25/07/2023
Bonjouuuuur !
J'ai pas du tout écrit depuis la dernière fois (j'ai trop de choses en ce moment, cool et pas cool, bref la vie quoi), mais j'ai un peu d'avance, alors voici le nouveau chapitre qui contient LA révélation ! (enfin, un petit pas sur le chemin de la compréhension mdr) dites moi ce que vous en pensez :)
CW pour ce chapitre : blessures
Bonne lectuuuure !
Eanthy
Asuna Konoe n'était pas une personne exigeante avec son entourage. Elle n'émettait jamais de jugement sur les autres, après tout, ils n'étaient que des données pour elle : il n'y avait pas à les apprécier ou non, simplement à les accepter et à faire avec. "Faire avec", c'était son job. Elle faisait de chaque situation la meilleure possible pour elle, et il était rare qu'elle le fasse mal. Lorsque c'était le cas, elle ne s'en prenait qu'à elle-même, et au manque de contrôle sur son Alter et sur son esprit.
Pourtant, ce matin-là, Asuna envisageait sérieusement de commettre un meurtre à l'encontre de la personne qui tambourinait à sa porte depuis maintenant plusieurs secondes. Elle pouvait passer des dizaines d'heures sans dormir si nécessaire, mais lorsqu'elle avait besoin de sommeil, ce n'était pas négociable. Et là, après cette première semaine à Yuei, elle avait un besoin de repos quasi-vital. Asuna eut une pensée affectueuse pour elle-même dans le passé, qui avait la flemme de devoir apprendre et contrôler un nouvel environnement – si naïve. Maintenant, elle ne pouvait même plus imaginer ce qu'était la flemme, tant elle avait de choses à faire et apprendre.
En plus, la personne qui l'avait réveillée n'avait visiblement pas été affectée par son Alter, ce qui ne présageait rien de bon. Asuna était énervée. Elle ouvrit la porte à la volée.
« Quoi ? » jeta-t-elle, agressive.
En face d'elle se tenait Izuku Midoriya, l'air déconfit. Ses cheveux verts partaient dans tous les sens, et il avait visiblement revêtu à la hâte un short et un T-shirt froissés. Il tenait dans une main un carnet élimé et dans l'autre un stylo. Il inspira profondément, probablement pour se donner du courage, et leva les yeux vers elle :
« Bonjour Konoe, je suis désolé de t'avoir réveillée. J'aimerais discuter avec toi, mais je peux revenir à un autre moment si tu veux. »
Asuna hésita. Ce mec était un mélange déroutant de timidité et de détermination. Ses joues étaient rougies de honte et ses yeux humides de gêne, pourtant son regard ne s'était pas détourné une seule fois du sien ; il maintenait le contact visuel avec une ténacité surprenante. Et puis, il y avait cette étincelle dans ses iris, comme si rien ne pouvait le détourner de son objectif. Elle comprenait que son Alter bridé n'ait pas fonctionné avec celui-là, il n'y avait visiblement pas un monde où elle aurait pu échapper à cette discussion et épargner son sommeil. Asuna n'était plus énervée, elle était curieuse.
« Non, je vais juste me changer, attends moi deux minutes s'il te plaît.
– Merci beaucoup, Konoe ! »
Asuna revêtit rapidement un jogging et un T-shirt propres, se brossa les dents et brossa ses cheveux. Elle prit ses lunettes de soleil au passage et rejoint Midoriya en fermant la porte de sa chambre derrière elle.
« On va se balader ? proposa-t-elle.
– Oui, parfait », approuva Midoriya.
Le soleil ne brillait pas vraiment aujourd'hui, mais sous la fine couverture nuageuse, la luminosité restait assez élevée. Une fois à l'extérieur, Asuna chaussa ses lunettes et prit un grand bol d'air frais. Il n'était pas tout à fait dix heures, la plupart des étudiants étaient encore à l'intérieur en ce premier samedi à l'internat.
La semaine était passée à une vitesse hallucinante. Le test d'aptitudes s'était bien passé pour Asuna, qui avait terminé huitième du classement. Elle n'avait obtenu de record dans aucune des épreuves, mais avait maintenu un bon niveau dans chacune d'elles, comme prévu.
Les cours s'étaient ensuite enchaînés, ne lui laissant que peu de temps en dehors des heures de classe et des devoirs pour avancer ses propres projets. Il n'y avait pas eu de nouveaux cours pratiques. Elle avait tout de même maintenu ses entraînements journaliers, qui lui prenaient plusieurs heures chaque soir, et avait passé le plus clair de son temps libre en journée avec Ashido, et parfois Kirishima.
Ashido était une crème. Cette fille était avenante, gentille, drôle, spontanée, attentionnée, bref, tout ce qu'Asuna n'était pas. Il lui était d'autant plus difficile de garder une certaine distance, que la brune se surprenait à l'apprécier réellement. Elle avait rarement vu une personne performer l'amitié avec autant de sincérité. D'ordinaire, Asuna ne culpabilisait pas vraiment de se servir des autres pour atteindre ses objectifs : les relations entre êtres humains n'étaient que des échanges de bons procédés, et elle savait que les autres le savaient aussi. Elle était juste la plus maligne, alors elle s'en sortait mieux que tout le monde, et ça lui convenait très bien. Mais Ashido, elle, donnait sans rien attendre en retour. Elles partageaient leurs repas, leurs impressions de la journée, parlaient pour le plaisir de ne rien dire, et de se séparer ensuite pour vaquer à leurs occupations. Comme si l'amitié n'était pas pour Ashido un moyen d'obtenir quelque chose, si ce n'était passer le temps. Alors, Asuna l'aimait bien, parce qu'elle était rafraîchissante.
Kirishima était brut de décoffrage. Il disait tout ce qui lui passait par la tête, et ça ne volait pas bien haut. La plupart du temps, cela se résumait à de profonds discours d'automotivation à voix haute sur l'importance du dépassement de soi et du fameux concept de virilité, ainsi qu'à emporter dans son sillage les malheureux qui se seraient trouvés à portée de voix (ils étaient nombreux). Cela convenait très bien à Asuna, qui devait de toute manière s'entraîner régulièrement. Ainsi, elle avait partagé quelques séances de musculation et de course à pied avec Kirishima, et parfois d'autres étudiants.
Asuna avait aussi fait connaissance avec les autres personnes de la seconde A, notamment grâce à Ashido qui constituait un lubrifiant social incroyable ; mais elle n'avait eu de discussion approfondie avec personne d'autre qu'elle pour l'instant. Asuna avait beau connaître une bonne partie de la vie de chacun de ses camarades grâce à ses recherches, ce n'était pas réciproque. De ce fait, il était assez étrange de retrouver Midoriya tambourinant sur le pas de sa porte un samedi matin. Ce n'était pas prévu, donc inquiétant et intéressant à la fois.
Le garçon était timide, mais il avait déjà des amis dans leur classe – Ochako Uaraka et Tenya Iida. Physiquement, il était petit, et ses vêtements dissimulaient mal une carrure assez impressionnante pour son âge – Asuna l'avait surpris maintes fois en cours à utiliser des pinces de musculation sous son bureau. La brune n'en savait pas beaucoup plus sur lui par rapport au début de la semaine, si ce n'était sur son Alter et sa relation avec Bakugo.
Midoriya et Asuna se dirigèrent vers l'orée de petits bois qui bordaient le campus. Asuna avait repéré un petit banc dans un coin, sur lequel ils s'installèrent. Instantanément, Midoriya se mit à ouvrir et fermer nerveusement son carnet. Asuna attendit patiemment qu'il se décide à parler.
« J'ai appris que tu n'avais pas d'Alter », lâcha-t-il soudain.
Il se tourna vers elle et vrilla ses grands yeux verts dans les siens. Derrière ses lunettes de soleil et son masque indifférent, Asuna n'en menait pas large. Elle sentait que la discussion allait être éprouvante.
« Je… » Midoriya semblait hésitant. « J'aimerais savoir comment c'est possible de devenir une super-héroïne sans Alter. Moi-même… »
Asuna leva un sourcil.
« Tu t'entraînes tous les jours, reprit Midoriya. Tu as eu de bons résultats au test d'aptitudes, tu as fini première à l'examen d'entrée. Tu es capable de courir un marathon, et de tenir tête physiquement et stratégiquement à des élèves de Yuei et leurs Alters. Pourtant… je ne pensais pas que ça pouvait suffire. Est-ce que tu pourrais m'expliquer comment tu fais ? »
Midoriya tenait son carnet ouvert à une page qui contenait déjà visiblement une représentation d'elle et plusieurs paragraphes déjà écrits. Apparemment, Asuna n'était pas la seule à se servir excessivement de ses capacités d'observation pour analyser les autres. Elle aurait presque pu être effrayée si elle n'avait pas été dix fois pire que lui à ce niveau.
Asuna s'attendait à recevoir de la surprise et des questions sur sa prétendue absence d'Alter, et comptait sur la suspension d'incrédulité de son entourage pour esquiver le sujet. Après tout, il n'y avait pas de raison de douter d'elle. Elle n'utilisait aucun pouvoir visible, et elle n'était pas le premier phénomène à rentrer à Yuei. Pourtant, elle sentait que le garçon en face d'elle avait réfléchi à la question, au moins autant qu'elle. Et ce n'était pas peu dire.
Pour cette raison, la discussion était devenue plus intéressante qu'inquiétante. Asuna pensait pouvoir la retourner à son avantage.
« Toi-même… ? »
Midoriya la regarda sans comprendre.
« Tu n'as pas fini ta phrase. »
Ce fut au tour du vert d'être mal à l'aise.
« Mon Alter s'est déclaré assez tard. Je n'aurais jamais pensé pouvoir intégrer Yuei avant ça. J'ai passé mon enfance à vouloir devenir un super-héros, et à penser que c'était impossible. J'ai même croisé… un super-héros qui me l'a confirmé. Sans Alter, impossible de devenir un super-héros.
– Quel super-héros t'a dit ça ? »
Midoriya sembla encore plus gêné, et ne répondit pas. Asuna s'en voulait un peu de le pousser dans ses retranchements. Elle savait pertinemment qu'il y avait quelque chose de particulier avec l'Alter de Midoriya, elle l'avait vu pendant le test d'aptitude. Il s'était brisé un doigt pour utiliser son Alter, comme si son corps ne supportait pas son pouvoir. Asuna savait qu'il cachait quelque chose, et son malaise en était la preuve. Elle aurait ses réponses en temps voulu, mais pour l'instant, protéger son secret comptait plus. Elle était persuadée que Midoriya en arriverait à la même conclusion de son côté. Alors, elle allait le pousser à bout, jusqu'à ce qu'il la laisse tranquille. Elle reprit, implacable :
« J'ai entendu Bakugo dire que tu n'avais pas d'Alter, pendant le test. Vous étiez ensemble au collège, c'est ça ? Donc assez tard, c'est un euphémisme, non ? À ce stade, c'est du jamais vu. Comment c'est possible ? »
En effet, lors son passage lors du test d'aptitude, Asuna avait assisté à cette scène affligeante au cours de laquelle Bakugo avait assuré que "Deku" n'avait pas d'Alter et allait se ridiculiser, avant de lui faire une scène lorsqu'il avait constaté sans nul doute possible la présence d'un Alter chez son camarade d'enfance. Elle avait ainsi eu le fin mot de l'histoire concernant la teneur de leur relation : Bakugo avait probablement été le harceleur de Midoriya, avant Yuei.
En face, Midoriya semblait réfléchir à toute vitesse. Soudain, son regard s'éclaira, comme s'il venait de comprendre quelque chose. Il sembla hésiter. Et contrairement à ce qu'espérait Asuna, elle vit cette lueur de foutue détermination s'installer dans ses yeux. Et merde…
« Et pendant sa discussion avec toi, il m'a semblé entendre qu'il ne croyait pas au fait que tu n'avais pas d'Alter. »
Bien sûr. Avec son habitude de gueuler tout le temps, on ne pouvait pas ne pas entendre Bakugo. Au grand désespoir d'Asuna, Midoriya continua :
« Comme tu le sais, je connais Katchan depuis l'enfance. C'est la personne la plus intelligente et observatrice que je connaisse. Il a beau être insupportable, je l'admire énormément. Il a quasiment toujours raison. »
Elle était dans la merde.
Foutus extra-terrestres de Yuei. Impossible de les contrôler. Elle faisait des erreurs, elle ne se reconnaissait plus. Elle était acculée.
« Donc, il a raison pour toi ? Tu n'avais pas d'Alter ? tenta-t-elle.
– Est-ce qu'il a raison pour toi, Konoe ? »
Comment aurait-elle pu se douter que Midoriya tenait Bakugo en si haute estime ? Comment pouvait-il avoir une telle foi en cette raclure ? Elle n'aurait jamais pensé que quiconque pourrait prendre au sérieux Katsuki Bakugo et ses sales manières, lui plus qu'elle. Et encore moins Midoriya. Rien de tout cela n'était logique.
Il avait vraiment fallu qu'elle se retrouve dans le collimateur de Bakugo. Il avait vraiment fallu que son Alter lui joue un mauvais tour, ce jour-là.
Asuna avait perdu le contrôle. C'était impensable. Tout ça parce qu'elle avait voulu s'amuser un peu, se croyant toute-puissante. Elle avait voulu finir première à l'examen, puis elle avait voulu se moquer de Bakugo. Elle avait voulu s'amuser. Elle pouvait remercier les extra-terrestres de Yuei pour cette leçon. Elle ne les sous-estimerait plus.
Asuna sentait ses mains trembler, sa vue se brouiller, sa respiration s'accélérer. Un instant, elle hésita à déchaîner son Alter. S'enfuir, tout recommencer. Au prix d'un immense effort, elle effaça sa panique, retranchant toutes ses émotions dans un coin de sa tête. Elle ne pouvait pas se permettre de laisser plus de choses échapper à son contrôle. Il fallait réfléchir, pas ressentir, sa survie en dépendait. C'était la seule façon de rester raisonnable.
Elle devait se décider. Devait-elle se confier ?
En réalité, elle n'avait pas le choix. Midoriya avait déjà deviné pour son secret, tout comme elle avait deviné pour le sien. Le mal était fait. Elle n'avait pas l'avantage cette fois-ci, mais lui non plus. Asuna devrait se contenter d'un match nul. Cette décision la révulsait, mais il n'y en avait aucune autre possible. Elle vérifia qu'il n'y avait personne autour d'eux, et prit une grande inspiration.
« Très bien. J'ai un Alter. C'est un secret, et personne ne doit le savoir, sinon il fonctionnera moins bien. Je ne peux pas me permettre que des vilains, par exemple, l'apprennent. »
En réalité, Asuna ne faisait pas vraiment de différence entre les vilains et les autres, puisque tout le monde sans exception devait être sous son contrôle. Elle pensait toutefois que Midoriya serait plus compréhensif si elle donnait cette explication.
En face, les yeux de Midoriya se mirent à briller tandis qu'il hochait précipitamment la tête. Il semblait difficilement s'empêcher de se saisir de son stylo pour écrire en détail ce qu'elle s'apprêtait à révéler, ce dont Asuna lui fut reconnaissante. Elle se força à respirer profondément.
Un frisson de dégoût pour ce qu'elle s'apprêtait à faire lui traversa le dos, lorsqu'elle articula :
« Mon Alter s'appelle Chance. »
Asuna pouvait tout faire. Elle avait dix ans, et son plus beau cadeau d'anniversaire aujourd'hui, était la vérité.
Asuna pouvait tout faire. Son Alter était la toute-puissance. Elle avait eu raison depuis le début.
Asuna pouvait tout faire. Elle venait de faire partir les nuages ! Le monde était à elle, et elle le méritait.
Asuna pouvait tout faire, et elle allait le faire.
Elle imagina des ballons à l'hélium à l'effigie de tous ces super-héros qu'elle s'était toujours empêchée d'admirer, et poussa un cri de bonheur lorsqu'un bouquet de ballons multicolores apparut dans sa main. Sous la surprise, elle les laissa échapper. Hilare, l'enfant essaya de sauter pour les rattraper. Le goudron, sous ses pieds, devint souple comme un trampoline, et elle rebondit toujours plus haut, jusqu'à dépasser de loin le toit de sa maison. Un nuage de coton apparut soudain sous ses fesses, et à son bord elle s'envola vers le ciel, ivre de joie, à la poursuite de ses ballons.
Mais, alors qu'elle allait les attraper, une chape de fatigue s'abattit comme du plomb sur ses épaules. D'un coup, Asuna perdit conscience.
Lorsqu'elle se réveilla, des éclairs zébraient le ciel d'un noir d'encre. Une pluie torrentielle se déversait sur elle. Elle hurla de douleur. Tous les os de son corps semblaient s'être brisés en mille morceaux.
Les larmes se mêlaient à la pluie et à la morve sur son visage. Elle haletait, chaque bouffée d'air était un supplice. Le goût métallique du sang dans sa bouche lui donnait envie de vomir. Son crâne pulsait et son coeur semblait comme remonté dans sa gorge.
Incapable de bouger ne serait-ce que d'un centimètre, allongée sur le dos, Asuna ne put que contempler le ciel brouillé par ses larmes, pendant ce qu'il lui sembla une éternité. Elle crut entendre des cris au loin, mais les sons étaient étouffés. Le vacarme de la pluie qui heurtait le goudron lui vrillait les tympans.
Les nuages s'amoncelaient au dessus de sa tête, comme s'ils allaient étouffer le ciel.
Soudain, une lumière aveuglante s'abattit sur elle. Un horrible son explosa dans son crâne, et une douleur atroce la traversa de part en part. Puis, ce fut le noir total.
La dernière chose dont elle eut conscience fut une légère odeur de viande grillée.
Et voilouuuu ! Pitié dites moi ce que vous en pensez mdr, Asuna a un pouvoir concept que j'espère vous faire comprendre petit à petit mais je suis curieuse de vos retours. Quelles sont vos théories à ce stade de l'histoire ? Bisouuuus !
