Disclamer: Je ne possède pas Harry Potter qui appartient entièrement à JK Rowling, cette histoire a uniquement pour but de distraire, je ne touche aucune rétribution quelle qu'elle soit.

Beta: Blues-moon.


La journée de Severus Rogue avait pourtant commencé comme n'importe quelle journée de son quotidien:
Il s'était levé avant le réveil (comme bien des fois) avait pris sa douche tout en maudissant sa peau qu'il jugeait trop pale et son corps qu'il trouvait trop mince.
En fait, il n'aimait qu'une seule chose chez lui : son nez. Droit et fin, l'appendice était l'unique partie de son corps sur lequel il ne complexait pas. Malheureusement, il n'était pas d'origine et le devais à son pire ennemi. Si ce salaud de James Potter ne le lui avait pas cassé avec une batte de Quidditch en deuxième année, l'infirmière ne lui aurait pas fait une magnifique rhinoplastie et Severus aurait encore le tarin proéminent que lui avait légué son père.

- J'ai presque failli remercier Potter sur ce coup là, marmonna-t-il en s'installant devant son petit-déjeuner tout en lisant les nouvelles du jour.

C'est en regardant la date sur le journal qu'il s'aperçut soudainement qu'il avait vingt ans depuis la veille. Tout le monde oubliant cet événement, même lui finissait par ne plus y penser.

Poussant un soupir de lassitude, il avala d'une traite son reste de café et s'attela à la préparation des potions qu'on lui avait commandées.
Sa cuisine étant entièrement dédiée à cet art qui constituait son unique passion en ce monde.

C'est d'ailleurs grâce à son grand talent pour les potions qu'il n'avait pas été définitivement banni du monde magique après la mort du Lord noir, cependant on lui avait quand même signifié qu'il serait de bon ton de faire profil bas dans les années à venir.
La guerre était finie depuis un peu moins d'un an et, espion ou pas, personne n'avait envie de voir le jeune homme qui, par son unique présence, rappelait à tout le monde les heures les plus noires de la communauté sorcière.

Le bon peuple voulait bien les potions guérisseuses de première qualité, mais ne voulait en aucun cas se souvenir qu'elles étaient concoctées par un ancien Mangemort.

C'est donc dans cette optique qu'il s'était résigné à loger côté moldu, tout en continuant de livrer ses potions à Sainte Mangouste. Après tout, tout ce qu'il demandait, lui, c'était qu'on le laisse travailler en paix, alors ici ou ailleurs peu lui importait du moment qu'on le laissait exercer sa passion en toute tranquillité.
Son appartement était certes petit, mais doté d'une cuisine de bonne taille et était bien assez grand pour un homme seul. Alors, malgré son voisin de palier peu sympathique, il faisait contre mauvaise fortune bon cœur et acceptait son sort.

Depuis qu'il avait quitté le monde sorcier, ses journées étaient réglées comme du papier à musique, ne laissant aucune place à un quelconque imprévu et pourtant... son quotidien bien rangé arrivait à son terme et rien ne l'avais préparé à ce qui allait suivre.

Alors qu'il attachait ses cheveux d'un noir d'encre en queue basse, tout en se faisant la remarque qu'il serait temps de passer chez le coiffeur, la sonnette de son appartement retentit.
Décidé à ignorer ce visiteur impromptu il laissa le bruit strident résonner à plusieurs reprises, espérant vainement que le démarcheur se lasserait de lui-même.
Malheureusement au bout de dix minutes, l'énergumène à sa porte n'avait pas disparu et Severus n'eut d'autre choix que d'aller ouvrir en soupirant.
D'un naturel méfiant et étant peu habitué à recevoir de la visite si matinale, il jeta un œil par le judas.

Il ne lui fallut pas plus d'une demi-seconde pour reconnaître la chevelure rousse de son ancienne petit-amie et ouvrir la porte en vitesse.

- Lily ? Que fais-tu là ?

- Tu me laisses entrer ? demanda la jeune femme en attrapant l'anse du cosy posé à ses pieds.

Severus se décala sans un mot pour la laisser passer, tout en jetant un regard suspicieux au nourrisson endormi qui n'avait pas plus de quelques jours.

- À qui est ce bébé ?

- Et bien, officiellement, déclara la rousse en se tournant vers lui avec un grand sourire, c'est le tien !

- Pardon ?! Et par quel miracle ? Cette enfant n'a pas plus de trois jours et je ne t'ai pas touchée depuis presque 5 ans alors je pense qu'il y a un sérieux souci de corrélation !

- Aaah, Severus, tu n'as pas changé ! Toujours à te soucier des détails.

- Excuse-moi, Lily, mais ce genre de détails me tiens assez à cœur effectivement. De plus ne me fait pas croire que c'est le tien : j'ai vu les photos de ton mariage dans les tabloïds il n'y a pas une semaine et tu n'étais pas enceinte !

- Figure-toi que si! J'ai même accouché le lendemain !

Le brun haussa un sourcil dubitatif face à cette déclaration : comment une femme sur le point de donner la vie, pouvait afficher une insolente taille de guêpe même pas vingt-quatre heures avant ?

- Je t'explique, soupira la jeune femme en s'asseyant sur une chaise de cuisine.

- Je t'en serais reconnaissant effectivement...

- Comme tu le sais, James et moi nous sommes mariés jeudi dernier. C'était merveilleux, ajouta-t-elle avec un grand sourire, tu aurais dû voir ma sœur, tu te souviens de Pétunia n'est-ce pas ? Elle était verte de jalousie ! Bon, elle était peut-être mal à l'aise devant tout cet étalage de magie vu qu'elle n'est pas particulièrement fan de ça... Murmura-t-elle pour elle-même.

Le jeune homme leva les yeux au ciel a l'entente de l'anecdote : alors comme ça, la petite guéguerre entre les deux sœurs avait toujours lieu ?

- Enfin bref, reprit-elle, je vivais un rêve, mais je dois avouer avoir pas mal abusé, tu sais comment c'est dans ce genre de fête, toujours un serveur dans les parages pour te remplir ton verre. Sur le coup, je ne m'en suis pas vraiment rendu compte, mais le lendemain, je me suis réveillée avec un monstrueux mal de ventre qui, malgré de nombreuses potions antidouleur, ne faisait qu'augmenter. Euh, tu n'aurais pas du thé ?

- Je n'ai que du café, répondit-il d'un air blasé.

- Ce sera parfait, déclara-t-elle sans perdre son sourire. Avec du lait et deux sucres, s'il te plait.

Soupirant face à la longueur du récit qui s'annonçait, Severus servit le breuvage demandé avant de s'asseoir à son tour tout en jetant un œil au bébé toujours plongé dans le sommeil.
Il était vraiment minuscule, chétif même, mais avec une touffe de cheveux noir ébène impressionnante sur une si petite tête, qui promettait une future tignasse indomptable.

- Où en étais-je déjà ? Demanda-t-elle tout en portant le mug à ses lèvres. Hum, succulent...

- Mal de ventre...

- Ah oui, exact ! Et bien, au bout de quelques heures nous nous sommes donc rendus dans un hôpital moldu. Depuis que James a vaincu Voldemort, les journalistes ne nous lâchent plus et il était hors de question qu'ils aillent colporter partout que la nouvelle Lady Potter avait bu a s'en rendre malade ! Nous avons une réputation à tenir !

- Viens-en aux faits, Lily... Soupira le potionniste en regardant l'heure.

- Oui, oui, j'y viens ! C'est en arrivant dans cet hôpital que les médecins m'ont appris l'incroyable : j'étais enceinte et même sur le point d'accoucher ! Je n'étais pas au courant d'être...dans cet état ! Tout était normal chez moi, je n'avais pas grossit ni rien ! Ils ont appelé ça un reni ou déni...

- Un déni de grossesse, oui j'en ai déjà entendu parler. Mais je ne vois toujours pas en quoi cela me concerne.

- Et bien, je ne te cache pas que James et moi avons été très contrariés sur le coup. Nous partons en lune de miel pour trois mois, pas question d'embarquer un bébé avec nous ! Et puis, tu connais la bonne société sorcière, toujours un peu rétrograde, quelle image aurait-elle eue de moi s'ils avaient appris que j'étais tombée enceint avant mon mariage ?! Alors que nous nous demandions ce que nous allions faire de cet enfant qui, entre nous, est bien moins robuste que ce à quoi je m'attendais, je me suis souvenue que quand nous étions ensemble toi et moi tu n'avais de cesse de vouloir des enfants de moi.

- Nous avions seize ans, Lily ! Et j'étais fou de toi alors que tu me trompais déjà avec ce m'as-tu-vu de Potter !

- Peu importe ! S'exclama-t-elle en faisant un geste de la main, comme si elle cherchait à chasser une mouche. C'était juste une idée comme ça au départ, des paroles en l'air, mais quand j'en ai parlé à James et bien...

- Tu n'as pas fait ça, Lily. Dis-moi que tu n'as pas fait ça...

- Enfin tu le connais, il adore faire des blagues. Alors l'idée même que son pire ennemi élève son fils, c'était pour lui la meilleure de l'année ! Il a donc été déclarer le bébé... en ton nom. Les papiers moldus sont si faciles à falsifier...

- Une blague ?! Hurla le jeune homme, choqué. Tu appelles ça une blague ?! Mais Lily tu te rends compte de la situation ? Tu abandonnes ton fils purement et simplement ! Pire tu me le confies, sans me demander mon avis déjà !, sans même savoir si j'ai les capacités ou les moyens financiers pour m'en occuper !

- Roooh, ça va, je sais bien que tu ne roules pas sur l'or, mais tu ne gagnes pas trop mal ta vie avec tes potions...

- Et si je refuse ? Si je ne veux pas de cet enfant ? Après tout, je n'ai rien demandé à personne, moi ! Et je n'aime pas les enfants, je suis très bien seul.

La jeune femme soupira avant de se lever tout en gardant les yeux rivés dans ceux de son interlocuteur.

- Va faire croire ça à qui tu veux avec ton air de vieil ours mal léché, mais pas moi ! Je te connais depuis qu'on est môme et tu as toujours voulu une famille, justement pour ne plus être seul. Tu t'es forgé une carapace avec le temps, mais moi je me souviens bien que quand ton père te tapait sur la gueule tu venais pleurer chez moi pour que ma mère te console. Une année tu avais même demandé un frère pour Noël. Considère que ton cadeau a un peu tardé en chemin, mais qu'il est là.

Severus se leva d'un bon au rappel de ces souvenirs d'enfance douloureux avant de s'écrier en désespoir de cause :

- C'est le gosse de Potter ! Je le hais !

- Mais c'est aussi le mien, et tu m'aimes depuis toujours. Même après t'avoir brisé le cœur tu as continué à m'aimer.

- Justement, c'est ton bébé, Lily ! Tu ne peux pas l'abandonner comme ça !

- Bien-sûr que si ! S'exclama la rousse en se dirigeant vers la porte. Je ne me souviens même pas de sa conception, James et moi étions saouls, je n'ai pas eu conscience de le porter pendant neuf mois et je l'ai à peine senti quand j'ai accouché. Sans mentir, je suis restée plus longtemps à l'hôpital pour l'appendicite que pour lui, ricana-t-elle. Et au final, physiquement, il ne me ressemble pas, et il est bien trop chétif pour me faire penser à James. Pour moi, ce bébé est un parfait étranger. Et je n'en veux pas.

Severus était choqué d'entendre son ancienne petite-amie parler ainsi. Avait-elle toujours été si égoïste ?
Jetant un œil dans le cosy, il remarqua que l'enfant s'était réveillé, mais ne produisait aucun son, se contentant de les regarder avec ses grands yeux verts.
Lily avait tort, le bébé lui ressemblait bien plus qu'elle ne le pensait...

- Il s'appelle Harry, dit-elle en sortant une enveloppe de son sac. Harry Eileen Rogue. Nous n'avons pas poussé le vice jusqu'à lui donner le nom de ton père, nous ne sommes pas idiots non plus. Voilà son acte de naissance et les papiers comme quoi je renonce à tous mes droits parentaux, ajouta-t-elle en lui donnant l'enveloppe. Et à côté du landau il y a le sac qu'ils m'ont donné à la maternité : quelques couches et du lait en poudre, je crois.

Severus accusa le coup sans rien dire : ça faisait beaucoup à encaisser en si peu de temps...

- Un jour, tu le regretteras Lily.

- Honnêtement ? dit-elle en ouvrant la porte. Je ne pense pas.

Et elle s'en alla sans un regard en arrière.