A/N : Toutes mes excuses pour avoir loupé la publi la semaine dernière. Pour faire très court, mes niveaux d'énergie, aussi bien mentale que physique, sont descendus en flèche ces derniers temps. Je vais faire de mon mieux pour ne pas prendre trop de retard sur ce que j'avais planifié, mais il est possible qu'il y ait plus de retard pendant quelques temps jusqu'à ce que j'aille mieux.

Résumé du chapitre précédent :

Match de Quidditch. Hermione admet être en couple avec Viktor depuis la veille. Harry et Draco flirtent sans s'en rendre compte. Ils vont voir les joueurs bulgares. Les joueurs anglais plus Ron, Dean et Seamus arrive. Ron pète un câble. Il est stoppé par un Stupefix avant d'envoyer un maléfice sur Harry.


Le silence régna sur l'assemblée pendant une poignée de secondes, puis tous les yeux se tournèrent vers Draco.

Le Serpentard avait sa baguette pointée vers le corps inerte de Weasley, juste au cas où le rouquin se relèverait soudainement. Le visage de Draco était livide, et ses yeux brûlaient d'une haine sans nom.

- Draco, qu'est-ce qui s'est passé ? demanda Harry.

Le sorcier blond demeura immobile, et seul un léger tremblement de sa main libre trahissait son état d'esprit. Ce furent Dean et Seamus, qui étaient les plus proches de Ron avant le sort, qui répondirent une fois le choc passé.

- Ron allait lancer un sort à Harry, fit Seamus sans parvenir à y croire. Ça commençait par Sectum-quelque-chose.

Avant que l'irlandais achève sa phrase, un rire nerveux finit par briser l'immobilité du Serpentard, qui baissa enfin sa baguette et cacha son visage de sa main libre.

- Un sort, hoqueta Draco. Pas juste un sort, Finnegan.

- Draco, intervint Harry. Qu'est-ce qui t'arrive ?

Le Griffondor était visiblement plus inquiet pour l'état anormal du sorcier blond que pour sa propre sécurité, et posa une main sur son bras.

- Ce qui m'arrive ? répéta Draco d'un air incrédule. Weasley a failli réussir son Sectumsempra ! Tu réalises ce que ça veut dire, Potter !?

Hermione et Harry pâlirent en un clin d'oeil, et la sorcière leva une main à sa bouche tandis que le brun chancela. La stupeur qui régnait sur la salle se dissipa finalement à la vue du Sauveur du Monde Sorcier qui réagissait aussi violemment, et tout le monde se mit à parler en même temps.

- DU CALME ! finit par crier l'entraîneur bulgare.

Les deux équipes se turent aussitôt, et Vasilov en profita pour donner ses instructions.

- Vladimir, va vérifier comment va ce type.

- Je fais quoi s'il se réveille ?

- Tu l'assommes.

- Compris.

En temps normal, quelqu'un aurait probablement fait une remarque sur l'incompatibilité entre le serment des Guérisseurs et un acte d'agression volontaire, mais au vu des circonstances, personne ne releva la consigne contradictoire.

- Je n'ai jamais entendu parler du Sectumsempra, continua le coach avec son accent prononcé.

- C'est un maléfice qui créé des entailles profondes dans le corps de la victime pour qu'elle se vide de son sang en quelques minutes si personne n'intervient à temps avec les bonnes incantations médicales, débita Hermione d'une traite.

La sorcière était mortellement pâle, incapable de croire que Ron avait eu la cruauté de tenter une chose pareille.

Viktor s'approcha d'elle pour lui offrir un soutien silencieux, conscient qu'il devait y avoir plus que le maléfice dans cette histoire.

De son côté, Harry ferma les yeux et secoua la tête, dans l'espoir dérisoire de chasser un des plus atroces souvenirs de sa vie. Draco n'était pas en meilleur état, et parvenait à peine à dissimuler ses tremblements en revivant malgré lui le traumatisme que le sort avait représenté.

- Et Ron a voulu lancer ça à Harry ? répéta Dean d'une voix blanche.

- Il faut appeler les Aurors tout de suite, lança l'entraîneur anglais.

Tous les regards convergèrent vers le quarantenaire dégarni, mais avant que la moindre protestation puisse s'élever, il reprit la parole d'une voix forte.

- On ne parle pas d'un petit sort lancé sous le coup de l'énervement. On parle d'une tentative de meurtre sur Harry Potter. Peu importe qui l'a lancé, c'est une situation qui exige l'intervention des Aurors.

L'entraîneur bulgare approuva avec un hochement de tête, et les deux hommes commencèrent à donner une série d'instructions chacun de leur côté.

Harry eut l'impression que la suite se déroula dans un brouillard complet. Il n'arrivait pas à accepter l'idée que Ron ait pu vouloir lui jeter ce sort. Il devait y avoir une autre explication. Il y en avait forcément une. Même sous le coup de la colère, Ron restait un Griffondor et son ami, il n'aurait pas attaqué pour tuer s'il avait eu d'autres options possibles.

Harry parvint tant bien que mal à répondre aux questions basiques que lui posèrent les Aurors en arrivant, et se retrouva rapidement mis à l'écart avec Draco, Hermione et Viktor. L'Attrapeur refusait de laisser la sorcière seule tant qu'elle était dans cet état, et Draco et lui étaient incapables de s'éloigner l'un de l'autre.

- Lord Potter ? Je m'appelle Jayden Turner, je suis l'Auror en charge de cette affaire.

Harry se contenta de relever la tête.

- Puisque vous et vos amis êtes toujours en état de choc, annonça l'Auror, nous allons vous raccompagner à la résidence de votre choix. Cependant, ajouta-t-il prudemment, aux dires des autres témoins de la scène, vous quatre êtes les plus impliqués dans l'altercation qui a eu lieu.

Hermione fut celle qui comprit le plus vite, et hocha la tête dans un geste de compréhension automatique.

- Vous voulez qu'on reste tous les quatre au même endroit jusqu'à ce qu'on soit en état d'être interrogés.

- Ce serait préférable, admit l'Auror. Si cela vous convient, je passerai demain avec un de mes hommes pour recueillir vos dépositions.

Les quatre sorciers se consultèrent du regard, et quelques hochements de tête conclurent leur échange non-verbal. Harry n'eut pas la force de sourire, mais s'efforça de rester poli en se rappelant que l'homme ne faisait que son métier.

- J'ai un Portoloin pour nous ramener tous les quatre au bon endroit, pas la peine de déranger vos hommes. Pour les dépositions, demain après-midi serait sans doute mieux pour nous, si c'est possible.

- Cela ne devrait pas poser de problèmes, accepta Jayden avec soulagement. Merci de votre coopération.

- Et Ron ?

L'Auror se raidit, mais répondit tout de même.

- Nous le gardons en cellule d'observation cette nuit, en attendant de pouvoir l'interroger.

L'interaction s'acheva là, et l'Auror les laissa partir quelques minutes plus tard, après avoir noté l'adresse du Square Grimmaud et promis d'envoyer un hibou pour les prévenir de l'heure de son arrivée.

-o-oOo-o-

Les quatre sorciers arrivèrent au Square Grimmaud dans un état presque second, qui n'échappa pas à Kreattur. Le vieil elfe de maison ne chercha pas à en apprendre davantage, mais marmonna un mélange d'inquiétudes et de menaces tout au long de la soirée.

Le repas fut expédié en moins de vingt minutes, et Hermione monta se coucher juste après, aussitôt suivie par Viktor. Harry lui aurait probablement lancé un regard incendiaire s'il n'avait pas conscience que sa meilleure amie avait besoin de tout le soutien possible à l'heure actuelle.

Draco n'avait pas prononcé plus de trois phrases depuis qu'ils étaient rentrés, et deux d'entres elles avaient été pour demander à Kreattur de transmettre un message à ses parents. Harry se doutait de son contenu, et espérait que Narcissa et Lucius ne prendraient pas mal que leur fils reste au Square Grimmaud après une soirée pareille.

Les deux sorciers s'étaient déplacés au salon, davantage pour éviter la solitude de leur chambre respective que par réelle envie. Ils étaient tous les deux installés sur le canapé, mais près de vingt minutes passèrent dans un silence complet avant qu'Harry réussisse à le briser.

- Merci.

Le mot sortit Draco de ses pensées, et il regarda le Griffondor d'un air interrogateur.

- Pour être intervenu à temps, précisa Harry.

Un éclair de compréhension passa dans les prunelles grises du Serpentard, et il détourna les yeux.

- De rien.

Quelques minutes passèrent dans un silence tendu, que Harry brisa de nouveau quand il ne fut plus capable de supporter ses propres pensées.

- Comment tu as fait pour réagir aussi vite ? Même Dean et Seamus n'ont rien eu le temps de faire.

- J'ai vécu un an au même endroit que Tu-Sais-Qui et au moins deux douzaines de Mangemorts. Ça m'a appris à ne pas me laisser distraire tant que mon adversaire est en vie.

Même s'il avait haussé les épaules dans une volonté de paraître désinvolte, Draco savait qu'il n'était pas convaincant. Il en eut la confirmation en sentant Harry bouger pour se rapprocher de lui, puis quand une main se posa sur son épaule. Draco résista moins de trois secondes avant de tourner la tête, et plongea ses yeux dans un regard émeraude débordant de compassion, mais dénué de pitié.

- Désolé, murmura Harry.

- De quoi ? ironisa le blond. De ne pas avoir tué le Seigneur des Ténèbres plus vite ?

- Que tu aies eu à vivre ça, nuança le Griffondor. Et... pour cette fois-là.

Il n'eut pas besoin de préciser à quoi il faisait référence. Draco inspira profondément, et hocha la tête avant de regarder le mur le plus proche.

- Severus m'a dit que tu ne savais pas ce que le sort faisait. Même si ça restait incroyablement stupide de ta part de jeter un sort inconnu-

Draco s'interrompit un instant dans sa phrase, le temps de se donner le courage de dire la suite sans se laisser submerger par les souvenirs et les émotions.

- Même si c'était stupide, reprit-il dans un murmure, ça m'a donné l'espoir que tu n'avais pas réellement l'intention de me tuer ce soir-là.

À côté de lui, Harry resta bouche bée pendant une dizaine de secondes avant que son cerveau se remette en route. Lorsqu'il y parvint, son expression se mua en colère et il attrapa les épaules du Serpentard pour le forcer à le regarder.

- Draco, je jure au nom de Merlin et de tous les fondateurs que si j'avais eu la moindre idée de ce que ce sort faisait, je ne l'aurais jamais, jamais, utilisé contre toi !

Draco se retrouva tourné sur le canapé dans une position assez inconfortable, mais cette impression disparut dès qu'il croisa la flamme désespérée qui brûlait dans les prunelles de son ancien rival. Tout en Harry criait qu'il était sincère, des tremblements de sa voix jusqu'à la façon dont il se cramponnait à ses épaules.

Tout au fond de son esprit, Draco sentit un barrage céder. Il n'avait jamais oublié ce qui s'était passé dans ces toilettes, malgré toutes les horreurs qu'il avait vécues plus tard. Parce que si Harry avait réellement eut l'intention de le tuer ce soir-là en utilisant un sort pareil, tout espoir de survivre à la guerre était perdu, quel que soit le camp vainqueur.

Entendre que même au plus fort de leur rivalité, même alors qu'il était sur le point de lui lancer un Sortilège Impardonnable, Harry n'avait pas voulu sa mort, libéra Draco d'un poids qu'il n'avait conscience d'avoir porté jusque-là. Le Serpentard sentit les larmes couler sur ses joues avant de réaliser que ses émotions avaient pris le pas sur son masque.

- Draco ? fit Harry d'une voix paniquée. Je te jure que c'est la vérité. Je n'aurais jamais dû te lancer cette horreur, et même sans savoir ce que ce sort faisait, ce que j'ai fait reste impardonnable. J'ai passé des semaines à faire des cauchemars où Rogue arrivait trop tard, des mois à croire que j'étais un monstre qui ne valait pas mieux que Voldemort ! Par Merlin, c'est un miracle que tu acceptes de m'adresser la parole après ça ! Tu-

Il fut coupé dans sa réplique par Draco, qui le fit presque tomber contre lui. Le sorcier blond était à moitié penché sur l'accoudoir pour maintenir leur position déséquilibrée, mais il s'en fichait. La voix de Harry était en train de prendre des accents hystériques, et Draco n'avait eu qu'une seule idée pour l'interrompre.

Ses propres émotions étaient très loin d'être sous contrôle, mais la présence d'Harry contre lui passa d'un coup au premier plan de ses priorités. Le Griffondor était presque couché sur lui, la tête sur le torse du sorcier blond, et semblait avoir craqué aussi à la façon dont il s'agitait sous les sanglots.

Draco maintint une main dans son dos, et glissa prudemment l'autre dans les cheveux de Harry. Les démonstrations d'affection n'étaient pas son fort, mais le Serpentard s'aperçut que pour une fois, il arrivait à réagir de façon assez instinctive.

Lorsque le sorcier blond estima qu'à défaut d'arrêter ses larmes, il pouvait avoir assez confiance en sa voix, il s'adressa au Griffondor.

- Du calme, Harry, murmura-t-il. Tout va bien.

Un hoquet incrédule secoua les épaules du concerné, et Draco sentit un début de sourire étirer ses lèvres.

- D'accord, c'est un mensonge, admit le Serpentard. Mais réconforter les autres n'est pas exactement ma spécialité. Je suis le Prince de Glace, tu te souviens ?

Les soubresauts qui agitèrent les épaules du Golden Boy ressemblaient davantage à un petit rire, cette fois, et Draco s'en sentit soulagé. Ses propres émotions parurent se calmer quelque peu, et il inspira profondément pour stopper ses larmes. Le Serpentard hésita un instant, puis commença à faire des cercles avec ses mains pour rassurer Harry. Une part de son esprit se réjouit de pouvoir enfin caresser les mèches brunes en bataille, même dans des circonstances pareilles.

La méthode sembla apaiser Harry, qui se détendit progressivement dans ses bras. Lorsque ses sanglots s'arrêtèrent pour de bon, les deux sorciers restèrent encore un moment l'un contre l'autre sans faire mine de bouger, jusqu'à ce que Harry remue son bras droit pour prendre appui sur le canapé.

- Reste là, Harry.

- Draco, souffla le brun, ça va. J'ai été... c'était stupide de ma part.

Le sorcier blond haussa un sourcil, même si Harry ne pouvait pas le voir, et maintint le Griffondor fermement en place.

- Stupide ? répéta-t-il. Tu viens de me présenter tes excuses pour avoir failli me tuer sans en avoir l'intention, en admettant au passage que ça t'a torturé pendant des mois, et tu penses que c'était stupide d'avoir besoin de soutien après ça ?

Même sans bouger, Draco trouva le moyen de sentir le Griffondor rougir contre lui. Le fait que Harry cherche instinctivement à enfouir sa tête contre son torse en grognant s'avéra être un second indicateur de son embarras.

- Harry, reprit Draco avec douceur. Pour ce que ça vaut, il y a déjà un moment que je t'ai pardonné. J'ai simplement... disons que j'avais besoin d'entendre que ce n'était pas ce que tu voulais. Histoire de pouvoir tourner la page.

- J'ai failli te tuer ce soir-là, murmura sombrement Harry. Si Rogue n'avait pas été là-

- Mais il était là, le coupa le Serpentard. Le passé ne va pas se réécrire parce que tu y repenses, Harry. Un million de choses auraient pu se passer différemment, mais le fait demeure que ça s'est passé comme ça. Je suis en vie, tu es en vie, aucun de nous deux n'a eu l'intention de tuer l'autre et le Seigneur des Ténèbres est mort pour de bon.

Un petit rire désabusé secoua de nouveau les épaules du Golden Boy.

- Présenté comme ça, admit Harry.

Draco sourit. Le Serpentard recommença à caresser les mèches brunes, et se détendit à son tour. Au point où ils en étaient, Draco pouvait sans doute se permettre d'être vulnérable un peu plus longtemps.

Ce ne fut qu'au bout de plusieurs minutes de silence que Draco reprit la parole. Il avait l'intuition qu'il valait mieux verbaliser ses émotions maintenant plutôt que de laisser les doutes le hanter.

- Même en reconnaissant le maléfice, murmura-t-il, j'ai failli agir trop tard ce soir.

Harry se tendit, tout le relâchement auquel il était parvenu jusque-là disparaissant en un battement de cil. Sa main se serra en un poing sur le torse du Serpentard, avant de se détendre dans un soupir lourd.

- Tu regrettes d'être intervenu ? demanda le brun.

- Pardon ?

- Ta voix. Tu prends cette voix quand tu regrettes quelque chose, indiqua Harry.

Draco comprit en une seconde où le Griffondor voulait en venir, et se figea d'un coup. Puis il sentit une colère sourde l'envahir, et il redressa le sorcier qui était sur lui. Lorsque Harry accepta finalement de relever la tête, mais évita de croiser ses yeux, Draco posa une main sur sa joue pour le forcer à le regarder.

- Potter, affirma Draco avec des éclairs dans les yeux, la seule chose que je regrette dans cette soirée, c'est de ne pas m'être occupé de Weasley jusqu'à ce qu'il me supplie de mettre un terme à sa misérable existence.

Son regard avait viré à l'orage, et Draco ne laissa pas au Griffondor stupéfait le temps de répondre.

- Tu n'avais aucune idée de ce que tu faisais en me lançant ce sort. Weasley savait exactement ce qu'il se passerait lorsqu'il t'a attaqué, et Salazar m'en soit témoin, je demanderai à changer de maison avant de te laisser prendre un Sectumsempra de plein fouet.

Harry fut abasourdi par sa déclaration, ses lèvres légèrement entrouvertes sans qu'aucun son en sorte. Toutefois, Draco était encore trop en colère pour mesurer ses propos. Le mélange de terreur absolue et de rage pure qui l'avait envahi en réalisant ce que le roux s'apprêtait à faire était encore trop vif dans sa mémoire.

La chaleur qui émanait du visage du Griffondor était la seule chose qui l'ancrait un tant soit peu dans la réalité du moment. Un rire sans joie lui échappa quand il vit monter une objection dans les yeux verts de Harry.

- Oh, je connais ce regard, Potter. Peut-être que Weasley avait une bonne raison de faire ça, c'est ce que tu te dis, pas vrai ? Alors je t'en prie, explique-moi ce qui pourrait justifier une tentative de meurtre par un des maléfices les plus cruels qui soit, alors que tu avais le dos tourné.

Le Griffondor pinça les lèvres, et détourna les yeux lorsqu'il ne parvint pas à trouver une explication satisfaisante. Draco se calma, et caressa la joue de Harry avec une tendresse infinie.

- Harry, fit-il doucement. Ne va pas t'imaginer une seconde que c'est de ta faute ou que je regrette d'être intervenu.

- Mais c'est de ma faute, objecta Harry en fronçant les sourcils. Si j'avais écouté Ron, si j'avais fait l'effort de discuter avec lui et de comprendre que ça n'allait pas, il n'aurait pas fait ça.

- Weasley a toute sa famille pour l'écouter s'il a besoin de se plaindre, contra Draco. Et tu sais aussi bien que moi que tout ce qu'il voulait, c'était t'éloigner de ma famille et forcer Granger à se mettre en couple avec lui.

- Ron est buté, concéda le brun, mais il reste mon ami. Il doit y avoir une explication.

Draco s'assura que son incrédulité sarcastique était bien représentée sur son visage avant de répondre.

- Buté ? Weasley est pire que buté. Salazar, il a fallu que tu manques de finir brûlé vif par un dragon pendant la première épreuve du Tournoi pour qu'il envisage que tu n'avais pas mis ton nom dans la Coupe de Feu !

Harry grimaça en se remémorant le Magyar à Pointes. Cette épreuve n'était pas son meilleur souvenir de quatrième année, et malheureusement, pas son pire non plus. Toutefois, l'argument de Draco était difficile à parer.

- D'accord, admit Harry, mais il n'empêche que si j'avais davantage essayé de communiquer-

- Il t'a envoyé un ultimatum pour choisir entre lui et ma famille.

- Mais si je-

- Il est venu chez toi pour te blesser en utilisant tes points faibles.

- Oui mais-

- Tout ce qu'il voulait était Granger et l'image qu'il avait de son meilleur ami. Regarde la réalité en face, Harry, insista Draco. Weasley s'est enfermé dans un monde où tout est bien ordonné dans de jolies cases noires et blanches, sans place pour l'évolution ou le changement.

Harry soutint son regard pendant une dizaine de secondes, mais Draco ne céda pas. Il savait qu'il avait raison, et que le héros de Griffondor s'obstinait uniquement par principe. Au bout du compte, Harry émit un soupir de défaite et baissa les yeux, sans chercher à s'éloigner de la main sur sa joue pour autant.

- Ron a toujours été comme ça, admit Harry dans un souffle. J'espérais qu'avec la fin de la guerre, il ouvrirait les yeux sur la réalité.

- Autant demander à un Niffleur de se séparer de son or, ironisa le Serpentard.

Harry lui adressa un sourire amusé, et posa sa main par-dessus celle de Draco sans réfléchir. Il ferma les yeux un instant, savourant l'intimité du moment, avant de les rouvrir pour observer le sorcier blond.

- Un de ces jours, il faudra que tu m'apprennes les expressions sorcières.

- Ça peut s'arranger. Il doit y avoir un livre là-dessus au Manoir.

- On prévoit une séance à la bibliothèque ?

La plaisanterie se voulait légère, mais instaura immédiatement une tension dans l'air. L'un comme l'autre se rappelait de la façon dont leur première séance de recherches s'était achevée, et il ne leur échappa pas que leur situation actuelle en était dangereusement proche.

Draco savait qu'il était sur un terrain glissant. Ses émotions étaient bien plus lisibles et ouvertes que d'habitude à cause de la discussion qu'ils venaient d'avoir. Le Serpentard n'était pas certain de pouvoir vraiment dissimuler quoi que ce soit dans son état actuel. Et Salazar lui vienne en aide, quand Draco leva les yeux sur le visage de Harry, il comprit qu'il ne voulait plus les cacher.

Harry le regardait encore comme si tout son monde tournait autour de lui. Comme s'il ne pouvait pas se contenter d'une amitié entre eux. Ses émotions étaient écrites sur son visage, brillaient dans ses yeux, brûlaient dans la chaleur de sa peau. Pendant un instant, un fol instant, Draco se prit à espérer.

Le sorcier blond bougea doucement, pour ne pas brusquer Harry, et lui laisser tout le temps de s'éloigner s'il le souhaitait. Le Griffondor resta parfaitement immobile, et le laissa s'approcher jusqu'à ce que leurs visages ne soient plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre.

Draco était incapable de calmer son rythme cardiaque. Tout son esprit lui hurlait qu'il était en train de faire une erreur monumentale qu'il allait regretter, et pour autant, le Serpentard n'envisagea pas un instant de faire marche arrière. Pas tant que Harry ne lui dirait pas clairement que ce n'était pas ce qu'il voulait.

Draco resta un instant sans bouger, en attendant un signe que ses désirs seraient appréciés ou déclinés. Son regard passa des yeux de Harry à ses lèvres, avant de faire lentement le chemin inverse. La décision finale appartenait au Griffondor, quand bien même le léger souffle de sa respiration sur sa peau était en train de le rendre fou.

Harry resta pétrifié quelques secondes, comme incapable de croire ce qui était en train de se passer, et Draco commença à se préparer pour le rejet inévitable qui allait suivre. Son coeur se serra avant même qu'il achève sa pensée, et il ferma les yeux un instant pour tenter de retrouver un semblant de contrôle sur ses expressions.

Ce fut pendant ce bref instant de noirceur que Draco sentit les lèvres de Harry se poser sur les siennes. À peine un frôlement, plus une caresse qu'autre chose, mais le choc lui fit aussitôt ouvrir les yeux.

Harry avait franchi la dernière barrière qui restait entre eux, et avait fermé les yeux à son tour. Son geste était empreint d'une tendresse prudente, comme s'il avait peur de briser l'instant s'il y mettait davantage de force. Il s'éloigna après une seconde, et lorsqu'il rouvrit les yeux, ses prunelles brillaient d'un mélange d'inquiétude et d'espoir.

Draco était presque certain qu'il devait toujours avoir l'air choqué, parce que l'expression du sorcier brun s'effondra en une seconde, et il s'éloigna avec un air blessé.

- Harry, attends, je-

- Harry ?

Les deux sorciers se tournèrent vers Viktor, qui venait d'entrer dans le salon. L'Attrapeur portait un jogging gris et un t-shirt rouge, et avait l'air sur le point de s'endormir.

- Hermione ne veut pas admettre qu'elle a besoin d'une potion de sommeil sans rêve pour cette nuit, indiqua-t-il en retenant un bâillement. Elle dit qu'elle va juste lire un peu, mais-

- Je vais chercher ça, déclara Harry en se levant. Je m'occupe de lui apporter la potion et de la convaincre, j'ai l'habitude.

- Merci, le remercia Viktor d'un air soulagé. Bonne nuit.

L'Attrapeur attendit à peine la réponse des deux sorciers pour remonter les escaliers et se diriger vers sa propre chambre. Pendant ce temps, Harry s'était précipité hors du salon, et Draco était resté figé dans le canapé, incapable de bouger. Ses pensées et ses émotions étaient en train de déchaîner un ouragan dans son esprit, et le clouaient sur place.

Lorsqu'il parvint à en sortir, ce fut pour entendre Kreattur lui annoncer que Harry était allé dormir après avoir également pris une potion de sommeil sans rêve.