Bonjour à tous

Petit chapitre pour le début de l'été. Je remercie Katymyny, Nina, Oznela, Rayan de Griffoul, Yz3ut3, , et Tiffou pour vos reviews ! J'espère avoir bien répondu à tout le monde.

La suite arrive, je me suis inspirée d'une anecdote du livre. Donnez moi vos avis, idées, attentes en reviews ! Bonne lecture.

Chapitre 3 : Magie accidentelle et rationalisation.

Deux mois plus tard, Jeanne reçut une demande de consultation en urgence. Elle ne venait pas de la tante de jeune Harry mais du préfet de police. Il y avait eu un incident avec Harry.

Elle reçut l'enfant accompagné de sa tante et d'un inspecteur du commissariat.

L'enfant avait visiblement cassé une porte ou le verrou d'une fenêtre pour monter sur le toit de son école communale. Tous les petits voyous ne finissaient pas à l'hôpital psychiatrique. Le problème c'était que l'enfant refusait d'expliquer et répétait en boucle que les adultes mentaient. Mais comment aurait-il pu atteindre ce toit sans passer par une porte ou une fenêtre ?

-Raconte nous Harry, comment tu es arrivé sur ce toit ? Est-ce que tu étais bien sur le toit ?

-Oui. Chuchotât-il très mal à l'aise avant de se taire.

-Est-ce que tu veux que les adultes sortent pour me raconter ?

Hésitation.

-Oui s'il vous plait madame.

Jeanne espérait bien que le petit serait plus à l'aise loin de sa tante. Leur relation n'était vraiment pas apaisée. Peut-être faudrait-il envisager de scolariser l'enfant loin de cette dame ?

L'enfant ne paraissait pas motivé à parler.

-De quoi as-tu peur Harry ?

-Ma tante va me punir. Murmura-t-il visiblement terrorisé à cette perspective.

Etait-il maltraité ? Ses mensonges étaient peut-être des appels à l'aide ?

-C'est quoi la punition à la maison ?

Nouveau silence.

-Est-ce que ta tante t'a déjà tapé ?

-Non.

-Ton oncle ?

-Non.

-Tu me le dirais si c'était le cas.

Petit hochement de tête. Un doute horrible envahit l'esprit de Jeanne. Et s'il mentait ? Comment pourrait-elle le protéger dans l'hypothèse d'une maltraitance s'il mentait ? Et s'il mentait pas et que ses questions génèreraient de futurs mensonges ?

-Alors, c'est quoi la punition à la maison ?

Nouveau silence.

-Si tu me dis pas je demanderai à ta tante ? tenta-t-elle

Malheureusement cela n'eut pas l'effet souhaité, l'enfant parut soulagé de ne pas avoir à répondre.

-Tu me racontes ce qu'il s'est passé ? demanda-t-elle avec douceur.

-Je sais pas. Murmura le jeune enfant de six ans.

-Tu étais à l'école ?

-Oui.

-Et on t'a retrouvé sur le toit du bâtiment ?

Elle s'attendait à un non.

-Oui.

-comment tu es monté là-haut ?

-Je sais pas. L'enfant fixait ses chaussures.

-Regarde-moi Harry ? Je cherche à t'aider. Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. Je veux juste comprendre. Est-ce que tu veux bien m'aider à comprendre ?

-Oui répondit-il enfin

-Alors ?

-Je sais pas se mit-il à pleurer.

Elle lui tendit un mouchoir.

-Prend ton temps Harry.

-C'était ce matin ou cet après-midi ?

-L'après-midi

-Avant ou après la récréation ?

-Pe-pendant la récré bégaya-t-il.

-Ok. Alors on reprend au moment du début de la récré. Tu étais en classe. La cloche sonne. Tu continues ?

-Y a pas de cloche dans mon école. C'est la maitresse qui dit que c'est l'heure.

-D'accord. Et après ?

-On a rangé les cahiers de dessins et on a mis les blousons dans le couloir avant de descendre l'escalier menant à la cours.

-tu était avec les autres élèves ?

-Oui.

-Continue c'est bien.

Nouveau silence.

-Qu'est-ce qu'il s'est passé pendant la récré ? Tu étais avec tes copains ?

-J'ai pas de copains.

Tiens donc. Il était pourtant mignon. En y repensant, elle se souvint que pendant l'hospitalisation, l'enfant restait souvent loin des autres enfants. Il ne jouait avec eux qu'en présence d'un adulte.

-Tu t'ennuyais ?

-Non.

-Alors tu faisais quoi pendant cette récré ?

Nouveau silence. Jeanne s'arma de patience. Harry était très clairement terrorisé par l'évènement.

-C'est quelqu'un d'autre qui t'a amené sur le toit ?

-Je sais pas.

-Tu t'es évanouies ?

-C'est quoi évanouies ?

-C'est quand d'un coup tu perds consciences, comme si tu t'endors en express sans le vouloir.

-Peut-être.

C'était déjà une piste.

-Tu te souviens de ce qu'il s'est passé avant que tu te réveilles sur le toit ?

Là. Il y avait quelque chose. Quelque chose que l'enfant ne voulait pas dire et qu'il savait parfaitement que c'était important.

Elle laissa donc planner un long silence qui devint de plus en plus inconfortable pour Harry.

-Je voulais pas qu'il m'attrape finit-il par murmurer.

-Qui ?

-Mon cousin.

-Pourquoi il voudrait t'attraper ?

-C'est son jeu.

-Tu ne voulais pas perdre ?

-Je veux pas jouer avec lui.

-Tu étais en colère contre lui ?

Pas de réponse.

Au bout de deux longues heures, Jeanne finit par obtenir un récit plus ou moins complet de l'incident. Pendant la récréation, Harry ne souhaitait pas jouer avec son cousin, il avait demandé à la maitresse de rester prêt d'elle, elle avait refusé. Harry s'était retrouvé à fuir son cousin dans la cour avant de s'évanouir et de se retrouver sur le toit où il était seul à son réveil. Le tout avait duré moins de cinq minutes, temps insuffisant pour que l'enfant ait fait ça tout seul. D'ailleurs, aucun adulte n'avait trouvé la fenêtre qu'il avait utilisé pour monter sur le toit. Après moultes questions, Jeanne eut une réponse fort curieuse « c'est arrivé comme ça pouf, comme par magie. Mais la magie ça n'existe pas ». Il y avait beaucoup de tristesse dans la voix de l'enfant et dans son regard, une petite lueur d'espoir.

-Tu aimerais que ça existe ? Que ça explique tes bêtises ?

Elle avait commis une erreur comprit-elle trop tard. Une terrible erreur. Harry se renferma d'un coup. La conversation était finie. Elle n'obtiendrait rien de plus de sa part, l'enfant boudait.

-bien je vais chercher ta tante.

-Harry, reprit-elle, j'ai besoin d'éléments concrets pour comprendre ce qu'il se passe. Pour le moment tu m'en donnes pas beaucoup. J'aimerai bien te croire tu sais ? Mais pour ça faut répondre à mes questions ! Si tu dis rien j'interprète comme je veux et pas forcément comme tu veux.

Malheureusement, Harry ne saisit pas l'occasion pour répondre.

-Laissez moi deviner, il vous a dit qu'il a volé dans une moto volante ? Qu'il ait utilisé un balais magique ? railla sa tante

-Non. Il n'a pas dit ça. Harry ? Est-ce que tu as utilisé une moto volante ?

-Non ! ça n'existe pas les motos volantes.

-Et les petits garçons n'arrivent pas tout seuls sur le toit des écoles.

L'enfant parut surpris puis inquiet.

-J'ai rien fait s'écria-t-il brutalement en s'éloignant de sa tante.

-C'est pas ma faute. J'ai rien fait reprit-il au bord des larmes.

Sa tante paraissait furieuse. L'enfant lui faisait penser à un petit maltraité qu'elle avait déjà suivi auparavant. Le doute s'installa dans son esprit.

-Bien, je souhaiterai que Harry voit le pédiatre avant de décider de la suite.

Elle passa un coup de fils et, à mots couverts, demanda à son collègue de chercher des signes physiques compatibles avec une maltraitante ainsi que peut-être des éléments en faveurs d'un malaise ou d'un « kidnapping ». Elle prit soin d'évoquer l'évanouissement potentiel, dans le doute… Peut-être que l'enfant faisait de l'épilepsie ?

Elle demanda à recevoir la tante pendant l'examen clinique afin que, peut-être, l'enfant accepte de parler.

La décision fut vite prise, son instinct lui disait que le gosse était en danger alors dans le doute, et vu que le destin lui en donnait les moyens, elle hospitalisa à nouveau l'enfant.

Harry semblait en permanence sur ses gardes. Tous les jours, elle le voyait en entretien mais l'enfant refusait de lui parler ou de répondre à ses questions. La confiance était visiblement rompue pour lui.

-Tu es fâché Harry ?

Pas de réponse. Cela devenait frustrant.

-Qu'est-ce que tu veux ? Rentrer à la maison ?

Tous les enfants voulaient rentrer chez eux. Harry ne répondit pas.

-Comment je peux savoir ce que toi tu veux si tu me dis pas poussa-t-elle

-Un détecteur de mensonge bougonna l'enfant.

-Ce serait bien ça. Mais pour le moment on l'a pas encore inventé. A quoi elle te servira cette super machine ?

-Elle existe pas. Donc on peut pas s'en servir.

La réponse était très terre à terre.

-Et si on imaginait un monde où cette machine existe ?

L'enfant paraissait triste.

-Harry, je vois bien que tu n'es pas heureux. Je sais que je t'ai blessé en disant l'autre jour que tu racontais des bêtises. Mais je comprends toujours pas comment tu as pu arriver sur ce toit.

-Est-ce que le vent ça peut soulever un garçon de mon âge ? finit-il par murmurer.

Jeanne ouvrit son dossier. L'enfant pesait 16 kilos. Une note du pédiatre demandait une surveillance des repas. La prise de sang avait montré une dénutrition. L'enfant devait manger plus. Si on se fiait à sa tante, il n'avait pas de problèmes digestifs…

-Il faudrait beaucoup de vent pour soulever un petit de ton poids Harry, et pour le faire monter aussi haut, je crois pas que ce serait possible.

-Je veux pas mentir finit par se confier l'enfant.

-Et ça t'arrive parfois de mentir ?

-Tante Pétunia dit que je mens tout le temps.

-Et toi qu'est-ce que tu en penses.

-Je sais pas. Comment on sait si on ment ?

-Si tu mens volontairement tu le sais parce que tu sais que tu fais exprès.

-On peut mentir sans le savoir ? coupa Harry

-Oui mais parfois c'est pas mentir, c'est se tromper. Regarde, si je te dis combien font dix multiplié par quatre. Si tu dis trente parce que tu n'as pas réussi à calculer c'est faux, c'est pas mentir, c'est se tromper. Mais si tu connais la bonne réponse et que tu dis autre chose volontairement, là c'est un mensonge.

-Veux-tu qu'on t'aide à ne pas mentir ?

-Oui ! Comme ça Tante Pétunia elle sera contente et elle m'aimera comme Dudley !

Qu'est-ce que cela voulait dire ? Sa tante ne l'aimait pas ou était-ce le point de vue de l'enfant ?

La maitresse de l'hôpital était présente ce jour-là à la réunion de service. Le staff avait pour but de faire un point sur tous les enfants. La tour de Harry, qui bien entendu n'était pas présent, arriva rapidement.

-Harry Potter. Annonça Jeanne

-Un bon petit garçon commença une auxiliaire de puériculture. Il nous aide beaucoup entre l'installation de la salle à manger, l'entretien de sa chambre sans qu'on ait à demander. C'est une perle ce petit. Je n'ai jamais eu de problème avec lui.

-Pas de mensonge ?

-Non. Pas avec moi en tout cas.

-Thibault ?

-Il prend ses traitements comme vous avez prescrit. Je le trouve plus apaisé par rapport à son arrivée. Il parle pas beaucoup, pas assez je trouve. L'autre problème que je vois, c'est avec les autres enfants. Il ne joue pas avec eux, et les tient à distance dès que les adultes s'éloignent.

-Tu trouves qu'il a un profil d'autisme ?

-Pas vraiment, il a pas de mouvement répétitifs. En revanche je pense qu'on peut considérer le ménage comme un de ses intérêts restreints.

-On va explorer ça avec la psychologue. Ça pourrait expliquer qu'il ne voit pas le monde comme nous et donc ses mensonges ne seraient que des domaines où il a besoin d'apprendre.

-Nina ? comment est-il à l'école ?

-Il travaille bien, se plaint pas. Je suis embêtée, il refuse d'effectuer les exercices d'écriture.

-de type ?

-Hier, il devait écrire un petit paragraphe sur « raconte moi un conte de fée ». « Vous allez encore dire menteur ! » a-t-il dit.

-Pareil, il refuse souvent de répondre aux questions en sortant cette même excuse.

-Est-ce qu'il risque une punition dans ces moments-là ?

-Non, même pas reprit Thibault, ce matin, il a refusé de me raconter son cauchemar de cette nuit. Pourtant il allait pas bien. Il était tout tremblant et au bord des larmes. Il a fini par se rendormir après son traitement anxiolytique.

-J'ai l'impression que ce petit garçon garde beaucoup de chose en lui et que ça lui pèse. Résuma Jeanne

-Oui, il y a de ça. Je me suis demandé comment cela se passait avec sa tante. Je la trouve très absente alors que son gosse est hospitalisé…

-Ce n'est pas facile pour elle vous savez, son mari est très absent car il travaille beaucoup, ils n'ont pas les moyens de prendre une baby sitter pour garder leur fils et elle ne souhaite pas que son enfant ne vienne à l'hôpital car il est très fragile d'après ce que j'ai compris.

-Et ça vous perturbe pas que le gamin soit abandonné comme ça ? Vous a-t-il déjà raconté la mort de ses parents ? Si vous voulez mon avis, cet enfant est maltraité dans ce foyer ! s'énerva Thibault.

-Bien, je vais faire un signalement. Ce n'est pas notre domaine mais celui des assistants sociaux. Pour Harry, je vais lui rajouter des séances de méditation, ça l'aidera peut-être à s'apaiser.

Jeanne voulait avancer plus vite. L'hôpital insistait pour que les enfants ne restent pas plus de quinze jours dans le service. Pas assez en cas d'enquête pour maltraitance. Et surtout, il y avait anguille sous roche dans l'histoire de Harry. Elle voulait l'aider ce gamin !

NA : Les vacances de reviews n'existent pas, alors lâchez vous !