Un peu plus loin, Norbert était assis, face au mage noir, Grindelwald en personne. Celui-ci semblait apprécier sa dernière trouvaille, comme s'il ne s'agissait que d'un simple objet rare qu'il aurait trouvé en flânant dans des rues peu fréquentées.

— Vous êtes plus coriace que nous ne l'avions imaginé, admit-il en posant deux doigts sur ses lèvres qui dessinaient un sourire. Dites-moi, comment avez-vous vécu notre dernière rencontre ? Il me semble que vous étiez avec Leta Lestrange avant ce léger incident.

Un léger incident. Norbert avait du mal à rester parfaitement impassible. Comment pouvait-il comparer la mort de Leta à un léger incident ?

— C'est Albus qui vous envoie, n'est-ce pas ?

Le magizoologiste ne répondit pas. Cela n'était pas nécessaire de toute manière. Il était évident que le mage noir avait déjà la réponse.

— Ne te demandes-tu pas pourquoi notre cher Albus ne se charge pas lui-même de me retrouver ? Ou, alors, savez-vous ce qui le retient ? Aurait-il eu le courage de l'admettre ?

Voyant qu'il n'obtiendrait aucune réponse, il se tourna vers un des sorciers derrière lui et demanda :

— Mademoiselle Goldstein arrive-t-elle donc ? Nous l'attendons avec impatience et je commence à trouver cela très long.

Norbert ouvrit de grands yeux et serra les poings en questionnant le mage :

— Qu'allez-vous lui faire ?

— Voyez-vous, Monsieur Dragonneau, si je n'obtiens pas de réponse pour des questions aussi futiles que celles que je vous ai posées, je doute en obtenir pour celles que je réserve pour plus tard, sans employer la manière forte.

— Ne lui faites aucun mal, je vous en prie.

— Ah, l'amour… Si beau et pur. Mais ce n'est qu'une illusion.

Ils furent interrompus par l'arrivée précipitée d'une femme à l'air effrayé. Celle-ci, d'une voix saccadée, annonça :

— Les prisonniers… Ils se sont enfuis. Regg et Wils ont été retrouvés inconscients dans leur cellule et dépouillés de leur baguette.

— Comment cela est-il possible ? marmonna Grindelwald pour lui-même avant de s'adresser à la nouvelle arrivante. Il faut les retrouver. Mettez tout le monde à leur recherche et amenez-moi Queenie Goldstein et Croyance – Aurelius, pardon. Et, surtout, si vous tombez sur April Will, limitez vos coups. J'aspire encore à la faire rejoindre nos rangs.

La sorcière acquiesça et quitta la pièce, tandis que le mage se tournait de nouveau vers Norbert.

— Vos amis ne s'en sortiront pas comme ça, je vous le promets.

La porte s'ouvrit peu de temps après qu'il se soit tu, affichant un sourire mauvais, laissant apparaître Queenie et Croyance. Norbert échangea un regard avec la Legilimens qui semblait à la fois inquiète et préoccupée. Il la vit se détendre légèrement et il comprit qu'elle venait de lire dans ses pensées. Il ne s'en inquiéta pas, car il savait intérieurement qu'elle voulait seulement s'assurer que sa sœur allait bien. Elle devait donc savoir ce qu'il s'était passé entre eux, un peu plus tôt dans la journée. Il ne put empêcher ses joues de prendre une teinte rosée.

— Nos invités semblent peu ravis de se trouver parmi nous, mais nous réglerons cela en un instant. Mademoiselle Goldstein, pensez-vous qu'il soit possible qu'ils parviennent à s'échapper ?

— C'est peu probable.

Elle fixait toujours Norbert qui avait les yeux rivés vers le sol.

— Connaissez-vous les capacités de tous nos prisonniers ? se permit de demander Croyance d'une voix faible.

— J'ai déjà vu Porpentina Goldstein à l'œuvre. Emy m'a parlé des capacités de sa sœur, Helena. Je connais bien celles de William et de sa fille, ainsi que celles d'April Will. C'est d'elle dont je me méfierais le plus. J'ai entendu parler de Thésée Dragonneau. Et puis, le Moldu. Et selon Emy, Dean, Elizabeth et John, cette Aysha ne vaut rien.

Norbert haussa les sourcils, mais ne répliqua rien. Il valait mieux que l'on sous-estime Aysha. Ils auront des surprises. Le magizoologiste dut se retenir de sourire, car il savait que ce petit détail pourrait leur permettre d'avoir une chance de s'enfuir. Lorsqu'il redressa la tête, il croisa le regard de Queenie. Elle devait savoir. Mais, même si cela était le cas, elle ne fit pas part de ses pensées à Grindelwald. Ce dernier se leva lorsque la femme que Tina et le magizoologiste avait vue dans la rue plus tôt – avant qu'elle ne disparaisse – entra.

— Qu'en est-il de nos fugitifs, Rosier ?

— Mauvais pour eux. Nous les avons tous les neuf. Malheureusement, il semblerait qu'une baguette soit toujours en leur possession. C'est Helena Wilson qui avait la première, mais nous ne parvenons pas à mettre la main sur la dernière.

— Allons les retrouver. Ils seront peut-être plus coopératifs. Amenez Monsieur Dragonneau et suivez-nous tous les deux.

Ainsi, ils quittèrent la pièce et traversèrent de nombreux couloirs, tous plus sombres les uns que les autres, avant de déboucher dans un grand espace où chacun des amis de Norbert était maintenu par deux partisans de Grindelwald. Le magizoologiste se retrouva au centre du cercle avec Croyance, Queenie, Rosier et le mage noir. Il croisa le regard de Tina et ils se fixèrent avec intensité, inquiets l'un pour l'autre.

— Quels piètres invités vous faites, s'amusa alors Grindelwald. J'en attendais mieux de vous. Dites-moi… Où donc cachez-vous la baguette de notre cher ami ? Où est cette Aysha Wilson ?

Ce fut Dean et Emy qui la firent avancer vers le mage noir sans qu'elle ne se débatte. Norbert pouvait dans ses yeux une lueur de malice.

— Mademoiselle Goldstein, fit alors Grindelwald, coupant le contact visuel entre Jacob et Queenie, pouvez-vous donc me dire où se cache notre dernière baguette, grâce aux douces pensées de notre invitée ?

Dean et Emy échangèrent un regard. Ils savaient qu'Aysha était une Occlumens talentueuse et avaient omis de le dire au mage noir. Norbert regarda Queenie se placer lentement face à son amie, Emy et Dean s'efforçant de ne pas laisser transparaître leur inquiétude. Queenie fixa de longues secondes Aysha, fronçant les sourcils, avant de se tourner vers le sorcier et de lui annoncer d'une voix hésitante :

— Ils… Ils n'ont pas gardé la dernière baguette.

Grindelwald parut aussi surpris que Norbert et Dean et Emy, ravis de ne pas avoir à se retrouver dans une situation délicate. Cependant, l'arrivée de deux personnes – ces deux personnes qui avaient débarqué chez William et sa fille – allait changer la donne.

— Mensonge ! gronda la femme en s'approchant de Queenie.

— Que voulez-vous dire, Elizabeth ? l'interrogea Grindelwald, légèrement agacé.

— D'après mes souvenirs, malgré les piètres talents de cette vermine, elle est une excellente Occlumens, je peine à le dire.

Le mage noir parut d'abord surpris avant de se tourner d'abord vers Queenie, puis vers Emy et Dean.

— Je préfère laisser de côté cette histoire pour l'instant.

— Excusez-moi, l'interrompit l'homme, cette fois.

— John ?

— Ma femme et moi aimerions beaucoup tester quelque chose sur votre prisonnière. Il fut un temps où elle présentait d'étranges capacités.

Norbert fronça les sourcils, voyant Aysha blêmir. Il ignorait de quoi il parlait, mais cela avait l'air d'effrayer la principale concernée.

— Très bien, finit par accepter Grindelwald.

John sortit sa baguette et se plaça face à sa fille benjamine, un sourire mauvais sur les lèvres. Le magizoologiste vit des larmes remplir les yeux de son amie et il sentit son cœur se serrer. Il observa ensuite John lever sa baguette et, dans un murmure, prononcer :

Endoloris.

Tous furent pris de surprise et tournèrent la tête vers la personne ciblée. Elle n'eut aucune réaction. Elle restait debout, brisée par une blessure ancienne. Norbert entendit le rire moqueur de Grindelwald, mais Elizabeth assura :

— Si vous pensez vraiment que nous n'y parvenons tout simplement pas, essayez par vous-même.

Le mage fronça les sourcils avant de finir par accepter le défi, sous les regards interloqués des personnes qui l'entouraient. Il s'approcha, pointa sa baguette sur la jeune femme et prononça le même sort.

Mais, là encore, rien ne se produisit.