IMPORTANT

Ceci est la suite de la fic "Harry Potter et la Carte des Maraudeurs"

Elle est nécessaire à la compréhension de cette histoire, qui se situe pendant l'été entre le tome 3 et le tome 4 du canon. Si vous ne l'avez pas lue, faites-le avant de vous lancer dans cette fic.

Les mêmes règles concernant les changements par rapport à l'univers canon s'appliquent, et sont disponibles sur mon profil si vous voulez aller les vérifier.

Bienvenue aux nouveaux/nouvelles, bon retour aux habitué.e.s, et bonne lecture à tous et toutes ! ^^


Dès qu'il vit le regard d'Oncle Vernon dans la voiture, Harry sut qu'il était en mauvaise posture. Son oncle était venu le chercher avec moins d'une demi-heure de retard, et tout le trajet du retour se fit dans un silence glacial. Seuls les yeux porcins suintant de colère et la veine pulsant sur sa tempe trahissaient ses véritables sentiments, mais leur signification était plus claire que des hurlements de rage.

Harry comprit en moins d'une minute que si les Aurors avaient fait oublier l'incident à Marge, le reste des Dursley n'avait pas eu droit au même traitement. Le garçon à la cicatrice sentit une sueur froide lui glacer l'échine lorsqu'il réalisa quel type d'accueil l'attendait, et un sentiment de panique grimpa en lui.

Harry aurait donné n'importe quoi pour que le trajet s'éternise et ne jamais arriver au 4, Privet Drive. Mais nulle divinité n'exauça son voeu, et bientôt la voiture se gara dans l'allée. Harry eut tout juste le temps d'ouvrir la portière avant que Vernon l'attrape par le bras et l'entraîne à l'intérieur, sans même prendre le temps de récupérer sa valise.

- Pétunia ! beugla Vernon dès qu'il eut refermé la porte. J'ai ramené le monstre !

La main qui agrippait le bras d'Harry l'envoya violemment en avant, et le Griffondor ne put faire autrement que tomber par terre. Harry réussit à empêcher le moindre bruit de quitter sa gorge lorsqu'il entra en contact avec le sol, mais ne parvint pas à retenir une grimace fugace. Il eut à peine le temps de se redresser qu'une gifle monumentale le renvoya à terre, lui arrachant cette fois un gémissement étouffé. Lorsque le jeune sorcier leva son regard, il croisa les yeux haineux de Tante Pétunia, qui semblait fumer de dégoût à sa vue.

- Je n'arrive pas à croire que tu reviennes après ce que tu as fait ! glapit-elle. Les monstres dégénérés dans ton genre n'ont rien à faire avec les gens normaux !

Harry se mordit les lèvres, conscient que répondre ne le mènerait à rien, sinon à davantage de coups. Conscient que ce qu'il venait de recevoir n'était que le début, le Griffondor se força à éviter toute forme de provocation. À choisir, Harry préférait subir la colère de Pétunia, qui se contentait de le gifler et de lui hurler dessus de son insupportable voix criarde. Il ne fallut que quelques secondes au jeune sorcier pour qu'il comprenne qu'il n'aurait pas cette chance. Vernon le saisit par les cheveux pour le forcer à se redresser et lui faire face, son visage rouge et déformé par la colère.

- À cause de ce que tu as fait, il y a eu des tordus pendant trois heures dans tout le quartier ! éructa-t-il. Et Marge ne se souvient plus de rien à cause de ton immonde magie !

Une part de l'esprit d'Harry voulut s'offusquer et préciser que l'amnésie était le fait des Aurors, mais il n'eut même pas le temps d'ouvrir la bouche avant que Vernon le frappe dans la joue qui avait été épargnée par Pétunia, lâchant ses cheveux dans le même mouvement. Le garçon à la cicatrice parvint de justesse à lever son bras pour protéger sa tête de sa chute, mais sentit aussitôt une vive douleur dans son poignet. Celle-ci était assez forte pour éclipser la sensation brûlante que la paume de son oncle avait laissé sur sa joue.

Lorsqu'Harry releva la tête, sa respiration était tremblante, mais il était encore en contrôle de ses émotions. Il ne leur donnerait pas la satisfaction de voir ses larmes couler à cause de la souffrance qu'ils lui infligeaient. S'il y avait une chose que Harry avait appris après toutes ces années auprès d'eux, c'était comment contrôler sa peur et sa douleur.

Malheureusement, la fierté et la détermination qui brûlaient dans son regard n'échappèrent à aucun des deux moldus, dont la fureur sembla redoubler.

- Sale petit ingrat ! postillonna Vernon. Après tout ce qu'on a fait pour toi, voilà la façon dont tu remercies les gens qui t'ont élevé !?

- Un enfant de dégénérés ne peut être qu'un dégénéré ingrat et dangereux, cracha Pétunia. Il n'y a qu'une seule façon de traiter les monstres de son espèce.

Sans qu'Harry puisse répliquer quoi que ce soit, Vernon saisit son bras d'une poigne de fer et le traîna dans les escaliers pour aller l'enfermer dans la cellule qui lui servait de chambre. Naturellement, aucun ménage n'avait été fait en un an et une couche de poussière conséquente recouvrait toute la surface, y compris les quelques pièces de mobilier délabré.

Vernon le jeta au sol une nouvelle fois, forçant Harry à retomber sur son bras déjà douloureux pour éviter une blessure à la tête. Celle-ci pulsait toujours à la suite des coups qu'il avait reçus au visage, et son équilibre en était affecté. Lorsque Harry tenta de respirer pour se redresser, le Griffondor inspira au passage la poussière dans laquelle il avait atterri, et se mit à tousser en fermant les yeux par réflexe.

Ce détail l'empêcha de voir venir le premier coup de pied, qui le cueillit directement dans le ventre. Harry entendit deux craquements de très mauvais augure, suivis d'une douleur fulgurante à la poitrine. À défaut d'être protégées, ses côtes avaient encaissé tout l'impact et deux d'entre elles s'étaient sans doute fêlées sous le choc.

Un gémissement finit par lui échapper malgré ses lèvres closes, mais Harry parvint à retenir ses larmes. Il se roula instinctivement en boule et entoura sa tête de ses mains, en essayant tant bien que mal de protéger son corps. Le deuxième coup de pied visa son avant-bras valide, et lui arracha un cri étouffé.

- Tu n'es qu'un monstre ! beugla Vernon. Une abomination ! Une erreur de la nature qui aurait dû mourir avec les bons à rien qui t'ont mis au monde !

Les insultes continuèrent à pleuvoir en même temps que les coups, au point qu'Harry perdit compte du nombre et du temps.

Au fur et à mesure que le temps passait, le dernier recoin encore conscient de son esprit nota qu'il était au moins aussi mal en point qu'au retour du zoo deux ans plus tôt. Cette même partie se demanda avec ironie si Vernon allait aller jusqu'au bout et le tuer pour de bon cette fois.

Harry avait cessé depuis déjà un bon moment de comprendre les images et les émotions qu'Artémis lui envoyait, le soutien lui faisant le même effet qu'une flammèche perdue au milieu d'un ouragan de noirceur.

Le garçon à la cicatrice sentit du sang s'écouler de ses lèvres, et de quelques autres endroits de son corps. La ceinture que Vernon avait fini par utiliser et les échardes du parquet avaient mis son dos et ses bras dans un état lamentable, et une part de son esprit nota avec un vague détachement que ses jambes n'avaient pas été épargnées.

Sans que le jeune sorcier l'entende, Pétunia finit par appeler son mari pour le prévenir que le diner était prêt. La dernière chose qu'Harry sentit fut le coup de pied qui visa directement sa tête et l'envoya rejoindre les ténèbres de l'inconscience.

-o-oOo-o-

Au manoir Malfoy, Lucius était occupé à profiter paisiblement de la fin de la soirée en compagnie de sa famille. Après le diner, les trois sorciers s'étaient retirés dans un des salons pour passer un moment entre eux et prendre le temps de se retrouver.

Draco était revenu de Poudlard de bonne humeur, et confiant concernant sa réussite aux examens de fin d'année. L'aristocrate connaissait toutefois suffisamment son fils pour se douter que la véritable source de son attitude enjouée ne se trouvait pas dans sa réussite scolaire. Il s'agissait plus probablement d'une quelconque victoire contre son rival avant le départ du train.

Un peu plus tard, lorsque leur fils fut parti se coucher, Narcissa et Lucius apprécièrent quelques instants en silence, à profiter de leur présence respective. Puis la blonde soupira, laissa un petit sourire en coin se dessiner sur ses lèvres, et pencha délicatement la tête.

- Est-ce que tu vas enfin te décider à me dire ce qui te tracasse depuis ce matin ?

Lord Malfoy lui lança un léger regard de reproche. Léger, parce qu'il était habitué à ce que sa femme sache décrypter le moindre signaal qui lui échappait au court d'une journée. Après quelques instants à faire tourner le vin à l'intérieur de son verre, Lucius répondit.

- On m'a confié une mission inattendue, déclara-t-il lentement.

- Une mission ? répéta-t-elle. Du Ministère, ou...

Narcissa laissa sa phrase en suspens dans un sous-entendu clair. Lucius ne lui avait toujours pas ouvertement avoué que le Seigneur des Ténèbres était de retour, et nettement plus sain d'esprit, mais les deux avaient conscience que la blonde n'avait pas le moindre doute concernant l'identité de ce mystérieux correspondant. Le regard de son mari constitua une réponse suffisante, et Narcissa hocha la tête.

- Et de quoi s'agit-il ? demanda-t-elle après quelques secondes.

Lucius hésita un instant. La demande de Tom Jedusor le laissait toujours perplexe, mais il ne comptait pas désobéir pour autant. Seules l'incongruité de la mission et les quelques complications qui pourraient en découler le perturbaient. Toutefois, il ne pouvait pas décemment ne pas mettre sa femme au courant.

- Je dois aller chercher Harry Potter et l'accueillir au manoir pour l'été.

Narcissa écarquilla les yeux. Elle s'était attendue à un certain nombre de choses, mais cette révélation n'en faisait pas partie.

- Harry Potter ? répéta-t-elle. Je croyais que personne ne savait où Dumbledore le cache ?

- Il semblerait que le garçon ait lui-même dévoilé l'adresse à une certaine personne, expliqua Lucius.

- Voyez-vous ça, murmura la blonde.

Narcissa réfléchit quelques instants de plus, son cerveau mettant en place une série de plans pour organiser l'été en conséquence et anticiper les modifications à apporter à leurs projets. En parallèle, la sorcière s'interrogea sur la raison d'une telle demande.

Pour autant qu'elle le savait, le Garçon-qui-a-Survécu était caché en sécurité dans un endroit tenu secret par Dumbledore. Et s'il n'était pas absurde de supposer que le Seigneur des Ténèbres veuille mettre la main sur lui, elle avait cru comprendre que les deux avaient connu un revirement de relation. Quelque chose clochait dans toute cette situation.

- Est-ce que tu as eu une quelconque explication concernant le but de cette mission ? demanda-t-elle.

- Non.

Lucius devinait les réflexions qui agitaient l'esprit de son épouse. Il s'agissait selon toute vraisemblance des mêmes que celles qui le taraudaient depuis le dernier message au ton impérieux de Tom Jedusor. Après les discussions qu'il avait eu avec le journal, Lucius ne doutait pas que le Seigneur des Ténèbres avait développé une certaine affection pour le jeune Potter.

Bien que la chose soit assez ironique au vu du lien qui existait entre eux, Lucius s'était gardé de faire la moindre remarque. En revanche, il ne comprenait pas pourquoi son ancien maître souhaitait faire venir le garçon au manoir Malfoy. L'aristocrate sirota une gorgée de vin avant d'ajouter le dernier élément d'information dont sa femme pourrait avoir besoin.

- Je dois aller le chercher dès demain.

- Si tôt ? s'étonna-t-elle.

- Il a beaucoup insisté sur l'urgence de cette mission, expliqua Lucius en haussant les épaules. J'ignore pour quelle raison, mais le fait demeure qu'Harry Potter va arriver demain et passer l'été avec nous.

- J'espère que Draco ne le prendra pas trop mal, soupira Narcissa.

Les deux aristocrates échangèrent un regard et une moue fugace. Au vu de la façon dont leur fils traitait le sujet de son rival ces derniers mois, Draco risquait de ne pas être enchanté par la tournure des évènements. Les deux époux se doutaient qu'il y avait peu de chance pour que les vacances apaisent la tension qu'il y avait entre les deux adolescents. Tournant ses pensées vers un domaine plus terre-à-terre, la blonde reprit la parole.

- Quand comptes-tu partir ?

- Je pensais au milieu de la matinée, déclara Lucius. Le garçon vit chez des moldus, ajouta-t-il avec une moue dédaigneuse. J'ignore s'ils seront enclins à le laisser partir facilement, et je tiens à ce que les négociations ne s'éternisent pas.

- Je t'accompagnerai, décida aussitôt Narcissa. Salazar sait que les moldus peuvent être stupides, et je tiens à ce que tout le monde soit là pour le déjeuner.

Lucius dissimula un rire discret devant l'argument. Il soupçonnait sa femme d'être tout aussi curieuse que lui et d'avoir cherché le premier prétexte venu pour l'accompagner. Toutefois, l'aristocrate ne comptait pas s'en offusquer ou refuser. À eux deux, les négociations iraient beaucoup plus vite, et Narcissa aiderait probablement Potter à se sentir plus à l'aise à l'idée de les suivre. Le blond hocha la tête pour indiquer que l'affaire était entendue, et finit son verre.

- Il vaut sans doute mieux attendre demain midi pour annoncer la nouvelle à Draco, fit-il en se levant.

Sa femme lui adressa un regard de reproche.

- Lucius, ton fils ne prendra pas mieux la nouvelle de cette manière.

Les deux blonds entamèrent une discussion animée sur la meilleure façon d'annoncer à leur enfant que son rival allait passer l'été avec eux. Le débat les tint occupés jusqu'à ce qu'ils aillent dormir, lorsqu'ils finirent par tomber sur un semblant de compromis qui ne satisfit ni l'un ni l'autre.

-o-oOo-o-

Au petit-déjeuner, les trois Malfoy se retrouvèrent à table et Draco réalisa aussitôt la tension qui régnait entre ses parents. Au bout de quelques minutes, il se rassura en constatant qu'il ne s'agissait vraisemblablement que d'un désaccord mineur et pas d'une réelle dispute. Son père lisait la Gazette et sa mère dépouillait son courrier, en jetant de temps à autres un coup d'oeil insistant au premier.

En soupirant, l'aristocrate finit par replier le journal pour se tourner vers son fils.

- Draco, ta mère et moi avons quelque chose à t'annoncer.

Le ton sérieux de son père mit instantanément le jeune Serpentard sur ses gardes. Lorsque Lucius Malfoy employait ce ton, c'était généralement pour une nouvelle qui n'allait pas plaire à son interlocuteur. Draco adressa une prière silencieuse à Salazar pour que la nouvelle en question ne concerne pas l'arrivée d'un petit frère ou d'une petite soeur dans les mois à venir.

- De quoi s'agit-il, Père ? demanda-t-il poliment.

- Nous allons accueillir un invité au manoir pour l'été, répondit Lucius.

- Et nous comptons sur toi pour faire preuve de courtoisie à son égard, ajouta Narcissa.

Draco en fut à la fois surpris et soulagé. La nouvelle n'avait rien d'une annonce trop grave, et il était désormais curieux de savoir qui était cette mystérieuse personne. Ses parents organisaient régulièrement des réceptions, mais il était extrêmement rare que quelqu'un soit invité à passer ne serait-ce que quelques jours au manoir.

En son for intérieur, Draco songea que tant que la personne en question ne menaçait pas ses vacances et ne l'empêchait pas de passer du temps avec ses parents, il n'avait aucune raison de se comporter en rustre. Il était un Malfoy après tout, et un Malfoy savait se tenir en toutes circonstances. Il répondit donc avec un petit hochement de tête et un sourire poli pour montrer qu'il avait compris la consigne.

- Qui est-ce ? demanda-t-il.

Le regard tendu que ses parents échangèrent lui fit comprendre qu'il s'agissait d'un point sur lequel ils n'étaient pas tombés d'accord. Toutefois, ce fut son père qui répondit, de manière assez évasive.

- Il nous rejoindra au déjeuner. D'ici là, tu as quartier libre. Profite du début de tes vacances, mon dragon, ajouta-t-il avec un sourire.

Des étoiles s'allumèrent aussitôt dans les yeux du jeune Serpentard.

Draco termina rapidement son petit-déjeuner, et se dirigea droit vers le parc pour récupérer son balai et aller voler. Narcissa et Lucius eurent un sourire affectueux en voyant leur fils avec un air aussi épanoui, et retournèrent à leur tâche précédente. Ils s'étaient tant bien que mal accordés sur l'idée de ne pas dire toute la vérité à Draco dès le matin, mais de lui donner une partie des informations avant l'arrivée de Potter.

-o-oOo-o-

À dix heures tapantes, Lord et Lady Malfoy apparurent dans Privet Drive. Lucius avait revêtu un élégant costume noir assorti d'une chemise gris sombre, et avait l'air tout aussi hautain et distingué que dans ses habituelles tenues sorcières. Sa canne noire au pommeau argenté achevait de lui donner une allure aristocratique qui détonnait dans le voisinage rangé de la banlieue londonienne. Narcissa avait jeté son dévolu sur une robe longue noire incrustée de fils argentés, dont les manches s'arrêtaient à ses coudes. L'ensemble constituait un équilibre délicat entre simplicité et distinction, mais indiquait immanquablement le statut social qui était le sien.

Le couple avait hésité entre les différentes options de transport, mais avait finalement choisi de transplaner jusqu'à une rue proche et de remonter à pied jusqu'à leur objectif. En marchant, Lucius fit part à Narcissa des dernières informations qu'il avait obtenues le matin même.

- La maison appartient aux Dursley, et il s'agit apparemment de la dernière famille biologique de Potter.

- Du côté de sa mère, je présume ? déduisit la blonde.

Lucius hocha la tête.

- Ingénieux, admit-elle avec un discret mouvement de tête. La protection offerte par le sang familial en fait l'endroit idéal. Je me demande pourquoi personne ne s'en est douté plus tôt, ajouta-t-elle d'un air songeur.

- Personne n'irait vérifier l'adresse de moldus reliés à une sorcière, déclara Lucius avec dédain. D'après les informations que j'ai, il est probable que Dumbledore ait ajouté des sortilèges supplémentaires pour garder un oeil sur le garçon.

Narcissa leva les yeux au ciel, peu surprise par cette dernière affirmation. Si Dumbledore tenait un tant soit peu à son précieux Golden Boy, il était évident qu'il avait fait en sorte de pouvoir garder un oeil sur lui et le maintenir en sécurité.

- Je me chargerai de les désactiver, fit-elle négligemment. Autre chose ?

Lucius réfléchit un instant, et fit signe que non. Le couple se tut et observa le quartier, notant avec un amusement dissimulé les regards de surprise et d'envie qui les suivait. L'ensemble des maisons identiques rangées les unes à côté des autres les mit cependant mal à l'aise au fur et à mesure qu'ils avançaient. Le quartier semblait irradier la fausseté et un besoin maladif de démontrer que tous les habitants sortaient du même moule. L'ambiance générale en était presque malsaine.

Lorsqu'ils arrivèrent devant le numéro quatre, Lucius et Narcissa n'eurent même pas besoin de vérifier l'adresse. La signature magique de Dumbledore et les sorts qu'il avait lancés suffisait à les assurer qu'ils étaient au bon endroit. Après avoir discrètement lancé un charme pour détourner l'attention des passants, Narcissa se chargea de défaire les quelques barrières en place, et acheva son travail en fronçant les sourcils.

- C'est étrange, murmura-t-elle. Il n'y avait que quelques sorts d'alarme autour de cette maison, et je ne sens pas la présence de barrières magiques liées au sang.

- Étrange en effet, approuva Lucius en fronçant les sourcils.

Après un rapide échange de regard, les deux aristocrates décidèrent de remettre la question à plus tard. Ils étaient venus avec un objectif précis et n'avaient pas l'intention de s'attarder plus longtemps que nécessaire dans un tel environnement.

Ils remontèrent l'allée pavée jusqu'à la porte d'entrée, et Lucius appuya sur le bouton au-dessus duquel était collé une étiquette "sonnez". Un bruit strident retentit à l'intérieur, suivi par un bruit de pas lourds. Un homme ventripotent au visage porcin ouvrit la porte en parlant.

- Quoi que vous vendez, on n'en veut p-

Il interrompit la phrase en voyant le couple et resta abasourdi pendant quelques secondes, le temps pour lui d'assimiler l'apparence des deux blonds et d'y associer le niveau de vie correspondant. Lucius s'en lassa toutefois rapidement et prit la parole d'un ton poli.

- Monsieur Vernon Dursley ?

- C'est moi-même, répondit le moldu d'un ton presque obséquieux. À qui ai-je l'honneur ?

- Je suis Lucius Malfoy et voici ma femme, Narcissa. Pouvons-nous entrer quelques instants ?

- Mais bien sûr, je vous en prie !

Le couple entra, et Narcissa peina à retenir une moue désapprobatrice. Ces gens n'avaient pas le moindre sens du goût ou de la décoration, si l'immonde papier peint jaune moutarde à motif rose pastel en était une quelconque indication. Lucius et elle suivirent le morse humanoïde jusqu'à la pièce qui tenait lieu de salon, et prirent place sur le canapé pendant que leur hôte appelait son épouse.

- Pétunia, nous avons des invités !

Une tête apparut bientôt dans l'embrasure de la porte qui devait mener à la cuisine. C'était une femme aux cheveux bruns courts et bouclés grossièrement, et au visage chevalin. Elle était presque aussi maigre que son mari était gros, et écarquilla les yeux en découvrant le standing des invités en question.

- Oh mon dieu, minauda-t-elle, j'apporte du thé tout de suite ! Vous désirez sans doute des gâteaux avec ?

- Ce serait fort aimable, répondit Lucius avec un sourire charmeur.

La femme rougit et retourna dans la cuisine, pour revenir presque aussitôt avec un plateau sur lequel se tenaient le nécessaire à thé et une assiette de biscuits secs. Peu désireux de s'étouffer, les époux Malfoy se contentèrent d'accepter une tasse du breuvage de qualité inférieure.

- Qu'est-ce qui nous vaut le plaisir de votre visite ? s'enquit Pétunia après avoir fait le service. Vous travaillez avec mon mari ?

- Pas exactement, répondit Narcissa avec un sourire de façade.

- Mais nous sommes en effet venus pour affaires, compléta Lucius.

- Vous vous intéressez aux perceuses ? intervint Vernon.

La lueur de cupidité qui s'alluma dans les yeux de l'homme en face d'eux fit immédiatement comprendre aux époux Malfoy à quel genre de personne ils avaient affaire. Un bref coup d'oeil leur permit de s'accorder sur la marche à suivre, tout en ignorant la dernière remarque puisqu'aucun des deux n'avait la moindre idée de ce que pouvait bien être une perceuse. Lucius reposa sa tasse et croisa les jambes, en posant sa canne au-dessus.

- Non. En réalité, nous sommes venus discuter du jeune homme qui vit chez vous.

- Vous connaissez Dudley ? s'étonna Pétunia.

Narcissa fronça imperceptiblement les sourcils. La voix criarde de cette femme lui tapait déjà sur les nerfs alors qu'elle n'avait pas prononcé plus de cinq phrases. Reposant sa tasse, elle se tint droite et posa les mains sur ses genoux croisés.

- J'ignore qui est Dudley, répondit-elle d'une voix neutre. Lucius faisait allusion à Harry Potter.

L'expression de surprise ahurie qui apparut en même temps sur le visage des deux moldus les fit douter un instant de la présence du sorcier, mais cette impression fut vite démentie par la réponse de Vernon.

- Écoutez, s'empressa-t-il de dire, quoi qu'il vous ait fait, il sera puni, mais ne nous tenez pas pour responsables. Ce mons- Ce garçon est très perturbé, vous savez ?

- Je vous demande pardon ? fit Lucius.

- Il s'agit de mon neveu, répondit Pétunia en grimaçant, mais ce n'est qu'un bon à rien incapable de s'adapter à la société. Je vous assure que le seul garçon intéressant de cette maison est notre fils Dudley, mais il est en train de dormir.

Les deux aristocrates en furent muets pendant une fraction de seconde, puis Narcissa reprit d'une voix nettement plus froide.

- Je peux vous assurer, madame, que c'est bien Harry Potter dont nous sommes venus parler.

Vernon soupira lourdement, puis marmonna quelques phrases dans lesquelles Lucius reconnut un mélange d'insultes et de menaces à l'encontre du jeune sorcier. En voyant que la femme au visage chevalin allait de nouveau insister, il la devança.

- Croyez-moi, nous savons parfaitement qui est Harry Potter. Dans la mesure où notre fils fréquente la même école que lui, il est peu probable que-

Il fut interrompu par un couinement effrayé et Vernon se leva aussitôt, le visage rougissant à vue d'oeil.

- VOUS ÊTES DES MONSTRES AUSSI !? beugla-t-il. HORS DE CHEZ MOI !

En un éclair et avant même que le moldu puisse pointer un doigt boudiné vers eux, Lucius sortit sa baguette et la pointa droit sur l'homme en face de lui. Sa voix devint glaciale et son regard meurtrier.

- Je ne laisserai pas un vulgaire moldu de votre genre m'insulter ou insulter ma femme. Nous sommes ici pour récupérer Harry Potter, et il va repartir avec nous que vous le vouliez ou non.

- Vous ne pouvez pas nous attaquer ici ! éructa Vernon.

Mais sa voix avait flanché de façon évidente, il avait pâli devant la baguette, et s'était immédiatement reculé avant de s'immobiliser, tétanisé par la peur. De son côté, Pétunia était toujours prostrée dans le canapé, et tremblotait sans oser intervenir ou faire plus que couiner pendant son mari était menacé. Un sourire sadique étira les lèvres de Lucius et il répondit d'un ton suave.

- Je vous assure que je le peux. Les sorts qui protégeaient cet endroit ont été désactivés, et je pourrais aisément faire disparaitre toute trace de notre passage.

Il se tourna vers sa femme, qui avait également sorti sa baguette et semblait se retenir de justesse de lancer une malédiction sur le couple grotesque en face d'elle.

- Narcissa, je crois qu'il est plus que temps d'aller chercher Potter et ses affaires. Si tu veux bien t'en charger, je vais expliquer à ces moldus ce qu'ils risquent s'ils vont à l'encontre de mes ordres.

- Avec grand plaisir, chéri, répondit-elle en se levant.

Lorsque Vernon fit mine de se tourner, Lucius leva sa baguette pour lui imposer silencieusement l'immobilité. Dès que Narcissa s'éloigna du canapé, il reprit son air hautain et froid.

- Voilà ce qui va se passer, expliqua Lucius. Nous allons emmener Harry Potter avec nous et il ne remettra plus jamais les pieds ici. Si jamais vous en soufflez un mot à qui que ce soit, et à plus forte raison à Albus Dumbledore, je veillerai personnellement à ce que le reste de votre courte vie soit aussi misérable et douloureux que possible. Suis-je bien clair ?

Après avoir fini de parler, l'aristocrate se rassit sur le canapé à la couleur douteuse et fixa les deux moldus du regard. Dire que Dumbledore faisait croire à l'entièreté du monde sorcier que le Garçon-qui-a-Survécu était choyé au-delà du raisonnable. Vu l'attitude de ces pathétiques moldus, l'aristocrate en était même à se demander comment Potter avait pu développer une quelconque confiance en lui. Un sorcier de son standing n'avait rien à faire dans un endroit pareil et avec une compagnie aussi peu recommandable.

Lucius éprouva une pointe de satisfaction en voyant le couple hocher frénétiquement la tête, et se résolut à attendre patiemment que sa femme revienne avec l'adolescent. Quelques secondes plus tard cependant, il sentit l'air vibrer et une expression inquiète passa sur son visage. Le Serpentard avait reconnu la signature magique de Narcissa, et la fureur noire qui émanait de celle-ci. Lucius allait ouvrir la bouche pour appeler sa femme, lorsqu'il entendit la voix de Narcissa lancer une série de sorts depuis l'étage.

De plus en plus perplexe, il se leva pour aller voir lui-même ce qui se passait.


I'm back bitches !

J'espère que vous avez tous et toutes passé de bonnes fêtes, et bon courage pour l'année qui arrive ! ^^

Infos publication :

Cette partie entre le tome 3 et le tome 4 comportera 16 chapitres, publiés selon mon timing habituel, le dimanche toutes les deux semaines. Pensez à cocher la case « j'accepte d'être informé par mail » sur votre profil pour ne pas les manquer, et laissez-moi un ptit commentaire si le cœur vous en dit !