A/N : Mes niveaux d'énergie sont assez bas à l'heure actuelle. Je vais faire de mon mieux pour ne pas prendre trop de retard, mais attendez-vous à ce qu'il y en ait quand même dans les semaines ou mois à venir. Mes excuses par avance, je promets que cette histoire ne sera pas abandonnée quoi qu'il arrive, même si ça me prend plus de temps que prévu pour la continuer.
Résumé du chapitre précédent :
Harry fait un cauchemar à propos de l'âme principale de Voldemort qui veut toujours le tuer. Il se réveille, puis lui et les Weasley plus Neville et Hermione vont vers la finale de Coupe du Monde, et ils croisent Cédric et son père en chemin. Ils trouvent leur tente, se préparent pour assister au match, et en montant dans le stade pour rejoindre leurs places, croisent Draco et Lucius.
Les réflexions des uns et des autres s'interrompirent finalement lorsqu'ils arrivèrent à leurs places, et la plupart comprirent tout à coup la remarque de Lord Malfoy concernant la pluie. Ils étaient au tout dernier rang, dans les plus hauts gradins, avec une vue imprenable sur le stade tout entier.
- Waouh, souffla Hermione.
- Comme tu dis, fit Neville.
- Ça valait le coup de monter toutes ces marches, pas vrai ? rit Arthur.
- Clairement, sourit Harry. Par contre, ça ne va pas être très pratique pour voir les détails, grimaça-t-il.
Il n'avait pas fini sa phrase qu'une paire de jumelles assez étranges – et sur lesquelles se trouvaient beaucoup trop de boutons – lui était tendue par Fred.
- Des multiplettes.
- Avec ça, tu peux zoomer, ajouta George.
- Ou faire des ralentis.
- Ou revoir une action.
- Ou-
- Je pense qu'il a compris, les coupa Bill.
- Merci, les remercia Harry, mais vous êtes sûr que vous n'en aurez pas besoin ?
Les jumeaux tournèrent la tête dans un bel ensemble.
- Le match va sûrement durer un bon moment, on aura le temps de se les passer.
Harry sourit, et entreprit d'explorer les différentes actions de l'objet magique avant le début du match. Hermione et Neville s'installèrent dans les deux sièges à sa droite, et Ron prit celui à sa gauche lorsque George et Fred se tournèrent pour répondre à Bill. Le benjamin des garçons Weasley trépignait d'impatience et un immense sourire fendait son visage.
- J'arrive pas à croire qu'on va voir Krum en action ! Tu savais qu'il a seulement dix-sept ans ? Il est encore élève à Durmstrang et il est déjà sélectionné dans l'équipe nationale de son pays, tu te rends compte ? C'est le meilleur Attrapeur du monde !
Les trois autres se mirent à rire devant son enthousiasme. Même en ayant déjà entendu les informations un certain nombre de fois, l'engouement du plus grand fan de Quidditch de Griffondor était à la fois amusant et contagieux.
Avant que Ron puisse les noyer une nouvelle fois sous une avalanche de statistiques sur les joueurs des deux équipes, toutes les lumières du stade s'éteignirent en même temps. Le centre du terrain s'illumina d'un coup, marquant ainsi l'apparition d'une centaine de femmes au centre de celui-ci.
Harry utilisa aussitôt les multiplettes pour les voir de plus près. Il avait entendu dire que les mascottes représentant chaque pays feraient une petite représentation avant le match, mais n'avait pas été assez curieux ou attentif pour se rappeler quel pays était représenté par quoi. À côté de lui, il entendit Ron et Neville s'exclamer ensemble.
- Des Veelas !
Harry pensa un instant à demander de quoi ils parlaient, mais il parvint finalement à zoomer sur une des femmes, et sa voix se bloqua dans sa gorge. Il sut à l'instant où il la vit qu'elle n'était pas humaine, mais sa réflexion n'alla pas beaucoup plus loin. La beauté de la créature sous ses yeux était irréelle. Sa peau avait la pâleur délicate d'un clair de lune, et scintillait presque sous les lumières des projecteurs magiques.
Ses cheveux étaient d'un blond si clair qu'ils ressemblaient à des fils d'or blanc, et bougeaient dans une ondulation parfaite sans qu'il y ait pourtant le moindre souffle de vent. Son cerveau commença inconsciemment à faire le parallèle avec une personne qu'il connaissait, mais ne put arriver au bout de sa réflexion avant que la musique se lance et que les femmes se mettent à danser.
Leurs mouvements étaient parfaitement synchronisés, et Harry dézooma juste assez pour observer l'ensemble de leur choréographie de groupe. L'équilibre subtil entre sensualité et élégance le fascinait, et il admira la qualité de la performance à sa juste valeur. Au bout d'une vingtaine de secondes, il éloigna les multiplettes de ses yeux avec l'intention de les proposer aux autres pour qu'ils puissent voir de plus près le magnifique spectacle.
Toutefois, lorsqu'il se tourna vers ses amis, il fut pris d'un choc. Ron était presque en train de baver et ses yeux étaient assez exorbités pour être à deux doigts de réellement sortir de leurs orbites. Bill, Fred et George étaient tous les trois en train de siffler et de gesticuler comme s'ils espéraient être remarqués par les danseuses. Harry se tourna vers sa droite, pour faire part de son inquiétude aux autres, mais ses paroles se bloquèrent dans sa gorge.
Neville, Hermione et Ginny étaient penchés au-dessus de la barrière de protection, juste à la limite de tomber, et leurs yeux étaient glués au centre du terrain. À côté de Ginny, même Arthur Weasley semblait complètement envoûté et s'égosillait pour attirer l'attention des créatures. Harry regarda tout autour de lui, proche de la panique, et remarqua avec horreur que tout le stade semblait avoir succombé au même genre de transe.
Le Griffondor était en train de se demander ce qu'il pouvait faire pour sauver ses amis, lorsqu'une sorcière installée un rang plus bas se retourna dans sa direction. Elle avait les yeux brillants, mais semblait encore en possession de ses facultés mentales et le fixa d'un air amusé.
- Première fois que tu vois des Veelas ? demanda-t-elle.
Le garçon à la cicatrice se tourna aussitôt vers elle comme s'il venait de voir une bouée de sauvetage au milieu d'un naufrage. La sorcière en question avait l'air d'avoir une trentaine d'année, de longs cheveux teints en vert et des petits drapeaux de l'Irlande dessinés sur ses joues. Harry se pencha au-dessus de la rambarde pour se faire entendre.
- Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi tout le monde devient fou ?
La femme aux cheveux verts se mit à rire, et se rapprocha de lui pour qu'il puisse entendre sa réponse malgré les vociférations de la foule.
- C'est le charme des Veelas. Elles ont un pouvoir d'attraction auquel on ne peut pas résister. Dès qu'elles l'activent, on devient prêt à tout pour les séduire et obtenir leur attention. C'est pour ça que tout le monde est en train de se ridiculiser, fit-elle en riant.
- Mais vous et moi... commença Harry.
- Le charme Veela marche seulement si on est attiré par le genre du Veela qui l'utilise, et les femmes n'ont jamais été mon truc, s'esclaffa-t-elle.
Harry eut l'air stupéfait par cette affirmation, et rougit lorsque la sorcière lui adressa un clin d'oeil plein de sous-entendus avant de se retourner. Il se sentit à la fois rassuré pour ses amis, et mortellement embarrassé à l'idée que ce soit une occasion pareille qui lui indique vers où penchaient ses préférences romantiques et sexuelles. Il ne s'était pas réellement posé la question jusque-là, mais il avait eu l'impression que le genre de la personne en face de lui n'était pas spécialement important quand il s'agissait de sentiments ou d'attirance.
Dans l'intérêt de sa dignité – le rougissement allait rester bloqué sur son visage s'il continuait à penser à ça – Harry se força à repousser la question au fond de son esprit. À la place, il passa le reste de la représentation à vérifier que ses amis ne se mettaient pas en danger dans leur espoir vain d'attirer l'attention des danseuses à la beauté surnaturelle.
Finalement, les dizaines de Veelas se réunirent toutes au centre du terrain pour la figure finale de leur ballet, et s'immobilisèrent à l'instant exact où la dernière note de musique résonna. Toutes les lumières s'éteignirent de nouveau. L'obscurité dura une dizaine de secondes, probablement pour laisser le temps à tous les spectateurs de revenir à la réalité, puis les projecteurs furent rallumés.
Le terrain était désormais vide, et une voix féminine retentit dans tout le stade.
- C'était le ballet de Veelas de Kazanlak !
Un tonnerre d'applaudissements résonna dans les gradins, accompagné d'un raz-de-marée de bravos et de cris d'admiration en tout genre. Harry applaudit à tout rompre avec les autres. Même s'il avait manqué presque toute la danse, il n'en était pas moins impressionné par le peu qu'il avait vu.
- Par Merlin, qu'est-ce que j'aimerais être choisi par une Veela... soupira Ron.
- Aucune chance.
La réponse était venue en choeur de Fred, George, Bill et Ginny d'une façon si naturelle qu'Harry explosa de rire, rapidement suivi par Neville et Hermione. Celle-ci en profita pour éclairer Harry sur quelques-unes des caractéristiques majeures des mascottes de la Bulgarie.
- Les Veelas sont des créatures très complexes et très secrètes, expliqua la jeune sorcière avec enthousiasme, mais dans le peu de choses qu'on connait sur elles en dehors de leur pouvoir de séduction, on sait avec certitude qu'elles ne peuvent aimer qu'une seule personne dans toute leur vie. Il paraît qu'une Veela sait au premier regard qui est fait pour elle, et que même les sorciers qui ont du sang Veela dans les veines ressentent une attirance immédiate et constante pour la personne la plus apte à-
- Regardez, les farfadets irlandais arrivent ! coupa Ron.
Hermione afficha une expression frustrée en étant coupée dans son élan, mais l'arrivée d'une gigantesque comète verte et or – et les acclamations qui allaient avec – l'empêcha de toute façon de terminer son exposé. Harry sourit pour lui signaler qu'il était partant pour continuer la discussion plus tard, et Neville l'imita avec un geste de la main.
La comète scintillante se scinda en deux, puis les deux moitiés volèrent à toute vitesse l'une vert l'autre avant de se transformer en un immense trèfle à quatre feuilles. Le symbole de l'Irlande fit un tour complet du stade au-dessus des tribunes, en déversant une pluie de ce qui semblait être des paillettes dorées, mais qui s'avéra être des pièces d'or.
Tous les spectateurs poussèrent des cris de joie devant le cadeau inattendu, et entreprirent de se courber pour ramasser un maximum de pièces dans les gradins. Harry et les autres se prêtèrent au jeu en riant, et s'arrangèrent pour que chacun d'entre eux puisse en récupérer au moins une dizaine. Ron en particulier semblait ravi, et expliquait déjà ce qu'il allait pouvoir s'acheter, lorsque Neville intervint avec une grimace d'excuse.
- Ron, l'or des farfadets disparait au bout de quelques heures. Tu ne vas pas pouvoir acheter quoi que ce soit avec, ajouta-t-il d'un air embarrassé.
- Zut, grommela George. Ça aurait été pratique.
Ron eut l'air à la fois affreusement gêné et un peu honteux, et ses sourcils se froncèrent dans une expression que Neville, Hermione et Harry reconnurent immédiatement. À tous les coups, Ron allait changer son embarras en agressivité pour essayer de sauver les apparences.
Fort heureusement, les farfadets avaient fini leur numéro et avaient eu le temps de descendre s'installer en face des Veelas, auxquelles ils adressaient désormais toutes sortes de grimaces. Leur installation donna le signal pour que la présentatrice reprenne la parole, sa voix résonnant de nouveau dans le stade et couvrant la réplique de Ron.
- C'était les farfadets d'Irlande !
Comme la fois précédente, un tonnerre d'applaudissements et de cris de joie retentit dans les gradins. Lorsque le bruit se calma, la voix reprit, et Harry s'amusa un instant à essayer de deviner où se situait sa propriétaire dans le stade.
- À présent, veuillez faire un accueil digne de ce nom aux deux équipes qui sont arrivées jusqu'à la finale de cette Coupe du Monde !
Comme s'ils n'avaient attendu que ce signal – ce qui était probablement le cas – un groupe de sept joueurs arriva par-dessus le stade, leurs tenues vertes ne laissant aucun doute sur leur nationalité, même à des dizaines de mètres de distance. Les irlandais furent accueillis par une pluie d'encouragements, et firent quelques figures de groupe en descendant vers le centre du terrain.
Avant qu'ils puissent effectuer leur dernière combinaison, cependant, leur formation fut brisée par l'intervention des bulgares. Les sept joueurs filèrent comme une flèche vers le groupe des verts et or, si rapprochés les uns des autres malgré la vitesse que la moindre erreur de trajectoire aurait provoqué un accident.
Le stade hurla son engouement face à la prouesse technique, et lorsqu'un des joueurs se rapprocha d'une tribune, celle-ci se transforma momentanément en une sorte d'écran géant. Le visage de l'Attrapeur bulgare se dessina sur celui-ci, avant que son corps entier sur un balai prenne sa place. Le joueur se déplaça à toute vitesse au-dessus de la moitié des gradins, et fit même un équilibre sur son balai en regardant derrière lui, volant momentanément à l'aveugle. La suite des tribunes se transforma en écran en suivant son avancée, et un nom retentit dans le stade.
- KRUM ! KRUM ! KRUM !
Harry eut juste le temps de voir le joueur se remettre en position sur son balai – un Eclair de Feu, nota-t-il – lorsque celui-ci passa devant eux et leva le poing dans un geste déterminé.
- Waouh, souffla-t-il.
Sans qu'il y ait aucune réponse immédiate, tous les sorciers et sorcières autour de lui avaient la même expression impressionnée et le souffle coupé. Ce fut Neville qui en sortit le premier et il rit avant d'attirer l'attention d'Harry.
- Ça te donne des idées pour les prochains mouvements à utiliser à Poudlard ?
- Harry ! Ce genre de figure est beaucoup trop dangereux, protesta Hermione.
Mais le Golden Boy avait déjà explosé de rire, et se tenait les côtes devant la tête outrée de sa meilleure amie.
- Ne t'inquiète pas, 'Mione, hoqueta-t-il. Je vois mal dans quelle situation j'aurais besoin de faire un équilibre comme ça dans un match de Poudlard.
- De toute façon, intervint Ron, il n'y a que Krum qui peut réussir cette figure.
- C'est surtout que personne d'autre n'essaie de la faire, nuança Bill. C'est impressionnant, mais ça n'a aucun intérêt dans un match.
- Ça doit être pour ça qu'il l'a faite avant, conclut Harry en riant.
Avant que Ron puisse s'indigner et recommencer à chanter les louanges du plus jeune Attrapeur de la Coupe du Monde, l'arbitre entra sur le terrain et salua la foule à son tour. Il libéra les Cognards, et prit le Souaffle en main avant de se poster au milieu du terrain, installé sur son balai mais toujours au sol.
Les projecteurs changèrent de cible pour illuminer une petite plate-forme dans les gradins, sur laquelle se tenait un homme.
- Bienvenue à tous, commença-t-il.
Harry identifia tout de suite la voix du Ministre de la Magie, et songea au passage qu'il avait grâce à ça au moins une idée de l'endroit où sa loge devait se situer. Cette conclusion lui fit froncer les sourcils une nouvelle fois en le renvoyant vers ses réflexions. Si la loge de Fudge était pratiquement à l'opposé de l'endroit où ils se étaient assis, comment se faisait-il qu'ils aient croisé Draco et Lucius ? En particulier alors que les deux Serpentards lui avaient dit avant de partir qu'ils essaieraient d'éviter tout contact pendant la finale ?
Son sentiment que quelque chose n'allait pas en fut renforcé. Une telle attitude ne ressemblait pas à la prudence et la logique habituelles de Lucius Malfoy, et le Griffondor chercha une explication sans parvenir à en trouver. Peut-être que le Serpentard avait voulu lui faire passer un message, mais si oui, lequel ?
Harry sortit de ses pensées juste à temps pour entendre la suite de l'accueil du Ministre.
- J'ai le très grand plaisir de vous accueillir à la finale de la quatre cent vingt-deuxième Coupe du Monde de Quidditch. Que le match commence !
En même temps qu'il acheva sa phrase, il fit un signe de sa baguette, et à voir la réaction du public, Harry supposa qu'il avait lancé le Vif d'Or dans le même mouvement. L'arbitre lança le Souaffle et siffla à son tour, marquant le début officiel du match.
La réaction des joueurs ne se fit pas attendre, et Harry se dépêcha de remettre les multiplettes devant ses yeux, en les pressant assez fort sur ses lunettes pour être sûr de conserver des marques après le match. Les Poursuiveurs se passaient la balle à une vitesse folle, au point que la présentatrice, accompagnée d'un autre commentateur, avait à peine le temps de dire les noms. La rapidité à laquelle les joueurs volaient était incroyable, et Harry réalisa pleinement la différence de niveau qu'il y avait entre ses matchs à l'école, et des équipes professionnelles.
Les irlandais prirent une avance considérable d'entrée de jeu, et Ron en profita pour commenter à son tour, en ajoutant son point de vue stratégique.
- L'Irlande a le meilleur trio de Poursuiveurs de la coupe, cette année. Troy et Morane jouent dans la même équipe, et Mullet s'est super bien intégré à leurs combinaisons. Sur toute la compétition, c'est eux qui ont marqué le plus de buts par match en moyenne, et c'est souvent avec ça qu'ils ont gagné, même sans attraper le Vif.
- Je croyais que leur Attrapeur était bon ? releva Ginny.
- Lynch est bon, confirma Ron. Mais pas assez face à un génie comme Krum.
- Donc la Bulgarie va gagner, tu penses ? demanda Hermione.
Le roux réfléchit quelques instants, observa les joueurs, et répondit d'un air concentré.
- Ça va dépendre de Krum, déclara-t-il. S'il attrape le Vif d'Or avant que les irlandais prennent trop d'avance sur le score, la Bulgarie va l'emporter. Mais Zograf est un gardien assez moyen par rapport au niveau général de cette année, donc c'est difficile de dire comment ça va se finir.
Harry regarda son ami et hocha la tête d'un air pensif. Ron affinait toujours ses stratégies et ses réflexions sur l'instant, pour les adapter au mieux à la situation réelle. C'était un talent indéniable du sorcier roux, et le Golden Boy aurait aimé que celui-ci face preuve du même esprit d'analyse, ou au moins du même calme, dans d'autres situations que le Quidditch ou les échecs.
Tout à coup, une exclamation collective fit vibrer le stade. Viktor Krum venait de plonger en piqué vers le sol, et Lynch le suivit avec une seconde de retard. Tous les spectateurs observèrent les deux Attrapeurs foncer vers le sol à une vitesse dangereuse en retenant leur souffle.
À la dernière seconde, Krum redressa son balai et acheva sa course en sécurité, avec un contrôle certain de sa trajectoire. Lynch réagit trop tard, et s'écrasa au sol en essayant de redresser son propre balai.
- Et c'est une magistrale feinte de Wronski de la part de Krum ! s'exclama la commentatrice. Les médico-mages font leur entrée sur le terrain pour vérifier l'état de Lynch, tandis que Krum remonte dans les hauteurs et que l'arbitre Mostafa indique un temps mort !
Harry avait les yeux écarquillés derrière ses multiplettes, grâce auxquelles il revoyait l'action de l'Attrapeur bulgare au ralenti. La maitrise de sa trajectoire, de sa vitesse et de la puissance de son balai était proche de la perfection, et le Griffondor en vint à sérieusement considérer que ses propres piqués étaient grossiers et approximatifs par rapport à une telle prouesse.
Quelques minutes plus tard, l'Attrapeur irlandais remonta sur son balai et le match put reprendre.
Harry passa les jumelles magiques à côté de lui, et continua à suivre le match normalement. En dehors de quelques incidents liés aux provocations entre farfadets et Veelas, la finale se poursuivit à peu près de la façon dont Ron l'avait prédit.
Les Poursuiveurs irlandais faisaient preuve d'une adresse et d'une coordination nettement supérieures à celles des bulgares, et l'écart au score ne fit que se creuser au fur et à mesure que la partie durait.
Au bout de quarante-cinq minutes de jeu, Krum reçu un Cognard lancé par un des batteurs irlandais alors que l'arbitre ne l'avait pas dans son champ de vision. Le jeune Attrapeur remarqua juste après que son adversaire avait pris le Vif en chasse, et fonça à sa suite pour capturer la petite balle dorée.
Lorsque l'Attrapeur bulgare referma le poing sur sa cible, un coup de sifflet retentit et des feux d'artifices, rubans colorés et autres confettis jaillirent du sommet du stade pour tomber sur le terrain et dans les gradins.
- Le Vif d'Or a été attrapé par Viktor Krum ! s'exclama la présentatrice.
- Mais malgré ça, le score est sans appel, compléta le commentateur, cent soixante-dix points contre cent soixante !
- La victoire de la quatre cent vingt-deuxième Coupe du Monde de Quidditch revient donc à l'Irlande !
Le stade entier exulta, et même les fans de l'équipe de Bulgarie se réjouirent à l'idée que leur favori avait tout de même été celui qui avait attrapé le Vif. D'une certaine manière, le résultat parvenait à laisser une part d'honneur à chaque équipe.
-o-oOo-o-
Le chemin de retour jusqu'à leur tente se fit dans une ambiance festive et euphorique, tous les spectateurs trouvant une raison de faire la fête. Lorsqu'ils revinrent enfin à leur emplacement et furent coupés de la majeure partie des bruits alentours, Harry s'affala sur une des chaises pour souffler. Quelques autres l'imitèrent, mais Ron semblait toujours planer sur l'euphorie du match et les performances auxquelles il venait d'assister.
- Il y en a pas deux comme Krum, déclara-t-il soudainement.
- Krum ? reprit Fred.
- Krum Krum ! répéta George.
Pendant que les jumeaux commençaient à tourner autour de leur frère en imitant d'étranges oiseaux moqueurs, le concerné continua son argumentaire enflammé.
- C'est plus qu'un athlète ! C'est un artiste !
- Je crois que tu es amoureux, Ron, se moqua Ginny.
La benjamine de la fratrie tira la langue à son frère avec un clin d'oeil, tandis que celui-ci hésitait entre s'étouffer d'indignation et ignorer sa soeur pour se concentrer sur son idole. Les rires des autres remplirent l'espace devant l'échange, et même Arthur se laissa emporter par l'hilarité de la situation.
Confiant sur la capacité des jeunes sorciers et sorcières à rester à peu près sages pendant quelques minutes, le patriarche Weasley sortit de la tente.
Arthur était heureux de la façon dont cette petite escapade se déroulait jusque-là. Le match avait été splendide, mais voir ses enfants et leurs amis heureux ensemble était de loin le meilleur souvenir qu'il en garderait. Même l'intervention de Lucius n'avait pas réussi à gâcher la soirée, et il se réjouissait de l'excellent moment qu'ils passaient tous ensemble. Arthur regrettait que sa femme et ses deux autres fils aient préféré s'abstenir, mais la présence d'Harry, Hermione et Neville était tout aussi bienvenue.
Une fois à l'extérieur, l'employé du Ministère inspira un bon coup et regarda autour de lui en souriant. S'il pouvait être assez chanceux pour retrouver Amos et Cédric, ce serait parfait pour compléter la soirée en bonne compagnie. Il commença à marcher dans la direction générale du croisement où ils s'étaient séparés, sans cesser de sourire devant les démonstrations de joie qui explosaient plus ou moins littéralement dans les allées.
Moins d'une minute plus tard cependant, son sourire disparut, remplacé par un froncement de sourcils. Les cris qu'Arthur entendait n'avaient plus rien avoir avec des réjouissances. Et les flammes qui jaillissaient des allées semblaient trop fortes et trop nombreuses pour être dues à des sorts festifs. Une inquiétude grandissante s'installa dans son esprit, et il accéléra le pas avant même de s'en rendre compte.
Ce fut au détour d'une allée, alors que les gens commençaient à courir en hurlant de terreur dans la direction opposée, que son sang se glaça.
Arthur Weasley se trouva face à une vision qu'il avait crue disparue à tout jamais depuis presque treize ans.
Avant même qu'il réalise qu'il était en train de bouger, il avait fait demi-tour et courait aussi vite qu'il le pouvait vers la frêle structure de toile où ses enfants étaient encore en train de s'amuser, complètement inconscients du danger.
-o-oOo-o-
Sous la tente, Harry était en train de rire à s'en tenir les côtes en voyant la façon dont Fred et George continuaient à imiter des oiseaux en tournant autour de Ron. Ce dernier était tout rouge, mais les menaces qu'il lançait à ses frères étaient faites sur un ton assez léger pour que tout le monde ait conscience qu'il s'agissait plus d'une façade qu'autre chose.
Lorsque l'animation se calma et que tout le monde fit une pause pour respirer, le Golden Boy remarqua que l'entrée de la tente était restée ouverte et que les bruits qu'il entendait avaient changé. George suivit son regard et lui adressa un sourire entendu.
- La fierté des irlandais, qu'est-ce que ça fait comme bruit !
Bill et Ginny recommencèrent à rire, mais avant qu'ils puissent réellement reprendre une quelconque forme de discussion, le tissu s'écarta à la volée et Arthur Weasley entra avec un air paniqué.
- Arrêtez tout !
- Papa ? lança Ron.
- Qu'est-ce qui se passe ? demanda Bill. Des fans qui ont trop bu ?
- Bill, répliqua Fred, les irlandais boivent déjà trop en temps normal, alors auj-
- C'est pas les irlandais ! tonna Arthur.
Son ton sec claqua dans l'air et figea tous les occupants de la tente. Pour qu'Arthur Weasley parle sur ce ton à ses enfants, la situation devait être beaucoup plus grave que quelques irlandais ivres au milieu du camping. Bill se leva immédiatement, son visage plus sérieux que d'habitude, et tous les autres l'imitèrent, les yeux rivés sur le patriarche de la famille.
- Il faut partir d'ici, les pressa-t-il, tout de suite !
- Mais qu'est-ce qui se passe ? lança Harry.
Les cris à l'extérieur de la tente se firent plus horrifiés, la tension plus forte, et le sentiment d'urgence plus pressant. Le héros de Griffondor sentit un affreux et malheureusement familier sentiment s'installer dans son estomac, que même le calme envoyé par son familier depuis Poudlard ne parvint pas à apaiser. Son instinct lui hurlait que le danger était proche, et l'étincelle de peur qu'il vit dans les prunelles du père de Ron confirma ses inquiétudes.
- Les Mangemorts, répondit Arthur dans un souffle.
Le nom des serviteurs du Seigneur des Ténèbres agit comme une douche glacée sur tous ceux qui l'entendirent. D'un coup, ils se précipitèrent tous vers leur lit pour récupérer leur baguette, et foncèrent vers la sortie. Juste avant de sortir, Arthur se tourna vers ses enfants pour leur donner ses consignes.
- Bill, avec moi pour aider les civils ! Fred, George, vous êtes responsables de Ginny ! Ron, Neville, Hermione et Harry, restez groupés ! Rejoignez tous l'extrémité Ouest du camping !
Ils hochèrent tous la tête pour indiquer qu'ils avaient compris, et sortirent en courant. Une fois dehors, ils se retrouvèrent tous pris dans un chaos sans nom. La nuit noire était un contraste choquant après la douce lumière de la tente, et les jets de flammes provoquaient des flash qui les empêchait de se repérer normalement. Sorciers et sorcières couraient partout en hurlant, dans une panique évidente et une anarchie totale.
Arthur et Bill s'éloignèrent les premiers, sans qu'Harry ait le temps de réaliser dans quelle direction. Fred et George encadrèrent Ginny en la tenant chacun par un bras, et disparurent dans une marée humaine en quelques secondes. Les quatre autres commencèrent à courir dans une allée au hasard, en essayant tant bien que mal de rester dans le sens de la foule pour ne pas être piétinés.
Alors qu'il essayait de rester proche de ses amis, Harry se sentit bousculé de tous les côtés jusqu'à ce que quelqu'un le heurte violemment et le fasse tomber au sol. Le Golden Boy fit une grimace en réalisant qu'il était tombé sur autre chose que de la terre, et qu'il s'était probablement écorché le bras.
- HARRY ! hurla Hermione.
Le brun essaya de relever la tête, et se redressa juste à temps pour voir sa meilleure amie lui lancer un regard désespéré alors qu'elle se faisait entrainer par la masse de sorciers paniqués.
- HARRY ! répéta-t-elle.
Le Golden Boy se redressa sur ses avant-bras, mais avant qu'il puisse se relever, quelqu'un qui courait lui lança un coup de pied involontaire sur la tempe.
Harry s'effondra sur le sol, assommé.
