Chapitre 10 – C'est la baguette qui choisit le sorcier.

L'heure d'après, le sorcier faisait de nouveau face à June, qui attendait avec une certaine anxiété qu'il ne lui explique pourquoi il lui avait demandé de la rejoindre dans cet immense salon. Salon qui était d'ailleurs totalement vide, si ce n'était cette immense table à laquelle elle avait déjà soupé en sa compagnie et celle de ses parents, avant de découvrir qu'elle était potentiellement une sorcière. Il se tenait au bout de cette dernière, comme à son habitude, y trônant fièrement comme un roi qui s'apprête à prendre la parole face à sa cour. Sauf qu'il n'y avait personne d'autre que lui et June, à moins que l'on ne compte la présence très discrète de Holly qui, dans un coin de la pièce, s'affairait à faire discrètement la poussière.

« - J'ai un cadeau pour toi, June. »

Elle frémit légèrement. Il n'avait pas pour habitude de l'appeler par son prénom et cela lui procurait toujours ce drôle de frisson qui commençait à sa nuque pour se terminer au creux de ses reins. Elle était davantage inquiète du fait qu'il lui parle d'un cadeau, car elle savait pertinemment qu'il n'avait pas pour habitude d'offrir le moindre cadeau à qui que ce soit. Alors, quand il lui fit signe d'approcher avec un petit sourire au coin des lèvres, elle s'exécuta presque par automatisme.

« Je n'ai pas beaucoup d'options à t'offrir malheureusement, car j'ai dû me dépêcher avec l'arrivée des Malfoy, mais je tenais à ce que tu sois la première de mes fidèles à obtenir ceci. »

Lentement et alors que la jeune femme butait sur le mot « fidèle », il dévoila deux longues boites noires. Des écrins. Et comme June était loin d'être idiote, elle devina rapidement ce que ces écrins pouvaient bien renfermer. Son cœur s'accéléra dans sa poitrine alors que ses mains commencèrent à devenir moites. Des baguettes.

« C'est cela, des baguettes, June. J'ai eu du mal à les faire fabriquer par un né-moldu, et autant te dire qu'il n'était pas aisé de trouver un dragon et une licorne dans ce monde-ci, mais j'ai tout de même réussi à te dénicher des baguettes. Essaie-donc. »

La jeune femme hésita un bref instant et chercha dans le regard de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom quelque chose qui pouvait lui indiquer qu'il plaisantait ou se jouait d'elle. Cependant, il affichait un air très sérieux. Alors, en avalant sa salive, elle fit glisser le premier écrin jusqu'à elle et l'ouvrit avec délicatesse. A l'intérieur il y avait effectivement un bout de bois, mais pas n'importe quel bout de bois. Alors, avec appréhension, elle attrapa doucement la baguette de sa main droite. Devait-elle faire comme dans les livres ? Agiter sa baguette et prendre le risque de casser la moitié de la pièce ?

« - Un simple sort devrait suffire, tu en connais je me trompe ? »

Elle hocha doucement la tête alors que sa main tenant l'objet magique se tournait lentement vers un chiffon près de l'elfe de main. Elle avait bien un sort en tête en effet.

« - Wingardium Leviosa. »

Mais au lieu de s'envoler dans les airs comme l'aurait fait Hermione Granger si elle avait été dans la pièce, le chiffon s'enflamma, arrachant un hoquet de surprise à Holly qui s'empressa de l'éteindre en couinant. June sursauta sous la surprise et reposa rapidement la baguette sur la table avant de porter la main à sa bouche, sous les rires du Seigneur des Ténèbres.

« - Oh mon dieu je suis désolée !.. »

Le mage noir rigola encore pendant un instant puis il se racla doucement la gorge avant de l'inviter à prendre l'autre baguette. Aurait-elle un peu plus de chance ? Elle ouvrit le second écrin d'une main tremblante et mal assurée. Et si elle mettait le feux à la pièce toute entière la prochaine fois ? Toujours avec hésitation elle s'empara donc de la deuxième baguette. Mais, à l'instant où ses doigts effleurèrent le bois, elle se sentit comme happée. Quelque chose en elle s'éveilla avec joie et douceur alors qu'elle avait la curieuse impression de se sentir désormais totalement entière. Les yeux brillants elle lança un regard perturbé à Voldemort qui lui répondit avec amusement

« - Il me semble que tu es à la convenance de cette baguette. »

Il marqua une légère pause avant de reprendre

« - J'aurais parié sur celle-ci. Bois de pin, souple, avec un crin de licorne, elle te correspond tout à fait. »

June cligna des yeux. Il y avait véritablement une licorne dans sa baguette ? Ce qui voulait dire que le dragon se trouvait probablement dans celle qui avait mis le feux au chiffon de Holly.

« - Essaie-la donc. »

Invitée à le faire par le Seigneur des ténèbres, elle chercha donc dans sa tête un autre sort, peu ambitieux, à utiliser pour faire ses preuves. Puis, après un certain temps, elle se tourna de nouveau vers Holly qui l'observa avec une pointe d'appréhension.

« - Accio balais. »

La seconde d'après, le balais qui se trouvait à côté de l'elfe de maison atterrit dans sa main libre. Sans trop comprendre ce qu'il venait de se produire, June réalisa subitement qu'elle pratiquait la magie et que, visiblement, elle la pratiquait très bien. Abandonnant le balais à côté d'elle, elle fixa à nouveau le mage noir qui semblait triompher. Dans son regard, il y avait toujours cette drôle de lueur qu'elle ne parvenait pas à interpréter mais qui devait probablement être de la fierté.

« - Tu n'es peut-être pas aussi douée que moi June, mais tu es très forte et promise à un grand avenir, c'est certain. Je suis incroyablement fier de toi et des efforts que tu fournis depuis le départ pour satisfaire mes attentes qui, je le reconnais, sont parfois assez hautes. Je n'aime pas complimenter car j'ai l'impression d'encourager la médiocrité, mais soit certaine June que mes compliments expriment tout à fait la gratitude et la fierté que j'éprouve en voyant à quel point tu te démènes pour tenter d'y arriver. Je suis le plus grand sorcier de tous les temps et pourtant soit certaine que tu même si tu ne parviendras jamais à m'égaler, tu es cependant une grande sorcière en devenir. Je veux d'ailleurs que tu saches que- … »

Alors qu'il repartait dans un énième monologue comme il l'avait fait plus tôt en corrigeant son devoir sur les potions, les yeux de la jeune femme s'embuèrent légèrement. C'était bien la première fois qu'elle percevait un compliment aussi sincère de sa part, mais plus largement parlant de la part de qui que ce soit. June agissait depuis toujours comme une véritable petite peste pour se protéger des autres et de leur regard parfois cruel. Car elle craignait depuis toujours de décevoir et manquait cruellement d'attention de la part de ses parents, trop occupés à étaler leur fortune pour se soucier davantage d'elle. D'une enfance triste qu'elle avait passé à tyranniser ses nourrices dans l'espoir qu'enfin on fasse attention à elle, elle était devenue une adolescente sauvage et agressive, qui avait laissé primer l'égoïsme sur la bienveillance pour pouvoir se protéger davantage. Elle était en somme devenue une peste parce qu'on ne lui avait pas permis d'être aussi douce qu'elle l'aurait souhaité.

Elle soupira et cligna des yeux, tentant de faire disparaitre les larmes qui se formaient progressivement au coin de ses yeux lorsqu'elle réalisa que Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom ne parlait plus et l'observait, le visage interdit. Comprenant qu'il s'était sans doute immiscé dans son esprit comme il le faisait régulièrement, elle se redressa et essaya de ne plus penser à quoi que ce soit. Et, même si l'affaire était plus que complexe, elle eut au moins pour bénéfice de ramener le sorcier à la réalité. Il la toisa, toujours totalement insondable, pendant un très long moment, avant de finalement reprendre la parole

« - Je te sentais distraite depuis ce matin. Je croyais en être la cause mais je réalise désormais que ce n'est pas vraiment le cas.

- Je suis désolée, ça n'arrivera plus.

- Sois tranquille. Je sais ce que cela fait d'être orphelin. »

June tenta de retenir le sanglot qui menaçait de s'échapper à tout instant alors qu'elle essuya d'un revers de main maladroit la larme qui commença à dévaler sa joue. Elle secoua la tête, brièvement.

« - Non. Je ne peux pas une seconde accepter que vous nous compariez. Votre histoire est tragique, la mienne plus douce, j'ai eu une belle enfance, j'ai toujours eu ce que je voulais, je n'ai pas le droit de m'en plaindre. »

Pour tout réponse, le Seigneur des Ténèbres se leva, lentement, et s'approcha d'elle, le visage toujours aussi fermé. D'une main, il lui attrapa le menton et June se tendit immédiatement. Il ne l'avait jamais touché de la sorte et elle ne craignait de subir sa colère. Il planta simplement son regard bleu dans le sien.

« - Mon pire ennemi m'a appris que les gens comme nous obtenaient tout ce qu'ils souhaitaient, sauf le plus important. L'amour. Je ne crains pas de dire que c'est ce qu'il me manque et que je ne partirai pas en guerre avant de l'obtenir. C'est ainsi que je pourrais l'emporter, c'est certain. »

June avala sa salive avec appréhension, incapable de détourner son regard du sien.

« - Tu vas devenir ma première mangemort June. Et nous constitueront ensuite une famille. Et je deviendrai tout puissant. »

De nouveau June avala sa salive. Elle n'avait jamais envisagé le moins du monde de devenir une mangemort. En réalité, si le côté obscure lui paraissait parfois divertissant, il n'en restait pas moins qu'elle ne partageait pas les idéaux de ces sombres sorciers. Mais en même temps… En même temps Voldemort lui proposait là la chose la plus intéressante au monde. Une famille. C'était, au fond, tout ce qu'elle avait toujours tant convoité chez les autres. Alors bien sûr, elle ne fêterait jamais son anniversaire avec cette famille-là. Bien sûr il n'y aurait pas de cadeaux sous le sapin à Noël. Mais que cela devait être reposant de pouvoir compter sur le soutien d'autre personnes. Que cela devait être doux que de pouvoir, pendant un léger instant, caresser l'idée que d'autres puissent se tenir à ses côtés sans jamais tenter de juger ses propos et ses actes.

Encore une fois, June avala sa salive. Elle était d'accord. Cette famille elle la voulait plus que tout. Le Seigneur des Ténèbres dû le comprendre car il abandonna son menton pour attraper la main dans laquelle elle tenait toujours sa baguette. Il la lui enleva pour la déposer dans son écrin, puis, tournant son poignet, il y apposa sa propre baguette. Elle ne chercha pas à regarder, encore trop captivé par les yeux bleus du mage noir pour oser bouger ne serait-ce que d'un infime millimètre. Une brève douleur plus tard, son avant-bras était orné d'un serpent qui s'enroulait autour d'un crâne. Il s'accordait parfaitement avec le reste de son bras en sommes.

« - Je te le promet, June, tu seras comblée ici. »

L'intéressée cligna des yeux, le cœur battant. Ça sonnait comme une véritable promesse et non comme un mensonge. Il faisait preuve de bien trop de douceur à son égard mais elle s'en accommodait, ne souhaitant que la vérité. Et cette vérité, il lui accordait comme une promesse sacrée.

Ce fut le bruit sourd du heurtoir à l'entrée qui la réveilla. Voldemort sourit avec amusement alors qu'elle se redressait. Les Malefoy venaient d'arriver et visiblement, il n'était plus l'heures des confidences et des promesses, mais plutôt des mangemorts et de leur suprématie.

« - Allons accueillir ton oncle et ta tante. »

Si sa voix était plus sèche, plus habituelle, elle savait pourtant, qu'à partir d'aujourd'hui il serait honnête avec elle. June se sentait invincible désormais, car elle avait une famille.