Chapitre 9 : Our Race Begins
Le circuit formait un sentier circulaire, qui partait des portes sud de la cité et faisait le tour du Bois d'Or. Une grande assemblée d'elfes criait et chantait pour mener les cinq participants à cheval à travers les nombreux chemins sinueux jusqu'aux grandes et solides portes de la cité. Les cinq concurrents suivirent la foule, en passant à travers celle-ci, tout en discutant de la course.
« — Qu'est-ce que cette course de chevaux a à voir avec le tir à l'arc, Eledhel ?, grommela Haldir.
« — Tout !, répondit Eledhel, plein d'enthousiasme. Sur cette dernière partie, vous devez faire preuve de vitesse et d'agilité avec votre arc pour pouvoir gagner. Le long de la piste, des points de contrôle ont été mis en place. Vous devez vous arrêter à chaque point de contrôle et frapper les cibles avant de continuer. Si vous manquez une cible, vous devez retourner au point de contrôle précédent et recommencer.
— Cela semble assez facile, commenta Belegil.
— Ai-je mentionné qu'il y avait quelques obstacles sollicitant votre réflexion sur le chemin entre chaque point de contrôle ? », renchérit Eledhel.
Miredhel commençait à douter de sa place dans cette course. Des obstacles? Comment allait-elle rivaliser avec des guerriers tel que Belegil, ou même son propre frère ?
Legolas remarqua l'expression morose sur son visage et se demanda s'il devait lui parler ou non. Même si c'était un mot gentil, elle s'offenserait plus qu'autre chose. Il était plus prudent qu'il reste silencieux.
« — Ma dame, y a-t-il un souci ? », l'interrogea Legolas.
Il ne se souciait aucunement de la prudence.
« — Excusez-moi, mon seigneur ?, commenta Miredhel après un silence. Lui parlait-elle?
— Je voulais juste savoir si quelque chose vous importunait, ma dame. Vous semblez plutôt renfermée pour une dame qui vient de gagner les cœurs de tant de gens.
— Oh !, s'eclama-t-elle puis elle se redressa. J'étais juste concentrée sur la tâche à accomplir, sur la course. »
Elle marqua une pause.
« — J'ai toujours l'intention de gagner notre pari. »
Les oreilles de Belegil, Farothin et Eledhel se redressèrent immédiatement. Quels étaient les termes de son pari avec Legolas, se questionnèrent-ils. Ils chevauchèrent en silence, espérant entendre le prince et la dame.
« — Avez-vous si peur du changement , Dame Miredhel ?, demanda Legolas, faisant référence au choix d'Eledhel de quitter la Lothlórien.
— Je ne crains rien, dit-elle en secouant la tête.
— Je n'en crois rien, déclara Legolas. Je pense que vous avez peur que je gagne mon pari aujourd'hui. »
Les autres elfes se penchèrent en avant.
« — Ah ! »
Elle rit avec mépris, puis s'adoucit:
« — Je ne crains pas le changement, mais je ne le souhaite pas non plus.
— Parfois, la vie prend un meilleur tournant, suggéra Legolas.
— Comme ..., l'encouragea-t-elle.
— Comme se faire de nouveaux amis, acheva Legolas. Et gagner des courses ... et certains paris. »
Dame Miredhel rougit. Le Prince Legolas, bien qu'il fut terriblement fier et prétentieux à ses yeux, n'était pas tout à fait désagréable à regarder. Elle avait accepté le pari sur un coup de tête, car il avait été si charmant dans le jardin à ce moment-là. Elle croisa son regard et lui assura:
« — Mon Seigneur, quel que soit le résultat, j'accepterai courtoisement les termes de notre pari.
— De même pour moi. », accepta Legolas, un peu trop enjoué.
Miredhel semblait rétrécir face à son enthousiasme.
« — Seulement ... »
Miredhel marqua une pause et baissa la voix. Son frère et ses amis se penchèrent pour entendre ses mots.
« — Si vous gagnez..., chuchota-t-elle. Je ne veux pas ... vous savez, devant tout le monde. »
Eledhel et ses deux amis échangèrent des regards curieux. Pendant ce temps, Haldir, qui n'était pas au courant du pari, se trouva complètement confus.
« — De quoi parlent-t-ils?, demanda-t-il à voix haute.
— Chut ! Mon oncle, nous essayons de le comprendre ! », répondit Farothin .
Malgré l'espoir affectueux des amis de découvrir le pari secret de Miredhel avec le prince, cela ne serait d'aucune utilité.Le défilé de joyeux elfes était arrivé aux portes de la cité.
Les cinq archers s'alignèrent à l'entrée. Des portes, Legolas pouvait voir le chemin de la course dessiné par des drapeaux. Il chuchota à Arod d'être rapide. Le drapeau de signal tomba sur le sol de la forêt. La course avait commencé.
Les chevaux bondirent au départ de la porte. Legolas apprécia la sensation de la brise de la forêt sur sa joue et la façon dont la crinière de Arod fouettait ses mains. Les autres elfes se maintinrent à une même foulée, le tout à une distance de quelques centimètres. La première partie du circuit menait tout droit à travers les bois, les hauts mellyrn couvraient les flancs des chevaux.
Eledhel cria pour couvrir le bruit des sabots qui martelaient le sol.
« — Ça y est ! Le premier point de contrôle est proche. »
Sentant l'urgence de son maître, Arod passa devant le reste des chevaux. Legolas se pencha en avant, les yeux rivés sur la piste devant lui. Il pouvait voir une arbre tombé qui bloquait le chemin devant lui. Arod l'évita avec soin, et Legolas dût esquiver certaines branches en baissant la tête. Les autres elfes suivirent, talonnant le prince. Eledhel évita le tronçon avec facilité, puis Haldir, Belegil et Farothin. Farothin oublia de se baisser et faillit tomber. Alors que Farothin luttait pour retrouver son équilibre, Dame Miredhel passa devant lui. Entendant la poursuite derrière lui, Legolas conserva son avance et atteignit le premier point de contrôle. Il démonta Arod et se hâta de descendre le sentier balisé vers les cibles.
Le calme de la forêt surprit Legolas. Des oiseaux s'envolèrent des arbres à son approche. A chaque longue foulée, il savait que Eledhel ne pouvait pas être loin derrière lui. Legolas sentait qu'il tirait mieux sous pression. En apercevant les cibles, il saisit son arc et une flèche alors qu'il courait. En moins d'un instant, il visa et tira sur la cible. Les trois autres cibles restantes rencontrèrent la pointe mortelle de sa flèche.
Eledhel le croisa alors qu'il se retournait.
« — Courez vite , Legolas, ou sinon je vais vous rattraper ! », s'esclaffa-t-il.
Legolas l'entendit à peine, car il était déjà parti. Il croisa les trois autres archers sur le chemin. N'échangeant aucun mot entre eux, ils se contentèrent de regards insistants. Miredhel, comme son frère, était rapide et désormais, suivait de près Belegil en direction des cibles. Elle ne ressentait aucune fatigue, seul le rythme léger de ses pas sur le terrain.
Legolas balaya du regard à la recherche du moindre obstacle. Il n'osait pas regarder en arrière, de peur qu'il ne soit pris au dépourvu, même pour une seconde. Son intuition lui fut bien utile. Brusquement, le circuit passa d'une piste plus large à un chemin étroit. Cheval et elfe tournèrent au marquage, se dirigeant vers une partie plus sombre du bois. Ce nouveau virage mena les concurrents le long d'un chemin sinueux où le sentier descendait, pour remonter brièvement, puis redescendre. Branches et troncs tombés jonchaient le chemin. Cette partie de la forêt avait oublié le soleil, tellement les arbres et les feuilles étaient rapprochés.
Legolas esquiva une branche tendue. Eledhel approchait. Le prince, cependant, ne voulait pas mettre en danger Arod en galopant trop vite et en prenant des risques inutiles. Le chemin se resserra,il s'avéra plus difficile pour Legolas d'y chevaucher, et le prince fit en sorte que son cheval bloque l'avancée d'Eledhel. Pendant ce temps, Haldir galopait non loin derrière les leaders, et Miredhel faisait tout de son possible pour rester aux côtés de Belegil. Elle était légère et son cheval petit et agile, pouvant facilement esquiver chaque obstacle. Cependant, Belegil et Farothin avaient fait l'erreur de choisir leurs chevaux de bataille pour la course. Bien que forts et vaillants au combat, ces chevaux n'avaient ni la rapidité, ni l'agilité de la belle jument de Miredhel.
Le prochain point de contrôle se révéla le long d'une haie épineuse de buissons de baies. Legolas et Eledhel démontèrent et piquèrent un sprint simultanément vers les cibles. Leurs pas étaient si légers que les yeux humains pouvaient les confondre avec ceux des cerfs sauvages qui bondissaient dans tout le bois. Legolas connaissait la réputation d'Eledhel pour la vitesse parmi les Galadhrim.
« Il ne doit pas me battre à la course. », se promit Legolas.
Un profond ravin apparut à travers les mellyrn. Legolas pouvait voir les marqueurs du sentier et les cibles de l'autre côté. Comment était-il censé se rendre de l'autre côté ? Évidemment, la distance était trop importante pour sauter. Legolas s'arrêta pour réfléchir, et Eledhel le rattrapa. Ses yeux observèrent le côté du ravin. Une bobine de corde mince pendait du côté d'un arbre. Eledhel avait suivi la trajectoire de ses yeux et repéra également la corde.
Tout deux se précipitèrent en même temps sur celle-ci. Eledhel prit une extrémité, et Legolas attrapa l'autre bout.
« — Lâchez-la, Legolas ! Vous savez que je l'ai attrapée en premier !, s'écria Eledhel.
— Voyons, si nous nous battons sur cette corde encore longtemps, les autres vont nous rattraper, insista Legolas, les mains encore agrippées sur la corde.
— D'accord, alors lâchez-la, déclara Eledhel en secouant la corde.
— J'étais ici en premier. »
Legolas tira alors en arrière. Eledhel sentait la corde se serrer et il tira en arrière. Il vacilla un instant, et glissa sur le pan du ravin. Heureusement, il tenait toujours la corde.
« — Regardez ce que vous avez fait. », cria-t-il à Legolas.
Legolas se sentit ennuyé. Il pouvait déjà entendre les autres se rapprocher. Leur dispute concernant la corde lui avait complètement fait perdre son avance.
« — Tenez-la fermement, Eledhel, je vais vous tirer. »
En quelques secondes, Eledhel avait grimpé avec l'aide du prince, mais il était trop tard. Haldir était déjà arrivé, et il pouvait voir Belegil et Miredhel à travers les arbres.
« — Ça alors !, sourit Haldir. Que vous arrive-t-il ? »
Il courba fortement son arc et tira sur la première cible.
« — Pourquoi n'y avons-nous pas pensé ?, gémit Legolas. Il fallait absolument que vous preniez cette corde Eledhel ! »
Il s'empara aussitôt de son arc, et toucha la première cible aisément.
Eledhel avait tiré dès qu'il avait vu Haldir toucher la première marque. Il toucha les trois cibles suivantes avec une efficacité étonnante. Il se retourna et courut vers la piste, laissant derrière lui Legolas. Haldir et les mouvements de Legolas semblaient synchronisées alors qu'ils visaient et tiraient. Haldir ayant une cible d'avance, il retourna également sur la piste devant le prince. Désormais, Legolas était à la troisième place. Il toucha la dernière cible sans faute, se retourna, et, furibond, courut à son cheval. Il passa devant Belegil et Miredhel.
« — Qu'est-il arrivé là-bas ?, cria Belegil.
— J'aurais dû le laisser au fond du ravin. », murmura Legolas en poursuivant sa course.
Belegil battit Miredhel au ravin. Il repéra la corde et lança un lasso sur branche d'arbre en hauteur. Il se balança avec facilité et se plaça pour viser la première cible. Il sentit une flèche effleurer son épaule.
« — Miredhel, essayez-vous de me tuer ? », vociféra-t-il.
Elle rechargea et tira à nouveau, atteignant la deuxième cible. Alors, Belegil réalisa son erreur. Elle tira deux fois de plus et disparut pour retourner à la piste. Belegil tira et retourna au bord du ravin. Farothin fit son apparition juste à temps pour voir Belegil utiliser la corde.
« — Ici, Farothin, je vais la laisser ! », l'informa Belegil.
Il quitta alors rapidement les lieux, de sorte que son ami ne le voit pas rire.
Pendant ce temps, Miredhel se rapprochait du prince. Elle pu bientôtvoir sa forme à travers les arbres et entendre le bruit des sabots d'Arod. Legolas soupçonna que quelqu'un le suivait de près. Pourtant, quand il regarda finalement en arrière, il ne put contenir sa surprise en voyant Miredhel.
« — Êtes-vous surpris, prince ? , l'interpella-t-elle, en remarquant son expression.
— Non, juste heureux de voir que vous admettez vos véritables sentiments et me poursuivez ! »
Il lui fit un sourire rempli de malice. Il exhorta à voix basse Arod à prendre de la vitesse. Il ne la laisserait pas passer.
Le chemin étroit s'ouvrit sur une piste large entre les arbres. Miredhel avait presque atteint le côté de Legolas quand Arod y fit irruption en plein galop. Le prince pouvait voir le point de contrôle final. Eledhel et Haldir venaient d'arriver, ils démontèrent, et se dirigèrent vers les dernières cibles. Alors que Legolas atteignit le point de contrôle, descendit d'Arod, et se rendit aux cibles, il pouvait entendre le doux murmure de la Nimrodel. Le chemin tournait en direction de la rivière.
Devant lui, il pouvait voir Eledhel et Haldir traverser la rivière sur un petit rondin. Haldir essaya de faire rouler le rondin dans l'espoir de faire tomber Eledhel dans l'eau. Eledhel ne voulait pas perdre l'équilibre pour la deuxième fois de la journée, et il se maintint habilement.
Dès que le rondin ralentit, Eledhel bougea ses pieds afin de le tourner dans la direction opposée . Haldir, pris au dépourvu, tomba en éclaboussant tout autour. Eledhel s'arrêta à la moitié du rondin et se mit à rire. Haldir le fusilla du regard, sérieusement mécontent. Ses cheveux étaient plaqués contre son visage et l'eau coulait de son nez. Eledhel riait à en pleurer. Haldir atteignit le rondin et le fit bouger, déséquilibrant Eledhel et le faisant tomber dans la rivière . A présent, Legolas atteignait le rondin et s'élançait, regardant à peine ses deux amis détrempés. Par chance, il avait repris la tête.
Il trouva les dernières cibles et les visa alors que Dame Miredhel apparaissait à ses côtés.
« — Qu'est-il arrivé ?, questionna-t-elle en visant et tirant.
— Haldir pensait qu'Eledhel était sale et avait désespérément besoin d'un bain. », fit Legolas, en gloussant.
Elle rit avec lui, et il ne put s'empêcher de la trouver magnifique, tenant fermement son arc, souriante, ses cheveux attirant la lumière du soleil. Pour une fois, elle était à l'aise avec lui, laissant sa prétention de côté.
Legolas puis Miredhel touchèrent la dernière cible et coururent vers la rivière. La vitesse de la jeune femme le surprit, mais ses jambes étaient plus longues, lui permettant de la dépasser. Ils croisèrent son frère et Haldir, étant à peine capables de contenir leur amusement face aux deux elfes trempés. Cependant, avec la dernière ligne droite de la course devant eux, ils cessèrent tous deux de rire. Legolas signala à Arod de commencer à courir, et le prince le rattrapa et s'élança sur le cheval en un mouvement fluide.
Legolas et Arod accélérèrent le rythme à travers les grands arbres. Il pouvait entendre le murmure de la foule se rapprocher et il entrevit la cité à travers la forêt. Le chemin, devant lui, était ouvert, clair et net, et il osa, une fois de plus, jeter un regard en arrière en direction de ses adversaires. Eledhel gagnait du terrain sur Miredhel qui suivait de près Arod, de trop près. Haldir n'était pas loin derrière, et, apparaissant à la sortie du virage, venaient Farothin et Belegil, chargeant comme au siège de Dol Goldur.
Le prince prit le virage final. Les portes de la cité se dressaient devant lui. Encore maintenant, ses compagnons le talonnaient, le menaçant de lui faire perdre son avance; mais Arod ne connaissait pas encore la lassitude, et Legolas chargea. Si près de la fin, Miredhel espérait seulement que son cheval ait assez de forces pour dépasser le prince et gagner son pari. Alors elle et son frère resteraient dans le Bois d'Or, et Legolas ne les dérangerait plus.
« — Encore un peu, Thorontal. », supplia-t-elle sa monture, mais le destin eut un tout autre plan .
Son cheval trébucha, épuisé et Eledhel fit une avancée fulgurante devant elle, soulevant un nuage de poussière et de feuilles. Alors que la poussière disparaissait, Miredhel grimaça en voyant le prince passer les portes en premier, suivi par son frère. Elle avait perdu la course, et plus important encore, ses paris avec Eledhel et Legolas.
Elle était troisième, et l'exaltation des elfes à son égard remplacèrent son chagrin par de la joie. Elle applaudit avec le reste des participants pour voir Haldir, suivi par Belegil et Farothin, franchir les portes. Les elfes escortèrent leurs archers vers le cœur de la ville, où la Dame Galadriel récompenserait le champion.
L'attention de Dame Miredhel fut attirée par Legolas au beau milieu de la fête animée. Son visage semblait étrange à ses yeux. Se pourrait-il que le prince soit gêné par l'attention qu'on lui portait ? Leurs regards se croisèrent, et elle détourna les yeux. Il pouvait la voir devenir écarlate et porter ses doigts à sa bouche, seulement pour s'y attarder. Les oreilles de Legolas rougirent et il espéra que personne ne l'ait remarqué. Les deux elfes ressentirent un sentiment d'inconfort étranger, souhaitant et craignant tout deux la réalisation de leur pari.
