Le reste des vacances passa à une vitesse folle aux yeux de Hermione. Elle s'était tout à fait habituée à être aux côtés de Drago et elle en avait apprécié chaque minute.
Le jeune homme n'hésitait jamais à la pousser dans ses retranchements ou à la taquiner, parvenant régulièrement à la faire rire. Il était vif d'esprit, pouvant discuter de n'importe quel sujet avec sérieux avant de l'entraîner dans une joute verbale dont il avait le secret. Cependant, ce n'était plus les affrontements du temps de Poudlard, les yeux brillants du jeune homme et son ton léger prouvaient que c'était uniquement pour plaisanter.
Étrangement, Hermione appréciait ces moments, bien plus qu'elle ne l'aurait imaginé. Il y avait également ces moments où Drago semblait presque fragile, perdu dans ses pensées, une ombre dans son regard gris. Elle devinait qu'il était submergé par le passé dans ces moments et elle s'installait près de lui en silence, attendant qu'il revienne au présent, lui montrant juste qu'elle était là pour lui. Qu'elle le soutenait.
Compte tenu de son ingérence lors de sa première visite, Narcissa était remarquablement absente. Elle restait hors de vue la plupart du temps et ils ne se rejoignaient qu'aux moments des repas. Même à ces moments, sa conversation restait polie et elle ne faisait jamais le moindre commentaire au sujet de leur entente, de leur relation ou de leurs projets.
Parfois, elle les observait pensivement et souriait juste, l'air satisfait.
Hermione était surprise de son comportement près d'elle : Narcissa semblait l'apprécier sincèrement et s'intéressait à ses projets ainsi qu'à sa scolarité. Même si elle avait voulu rester un peu méfiante envers elle, elle avait fini par oublier ses doutes.
La veille de reprendre le Poudlard Express, alors que Hermione rassemblait ses affaires, elle prit conscience avec un léger choc qu'elle n'avait pas la moindre envie de repartir à Poudlard.
Elle se laissa tomber sur le bord de son lit, le regard dans le vague, essayant de comprendre ce qui avait changé. Elle avait toujours aimé étudier, après tout.
Avec surprise, Hermione prit conscience que c'était elle qui avait changé. La guerre l'avait changée, profondément. Elle avait cessé de vivre dans les livres comme lorsqu'elle était enfant, ouvrant enfin les yeux sur le monde qui l'entourait.
Sa relation avec Drago avait probablement été la dernière étape de sa transformation. Le jeune homme n'avait jamais cherché à l'éloigner de ses lectures ou à la détourner de ses projets ambitieux. Il se contentait de la soutenir à sa façon, en lui proposant des grimoires traitant de politique sorcière ou en lui apprenant ce qu'il savait sur le Magenmagot, par exemple.
Il semblait autant aimer apprendre qu'elle. Drago était également déterminé à obtenir ses Aspics, autant que Hermione…
Hermione sourit lorsque Drago frappa légèrement à la porte et qu'il entra, probablement pour savoir ce qui lui prenait tant de temps. Il regarda autour d'eux, notant les affaires de Hermione encore éparpillées entourant sa malle grande ouverte et il leva un sourcil amusé.
— Tu peux toujours laisser ce dont tu n'as pas besoin ici. C'est ta chambre, pour aussi longtemps que tu le voudras.
Hermione hésita brièvement, surprise de la déclaration tranquille de Drago, puis elle le remercia calmement, le cœur battant. Après un moment de silence, elle finit par avouer, à voix basse.
— C'est juste que je n'avais pas envie que les vacances se terminent.
Drago sembla surpris, puisqu'il la fixa un long moment avant de hocher lentement la tête.
— C'était agréable, effectivement. Mais… tu reviendras, la prochaine fois ?
Il y avait une pointe d'incertitude dans sa question, comme s'il doutait de la volonté de Hermione de poursuivre leur relation. Elle lui tendit la main pour qu'il s'approche d'elle et elle entremêla leurs doigts avec un sourire.
— Tu en doutes ?
Le jeune homme se détendit et il répondit à son sourire, en haussant les épaules.
— Il m'arrive parfois de me demander si c'est réel. Depuis que tu es venue ici, avec cette proposition si inattendue… tout a changé si vite.
Hermione renifla légèrement, ses yeux brun brillant d'amusement.
— Tu n'imaginais pas que je serais… fréquentable ?
Drago plissa le nez, légèrement amusé.
— Je n'imaginais pas que tu pardonnerais mon comportement passé.
Hermione le fixa avec sérieux, puis elle murmura, pleinement sincère.
— Tu n'es plus cette personne, Drago. Tu as changé, mûri. Et si tu en doutes, dis-toi que je n'aimerais pas autant passer du temps avec toi si tu étais le même abruti qu'à Poudlard.
Drago posa une main sur sa poitrine, avec un ricanement amusé.
— Touché en plein cœur… tu sais comment faire des compliments toi !
Hermione gloussa, amusée par ses facéties, avant de se calmer et de resserrer sa prise sur la main de Drago.
— Tu parlais de ma proposition, mais… tu es… toujours d'accord avec ça ?
Drago lui jeta un bref coup d'œil attentif et il secoua la tête, avec un soupir.
— Pour quelqu'un d'aussi… intelligent, tu es particulièrement peu sûre de toi, je trouve. Je n'ai qu'une parole, tu sais ?
Hermione pinça les lèvres et renifla, avec une pointe d'agacement.
— Peu importe. Je veux savoir si tu le veux aussi.
Le jeune homme grogna légèrement, alors qu'il fixait Hermione avec affection.
— Il me semblait pourtant que mon comportement près de toi serait évident. Je suis peut-être forcé de faire profil bas compte tenu de la situation, mais crois-moi, si je n'étais pas consentant, tu serais la première à le savoir.
Hermione semblait sur le point d'objecter, alors il secoua la tête avec un sourire et il reprit immédiatement, sans la quitter des yeux.
— Mes parents ont été un exemple quotidien d'un mauvais mariage. J'aime ma mère, mais elle est la reine du passif-agressif… Quant à mon père, je n'ai pas besoin de te détailler ses façons d'agir, je pense. Si je ne t'appréciais pas, Hermione, tu l'aurais compris depuis la première seconde, tu sais.
Hermione plissa les yeux, avant de soupirer.
— Et dire que je m'inquiétais pour toi. Je te trouvais bien trop… docile ! J'ai passé des heures à me demander si tu étais réellement décidé à m'épouser ou si tu obéissais aux ordres de ta mère pour redorer le blason de la famille Malefoy…
Drago s'indigna aussitôt, les yeux brillant de malice.
— Docile ? Moi ?
Avec un sourire, il se redressa pour se pencher sur Hermione, jusqu'à ce qu'elle tombe en arrière, le dos sur le matelas. La surplombant, il la dévisagea un instant, avec tant d'intensité qu'elle rougit, puis il se pencha davantage pour l'embrasser, lui montrant qu'il n'avait aucune réticence à être à ses côtés.
