Les bruits nocturnes de la forêt du royaume de la jungle sont une mélodie, tandis qu'un dragon se déplace. Il est tel une ombre parmi toutes les autres, se faufilant et ne se faisant pas remarquer.
''Que ces ailes de pluies sont des incapables. Cela va rendre la mission encore plus aisée.''
L'ombre fini par arriver à l'endroit voulu. Il y observe un aile de nuit qui scrute comme à son habitude les horizons.
''Il n'est pas seul. Mais bon, ce n'est pas ça qui va m'arrêter'' s'exprime la voix en sortant un objet.
Quelques instants plus tard, l'aile de nuit s'écroule. Son état attire irrémédiablement les gardes ailes de nuit qui quittent leur camouflage. Grossière erreur que l'individu utilise pour les neutraliser tous.
''Vraiment une bande d'incompétents chroniques'' s'exprime avec mépris l'agresseur.
L'ombre se faufile et pénètre la hutte. A l'intérieur se trouve une aile de pluie dormant paisiblement, la reine des ailes de pluies et de nuit : Gloria.
L'agresseur semble ravi de la voir.
''Encore plus facile que je ne le pensais. Maintenant, amusons-nous un peu.''
Il ficelle la reine et l'amène avec lui. Il la suspend la tête en bas. Puis, il lui donne deux claques qui ont pour effets immédiat de faire quitter le monde des rêves à la reine. Elle est déboussolée par ce réveil des plus brutal.
- Qu'est-ce que…Je suis où ? demande-t-elle.
Son esprit sort de sa torpeur et elle finit par observer ladite ombre.
- Python ? Grand-frère, que fais-tu ici et pourquoi m'as-tu ligoté ainsi ? Est-ce une plaisanterie ?
Mais Python lui lance un sourire mauvais, soulignant que ce n'est pas une plaisanterie de sa part.
- Non, très chère petite sœur. Il ne s'agit pas d'une plaisanterie, mais d'un petit jeu. Celui de savoir en combien de temps tu m'imploreras.
- Je te demande pardon ?
- Je suis envoyé par mon chef pour te ramener.
- Cheffe ? Tu fais allusion à la reine Epine ?
- Non, rétorque le dragon, je parle de mon nouvel chef, Vautour.
Suite à cette annonce, Gloria devient livide. Elle comprend la situation et ouvre la gueule pour cracher son venin. Seulement, son agresseur est plus rapide et lui ferme la gueule.
- Voyons petite sœur, tu sais bien que tu ne peux pas me prendre de cours, dit-il en serrant davantage sur sa prise.
Il observe avec cruauté sa sœur changer de couleur sous la douleur.
- Tu te calmes ou alors je te brise ta charmante gueule. Alors, ta réponse ? dit-il en serrant encore plus.
Devant la douleur et son manque de choix, elle se calme et fait signe à Python de la lâcher.
- Voilà qui est plus raisonnable, dit-il en libérant sa gueule et en s'écartant.
- Que t'as fait ce vieux pervers pour que tu lui jures fidélité ? Je croyais que tu servais Epine. D'ailleurs, elle se faisait un sang d'encre pour toi.
- Oh, tu fais sans doute allusion à la marionnette de mon chef.
- Que…Comment ça ?
Python lui explique les événements. Gloria blêmit devant ce quel apprend.
- Comment as-tu pu changer ainsi Python ? Comment ? lui crie-t-elle.
Elle reçue une claque en réponse.
- Silence. Je n'ai pas d'ordre à recevoir de la nouvelle esclave de mon chef.
- Si tu crois que je vais le rester longtemps, tu te trompes lourdement. Jamais les miens et les ailes de nuit ne me laisseront.
- Vraiment ? Et comment seraient-ils que leur très chère et tendre reine est une esclave d'un aile de sable ?
- Lassassin lui me cherchera prononce-t-elle avec une totale confiance.
- Ah, heureux que tu fais allusion à lui.
Python tire une liane et un aile de nuit endormis et encore plus solidement ligoté que Gloria se révèle.
- Vautour m'a juste dit de te ramener. Il n'a rien dit concernant ton garde du corps et petit ami.
- Que…Non…Tu ne vas pas…dit-elle avec une voix faible et incrédule.
- Oui, voilà le visage que je veux voir. Celui de la peur et de la crainte de perdre un être cher. Voyons par quoi vais-je bien commencer. J'ai l'embarras du choix…dit-il en observant l'aile de nuit inconscient.
- Non, pitié Python, gémit-elle.
L'aile de pluie révèle tout son désarroi et sa peur à l'idée de perdre l'aile de nuit. Python sourit de cruauté.
- Pitié ? dit-il. C'est tout ce que tu demandes ?
- Non…Je…J'accepte d'être l'esclave de Vautour. Mais je t'en prie, laisse Lassassin en vie, dit-elle avec une voix faible et remplit de chagrin.
- Hm, dit-il en faisant glisser son aiguillon sous le cou de Gloria, j'admets que tu me déçois, Gloria. Je pensais que tu serais plus résistante. Mais il semblerait que ce dragon est ton point le plus faible.
Gloria se met à pleurer de honte devant ce qu'elle a dû accepter. Elle se moque bien des reproches de Python.
- Je vais le laisser en vie. Je suis sûr qu'il appréciera t'entendre hurler quand Vautour ou même moi te prendrons.
Gloria dévisage son grand-frère devant sa déclaration.
- Que dis-tu ? Nous sommes liés par le sang…
- Ils ne valent rien, étant donné que ton statut sera inférieur à tous les dragons. Tu es une sous-dragonne à partir d'aujourd'hui petite sœur. Tu n'auras le droit d'émettre aucune plainte, juste obéir aux demandes.
Gloria semble plonger dans un terrifiant désespoir en entendant tout cela. Le pire étant que cela vienne de son grand-frère qu'elle respecte énormément. La confusion la gagne en se demandant comment il a pu tourner à ce point.
- Mais je suis sûr que ton ex petit ami pourra combler le plaisir des autres. Je suis sûr que Scorpion appréciera de le prendre. Il aura juste un handicap.
Il dégaine un kunai, le faisant tournoyer dans une serre avant de l'attraper fermement.
- Il sera aveugle.
- Python ! lui hurle Gloria. Tu m'as promis…
- Je ne t'ai rien promis, répond-il de manière dédaigneuse. C'est toi qui l'as imaginé. Observe et hurle tout ton désespoir. Cela va être grandiose et inoubliable.
Python avance son bras quand ce dernier se fige.
- Que…Pourquoi mon bras est stoppé ? s'étonne-t-il.
Puis, sans prévenir, quelque chose le tire et l'envoie voler plus loin. Il se relève, confus.
- Mais qui ose-me…un instant, mais c'est mon câble !
- Non, répond une autre voix. C'est le mien.
Un deuxième Python se montrer, toisant le premier. Gloria et le premier Python sont surpris, puis le premier Python se met à rire comme un fou.
- Je me demandais quand tu arrêterais d'être simple spectateur, ricane-t-il. Tu aurais dû attendre. La suite t'aurait surement plus.
- J'en doute, répond le deuxième Python. J'ai compris ce que tu es. Tu représentes mes parts d'ombres tapis au plus profond de moi.
- C'est exact, lui confirme son interlocuteur, ravi.
Gloria ne comprend rien à la situation.
- Comment peut-il y avoir deux Python ?
- Ne t'inquiète pas Gloria, lui répond le deuxième. Celui qui t'agresse n'existe pas. D'ailleurs tout ce qui t'entoure n'existe pas. Nous sommes dans mon rêve et je me dois de discuter avec lui.
- Discuter ? s'amuse le premier Python. J'aimerais bien savoir comment. Je suis tout aussi doué que toi, si ce n'est plus. Je n'ai pas ta moralité. Tu as dû le voir quand j'ai occis Six-griffes, Armadillo et les autres. J'ai apprécié torturer et mutilé Qibli. Vautour doit apprécier de parler à sa tête.
Python reste silencieux devant les élucubrations de son alter égo.
- J'existe car nous avons toujours fait nos missions seul, sans l'aide de quiconque. J'existe car nous avons perdu nos parents. J'existe car tu cries toujours vengeance. J'existe car nous menons une existence solitaire.
- Tu te trompes sur une chose. Une chose que j'ai mis longtemps à comprendre, borné et buté que je suis.
- Et laquelle est-ce ?
- Je ne suis pas seul, dit-il simplement.
La réponse semble surprendre son interlocuteur et la surprise laisse place à un rire totalement irréel.
- Tu me fais rire. Je m'attendais à bien des choses, mais pas à ça. Prépare-toi à me laisser ta place.
- Je pense qu'il est plutôt tant à toi de disparaitre, et ceux de manière définitive, assure Python.
Son interlocuteur perd patience et se jette sur lui, sauf qu'il est transpercé par un aiguillon au niveau du côté. Puis, il est envoyé au loin. Son alter égo observe son attaquant inconnu. Il en tombe de stupeur.
- Six-griffes ? Impossible ! Je t'ai égorgé moi-même. Je t'ai vu agoniser et mourir ! clame-t-il.
Six-griffes ne dit mots et lui rend un grognement mauvais. L'alter égo regarde autour de lui et constate que tous ceux qu'il a tué sont présents et pas qu'eux.
- Epine ? s'étonne-t-il. Tu devrais obéir sagement à Vautour ! clame-t-il avec ferveur.
- Dommage pour toi, mais tu as échoué, lui répond l'intéressé. Python, puis-je lui rendre la monnaie de sa pièce ?
- Bien sûr, très chère tante.
Ravie de l'entendre, Epine s'approche de l'alter égo et se met à le torturer tout comme elle le fit avec Venin. Une fois fini, elle rejoint les autres. Python s'approche de son alter égo, blessé et toujours consterné.
- Comment est-ce possible ? Je les ai tous tués !
- Aurais-tu oublié que nous nous trouvons dans ma tête. Il s'agit d'un rêve. Si les autres étaient des cauchemars sur lesquels tu étais l'écrivain, tu ne l'es plus maintenant.
Le dragon blessé lui rend un grognement des plus mauvais et sinistres.
- Jamais tu ne pourras m'effacer ! Si tu m'oublis alors tu oublis pourquoi tu as fait tout ça ! Tu oublis la douleur de leur perte. JE SUIS TOI !
- As-tu fini ? répondis Python ennuyé par le monologue de son alter égo. Je ne suis plus ce dragon que tu sembles tant vouloir. J'ai changé. Qibli !
Qibli arrive, joyeux.
- Tu m'as appelé grand-frère ?
- Oui. Je pense que tu as des choses à lui dire.
- Oui, une seule !
Qibli lui enfonce son aiguillon dans le crâne, le tuant.
- Voilà, je me sens déjà mieux.
- Bien.
Python se retourne et libère Gloria.
- Tu peux libérer Lassassin, je te prie, lui demande Gloria.
- Je pense que l'on peut arrêter cette comédie, tu ne le crois pas ? répondis-je simplement.
- Comme tu veux.
Tout disparait autour de moi pour ne laisser qu'un espace blanc. Il ne reste plus que moi et Gloria, du moins pas tout à fait. Gloria se transforme pour devenir un dragonnet aile de sable de six ans. Il s'agit de moi.
- Je me demandais quand tu aller me voir, s'exprime mon jeune moi.
- Pourquoi toute cette histoire ? C'est toi qui es derrière ces cauchemars ?
- Non. Vautour a bien mis quelque chose dans ta gamelle. Nous savons tous les deux qu'il est un dragon vicieux et intelligent.
- Alors pourquoi ?
- Tout simplement parce que tu commences à changer. Tu ouvres à nouveau ton cœur. Ton cœur que tu avais rendu aussi froid que la glace. Je le sais, car tu as épargné Qibli à l'académie.
- Je voulais le tuer. Il a insulté nos parents.
- Pourtant, tu n'es pas aller jusqu'au bout, alors que tu avais toujours juré de le tuer s'il trahissait.
Je reste silencieux devant sa remarque.
- D'ailleurs, cette aventure n'a pas fait que te rapprocher de Qibli au point de le considérer comme un petit-frère.
- Que sous entends-tu ?
Mon jeune moi me regarde et me lance un sourire des plus heureux.
- Dois-je vraiment te le dire ou vas-tu continuer à te voiler la face ? Nous ne sommes pas si différents de papa. Je pourrais même dire, tel père, tel fils.
Je ne sais pas si je dois le dire ou pas, mais je pense qu'il n'y a pas d'autre choix.
- Je suis amoureux de Krystal, c'est bien ça ?
- Oui.
- Mais comment et pourquoi ? J'ignore tout d'elle !
- C'est justement cette inconnue l'élément déclencheur. Tu es tombé sous son charme à la seconde où tes yeux se sont posés sur elle. Ensuite, il a grandi à mesure que tu en apprenais plus sur elle.
- Et si jamais elle ne m'appréciait pas ? J'aurais une peine au cœur.
- Il est vrai que l'on en souffrira. Mais qui ne tente rien n'a rien. D'ailleurs, es-tu si dérangé de révéler ton amour ?
- J'ignore comment le faire.
- Alors, il est temps pour toi de te jeter dans l'inconnu. C'est notre première et dernière discussion. Va de l'avant. Je pense que papa et maman le veulent.
- On ignore ce qu'ils peuvent en penser.
- Alors faisons en sorte de leur montrer que nous avons avancé. Courage. Je suis avec toi.
J'ouvre les yeux. Le soleil ne s'est pas encore levé, mais je me sens en pleine forme.
''Avoir admis mes erreurs semble me faire le plus grand bien.''
Malgré tout, je continu à réfléchir.
''Est-ce vraiment une bonne solution d'avouer à une aile de glace mon amour pour elle, alors que je ne la connais à peine que depuis un jour ? N'est-ce pas me comporter comme les autres ailes de glaces à son égard. Elle mérite mieux, non ?
Je continu à réfléchir, tant et si bien que le soleil à commencer à se lever. Ses rayons traversent ma fenêtre, m'illuminant.
''Je pense que je dois lui dire, qu'importe ce qu'elle pensera. Au pire, elle me criera dessus et c'est tout.''
Je me lève et quitte ma chambre, l'esprit aussi clair que le cristal.
