de réfléchir sur la manière dont elle mettrait un terme à leur relation, elle commençait à se rendre compte qu'il n'y avait pas de bonne ni de meilleure solution. C'était toujours l'horreur et la destruction. Incapable de lui dire en face, elle avait essayé de le lui écrire, mais toutes ses lettres lui avaient semblé d'une violence inouïe. Alors comment ? Partir sans rien dire ? Fuir ? Ce serait bien la première fois... Et en même temps, elle n'avait pas le souvenir d'avoir autant souffert face à un choix. Même rendre amnésiques ses parents n'avait pas été aussi pénible car elle savait que l'oubli avait rendu leur expatriation en Australie indolore.

Harry, Ginny et Ron ne comprenaient pas vraiment son dilemme. Pour eux, seul le désamour ne devait mener à la rupture et tout cela n'était qu'un véritable gâchis. Ils s'étaient attachés au Serpentard et trouvaient qu'il était parfait pour elle, comme si c'était une évidence. Enfin : elle ne s'était pas sentie comprise et savait qu'elle devrait se contenter d'un soutien de bonne foi, certes, mais branlant et maladroit. Mme Weasley, dont le flair était imparable, avait aussi essayé de savoir ce qu'il se tramait mais Hermione avait réussi à garder son secret. Cette dernière était loin d'être impartiale et adorait Drago. Une fois leur rupture annoncée, elle savait que la mère de famille lui témoignerait quelques aigreurs comme elle avait pu le faire en quatrième année quand Rita Skeeter l'avait faite passer pour une croqueuse d'homme jouant avec les sentiments de Harry. Hermione ne put s'empêcher de s'amuser de l'ironie de la situation : elle n'avait pas voulu se mettre en couple avec Drago de crainte de perdre l'affection des Weasley et finalement, c'est en le quittant qu'elle allait s'attirer leurs foudres.

Ils avaient atterri dans le parc, à une centaine de pas de la porte et ainsi, elle avait pu admirer la bâtisse dans toute sa splendeur. Éclairée de l'intérieur, à chaque rebord de fenêtre avaient été disposés de multiples bougies dont les lumières vacillantes faisaient danser les ombres des reliefs. Des flambeaux avaient été plantés le long de l'allée principale. Comme de nombreux couples qui étaient arrivés en même temps qu'eux, il rejoignirent la bande de gravier qui les mènerait jusqu'à l'entrée principale.

Le manoir était peut-être un peu plus grand qu'Oaksey House mais il comportait moins de baies vitrées. Sa décoration était plus chargée également et Hermione se surprit à défendre l'austère sobriété du manoir Malfoy, plus élégante, et dont le parc était plus sauvage, plus naturel, contrairement aux terrasses aménagées en complexes jardins à la française qu'elle parcourait des yeux.

Les couples, de tous les âges, s'étaient organisés en file indienne pour accéder chacun leur tour au hall d'entrée. Désormais, ils avançaient au pas. Drago amorça un mouvement pour poser sa main sur la sienne mais il suspendit un instant son geste, hésitant, puis fit mine de frotter son front à la place, pour donner le change. Elle ressentit une immense déception. C'était la première fois qu'il n'osait pas la toucher. Son cœur se serra. Il ne lui avait pas dit non plus qu'il la trouvait belle alors qu'il en avait l'habitude pourtant. Et peut-être parfois mentait-il...

Peut-être qu'elle n'était plus belle à ses yeux ? Peut-être comptait-elle de moins en moins ? Son cœur se serra un peu plus encore.

Ils furent accueillis par des portemanteaux envoûtés sur lesquels les invités déposaient, chacun leur tour, leurs vêtements d'hiver. L'espace du hall était bien plus restreint qu'Oaksey House. Plus bas de plafond, il donnait seulement accès à un escalier monumental et à deux couloirs qui menaient respectivement à l'aile Ouest et à l'aile Est. Au pied dudit escalier les attendaient les hôtes et comme tous les autres, Hermione et Drago firent la queue pour les saluer.

-Drago ! Comme je suis heureuse de te voir ! S'exclama la mère.

-Hermione et moi avons été honorés de recevoir votre invitation, sourit-il, charmeur, en s'inclinant légèrement, suivi par sa voisine.

Les Greengrass les imitèrent.

-Oh, Drago, pouffa Thalia en lui administrant une légère tape sur la poitrine avec son éventail, pas de manières entre nous, tu fais pratiquement partie de la famille !

Hermione sentit son cavalier se raidir. Alors, en kamikaze, elle osa prendre la parole.

-La manière dont vous avez aménagé le parc est tout à fait charmante et la décoration du hall est vraiment sublime !

Elle n'inventait rien : c'était exactement ce que leur avait adressé la femme juste devant eux.

Les copier, lui avait-on dit.

-Oh, s'exclama la maîtresse de maison avec une surprise feinte.

Ou pas, Hermione ne savait pas.

-Je vous remercie, fut-elle obligée de répondre, mais avec une mauvaise grâce évidente.

La Gryffondor aurait bien voulu rajouter quelque chose qui venait d'elle mais elle s'abstint. Elle était encore novice et plus elle parlait, plus le risque de faire un impair s'accroissait. Pour éviter qu'un froid ne s'installe, Thalia reprit mais elle avait perdu son sourire vainqueur :

-Je vous en prie, montez, vous trouverez dans la salle de réception le thé offert.

De nouveau, ils eurent une presque imperceptible révérence puis Drago la mena vers les marches pour les gravir.

Ce n'est que lorsqu'ils s'étaient éloignés de la famille d'une dizaine de marche qu'il osa prendre la parole :

-Tu es une vraie mondaine, maintenant, sourit-il avec son ironie habituelle.

-J'ai seulement répété ce qu'avait dit la dame devant nous, avoua-t-elle, modeste.

Elle savait qu'elle était loin d'atteindre un niveau acceptable et elle avait l'impression qu'elle ne méritait pas ce compliment. Il ne devait l'avoir dit que par pur gentillesse. Pour qu'elle se sente bien.

-Tu sais, le manque d'originalité est une des qualités principales pour percer dans ce milieu, plaisanta-t-il et cela réussit à lui décocher un sourire.

Ils arrivèrent enfin dans la salle de réception. Elle était immense et décorée richement avec de lourdes tentures en velours bleu marine et des branches de sapin enneigées. De gros flocons tombaient depuis ce qui semblait être une sorte de plafond magique mais ces derniers s'arrêtaient à environ un mètre au-dessus de leur têtes. Des tasses et des plateaux voltigeaient dans la pièce entre les invités, chargés de fruits et de sucreries raffinées. Tout était tellement... beau et distingué ! Décidément, la magie ne cesserait jamais de l'impressionner.

Alors qu'Hermione était occupée à contempler l'aménagement de la pièce, une tasse de thé s'imposa dans ses mains. Elle s'en saisit et s'intéressa à ce qui était dressé sur les tables. Il s'agissait de présentoirs à trois étages en argent, très semblables à ceux que Blaise avait fait apparaître pour son anniversaire. Dessus se trouvaient des pâtisseries françaises et des petits sandwich salés ou sucrés, des muffins et scones. Elle pensa immédiatement à Ron qui se damnerait pour se retrouver à sa place en ce moment.

Immergée dans tout ce luxe, elle ne put s'empêcher de se sentir comme une tâche incrustée sur la toile d'un tableau. Pire qu'au théâtre... Peut-être parce que cette fois-ci ils n'étaient que tous les deux et qu'aucune mauvaise nouvelle n'était là pour détourner son attention de ce qui se passait autour d'eux. Elle avait cette impression d'être prise au piège. Sans savoir pourquoi, elle sentait que quelque chose n'allait pas. Une gêne dans sa poitrine. Drago, avait été pris à parti par un mari et sa femme et elle en profita pour s'éclipser, prétextant chercher du sucre pour son thé. Elle s'enfuit avant même que son cavalier n'ait le temps de dire quoi que ce soit. Ses mains moites et tremblantes manquaient de faire tomber sa tasse. Elle avait terriblement chaud et pourtant, elle était déjà en manche courte au plein cœur de l'hiver. Elle se demandait bien ce qu'elle foutait là, à se sentir ridicule. Toujours. Toujours ridicule. Elle avait voulu prouver qu'elle était leur égale, lisant des livres sur la noblesse, le théâtre et n'importe quel sujet qu'elle imaginait lui être utile un jour... Mais à quoi bon ? Jamais elle ne serait à la hauteur. Drago devait avoir honte d'elle : comment en aurait-il pu être autrement ? Quelque soient ses efforts, elle le mettrait toujours dans l'embarras.

Ce qui l'avait sauvé au théâtre, c'était l'impression de faire bloc avec lui. C'était son regard qui la couvait et sa main au creux de son dos.

Aujourd'hui, ils se déchiraient et elle se sentait seule plongée dans un bac d'eau glacée, fuyant celui qui voulait la secourir. Une fois séparés, peut-être se moquerait-on de lui et de l'inconstance de sa Sang-de-Bourbe ? Peut-être donnerait-elle raison à tous les préjugés concernant ceux de «son espèce» ? Et alors, il arriverait peut-être au Serpentard de regretter de s'être abaissé à elle.

Il n'était pas temps de se morfondre. Qu'elle se ressaisisse ! Elle avait deux jours à tenir dans ce panier de crabes. Après avoir essuyé un énième regard curieux qui la parcourait de long en large, elle passa rapidement en revue sa tenue, lissant la jupe de sa robe compulsivement. Pourtant, il n'y avait aucun pli et elle suspectait Pansy d'ensorceler ses vêtements. Si ce n'était pas sa robe, alors peut-être que c'était sa coiffure ? Elle se contempla sur la surface bombée de sa petite cuillère mais ce miroir de fortune déformait tant son image qu'il n'était d'aucune aide. Elle devait avoir l'air d'un épouvantail, c'était certain.

-Qu'est-ce que tu fais ? pouffa-t-on dans son oreille.

Elle se redressa en sursautant. Théodore se trouvait tout près d'elle. Si près que pour la première fois, elle put sentir son parfum. Quelque chose d'épicé, de la cardamome ou du clou de girofle.

-Rien, se força-t-elle à sourire en reculant d'un pas pour pouvoir le regarder.

-Drago n'est pas avec toi ? demanda-t-il, les sourcils froncés.

-Je l'ai laissé parler avec...

Elle ne se rappelait même pas de leur nom.

-Je l'ai laissé avec un couple. Je ne me sentais pas bien alors j'ai dit que je partais chercher du sucre.

-Tu ne te sentais pas bien ? insista-t-il avec un air préoccupé.

-Ce n'est rien. C'est juste qu'il me semble... qu'il y a quelque chose qui ne va pas.

-Comme quoi ?

-Je ne sais pas... Mes cheveux ou... ma robe peut-être.

Son sourire s'élargit alors qu'il parcourait du regard ses cheveux, son visage puis son corps avec un air concerné.

-R.A.S., répondit-il succinctement en baissant les yeux. Ne reste pas seule... C'est mal vu.

-Mais je ne suis plus seule, rétorqua-t-elle malicieusement. Tu es là.

-C'est avec Drago qu'on doit te voir, pas avec moi.

Elle acquiesça en silence. Il reprit, comme pour enfoncer le clou.

-On n'encourage pas les femmes à faire preuve d'indépendance.

De nouveau, elle acquiesça sans piper mot. Depuis la soirée au théâtre, elle avait appris à faire la part des choses entre ce qu'elle devait laisser paraître et la réalité. Ainsi, elle s'était façonné un éthos comme on se taille un costume, de manière à ce qu'on puisse penser d'elle «Elle est brillante, pour une femme née moldue». Ainsi, il ne s'agirait pas de contredire ou de lutter frontalement contre la domination qu'on exercerait sur elle mais plutôt de forcer la création d'une étiquette juste pour elle, mieux considérée qu'une femme mais, elle s'en doutait, jamais autant qu'un homme, brouillant les pistes entre le Sang-Pur et la Sang-de-Bourbe.

Aussi, elle se saisit docilement du bras qu'il lui présenta pour la ramener jusqu'à son cavalier.

Il retrouvèrent facilement le blond dans la foule qui se densifiait progressivement.

-Je te ramène ta compagne, sourit Théodore.

Et un rire paternaliste échappa au couple avec qui Drago échangeait toujours tandis qu'Hermione soignait son sourire et sa posture droite. Elle reprit le bras de son amant.

-Je vois que tu as fini par trouver le sucre, sourit-il, mais elle perçut une pointe de méchanceté dans le ton qu'il employa.

Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas usé de cette manière de parler. Hélas, pourtant, elle ne la connaissait que trop bien. Elle se sentit rougir de honte. Comment osait-il ? Les regards de biais et les sourires moqueurs qu'on leur adressait n'étaient-il pas suffisant ? S'abandonner n'était-il pas assez douloureux ? Aussi, fallait-il vraiment qu'en plus ils se détruisent entre eux ?! Elle se força à glousser avec le couple pour sauver les apparences tandis qu'elle devinait le regard assassin de Drago percuter de plein fouet Théodore.

Elle ne comprenait vraiment pas le pourquoi de cette hostilité soudaine : elle sortait de nulle part et sa gratuité lui broya le cœur. Est-ce que c'était parce qu'elle l'avait laissé sans crier gare ? Elle lui expliquerait son mal-aise et il comprendrait. Sans doute n'avait-il pas apprécié qu'elle s'enfuie sans même attendre sa réponse...? Quoi qu'il en soit, l'humiliation n'était pas une nécessité, même s'il lui en voulait.

Elle finit par se calmer après un temps.

En vérité, tout bien considéré, Drago avait sans aucun doute des milliers de raisons d'agir ainsi, accumulées depuis cette fameuse soirée du sept décembre où elle avait décidé de le quitter... un jour. Elle l'avait beaucoup fait souffrir, elle le savait. Et il explosait enfin. Il y avait seulement eu une goutte d'eau, celle de trop, qu'elle n'arrivait pas à identifier clairement. Mais qu'importe, car ce qui comptait, c'était que la machine infernale avait été mise en route. C'était maintenant que ça allait devenir difficile. Le rejeter pendant tout ce temps avait été atroce. L'être à son tour allait sans doute être pire... Jusqu'à ce que le fil de leur destin ne rompe.

Drago reprit sa conversation comme si de rien n'était en l'ignorant. Théodore s'immisça en commentant régulièrement avec des traits d'humour. Hermione, trop agitée intérieurement fut incapable de suivre la discussion. Elle eut alors tout le loisir de les contempler. Rien ne laissait deviner les émotions qui pouvaient les animer. Les deux étaient très élégants. Tirés à quatre épingles, le dos droit, leurs expressions semblaient avoir été moulées sur celle des autres. Le haut de leur visage se faisait sérieux, avec un regard grave et scrutateur, dans le jugement. Le bas était tout le contraire. Ils avaient une sorte de sourire discret qui se voulait affable mais qui n'avait rien de naturel.

Quelques dix minutes plus tard, ce fut au tour de Blaise et Pansy d'apparaître. Ils n'eurent pas le temps de s'approcher d'eux qu'ils furent accaparés par un couple leur adressant toutes leurs félicitations.

-On ne va pas les voir du séjour, se moqua Théodore.

-Ce sont les privilèges des fiancés, répondit la femme avec un sourire nostalgique. D'ailleurs, des rumeurs tournent à votre sujet, reprit-elle avec une mine réjouie.

-Ah oui ? Sourit Drago, qu'Hermione sentait se raidir imperceptiblement.

-Rien n'est convenu ? Demanda Mrs Robinson, curieuse.

-Pas encore : il nous reste beaucoup de choses à régler...

-Oh, Miss Granger, il faut le presser ! Il ne doit rien y avoir de si urgent au point que cela puisse empêcher un mariage, enfin, Mr. Malfoy !

-Mais, Catherine, Mr. Malfoy peut bien disposer de lui-même comme il le souhaite !

Puis s'adressant à Drago, mimant la confidence sur le ton de plaisanterie :

-Faites preuve de force de caractère, Mr. Malfoy, car une fois marié, c'est terminé !

-Oh, Mr. Robinson, comment osez-vous !? Gloussa sa femme en lui administrant une légère tape d'éventail sur l'épaule.

-Voyez ! S'exclama-t-il et le rire de sa femme reprit de plus belle.

La conversation se poursuivit légèrement. Hermione devinait que Drago avait des intérêts à se mettre Mr et Mrs Robinson dans la poche. Ce dernier finit par lui parler de sa société et de sa recherche d'actionnaire. La conversation prit alors une tournure sérieuse et Drago comme Théodore manifestèrent au mari leur plus vif intérêt.

Hermione renonça de nouveau à suivre la conversation après avoir lutté vaillamment : elle n'y connaissait rien et elle n'arrivait à se raccrocher à aucune notion qui permettrait de comprendre la teneur des échanges. Elle se mit alors à discrètement observer la salle : glaner des informations, des façons d'être, des bribes de paroles qu'elle pourrait ressortir plus tard. Les parents de Pansy et Blaise apparurent mais ils n'eurent même pas le temps de croiser son regard : il furent à leur tour happés par des groupes d'invités.

Après un discours de bienvenue des Greengrass et la disparition des tasses et des entremets que plus personne ne touchait, repu, les groupes s'éparpillèrent dans différents salons. Mr et Mrs Parkinson ainsi que Mrs Zabini finirent par se joindre à la conversation et il semblait que Bénédict Parkinson essayait d'en orienter la tournure et d'aiguiller les jeunes investisseurs. Finalement, Mrs Parkinson et Robinson se détachèrent des préoccupations des hommes pour amorcer une conversation légère qu'Hermione pouvait suivre en silence. De temps en temps, l'une ou l'autre, l'invitait à réagir et elle essayait de répondre le plus conformément à ce qu'on attendait d'elle.

La soirée s'étira lentement pendant laquelle Hermione n'arrivait pas à détacher son regard de celui qu'elle aimait. Il avait l'air parfaitement dans son élément : charmant, drôle, brillant. Lorsqu'il parlait, il avait l'aura de quelqu'un qui avait devant lui un avenir prometteur et l'assemblée autour de lui semblaient partager l'avis de la Gryffondor. Charismatique, il n'avait pas à luter pour qu'on l'écoute. Il était beau et Hermione se rendit compte à quel point elle pouvait admirer cet homme capable de se sublimer par le simple pouvoir de sa volonté. Pourtant, Hermione savait à quel point il exécrait désormais ce genre de soirée. La fin de son adolescence et la guerre lui avaient définitivement passé l'envie de se mettre en avant.

Il balayait l'assemblée des yeux mais évitait résolument de croiser les siens. Il avait dû en faire une résolution car il ne flancha pas une seule fois. Elle connaissait sa détermination et à quel point elle pouvait être solide. Et maintenant qu'il la repoussait, c'était elle qui mourrait d'envie qu'ils se rapprochent.

Elle se sentait seule... Et le pire, c'est qu'elle l'avait voulu... Avait-elle oublié l'horreur, le vertige causée par cette sensation ? Elle regrettait tout.

Enfin, vers vingt-deux heures, des elfes de maison se mirent à leur disposition pour leur montrer leurs chambres. Petit à petit, les salles se vidèrent. Mr et Mrs Robinson ainsi que les parents de Pansy et de Blaise finirent par les quitter après leur avoir souhaité une bonne nuit.

-Je n'en peux plus ! S'exclama Pansy qui venait enfin de les rejoindre, en se laissant tomber sur un des fauteuils du petit boudoir qu'ils avaient choisi pour se retrouver en toute discrétion. Il est minuit et on ne nous a pas lâché la grappe depuis dix-huit heures ! C'est fou quand-même !

-Quand ils auront tous posé leurs questions, on ne nous parlera plus, sourit gentiment Blaise en s'installant à ses côtés.

-Tu parles, on a parlé qu'à... cinq ou six couple différents ! Je suis sûre que demain, on ne nous lâchera pas non plus ! J'hésite à donner une conférence de presse !

Elle reprit en se redressant sur son fauteuil.

-Ça va vo...

Elle fut interrompue par une porte qu'on ouvrait discrètement. Dans entrebâillement de la porte apparurent Daphné et Astoria Greengrass. Pansy haussa les sourcils pour manifester son étonnements dédaigneux aux autres puis revêtit son sourire poli. Drago et Théodore, eux, se fermèrent aussitôt, sur la défensive. Alors que les deux sœurs s'avançaient timidement vers eux, Hermione se rendit compte qu'elle s'était arrêtée de respirer. Astoria, avec une démarche mécanique s'assit sur le fauteuil le plus proche de Drago et Daphné prit place du bout des fesses à l'extrémité opposée du sofa où s'étaient vautrés Blaise et Pansy. Ces derniers, d'ailleurs, essayèrent de se rasseoir convenablement en se raclant la gorge. Un silence de plomb s'abattit sur eux.

-Dra... Drago, la fête te plaît-elle ? Risqua Astoria d'une voix tremblante.

De nouveau, Hermione ressentit la pitié soulever son cœur. La jeune fille allait tout juste avoir dix-sept ans et elle en paraissait douze.

La Gryffondor ne voulait pas imaginer l'éducation qui avait mené à ce désastre. Et quelle pression sur ses épaules ! Chargée, par sa mère sans doute, de séduire un homme qui ne cachait pas son désintérêt et qui avait l'insolence de lui faire rencontrer sa compagne ! Mais comment la libérer ?

Ce dernier ne prit pas la peine de sourire poliment et répondit froidement :

-Très agréable.

-La décoration est très jolie et tout était vraiment délicieux, enchaîna Hermione, en se rendant compte que la voix douce qu'elle employait malgré elle était celle qu'elle destinait généralement aux enfants.

-Merci ! Sourit franchement Astoria plus à l'aise.

-C'est à toi qui a...

Fait ? certainement pas.

-... imaginé tout ça ?

-C'est ma mère.

Évidemment, Thalia Greengrass n'allait quand-même pas accorder une once de liberté à ses filles.

-En tout cas, c'est très réussi ! Se força à sourire la Gryffondor.

-Oui, je trouve aussi !

Un raclement de gorge. Daphné qui fait les gros yeux à sa cadette. Astoria qui se ratatine sur son siège. De nouveau, le silence se fit.

-Dra... Drago...

-Et si on allait se coucher ? coupa Pansy avec un air farouche sans quitter des yeux Daphné.

Hermione était surprise : elle ne pensait pas que les deux ne s'entendaient pas.

-Excellente idée, renchérit le blond tandis que Blaise était déjà en train de se lever.

Théodore s'empressa de suivre le mouvement en complétant :

-C'est vrai qu'il se fait tard.

-Nous allons vous montrer vos chambres, si vous permettez, proposa Daphné à Pansy, Théodore et Blaise avec un sourire forcé. Astoria vous montera les vôtres, indiqua-t-elle en regardant Drago.

Alors, ils se dirigèrent tous vers le deuxième étage, arrivés sur le palier, le groupe de Daphné disparut dans les couloirs tandis qu'Astoria continua sa route vers le troisième et dernier niveau sous le regard suspicieux de Drago. Ils traversèrent bon nombre de couloirs et plus ils s'enfonçaient dans les profondeurs du manoir, plus la décoration gagnait en sobriété. Enfin, elle disparut complètement. Plus de moquette au sol mais un dallage de briquettes en terre cuite inégales, sans doute d'origine, et mal fixées. Ils arrivèrent enfin devant une porte branlante devant laquelle Astoria s'arrêta. De toute façon, c'était un cul-de-sac. Sans doute l'extrémité ouest du château. Le plus loin possible, donc.

Un sourire mauvais se dessina sur les lèvres de Drago.

-C'est... ce... c'est... la chambre de Miss Granger.

Lui, pouffa méchamment, cachant mal sa colère :

-C'est une plaisanterie ? Hermione ne dormira pas ici.

-C'est que... toutes les autres chambres sont prises...

-Drago, ce n'est pas grave, essaya de tempérer Hermione, pour protéger la petite fille du courroux de Drago.

Il était évident que cette dernière n'y était pour rien : elle ne méritait pas qu'on la maltraite. Et puis... après un an passé sous une tente, n'importe quoi dans du dur lui paraissait confortable.

Il la regarda un instant, la première fois depuis qu'elle était revenue avec Théodore. Il avait une mine incrédule, comme si elle venait de le trahir.

-Si c'est grave, reprit-il, contractant sa mâchoire de colère. Il est hors de question que tu dormes ici... Et l'autre chambre ? adressa-t-il rudement à leur guide.

-Au... au deuxième étage, entre la mienne et celle de M. Nott.

Drago soupira bruyamment en levant les yeux au ciel : c'est à dire que ces stratagèmes étaient tous plus grotesques les uns que les autres.

-On échange les chambres, lâcha-t-il d'un ton autoritaire qui n'attendait aucune contestation. Hermione prendra celle du deuxième.

D'un autre côté, Hermione comprenait sa fureur. Lui donner une chambre si éloignée de son cavalier et aussi déclassée... tout cela avait été fait dans le but de l'insulter et Drago devait bien-sûr réagir. Échanger les chambres semblait en soi la meilleure des solutions... C'était plus utile que de passer ses nerfs sur quelqu'un.

Étrangement, cet affront ne blessait pas Hermione. S'il y avait bien une personne que celle-ci n'espérait pas conquérir, c'était bien Thalia Greengrass. D'ailleurs, elle s'était préparée aux coups bas qu'elle allait recevoir lors de ce séjour.

-D'accord, réussit à articuler Astoria, malgré les larmes qui perlaient au coin de ses yeux. Venez Hermione.

Cette dernière vit son espoir d'avoir un moment d'intimité, même bref, avec son amant voler en éclat. Elle se rapprocha tout de même, hésitante, pour qu'il embrasse sa tempe, comme à leur habitude mais il baissa la tête. Elle arrêta alors son mouvement, le cœur transpercé, mais pas surprise. Est-ce qu'il lui aurait pardonné demain ? L'espoir rejaillirait-il pendant la nuit ou avait-il fini de se battre ?

-Bonne nuit, alors.

Et elle lui embrassa la joue.

-Bonne nuit, répéta-t-il d'une voix faible, sa colère passée aussi vite qu'une bourrasque de vent.

Puis elle se détacha de lui pour suivre Astoria dans le couloir.

Elle ne savait pas, des trois, qui avait le plus souffert pendant cette soirée.

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Est-ce que l'amour, ce n'était pas comme une corde ? Une corde tressée d'un millier de fils, qui cassaient un à un jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien. Plus rien du tout.

J'avais une sensation étrange qui ne me lâchait pas depuis tout à l'heure. Une chose en moi, pendant cette soirée, s'était cassée. Alors, une sorte de soulagement. Une forme de souffle de liberté qui me traversait de part en part. Mon cœur n'était plus cette charpie qu'on continuait de charcuter cruellement. Il avait disparu. Un immense vide dans la poitrine. On m'avait ouvert la cage thoracique et l'oiseau était parti.

Alors, tout était fini ?

Après avoir fui celle que je voulais prendre dans mes bras, après avoir laissé la méfiance gouverner toutes mes pensées, après avoir haï toute ses marques d'affections qui me rendaient prisonnier d'elle, c'était sans doute la seule issue possible.

Pour l'heure, dans une sorte d'état de choc, j'étais incapable de ressentir quoi que ce soit. Pas de tristesse, pas de joie : rien. Et cet oiseau fuyard, je ne savais pas exactement ce qu'il était.

Ce n'était pas l'amour qui avait plié bagage... Non : ce fidèle amour, je le sentais toujours crépiter, comme un charbon ardent, feu sacré de mon humanité, compagnon honnête et loyal qui n'avait jamais fait autre chose que croître en plantant ses racines, toujours plus nombreuses, toujours plus profondément en moi. Je m'étais abandonné dans sa douceur et il teintait mes souvenirs les plus heureux. J'avais déposé en lui la circonférence de ma vie comme une offrande chaude et fumante sur un autel, oubliant le goût de l'existence sans lui et acceptant qu'il serait ma dernière pensée.

Mais alors quoi ? Qu'est-ce qui était mort ? Ce n'était pas moi : je respirais encore. Ce n'était pas elle non plus : je venais de la quitter avec Astoria à l'instant.

Ce qui était mort, c'était nous. L'idée de nous. L'idée de faire un tout. Nous n'étions plus rien. Un vase brisé, une chaîne rompue, un tissu déchiré.

C'avait d'abord été une intuition quand je l'avais vue revenir avec Nott. Son corps proche du sien. Plus proche que le mien n'était toléré. Et puis, comme on essuie la buée d'un miroir, la vérité m'était apparue. Simplement, je nous abandonnais. Je la regardais partir, emportant avec elle beaucoup de choses qui comptaient pour moi. Simplement, j'arrêtais de me battre, comme un condamné accepte la mort. Simple. Terriblement simple... et facile ! J'acceptais. Après m'être agrippé de toutes mes forces, je lâchais et me laissais tomber dans le vide. Je ne retenais plus, dans cet effort surhumain, les murs de notre maison branlante et désormais, je la regardais s'écrouler, impuissant, sonné, épuisé, incapable de comprendre.

Pour nous, pour elle, j'avais accepté beaucoup de choses. Mais je savais que la laisser s'éloigner, c'était le renoncement final. Le dernier que j'aurais à faire, et j'étais délivré.

Alors, moi, naufragé, je m'assis sur le rivage pour attendre patiemment que la sidération passe et que ne se manifeste la pluie.