Chapitre 8 : Entrainement complexe

Il s'était déjà passé une semaine depuis la rentrée. Ces quelques jours avaient été déjà pas mal chaotiques. Les premiers entrainements de Quidditch avaient commencé et les Serdaigles avaient honorés le terrain. Ce qui avait plus ou moins énervé Scott Wood et Lucan Flint, étant sans aucun doute les meilleurs Capitaines cette année alors c'était embêtant pour eux de se faire voler cet honneur par l'équipe de Serdaigle.

Cela faisait déjà des jours que Lorcan avait toujours en tête l'idée de caser son frère jumeau avec le jeune homme, un Serdaigle aussi. Louis l'avait vu plusieurs fois au loin et c'était dur de se dire que Lysander allait peut-être finir avec ce même étudiant. Louis connaissait parfaitement le pouvoir de persuasion qu'avait Lorcan sur les gens, c'était le jumeau « alpha » entre lui et Lysander. C'était dur parce que Lorcan en parlait au minimum une fois par jour et cela faisait déjà une semaine. Ces nerfs étaient tendus toute la journée et le soir, il était bien plus fatigué de ce combat mental que d'avoir été dans les classes les plus insupportables. Le pire était qu'après toutes ses heures à tenter de ne rien laisser paraitre, Louis s'en voulait de toute sa froideur et de sa douleur dans son cœur. Il se sentait idiot, il avait toujours été quelqu'un de censé. Être amoureux le rendait vraiment débile.

Le pire était que dans son colère aveugle, il ne voyait même pas que Lysander était mal à l'aise à chaque fois que la bande se mettait à lui parler de ce fameux Serdaigle. Lysander n'aimait pas qu'on le case de force avec quelqu'un à l'exception d'avoir de bons arguments ou que lui-même soit intéressé par la personne en question. Louis était tellement dans sa bulle qu'il ne remarquait même pas que Lysander essayait tout le temps d'esquiver ce sujet. Il répondait que brièvement aux questions de la bande, espérant qu'ils finissent un jour par s'en lasser.

L'entrainement des Serdaigles, premier de l'année, débuta de manière habituelle. Tout le monde était content de se retrouver, de pouvoir à nouveau voler ensemble et de jouer les uns contre les autres. Louis espérait pouvoir se défouler un peu avec cet entrainement vu que ces derniers jours, sa mauvaise gestion de ses émotions se déversait sur les autres et Louis avait vraiment besoin de gérer d'une autre manière ses pulsions.

Louis savait très bien que dans sa bande d'amis, il était le gentil gars intelligent qui manquait de confiance en lui. Il ne voulait pas du tout être le nouveau Peter Pettigrow ! Il ne voulait pas être celui qu'on laissait être dans le groupe par pitié ou un autre sentiment dans le genre. De toute manière, il ne ferait jamais de mal à la bande comme ce psychopathe l'avait fait avec ses amis. Certes, là, il se montrait rude envers eux mais il serait toujours là si l'un demandait de l'aide ou avec les années, il espérait pouvoir toujours être là pour eux ou qu'il puisse compter sur leur soutien. Lysander et Lorcan étaient une paire de jumeaux comme celle des Weasley à la différence d'être à Serdaigle et d'être doués dans quasiment tous les cours. Les dragueurs étaient Fred et James. James était plus raisonnable que son grand-père, un parfait mélange de son père et de la fougue de sa mère. Fred était le dingue du groupe, toujours prêt à faire des bêtises peu importe les conséquences. Louis était l'âme raisonnable du groupe. Au finalement, il était plutôt le Remus Lupin de la bande excepté le côté lycanthrope. Sauf que lui, il avait des sentiments pour son meilleur ami et ce dernier ne semblait pas le voir de la même manière et cela le bouffait de l'intérieur. Il était déjà hors du placard, il était déjà sorti avec des filles et des garçons et tout le monde l'adorait voire le vénérer pour certains élèves. C'était ça la grande différence entre eux : qui était out ou non, ce qui était un point essentiel au niveau de la confiance. Louis ne savait pas trop comment, où, quand ou s'il devait faire son coming-out. C'était si personnel. Il était perdu.

Vêtus de leur uniforme de Quidditch bleu et brun, toute l'équipe s'entraina longtemps sur le terrain. Le temps était de leur côté, il ne faisait ni trop chaud ni trop froid. Mais le problème fut donc la collaboration et la complicité entre les joueurs. Louis en fut en grosse partie coupable. Il cherchait à montrer le meilleur de lui-même, montrant qu'il pouvait être remarqué autrement que comme un gentil Serdaigle studieux. Il faisait du Quidditch car c'était libérateur et il passait du temps avec Lysander et Lorcan. Mais là, il était devenu d'un seul coup compétitif. Autrefois, il laissait plutôt les jumeaux être les stars de leur équipe.

Ce changement de comportement ne passa pas inaperçu chez Lysander, Lorcan en était plutôt content mais se concentrait déjà sur sa propre position. Lysander était distrait, il essayait de comprendre pourquoi son ami se démener ainsi depuis le début de l'année. Il avait un regard fatigué le soir comme s'il portait le poids du monde sur ses épaules et la journée, il se faisait distant et semblait prêt à crier sur tout le monde. Lysander s'était demandé si ce n'était pas la crise d'adolescence qui venait guetter Louis mais son ami n'était pas de ce genre.

Alors qu'il se perdait dans ses pensées, son jumeau vint se moquer de lui en le rejoignant dans les hauteurs :

- Hey, perdu dans tes pensées ? Tu penses à Isaac Foley ? Le beau rouquin est là si jamais…

C'était ce garçon dont tout le monde lui parlait depuis le repas de la rentrée. Grâce aux informations de la bande, Lysander savait que c'était un rouquin d'origine irlandaise qui se trouvait une classe en dessous de la sienne. Il était mignon, il ne le cachait pas mais il ressemblait encore un peu à un enfant. Il faisait bien plus jeune que son âge, il l'appréciait sûrement à cause de son nom ou du Quidditch. Le jumeau de Lorcan n'était aucunement intéressé par lui et tant qu'il ne faisait pas de rapprochement avec Foley, il ne lui donnait aucun espoir et donc ne briserait pas son cœur. C'était pourquoi il était planifié qu'il ne fasse rien à son encontre, subissant le harcèlement de la bande jusqu'à ce qu'ils en soient tous lassés. Seul Louis ne venait pas le déranger avec ça, il en semblait même tout aussi énervé que Lysander.

Louis continua de jouer avec rage et colère, loupant plusieurs fois ses tirs. Les rater l'énerva encore plus. Il n'arrivait à rien depuis le début de l'année, il devenait complètement lamentable. Bientôt son propre groupe allait se foutre de lui face à ses performances ridicules. Louis resserra encore plus sa poigne sur le Souaffle et lança la balle ne cuir de toutes ses forces espérant que cette fois-ci, il allait marquer. Mais il manqua de peu d'éborgner un des joueurs, rien n'allait. Ce ne fut pas seulement ses lancés qui l'énervèrent mais aussi car à cause de son inattention, le jeune Serdaigle manqua à son tour plusieurs fois de se faire attaquer par les cognards des jumeaux. Ce n'était pas de leur faute, les balles faisaient le tour du terrain avant de se trouver la parfaite victime. Et lui coincé dans ses petites pensées, il avait oublié la présence infernale de ses chers cognards.

Il fut secoué une première fois quand un cognard frôla l'arrière de son balai. Après cela, le frère de Victoire réussit à contourner de justesse une seconde balle folle en abaissant au dernier moment sa tête. Valait-il mieux se faire attaquer par ses cognards que de se faire humilier par sa bande de potes sur ses performances ? Au final, Louis n'en voyait presque pas la différence. Son égo et son bien-être en étaient tous deux atteints. Pourquoi le bonheur emplissait la vie de ses amis, des autres gens autour de lui alors que la sienne était bourrée de soucis débiles, de tristesse et de colère ? C'était injuste.

Ce fut en le voyant manquer de peu par un de ses cognards que Lysander commença vraiment à voir que Louis était bizarre, il était décidé à voir ce qui n'allait pas chez lui. Les autres ne semblaient pas voir que leur Louis était bien différent cette année. Il fallait qu'il lui parle pour en savoir plus sur son état si étrange. Il voulut se rapprocher de lui mais rapidement, Louis fut embarqué avec les poursuiveurs dans une autre partie du terrain. Lysander tenta quand même une seconde fois mais ce fut son frère qui vint le rappeler à l'ordre en venant se poster juste devant lui, sa batte sur l'épaule blaguant sur son attitude désorientée.

Durant le reste de l'entrainement de Quidditch, Lysander se reconcentra sur son jeu de batteur et laissa Louis se défouler avec le Souaffle. Il fallait quand même le dire, sa colère lui permettait d'envoyer plus loin et plus fort les balles. Leur premier match pourrait peut-être bien se passer s'il évitait un peu plus leurs cognards.

Après le match, Lysander remarqua que Louis se dépêchait d'aller aux vestiaires. Une fois à l'intérieur, Lysander serait un peu gêné d'aller lui parler alors il l'interpella en l'appelant par son nom. Le blond en question se retourna un peu surpris. Lysander fut rassuré qu'il n'ait pas continuer son chemin.

- Louis, c'était quoi cet entrainement ? Je veux dire, tu semblais énervé et je ne sais quoi… Tu vas bien ? J'ai l'impression que depuis ce début d'année, tu n'es…

- Quoi ? Tu penses que j'ai un problème ? Je vais faire couler l'équipe, tu penses ça ? s'énerva Louis en fronçant les sourcils.

- Non ! s'exclama le jumeau de Lorcan en écarquillant les yeux, choqué que son ami puisse se sous-estimer sur sa place dans l'équipe de Quidditch.

Lysander était blessé par le ton froid employé par Louis. Il l'avait vraiment mal pris, Lysander aurait dû s'y prendre avec un peu plus de délicatesse.

- Quoi ? Tu voulais me dire quoi alors avec ce regard plein de pitié ?

C'était comme si Louis avait perdu tout son tact, qu'il disait tout ce qu'il pensait sans se dire que certaines choses étaient préférables de garder que pour soi. Lysander plissa des yeux, Louis avait les poings serrés au point que ses jointures étaient blanches. Il pouvait aussi voir ses pieds trépignant sur le gazon. Il valait mieux s'arrêter là mais avant de partir, il préféra lui dire calmement :

- Je ne sais pas ce qu tu as car tu as un truc, c'est sûr, mais je suis là si jamais, j'espère que tu le sais, Louis !

Sur le moment, cette déclaration fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase pour Louis. Son regard bleuté devint enflammé, son sang ne fit qu'un tour. Il avait vécu ses quelques mots comme une critique et non comme une main tendue pour l'aider à aller mieux. Louis ne réfléchit pas à deux fois, ne regardant même pas s'il restait encore quelqu'un avec eux sur le terrain. Il attrapa sèchement le col de Lysander et l'approcha durement vers lui. Le regard en feu, faisant fi de la crainte dans le regard de son meilleur ami, n'arrivant pas à se calmer, Louis lui demanda :

- J'aimerais que tu arrêtes de me poser toutes ses questions, compris ? Je n'ai pas besoin de ton aide, d'accord ? Tu pourrais arrêter de croire que tu peux régler tous les problèmes.

C'était lui le problème en plus. Louis relâcha le col de Lysander, la main brulante de rage. Il venait de prendre son ami par le col, il avait eu son visage à seulement quelques centimètres du sien et il avait fait cela juste pour se montrer cruel envers lui alors qu'il rêvait depuis des mois de l'embrasser. Il n'aurait jamais pensé avoir l'audace d'être si proche de lui, sa rage l'avait amené à se dépasser. Sauf que le regard de Lysander en était perturbé, il avait été violent avec lui comme jamais il n'aurait souhaité l'être. Louis partit paniqué par son propre comportement, oubliant de s'excuser auprès de Lysander. Ce dernier était encore chamboulé par cette presque prise de bec, Louis l'avait empoigné ! Qu'il le dise ou non, Louis avait un problème sinon jamais il ne s'en serait pris à lui.

Inquiet pour son ami, il finit par rejoindre les vestiaires après cinq minutes espérant que Louis soit déjà loin afin qu'il puisse parler de cet incident avec les autres. Lorcan l'attendait sûrement, peut-être qu'il avait remarqué Louis tout en colère dans les vestiaires. Ce fut le cas mais il ne s'était pas tenté à discuter avec lui comme l'avait fait Lysander. Il l'avait laissé partir sans dire quoi que ce soit, il fallait mieux le laisser tranquille. Cela se voyait très bien à sa tête.

Une fois les jumeaux ensemble sur le chemin vers le château, les deux blonds discutèrent de ce qui venait de se passer. Lorcan fut choqué par l'incident avec Louis. La violence, ce n'était pas lui en effet. Ils décidèrent d'aller voir James et Fred le plus vite possible pour savoir ce qu'il se passait chez Louis. Il fallait vraiment savoir ce qu'il l'avait poussé ou le poussait à changer de cette manière.