Note : Et voilà la 4ᵉ et dernière partie de mon histoire, cette fois-ci dédiée au Sanctuaire sous-marin et Marinas. Comme pour les autres recueils, l'histoire se présente sous forme d'OS lisibles séparément tout en formant une histoire. Il n'est pas spécialement nécessaire de tout lire pour tout comprendre. Cependant certains détails sont liés aux autres OS ou parties de l'histoire.
Correctrice : Clina
Personnages : Kanon du Dragon des Mers
Mention de : Athéna, Poséidon, Saga du Gémeau, Isaak du Kraken, Milo du Scorpion, Thétis, Io de Scylla, Sorento de la Sirène, Hilda de Polaris, Hyoga du Cygne, Camus du Verseau
Ship : aucun
Type d'écrit : introspection
Arc temporel : comme pour les autres recueils, quelques années après la fin de la guerre contre Hadès, quand tous sont revenus à la vie.
Lieu : Sanctuaire sous-marin, pilier de l'Atlantique Nord
Autre : Faire de Kanon, après un retour à la vie, un Général de Poséidon est un choix personnel que j'assume et qui fait sens dans ma trame narrative.
Titre : Atlantique Nord
Le Sanctuaire de Poséidon était totalement rénové. Les piliers se dressaient à nouveau fièrement, soutenant chaque Océan et l'ensemble du Domaine Sacré du Dieu des Mers. Face à lui, Kanon observait celui dont il était le Gardien et qui soutenait l'Atlantique Nord. Le regard du Général se perdit vers les hauteurs un long moment. Ici le ciel avait toujours été la mer. C'était un spectacle que le Dragon des Mers arrivait à apprécier aujourd'hui. Il fallait un peu de temps pour accepter l'idée qu'on était sous l'océan et que ce qu'on voyait au-dessus n'était pas l'azur du ciel. D'ici on ne pouvait point voir les étoiles de nuit, mais un plafond bien sombre de couleur encre. C'était beau selon Kanon. C'était impressionnant et captivant. Quand on s'y habituait, on pouvait remarquer le mouvement des vagues au-dessus de sa tête, les changements de coloration des masses d'eau océanique selon la saison ou la partie du domaine marin où l'on était. Et si on prêtait attention, on pouvait bien sûr repérer les poissons et autres Créatures marines. C'était hypnotisant d'une certaine manière. Pourtant lors de son premier séjour en ces lieux, admirer le décor unique et si différent de la surface terrestre n'était pas dans ses habitudes. Il avait bien mieux à faire pour appliquer ses plans de revanche et conquête. Aujourd'hui, Kanon trouvait une certaine sérénité à regarder les Océans et le Domaine Sacré de Poséidon.
Le regard bleuté glissa sur la solide et longue colonne de pierre blanche. Elle était typique de l'antiquité gréco-romaine, ce qui n'avait rien d'étonnant vu les lieux. Tout comme au Sanctuaire d'Athéna, ici tout était de style grec. Les piliers ne faisaient pas exception. Ils étaient en marbre ou pierre blanche, avec des chapiteaux ouvragés représentant des scènes en lien avec L'Écaille du Général le protégeant et l'Océan soutenu. Ils avaient tous un style légèrement différent. C'était presque étrange de se trouver face au sien. D'ailleurs Kanon peinait encore un peu à se dire que c'était son pilier. Après son retour à la vie, il avait à nouveau hérité du grade de Général des Marinas et de l'écaille de Dragon des Mers. Il l'avait certes portée plus longtemps que l'Armure Sacrée des Gémeaux, qui était en toute logique revenue à Saga, son frère jumeau. Avait-il ressenti de l'amertume ou de la jalousie à ce constat ? Pas vraiment, il avait d'abord dû assimiler qu'il revenait au Sanctuaire sous-marin. Et honnêtement, il n'était pas certain d'y être bien reçu. Il avait manipulé la Déité protectrice des lieux et par extension tous les Généraux et Marinas. Ils avaient tous le droit d'être en colère et de réclamer justice.
Mais pour une fois, il n'avait pas eu envie de contrarier une Déité, Athéna lui avait fait un beau présent en lui offrant cette nouvelle vie. Kanon avait déjà expié ses fautes auprès de la déité protectrice de la Terre lors de la Guerre Sainte contre Hadès. Il avait accepté la mise à l'épreuve de Milo. Il avait combattu aux côtés des Bronzes aux Enfers en portant l'armure de son jumeau. Il savait que la déesse Athéna lui avait pardonné. Il n'irait pas jusqu'à dire que tous ses frères d'armes chez les Saints d'Or lui avait offert la même rédemption. Il reconstruisait lentement son lien fraternel avec Saga, apprenant tous les deux à se pardonner et à communiquer de manière plus positive. De ce point de vue, il avait déjà bien progressé. Leur relation et leurs échanges étaient aujourd'hui beaucoup plus apaisés et sereins, plus taquins et fraternels. C'était tellement vrai qu'il avait envisagé de proposer à son frère jumeau de visiter une fois le Sanctuaire sous-marin. Après tout, Saga pouvait bien jouer aussi au diplomate et messager de temps à autre, non ?
Était-il pardonné par le dieu Poséidon et les Marinas ? Kanon n'en était pas certain. Revêtir à nouveau une Écaille et servir le Dieu des Océans était-il une forme de sanction pour qu'il gagne sa rédemption ? Peut-être. Peut-être pas. En tout cas, il n'y avait pas trop de tensions, même si parfois à son arrivée les autres Généraux se taisaient. Il y avait aussi des regards en coin un peu méfiants, mais aucun n'osait se montrer ouvertement désagréable. Après tout le dieu Poséidon lui-même avait accepté son retour. Et Kanon comprenait qu'il devait gagner leur pardon et sa place au Sanctuaire sous-marin. Et il avait plein d'idées pour prouver sa valeur et qu'il était digne d'être un Général servant l'Empereur des Mers. Il avait donc assez facilement accepté ce rôle de messager et diplomate entre les divers Sanctuaires, secondé par Isaak. Ils avaient en commun leur lien passé et leur relation privilégiée avec certains membres du Sanctuaire d'Athéna. Mais quand il s'agissait de négocier avec Asgard, étrangement c'étaient Isaak et Io que leur Dieu envoyait en mission. Peut-être qu'un jour il aurait aussi l'opportunité de glaner sa rédemption auprès de la reine Hilda et de ses Guerriers Divins. Mais chaque chose en son temps.
Il devait d'abord redorer son blason auprès des autres Généraux et de leur Déité protectrice. Une fois que cela serait fait, il tenterait de nouer des relations plus amicales avec les Saints d'Athéna. Et ensuite il verrait pour Asgard. Après tout, il n'avait pas forcément de relations avec les Guerriers Divins, contrairement aux Saints et Marinas qu'il avait côtoyés toute sa vie. Mais ce n'était pas si simple. Ô il comprenait la méfiance générale. On ne pouvait pas dire qu'il n'avait pas fauté par le passé. Il avait habilement manipulé tout le monde pour arriver à ses fins. Bien sûr, il s'était racheté au dernier moment. Certains y voyaient une nouvelle forme de manipulation de sa part. En réalité il ne pensait pas qu'il survivrait à la Guerre Sainte contre Hadès, et il désirait réellement le pardon de sa Déesse. Il avait compris ses erreurs. Et il avait été prêt à tout sacrifier pour prouver qu'il restait un digne guerrier du Sanctuaire. Mais certaines rancœurs étaient plus tenaces que d'autres. Et cela il le comprenait. Après tout même entre eux les Ors peinaient parfois à renouer leur lien passé. Et lui ne vivait pas à temps complet avec eux. Il était avant tout le diplomate du dieu Poséidon. Mais au moins avançait-il lentement avec certains.
Quant à ses frères d'armes marins, c'était une autre histoire. Certes il avait plus d'atomes crochus avec Isaak, de part leur mission commune récurrente. Et peut-être aussi parce que comme Kanon, le Kraken avait d'abord été un fidèle d'Athéna. Même s'il n'avait pas fini son apprentissage, il restait un des disciples de Camus et il avait donc reçu l'enseignement typique des apprentis Saints. De cela Kanon en était certain. D'ailleurs le plus jeune avait aussi hérité de certains traits de son mentor, comme le côté glacial et neutre. Il était bien moins expressif que Hyoga. Mais malgré cette apparente froideur, le Kraken était quelqu'un de confiance et qui éprouvait un vif attachement à ceux qui formaient sa famille et son clan. Et par il ne savait quel mystère, Isaak avait toujours su qui il était. Enfin il savait plus ou moins. Ce qui en avait fait le moins surpris des Généraux à leur retour à la vie avec Sorento. Kanon avait-il la confiance d'Isaak ? Pas totalement encore, mais le Kraken semblait le plus apte à lui pardonner.
Il était vrai que qui disait mission commune sous-entendait passer du temps ensemble. C'était donc naturellement avec lui que le Dragon des Mers avait le plus discuté depuis leur retour à la vie. Et il avait habilement commencé par s'intéresser à l'entraînement d'Isaak, à ses liens avec le Sanctuaire d'Athéna puisqu'ils avaient cela en commun. Une fois n'était pas coutume, il avait accepté de se livrer un peu sur son passé. Peut-être que tout cela offrait l'opportunité de se racheter et de mieux se connaître, de devenir amis. Il progressait donc se faisant un allié parmi ses semblables. Pour autant cela n'était pas gagné. Kanon eut un léger soupir, et il avança vers la colonne pour en gravir les marches. Tout comme les Saints d'Or gardaient leur Temple et y passait une grande partie de leur journée s'ils n'étaient en mission, les Généraux gardaient de manière similaire leur pilier. Ce n'était pas la partie du job la plus amusante. Mais cela offrait le temps de cogiter et de planifier ses prochaines actions. Certes il n'avait plus de plan machiavélique à mettre en œuvre pour se venger des Divinités et leurs lois archaïques, mais Kanon faisait preuve de stratégie y compris pour se faire pardonner. Il calculait chaque action et ses répercussions. Pour autant il était profondément sincère dans son envie de gagner une forme de rédemption et de payer pour ses crimes.
Consciencieusement, le Général fit le tour de son pilier pour l'inspecter. Il émanait une certaine énergie et force de la colonne. Et vu qu'elle soutenait l'Océan Atlantique Nord, cela était logique. Ce n'était pas une simple pierre érigée vers les hauteurs. Elle était beaucoup plus que cela. C'était un symbole aussi de la puissance de Poséidon. Tout au Sanctuaire marin était relié au Temple principal et au pilier central. Kanon se détourna un moment de la colonne pour observer le lointain. Il savait précisément où était chaque autre pilier. Il pouvait voir leur ombre floue lointaine. Et s'il se tournait vers le centre, le Temple du Dieu des Mers était visible plus nettement encore que les autres. Kanon eut un sourire amusé. Tout était si calme ici-bas. La seule fois où il y avait eu de l'animation c'était quand Julian avait enlevé Athéna et que ses fidèles Saints de Bronzes étaient venus la sauver. Et en une journée ils avaient détruit l'antique Royaume et élimé quasiment tous les Généraux. Sorento, Thétis et lui étaient alors les seuls survivants de cette Guerre, ainsi que l'hôte de Poséidon. Sorento avait choisi de le suivre. Kanon avait cherché comment faire amende honorable auprès d'Athéna. Le Dragon des mers eut un autre regard pour le pilier qu'il gardait.
« Il faudra quand même un jour qu'on m'explique comment ils ont pu vous détruire avec les armes de la Balance. Alors certes je sais qu'ils sont exceptionnels ces gamins, mais quand même… Si les piliers s'effondrent si facilement, toute la stabilité des Océans est remise en cause… Cela étant c'est peut-être l'usure et le manque de réparations le problème », murmura-t-il en frôlant des doigts le marbre blanc du socle.
C'était une question qui n'aurait jamais de réponse. Il y avait des mystères insolubles. Kanon le savait. Un autre léger soupir lui échappa. Mais des énigmes et des problèmes pour lesquels il cherchait une solution, il en avait quelques-uns depuis son retour à la vie. Un des plus grands mystères à ses yeux restait qu'on lui ait rendu l'Écaille du Dragon des Mers, qu'il avait usurpé autrefois. Les Écailles appelaient leur propriétaire. Cela avait été le cas pour les autres Généraux. Lui, il avait libéré Poséidon presque involontairement à l'origine, et ses yeux étaient tombés sur le Dragon des Mers. C'était ainsi qu'il s'était présenté à l'Empereur des Océans. De toute évidence l'Écaille l'avait accepté et Poséidon aussi, ce qui semblait suffisant pour lui pour la porter. Et elle était plutôt confortable. Il pouvait sentir l'énergie qui la traversait. Il savait aussi qu'il avait un lien particulier avec elle. Comme toutes les Armures Sacrées, elle était vivante d'une certaine manière. Et elle avait toujours été plus qu'un moyen de dominer les autres, de se protéger ou de se dissimuler. Elle était devenue une partie de lui. Il n'avait pas ressenti la même fusion avec l'Armure d'Or des gémeaux. Mais cette dernière était avant tout celle de Saga, même si elle avait accepté qu'il la porte. Ou alors ce n'était qu'une impression. Il ne pourrait jamais en être certain.
« M'aurais-tu choisi ? », questionna-t-il dans le vide en observant l'Écaille qu'il portait en cet instant. « Je suppose que je peux juste élaborer diverses théories… »
« Que complotes-tu cette fois-ci ? » La voix dans son dos ne l'étonna pas. Kanon releva le regard sur Isaak, lui aussi revêtu de son Écaille.
« Rien. Je réfléchis à voix haute. Vois-tu, il est toujours utile d'avoir l'avis d'un expert. », répliqua Kanon avec un léger sourire provocateur. « Que puis-je pour toi, Général du Kraken ? »
« Il y a banquet ce soir. Aurais-tu oublié ? C'est vrai que vu ton grand âge, les trous de mémoire doivent devenir récurrents… », lança Isaak d'une voix toujours aussi neutre et froide. Le léger rappel qu'il était le plus vieux des Généraux fit sourire Kanon.
« Je sais. Et où est le respect dû à tes aînés ? », répliqua-t-il lentement.
« Donc je viens m'assurer que tu ne tenteras pas de te dérober à ton obligation de présence ce soir. », continua Isaak imperturbable.
Kanon haussa légèrement les sourcils. Il était vrai qu'il évitait parfois ces repas communs, sachant qu'il était à peine toléré par certains. Et quand il fallait une excuse pour éviter de faire quelque chose, le Dragon des Mers avait l'imagination fertile. Mais pour une fois, il comptait y participer. Après tout s'il voulait convaincre de sa bonne foi et nouer des relations plus apaisées et amicales avec les autres Généraux et Thétis, il se devait de partager des moments avec eux. Kanon eut un dernier regard pour son pilier avant d'emboîter le pas de Kraken. Le chemin était encore long, mais il progressait. Et chaque nouvelle petite victoire lui rendait confiance dans le fait qu'il pouvait arriver au bout de son plan. Sa stratégie payait, même si elle était longue à mettre en place.
