CHAPITRE 16

« Le mot était devenu quelque chose d'immuable, et c'était à celui qui le lisait de lui donner son sens. On ne pouvait le reprendre; il était comme une flèche qui a quitté l'arc. La vivante pointe dirigée sur le cœur d'un autre. » — Ernst Wiechert


Lorsque Harry s'éveilla à la conscience le lendemain midi, ses paupières encore trop lourdes pour s'ouvrir, il découvrit une sensation qu'il n'avait jamais connu. Le monde lui semblait d'une douceur infinie. Ses membres s'enfonçaient dans l'espace, et le tissu sur sa joue n'était qu'une tendre caresse. Il s'était tourné et retourné dans tous les sens, testant avec aise la pesanteur bienvenue, et une voix féminine, irritée, lui avait ordonné de se tenir tranquille. Il n'avait pas écouté, nageant dans un bien être que personne n'aurait voulu quitter. Ses bras s'étaient enroulés autour d'une forme épaisse et moelleuse, et il avait cru sentir des vagues le bercer doucement. Un ancien souvenir dansait dans sa mémoire. La chaleur d'un corps, un lien indescriptible, une odeur lactée.

C'est les yeux embués de larmes qu'il fut tiré de son rêve avec la force d'une voix qui ressemblait au devoir.

« Bonjour Harry », avait dit Dumbledore.

Brusquement, le corps fusionné au sien redevint une couverture, la main un oreiller, et la senteur acide des potions de Pomfresh lui donna la nausée.

« Bon retour parmi nous. »

Harry aurait voulu l'insulter. Mais il tendit simplement les doigts dans une demande silencieuse, et le vieux mage y posa ses lunettes, refermant sa main sur la sienne.

« Monsieur Finnigan va bien. Il est sortit de l'infirmerie au petit matin, son exposition au sortilège Doloris a été moins sévère. » Harry n'aurait pas défini son état actuel comme 'sévère', et il dû lutter pour ne pas se laisser aller à nouveau à la douce torpeur… « Il raconte à qui veut l'entendre qu'il s'est battu avec bravoure contre des monstres sanguinaires et qu'il t'as sauvé la vie.

— Vraiment ? demanda Harry d'une voix pâteuse.

— Non. Mais d'après les messes basses que j'entends dans les couloirs, je ne suis pas loin de la vérité », répondit Dumbledore avec un léger sourire. « Le professeur Lupin a été mis au courant, et reviendra dans les plus brefs délais à Poudlard. »

Harry hocha la tête, et batailla contre ses doigts engourdis pour déplier ses lunettes, trouver son visage, trouver son nez. Une fois ce combat durement gagné, il cligna des yeux et se protégea des rayons qui perçaient des hautes fenêtres à carreaux de l'infirmerie. La couleur de la robe du directeur était douloureuse, elle-aussi. Assis à son chevet, Dumbledore le scrutait d'un œil attentif. Harry réalisa qu'il ne devait pas y avoir beaucoup d'élèves qui recevaient aussi souvent sa visite et son attention. Il réalisa aussi que Dumbledore le regardait dans les yeux, pour la première fois depuis longtemps.

« Permets-tu..? » Il laissa sa phrase en suspens, sa baguette lâche entre ses doigts usés. Harry frissonna mais accepta l'intrusion.

Là où Snape était sec et tranchant, Dumbledore était doux et respectueux, mais tout aussi précis. Son esprit n'avait que le poids d'une plume, à peine discernable, et il semblait étudier avec distance la qualité de ses barrières mentales.

« Je vois que Severus t'as bien entraîné », commenta t'il, d'un ton où l'approbation se mêlait à la tristesse.

Harry se perdit dans les détails des rides qui marquaient son visage, dans ses yeux au bleu aussi clair que perçant. Il le sentit tâtonner à la recherche des limites de son esprit, écouter, attentif, ce qu'il s'y passait à la surface. Puis, aussi silencieusement qu'un cygne quitte l'eau, il glissa hors de sa tête. Harry soupira, regrettant déjà la douceur de la potion qui s'effaçait de son organisme, et se redressa comme il le put sur le lit, se soutenant par ses bras encore cotonneux.

« Les vampires, ils voulaient faire un marché, souffla t-il au sorcier, qui repositionnait l'oreiller dans son dos.

— En effet. Ils savaient que je ne pouvais leur offrir ce qu'ils exigent, alors ils sont passés par toi. Ils ont pensé te convaincre. Ou… ne pas te laisser le choix. »

La pointe des dents de Maksimus lui ré-apparu comme un éclair et il tressaillit en posant sa main sur son cou. Rien. Aucune blessure. Il abaissa sa main, légèrement tremblante. Dumbledore suivit son geste du regard.

« J'aimerais que tu passes quelques jours chez le professeur Snape, Harry. Pour consolider tes défenses, après l'attaque mentale de Voldemort — oui, il m'a raconté ce qu'il s'est passé avant ta retenue —, et… pour surveiller ton état », ajouta t'il en désignant ses petits soubresauts musculaires. « Le professeur Snape… est le plus à même de gérer ces effets secondaires et leur traitement. »

Harry baissa les yeux et crispa les doigts sur les coutures de son pyjama.

« Et Mensah… qu'est-ce qu'elle va devenir ? Elle n'avait pas l'air de me vouloir du mal, enfin, elle n'avait pas l'air de vouloir que ça se passe comme ça…

— Ah, souffla Dumbledore comme s'il s'apprêtait à raconter une histoire particulièrement inintéressante. Son véritable nom est Nur. C'est elle qui est venue me rencontrer pour discuter du replacement du Professeur Lupin. Elle avait des arguments particulièrement convaincants, et connaissait déjà certains élèves.

— Vous saviez ? Que c'est une vampire ? »

Le regard de Dumbledore s'alluma d'une étincelle espiègle.

« Elle souhaitait garder un œil sur certains de ces élèves. S'assurer qu'ils ne s'égarent pas vers des chemins trop sombres… Bien sûr, la plupart ont quitté le château suite aux événements d'hier. » Son sourire s'effaça. « Je crains qu'elle n'ai pas saisi la teneur de la rancœur qui existait déjà parmi son clan.

— S'il y a… s'il y a des élèves vampires (Sorciers, Harry, ils sont d'abord sorciers, intervint Dumbledore, mais Harry continua), à Poudlard, alors… alors qu'est-ce qu'ils veulent de plus ? »

Le vieil homme s'était redressé sur son fauteuil, à ce moment-là, l'air distant et les mains croisées sur ses robes, et avait parlé de reconnaissance, de préjugés, et de compromis. Il avait aussi parlé de morale et de valeurs irréconciliables.

C'est ce que Harry raconta à Snape, l'après-midi, tout deux assis sur le canapé, l'un emmitouflé dans une couverture, l'autre le fusillant du regard.

« La morale », cracha le Mangemort avec dédain. Il était en train de trier des documents. « La morale n'a rien à voir là dedans. » Harry ouvrit la bouche pour protester, mais Snape le devança, un doigt accusateur tendu vers lui. « On ne trouve pas des alliés grâce à la morale. On n'obtient pas des renseignements grâce à la morale. On ne gagne pas une guerre, grâce à la morale. »

Harry se souvint des paroles de Lucius. Des « chasses » que voulait promettre Voldemort aux vampires extrémistes, en échange de leur coopération.

« Extrémiste… Un curieux choix de mot », répondit Snape suite à l'exposé de sa vision. « Est-ce qu'un chat est extrémiste quand il chasse un rat ? »

Harry leva les yeux au ciel. Snape était dans une de ses humeurs, et il n'avait pas assez d'énergie pour entrer dans son jeu. La couverture qu'il lui avait prêtée était chaude, et pourtant, il lui arrivait encore de grelotter. Il avait envie de retrouver la douceur de ce que Madame Pomfresh lui avait donné. Il le demanda au potionniste.

« Hors de question », grogna celui-ci en massant son propre bras. « Ces potions font plus de mal que de bien. Laisse ta magie faire le travail », ajouta t-il d'un ton un peu plus compatissant.

Alors il prit son mal en patience, laissa aller sa tête contre le dossier du canapé, et écouta distraitement le froissement du papier, le grattement de la plume, et les murmures distants de son professeur. Il aurait pu s'allonger dans le petit lit d'appoint qu'avait métamorphosé Dumbledore pour son séjour. Mais il préféra se blottir un peu mieux dans sa couette et rester là.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Après que… » demanda t-il d'une petite voix, les yeux clos.

La plume arrêta ses attaques contre le papier, et il entendit Snape prendre une grande inspiration. Il faisait souvent ça, quand ils se parlaient. Même si les dernières heures avaient vu une courte régression dans leur communication : Harry avait dû subir mille et un reproches de son professeur, avant de pouvoir s'installer confortablement comme il l'était. Comment avez-vous pu être aussi stupide ? Ouvrir grands les bras au danger est-il une sorte de sport pour vous ? Te jeter dans la gueule du loup… Si je n'étais pas rentré au château à temps, si je n'avais pas reçu ton Patronus… C'était avec épuisement que Snape s'était laissé choir à ses côtés.

« Le Seigneur des Ténèbres a posé des questions », souffla t-il, grimaçant à son propre euphémisme. « Il ne m'a pas perçu dans ton esprit, mais il voulait des informations de quelqu'un de Poudlard, sur tes habitudes, lui faire des rapports sur ton comportement… Ma couverture a tenu. »

Une once de déception planait entre les dernières syllabes.

« Pourquoi es-tu allé à ta retenue, Harry ? » Encore un soupir.

Harry rouvrit paresseusement les yeux avant de répondre.

« En vérité… j'avais pas compris, professeur. Mensah ne pouvait pas être une vampire, elle sortait en plein jour, tout le temps, je… je comprends toujours pas. Et je pouvais pas laisser Seamus avec elle. »

Snape grommela quelque chose à propos des Gryffondor puis désigna de la main un des livres posés sur la table basse, que Harry l'avait vu annoter ces derniers jours.

« Les enseignements de Poudlard sont basés sur ce qui sera le plus utile aux élèves. Nous ne parlons que des créatures présentes sur nos territoires. Le bureau de Désinformation n'est pas concerné par les problème de Nundu ou de Moremplis. Il n'est pas souvent concerné par des affaires d'Asanbosam non plus. »

Harry arqua un sourcil.

« Une variété africaine de vampires. Ils ne sont pas gênés par le soleil, et savent très bien se camoufler dans la population.

— Mensah n'avait pas l'air assoiffée de sang.

— C'était, c'est », se reprit-il, « une sorcière, avant d'être une vampire. » Il semblait réciter une leçon à laquelle il ne croyait pas tout à fait. « Les sorciers hybrides — de sang-mêlé à des créatures— ont un statut particulier… leur nature humaine est presque toujours dominante. »

Remus, Hagrid, Flitwick, Fleur Delacour... Si tous avaient droit à une baguette, même Harry avait remarqué que les regards posés sur eux étaient différents.

Il repensa ensuite au visage tordu de douleur de Maksimus, à l'inquiétude de celle qui avait semblé être sa compagne.

« Professeur, quand j'ai touché un des vampires—

— Il est heureux que vous ayez une hygiène déplorable, le coupa Snape. Vos mains étaient encore recouvertes de pollen de jusquiame à votre arrivée à l'infirmerie. » Il secoua la tête et grogna quelque chose qui ressemblait à chance insolente, et Harry replongea doucement dans le sommeil, rêvant de fleurs toxiques, de crocs luisants, et de cavernes obscures aux odeurs musquées.


Toc toc toc.

Harry sursauta, et tendit l'oreille.

Le lendemain, Snape était parti tôt pour donner cours aux septième année (les cours de niveau ASPIC étaient les seuls que le professeur n'avait pas annulé pour la semaine), après s'être assuré que Harry ne toucherait à rien, c'est promis, et qu'il n'irait pas fourrer son nez là où ça ne le regardait pas, bien entendu.

Bien entendu, Harry n'avait pas tenu longtemps avant d'aller fureter.

Habitué au vestibule austère, au salon grignoté par les livres, les plantes, et les copies tâchées de ronds de thé, Harry n'avait pu contenir sa curiosité. D'un coin du salon se déroulait un étroit couloir aux portes de tailles différentes. La veille au soir, Snape lui avait présenté de mauvaise grâce la salle de bain et les toilettes, et Harry n'avait pu contenir son malaise devant le hublot qui donnait vue sous le lac. Il ne tenait pas à se montrer nu face à des strangulots, merci bien. Snape avait claqué sa langue contre son palais, ignoré les autres portes, et avait traîné Harry jusqu'à l'alcôve fermée, dans le coin gauche du salon, avant le couloir. Là, une porte arrondie donnait sur une petite cuisine peu utilisée et lumineuse, grâce à une autre fenêtre, enchantée cette fois-ci, qui présentait les hauts de Poudlard.

(Les autres portes du couloir menaient à un laboratoire et à une chambre. Il n'avait pas osé jeter plus qu'un coup d'œil.)

Assis sur une des chaises en vieux bois, accoudé à la petite table à manger, Harry tentait sans beaucoup de succès de faire léviter sa fourchette jusqu'à sa bouche. Snape voulait l'entraîner à la magie sans baguette (« Seulement des choses simples, cela va de soi », avait-il ajouté avec un léger sarcasme. « Tu dois endurcir ta magie. »). Devant lui, sa tarte aux poireaux était déchiquetée dans un joyeux désordre, la majorité des morceaux tombés au sol, et son ventre grondait. L'entreprise était périlleuse, mais au moins, il ne tremblait plus.

Toc toc toc.

La fourchette de Harry tomba par terre et il étouffa un juron avant de se lever pour s'approcher de la porte. Derrière, il reconnut le parfum de la magie argentée de Draco. Il lui ouvrit. Le Serpentard s'engouffra dans le lieu qu'il connaissait depuis plus longtemps que lui, ses pas le menant au salon, pour finir sa course avachit sur le fauteuil de Snape.

« Bonjour à toi aussi », grommela Harry en retournant dans la cuisine pour lancer un Recurvite et saisir deux parts de tarte dans ses mains.

« J'ai enfin réussi à m'éloigner de Theodore. » Il refusa poliment la part que Harry lui tendait. « Cet idiot s'est pris une retenue par le chat qui vous sert de directrice de maison.

— Qu'est-ce qu'il a fait ? demanda Harry en engouffrant sa double pitance.

— Il a traité une troisième année, Serpentard, de Sang-de-Bourbe. »

Harry fronça les sourcils et s'adossa à la bibliothèque bleue, ignorant le bourdonnement des livres entassés dessus. D'un geste ample de sa baguette et avec des mots sûrs, Draco convoqua une tellière et deux tasses, et servit Harry avant lui. Par automatisme, il saisit la tasse, mais préféra réchauffer ses mains contre la porcelaine, plutôt que de la boire. Il n'aimait pas beaucoup le thé. Ou plutôt, il n'avait jamais vraiment eu l'occasion d'en consommer, avant Poudlard.

Draco avait l'air reposé, comme il l'était peu depuis quelques temps. Ses longues jambes étaient enroulées sur elles-même, froissant sa robe noire et le pantalon qu'elle cachait. Il maintenait sa tête d'une main accoudée au fauteuil.

« T'as le droit d'être là ? Snape m'a pas autorisé les visites, à part quelques minutes pour qu'Hermione me donne mes devoirs. »

Le Sang-Pur répondit par un geste désinvolte, puis releva ses yeux gris vers lui. Un silence naquit et s'éternisa, seulement rompu par la déglutition de Draco, les lèvres autour de sa tasse. La pointe de ses cheveux caressait son visage, tombant un peu plus bas que sa mâchoire. Harry se sentit soudain à l'étroit dans ses robes.

« C'est vrai, ce qu'a dit Dumbledore ? » demanda le blond.

Harry se raidit, sentant le bois de la bibliothèque marquer son dos. Draco lui alors raconta la version officielle parue dans la Gazette (Deux élèves attaqués : l'enseignant hybride était remplacé par une vampire. Page 13, la réaction du bureau de l'école devant les choix du Directeur), et la version qu'avait donné McGonagall dans la Grande Salle, Dumbledore absent.

« Elle a dit que Mensah était à la solde du Seigneur des Ténèbres. Bien sûr, tu imagines les débats dans la salle. »

Il imaginait très bien la terreur des première années (à l'idée d'un Voldemort bien vivant, ou à la présence d'une vampire dans l'école, ça…), les tensions entre les Pro-Gazette et les Pro-Dumbledore, et les regards complaisants des enfants de Mangemort qui savaient très bien lesquels avaient raison.

« Montague a alors dit quelque chose comme quoi les vampires, eux, sont bien utiles pour nettoyer Poudlard de sa vermine; Montgomery — la petite, pas l'aînée — a rétorqué qu'ils feraient bien de passer faire un tour dans le dortoir de Montague pour terminer le travail, l'imbécile n'a pas compris, évidemment, mais Theodore, si. C'est là que McGonagall intervient et le colle en retenue pour injure suprémaciste.

— J'imagine que tes camarades n'ont pas dû êtres ravis », dit Harry en grinçant des dents.

Draco tiqua, reposa sa tasse vide sur la table basse, et réajusta les manches de sa chemise qui dépassaient de sa robe avant de répondre.

« On règle nos conflits en interne. C'est un sacré bordel dans la salle commune, crois-moi. »

Harry l'observa, curieux, et s'assit sur la table, face à lui.

« Il y a des gens qui sont ouvertement contre Voldemort, à Serpentard ?

— De plus en plus, assura Draco. Les Nés-Moldus ne disaient rien, au début, pour ne pas attirer l'attention. Mais depuis que Daphné et Blaise expriment leur désaccord… » Harry plaça son pied sur un genou de Draco, qui toucha distraitement sa cheville. « Les langues se délient. Plus il y a d'élèves de bonnes familles qui s'exprimeront, plus il sera facile pour les autres de les rejoindre sans foutre en l'air leur avenir. »

Si Serpentard était la maison des fiers, elle était aussi la maison de l'ambition et des stratèges, et les hautes sphères de la société magique fonctionnaient principalement par amitiés intéressées.

« Mensah a rendu un joli service à Dumbledore en attaquant au bord de l'école. Tous les élèves vont se sentir d'autant plus concernés par la guerre, et beaucoup auront envie de rejoindre ses rangs.

— Même à Serpentard ?

— Tu serais surpris », répondit Draco en détournant le regard. Ses doigts se glissèrent sous l'ourlet de son pantalon. Harry frissonna. Après un silence lourd, Draco reprit, du bout des lèvres : « Je me suis inquiété. Arrête de faire n'importe quoi, aucun professeur sain d'esprit ne donne de retenue dans la forêt interdite… Tu saisis le concept du mot interdit ? ajouta t'il avec sarcasme.

— Hm, hm, répondit Harry, distrait par les caresses.

— A croire que la retenue avec Hagrid ne t'as pas servi de leçon… »

Harry tapota la cuisse de Draco de son pied nu.

« Tu m'as pas répondu. Pour Voldemort. Qu'est-ce qu'il se passe à Serpentard ?

— Les choses changent… Le choix n'est plus aussi restreint. Il y a… Il commence à y avoir d'autres options. Je n'ai plus autant de pouvoir, Theodore, Vincent, Gregory et Pansy ont pris leurs distances avec moi, mais Blaise et Daphné… Sans parler de Brigid et Isadora, si on les écoutait, il faudrait monter une armée contre Tu-Sais-Qui dans l'école. »

Harry repensa aux cours de défense de Mensah. Il lui semblait bien y avoir aperçu les sœurs Montgomery.

« Et ce serait une mauvaise idée ? » demanda t-il innocemment. Le souvenir de la magie pointue de Malfoy, de ses yeux brûlants durant leurs duels, lui réchauffa le ventre. Il se rapprocha légèrement. Son pied remonta la cuisse de Draco, et il pensa à son petit lit, là, juste dans le coin du salon.

Draco eu un sourire en coin et ouvrit la bouche pour répondre, mais le moment fut brisé par le claquement de la porte d'entrée. Avec précipitation, les deux jeunes gens se séparèrent, et Draco se leva, la tellière à la main et un sourire poli figé sur le visage.

« Professeur ! Du thé ? »

Snape fronça les sourcils et son regard passa de l'un à l'autre, calculateur.

« N'avez vous pas plutôt une potion à brasser, Monsieur Malfoy ? » susurra l'homme avec un sourire qui n'avait rien de chaleureux.

Un petit tic nerveux agita le nez de Draco, qui reposa la tellière en silence et quitta les appartements après avoir tendu un parchemin à Harry, assurant qu'il n'était bien évidemment entré que pour lui donner le dernier devoir de McGonagall. Bien évidemment, avait répondu Snape. Il avait ensuite repris possession des lieux, comme si de rien n'était, et posé sur la table une petite boite en bois.

Harry, les joues rouges, se leva et regroupa papiers et devoirs en une petite pile bien rangée, qu'il déposa soigneusement à côté de son lit. Puis il plia le pyjama qui traînait au sol, lissa ses draps, et se demanda où il pouvait bien se cacher, parce que, définitivement, Snape ne le quittait pas des yeux, et il sentait ses joues brûler de gêne. Brûler de joie aussi, d'un soulagement qu'il peinait à réfréner : Draco n'allait pas rejoindre les Mangemorts. Ou allait les trahir, ou—

« Potter, cessez de gesticuler dans tous les sens. » Harry s'arrêta. « Viens par ici. » Et Harry obéit à nouveau. « Fais-moi un compte rendu de ta journée. »

Harry fut heureux d'avoir un sujet de conversation.

« J'ai continué à lire le grimoire. Et j'ai regardé celui que vous m'avez conseillé, celui qui hurle quand on l'ouvre.

— C'est un excellent livre, ne sois pas ingrat. » Il déboutonna sa sur-robe en laine et posa ses mains sur le haut du fauteuil où était assis Draco quelques minutes auparavant. Harry détourna les yeux. « As-tu profité de la présence de Monsieur Malfoy pour essayer quelques-un des sorts offensifs ? »

Le ton était moqueur, mais sans ombrage. Les poumons de Harry se gonflèrent soudain de leur propre volonté, et il s'autorisa à s'asseoir au bord du canapé, relâchant ses épaules.

« J'ai aussi avancé dans mes devoirs, un peu », ajouta t-il en désignant ses affaires. « Et Draco m'en a amené d'autres. »

Snape marmonna quelque chose et réchauffa d'un mouvement de baguette le thé, puis conjura une nouvelle tasse. Une petit bruit de vaisselle se fit entendre de la cuisine, et une sucrière voleta jusqu'à la table, se hâtant de servir le maître des lieux.

« Que sais-tu de la situation de Monsieur Malfoy ?

— Sa… situation, Monsieur ? »

L'homme souffla sur la vapeur, et arqua un sourcil. Il restait debout.

« Avant les vacances, j'ai eu une vision… le soir où Vol—, pardon, Vous-Savez-Qui— »

Les mots se coupèrent soudain dans gorge. Il prononçait toujours le nom de Voldemort en présence de Draco, qui n'avait jamais émis la moindre manifestation douloureuse.

« Attendez, vous aviez dis que la Marque—

— Je t'arrête là.

— Mais il n'est pas marqué ! Pourquoi il refuse de me dire ce qu'il s'est passé si—

— Les raisons de Monsieur Malfoy ne regardent que lui. » Son regard était pensif, et il renvoya sa tasse à la cuisine. « C'est d'autre chose que je voulais te parler. »

L'homme lui tourna le dos pour fouiller dans son secrétaire.

Draco n'est pas marqué.

Alors, cette histoire d'autres choix, d'autres options, c'était bien vrai. Harry passa ses mains sur ses yeux, dégageant ses lunettes quelques secondes, et laissa la vague de soulagement le traverser. Il n'est pas marqué.

« Sais-tu de quoi il s'agit ? » dit Snape en interrompant ses pensées, les mains alourdis par une parure d'or et d'ambre.

La question créa un écho dans ses souvenirs, chassant son allégresse, et l'attention de Harry fut immédiatement happée par le délicat collier. Sa robe ouverte glissa de ses épaules alors qu'il se pencha en avant, avide de se rapprocher de l'éclat des perles chaudes. Snape gardait le bijou hors de portée, mais il n'avait pas besoin de le toucher pour le sentir. Pour sentir le mince fil qui en émanait et cherchait le contact. Un Ánd, une âme battait dedans.

« C'est vivant », murmura Harry, et Snape l'encouragea du regard. « C'est… à la fois doux, rond, comme le bruit des vagues, et… toxique. Mais j'ai l'impression de l'avoir déjà vu, avant, avant l'attaque je veux dire. Qu'il me connaît déjà. C'est… familier. »

L'homme hocha la tête, le visage tendu.

« Le collier des Brísingar. Il disparaît et ré-apparaît dans toute l'Europe depuis des siècles. On ne l'avait pas revu depuis longtemps. » Il s'accouda contre le bord de la cheminée, et les perles d'ambre reflétaient les flammes. « Forgé par des goblins, par des dieux, par des esprits mineurs… Plus personne n'en sait rien. On dit que c'est un cadeau fait à Freyja elle-même, par un roi gobelin, mais, qu'un jour, elle le perdit. Il est passé dans les mains de nombreuses reines depuis, mais aucune n'est à la hauteur de sa première propriétaire, et il prend un malin plaisir à ne pas se laisser posséder trop longtemps.

— Il… fait quelque chose ? »

Harry pouvait percevoir une sorte d'intention émanant du collier. De sa partie chaude et ronde.

« Favoriser son porteur lors de batailles. Tu devines pourquoi il est très recherché. Je me demande… »

Avec hésitation, Snape s'éloigna d'un pas de l'âtre et lui tendit l'objet. Harry approcha ses doigts, et le saisit doucement. Son professeur le scruta avec attention pendant qu'il soupesait les lourdes pierres de résine et les entrelacs d'or qui les maintenaient ensemble.

A l'intérieur de lui, la masse se tourna dans son orbite, attirée.

Le brusque souvenir du journal de Tom Jedusor s'imposa à lui, et son cœur sembla s'arrêter quelques instants.

Sa bouche s'entrouvrit. Il jeta un regard affolé à Snape, qui le fixait de ses yeux sombres.

« C'est aussi ce qu'on appelle un horcruxe. Le réceptacle d'un morceau d'âme. »

En lui, son ventre se tordait. Il voulait quitter les appartements, retourner dans sa salle commune, dans son dortoir, loin du collier et de ses lumières. Il le reposa sur la table, effrayé.

« Ce qu'il s'est passé avant ta retenue… Nous devons en parler. »

La voix de Snape était douce, mais ferme.

« Tu te souviens de ce que je t'ai dis, en début d'année ? »

Harry grimaça avant de répondre, et sentit ses yeux s'embuer.

« Que je ne pouvais pas me permettre de devenir une arme de Vous-Savez-Qui.

— Que nous ne devons pas le laisser contrôler ton esprit, rectifia l'homme. Le lien qui vous uni est très puissant.

— Un morceau d'âme… Comment…

— Certains sorts, combinés à certains… actes, peuvent déchirer l'âme, ce qui permet à un sorcier de placer le morceau détaché en lieu sûr. Tant que l'âme d'un sorcier n'est pas entièrement détruite, il ne peut pas mourir. Il erre, sans corps. Tout comme un condamné au baiser du détraqueur n'a plus qu'un corps qui erre sans âme. Ce n'est pas très enviable. Mais c'est la seule explication à la survie du Seigneur des Ténèbres. J'ai eu une… discussion, avec le Directeur. Il était parvenu à cette conclusion bien avant moi. » Son ton était amer.

Harry se débarrassa définitivement de sa robe, et roula les manches de son pull sur ses avant bras aux poils hérissés.

« Le journal, c'était un horcruxe aussi ? »

Snape, loin d'être étonné à la mention de cet objet, acquiesça. Harry scruta le collier, sentant l'attraction qu'il exerçait sur lui. Pas très forte, mais présente. Comme si, quelque part, le bijou lui appartenait déjà. Il reporta son attention sur Snape. Ses yeux sombres étaient aussi noirs que l'encre, mais Harry ne détourna pas le regard. Il avait compris. D'un geste las, Harry essuya ses joues humides, et ramena ses genoux contre son torse.

« Je t'ai dit que ce n'est pas la morale qui permet de gagner une guerre. C'est le pouvoir. Tu peux voir l'horcruxe comme un poids ou une malédiction. Tu peux voir ta connexion avec le Seigneur des Ténèbres comme un danger. Tu peux aussi… tu peux aussi la voir comme un atout à ton avantage. »

Le silence s'étira, seulement interrompu par le crépitement de la cheminée.

Harry aurait voulu être surpris. Mais Snape n'avait mis que des mots sur une certitude qui l'habitait déjà. Il n'était pas idiot. Ce n'était pas compliqué de mettre en lien sa capacité à parler fourchelangue, sa connexion au journal, ses visions, et la masse qui pulsait dans sa tête quand Voldemort pouvait l'atteindre. Il aurait juste aimé… se tromper, cette fois-ci.

« Si la morale n'est pas importante… il faut devenir un monstre, comme lui, pour le vaincre ? reprit Harry d'une voix fatiguée. Derrière la fenêtre enchantée, la nuit tombait sur le parc.

« Le Seigneur des Ténèbres n'est pas un monstre », répondit Snape en s'asseyant dans son fauteuil, le regard perdu dans le collier, abandonné sur la table. « C'est un sorcier, un sorcier terrible, mais... Le voir comme un monstre, le mettre à l'écart de nous, c'est l'élever au rang de sur-humain, et c'est exactement ce qu'il souhaite. Qu'on le voit comme quelqu'un qui aurait dépassé les limites de l'humanité. » Il pressa son bras gauche, à travers le tissu de sa manche. « Croire qu'il y a un eux et un nous, des monstres et des humains, que nous sommes naturellement différents… C'est très dangereux. Le meilleur moyen de se laisser piéger à commettre l'irréparable, c'est de croire que ça ne nous arrivera jamais. »

Harry repensa à toutes les brutes qui avaient croisé son chemin et rendu sa vie difficile. Il repensa à son placard, à ses dessins déchirés lors de la fête des mères, et se dit que si, il y avait bien une limite entre eux et lui.

« Tu as mangé ? »

Harry acquiesça, et ferma les yeux, compartimentant dans son esprit les différentes informations et émotions qu'il venait de vivre. Son souffle devint peu à peu plus stable. Il tira distraitement sur les mailles de son pull, brodé d'un H doré.

« C'était lui, du coup, mes… absences ?

— Je ne pense pas », répondit Snape. Il se leva, prit le collier qu'il rangea à nouveau dans son secrétaire, appliquant de nombreuses runes et barrières magiques sur le tiroir, puis revint dans son champ de vision. Sa main poussa la petite boite simple qu'il avait posé plus tôt sur la table.

« Le pouvoir s'apprend. Mettons-nous au travail. Tu as suffisamment lu sur les différentes manières de manipuler le Seidr. Qu'as-tu compris du Voyage de l'Hamr ?

— Il faut… amener l'esprit d'un animal en soi, ou amener le sien en lui. Il faut le… tendre, vers l'autre et le mélanger au sien.

— Je dirais plutôt le superposer.

— C'est un peu chercher la petite bête, non ?

— C'est surtout être précis. La magie, surtout l'ancienne magie, exige de la précision. Superposer, c'est éviter de se confondre avec l'animal et de se perdre en lui. »

Le maître des potions se pencha, et ouvrit le coffret. Harry tendis le cou pour voir ce qu'il renfermait. Un rat, au pelage fauve, était endormi.

Peu tolérant de ces bestioles depuis Pettigrow, Harry se recula dans le canapé et afficha une grimace de dégoût. Snape, lui, caressa la fourrure de la petite créature, ses vibrisses, ses oreilles, tout en récitant une incantation à voix basse. Sous le pelage, la cage thoracique du rongeur se souleva et s'abaissa de plus en plus vite, et il ouvrit soudain de grands yeux noirs sur Harry. Il couina, mais Snape le maintenait sous sa main et fit signe à Harry de s'approcher.

« Tu vas apprendre avec lui. Voyager dans le corps d'un animal est plus facile que l'inverse, d'autant plus quand il est à porté de main », expliqua t'il en prenant la sienne pour la déposer sur le petit corps frêle et terrorisé.

Harry pouvait sentir sous ses doigts le cœur minuscule tambouriner contre les côtes. Il était doux. Ses yeux le suivaient du regard et sa bouche entrouverte laissait voir le brillant de ses incisives, qu'il savait tranchante comme un rasoir. Il resserra sa prise, un peu plus fort, sans le blesser.

« Son cœur bat vraiment vite… ça va lui faire mal ? »

Snape eu l'air surpris de sa question, comme s'il n'y avait pas réfléchit.

« Pas si tu t'y prends correctement », répondit-il avec désinvolture.

Serrant les dents, Harry ferma les yeux. Soucieux de ne pas faire durer la torture plus que de raison pour le rat, il tâcha de ralentir sa propre respiration, de la rendre plus profonde. Il se concentra sur la source de sa propre magie, tout prêt de son cœur, et tendit des mains imaginaires vers l'animal. A la recherche de quelque chose.

Oublier son corps, oublier son identité, oublier ses sentiments.

Prétendre ne pas exister.

Cette partie-là était facile.

A tâtons, il chercha les autres magies de la pièce. Celle de Snape. Profonde, grondante, comme un volcan sous la glace. Celle du château, joueuse, qui s'infiltrait dans les murs, la pierre, les portes capricieuses et les fenêtres enchantées. La magie environnante, qui flottait doucement dans l'espace.

Plus précise, la présence de deux âmes. Et de deux autres petits morceaux. Il frissonna, manquant de retourner dans son corps, mais inspira, ses mains caressant distraitement la douceur du rongeur.

Plus discrète, une autre forme d'énergie, présente sous ses doigts. En lui. De même nature cette fois, simple.

Loin, très loin de lui, il perçut un mouvement et de longues mains qui accompagnait la chute de son corps, aussi mou qu'une poupée de chiffon.

Et Harry, ou plutôt, Harry-le-rat, ouvrit les yeux.

Le monde était grand. Flou, aussi. Plus que lorsqu'il enlevait ses lunettes. Il tourna la tête et aperçu la silhouette de ce que devait être son professeur et… lui-même, effondré sur le canapé. Il fut perturbé par son écharpe, qu'il ne voyait plus rouge, mais bleue. En fait, réalisa t-il, tout ce qu'il voyait était en nuance de bleu, de vert, et de gris. Et de la plupart des objets émanait une lumière plus ou moins forte, ce qui l'aidait à les distinguer, d'une toute autre manière qu'un humain.

Seulement, ce n'était pas sa vue qui le déstabilisa le plus. Mais son odorat.

Lui qui ne faisait habituellement pas attention à ce sens un peu mis de côté, se retrouvait au milieu d'une explosion de parfums. Des chemins de parfums, des formes de parfum, des informations de parfum… Voir Snape était inutile, tant il le sentait. Son être fut envahit d'odeurs si riches qu'il ne pourrait trouver aucun mot pour les décrire, jamais.

Il se sentait… exactement comme lorsqu'il avait mis des lunettes pour la première fois : comment j'ai pu vivre sans ?

Remuant son petit museau rose, Harry tenta d'avancer de quelques pas hors de la boîte et recula brusquement en croyant être rentré dans le bord, mais c'était uniquement ses vibrisses qui l'avait touché. Il recula, et discerna les angles de la boîte, s'aidant de petits mouvements de têtes horizontaux. Comme cela, il pouvait sentir à distance les objets devant lui.

Précautionneusement, il posa une patte sur la table, et dû résister à l'envie furieuse de détaler en courant sous un meuble : l'esprit du rat était bien présent, et même s'il était écrasé par la puissance du sien, Harry pouvait sentir le conflit entre leurs deux volontés.

Il tenta de résister.

Snape se leva d'un mouvement trop brusque pour le rat, qui l'expulsa pour de bon de son corps sous le coup de la terreur.

« Tu vois, tu ne l'as pas tué, murmura Snape en lui tenant l'épaule, le redressant sur le canapé d'une main forte.

— Je vais être malade », gémit-il en s'imaginant rendre sa tarte sur le tapis.

Snape claqua la langue et regarda le petit rongeur fuir sous la bibliothèque.

« Vous vous êtes séparés trop brusquement. Ce sera plus simple avec l'entraînement. Mais tu sembles avoir des facilités. »

Harry reprit peu à peu le contrôle de son corps, et ne put réfréner un petit sourire fier. Snape leva les yeux au ciel et grommela sur ses compétences académiques, pour compenser le compliment.

Quelque chose gratta à la porte, et les sens encore accrus de Harry perçurent une présence animale. Un petit croassement résonna dans les cachots.

Snape se releva en craquant ses genoux, et ouvrit la porte à une chouette qui semblait fort agacée d'avoir dû voler dans les couloirs. L'homme retira la lettre qu'elle tenait entre ses griffes et étouffa un juron quand elle lui pinça les doigts. Alors qu'elle s'envolait à nouveau, Harry vit du coin de l'œil le rat se glisser dans entrebâillement de la porte et partir dans le sens opposé. Il sourit.

« Tiens, une nouvelle qui te fera sûrement plaisir… » soupira Snape en lui tendant l'enveloppe.

Harry reconnu tout de suite l'écriture de son professeur de Défense, et se dépêcha de la décacheter.

H,

Le groupe m'a mis au courant de ce qu'il s'est passé avec M.

J'espère que tu vas bien.

Mes vacances ne sont pas terminées, mais Citron a donné son accord pour que je les écourte. Je rentre au bercail dans les prochains jours. J'espère que la chauve souris prend soin de toi.

Je t'embrasse,

Fourrure.

Harry sourit en parcourant la missive de ses yeux fatigués, amusé de l'imagination de Remus pour les noms de code.

Snape s'éclipsa dans son laboratoire, après lui avoir fait jurer à nouveau de ne pas en profiter pour toucher à n'importe quoi, et Harry prépara ses affaires de toilette.

Illuminés par une bougie, les carreaux de pierre lisse luisait, et la semi-obscurité l'apaisa. Aucune lumière ne traversait la vitre qui le séparait du lac, noir dans la nuit. Il se déshabilla lentement, le corps encore un peu raide du sortilège de douleur, puis posa ses pieds sur la céramique froide. Malgré ses vieilles habitudes sévèrement apprises, il s'autorisa à passer un peu plus de temps que nécessaire sous la douche, laissant couler ses émotions de la journée, comme l'eau dans le siphon.

Je suis là, se répéta t-il.

L'horcruxe n'était qu'un petit murmure dans son esprit, pour l'instant.

Remus allait revenir.

Draco allait bien.

Il apprenait.

Je suis là.

Il oublia ses émotions, ses pensées, son corps, et laissa glisser sa conscience en dehors de lui, loin, loin, dans la chaleur d'un autre.


Hm hm hm... Des réponses, mais aussi de nouvelles questions... :)

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