Correctrice : Clina
Personnages : Shiryu du Dragon, Shun d'Andromède
Mention de : Hyoga du Cygne, Ikki du Phoenix, Seiya de Pégase, Saori Kido, Shunrei
Ship : mention de Shiryu x Shunrei
Type d'écrit : fraternel
Arc temporel : après Hadès, quelques années plus tard même
Lieu : Appartement de Shun à Tokyo, Japon
Autre : suite de l'OS n°12 et n° 24
Note : Je me base sur le manga où ils sont frères, par contre ne l'ayant pas totalement lu, j'ignore à quel moment exactement ils l'apprennent et comment ils le vivent. C'est donc ma vision personnelle de leur relation et de comment ils pourraient en parler.
Titre : La définition de famille
Le retour à l'appartement de Shun s'était fait dans le silence, mais celui-ci n'avait rien de lourd ou désagréable. Shiryu n'était pas spontanément bavard. Il était un des plus réfléchis et posés du groupe, de nature relativement calme mais d'une manière différente de Hyoga. Et Shun était certes plus volubile, mais il s'adaptait toujours aux autres avec une aisance naturelle. Il aimait autant les conversations que les silences partagés. Le Dragon avait toujours trouvé la présence d'Andromède reposante, réconfortante et bienveillante. Pour autant il ne résumait pas son cadet à sa douceur et sa gentillesse innées. Il savait que ce dernier avait une bonne dose d'humour et d'ironie, et qu'il pouvait se montrer espiègle voire taquin par moments. Mais ce qui restait sûrement le pire c'était quand il s'énervait. Cela était arrivé assez rarement en présence du Dragon, mais il savait que réveiller l'eau qui dort n'était jamais une bonne chose. Il n'y avait pire ire que celle des êtres calmes au quotidien, qui en venaient à perdre patience. En cela, Shun ressemblait à Shunrei. Pour eux, nul besoin de hausser la voix, un simple regard colérique et des propos coupants et froids étaient largement suffisants. Même le redoutable Phoenix faisait profil bas face à ces deux-là, et tentait d'éviter de les agacer.
Quoi qu'il en soit, Shun semblait plus apaisé et la crise d'anxiété était oubliée. Et Shiryu avait réussi à le faire manger et parler un peu de ce qui pesait sur son âme ces derniers temps. La promenade, même courte, après le repas leur avait fait le plus grand bien. En fait ce moment de calme simple c'était relaxant après l'effervescence créée par Saori-san autour de l'annonce de ses fiançailles avec Shunrei. Cependant, ce silence bénéfique fut brisé dès que Shun ouvrit la porte de son appartement. Ils furent accueillis par une boule de poils grise, rapidement arrivée dans le couloir, qui émettait de forts miaulements. Le Dragon s'étonna presque des décibels que la petite chatte pouvait produire au vu de sa taille réduite. Mais il eut un sourire attendri en voyant comment le chaton accueillait son maître de retour, entre miaulements et ronronnements accompagnés de frottements à ses jambes pour attirer son attention. Et Andromède craqua directement attrapant la petite boule de poils soyeuse d'une main sous le ventre. Les ronronnements remplacèrent définitivement les autres sons alors que le jeune homme calait correctement le félin contre lui, se prenant d'affectueux coups de tête et autres coups de langue râpeuse. Il semblait tous les deux partager une relation quasiment fusionnelle, qui restait assez impressionnante aux yeux du Dragon. Shiryu avait toujours imaginé les chats comme solitaires et gardant leur distance sauf à l'heure des repas.
« Bonjour toi. », murmura Shun d'une voix douce remplie de tendresse à l'attention du chat.
« Mais oui je suis aussi content de te voir. J'espère que tu as été sage… »
Le discours d'Andromède s'arrêta net, quand il fit un peu demi-tour et qu'il rencontra le regard bleu de son demi-frère. Le Dragon avait un sourire mi-amusé, mi-attendri sur les lèvres. Mais il ne fit aucun commentaire laissant le plus jeune se faire des idées tout seul. D'ailleurs Shun rougit légèrement de honte ou de gêne, avant de détourner les yeux et de se diriger avec son précieux trésor dans les bras vers la pièce principale. De toute évidence, il se sentait embarrassé de son étalage d'affection pour Bastet face à Shiryu. Ce dernier se demanda bien pourquoi. Il aimait les animaux en général, même s'il n'en avait pas à Rozan. Enfin ils n'avaient jamais abordé ce genre de sujets futiles… À bien y réfléchir, ils avaient tous les cinq rarement eu des conversations de leur âge, basées sur des anecdotes ou des préférences de films, romans, activités… S'ils savaient tous ce que valaient les autres comme guerriers, ou quelles étaient leurs attaques, ils seraient bien en peine de dire quelle était la couleur préférée d'un de leurs frères. Et étrangement ce genre de détails futiles et basiques que Shun aimait leur demander plus jeune par curiosité pour mieux les connaître, semblaient d'un seul coup avoir une importance capitale aux yeux de Shiryu. Avec un soupir, il suivit Shun au salon. Il le regarda déposer la petite chatte sur le divan après une bise légère sur sa tête triangulaire.
« Désolé pour… », balbutia Shun. Tout son être était raidi, et le Dragon n'eut aucun mal à savoir qu'Andromède supposait avoir renvoyé une image peu glorieuse d'un Saint d'Athéna. Pourtant ce genre de détail ne comptait plus pour Shiryu, bien plus intéressé par leur lien du sang que le reste depuis quelques temps. « Enfin j'ai l'habitude de… euh lui parler. Il faut dire qu'on est seul en général. »
« Je suppose qu'elle te comprend, du moins en partie. », rétorqua Shiryu qui s'était approché. Il présenta ses doigts à Bastet, qui en profita pour glaner quelques caresses sur le haut de sa tête triangulaire. « Elle est très sociable. »
« Si j'en crois sa réaction quand je dis certains mots oui. Puis on parle tous les deux… Enfin ça sonne stupide. », expliqua Shun avec une autre rougeur d'embarras sur les joues.
« Pourquoi stupide ? C'est un être vivant, non ? », contra avec patience Shiryu avant de s'asseoir près du chaton qui s'installa presque directement sur ses jambes pour rester au centre de l'attention. « Je suppose qu'elle te répond à sa manière. Je ne pense pas que cela soit stupide, la voix apporte énormément d'informations et cela doit aussi avoir un côté apaisant pour elle. »
« Sûrement. Je ne sais pas ce qu'elle raconte, mais oui elle réagit à ma voix. Puis il y a des mots magiques qui l'attirent. » Shun observait le tableau un peu inédit de Shiryu câlinant Bastet. « Elle t'apprécie en tout cas. Ce qui n'a rien d'étonnant, tu es le calme olympien incarné. Bon, thé et gâteau au chocolat ? Ou un café ? Ou autre… J'ai peut-être des tisanes. »
« Je prendrais la même chose que toi. », répondit poliment Shiryu qui ne quittait pas Shun des yeux pour le moment, analysant ses réactions physiques. Il s'en voudrait de provoquer une autre crise d'anxiété au plus jeune.
« Tu sais que moi je ne bois quasiment que du café ? », questionna Andromède en papillonnant des yeux. Il pensait que le Dragon était plutôt amateur de thé en réalité.
« Ma foi ce sera l'occasion d'en goûter un bon et qui sait de me convertir. », répliqua avec amusement Shiryu.
Shun observa avec sérieux son ami d'enfance avant d'acquiescer de la tête et de faire demi-tour. Il se dirigea vers la partie cuisine sous le regard intéressé de Bastet et celui curieux de Shiryu. Silencieusement Andromède prépara les deux tasses de café, et il sortit le gâteau au chocolat dont il découpa deux parts. Il disposa le tout correctement sur un plateau. Shiryu profita de la pause et du silence pour mieux observer l'appartement de Shun. Il n'y était pas souvent venu. D'ailleurs, il avait lui-même été surpris que son cadet l'invita à passer un moment avec lui. Même s'ils avaient toujours partagé un lien fort, ils n'étaient pas aussi proches d'Andromède que les trois autres. C'était à se demander d'ailleurs pourquoi il y avait toujours eu cette légère distance entre eux. Shun était bienveillant et accueillant comme personne. Les trois autres avaient réussi à créer avec lui une relation privilégiée. Ils partageaient tous entre eux des liens précieux et variés, tout en restant des plus fraternels et soudés. Mais jusqu'à présent Shiryu ne s'était jamais senti plus proche que cela de Shun, il ne se voyait même pas de points communs avec le plus jeune, hormis leur lien de sang. Et cette révélation de leur lien fraternel après coup avait aussi eu un impact sur leur relation à tous. Était-ce cela qui l'avait un peu éloigné d'eux ou alors l'envie de vivre une vie normale auprès de celle qu'il aimait ? N'avait-il vraiment aucun autre lien que celui des combats avec les quatre autres ? Ils étaient théoriquement une famille, mais ils n'agissaient pas comme telle au quotidien. Enfin sauf Ikki et Shun.
« Est-ce que ça va ? », questionna de sa voix calme Shun, qui déposa le plateau sur la table basse avant de s'asseoir près de Shiryu sur le sofa. Ce dernier caressait toujours distraitement Bastet. « Tu sembles être perdu dans tes pensées, et elles semblent bien sérieuses. »
« Je réfléchissais à diverses choses. », confia Shiryu en lançant un regard en coin à Shun.
« Veux-tu partager tes réflexions ? », proposa Andromède en attrapant sa tasse pour boire une gorgée.
Shiryu détourna le regard pour observer les deux assiettes et petites fourchettes prévues pour manger le fameux gâteau au chocolat fait maison. À côté, la tasse fumante de café attendait son bon vouloir. Pouvait-il s'ouvrir à Shun sur les pensées qui lui venaient de plus en plus régulièrement ces dernières semaines ? En fait depuis qu'il avait demandé Shunrei en mariage, il se questionnait de plus en plus sur son lien fraternel avec les autres Saints de Bronze. Il savait que ce qu'il confierait à son demi-frère resterait entre eux. Shun savait écouter et réconforter, sans jamais trahir la confiance qu'on lui accordait. C'était quelque chose qu'il avait en commun avec Seiya d'ailleurs. Tous les deux attiraient les confidences spontanées des autres. Finalement, il attrapa sa propre tasse, et il souffla sur le liquide chaud avant de tremper ses lèvres dedans pour le goûter. Shun avait de toute évidence ajouté un peu de sucre et un nuage de lait. Et Shiryu se fit la réflexion que le café n'était pas si mauvais que cela. Le silence s'étira sans qu'Andromède ne relançât la conversation, grignotant silencieusement sa part de gâteau. Bastet semblait s'être endormie, après s'être installée entre eux deux.
« Tu y penses parfois ? », demanda finalement Shiryu avant de couper un bout de cake avec la fourchette. Il remarqua du coin de l'œil l'expression de surprise de son ami.
« À quoi ? », questionna prudemment Shun après avoir avalé sa bouchée et déposé prudemment sa tasse sur la table. Le silence prit place quelques instants entre eux.
« Notre lien du sang. Le fait qu'on ait tous le même père. », expliqua Shiryu. « Avant que je ne demande Shunrei en mariage, cela ne me semblait pas important. Je savais la vérité sur notre géniteur. Je n'y prêtais pas attention en me disant que ce qui comptait c'était ce qu'on avait partagé durant les Guerres Saintes et notre enfance. Au fond je pensais que cela ne changerait pas notre amitié. »
« Mais maintenant cela te semble important ? », murmura Andromède pensivement.
« En quelque sorte. L'idée de fonder une famille entraîne logiquement des questions sur ses origines et la sienne. Et ma famille c'est vous et Saori-san. », répondit lentement Shiryu. « Et si je tiens compte de ce lien de sang, en mettant de côté le demi bien sûr, tu es mon petit frère. Et après ce matin, j'ai l'impression de ne pas avoir été très présent comme aîné. J'ai l'impression de ne rien connaître de toi et de ta vie… Pourtant on était proche durant les Guerres Saintes. Ou du moins j'aime à le penser. »
« Tu n'as pas à l'être. Tu n'as pas besoin de prendre soin de moi. On peut juste être ami. », commenta sobrement Shun. Shiryu grimaça un peu.
« Et si j'avais envie d'être un frère aîné plus qu'un ami pour les autres et toi ? », demanda lentement Shiryu. « Si, moi, j'avais besoin qu'on agisse tous en vrais frères, comme une famille ? » Bien sûr le Dragon avait compris ce qu'Andromède tentait de lui dire : qu'il n'avait envers lui aucune obligation. Il le savait. Et au fond ce n'était pas une question de devoir pour une fois, mais plus de lien et de besoin personnel. En fait, c'était assez compliqué à expliquer verbalement. Et c'était bien la première fois qu'il s'ouvrait à quelqu'un sur le sujet.
« D'abord l'aîné c'est Ikki, question de vieillesse. », répliqua Shun avec un peu d'humour. Il remonta lentement une jambe contre son torse. Andromède appuya son menton sur son genou et il prit quelques secondes pour réfléchir à sa prochaine phrase. « Tu veux réellement qu'on soit tous frères ? »
Était-ce vraiment ce que Shiryu désirait ? Cette simple petite question résumait-elle le débat ? Un simple oui ou non suffirait-il à tout régler ? Le Dragon savait légitime pour l'orphelin qu'il était de vouloir une famille, de désirer connaître ses origines. Enfin maintenant qu'il savait qui était son père, il se demandait s'il ne préférait pas l'époque de l'ignorance. Mais cela était un autre sujet. S'il omettait le genre de paternel qu'il avait eu, ce qu'il leur avait fait subir au nom de la protection de la déesse Athéna, il ne restait que ses frères. Et à ses yeux c'était eux sa vraie famille, bien sûr élargie à Saori-san qui avait en quelque sorte grandi avec eux tous. Mais il savait aussi qu'il y avait des sentiments liés à ce lien qu'il avait ressenti, dont il n'était pas fier pour un sou. Alors s'il devait parler ouvertement de leur lien du sang, il se devait d'être sincère avec Shun. Et même si au fond de lui, il savait que son cadet ne lui en voudrait point, cela ne voulait pas dire que c'était évident à formuler. Pourtant il prit son courage à deux mains et une autre gorgée de café avant de se lancer.
« J'étais jaloux plus jeune. », confia-t-il sous le regard émeraude surpris. « De toi, entre autre. »
« De moi ? Pourtant enfant je n'étais pas le candidat le plus prometteur. », murmura lentement Andromède d'une voix surprise. « Personne n'aurait parié sur moi pour revenir avec une Armure Sacrée. »
« Peut-être. Tu n'étais pas le plus fort, tu étais même trop gentil et tu pleurais facilement. Mais tu avais quelque chose qu'aucun de nous n'avait : un frère aîné. Ikki t'a toujours encouragé, soutenu, protégé. Il était là pour toi, près à tout pour toi. Il n'hésitait pas à mettre des raclées aux autres pour te venger. Tu avais la chance d'avoir une famille de sang. », expliqua Shiryu en se tournant pour fixer directement Shun dans les yeux. « J'étais jaloux aussi de cela, de votre lien du sang qui vous liait et qui vous rendait important pour quelqu'un, alors que je me sentais parfois bien seul. »
« Je peux comprendre. », temporisa Andromède avec un léger sourire. Il y avait une certaine tension dans ses muscles. Il savait qu'il avait toujours eu de la chance d'avoir son frère aîné. Il ne le niait pas.
« Mais j'étais aussi jaloux d'Ikki », confessa lentement Shiryu avec un léger sourire. Il rencontra le regard étonné du plus jeune. « Parce qu'il t'avait. Tu le regardais comme s'il était le meilleur, le plus fort... Tu l'admirais ouvertement. Tu avais pour lui à l'époque des gestes dont il était le seul à bénéficier. Tu buvais ses paroles. Tu l'apaisais. En fait j'aurais bien aimé parfois être à sa place autant qu'à la tienne. J'aurais aimé avoir un frère… Quand on est revenu, on avait en quelque sorte tous changé. Pourtant Seiya et toi vous nous avez admirablement unis autour d'une même cause. Et j'ai apprécié l'idée de cette amitié. Pendant un temps ça m'a suffi. Je n'étais plus jaloux du lien que tu avais su conserver avec Ikki. Je trouvais cela même amusant de le voir te céder mine de rien parce que tu es et tu seras éternellement son petit frère adoré. Tant que les combats se sont enchaînés, je n'ai pas eu le temps de réellement réfléchir à tout cela. Mais depuis… Oui, je sais que j'aimerais qu'on soit tous réellement frères, qu'on arrive à partager ce lien unique et précieux comme… Quelque chose de similaire à ce que tu partages avec Ikki. Du moins j'aurais aimé. Parce qu'il est un peu tard pour changer les choses. Et puis je pense qu'on a déjà une belle amitié tous ensemble. »
« Sûrement. », soupira Shun. Il ne semblait pas savoir quoi répondre pour le coup. « Tu sais, je crois qu'il n'est jamais trop tard. Cela demande du temps et de l'investissement, mais il n'y a aucune raison au fond que notre amitié fraternelle ne devienne pas naturellement une simple fraternité. Je pense que c'est ce qu'on a vécu ensemble qui nous lie, plus que notre sang. »
« Tu es optimiste. Mais je suppose que tu as raison. », commenta sobrement Shiryu avec un léger sourire.
« Crois-tu ? Est-ce que cela ne dépend pas plus de comment on définit fraternité et famille ? N'est-ce pas le sens qu'on lui donne et ce qui nous lie affectivement aux autres, qui crée cette relation filiale précieuse, plus que la génétique ou de partager le même sang comme on dit ? », questionna Andromède de manière philosophique sans détourner le regard. « Alors dis-moi, Shiryu du Dragon… Pour toi c'est quoi la famille ? Et ne réfléchis pas, réponds juste. »
« Vous. », répondit spontanément le Dragon sans détourner le regard.
« Alors je pense que tu as ta réponse. », commenta Shun doucement avec un sourire. « On nous a appris à nous battre pour ce en quoi nous croyons et ce qui nous est cher. Tu sais ce qu'il te reste à faire donc, non ? »
Le silence retomba dans la pièce. C'était étrange comme cela semblait facile quand c'était Andromède qui le disait. Mais au fond cela n'avait pas à être plus compliqué n'est-ce pas ? Il suffisait de le vouloir et de s'en donner les moyens. Shiryu pouvait consacrer du temps à ses frères pour découvrir quels hommes ils devenaient lentement en passant de l'adolescence à l'âge adulte. Il pouvait les visiter plus souvent plutôt que juste attendre qu'ils viennent à Rozan ou que Saori-san ne les convie au Japon ou au Sanctuaire. Shun lui disait à mots voilés que s'il voulait tellement qu'ils agissent tous en frères, il devait aussi donner du sien. Désirer n'était pas suffisant. Le Dragon eut un léger sourire amusé. Qui aurait cru qu'Andromède pouvait être le philosophe du groupe ? Il regarda pendant quelques instants son frère cadet avec bienveillance et amusement. Ce dernier se contenta de récupérer sa tasse pour boire une autre gorgée. Entre eux, Bastet s'était mise à ronronner doucement et les doigts fins de Shun vinrent flatter affectueusement le pelage gris.
« En résumé, tu me dis de me bouger si j'ai bien compris. », récapitula avec amusement Shiryu.
« Disons que si tu veux vraiment qu'on soit tous comme des frères … Rester à Rozan à attendre d'être convié à une réunion par notre vénérée Déesse n'est pas la meilleure manière. Il faut aussi s'investir dans une relation quelle qu'elle soit. Et elle ne coule pas de source pour nous tous. », élabora un peu plus Shun en plissant légèrement le nez.
« Pour toi cela semble facile. », remarqua le Dragon.
« Pour toi aussi. Tu sembles même y avoir très longuement réfléchi. », répliqua Shun. « Je ne pense pas que l'idée pose problème à Seiya. On en a parfois parlé, sans trop élaborer. Je pense que pour lui c'est le prolongement de notre amitié. C'est aussi un peu comme cela que je vois les choses. Par contre, Hyoga freine des quatre fers sur le sujet. Et je crois qu'il lui faudra du temps. Il nous aime comme ses frères, je n'ai aucun doute sur cela. Mais pour lui sa famille c'est sa mère. Et il semble avoir des raisons de ne pas pardonner à notre géniteur, père… Appelle-le comme tu veux. »
« C'est compréhensible. De nous tous, il est celui qui a toujours eu le souvenir le plus durable de sa mère. Il a vécu longtemps avec elle, avant de la perdre. », murmura Shiryu avec un soupir triste pour son ami. Il pouvait comprendre le Cygne. « Et Ikki ? »
« Ah Nii-san… », Shun gonfla des joues avec une grimace. « Tu le connais. Aborde le sujet dont il ne veut rien savoir et il disparaît comme ça. », expliqua-t-il en claquant des doigts. Puis il haussa les épaules. « Je le comprends. Il a vécu l'enfer pendant son entraînement. Et pour cela il ne peut pas pardonner à la fondation, ni à monsieur Kido. Mais il vous aime comme ses frères. Il ne le dira juste pas. Avec Ikki tout passe par les gestes et actes, il faut savoir le décrypter. »
« C'est vrai qu'il faut le connaître pour l'apprécier à sa juste valeur. », s'amusa Shiryu avant de finir sa tasse de café.
« Oui. Et on a de la chance, avec nous il est relativement ouvert. Je le trouve même plus spontané et présent depuis quelques temps… », ajouta Shun avec un joli sourire. Ce qu'il pouvait l'adorer son frère aîné. Cela ne changerait jamais, supposa Shiryu. Mais il pouvait comprendre leur lien. « Il est plus apaisé et serein. C'est une bonne chose. »
« Je te crois sur parole. Je n'ai pas eu l'occasion de beaucoup lui parler depuis mon arrivée ici. », réalisa Shiryu. Ce n'était pas surprenant, les grands rassemblements n'étaient pas la tasse de thé du Phoenix.
« Reste pour le repas du soir. Il ne devrait plus traîner. », commenta Shun en regardant l'horloge posée sur l'étagère. « Je suis certain qu'il sera heureux de te voir. Il m'a raconté ses visites à Rozan d'ailleurs. Vous vous entendez bien. »
« Oui, on peut dire cela. En tout cas, c'est toujours un plaisir de le recevoir. », approuva Shiryu. « Tu devrais venir une fois. »
« Où ça ? », questionna naïvement Shun.
« À Rozan. », répondit Shiryu avec sérieux. « Cela me ferait plaisir de te recevoir au Cinq Pics. Et Shunrei aussi serait heureuse. »
« J'y suis déjà allé avec les autres. », marmonna Andromède. Ce n'était pas qu'il ne voulait pas y aller, c'était qu'il était pris de court.
« Je sais. Mais tu peux venir seul aussi. Cela me ferait plaisir vraiment de te faire découvrir la région où je me suis entraîné et de partager du temps avec toi pour construire notre relation fraternelle. », explicita Shiryu en fixant avec bienveillance son cadet, qui semblait ouvrir de plus en plus grand les yeux à la recherche d'une réponse. Il savait que quand Shun donnait sa parole, il le faisait. Mais il savait aussi qu'il fallait éviter qu'il se sente obligé ou de lui mettre un délai. « Quand tu veux. Tu n'es pas obligé de venir la semaine prochaine. »
« D'accord. », souffla finalement Andromède. « Je viendrais… Promis… Après… les derniers examens et quand il fera un peu meilleur là-bas. Non parce que la Sibérie en plein hiver, ça m'a largement suffi niveau froid... »
« Bien sûr. Préviens-moi. Quoique, toi, tu as un bon sens de l'orientation et tu aimes la nature. Tu devrais trouver plus aisément qu'Ikki où j'habite. », plaisanta à moitié Shiryu.
« Je te préviendrai quand même de mon arrivée. Ce serait impoli sinon… » Andromède préféra ne pas relever l'anecdote sur le fait qu'Ikki n'avait aucun sens de l'orientation.
« Parfait. », répliqua Shiryu en passant sa main dans les cheveux de Shun pour les emmêler.
« Ah je t'ai dit de ne pas faire ça ! Ikki c'est largement suffisant ! », râla Shun en tentant de chasser la main du Dragon.
« Bien sûr. Mais je suis aussi ton frère aîné, tu te rappelles. », le taquina Shiryu, amusé de la fausse colère de son cadet.
« C'est ça. Ne compte pas que je t'appelle Nii-san toi aussi… », bouda un peu Shun toujours aux prises avec la main qui voulait emmêler ses trop longues mèches. « Puis tu ne l'as pas encore totalement gagné ce droit… » Ils finirent par se chamailler comme des enfants tentant d'ennuyer l'autre au mieux. Shun essayait vainement d'éloigner les mains de Shiryu de ses cheveux tout en tentant de lui rendre la pareille en emmêlant les très longues mèches du Dragon.
« Bordel, vous foutez quoi comme connerie vous deux ? », tempêta la voix d'Ikki dans leur dos.
Pris par surprise, Andromède et le Dragon cessèrent directement leur petite chamaillerie pour tourner la tête vers le Phoenix. Ce dernier les observait avec les sourcils froncés, Bastet à ses pieds. Cette dernière avait fui courageusement dès que les deux jeunes hommes avaient commencé à se bagarrer gentiment. Shun relâcha le poignet de Shiryu et il plissa le nez. Le Dragon reprit une pose plus neutre et il retrouva bien vite son éternel air paisible et bienveillant. Ikki les observait toujours avec une vague curiosité. Il constata que l'appartement avait été rangé. Et il était presque heureux de ne plus voir les livres de cours de Shun traîner partout. S'il en croyait la pièce et les jeux de gamins des deux autres, Shiryu avait réussi à distraire Shun et à lui imposer une pause, qui était selon Ikki des plus nécessaires. Bastet émit un miaulement contrarié d'avoir dû céder sa place et d'avoir été réveillée.
« Shiryu allait me raconter tes aventures pour arriver à Rozan. », commença Shun, ce qui lui valut un regard incertain du Dragon. Ce dernier n'était pas certain que ce genre de remarques, vu le côté susceptible du Phoenix sur le sujet, soit une bonne idée. « Et j'allais lui conter notre superbe randonnée. » Andromède était tout sourire.
« Vraiment ? » Ikki insuffla dans ce simple mot à quel point ce n'était pas une bonne idée d'aborder ce sujet-là.
« Ou pas. Nii-san tu cuisines le repas du soir ? Shiryu va rester ! » Shun offrit un grand sourire à son aîné avant de sauter sur ses pieds et de débarrasser la table basse. « Je vais nettoyer cela pendant ce temps-là. » Le message était clair, si Ikki ne voulait pas entendre parler de son sens de l'orientation déplorable, il était bon pour cuisiner.
« Je ne voudrais pas m'imposer. », rétorqua poliment Shiryu en se remettant à son tour debout. Il observait alternativement Ikki et Shun. C'était toujours amusant de les voir interagir.
« Des frères hein ? », déclara subitement Ikki en lui lançant un regard perçant. Le Dragon se demanda depuis combien de temps le Phoenix était présent et ce qu'il avait pu entendre de leur conversation. « T'es sûr de le vouloir comme petit frère ? Non parce qu'il va te manipuler avec la même aisance, sans que tu remarques rien... », ajouta avec amusement Ikki avant de rejoindre la cuisine. « Et tu peux rester. Toujours un plaisir de te voir, Shiryu. »
Le Dragon cligna des yeux, vaguement étonné. Serait-ce si dramatique de se faire gentiment manipuler par Andromède sur certaines choses ? Ce n'était pas comme si leur cadet en abusait ou en profitait vraiment. Il avait juste des yeux de chaton quémandant et une tête d'ange à laquelle il était difficile de résister. Et ils en faisaient déjà tous les frais en réalité. Shun en avait-il conscience ? Shiryu n'aurait su le dire. Avec un léger sourire amusé, il rejoignit ses deux frères en cuisine pour les aider à préparer le repas. Shun avait raison, leur lien ne pouvait que se renforcer et ils pouvaient finalement tous former une famille, s'ils y mettaient tous du leur. Et c'était quelque chose pour lequel Shiryu était prêt à se battre. Ses frères étaient un de ses trésors, au même titre que sa fiancée et son maître. Et tout le monde savait que les Dragons protégeaient férocement leur trésor jusqu'à la mort et sans faillir. Il en ferait de même avec sa famille.
