Ccassandre24 : Ahahah oui, il s'agissait de ne pas faire les choses à moitié x) Merci pour ta review et ton compliment ! Je me suis bien amusée à écumer les pages Wikipédia traitant du sujet ^^ C'est assez intéressant d'ailleurs ! ^^ Merci, à toi aussi !
Maryssandra : Merci pour le compliment ! Ca me touche ^^ Je comprends, j'espère que les explications de Nott, qui arriveront dans le dernier chapitre que je publierai cet été (mercredi prochain), te convaincront ^^ Merci pour ta review ! Je te souhaite une bonne lecture et un bel été !
Ivy : Je ne te cache pas que ce passage a été l'objet de beaucoup d'hésitations ! ^^ Au début, dans mon brouillon programmatique, j'étais partie sur un simple câlin mal interprété mais plus j'écrivais la dégradation de la relation entre Hermione et Drago, plus il me paraissait nécessaire de marquer une rupture franche pour pouvoir les faire repartir de zéro et qu'elle, enfin, fasse un travail sur elle-même... Et elle en a beaucoup, des problèmes à régler ! Et puis bon... Pour une fois que c'est Hermione qui doit faire amende honorable ! Et, oui, elle va sacrément galérer X) Merci pour ta review !
51- «Il faudra bien t'y faire, à cette solitude» («A Georges Sand IV», Musset)
L'instinct de Pansy se mit aussitôt en alerte lorsqu'elle vit Drago et Hermione arriver au petit déjeuner avec une mine de déterrés. Ils avaient peu ou pas dormi. Ce pouvait être... une excellente nouvelle : ils auraient pu se retrouver enfin et batifoler pendant une nuit entière... Mais le sourire forcé d'Hermione et ses yeux bouffis d'avoir pleuré toute la nuit lui suggéraient tout le contraire.
A huit heures trente précise, Drago donna le signal de départ et Hermione s'empressa d'y répondre alors qu'elle n'avait pas fini de boire son thé. Elle l'engloutit d'une traite et suivit son cavalier. Un tel comportement ne leur ressemblait pas : lui, aussi peu prévenant ; elle, aussi soumise. C'était sûr : quelque chose de grave s'était passé et Pansy devinait que leur relation ne s'en remettrait pas... Sans un coup de main.
Elle se retint de lever les yeux au ciel. Pourquoi fallait-il que les deux soient aussi bornés ? Elle s'en voulu de ne pas avoir eu une discussion avec la Gryffondor la veille. Elle aurait pu peut-être évité le marasme. Elle allait se rattraper.
Le couple en froid se dirigea vers Thalia et son mari pour prendre congé et remercier encore une fois de l'invitation. L'ironie dans le ton de Drago ne pouvait échapper à personne. La maîtresse de maison fit une remarque sournoise concernant leurs mines fatiguées et Drago rétorqua qu'une chambre de domestique n'était pas idéale pour un bon repos. Le ton badin employé de part et d'autre ne réussissait pas à atténuer les regards assassins que chaque camp réservait à l'autre.
Enfin, Drago et Hermione transplanèrent pour le manoir.
Pansy réussit à convaincre son fiancé d'attendre Théodore. Quand ce dernier fit surface, à dix heures passées. Il avait une mine tout aussi affreuse que ceux qui les avaient quittés plus tôt. Alors, Pansy sut qu'il devait avoir un rôle à jouer dans tout ça. Une angoisse sourde broya les entrailles de la Serpentard. Elle craignait un tremblement de terre. Un séisme si puissant qu'il serait capable de disloquer leur groupe.
Théodore se fit peu bavard et garda son air sombre les dix minutes qu'il passa en leur compagnie. Après avoir seulement bu un café noir, dédaignant quoi que ce soit de solide, il se leva pour s'éclipser en grommelant un «au revoir».
-On a bien fait de l'attendre, grogna Blaise.
-Tu l'auras remarqué, n'est-ce pas ? demanda Pansy sur un ton exaspéré.
Ce qu'il pouvait être bouché parfois !
-De quoi ?
Pansy n'eut pas la patience de se retenir une nouvelle fois de lever les yeux au ciel.
-Qu'il s'est passé quelque chose !
-Peut-être admit-il.
-Tu passes la nuit avec Drago ce soir. Tu lui demanderas.
Il acquiesça en silence, pensif alors qu'ils se levaient à leur tour pour quitter ce maudit manoir.
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Je lâchais sa main immédiatement après être arrivés devant le portail du manoir. Je défis les sorts de protection et nous marchâmes en silence dans l'allée. Je sentais sur moi la brûlure de son regard. Elle voulait dire quelque chose. Je feignis de ne pas le remarquer. C'était terminé, je n'avais plus rien à voir avec elle.
J'étais écoeuré. Profondément. Cette trahison... Ces trahisons ! Car elle était double ! Je me sentais alors cerné, assiégé par ce brouillard putride. Ou, dans une maison des miroirs, rencontrant sans arrêt le reflet de l'infamie. L'horreur. Comment avaient-ils pu oser ? Est-ce que rien dans cette vie ne me serait épargné ? Je me sentais sali, empestant le dégoût. Ecumant de rage. Il me semblait alors que jamais encore la colère ne m'avait submergé avec cette violence.
J'avais passé la nuit à essayer de réaliser ce que j'avais surpris. Elle et Nott qui s'embrassaient ! Ce n'avait pas été un simple baiser furtif. Ce n'avait pas été un accident malheureux. C'avait été un baiser passionné, de ceux qu'elle repoussait lorsqu'il s'agissait des miens. Je comprenais mieux où allaient les siens. Est-ce que c'était la première fois qu'ils s'embrassaient ? Est-ce qu'ils s'étaient déjà retrouvés avant ?
Est-ce qu'ils s'étaient dit qu'ils s'aimaient ? Leur en avais-je laissé le temps ? Avait-elle prévu de me quitter ? Mais quand ? N'en avait-elle pas eu le temps en un mois ?
Il me semblait avoir découvert toute une vie souterraine que je n'avais pas soupçonnée. Comme lorsqu'on retourne une pierre pour y découvrir sous elle le monde grouillant d'une fourmilière.
Alors que nous arrivions à notre chambre-ma chambre désormais-pour poser les bagages, elle me retint par le bras.
-Drago... essaya-t-elle.
Et lorsque je posais les yeux sur elle, j'eus cette impression étrange de découvrir une étrangère. Ce n'était plus elle. Je ne la reconnaissais plus. Elle avait changé. Elle avait les mêmes cheveux, la même peau, les mêmes yeux pourtant mais... Ce n'était plus Hermione. Mon Hermione. C'était quelqu'un d'autre que je n'avais jamais vu de ma vie. C'était comme si on avait retiré un filtre à ma vision. Comme si l'éclairage avait changé et que la vérité la révélait avec une lumière crue. Je la dévisageais sans aucune retenue pour essayer de comprendre ce qui avait transformé son image, la scrutant centimètre carré par centimètre carré avec perplexité.
Elle prit mon silence interrogatif pour un encouragement, la malheureuse, car elle me prit la main. Je la retirais en veillant à ne pas me faire trop brusque. Je craignais ma violence.
-Je reviens dans vingt-quatre heure environ, si tout va bien. Tu seras partie... s'il te plaît. N'oublie pas ton shampoing dans la douche.
Je me figeais un instant. Comment prends-ton congé dans ces cas-là ? «Adieu» ? Sans savoir pourquoi, le dire était au dessus de mes force. «Au revoir» ? Non plus : trop dur. Petit faible que j'étais. A plus tard ? certainement pas ! Je priais pour ne plus jamais la revoir. Qu'elle se fasse engloutir par la terre ! Alors...
-Bon... Bonne... Bonne chance... pour la suite.
Et je m'éclipsais, à moitié en courant. Est-ce qu'elle s'était précipitée après moi ? J'étais bien incapable de le dire. A peine fus-je dehors que je transplanais. J'arrivais bien trop tôt pour ma garde qui ne devait commencer qu'à dix-neuf heures. Onze heure d'attente, j'allais en avoir, du temps, pour ruminer ! Je me changeais dans la foule des médecins. Merlin, pris peut-être de pitié, fit que personne ne remarqua ma présence. Une fois prêt, je m'enfermais dans une des salles de garde, sobrement meublées d'étroits lits superposés. Je patienterais ici. N'ayant que très peu dormi la nuit précédente, je tombais rapidement dans un sommeil que j'espérais sans rêve.
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J'avais dormi quatre heures et mon cerveau n'avait cessé pendant ce temps de faire renaître les spectres d'Hermione et de Nott. Je pouffais ironiquement. Moi qui avais craint la solitude après avoir quitté Hermione, j'étais à des lieux d'imaginer que cette histoire me ferait me séparer non pas d'une mais de deux personnes qui m'étaient chères. Et je les haïssais d'autant plus que je pouvais les aimer.
Qui me restait-il alors ? Pansy et Blaise ? Joyce peut-être, avec le temps. Et c'était tout. Un regain de rage me saisit alors. Comment avait-ils pu m'abandonner aussi lâchement ? Enfin... Sans doute étaient-ils heureux, eux. De moi, qu'est-ce qu'ils pouvaient bien en avoir à faire ? Ils avaient leur propre "ensemble et c'est tout". Sans moi.
Peut-être qu'elle irait directement s'installer dans son manoir à lui ? Nott Sénior ne devait pas être bien difficile à berner... Ou alors prendraient-ils un appartement ?
Quel connard.
Une bouffée de sympathie me prit pour Abigail. La pauvre. Une relation basée sur le mensonge... Enfin... Je ne m'en sortais pas mieux. Le mystère était : à quel point m'avaient-ils menti, à moi ? Je levais les yeux au ciel pour contenir ma colère : quand je repense au cirque qu'elle m'avait fait quinze minute avant d'aller «chez» Nott, il y a deux mois !
«Mentir, pour toi, c'est rien peut-être !?» M'avait-elle hurlé à la figure avant notre départ. Vraiment, elle se foutait de moi. Je savais que Nott était capable de mentir, mais elle... aussi longtemps ! Crétin d'aveugle. Un imbécile qui avait fait confiance.
Et ce qui me rendait tout cela plus amer encore, c'était bien ce regain d'affection qu'elle avait eu hier matin. Je m'étais montré distant, déterminé à la quitter et elle m'avait refait chuter ! Pourquoi ? Ne pouvait-elle pas me laisser en finir sans faire de vague ? Non bien-sûr ! Il avait fallu qu'elle me redonne espoir ! Ce stupide espoir que j'aurais tant aimé étouffer dans son sommeil.
C'était incompréhensible. Comment avais-je pu me tromper à ce point sur elle ? A mes yeux, elle était la pureté incarnée, la vérité et l'honnêteté même. L'héroïne sans peur et sans reproche... Une belle salope, oui !
Je tremblais comme une feuille, à deux doigts de la crise d'hypoglycémie. Midi trente. Je me rendis à la cafétéria et achetai deux sandwichs, les plus consistants que je trouvais : un pour ce midi et un pour ce soir. Je m'assis à une table seul. Tous les stagiaires étaient en vacances. Wood, déjà installée plus loin avec Smethwyck me lança un regard interrogatif. J'osais lui répondre d'un sourire et je crus voir l'ombre d'un passer sur ses lèvres.
-Il y a plusieurs raisons qui peuvent pousser un stagiaire à arriver à huit heures trente du matin un jour de vacances...
Dorian O'brien venait de s'installer en face de moi. Qu'est-ce qu'il venait me faire chier, lui ? Je n'étais pas d'humeur à encaisser ses insultes et il allait prendre tarif. Surtout s'il osait évoquer Hermione.
-Et pour venir manger avec moi, il n'y a qu'une raison : tu dois vraiment te sentir seul, attaquais-je. Hugues est absent ? Peut-être qu'à force de dire de la merde on a fini par lui diagnostiquer une forme grave de gastro-entérite ?
-Non, il en soin intensif pour son humour de beauf.
Je ne pus m'empêcher de pouffer, malgré moi. Je ne pensais pas qu'Obrien partageait l'avis de tout le monde concernant les blagues de son acolyte... D'un autre côté, cela ne m'étonna pas.
-Il a posé sa journée pour être avec sa famille.
-J'en ai strictement rien à foutre.
Il me considéra un instant, pensif. Son regard semblait analyser chaque centimètre de mon visage.
-Voyons, reprit-il. Et ton diagnostique à toi ? Irritable, en avance de onze heures sur son service, les épaules voûtées, le regard dans le vague, des cernes tellement marquées qu'on pourrait y faire du bobsleigh...
-Du quoi ?
-Un sport de moldu... Quoi qu'il en soit, tout ceci sent la défaite... Tu t'es fait plaqué ? Ne te sens pas obligé de te confier, je saurais tout avec le prochain numéro de Sorcière Hebdo, j'imagine !
Je me crispais : il lisait ne moi avec bien trop de facilité. Etait-ce lui qui était bon ou moi qui était devenu mauvais ? Cependant, il ne me laissa pas m'appesantir sur la sueur froide qui me parcourait le dos :
-En tous cas, tu as bien fait de ne pas mettre tes œufs dans le même panier...
-Comment ça ?
-Oh pitié, ne me fais pas croire qu'il s'est encore rien passé avec Chang... Pas à moi !
Je pouffais une nouvelle fois : ce pervers avait vraiment un problème, à voir des choses qui n'existaient pas. C'était de notoriété publique qu'elle pleurait encore Cédric, même si petit à petit, force est de constater qu'elle remontait la pente.
-Tu délires. Il n'y a rien.
-Ta naïveté de pré-pubère serait touchante si tu n'avais pas dix-neuf ans... Là, elle fait pitié. En tout cas tout le monde parle de ça.
Je choisis de ne pas répondre, haussant les épaules, ne voulant pas rentrer dans ce débat concernant Chang, dont je me fichais éperdument. Il abandonna alors vite ce sujet, sentant qu'il n'avait aucune prise sur moi. Il reprit :
-Mais ne t'en fais pas, va ! Il n'y a rien de bien terrible à être célibataire, au contraire ! Tu t'en sortiras très bien, se moqua-t-il en me gratifiant d'une bourrade dans l'épaule.
Celle toujours endolorie de ma première nuit à Whitecross Hall.
-Pas sûr, quand je vois ce que deux ans de solitude ont fait de toi, rétorquais-je en pensant à la très brève histoire qu'il avait eu avec sa filleule Sarah O'Kelly.
Il se figea et blêmit. Je tirais enfin un peu de satisfaction de cette conversation sans queue ni tête.
-Comment tu sais ?! Me demanda-t-il tout bas, paniqué. C'est... c'est elle, hein, qui te l'a dit ?
Je pouffais dédaigneusement :
-S'il n'y avait qu'elle... Mais tout le monde est au courant, mon pauvre.
Il resta interdit un instant, oubliant d'en mâcher sa bouchée de sandwich. J'avais frappé un peu fort, peut-être. Je culpabilisais un peu. Mais c'était lui aussi, qui venait me provoquer ! Je n'avais rien demandé à la base !
-Tout le monde... tu veux dire... tout le monde ?
-Tu sais bien comme toutes les rumeurs circulent ici... répondis-je, adouci.
-Il y a des rumeurs qui circulent ?
Je soupirais. Voilà ce qu'il se passait quand on cherchait querelle pour tout et n'importe quoi et qu'on traitait comme inférieur tout le monde excepté les chefs de service.
-Oui, fus-je obligé d'avouer.
-Comment se fait-il que je ne sois pas au courant ?
-Simple conjecture mais... ça a peut-être un lien avec le fait que tu te comportes comme un Troll avec l'ensemble de l'hôpital ? ironisais-je.
Il grogna dans sa barbe taillée courte mais ne sembla pas contester.
-Qu'est-ce que tu sais alors ?
-Sur... toi et Sarah ?
Il acquiesça silencieusement. Son air abattu me surprenait. Cette amourette avait-elle compté pour lui ?
-Qu'elle t'a quitté au bout de deux semaines parce que justement tu étais odieux avec tout le monde.
De nouveau il hocha la tête, pensif.
-C'est elle qui te l'a dit alors ?
-Oui.
Il se leva, déboussolé, sans finir son sandwich.
-Sache juste que... que c'est... c'est moi qu'il l'ait quitté.
Je fis mine de le croire, pour son ego. Sur ces mots, il partit, me laissant finir de manger seul.
Curieuse discussion.
-Qu'est-ce que tu fais-là si tôt ? Doissec s'est plaint à Smethwyck de tes heures supplémentaires. Tu n'as pas le droit d'en faire.
Je levais des yeux surpris vers Wood. Elle s'était arrêtée juste à côté de ma table et me parlait sans me regarder, comme s'il s'agissait d'un entretien d'espions.
-Cache-toi en salle de garde. Qu'on ne te voie pas avant dix-neuf heure ce soir !
Elle me laissa en plan à son tour pour reprendre son service. Je suivis ses conseils, malgré mon envie de traîner dans les couloirs pour aider ou apprendre.
A peu près confortablement installé sur un lit, je pris le parti de réviser les cours du lundi. Nous allions avoir des partiels à la rentrée. J'étais serein, comme d'habitude. J'avais eu une très bonne évaluation de terrain de la part de Wood et je m'étais mis globalement Doissec dans la poche. Je n'étais pas inquiet pour mon évaluation de ce trimestre.
Je suppose qu'à ce moment, Hermione était en train de faire ses bagages. Peut-être avait-elle déjà terminé ? Est-ce qu'elle avait pensé à tout prendre ? Je ne voulais pas d'une visite surprise pour un livre, des chaussettes ou je ne sais trop quoi. Demain matin, ça allait être horrible. Plus de photos aux murs. Plus de livres dans la bibliothèque. Plus d'habits dans la deuxième armoire. Plus de nécessaire d'écriture sur son bureau. Plus de crèmes hydratantes qui embaumaient la salle de bain.
Me concentrer.
L'après-midi passa lentement, mon esprit plus occupé à vagabonder du côté d'Hermione et Nott que de celui des pathologies des sortilèges.
Dix-neuf heures finit par arriver. Je m'installai dans la salle de pause commune pour manger mon sandwich, attendant les autres. Blaise arriva en même temps qu'Andersen et Tracy. Cette dernière se laissait ennuyer par le monologue du stagiaire. Je devinais alors qu'elle comptait en faire «son goûter de trois heures» comme elle l'appelait. Car selon elle, et j'avais pu le vérifier, passé trois heures, les gens chez eux et couchés, tout devenait calme. Tracy avait alors le temps de goûter avec quiconque voulait bien le faire avec elle. Joyce, Andersen, ou Singh, selon leurs humeurs.
Blaise me lança un regard sérieux et je me doutais qu'il attendait des explications concernant mon comportement de ce matin. J'hésitais un instant à le faire, par égard pour Nott. Mais finalement mon ressentiment reprit vite le dessus et je lui racontais tout depuis le début sans rien omettre. Je retraçais alors la froideur d'Hermione, ce dont il était déjà au courant jusqu'à la tromperie révélée, sans oublier mon espoir galopant sur lequel Hermione avait soufflé le chaud et le froid ainsi que ma détermination fragile d'avant hier soir à la quitter.
Lui, acquiesçait en silence jusqu'à ce que je lui narre le baiser surpris. Il se redressa alors vivement sur sa chaise pour me dévisager. J'avais heureusement assez ruminé pendant la journée pour réussir à me composer un visage alors que je vidais mon sac. Pendant plusieurs minutes, il ne put parler.
-Quoi ?! Mais comment ont-ils pu...? Je... Je n'arrive pas y croire ! Réussit-il finalement à balbutier en me regardant avec un air effaré.
J'acquiesçais en silence. La seule satisfaction que j'en retirais était de me dire que mon intuition et ma jalousie avaient eu raison. Je ne m'étais pas fait des idées. Et je savourais alors tous les piques que j'avais pu envoyer à ce sujet.
-Zabini ! On a besoin de toi en mater ! S'exclama Josephine, une des infirmières.
Alors, il se leva en automate pour rejoindre son poste. Moi, je jetais mon dévolu sur mon sandwich. Une fois mangé rapidement, je pris le parti d'aller voir aux accidents matériels où ils en étaient. On m'avait prévenu que c'était le service qui recevait le plus d'admission lors des soirées de réveillon. Il était vingt heures et les gens n'étaient sans doute pas assez alcoolisés pour faire des bêtises ou incapables par eux-mêmes de se soigner. Je bavardais de tout et de rien avec Fifi qui avait été affecté au rez-de-chaussée pour cette nuit en renfort. Méfiant à mon égard au début, il avait fini par me faire confiance, les vendredis soirs aidant. Je crois qu'il aimait ma verve et ma réactivité. Progressivement, des sorciers blessés à la main, brûlés ou touchés par des maléfices absurdes firent leur apparitions. Le temps passa vite et j'étais trop occupé pour penser à Hermione. Cela me fit du bien.
A minuit passé, alors que je prenais congé d'un patient trop ivre pour soigner une plaie bénigne au doigt, un grand brouhaha se fit entendre.
-Malfoy, c'est pour toi ! s'exclama de nouveau Joséphine, alors qu'elle s'escrimait à raisonner une femme paniquée dont la tête avait été métamorphosée en celle d'un ornithorynque.
Je vis alors arriver un jeune homme, la jambe droite en sang, supporté par deux autres, accompagné par un petit groupe.
-Malfoy ? S'exclama l'un des porteurs.
-Rogers ? Harding... ? Dunn ?! Qu'est ce que vous foutez ici ?!
-Ça se voit, non ? rétorqua Dunn en désignant sa plaie béante à la cuisse.
-On a pas dix-sept ans, on ne peut pas se soigner nous-même, grommela Yanis Rogers.
-Et vos parents ?! M'exclamais-je.
-Oh, ça va Malfoy, on a plus douze ans !
-Moi si, répondit narquoisement une petite voix.
-Depuis quand les gnomes ça parle ? grogna Dunn à l'encontre de l'insolente qui venait de parler.
C'était Octavia ?! Cette première année que j'avais accueilli l'année dernière alors qu'elle pleurait à chaude larme ?! Elle avait tellement grandi ! Même Arabella et Adeline étaient là. Ils me regardaient tous avec intensité. L'équipe de quidditch de Serpentard au complet, excepté Blaise, évidemment. Sans que je ne sache pourquoi, cela me fit un bien fou de les revoir, au point que j'aurais presque eu envie de tous les prendre dans mes bras un par un. Mais j'avais une réputation à tenir.
-Depuis jamais, rétorqua Octavia. Ce doit être une hallucination car tu as perdu trop de sang... Ou la sénilité, on ne sait pas trop.
-Même blessé, je reste ton capitaine ! S'étouffa Dunn, furieux.
-Et alors ? Tu vas faire quoi ? Me virer ? Personne ne veut faire attrapeur et de toute façon, je suis bien trop douée pour que tu puisses te passer de mes services.
Je ne pus m'empêcher de pouffer.
-Mais t'as peur de rien toi ! S'exclama le sixième année qui, désormais, semblait ne plus sentir sa blessure, trop occupé à asseoir son autorité.
-Oh si, mais pas de toi.
-Bon allez, allez calmez-vous, coupa Adeline.
Puis, se tournant vers moi :
-Ils sont tout le temps comme ça, soupira-t-elle. Asher n'a pas ton autorité, me chuchota-t-elle en pouffant.
Je souriais à mon tour, me demandant ce qui pouvait bien conférer ou non à quelqu'un ce pouvoir.
-Bon, repris-je, en lui désignant de la tête un lit, assied-toi là. Je vais ausculter ta blessure.
Je cherchais des gants et les enfilais :
-Comment est-ce que tu t'es fait ça ?
-Il s'est pris un saule cogneur, répondit Adeline en l'aidant à s'asseoir.
-Un saule cogneur ? répétais-je perplexe. Mais, par Merl...
-On a voulu faire un match nocturne... Précisa Yannis.
-... Dans le parc de Dunn, compléta Adeline.
-... Mes parents nous ont laissé le manoir pour la semaine, expliqua ce dernier.
J'acquiesçais en silence en nettoyant la plaie. Un match nocturne, la bonne idée.
-Tu vois que c'était une mauvaise idée, houspilla soudain Caleb, qui ne prenait que très rarement la parole.
-Il a raison, insistais-je en retirant délicatement un morceau d'écorce de la chair meurtrie.
-On pensait qu'en allumant toutes les pièces du château, on y verrait assez... Expliqua Yannis, penaud.
-Tu t'en sors bien, repris-je en feignant un air sévère. Je vais devoir...
-Non, pas mes parents ! S'ils l'apprennent, je suis mort !
-C'est les directives, je ne peux pas faire autrement, tranchais-je.
-Vous pouvez... nous laisser un moment ? Demanda-t-il aux autres avec l'air le plus sérieux du monde.
Yannis pouffa, avec un sourire entendu tandis que les autres nous quittaient à reculons, avec force soupirs et yeux levés au ciel. Une fois que le groupe fut suffisamment loin, Dunn reprit.
-Malfoy, pitié !
-Si tu es mineur, ce sont tes parents qui doivent venir te chercher.
-Pitié ! En souvenir du bon vieux temps !
-Dunn ! Entre toi qui te fais gentiment gronder et moi qui perds mon poste, je privilégie quoi, selon toi ?
-Tu vas pas te faire virer pour ça, contredit Dunn en levant les yeux au ciel.
-Qu'est-ce que tu peux bien en savoir ? Hein ? En plus je suis déjà sur la sellette !
Il eut ce petit sourire finaud que je lui connaissais bien :
-Toi non plus, tu peux pas t'empêcher de n'en faire qu'à ta tête, hein ? Et après ça fait les gros yeux quand on se prend un saule cogneur !
-Ce n'est pas de moi dont on parle, coupais-je. En tous cas, sois-en sûr, je n'ai jamais rien fait d'aussi inconscient que de pousser mes cadets à faire un match de nuit !
-C'était la petite qui était la plus motivée, figure-toi !
-Justement, en capitaine, c'est à toi de les modérer. Je ne suis plus là pour le faire alors à toi de prendre tes responsabilités !
Il pouffa dédaigneusement :
-C'est pas comme si on avait été ingérables !
-Tu rigoles ? Zabini et moi on passait notre temps à te recadrer avec Rogers.
Il rit franchement :
-Bon, d'accord, mais en même temps, c'était drôle, non ? Tu te souviens de la fois où on a essayé de te trouver un balais dans la réserve ? Les vieilles rosses qu'on a testées ?!
-Celui qui partait en arrière ! M'exclamais-je.
-Comment tu veux que les premières années apprennent à voler correctement avec ces vieux bouts de bois, sérieux !?
Je ne pus m'empêcher de rire à mon tour. Cependant, il comprit que je serai inflexible et changea d'angle d'attaque.
-Allez, quoi ! Malfoy ! En plus... bon...
Il jeta un regard méfiant autour de lui.
-Quoi ?
J'avais terminé le nettoyage de la plaie et je jetais un sort cicatrisant élémentaire.
-Adeline m'a... enfin elle m'a...
Et il articula silencieusement un mot en me lançant un regard entendu.
-Elle t'a frappé ?
Il dodelina de la tête pour me signifier que je faisait fausse route.
-Elle t'a... pincé ?
Il leva les yeux au ciel :
-Non ! Malfoy, par Merlin ! Elle m'a...
Et de nouveau il reproduit sa prononciation silencieuse.
-Je comprends rien Dunn ! Fracassé ? Eclaté ? Ecrabouillé ?
-Embrassé ! Elle m'a embrassé ! Tu fais exprès ou quoi ?! finit-il par s'exclamer d'un air exaspéré. Juste avant le match ! C'est pour ça que je n'étais pas très... heu... vif. Je ne sais même pas ce que ça veut dire pour elle ! Tu sais toi, pourquoi ?
-Comment je suis sensé savoir ?!
-Tu as de l'expérience, non ? Tu sais t'y prendre avec les filles !
Je pouffais intérieurement de cette fausse réputation que je n'allais pas contester. S'il connaissait ma tourmente !
-Quel rapport ?! Je suis pas devin !
-Si toi tu sais pas, alors imagine, moi ! Il faut que je clarifie ça ! Si mes parents débarquent, c'est foutu ! Et je n'aurai pas mes explications avant... une semaine au moins ! Le temps de rentrer à Poudlard, de trouver une occasion... Tu ne voudrais quand-même pas qu'on me retrouve dans trois jours mort desséché de désespoir dans ma chambre ?
Une brève image absurde me traversa l'esprit. Je fermais les yeux d'exaspération. Allez, je pouvais peut-être faire une dérogation à la règle, juste pour cette fois.
-Bon, tu as dit quoi à l'infirmière des admissions ?
-Que j'ai dix-sept ans. Je les fais, non ?
Et il bomba le torse.
-Physiquement, peut-être, rétorquais-je avec un sourire en coin.
-Tellement facile, celle-là.
Je le regardais en souriant. Il n'avait pas changé.
-Bon d'accord, je vais jouer la naïveté.
-Merci, Malfoy, souffla-t-il avec un air de profond soulagement. Quand-même, elles ne s'imaginent pas que nous aussi on a un petit cœur qui bat. On est des êtres sensibles !
-C'est sûr, répondis-je amèrement.
-Tu travailles demain ?
-Non, souriais-je.
-Alors ça te dirait de venir jouer au manoir ?
-Oui, pourquoi pas ! répondis-je, enthousiaste.
Ça allait me changer les idées.
-En plus... reprit-il en bredouillant, on a perdu contre les Gryffondors... C'est l'horreur. Weasley fait encore plus peur qu'avant ! Elle est plus forte et plus... cinglée que jamais ! Aucune conscience du danger ! J'ose même plus la regarder dans les yeux quand je la croise dans les couloirs, tu te rends compte ? Et on doit absolument éclater les Serdaigles ! On a besoin de ton aide tactique!
-Compte sur moi, souriais-je.
-Quatorze heures ? Par le réseau de cheminette, il suffit juste d'appeler Sandling Abbey. C'est dans le Kent.
J'acquiesçais en silence en finissant de m'occuper de lui.
-Tu peux aussi proposer à ton héroïne de guerre, si tu veux.
Je m'hérissais rien qu'en entendant son évocation.
-Je ne pense pas qu'elle viendra... le Quidditch, c'est pas trop son truc, éludais-je, encore incapable de dire que notre histoire était terminée.
-Ah. Trop de Serpentard au mètre carré aussi, non ? Sourit-il en coin.
-Non ! M'exclamais-je pour la défendre farouchement.
Pourquoi est-ce que je la défendais ?
-Non, repris-je posément. Tu sais, elle a pris l'habitude avec Zabini, Parkinson et... enfin... tout ça...
Et sur ce point, c'était on ne pleut plus vrai. Elle s'y était si bien habituée qu'elle s'était tapée les deux tiers des Serpentards masculins de la promotion 1999... en même temps.
Je ne retins pas plus longtemps Dunn qui était parfaitement guéri. La nuit fut active, sans aucune accalmie. A huit heures trente, nous étions rincés. Avant de transplaner, Blaise me proposa de venir chez eux et nous convînmes que Blaise et moi irions ensemble chez Dunn pour ensuite dîner chez lui et Pansy.
C'était un sentiment étrange : J'étais à la fois impatient et terrorisé de me confronter au manoir vide.
Lorsque j'arrivais devant le manoir, je me rendis compte qu'un feu diffusait de la lumière dans le hall. Pourquoi allumer un feu ? Regrouper ses affaires avait-il pris tant de temps que ça ? Elle avait eu froid ? Mais d'un autre côté, en vingt-quatre heures, le feu, sans entretien, aurait du perdre en intensité. L'angoisse de la croiser me prit et une colère sans borne me submergea. Comment osait-elle rester chez moi ? Elle n'était pas sans ressource : elle pouvait très bien se réfugier chez Potter ou les Weasley !
J'entrai l'instant d'après. Effectivement, elle était là, assise sur le fauteuil, son petit sac à perle devait contenir l'ensemble de ses affaires. Elle leva ses yeux rougis de larmes vers moi alors que j'entrais, armé mentalement jusqu'aux dents, prêt à en découdre.
