INFORMATIONS
SOLEIL de MINUIT
Attaque des Titans Fanfiction
Romance, drame, mystères
Levi Ackerman ⨯ OC
Scouting Legion chronicle
Respect Headcanon : oui ! Comme toujours dans mes fanfictions, j'essaye de m'introduire dans le headcanon pour développer ma vision des choses. Je prends acte de ce qui est indiqué dans le manga original et je brode autour. Cette fanfiction peut être lue comme un spin off pour peu que vous soyez séduit par mes partis pris.
OC : oui, quelques uns (dont l'un des personnages principaux). Mais la plupart des personnages sont issus du manga original.
Spoilers : je m'efforcerai de ne pas spoiler la fin du manga qui n'est pas encore sortie en anime. Je vous demande en commentaire d'en faire autant pour ménager les anime only
Longueur du récit : aucune idée. Je table dans un premier temps sur une quinzaines de chapitres. Mais je peux rallonger si je trouve des choses à raconter sur d'autres personnages.
Contenu Mature : oui ! Attention, cette fanfiction contient des passages susceptibles de choquer la sensibilité de certains lecteurs. On m'a signifié que certains éléments de mon histoire pouvait perturber.
Trigger warning : scènes médicales détaillée, scènes de sexe détaillées (sans violence, je précise!), couple avec différence d'âge (oui, c'est apparemment un gros trigger pour certains)
Beta Lecture et correction : Je corrige mon texte toute seule, aussi vous trouverez forcement des fautes. N'hésitez pas en commentaire à les relever si elles vous énervent. J'adore les corrections.
Illustrations : Toutes les illustrations publiées ici sont dessinées par mes soins. Veuillez respecter mon travail et ne pas reposter mes dessins sans me créditer. Merci d'avance ! Je travaille avec les logiciels Sai Paint Tool et Photoshop et sur une tablette Wacom Cintiq 16 pouces.
Chapitre 1
La belle et le sel de pierre (18+)
Un petit attroupement s'était formé dans un local du rez-de-chaussée où était entreposé du matériel d'équitation sans âge et parfaitement inutilisable, auquel personne ne portait ordinairement attention.
— C'est de la moisissure, non ?
— Je l'aurai parié ! Dégoûtant...
En cette belle mâtinée de printemps, cette petite pièce était devenue le centre de toutes les attentions après la curieuse découverte faite par deux soldats envoyés en ces lieux pour remettre de l'ordre dans le tas de vieilleries. Une pile de caisses de transport avait été déplacée, mettant au jour une grande tache blanchâtre, à l'aspect poudreux et cristallin, s'étalant sur la surface de l'un des murs de pierre.
Immédiatement sommée d'aller inspecter la chose, Hansi tentait à présent d'examiner la paroi à la lumière d'une lanterne. Elle sortit de la poche de son uniforme un couteau pour gratter du bout de sa lame la roche qui semblait comme cristallisée.
— Tes conclusions ? s'enquit Levi qui se tenait accroupi à sa droite.
— Ce n'est pas organique, rétorqua-t-elle. C'est minéral.
— Qu'est-ce que ça veut dire ? demanda alors Ness qui avait préféré, dans un excès de prudence, rester planté à l'entrée de la pièce.
— Ça veut dire que c'est du salpêtre, trancha Hansi.
Il y eut un grand silence. Et même si personne ne comprit véritablement à quoi elle faisait référence, tout le monde sembla très ébranlé par sa conclusion.
— Et ce n'est pas bon signe ? interrogea Nanaba.
Contrairement à Ness, celle-ci s'était courageusement approchée pour observer la bizarrerie.
— Pas vraiment, répondit Hansi en se grattant nerveusement la tête. La présence de salpêtre témoigne d'un taux d'humidité trop élevé à l'intérieur des murs. Et si l'on n'agit pas rapidement, cette tache s'étendra jusqu'au plafond et atteindra ensuite les pièces à l'étage. En outre, il est fort à parier que d'autres murs soient également touchés. Sans compter que la prolifération d'un tel phénomène peut avoir des effets dommageables sur nos santés.
— En d'autres termes la caserne va bientôt ressembler à un tas de fumier... déduisit Levi dans un soupir d'exaspération.
— Plutôt à un tas de sels toxiques, rectifia aussitôt Hansi.
Ne prêtant aucune attention à sa remarque, il se redressa et se dirigea vers la sortie, l'air très contrarié.
Nanaba et Hansi ne tardèrent pas à le suivre et tout le monde quitta rapidement les lieux. Après quoi, le petit groupe se reforma rapidement devant l'une des fenêtres donnant sur la cour intérieure de la forteresse.
— Va immédiatement prévenir Shadis ! ordonna fermement Levi à Hansi. Il est hors de question de laisser cette merde se répandre partout !
— Idéalement, il faudrait inspecter l'ensemble du bâtiment. Nous pourrions éventuellement commencer par vérifier les murs des pièces humides, comme les sanitaires collectifs, les salles d'eau individuelles... peut-être aussi les dortoirs.
— Des dortoirs ? répéta Nanaba, d'un air déconcerté. Mais les nouvelles recrues doivent débarquer dans quelques heures. Nous n'aurons jamais le temps de nous occuper de cela.
— On n'a qu'à demander aux mômes de s'en charger à leur arrivée... suggéra Levi.
— Ah, je vois où tu veux en venir ! fit Hansi en riant nerveusement. En envoyant les nouvelles recrues inspecter les murs des toilettes dès leur premier jour parmi nous, on pourra leur donner un petit aperçu de la vie de rêve qu'ils mèneront au Bataillon d'Exploration. Très ingénieux de ta part, Levi ! Et très généreux !
— Que veux-tu, j'ai toujours eu très à cœur de faire le bonheur des enfants... ironisa-t-il en jetant un coup d'œil désabusé par la fenêtre.
Dehors, le soleil brillait ardemment, dardant ses rayons sur le pavé disjoint de la cour ; ainsi que sur la tignasse blonde d'Erwin qui cheminait vers le bâtiment principal. Celui-ci était accompagné d'une femme que Levi n'avait jamais vue.
— C'est qui celle-là ? bredouilla-t-il pendant que Nanaba et Hansi débattaient sur la manière d'informer leur commandant de la nature de leur problème.
— Aucune idée, répondit Hansi, en regardant à son tour par la fenêtre.
— Je crois que cette femme est le nouveau docteur qu'Erwin a fait venir de Karanes, révéla alors Nanaba.
— C'est Erwin qui l'a ramené ici ? s'enquit Ness, marquant un peu la surprise.
— Oui, répondit Nanaba. Elle officiait à l'est en tant que médecin lors de l'opération de reconquête du mur Maria. Cette femme a fait montre d'une abnégation remarquable durant toute l'opération, sauvant des dizaines de vies malgré le peu de moyens dont elle disposait.
— Je vois, murmura Hansi d'une voix contrite. Alors ça y est, Erwin commence déjà à recruter du personnel.
Derrière la fenêtre, ils observèrent silencieusement le lieutenant en uniforme conversant allègrement avec cette femme à la chevelure d'un blond très clair, coiffée d'une capeline bordée de noir. Grande, à la silhouette élancée, elle portait un long manteau gris recouvrant une toilette brune aux accents un peu militaires et qui n'avait certainement pas été choisie au hasard.
— Une sorte de coquetterie bourgeoise, songea alors Levi après avoir procédé à l'examen détaillé de son accoutrement.
Au reste, Ness ne put s'empêcher d'exprimer à haute voix son enthousiasme à la vision de la jolie dame :
— Ben, dis donc, c'est une beauté le nouveau docteur !
— Ouais, pas mal... acquiesça sobrement Levi.
Perdue dans ses pensées, Hansi (qui ne ratait jamais une occasion de se moquer de son compagnon chaque fois qu'il faisait un écart à ses airs d'éternel blasé) ne releva même pas la surprenante approbation de celui-ci. Elle avait beau se tenir physiquement à côté de ces trois camarades, observant avec eux la scène qui se jouait en contre-bas, son esprit était résolument ailleurs.
Plus de deux mois s'étaient écoulés après la fin de l'opération de reconquête du mur Maria et les expéditions extra-muros demeuraient toujours irrémédiablement suspendues. Par manque d'argent, mais aussi par manque de volonté politique, le bataillon d'exploration était fermement assigné à résidence au cœur du district de Trost.
Et le temps commençait à se faire long à l'intérieur des murs du quartier général. D'autant que le souvenir de cette immonde entreprise hantait toujours la mémoire de ceux et celles qui avaient escorté ces pauvres malheureux vers le trépas. Le sang ; les cris ; la fange ; des montagnes de corps mutilés, démembrés, entassés dans des fosses communes ; des brasiers gigantesques de chair humaine dégageant une fumée nauséabonde ; odeur de mort omniprésente, persistante, qui mettra des semaines à s'estomper ; voilà à quoi pouvait se résumer le terrible hiver qui venait de s'achever.
Aujourd'hui, les esprits marqués au fer rouge de ces valeureux soldats n'aspiraient plus qu'à une seule et unique chose : franchir les portes du mur Rose pour galoper sur les territoires perdus, comme pour exorciser l'inexorable défaite.
Les lèvres collées à l'oreiller, elle était étendue sur le ventre au milieu du lit. Son corps las et entièrement dénudé sur les draps blancs s'enfonçait dans la paille du matelas, pendant que lumière dansante de la bougie qui éclairait faiblement la chambre projetait sur les murs l'ombre de sa chevelure en bataille, attachée à l'arrière de sa tête en une sorte de chignon mal arrangé.
L'œil vague, l'esprit vide, elle regardait à travers les verres de ses lunettes le coin de la pièce, quand, tout à coup, elle les vit : les deux vilaines pierres recouvertes de cristaux grisâtres, là, juste sous son nez.
— Nom d'un chien... grommela-t-elle, relevant la tête.
— Quoi ? s'enquit l'homme qui se délestait de ses bottes, à l'autre bout de la chambre.
— Du salpêtre, sur le mur ! Ici ! expliqua-t-elle aussitôt, en montrant du doigt les deux pierres gâtées.
L'homme garda le silence et se borna à jeter un coup d'œil vers l'endroit qu'elle lui indiquait. Quelques minutes s'écoulèrent dans le calme le plus complet, puis il finit par approcher. Il plia ses grandes jambes pour s'asseoir sur le bord du lit.
— Il faut trouver rapidement une solution à ce problème, dit Hansi, en reposant sa tête sur l'oreiller. À commencer par identifier la cause des remontées d'humidité.
— D'où ça pourrait provenir, selon toi ? demanda l'homme qui maintenant déboutonnait sa chemise.
— Difficile à dire, répondit-elle. Présence d'eau en sous-sol ; mauvaise aération ; gouttière endommagée ; les causes peuvent aussi bien être multiples.
Il ôta sa chemise et se tourna vers elle pour poser sa grande main à plat au milieu de son dos. Comme il caressait la peau nue, il décréta :
— Tu régleras cela avec Erwin. Je n'aurai pas le temps de m'en occuper.
— Je sais bien, acquiesça-t-elle en fermant les yeux, sentant la main glisser vers le creux de ses reins. Je sens que Levi ne va pas me lâcher avec cette histoire. Ce maniaque était déjà au bord de la crise de nerfs, ce matin, quand on a découvert la tache dans la remise. Ah ! et en parlant d'Erwin, on l'a aperçu en compagnie du nouveau...
— Tu peux aussi bien abandonner l'idée de me faire un rapport sur chacun de mes hommes, suggéra-t-il, comme il s'inclinait pour déposer un baiser sur le sommet de sa tête.
Sa petite remontrance l'amusa. Elle sourit. Mais l'éclat de rire qu'elle lui aurait ordinairement concédé demeura coincé en travers de sa gorge. Ce soir, l'envie n'y était résolument pas.
Le grand corps se colla contre le sien et de toute sa lourdeur, l'enfonça davantage dans le matelas. Il déposa un autre baiser sur sa nuque, à la lisière de la chevelure. Ses grandes mains courraient sur ses épaules, le long de son dos, lui enserrèrent la taille, pour enfin descendre sur ses hanches. La sensation de ses lèvres fines traçant des sillons sur ses omoplates la fit frissonner.
Tout le corps de Hansi commençait à onduler lentement sous l'effet des caresses. Son chagrin se noya dans la volupté de ses mains qu'elle adorait ; volupté du moindre de ses gestes, de son corps si chaud et si lourd qui l'immobilisait tout entière sur ce lit.
Ensuite, avec la plus grande des délicatesses, il ôta une à une les épingles qui maintenaient ses cheveux en place. C'était une sorte de rituel ; l'amour ne devait se faire qu'avec les cheveux détachés. Pour quelles raisons ? Hansi l'ignorait.
Après quoi, il lui retira ses lunettes et les déposa soigneusement sur la table de chevet, pour enfin s'abandonner au bonheur d'embrasser sa joue.
Toujours étendue sur le ventre, Hansi détourna son visage pour soulager son cou douloureux.
— Montre-moi ta figure, commanda-t-il doucement.
— Mais, je ne peux pas davantage tourner ma tête ! objectait-elle, d'un ton faussement boudeur. Je vais finir par me tordre le cou !
— Laisse-moi te regarder...
Émue par les intonations plaintives de sa voix, Hansi finit par céder. Elle fit mine de le regarder par-dessus son épaule, le visage de profil, à moitié enfoui dans l'oreiller. Or, dans la pénombre et sans ses lunettes, elle ne distinguait guère plus que les contours de sa tête. Il fallait donc faire un effort d'imagination pour se représenter mentalement les cheveux bruns ; les prunelles noisette ; les sillons autour des yeux et l'intensité de son regard, même voilé par le désir.
Avec une infinie douceur, il l'enveloppa de ses bras et la serra contre lui. Encore des baisers, dans le cou, sur l'épaule. Le poil de sa barbe irritait sa peau brûlante.
Hansi se coula dans sa chaleur. Elle faisait son possible pour graver ce moment providentiel dans sa mémoire avant que son esprit ne parte définitivement à la dérive ; conserver ce souvenir en prévision des épreuves à venir ; faire de ces minutes suspendues un remède en cas de coups durs.
Les grandes mains allaient et venaient librement sur son corps. D'abord sur la poitrine, ensuite sur le ventre. Enfin, elles s'arrentèrent dans le creux de ses cuisses. En réaction, Hansi cambra instantanément la taille et un léger gémissement, à peine perceptible, s'échappa de sa bouche. Son bassin ne tarda pas à onduler au rythme de ses caresses. Puis, comme le désir montait doucement, elle sentit le sexe durci de son bienfaiteur presser contre l'une de ses hanches. Cette sensation provoqua en elle un émoi étourdissant ; l'expression de son envie d'elle l'émouvait chaque fois qu'ils se retrouvaient ensemble, dans cette chambre.
Un cliquetis de boucles de ceinturons lui fit entendre qu'il avait l'intention de combler chacune de ses attentes. Après tout, il connaissait parfaitement ce corps et la manière dont il fallait s'y prendre pour le faire tressaillir. Les doigts s'attardèrent longtemps sur son intimité brûlante. Le cœur battant à tout rompre, à bout de souffle, elle mobilisa toute sa volonté pour ne pas céder à la jouissance tant le plaisir que lui procuraient ses mains était prodigieux.
Quand soudain, plus rien : les mains se dérobèrent.
D'un seul coup, le matelas se gonfla comme il s'appuyait dessus pour se reculer, et son mouvement fut si vif, si soudain, qu'il brassa l'air autour d'eux, faisant vaciller la flamme de la bougie qui menaça de s'éteindre. Privée de sa chaleur, elle frissonna.
Elle comprit instantanément que quelque chose n'allait pas. Que lui arrivait-il ? Elle pouvait pourtant sentir qu'il était toujours là, tout près. Il la regardait. Le dos, les reins, les fesses, le corps tout entier étendu sur les draps blancs, offert à son regard. Ses yeux avaient remplacé ses mains. Et sans un mot, immobile, elle se laissa regarder.
Puis, un soupir se fit entendre ; impitoyable soupir. Impitoyable, comme ce corps qui résistait au désir, suspendu au-dessus du sien. Pétrifié. Qu'est-ce qui avait stoppé ainsi son élan ?
S'armant de courage, Hansi résolut de tourner sa tête pour le regarder par-dessus son épaule, pour affronter la vision nébuleuse de celui qui se refusait à elle. Et elle le vit : le grand corps inerte, planté comme un pieu dans les draps blancs.
— Viens, lui dit-elle.
Elle tendit sa main vers l'homme qui se taisait – qui se murait dans un silence forcené – pour l'attirer près d'elle.
— Keith... murmura-t-elle, d'une voix suppliante. Viens ici, viens.
Sa main agrippa son bras, l'invitant à s'étendre sur les draps, à ses côtés. Il s'exécuta immédiatement, docile, sans mot dire.
Les yeux fermés, Hansi baisa le front de son commandant, puis sa bouche. Les lèvres chaudes avaient encore un peu le goût du vin qu'ils avaient bu ensemble, quelques heures plus tôt.
Elle effleura sa peau de miel, caressa son corps robuste. Elle frôla du bout de ses doigts les cicatrices, stigmates de plusieurs décennies d'explorations hors des murs. Pourtant, elle sentait vivement qu'il se contenait. Mais que contenait-il, au juste ? Elle l'ignorait totalement.
Lui, le colosse de deux mètres, la force de la nature ; lui qui avait survécu à d'innombrables expéditions et qui avait si souvent bravé la mort, n'était à cet instant plus que l'ombre de lui-même.
Et ce fut dans cette confusion qu'ils firent l'amour. Son corps dans le sien ; son sexe niché à l'intérieur de son corps. La douleur, d'abord, qui se transforma très vite en plaisir intense, si puissant qu'il irradiait des pieds jusqu'à la tête. Leurs deux bouches qui se prenaient, goûtaient la peau de l'autre, mordaient la chair et qui, entrouvertes, exhalaient des soupirs de plaisir. Leurs deux âmes crucifiées de devoir renoncer à ne former qu'un seul être, frustrées dans cette cruelle dualité des deux corps qui ne parviennent pas à fusionner complètement.
Pour autant, il fallait à tout prix faire durer l'instant, le savourer malgré la frénésie et le vertige. Ne pas jouir trop vite. Faire durer l'étreinte, pour l'inscrire, elle aussi, dans la mémoire. Pour pouvoir en faire un baume guérisseur. Un élixir.
Le commandant se servit un verre d'eau et vint s'asseoir sur le bord du lit. Maintenant, c'était lui qui lui tournait le dos. La chambre était plongée dans une obscurité à peine atténuée par la chandelle presque consumée. Et dans la semi-pénombre, Hansi ne distinguait que les contours de ses larges épaules.
— Dans cinq jours, je m'en vais pour Stohess, présenter ma démission à Zackley, déclara-t-il gravement, la tête enfoncée dans son dos voûté. Advienne que pourra. Tu veux venir avec moi ?
Exténuée de fatigue, accablée de sommeil, elle rétorqua dans un bâillement :
— C'est que je dois m'occuper de cette histoire de salpêtre...
Elle s'était glissée sous les draps et était déjà sur le point de sombrer dans un profond sommeil.
— Oui, tu as raison, dit-il d'une voix blanche et murmurante comme il soufflait sur la flamme de la petite bougie pour l'éteindre. Tu as mieux à faire ici.
Il déposa son verre vide sur la table de chevet, juste à côté des lunettes. Après quoi, il s'étendit de tout son long sur le lit. Et dans les ténèbres de la chambre, leurs deux corps blottis l'un contre l'autre trouvèrent enfin le repos.
Mais Hansi rencontrait toutes les peines du monde à s'endormir. Elle s'entendait encore répondre à la question de son commandant avec ce détachement qui confinait à la stupidité. Avait-elle véritablement compris le sens de sa requête ? Le souffle chaud de l'homme qui s'endormait prés d'elle n'arrangeait rien à son agitation intérieure et ne faisait que renforcer le remords d'avoir répondu si vite et si imprudemment.
Une foule de questions se bousculèrent bientôt dans son esprit. Qu'avait-il voulu dire par là ? L'accompagner où ? Pourquoi faire ? Et puis, au juste, pourquoi partir ? Pourquoi maintenant ?
Le doute se mua peu à peu en amertume. Comment un vétéran tel que lui pouvait-il se reconvertir en instructeur ? Tout cela n'avait aucun sens. Hansi ne comprenait plus rien à rien. Pourquoi ce départ, si soudain, si brutal ?
L'amertume laissera bientôt place à la colère. Pourquoi devait-il déserter ainsi son bataillon, laissant ses fidèles soldats sur le carreau ? Lui, le courage personnifié, qui n'avait jamais failli, ni devant les hommes ni devant les monstres. Lui, son héros, son exemple dans l'abnégation, sa source d'inspiration première. Le poids de toutes ces vies perdues sous son commandement était-il si lourd à porter ? Ou était-ce une raison plus triviale qui le poussait à cette fuite et à ce renoncement ?
Comme unique réponse à toutes ses interrogations, elle ne recevra que cet implacable silence d'une cruauté infâme. Et ce silence engendrera une haine sourde, tenace, qui demeurera encrée viscéralement en elle pour le restant de ses jours.
Ni le temps ni les réponses qui finiront par être apportées, plus tard, dans un autre lieu, à une autre époque, n'apaiseront la douleur de cet abandon.
Hansi adorait un homme qui allait bientôt l'abandonner. Un homme qui devait bientôt la quitter. Cinq jours. Telle sera la durée de sa terrible agonie. L'âme mordue jusqu'au sang, jetée en pâture aux cochons. La perspective de se faire piétiner par une horde de titans lui aurait semblé moins douloureuse.
Fin du chapitre 1
Note (rectifiée en avril 2021):
Si vous êtes parvenu à la fin de ce chapitre et que vous lisez à présent cette note, félicitation, vous êtes armés pour la suite de l'aventure !
• Ce premier chapitre a été la cause de beaucoup de désagréments et de remises en question de ma part.
Dans un premier temps, il avait été rédigé en écriture inclusive pour ne pas altérer la neutralité de genre du personnage de Hansi (que je trouvais intéressante). Mais ce choix n'a pas bien été accueilli par les lecteurs. Non pas que le lectorat de fanfiction soit plus bête ou plus fermé d'esprit qu'un autre. Mais le caractère exigeant et un brin élitiste de l'écriture inclusive (dans le cadre d'une fanfiction, j'entends) a produit chez la majorité des gens une réaction de rejet. En d'autres termes, les lecteurs de Wattpad ne veulent pas s'enquiquiner à lire une fanfiction rédigée en écriture inclusive ; et c'est bien leur droit.
J'ai dû donc me résoudre à recourir au langage classique et à féminiser le genre de Hansi (concession qui me fut douloureuse, croyez-moi).
Pour autant, l'idée de respecter la neutralité de genre de ce personnage me tenait toujours beaucoup à cœur. Aussi, j'ai décidé de proposer les premiers chapitres de cette fanfiction rédigés en écriture inclusive sur Archive Of Our Own (lien dans mon profil).
• Parmi tous les personnages de SNK, Hansi est certainement l'un de mes favoris.
Mais j'avoue que la tâche de trouver SON "âme sœur" parmi la brochette de personnage dont elle est proche fut assez ardue. Moblit, Levi, Onyankopon... je n'avais que l'embarras du choix.
Pourtant, je n'ai pas voulu céder à la facilité en optant pour le complaisant, l'attendu.
Mon choix s'est donc porté sur son ancien commandant, Keith Shadis, pour qui elle avait « le béguin » selon l'un de ses camarades (chapitre 71 Un Simple Spectateur) et face à qui elle pétera littéralement un plomb au point de faire sortir Levi de sa réserve habituelle (toujours au chapitre 71).
Car, à mon humble avis, si une personne aussi joyeuse et excentrique que Hansi devait aimer passionnément quelqu'un, ce ne pouvait être qu'une personne aussi sombre et ténébreuse que Shadis ; ce personnage formidable dont tout le monde se moque, parce que trop vieux, pas assez sexy, un peu trop osef.
Ce même Shadis qui se fera passer à tabac par toute une bande de gamins endoctrinés au dernier degré, juste sous les yeux de celle qui l'admirait tant (scène d'une perversité hors du commun, il faut l'admettre). En somme, le genre de type qui n'attirerait l'attention que de cette hurluberlue (et quoi de plus logique pour cette passionnée de titan que d'être attirée par une personne mesurant prés de 2 mètres).
• Au sujet de la graphie du prénom de Hansi, je me référais initialement à l'orthographe que l'on retrouve sur les concept art et sur les goodies officiels japonais, à savoir Hans (oui, Hansi/Hange s'appelle en vérité Hans!). Mais j'ai finalement abandonné cette idée. J'utilise à présent Hansi, en référence aux traductions de Pika, pour ne pas trop bouleverser vos habitudes de lecture.
En revanche pour Levi (qu'il faut donc le prononcer à l'anglaise : Livaï), je ne peux concéder à l'écrire autrement. J'aime bien trop ce prénom et toute la mystique qui lui est associée pour "franciser" sa graphie.
Merci de m'avoir lu. Cette note est outrageusement longue, mais je devais la compléter pour préciser certaines choses.
Je vous encourage à poster un petit commentaire pour aider au référencement. À bientôt !
